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Critiques de Didier Comès (120)
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Silence

Silence "l'idiot du village", l'innocent à travers lequel se révèlent la méchanceté et la bêtise des autres. Au-delà de ses souffrances, des injustices et du mépris il découvrira la vérité sur ses origines, la magie, la sorcellerie, et la grâce de l'amour. Un album à la beauté sombre et violente. Percutant et envoûtant. Une lecture qui marque.
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L'ombre du corbeau

"Ami, entends-tu le vol noir du corbeau sur... les Ardennes? Ce soir, l'ennemi connaîtra le prix du sang et les larmes".





Première guerre mondiale:

Goetz est perdu sur le champ de bataille, dans les Ardennes. Il erre dans sa mémoire, et dans le Temps, pendant que 2 corbeaux jouent aux échecs, le sort du combat...

Il est le seul survivant de son escouade, mais pour combien... de temps encore?

Une terre ravagée par des obus, des corps déchiquetés, des cadavres, mais aussi une chevrette vivante, malgré la fureur des combats !



Fabuleuse Fable Fantastique sur l'iniquité de la Mort, Goetz rencontre plusieurs visages de....la mort.

Dans une tranchée, un soldat francais montre à son camarade, une photo de sa famille. En face, une photo de famille semblable, une épouse et 2 enfants, mais sur un allemand mort...





" Je suis né au milieu de nulle part. Dans le village de Sourbrodt, où j'aurais dû rester un ignorant rural, les romans fantastiques et la fascination pour la mort, étaient une sorte de raison de vivre." Comès.

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Dix de der

Comès est né à Sourbrodt, un village des Ardennes annexé par le IIIe Reich, en 1941.



En 1944, Whacht am Rhein:( chant patriotique allemand, avec un statut non officiel d'hymne national)

"Garde au Rhin" : l'offensive Von Rundstedt sur les Ardennes, met la Easy company, et des recrues inexpérimentées face aux allemands, dont le but est la reconquête du port d'Anvers!





Il y a un "bleu" confronté à ce qu'il croit être des visions:

Un crâne nommé Joseph, Manfred, un prussien tué en 1914 et Amédée, l'ancien instituteur du village.



Le village est en ruines, (village détruit... par les bombardiers américains), la nature est dévastée alentours, ne reste dans ce décor terrible, qu'une croix. C'est là que les 3 morts: Joseph et ses amis attendent un quatrième... pour jouer à la belote!.





En cette nuit de Noël, le Bleu a reçu de ses parents un sapin de Noël, avec de jolies boules...

Il y aussi 2 corbeaux ...

( référence à "L'ombre du corbeau"?)

Comès parlait dans une interview des corbeaux accompagnant Odin, dans la mythologie nordique... Hugin, l'Esprit et Munnin, la mémoire.

Ce sont des messagers et des gardiens...





Ces corbeaux vont aider le " bleu"... Comment ?

Venez jouer à la belote, avec Comès, on distribue les cartes?





Historique: le village de Malmedy a été bombardé les 22,23 et 24 décembre par les alliés, faisant des centaines de morts parmi des civils belges et des militaires américains..

"Ami, entends tu le vol noir des corbeaux sur les Ardennes?

Ce soir, l'ennemi connaîtra le prix du sang et les larmes..."
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Silence

Beausonge, un nom bien doux et poétique pour un petit village retiré des Ardennes dans lequel on ne peut pas dire qu’il fasse bon vivre. C’est dans ce cadre, pas du tout enchanteur, que vit l’innocent du village, prénommé Silence en raison de son mutisme. Innocent est bien l’adjectif qui le qualifie le mieux. Doux, gentil, le cœur sur la main, il ne connait ni la colère, ni la haine, ni la vengeance.



Cette particularité va profiter à Abel Mauvy son «maître», personnage mauvais, violent, abject et libidineux. Ce sinistre personnage fait travailler Silence comme un forçat, le « prête » à des voisins et se moque de lui tout en s’en méfiant. D’une potentielle fonction de journalier, Silence est devenu son esclave, sa chose. Face à Abel Mauvy, le Thénardier de Hugo passerait presque pour un enfant de cœur.



Mutique en apparence, Silence entre plus facilement en communion avec la nature et les animaux qu’avec les hommes. La façon dont il est traité par Mauvy n’y est sans doute pas étrangère. Mais le vent perpétuel qui vient fouetter chaque page va apporter comme un souffle nouveau dans la vie et dans le cœur de Silence. Ce vent complice s’emporte et dans son sillon lève le voile sombre trop violemment et perfidement jeté sur de terribles secrets. Existe-t-il plus grand secret que celui des origines ? Même les secrets les plus noirs finissent par être mis au grand jour et parfois la fin est signe de renouveau…



L’univers de la sorcellerie avec ses rites et secrets est très finement abordé à travers deux personnages. Celui de la sorcière, le personnage féminin subtilement complexe et essentiel au déroulement de cette histoire. Mais aussi celui de « la mouche » mi rebouteux, mi sorcier qui ne se déplace jamais sans un aéropage nauséabond d'insectes autour de lui d’où son surnom. Le traitement de ces deux personnages est particulièrement réaliste et convaincant en dépit de leurs dons surnaturels. Ils auront chacun un rôle à jouer dans le devenir de Silence.



Après la préface signée Henri Gougaud, ouvrir cette bande dessinée signifie s’embarquer dans un univers à la noirceur saisissante sans espoir de l’abandonner avant d’en avoir tourné la dernière page. Le dessin en noir et blanc n’altère en rien notre plaisir mais l’amplifie au contraire tant le trait est abouti. Nous sommes confrontés à de véritables personnages aux aspects différents, aux expressions faciales adaptées à chacune des émotions ressenties; cela est assez rare et mérite d'être souligné à mon sens. Il y a dans la bande dessinée beaucoup trop de personnages mono expressifs voire pas expressifs, caractéristique rédhibitoire pour moi.



Enfin, des dialogues riches et percutants appuient cette histoire au point d’y retrouver l’intensité dramatique propre à un roman. La façon de matérialiser les pensées « simplistes » de Silence est également parfaite. Certains n’hésitent d’ailleurs pas à qualifier Silence de roman graphique, terme à la mode mais qui prend tout son sens ici. Didier Comès, nos routes vont à nouveau se croiser, il le faut.



Coup de cœur total en ce qui me concerne, Silence, il faut absolument en parler !
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La Maison où rêvent les arbres

Un jeune couple fait du canoë sur des eaux marécageuses. Il profite du calme de la nature, de la tranquillité du coin et s'émerveille de ce paysage si paisible où les animaux et la forêt sont rois. Quand leur regard croise celui d'un épouvantail avec une pancarte sur laquelle est inscrite "Allez-vous en", il pense aussitôt qu'il s'agit d'un mauvais coup de la vieille folle, une dame qui croit que la forêt lui appartient et qui ne veut pas de touristes dans le coin. Mais, lorsque les jeunes gens constatent qu'il s'agit en fait d'un arbre qu'elle a dû habiller, ils trouvent cela plutôt terrifiant. Ils continuent leur route malgré tout quand la jeune femme croit apercevoir une panthère au milieu des branches. Elle commence à paniquer et propose à son compagnon de rentrer. Mais le brouillard les enveloppe, ils ne voient plus grand chose, les arbres s'imposent dans ce milieu, des animaux de toute sorte surgissent de nulle part... et le couple disparaît...

Cybèle et sa grand-mère se dirigent vers la maison où la petite fille doit venir vivre maintenant. Près des rives, cette étrange demeure où rêvent les arbres est le théâtre d'événements bien étranges et fantastiques...



Bienvenue dans cette maison où les hommes n'ont justement pas l'air d'y être conviés! Cette demeure où les arbres ont pris possession des lieux et où ils créent les rêves des hommes, les menacent parfois, et peuvent même décider de leur sort, est à la fois onirique et étrange. C'est ici que la petite Cybèle croisera le chemin de l'oiseau-rêve, le macareux joufflu, de l'homme-vert ou de l'arbre qui marche. Comès nous plonge dans cette forêt luxuriante à l'ambiance magique mais troublante. Le trait est quelque peu fouillé et très épuré, le noir et blanc imprécis ajoute une certaine touche de légèreté et de magie.



La maison où rêvent les arbres.... poussez la porte doucement...
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Le maître des ténèbres

Ce n'est qu'en 1980 que cette bande dessinée a vu le jour, bien que Comès avait crée les planches en 1974, à l'âge de 32 ans. "Le Maître des ténèbres" est le deuxième (et dernier) tome de "Ergün l'errant", le premier tome s'intitulant : "Le dieu vivant".



Généralement j'apprécie les oeuvres de cet auteur ("Silence", "Eva", "La Belette"...), dans lesquels le thème de la mort est récurrent. Mais dans cet album-ci le symbolisme et la mythologie liés au trépas sont représentés de façon trop excessifs. Comme si Comès avait consommé des champignons hallucinogènes mélangés aux bribes d'une moquette "seventies" trop usée...générant une explosion d'images et couleurs psychédéliques et exubérants.



A part la mort sur son destrier (pomponné de têtes de mort), on fait connaissance avec Ankou, des poupées vaudou, l'Océanide du Styx, des chevaliers teutoniques, tout un arsenal de diables aux noms divers...etc...dans une fresque à la Jerome Bosch, mais dans un nuancier burlesque où rose et violet dominent (habiller un hideux crapaud bavant vert fluo d'une tunique rose-petant...faut le faire !)

Ca pullule de monstres, gorgones, harpies, démons et autres phocomèles...et c'est parmi eux que Ergün va essayer de récupérer son corps physique et terrestre. Oui ! parce qu'après avoir percuté La Mort avec son vaisseau spatial, Ergün (maintenant quasi nu en slip kangourou) a franchi une frontière interdite et il se retrouve "de l'autre côté" en tant qu'âme sans corps...



Et moi je me suis trouvée, corps sans âme, dans une histoire ténébreuse dans laquelle le maître Comès m'a déçu.



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Éva

La nuit est tombée. Suite à une panne de voiture, une jeune femme blonde, Neige, vient chercher de l’aide en frappant à la porte d’une imposante demeure isolée. Ses habitants sont un frère et une sœur, Yves et Eva, qui ont la particularité d’être jumeaux. Suite à un terrible accident de voiture, Eva est restée handicapée et ne se déplace plus qu’en fauteuil roulant. Yves partage sa vie entre son amour et son aide envers Eva et sa passion pour les marionnettes et les automates.



Après un accueil un peu froid, Yves va proposer à Neige de passer la nuit chez eux en attendant l’hypothétique venue d’un dépanneur, non sans lui avoir auparavant recommandé de se méfier de sa sœur, si jamais elle la croise dans l’aile de la maison qui lui est impartie. Eva aurait parfois des attitudes et des réactions étranges donc autant l’éviter et « respecter son besoin de solitude ».

Bien entendu, les deux femmes finissent par se rencontrer. Eva tente de manipuler Neige, afin de la pousser à une sorte de relation érotico-saphique qui finit par rapprocher les deux femmes. A son tour, Eva enjoint Neige de se méfier de son frère dont « le comportement peut être…inattendu ! »



L’irruption d’une troisième personne va bouleverser la tranquillité de ce couple ou gémellité rime avec ambiguïté et culpabilité. Neige se retrouve au cœur d’un diabolique triangle plus vénéneux qu’amoureux, entre domination et perversion, érotisme et sadisme… Au milieu d’automates plus vrais que natures, d’une Marlène Dietrich échappée de « L’Ange Bleu », d’un Klaus Nomi plus synthétique que jamais, elle est un pantin vivant à la merci d’un marionnettiste qui semble confondre la vie avec son cabaret pathétique. Emotion, tensions, suspens, trouble et vertige vont se succéder jusqu’au coup de théâtre final…



Un noir et blanc superbe qui transcende une ambiance angoissante et feutrée, entre ombres et lumières, secrets et mensonges, réalité et faux semblants, au service d’un scénario bien plus oppressant et machiavélique qu’il n’y paraît au premier abord. Une ambiance que n’aurait pas reniée le grand Alfred Hitchcock.Les références au maitre du suspens sont d’ailleurs légions. Une maison inquiétante aux allures victoriennes, une femme armée d’un grand couteau de cuisine et une scène de douche anodine qui m’a pourtant fait penser à « Psychose », un revolver qui semble face caméra comme dans « La Maison du Dr Edwardes », une case qui semble sortie d’un plan de « Sueurs Froides » et surtout un découpage extrêmement cinématographique au point que lorsque Neige entre dans la maison, j’ai parfois eu l’impression de me retrouver dans la maison de Norman Bates.



Une bande dessinée qui, si elle n’a pas l’intensité dramatique et la puissance émotionnelle d’un « Silence », n’en reste pas moins un bon moment de lecture, un excellent thriller psychologique à l’ambiance délicieusement malsaine.



Et Comès créa Eva…


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L'ombre du corbeau

Pénétrer l'univers Comès , c'est s'apprêter à :



a – faire preuve d'incontinence précoce à la découverte du novateur et subtil gag du coussin péteur .

128 – chantonner bonne nuit les petits tant l'ennui profond guette à chaque planche .

Ornithorynque – prendre le parti de rêver les yeux grand ouverts au risque de s'y perdre .



La réponse était , mais vous l'aviez sûrement deviné , ornithorynque bien sûr .

Résumer un album de Comès ? Délicat au possible...

L'auteur n'adore pas moins que de perdre son lecteur au travers de récits fortement teintés de mysticisme , de sorcellerie et d'onirisme et ce , toujours dans le but pleinement atteint de railler l'humain et son incommensurable cortège de tares abyssales .



Un album dans la même veine traitant de l'homme au cœur du conflit dévastateur qu'est la guerre , fût-elle grande ou petite...Une réflexion intéressante sur l'absurdité d'un tel carnage , le tout généreusement saupoudré d'un fort relent d'imaginaire débridé aussi inquiétant qu'absurde .



Des personnages taillés à la serpe et donc immédiatement identifiables .

Un univers où réalité et songe se côtoient allègrement quand ils ne s'entremêlent pas de façon fusionnelle , altérant ainsi plus que de raison la capacité de compréhension du pauvre lecteur lambda que je suis .

Lire Comès , c'est risquer d'en sortir avec plus de questions que de réponses au final mais tout questionnement n'est-il pas salutaire ?

Je pourrai facilement noyer Comès sous un flot d'éloges ininterrompu . Je me bornerai à toujours penser qu'il mérite largement sa place au panthéon des très grands bien trop tôt disparus...



L'ombre du corbeau : noire comme son plumage .

http://www.lefigaro.fr/bd/2013/03/07/03014-20130307ARTFIG00593-didier-comes-le-dernier-entretien-d-un-geant-de-la-bd.php
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L'ombre du corbeau

Sur le front de la Meuse, en pleine guerre des tranchées, s’élève une musique. Un soldat croit entendre la musique de l’Enfer qui vient le chercher, le prendre, le cueillir au milieu de son charnier. Tout, autour de lui, n’est plus que cadavres et dévastation. La forêt aussi a disparu, assassinée, il ne reste plus que des souches brûlées, broyées par les explosions, des troncs meurtris, mutilés.



Goetz von Berlichingen, c’est son nom, cherche à retrouver les siens quand soudain, la verdure, des arbres, une forêt, la vie. Comme un coin de paradis qui a échappé à la fureur des hommes, à leur folie destructrice. Un château et ses habitants, une petite fille qui semble sortie d’un recueil de la Comtesse de Ségur, son frère, musicien à ses heures, leur belle et grande sœur et la grand-mère, encore plus vielle qu’il n’y parait. Un tableau qui semble idyllique, trop, on s’en doute…



Déjà, la vieille femme semble avoir connu l’ancêtre du soldat qui a vécu au XVIème siècle, détail pour le moins surprenant, et tous semblent savoir qui il est sans qu’il se soit présenté. Pour un peu, on jurerait qu’il était attendu. L’ancêtre va d’ailleurs ressurgir dans les rêves du soldat. En fait de rêves, il est plutôt question de terrifiants cauchemars.



Quand la réalité devient cauchemar, quand cauchemar et réalité s’entremêlent pour mieux se confondre, quand la vie s’apparente à un petit théâtre de marionnettes dont la Mort tire les ficelles, quand l’ombre de David Lynch s’impose à vous… Les hululements de deux chouettes, les croassements de deux corbeaux… Pire encore que le chant glaçant de ces oiseaux de mort, leurs mots… L’Ombre du corbeau, l’ombre de la Mort…



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Ma version de cette bande dessinée est celle d’origine, c’est-à-dire de 1981.



En 2012, une version augmentée de quelques dessins et d’un dossier sur l’auteur est ressortie. A noter que cette nouvelle version a été expurgée de ses couleurs.



La couleur est une des choses qui m’a le plus surpris dans cet album. Je m’étais habitué au noir et blanc de Silence et La Belette. La couleur pour atténuer, adoucir la noirceur de cette histoire ? Peut-être, ou pas. En tout cas, c’est ici une couleur plutôt désaturée, limite un peu lavasse, sans éclat, qui, si elle convient à merveille à l’ambiance surannée et aux personnages du château, peut rebuter.



Le dessin et le trait de Comès sont aussi très différents des deux autres albums cités. Beaucoup plus de détails globalement, quelque chose de plus pointilleux peut-être, comme une rigidité dans le trait. Pas de vent qui souffle sur les personnages, en même temps que sur les pages, d’où un rendu beaucoup plus graphique.



Le personnage de Goetz von Berlichingen est inspiré par un homme ayant réellement existé et dont se sont aussi inspirés Goethe et Sartre.



Un album moins connu, plus déroutant, plus noir, plus fantastique, mais qui est vraiment à découvrir et que je redécouvrirai, pour ma part, avec plaisir dans sa version noir et blanc un de ces jours.


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Silence

Silence est un jeune homme muet et simple d'esprit. Il est fort, mais possède la mentalité d'un enfant. Profondément gentil, il ne connait ni la malice, ni la méchanceté. Habitant dans le village de Beausonge, Silence travaille pour un fermier méchant et avare, Abel Mauvy. Mais Abel et les autres habitants du village profitent de sa force, de sa gentillesse et de sa naïveté. Le village possède un sombre secret et les villageois craignent que sous l'apparente naïveté du pauvre Silence se cache un être doté de pouvoirs maléfiques, comme cette sorcière qui vit au fond des bois et dont le jeune homme va bientôt faire la connaissance...



Après une belle préface d'Henri Gougaud encensant à la fois l'auteur et son œuvre, me voici donc plongée dans cette histoire aux graphismes particuliers. Seuls le noir et le blanc sont utilisés, le coup de crayon est grossier mais pertinent et donne vie aux dialogues de cette histoire, créant une ambiance malsaine tout à fait appropriée. Car on est très rapidement aspirés dans la vie de Silence, qui est tellement innocent qu'il ne se rend pas compte du mal que les autres lui font. Au fur et à mesure, l'histoire prend de l'ampleur et, tout en conservant cette douce poésie qu'on ressent dès les premières bulles, l'intrigue se révèle noire et pleine de révélations plus sombres et malsaines les unes que les autres. Mêlée de fantastique, de magie, de croyances populaires, l'histoire de Silence ne peut pas laisser le lecteur de marbre face à la cruauté du genre humain. En tous cas, moi, j'ai adoré. Je recommande cet album, pour sa poésie, et pour sa beauté aussi bien narrative que graphique.
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Les larmes du tigre

Petite-Pisse-Partout, nom difficile à porter s'il en est, semble être un brin désordonnée. V'là-t'y pas qu'elle vient de perdre son ombre, d'où cette nouvelle appellation, frappée au coin du bon sens, de Celle Qui n'a Plus d'Ombre.

C'est fort marri qu'elle s'en vient trouver le chaman du coin, Parle Avec le Feu, sur qui repose désormais tous ses espoirs.



On va pas se mentir, si tu es cartésien ascendant rationnel, à moins de faire ici preuve d'une saine et louable curiosité, pas grand chose à attendre de ces larmes du tigre en terme de logique.

Au menu de ce Comès, rêves, légendes et onirisme se taillent la part du lion, enfin du tigre, fort logiquement.

Des planches bicolores d'une beauté indéniable.

Un récit original à défaut d'être franchement enthousiasmant.

Je trouve qu'en terme d'émotion, l'on est bien loin d'un Silence, d'Eva, de La Belette ou bien encore de l'Ombre du Corbeau.

Mais rien que pour le plaisir des yeux et celui de s'évader un brin, pourquoi pas...
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Silence

« Silence » est considéré comme un des meilleurs titres de Comès, auteur réputé pour son ton sombre. Ne connaissant pas l’auteur, je me suis dit que ce serait la porte d’entrée idéale dans son univers.

J’ai vu de ci de là « Silence » qualifié de chef d’œuvre, d’ouvrage ambitieux et exigeant. Je n’irai pas jusque-là. « Silence » n’est pas, selon moi, un chef d’œuvre mais simplement une très bonne B.D, un divertissement de haut niveau. Et c’est tant mieux. J’ai passé un très bon moment de lecture.



J’ai beaucoup aimé le mélange de fantastique et de chronique rurale qui fonctionne très bien. A travers des décors bien plantés et une galerie de personnages très réussie, l’auteur parvient à immerger pleinement le lecteur dans la vie de ce petit village. Les rapports entre les protagonistes sont bien dépeints ainsi que l’ambiance de la petite commune encore traumatisée par la seconde Guerre Mondiale et encore pétrie de superstitions. Le surnaturel se marie très bien avec cet aspect réaliste sans le dénaturer. « Silence » relève clairement du fantastique tout en étant très crédible. Il y a des imperfections, des maladresses mais on ne s’ennuie pas une seconde, le récit est très prenant.



Cette première lecture de Comès ne restera pas la seule, je compte bien découvrir d’autres ouvrages de cet auteur.

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Les larmes du tigre

Le Bison commence par se servir un verre de bourbon (bon ok, deux verres). Il lui fallait bien un peu d’eau-de-feu pour débuter cette histoire et ne pas être effrayé par les esprits qui rodent dans ces grandes plaines. Il y a rajouté une bière sombre, comme le dessin.



Comès commence par un paysage, presque désolé. Du vent, et de la neige qui tombe. De plus en plus fortement. Et puis je vois des ossements, des cranes, un chaman qui hurle dans la nuit tel le coyote assoiffé de sang. Des bruits de tambour, puis de cymbales autour du feu. Cérémonie ancestrale de ce clan indien. Très sombre la bière.



Et je croise cette indienne, Belle et seule. Rejetée par les siens. La rencontre d’un chaman, une cicatrice sur le visage comme fendu en deux. Rejeté aussi par les siens. Les mauvaises prédictions ne pardonnent pas (comme la mauvaise bière).



Mais qui est donc ce peuple indien ? Et ces esprits qui s’envolent comme la dernière volute du feu de camp. Les tambours cognent dans mes tympans. Je danse, je chante, je tourne autour du feu. Danse. Transe. Tom Tom Tom Hou Hou Tom Ha Ha. Va te faire scalper me disait Jim Loney sur un bout de comptoir, dans un bar miteux proche de la civilisation. Avant de mourir. Oui, va te faire scalper toi-même ! Je reste dans ce paysage mortifère. Funeste présage. La neige, la nuit, le loup. Et ces os qui jonchent le sol. Crânes de cervidés, crânes humains. Le chaman déchu, la belle indienne. Je suis dans mon élément. Je crache du feu (c’est du 50° ce bourbon ?!)



« les Larmes du Tigre » ou l’art de boire son eau-de-feu plus vite que son ombre.
Lien : http://leranchsansnom.free.f..
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Silence

Beausonge est un petit village des Ardennes. Silence est un jeune garçon attardé, muet de naissance, aux ordres de son maître, le personnage le plus puissant du village, Abel Mauvy. Ame d'enfant dans le corps d'un homme, il ne voit ni ne comprend la méchanceté et l'injustice, regardant le monde de son regard naïf. Mais Beausonge n'est pas un village parfait et ses habitants ont des choses à se reprocher, des choses à propos de Silence. C'est la Sorcière qui le sait, et qui attend un signe. Un signe indiquant que Silence est prêt à apprendre la vérité, à apprendre l'amour, et son corolaire : la haine.



Je lis assez peu de bandes-dessinées. La première qui m'aie vraiment marquée était signée D. Comès : il s'agissait de L'ombre du corbeau. Depuis, j'ai du lire quasiment tous ses albums, et dans mon trio de tête des œuvres de cet auteur, L'ombre du corbeau côtoie La belette (je crois que c'est celui-ci mon préféré) et Silence.

Dans ces deux derniers ouvrages, Comès prend soin de nous immerger dans l'ambiance des petits villages, matinés d'histoires d'amours qui tournent mal, de vengeance, de vengeance et d'amour, le tout mis en relief, en ombres et lumières, par les dessins chargés et les aplats blancs et noirs.

Ce sont souvent les simples, les purs et les naïfs, les isolés, les différents que met en scène Comès. Dans son œuvre, les femmes sont souvent mystérieuses, et gardiennes des secrets et de la connaissance. Elles sont souvent sorcières également. Elles sont tellement belles, majestueuses, parfois impressionnantes, sous la plume de Comès.

Silence de Comès est un livre très poétique, qui nous nous amène à suivre une histoire dont on sait qu'elle ne peut bien finir mais qui nous porte quand même vers la lumière. A découvrir absolument.

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Silence

Entre 1978 et 1997, le mensuel A suivre fut le fer de lance d'une bande dessinée d'auteur, à une époque où elle n'était pas très répandue. De plus, il publiait en noir et blanc, dans un paysage majoritairement dominé par la couleur.

Des auteurs (Tardi, Pratt...) ont marqué son histoire, mais sans doute aucun comme Comès, de son vrai nom Dieter Hermann. Silence est une des ses œuvres phares, mettant en scène un personnage sourd muet (en l’occurrence Silence), souffre douleur de son maître, le notable Abel Maury.

Le récit nous conte l'émancipation de ce personnage rabaissé, par l'initiation et la magie, grâce à une femme que le village nomme la Sorcière.



Le charme de ce récit tient, pour moi, au fait de donner la parole à un personnage qui n'est même pas un anti-héros, mais qui se classerait plutôt dans la catégorie des invisibles, des sans voix. Émouvant, Silence ne peut que susciter la sympathie tant il semble incarner la bonté même. Par ailleurs l'atmosphère rurale de cette région d'Ardenne, un peu hors du temps, est extrêmement bien rendue, avec ce village que l'on sent lourd de secrets inavouables et cette lenteur du temps qui n'en finit pas de passer. La touche de fantastique, incarnée par la Sorcière, évite de sombrer dans un réalisme trop pesant. Le tout est servit par un excellent dessin de Comès, tout en aplats de noir et blanc, parfois à la limite de l'abstraction (notamment dans les décors)



Définitivement Silence est un classique de la bande dessinée et représente une bonne entrée en matière pour appréhender ce qu'était l'esprit du mensuel A suivre.
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La Belette

On retrouve les thèmes chers à Comès, des gens simples vus comme des parias. Des étrangers qui ne peuvent pas comprendre, qui ne peuvent pas savoir. Le dessin à l'encre noire est fabuleux, l'histoire troublante et la campagne vivante. Même si, là, quelque part pas loin, le mystère...

À lire absolument
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Les larmes du tigre

Tout commence dans la neige, une neige immaculée. Puis arrivent les flocons, portés par le vent. Une bande-dessinée de Comès, le vent déjà, je suis chez moi, d’autant que les feuilles mortes soulevées et transportées par le vent ne sont pas loin… Des crânes de cervidés, des crânes humains, des crânes multiples, fouettés par la neige dans des décors qui pourraient sembler post-apocalyptiques, l’histoire peut commencer.



"Petite pisse partout" a été rejetée par sa tribu parce qu’elle n’a plus d’ombre. Devenue "Celle qui n’a plus d’ombre", elle vient à la rencontre d’un chaman, "Parle avec le feu" renommé "Fendu en deux" peut-être à cause de l’horrible cicatrice qui lui barre le visage. C’est pleine d’espoir qu’elle s’adresse à lui pour l’aider à retrouver son ombre, la tâche s’annonce ardue, "rechercher une ombre perdue peut s’avérer dangereux, surtout si elle a été volée !"



Purification et évocation des esprits ne seront pas de trop pour les guider vers une tentative de résolution de l’énigme. Leurs pas vont croiser ceux du nain "Pas très grand" qui va redonner le feu au chaman quand il va le perdre. Mais quelles sont les véritables intentions du nain qui aimerait tant "avoir une ombre "grande" comme tout le monde" ? De quels secrets est-il porteur ? Et quel est cet étrange tatouage sur son ventre ? "Petite pisse partout" retrouvera-t-elle son ombre ?



Le noir et blanc cher à Comès, ombres et lumières, des noirs très présents et très forts, les feuilles évocatrices du souffle du vent, des personnages en quête d’identité, en quête de soi, peu de dialogues, la communication passe parfois par le regard et par la force des esprits. Il m’a cependant manqué un "je ne sais quoi" pour être séduit totalement mais malgré tout un album à découvrir absolument.



Les Larmes du tigre de Comès… Ne vous retournez pas, vous êtes suivis par votre ombre…ou pas !


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La Belette

Le vent souffle fort sur les plaines de la campagne ardennaise soulevant et emportant dans son sillage une multitude de feuilles mortes comme un rappel perpétuel d’un danger imminent ou de la mort qui semble roder et guetter les nouveaux arrivants d’une petite bourgade reculée appelée Amercœur, un nom qui rime avec rancœur…



Anne, enceinte, et Gérald, producteur de télé sans scrupules, viennent d’emménager avec Pierre, leur fils, un adolescent autiste. Pierre arrivé trop tôt n’était pas désiré par sa mère qui vit depuis avec cette culpabilité, comme si l’autisme de son fils était entièrement sa faute. La petite famille se retrouve confrontée aux gens du cru qui ne voient pas forcément d’un bon œil l’arrivée de gens de la ville chez eux.



Il y a Jules, l’inquiétant voisin, qui protège son fils Bébert, dégénéré lubrique qui dans son musée des horreurs secret collectionnent les images de femmes nues quand il n’est pas occupé à sacrifier des animaux pour assouvir ses instincts sadiques. Albert, le prêtre du village, lui considère la télévision comme "la nouvelle religion", néfaste, nuisible, responsable du désintérêt de ses ouailles pour son culte et de la perdition du monde en général. Il voit en Anne, future jeune mère, comme un espoir de renouveau. Alors quand celle-ci va se tourner vers le culte de Déméter, opulente déesse de la fécondité, à l’initiative de La Belette et de son père, le prêtre va déchanter… La Belette, mi guérisseuse, mi sorcière, doté de surprenants pouvoirs semble savoir beaucoup de choses sur la vie et le passé des gens du village. Et si elle avait un lien avec tous ces meurtres qui commencent à s’accumuler depuis quelques temps ? A vrai dire, ce ne sont pas les suspects qui manquent.



Un village isolé, un jeune ado mutique, des secrets qui ressurgissent du passé, une bonne dose de magie, un graphisme en noir et blanc, autant d’éléments pour un résultat d’une excellente tenue dans la lignée de « Silence » du même Comès, l’effet de surprise en moins. Deux petits bémols pour moi cependant, une histoire un peu moins touchante et le graphisme de la famille dont je me suis d’abord demandé s’il s’agissait d’extraterrestres en voyant leurs têtes allongés et leurs oreilles pointus ! Étrange…


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La Maison où rêvent les arbres

Réalisation si puissante et convaincante que le papier finit par nous brûler les doigts. L’arbre s’est montré jusqu’à présent bon et prodigue l’humanité mais nous ne sommes pas capables d’en réaliser autant. Les arbres-rêves risquent de se transformer en cauchemars :





« Les planchers, les toits, les charpentes, les maisons, les ponts s’écrouleront… On ne pourra plus faire confiance au moindre objet fabriqué avec du bois !… Mais le pire sera la Mémoire du bois : Le papier se détruira, même les livres rejetteront leur contenu… textes, images… l’encre s’écoulera, laissant des pages vierges… Lorsque l’arbre se séparera de l’être humain, comme il se sépare de ses feuilles mortes, alors ce sera la fin de notre civilisation ! »





La voix des arbres surgit à travers les fibres du papier. Didier Comès est leur interprète…
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Silence

Beausonge : un bien joli nom pour un village ! Pourtant l'ambiance qui règne dans ce petit village des Ardennes est bien éloignée de la promesse formulée : méfiance, avidité, superstitions, ... autant de mots correspondants aux villageois courbés sur les labeurs de la ferme ! L'existence y semble rude, figée par le temps, emmurée dans un terrible secret.



C'est là que vit Silence, insensible à la cruauté des autres, les normaux, prenant leurs moqueries pour de gentilles attentions. Bon et naïf, Silence "appartient" à Abel Mauvy, un homme avare et cruel qui profite du jeune homme pour faire tourner son exploitation à bon compte. Afin d'assurer son emprise sur le hameau, il n'hésite pas à prêter Silence à ses voisins pour les travaux des champs.



Communiquant difficilement avec les hommes, Silence est plus à l'aise avec les animaux et la nature : la forêt et la nuit lui semblent plus accueillantes. C'est au hasard de ces expéditions nocturnes qu'il rencontrera la Sorcière, tenue à l'écart du village et décidée à faire de Silence l'instrument de sa vengeance.



Jouant en noir et blanc dans un graphisme remarquable, Comès met en place une atmosphère sombre et inquiétante : tout autour de Silence, le village semble s'être ligué et taire un mystérieux passé. Une époque révolue dont quelques traces subsistent et qui semble liée aux origines du jeune homme.



Sous le trait de l'auteur, les paysages ardennais se transforment en lieux pesants, travail et quotidien y sont des supplices sans fin. Les superstitions et la cupidité viennent encore ajouter à l'obscurité ambiante.



De même, les personnages apparaissent crevant de réalisme, sublimes dans leurs pires défauts. Le dessin est implacable, n'admettant aucune faiblesse, ni pitié. Tout au long du récit, les émotions et les sentiments dépassent les cases. Par le jeu des contrastes, volontiers ironique, ce sont les héros "différents", meurtris par l'existence et rejetés du monde, qui semblent détenir bonté et compassion.



Émouvante par le destin du héros qu'elle présente, Silence est une bande dessinée fascinante et ses qualités sont nombreuses : tant par les protagonistes mis en scène, que par le décor habilement reconstitué ou encore par le message sur la différence et l'acceptation de l'autre qu'elle véhicule. Un album superbe de noirceur, rehaussée de fantastique et de poésie : des pages à découvrir absolument !
Lien : http://nahe-lit.blogspot.com..
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