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Critiques de Didier Blonde (65)
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Leïlah Mahi 1932

« Écrire, c'est se lancer dans une traversée sans boussole, » dit son ami le psychanalyste à Didier Blonde. Ce dernier a été interpellé par un portrait d' une inconnue, au columbarium du Père Lachaise.

Sur la pierre, sont gravés le nom : Leila Mahi, et la date de la mort : 12 août 1932.

Pas de date ni de lieu de naissance, et cependant un je ne sais quoi d'exotisme , de canaille, de mystérieux font que Didier Blonde s'attache à rechercher qui était cette LM , elle aime.

Etait- ce une danseuse hindoue surprise par son amant en train de le tromper avec un riche protecteur?

Etait- ce un des modèles de Man Ray ?

Etait- t- elle une espionne style Mata Hari ?

Avait- elle tissé une amitié avec Kiki de Montparnasse , à qui elle ressemble étrangement?

Combien d'hommes avait- elle ruinés ?

L'auteur recherche, écrit à toutes les administrations, reçoit en réponse une fin de non- recevoir. Cependant, tout en se demandant pourquoi il continue cette traversée sans boussole, il ne peut s'empêcher de continuer ses investigations.

« Au carrefour des imaginaires, dit- il, je m'étais mis à rassembler peu à peu les pièces d'un puzzle dépareillé. »

Leila a écrit deux livres, qu'il exhume puisque épuisés en librairie. Et il note : «  chaque livre est une lettre adressée poste restante. Il renferme un nom codé, une phrase secrète, un message crypté, destiné à être déchiffré par un seul lecteur.  »

Et c'est lui, le seul lecteur de ces deux romans oubliés, qui a aussi fait ressortir de l'ombre de l'oubli la mémoire d'une inconnue, à la vie peut être imaginée .
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Autoportrait aux fantômes

On traine tous un fantôme, l'auteur aussi, dans ce petit livre, petit par le volume mais énorme par la minutie et la poésie des "entrées" ; il oblige à la concentration et à la nostalgie - pas toujours facile. Sous prétexte de faire l'inventaire des fantômes des autres, dans la littérature (et ses nègres), la peinture (et ses ombres), le cinéma (et ses figurants), l'Art (et ses Muses) ou même des lieux gravés éternellement (dans un film, une photo) parfois disparus, l'auteur finit ce voyage en donnant un(e) vi(e)-sage au sien de fantôme : son père.
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Oslo, de mémoire

Ce roman qui évoque Patrick Modiano propose une errance mémorielle et géographique, sur les pavés parisiens et dans les venelles d'Oslo alors que le narrateur exhume ses souvenirs et découvre les traces de Cora Sandel, une artiste norvégienne du début du siècle passé, méconnue en France (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2024/04/08/oslo-de-memoire-didier-blonde/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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Carnet d'adresses de quelques personnages f..

Ce « Carnet d’adresses » de quelques personnages fictifs de la littérature est un petit trésor.



Après l’introduction de Didier Blonde, toute en délicatesse et sensibilité, qui nous explique le cheminement de cette passion et de ces recherches parfois audacieuses, nous accédons au Carnet d’adresses.



Des noms connus surgissent, d’autres à découvrir, invitant ainsi à la lecture, nous promènent dans Paris.



Il serait bon de suivre ce guide et d’aller flâner du côté d’un héros ou héroïne, souvenirs intenses de romans lus, relus, dévorés.



La fiction devient réalité, l’imaginaire se palpe, on touche du doigt une autre dimension, celle que nous portons au profond de nous-mêmes, celle qui accompagne rêves, pensées, réflexions, émotions.



Dès lors, tout existe en ce monde dans le monde.



Les mots vivent, les personnages vont et viennent, les lieux respirent, les rues racontent.



Un petit bijou.
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Le figurant

En 1968 le narrateur (l'auteur?) joue un rôle de figurant sur le tournage du film de Truffaut "Baisers volés". A cette occasion il rencontre Judith, figurante elle aussi. C'est le début de ce qui aurait pu être un nouvel amour, mais... il la perd de vue.

Quarante-cinq ans plus tard, après être revenu sur les lieux du tournage, il fait son enquête. Il visionne de nouveau ce film et d'autres, afin de revoir leurs jeunes visages, il fouille dans les archives. Retrouvera-t-il Judith ?

Didier Blonde, est un nostalgique du temps passé, des rencontres inabouties, de ce qui aurait pu être et ne fut pas. C'est un "détective de la mémoire" s'efforçant d'arracher des vies aux chaînes du temps, un poète discret du temps qui passe.

Et nous tous, que sommes-nous dans la grande histoire du monde, sinon des figurants aussi ?

Voilà un auteur que j'aime beaucoup, et qui n'est pas assez reconnu.
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Leïlah Mahi 1932

Après s’être consacré à Suzanne Grandais, artiste du muet morte dans un accident de la route, et à l’Inconnue de la Seine, dont le visage a hanté les artistes depuis le début du XXe siècle, Didier Blonde consacre ce nouveau livre à Leïlah Mahi après avoir découvert sa plaque au crématorium du Père Lachaise. Celle-ci est ornée d’une photographie, chose rare à l’époque, et ne porte qu’une date, celle du décès.



L’auteur s’attache sur 128 pages à décrire sa fascination pour ce portrait. Qui est cette femme ? Quand et où est-elle née ? Qu’a-t-elle fait de sa vie ? Comment est-elle morte ? Il se lance dans une longue enquête, se renseigne auprès du cimetière, des archives, cherche sur le Net, auprès des connaisseurs et à la Bibliothèque nationale… Il faut démêler le vrai du faux, quitte à renoncer à des légendes bien séduisantes… Leïlah Mahi serait née à Beyrouth à la fin du XIXe siècle et si le portrait photographique semblait évoquer une actrice aussi fatale que mystérieuse, elle se révèle être un écrivain dont les deux romans sont aujourd’hui introuvables. En lisant cet ouvrage, j’ai ressenti pour elle et ses mystères la même fascination un peu coupable que Didier Blonde, et le même questionnement associé : pourquoi se battre ainsi pour des morts dont plus personne ne se soucie ? Qu’est-ce que le destin fauché d’un artiste d’autrefois peut nous apporter aujourd’hui ? Pourquoi chercher, si longtemps après, des réponses ? La réflexion amorcée par l’écrivain sur le temps qui passe et, avec lui, l’effacement progressif des histoires et des identités est intéressante. Mais ne se fait-elle pas au détriment du personnage dont pourtant le livre porte le nom et le visage ?



Était-il possible de faire autrement ? Pas sûr… L’auteur nous parle assez rapidement des deux romans de Leïlah Mahi, En marge du bonheur et La Prêtresse sans dieu, sans vraiment développer leur contenu. En réalité, j’ai trouvé qu’il n’en exploitait pas le potentiel jusqu’au bout, d’autant plus qu’il semble reléguer assez vite les deux textes au rang de littérature médiocre. C’est à ce moment-là que j’ai commencé à tiquer : j’ai rencontré ce jugement de valeur à de très nombreuses reprises lors de mon parcours de recherche. Il est déjà difficile de juger un livre contemporain : il suffit de voir les avis très divergents que l’on peut rencontrer sur la blogosphère au sujet de tel ou tel titre de la rentrée littéraire, les consensus sont rares. Pour un texte historique, la difficulté me semble accrue. Vous pourriez m’objecter qu’au contraire, l’histoire a fait le tri pour nous, ou que des spécialistes ont travaillé sur ledit texte pour en faire ressortir les aspects les plus remarquables… mais l’histoire littéraire ne fait pas tout. Elle a ses vainqueurs et ses perdants. Elle est, comme toute histoire, une construction, conditionnée par des représentations propres et au service de valeurs spécifiques. Par exemple, Molière ou Racine étaient étudiés en classe au XIXe siècle mais ce n’étaient pas du tout les mêmes pièces qu’aujourd’hui qui étaient valorisées : à critères différents, Panthéon modifié. Pourquoi avoir écarté si vite la destinée d’écrivain de notre personnage ? N’était-ce pas assez porteur pour la rêverie ? A lire Didier Blonde, on a l’impression qu’il aurait préféré découvrir une actrice, un mannequin, quelque chose de plus sulfureux, plus en accord avec la photographie qui nous est restée. Alors oui… Sans doute la qualité littéraire des œuvres de Leïlah Mahi n’est-elle pas vraiment le sujet de ce livre. Didier Blonde a sûrement préféré évacuer la question pour mieux traiter de sa fascination personnelle pour cette femme. Mais la démarche ne m’a pas semblé aussi féconde qu’elle aurait pu l’être, et j’ai craint, à ce moment de la lecture, de voir Leïlah Mahi cantonnée, enfermée dans sa petite photographie sur plaque, comme si c’était tout ce qu’il restait d’elle.



Et puis c’est vrai qu’à y bien penser, on peut difficilement faire ouvrage plus personnel. Je ne sais si c’est un roman, si le narrateur est un double ou un calque de l’auteur, mais les effets de réel sont omniprésents, et le sous-titre, Enquête, nous invite à penser que la reconstitution est vraie. Cela mène hélas à beaucoup de mise en scène de soi, que j’ai parfois trouvé assez inutiles voire complaisantes. La question du deuil n’est pas mal traitée, mais j’ai trouvé que le texte restait en surface, comme s’il ne parvenait pas à choisir entre la rêverie personnelle ou l’enquête sur un personnage inaccessible.
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Carnet d'adresses de quelques personnages f..

C'est un concept assez passionnant d'aller à la recherche des rues et des adresses des personnages de la littérature.

L'adresse de Arsène Lupin, de Jean Valjean, de Gervaise, du Père Goriot et j'en passe, ça fait rêver.

L'auteur s'interroge même sur les rues qui ont un faux nom ou celles dont le numéro n'existe pas.

On apprend que depuis 1938 on peut retrouver toutes les adresses parisiennes à la Bibliothèque Nationale de France. L'auteur s'y est rendu et a enquêté.

C'est un peu un jeu de piste. Il est impressionnant rien qu'à Paris le nombre de personnages de la littérature que l'on peut évoquer.
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Les fantômes du muet

Dans ce court ouvrage, Didier Blonde, spécialiste reconnu du cinéma muet, nous offre une évocation de ceux qui sont apparus sur les premiers écrans de nos salles obscures en tout anonymat et auxquels il rend hommage en mettant en perspective le rôle que chacun a joué.

Il met ainsi au premier plan de l'image ceux qui se situent habituellement aux derniers plans. Ainsi d'un figurant vu dans une rue parisienne, qui jette un regard à la caméra, et au-delà, au spectateur qui le regarde un siècle plus tard.

Chaque chapitre de ce livre est une évocation de ce qui fit le muet et qui disparut à la fin des années vingt lorsque le parlant fit son entrée dans les cinémas.

Il évoque les cartons qui expliquent les scènes, le son et les dialogues suggérés, mais tellement présents, les acteurs du muet, pour la plupart balayés par le parlant.

Malgré quelques longueurs, ce livre est intéressant et agréable à lire.
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Carnet d'adresses de quelques personnages f..

Belle idée de l'auteur, qui révèle ici un amour fou de la littérature : recenser les adresses parisiennes des personnages fictifs de notre littérature, se rendre si possible sur les lieux, et y ajouter quelques commentaires. On flânera donc de rue en rue avec l'auteur, on y rencontrera Vautrin, Fantômas, Arsène Lupin, Jean Valjean, les incontournables personnages de Modiano et tant d'autres.

De rue en rue, voilà un beau voyage dans la littérature.

Ce carnet d'adresses n'est pas exhaustif. Chacun pourra y ajouter son grain de sel, y contribuer au fil de ses lectures. Je me lance :

Gérard Fulmard [Jean Echenoz : "Vie de Gérard Fulmard", 2020]. Type ordinaire, banal, sans envergure et, disons-le, plutôt bêta. Il décide de refaire sa vie en devenant détective privé, ce qui le précipite dans des affaires sordides.

RUE ERLANGER, PARIS XVIe. "Avec son trafic ténu, ses commerces au nombre de quatre : un institut de massage oriental, une échoppe de téléphonie mobile, un vendeur de systèmes intelligents d'aquabiking individuel et un bar à ongles". Le numéro n'est pas précisé.

A noter, et que Mike Brant s'y est suicidé en se défenestrant du numéro 6, "à quelques immeubles d'où je vis aujourd'hui" précise Gérard Fulmard, le narrateur.
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L'inconnue de la Seine

L'on trouve encore à Paris les masques mortuaires de l'Inconnue de la Seine, qui a inspiré de nombreux illustres écrivains du passé. De la vitrine de nombreux libraires, j'apprends que Guillaume Musso s'est aussi récemment approprié ce personnage pour en faire un polar à succès. J'ai repensé donc à ce roman de Didier Blonde que j'avais désiré après la lecture, il y a 5 ans, de Leïlah Mahi 1932, une enquête sur la photo d'une défunte inconnue du Père-Lachaise.

Mais je suis un peu déçu de cette Inconnue de la Seine, peut-être parce qu'il s'agit cette fois d'un roman, peut-être parce que j'ai retrouvé, avec un trait grossi, donc moins fin, le même procédé que Blonde avait déjà utilisé. Ici, le personnage principal est Simon, un libraire dont l'acquisition d'un calque a poussé à entreprendre l'enquête sur l'identité de l'Inconnue. On comprend très vite qu'il compose dans son esprit une identification entre elle et Marie, une femme aimée qui est décédée. Au cours de ses recherches à la Bibliothèque Ntionale, Simon fait la rencontre de Hella B. une chercheuse qui prépare une thèse sans doute sur le thème littéraire des femmes disparues dans la Seine. Et soudain cette rencontre revêt davantage d'intérêt que l'enquête. Hella B., qui représente la détentrice du savoir, lui confie même le manuscrit de sa recherche que Simon ne lira pas, mais qu'il aura une envie criminelle de faire disparaître. L'auteur suggère à ce moment, par la voix de la chercheuse, que l'identité de l'Inconnue est sans importance, qu'il s'agit peut-être d'un canular. Je ne gâcherai pas davantage le plaisir des lecteurs futurs en révélant la chute du roman. Mais je regrette que, si telle devait être la fonction du personnage féminin, il n'ait pas été traité avec davantage de finesse : en particulier, des parallèles plus construits auraient pu/dû être établis entre l'Inconnue, Marie et Hella, que l'oracle sibyllin de cette dernière : « […] Personne ne voudra de vous avec cette morte au fond du cœur... Le jeu est trop inégal. Les morts ont toujours raison. Mais aimer une morte, c'est le contraire d'aimer. » (pp. 112-113).
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Cafés, etc.

Ça se lit tranquillement comme on va au café pour manger, pour flâner, pour ne rien faire. Seul, de préférence, avec cette idée de tout deviner, de tout regarder, de laisser monter en soi les mouvements de la vie. C’est exactement ce que fait Didier Blonde dans ce livre et je me suis reconnue comme j’ai retrouvé aussi l’atmosphère de mon café préféré, mes observations et mes rêveries. On ne s’ennuie pas, chaque chapitre est une petite aventure tranquille. On a droit aussi à des allusions à des gens renommés, à des êtres bizarres, ordinaires, ou hors de l’ordinaire. À lire par ceux qui aiment les cafés. Ils s’y retrouveront. Moi, j’ai beaucoup aimé.
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Carnet d'adresses

Adresses fantômes

Arpenteur des rues parisiennes et lecteur rêveur, Didier Blonde se lance dans une cartographie d’adresses souvent vacillantes, voire évanescentes, piochées dans une littérature chérie, portée en soi, dans le prolongement du pas et de la vie. Son enquête débute en pistant les traces de l’insaisissable et charmeur Arsène Lupin. En habitant lui-même rue Charles-Laffitte, à Neuilly, Didier Blonde découvre, alors qu’il est âgé d’une douzaine d’années, à deux pas de chez lui, l’emplacement de l’entrepôt du célèbre gentleman cambrioleur : « Etait-ce ma vie brusquement qui basculait dans la fiction ou l’imaginaire qui s’installait dans ma réalité ? » De cette entrevue magnétique, il est conquis pour la vie. Les adresses vont intituler les chapitres du livre (45, rue Poliveau et Jambier, associés par la gouaille de Gabin, 45, rue de Courcelles quand Modiano salue Proust, 9, rue d’Antin où s’épanche Alphonsine Plessis, amante d’Alexandre Dumas, devenue héroïne de la Dame aux camélias, etc.). La déambulation proposée dans la marge des romans et « l’entre-deux des phrases », assemble et entremêle les fils d’une fiction prégnante et d’une réalité fuyante. Dans sa traque de l’adresse, l’auteur va jusqu’à reprendre le circuit de Luc, personnage du Vent noir de Paul Gadenne, et questionner les habitants mais si les descriptions du quartier sont justes dans la fiction, le lieu se dérobe dans la réalité. L’imaginaire littéraire dessine une géographie parallèle calquée sur un quotidien poreux qui infuse et d’où il est délicat de savoir qui colore le plus l’autre. Quand le narrateur sillonne enfin les coulisses de son écriture, évoquant la rue Dobropol où se rejoignent son grand-père et Louis Manékine personnage de Faire le mort, puis revenant au 67, rue Charles-Laffitte, dans l’appartement vide de ses parents défunts, l’émotion embrase le fétu des mots et allume brièvement le timbre des « voix chères qui se sont tues ».
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Leïlah Mahi 1932

« Est-ce l’éclat sombre de la passion ou celui de la folie qui brille au fond de ses yeux ? Deux grands yeux maquillés d’un cerne ténébreux, aux prunelles hypnotiques, qui me fixent, me fascinent, m’attirent irrésistiblement, comme un phalène. Des yeux si larges, brouillés de fièvre, en noir et blanc. Et cette imperceptible ironie sur ses lèvres. »



Didier Blonde tombe en arrêt, un jour de 2008, devant une photo ornant une plaque funéraire au columbarium du Père Lachaise. Leïlah Mahi est une belle inconnue dont l’identité se réduit à un nom et une date de décès, le 12 août 1932. En bon « détective de la mémoire », l’auteur de « L’inconnue de la seine », fasciné par les destins obscurs de femmes du début du 20ème siècle, lance son enquête avec le peu d’éléments en sa possession.



Très vite il découvre sur le net que la jeune femme a de nombreux amoureux transis, mais qu’aucun ne sait qui elle est réellement. Toquant à la porte des administrations, écumant les bouquinistes (pour découvrir l’existence de deux romans autobiographiques publiés en 1929 et 1931 par une dénommée Leïlah Mahi), voyant tantôt en elle une actrice du cinéma muet, une courtisane ou une mondaine oisive fumeuse d’opium, Blonde s’égare, se disperse, abandonne puis reprend ses investigations après plusieurs mois de pause, revenant sans cesse à l’éblouissement ressenti le jour de sa découverte : « Tout paraissait étrange en elle. Ses grands yeux qui brillait d’un éclat hypnotique, celui de la passion ou de la folie. Sa pose de femme fatale, provocante, à moitié découverte, presque indécente dans cette nécropole. L’absence de date de naissance. D’où venait-elle ? Comment avait-elle fini ? ».



Ce livre n’est pas un roman. C’est une enquête mélancolique aux accents littéraires profonds, où un écrivain en plein doute s’interroge sur l’intérêt de son projet en gardant en permanence à l’esprit ce qu’il doit à chacun de ses lecteurs. Sa façon de procéder est aussi passionnante que l'histoire de la femme qu’il traque en vain. Et au final me direz-vous, en apprend-on vraiment plus sur Leïlah Mahi ? Et bien oui. Un document parvient à lever une grande partie du mystère. Mais c’est suite à cet événement majeur que le clap de fin survient, comme si l’auteur, au moment où il va enfin pouvoir creuser les choses et avancer, décidait qu’il était parvenu au terme de sa quête et qu’il n’était pas nécessaire d’en connaître davantage.




Lien : http://litterature-a-blog.bl..
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Autoportrait aux fantômes

Il s'agit ici d'un recueil d'articles publiés dans des revues et éditions à tirage limité. Le thème : les fantômes de l'auteur, nos fantômes, ceux qui ne sont plus et qui nous habitent. En l'occurrence, des écrivains, des héros de romans, mais surtout, pour ce cinéphile amoureux du cinéma muet, des actrices depuis longtemps disparues des mémoires telles Claude France, Sandra Milowanoff, Suzanne Grandais, et d'autres. J'ajoute Rachel, cette amie d'ami, qu'il n'a jamais rencontrée et disparue on ne sait où, dont il a fait réapparaître la fantomatique image en développant les photos, avouant, nostalgique, qu'il n'avait été amoureux "que d'un fantôme – en noir et blanc". En ce sens, faire revivre ses propres fantômes est une contribution à une autobiographie.

Comme toujours avec cet auteur voilà un petit régal de délicatesse et de nostalgie.
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Le figurant



2018



Le narrateur, au détour d’une rue, se souvient de son rôle de figurant dans Baisers volés de François Truffaut. Dès lors, on assiste à une véritable remontée dans la mémoire, en février 1968, quelques mois avant les événement de mai. Didier Blonde nous parle avec affection de ces rôles fantomatiques qui font pourtant la vie d’un film alors que ces gens n’apparaissent jamais au générique et passent leur vie dans l’anonymat.



Or voilà que le narrateur tente, beaucoup plus tard, de retrouver Judith, celle avec qui il a joué un petit bout du film et dont il ne connaît rien que le visage. Nous avons droit à une véritable enquête policière. Il y a de petites longueurs, nous avons hâte de savoir, mais jamais je n’ai pensé abandonner ce roman même si parfois les allers-retours du passé au présent ne sont pas toujours évidents. J’avais en effet le goût de vivre un peu de cette aventure avec les personnages et de connaître l’envers du décor des mises en scène cinématographiques.



Aventure réussie. Je crois que je ne verrai plus les prises de vue de la même manière. Merci Didier Blonde. C’est une histoire neuve et intéressante.
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L'inconnue de la Seine

1901 - on retrouve une jeune femme noyée. Personne ne sait qui c’est. Elle a un sourire énigmatique. On décide de faire un masque mortuaire. Elle devient une légende. Jules Supervielle et Louis Aragon en parleront dans leurs œuvres. Bien plus tard, à Paris, un jeune libraire achète une reproduction de ce masque chez un brocanteur et décide de faire enquête... Que découvrira-t-il ? J’aime l’écriture intimiste de Didier Blonde, mais comme dans toute enquête, il y a de petites longueurs. Mythe ou réalité de ces femmes disparues que l’on aime pour leur mystère et ces résonances que la mort a en nous ? On cherche avec lui. À la toute fin, on sait un peu mieux, mais le mystère demeure entier et c’est bien qu’il en soit ainsi. Une simple recherche vous dira qu’il existe beaucoup de livres portant le titre L’inconnue de la Seine. Il faut en conclure que cette histoire a alimenté l’imaginaire de nombreuses années et que l’imaginaire est une porte d’entrée en soi.

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Leïlah Mahi 1932

A partir de la photo d'une plaque funéraire au Père-Lachaise et d'une seule date, 1932, Didier Blonde nous emmène sur les traces d'une certaine Leïlah Mahi. C'est une enquête, ou tout comme. Et c'est une douce mélancolie qui nous prend.

Comme Didier Blonde, moi aussi j'aime imaginer l'existence de ceux qui hier étaient vivants, aimaient, pleuraient, riaient et qui sont à jamais figés sur une photo brouillée, jaunie.

Ici l'auteur ne fait pas qu'imagnier, il cherche des pistes, des indices, parvient à reconsitituer des bribes.

J'avoue que j'aurai aimé qu'il trouve tout sur la vie de l'énigmatique Leïlah - ou même qu'il l'invente. Mais ce livre est un vrai bonheur.





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Cafés, etc.

J'ai eu envie de découvrir ce livre de la rentrée littéraire 2019 après avoir lu sa critique sur le magazine Lire. Je n'ai pas vraiment l'impression d'avoir grand chose à en dire, parce que ce ne fut pas une lecture si plaisante que cela. Une phrase m'a questionnée, à la fin du livre : " un de ces faux livres qui s'empilent sur les tables des librairies". A quels livres l'auteur fait-il allusion ? Quels livres considère-t-il de manière si négative ? Un peu plus haut, considérant la lectrice qu'il observe, il dit "une histoire de femmes, ça lui va mieux. Ce n'est qu'un préjugé". Oui, effectivement, c'est un préjugé, ce n'était presque pas la peine de le préciser. Au fond, ce personnage d'auteur rêve de croiser, dans un de ces cafés qu'il fréquente, une lectrice de ses oeuvres - j'admets franchement qu'avant d'ouvrir celui-ci, je ne connaissais pas du tout les livres de cet auteur.

Ce voyage dans les cafés, dont les adresses, ou le devenir sont présentés en fin de livre, n'est pas désagréable, cependant à part ce que j'ai écrit plus haut, je n'ai rien retenu de saillant. La visite du Starbucks, parce que c'est le seul que je connais, et que, contrairement à l'auteur, donner mon prénom (Sharon !) ne me pose aucun problème et m'amuse encore. Peut-être aussi parce que je suis une femme et que je n'ai pas le même rapport avec les cafés. Je ne suis pas écrivain non plus, savoir que telle ou telle oeuvre a été écrite par de célèbres auteurs dans des cafés devenus célèbres ne m'émeut pas. J'ai été plus sensible au rapport entre les cafés et leur représentation dans des oeuvres littéraires ou cinématographiques - les joies de l'intertextualité.

A vous de voir si vous avez envie de le découvrir.
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Le figurant

D'abord ,je l'ai lu pour retrouver François Truffaut à travers les pages de ce beau livre où l’auteur recherche quarante ans après la figurante avec qui il avait tourné une scène de "baisers volés".

Puis j'ai été pris par la magie des lieux décrits, par les personnages dépeints tels des fantômes du Paris des années soixantes et des films qui ont marqué cette époque et ma jeunesse.

Didier Blonde cherche Judith comme le fait Modiano à travers un Paris oublié, transformé.

J'ai trouvé une similitude dans le style de ces deux écrivains .

Ce livre empreint de poésie, de mélancolie m'a beaucoup plu et je ne peux que le recommander aux nostalgiques du temps écoulé.
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Leïlah Mahi 1932

Leilah Mahi 1932, c'est l'obsession autour d'une identité lacunaire.



Didier Blonde propose un roman protéiforme, à cheval entre la biographie et l'autobiographie. Une thématique centrale : l'enquête sur l'identité de Leilah Mahi. Toutefois, gravitent autour de ce thème des bribes de souvenirs de l'auteur pour combler les lacunes sur le personnage.



Didier Blonde propose également une vision métalittéraire de son œuvre, il revient sur l'écriture même de son roman, avec la complexité de mettre sa recherche dans une forme romanesque.



Leilah Mahi 1932 est un très bon roman, grâce notamment à cette alliance biographie et autobiographie qui fonctionne à merveille.
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