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Critiques de Didier Comès (122)
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L'arbre-coeur

Septembre 1985.



Ambre rentre chez elle après avoir arpenté le globe en tant que photographe de guerre. Blessée à l’œil pendant son dernier reportage en Afghanistan, elle doit quitter le métier.



Cette retraite prématurée la conduit donc à revenir dans la maison familiale, un havre de paix perdu au milieu de nulle part. Là, dans les Ardennes, elle s’apaise et retrouve le calme de son enfance.



Les voix qu’elle entend, les hallucinations visuelles dont elle est l’objet sont autant de faits étranges qui ne semblent pas l’inquiéter le moins du monde.



-



Ce personnage d’Ambre s’inscrit dans la lignée des femmes au caractère bien trempé que Comès construit. A l’instar d’Eva ou de la sorcière de Silence, l’auteur a témoigné tout au long de sa carrière de l’attrait qu’il pouvait avoir pour ce genre de femmes. Il parvient à transmettre son étrange fascination au lecteur. On tente de trouver une place dans les univers inquiétants auxquels il donne corps. Ses jeux d’ombre et de lumière servent à merveille un propos assez froid. Pourtant, je ne suis pas grande amatrice de ce dernier. L’emploi excessif de points d’exclamation a tendance, à la longue, à m’exaspérer et me donne l’impression que le jeu des échanges est poussé à l’extrême, comme théâtralisé. Les personnages perdent parfois en crédibilité, il m’est difficile de matérialiser leur timbre de voix pour cette raison. Cela affecte le plaisir ressenti pendant la lecture. Point de vue totalement personnel et subjectif au demeurant.



Chaque album de Comès a sa particularité pourtant, une fois n’est pas coutume, les similitudes avec La maison où rêve les arbres m’a déçue bien que cet album-ci m’ait plu davantage. J’y ai retrouvé une finesse dans la façon de traiter la souffrance psychique et l’abnégation de sa folie. Là, dans sa solitude, le personnage principal se confronte à ses fantômes, certains seront plus concrets que d’autres.



L’ambiance graphique quant à elle est plus saisissante. Les nombreux passages muets qui jalonnent l’album incitent le lecteur à s’immiscer dans l’huis-clos, à observer les événements via de multiples angles de vue. Le dessin de Didier Comès est une nouvelle fois vecteur de sons et de ressentis divers : angoisse, inquiétude, chaleur… on sent que l’auteur maîtrise totalement son sujet ainsi que le décor qu’il y associe. Le fait est que les Ardennes est une région qu’il connaît bien. Comme dans une bonne partie des ouvrages qui ont précédé L’arbre-cœur, Comès reproduit ici ses paysages de prédilection. Silence (1980), La Belette (1983), Eva (1985) faisaient déjà évoluer des personnages fictifs sur ce même décor désertique, dépeignant une campagne rude où les rapports humains sont presque dénués de toute convivialité. Les albums ultérieurs de Comès continueront à s’articuler autour de ce point d’ancrage (La maison où rêvent les arbres, Dix de Der…). De même, l’artiste se plaît à inventer des huis-clos et à malaxer sournoisement la tension qui en découle. Faits inexpliqués, rapports atypiques de l’homme avec la nature, retournements de situation inattendus, présence de personnalités aussi austères que mystérieuses…
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Silence

C'est en lisant Silence, il y a près de 30 ans, que j'ai découvert que la bande dessinée était en train d'évoluer. Le roman graphique de Comes est une oeuvre très bien construite, la ligne graphique est superbe. Silence aborde la question de la différence, de la maltraitance et de l'aliénation des plus faibles avec beaucoup de finesse et de sensibilité.
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Dix de der

Comès nous entraine dans ses Ardennes belges natales en 1944, où il nous fait rencontrer une patrouille américaine où évolue, depuis peu, un 'bleu' qui fait la découverte du front.

Ordre lui est donné de se creuser un trou pour s'abriter au pied d'un petit calvaire où il va faire la rencontre de trois fantômes : un civil belge mort en 14-18 à cet endroit, un soldat Prussien qui l'accompagnait et un notable du village mort d'une cirrhose au pied de ce même crucifix. Ces trois revenants, aux manifestations spectrales très différentes, jouent à la belotte et voudraient bien trouver un quatrième joueur...entendez par la une 4e personne qui aurait la bonne idée de mourir à cet endroit précis.

C'est onirique, c'est fantastique, c'est une BD qui se lit agréablement mais qui ne me laissera pas vraiment de réelle marque sur le long terme. Je souligne tout de même le fait que Comès met en avant que ce sont des bombardements américains qui ont détruit le village où se passe l'histoire...une réalité souvent oubliée de la grande Histoire (mais pas des Ardennes belges).
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La Belette

C’est une bande dessinée que j’avais acheté à sa sortie, à la grande époque de la revue À Suivre, ça faisait longtemps que je ne l’avais pas ouvert. Je pensais que l’ésotérisme et l’ambiance de magie noire ne passeraient plus le test d’une lecture en 2023, cela caractérisait presque toujours les œuvres de Comès. C’est un peu vrai, c’est une thématique qui ne m’accroche plus vraiment, mais ce n’est pas la cata non plus. Autre aspect qui caractérise le travail de Comès, c’est cette utilisation du noir et blanc, pas de nuances, des contrastes forts, des formes souvent souples avec des visages au contraire assez saillants, le graphisme est en total adéquation avec l’ambiance et le thème.



Une famille de citadins vient s’installer dans la campagne ardennaise, le père est réalisateur pour la télévision, il y a un grand garçon autiste et la femme est enceinte d’un deuxième enfant. Sous fond de concurrence entre magie noire, religion panthéiste et religion chrétienne, ils vont se retrouver impliqués malgré eux dans ces tensions locales, l’ambiance lourde et pesante est parfaitement mise en scène. La confrontation entre citadin et rural est assez caricaturale, on tombe dans les clichés, mais ce n’est pas trop gênant car l’intérêt se situe ailleurs.



Alors j’ai aimé cette atmosphère campagnarde, on a l’impression de sentir les odeurs, le vent, le froid ardennais, la flore et la faune sont magnifiées, et l’autisme du garçon nous envoie dans une sorte d’univers parallèle et magique, c’est une ode à la nature, un récit écologique avant l’heure, avec un fond de polar rural. Le mysticisme un peu caricatural atténue quand même légèrement mon enthousiasme. Par contre, le noir et blanc transcende la magie, le fantastique du récit, et il apporte une force poétique à l’histoire, et la rend totalement envoutante.



Le graphisme s’apparente à celui de Chabouté, il est certain que ce dernier a dû être influencé par Comès, d’ailleurs il a préfacé la réédition en intégrale de l’œuvre de Didier Comès. Ces premières histoires sont dans la lignée, je pense en particulier à La Bête, mais j’ai une préférence pour ses œuvres à partir de Construire un feu en 2007, quand il a commencé à s’éloigner de cette influence, mais c’est peut-être l’univers de la bande dessinée en général qui a évolué à ce moment là.
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Dix de der

BD saignante, striée d’explosions, de tirs mortels dans un désert glacé où la forêt n’est plus un refuge. La nature se tait et laisse les hommes à leur folie.

Comès, dès les premières pages, plante le décor : il est capable d’exprimer, aussi, le froid, le plafond bas du ciel enneigé, dès les premières pages, de ces Ardennes dévastées, dévastées comme ce village par une erreur de tir des alliés. De sublimes pages pour décrire l’horreur et…l’indifférence ! Ce doit être le dernier album publié par Didier Comès et quelle maîtrise : dans la scénographie, dans le graphisme et … dans les bulles. L’humour y est mordant, ravageur.



« Le bleu », jeune soldat dont nous ne connaitrons même pas le patronyme, a les yeux grands ouverts de la jeunesse, mais aussi écarquillés par la peur. Les yeux ronds, ne seront dessinés dans cette BD que pour les soldats sous le choc, face à leur mort imminente! Quand les soldats visent et tirent, leurs orbites sont vides : l’absence de regard pour celui que l’on tue. Pour les autres, le sergent, le regard est fermé par une paupière lourde ; est-ce que l’horreur rencontrée à maintes reprises par ces vétérans, leur fait préférer de ne pas regarder en face ? Ils détournent leurs regards vers le sol, comme seul devenir possible? Le regard ne sert plus qu’à scruter l’environnement, chercher l’ennemi à abattre pour sauver sa peau. L’autre regard « ouvert » est celui de la statue du Christ, d’une totale indifférence.



« Le Bleu » trimballe un colis de sa mère qu’il n’a pas eu le temps d’ouvrir, cadeau de Noël si dérisoire ! Comment peut-on imaginer, ne pas rêver de cette fête si infantile dans ce désert de neige ? Devant le colis fermé, chacun rêve de ce dont il a le plus besoin : le sergent de munitions, « le Bleu » d’un gâteau. Colis dérisoire qui parle d’un temps d’enfance et l’enfance, dans cet ouvrage est devenue meurtrière puisque meurtrie.



Le trou, au pied du calvaire, où se cache « Le Bleu » n’est pas une invention graphique de l’auteur : c’est dans ces trous, creusés au cours de la campagne hivernale d’Ardennes, que se terraient les belligérants américains, et allemands. Ce fut peut être des lieux de jeux pour Comès et ses copains durant son enfance …

Ce trou, va devenir un drôle de lieu de rencontre et de chaleur humaine ( ?), presque aussi convivial qu’un bar de village : on y tape le carton, on y accueille le nouvel arrivant, on s’invective, on se raconte les dernières nouvelles, on s’engueule, et on se donne un coup de main quand il le faut. Bref, la vie quoi !



Si les vétérans, comme l’armée, ferment les yeux devant l’absurdité de leurs actions, la Religion est , vertement raillée. C’est elle qui subit la charge la plus violente (de mon point de vue) de Didier Comés. Le prêtre et le sacristain sont « réincarnés » en corbeaux, les charognards de nos compagnes, et les corbeaux sont des charognards intelligents qui ont une vie sociale. La page où ces deux corbeaux rapportent au Crâne un œil « récolté » sur un corps, œil dont ils font cadeau au Crâne, est sarcastiquement violente : la masse des hommes n’est qu’un « stock » où les hommes d’église puisent ce dont ils ont besoin, sans aucun intérêt, aucun apitoiement, pour aucun de ces hommes, du moment qu’ils en tirent un profit pour leurs pairs, ou obligés ! Et pour parachever l’allégorie, quand ils quittent la croix sur laquelle Ils étaient perchés, ils conchient sur Jésus-Christ. Cette page et ces deux dernières cases valent bien, par leur « panache » acerbe et leur brio, certaine tirade théâtrale !



Le Jésus-Christ est si absent de ce monde, que sa « représentation » est assumée par un fantôme ! Et ce fantôme ne souhaite qu’une chose : qu’un homme meurt dans son trou pour faire le quatrième à la belote ! L’homme n’est qu’un pion, autant pour l’armée que pour l’église.



Troisième charge, un peu moins virulente tout de même, vise l’instituteur de nos campagnes, celui « qui aime prendre de la hauteur », qui est mort, piteusement d’une cirrhose et si antipathique que même les autres fantômes ne veulent venir jouer à la belote avec lui ! Il ne lui reste plus qu’à espérer qu’un pauvre diable vienne mourir dans son trou !



Et puis la guerre a de ces beautés ! C’est comme un superbe feu d’artifices, sauf, que seuls les morts apprécient ce spectacle : une double page où chaque case explose, le bruit des explosions assourdit le lecteur et les cris des blessés et des agonisants crèvent les tympans.



Se retrouvent dans cette BD les thèmes chers à son auteur.

La nature est le champs d’un fantastique-réaliste, espace bizarrement clos, ici en lieu de combat meurtrier. Avec Comés, le lecteur est dans un univers faussement ouvert ; ses personnages créent une sorte d’arène, de cirque pour un jeu pervers.

La sorcellerie ? Plus de sorciers : perdus les chapeaux pointus, les filtres et les poupées piquées d’épingles. Efficacement remplacés par la guerre, toujours prête à ravager pour libérer ?! Qui pose la même question du pouvoir, le plus sombre : celui de mener à la mort.

Des personnages récurrent comme le nain (qui peut parfois être drôle) est ici représenté par deux enfants tués accidentellement : petit fantôme qui veut tuer, petit fantôme qui veut soigner , symbole de la Mort et des ses deux aspects dans l’imaginaire humain.



Cette BD a été publiée environ sept ans avant la mort de Didier Comès, et la mort y apparaît moins affreuse que la vie de ces soldats venus en libérateurs, de ces populations victimes de cette libération. L’humour est noir, de ce beau noir dont nous ravi l’auteur. Le propos, sous couvert historique, est grave, intime. Il « prend aux tripes ».



Et pour conclure : ouvrez la BD à la dernière page = un bijou je vous dis !

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Le dieu vivant

Ne demandez jamais à Ergün de se présenter à vous… Prenant un air grave, que confirment son front ridé et ses sourcils froncés (on imagine également une voix sombre), il ferait jouer de tous les trémolos de son intonation pour vous débiter ce qu’on imagine être un discours appris par cœur :





« Je viens d’une planète très éloignée qui s’appelle la Terre. Ses habitants ne pensent qu’à faire la guerre. M’étant révolté contre leurs chefs, j’ai été exilé et je suis condamné à errer sans fin comme l’indique le disque noir que je porte sur la poitrine ! C’est pourquoi maintenant mon nom est devenu « Ergün l’Errant » »





Le Dieu Vivant est une bande dessinée qui ne ment absolument pas sur son âge… Publiée en 1974, on pourrait même dire qu’elle fait un peu plus vieille qu’elle ne l’est vraiment… Le charme du vintage entre en jeu. Ce que dit Benoît Peeters à propos de la musique : « n’importe quel tube, même dénué d’intérêt, finit par devenir supportable après un certain nombre d’années, parce qu’il ravive des souvenirs ou des émotions », s’applique aussi à la bande dessinée, et toute sa pertinence s’illustre particulièrement avec cet album du Dieu Vivant.





Il est indéniable que sa construction est bourrée de défauts. La narration est mécanique, stéréotypée, et la progression dans l’intrigue se fait dans l’absence de finesse la plus totale. Le même schéma se répète à chaque fois : situation initiale, élément déclencheur, obstacle, solution miraculeuse. Tous les problèmes sont réglés en une page, parfois même en deux cases. Rien n’est suggéré, et plutôt que de faire comprendre subtilement au lecteur les étapes de la résolution des énigmes qui parcourent l’album, un grand phylactère rempli de ce qui ressemble à une solution de mots croisés vient faire taire toutes ses interrogations. Le style en lui-même est grandiloquent et loupe son objectif premier –qu’on imagine être l’expression épique d’un personnage solitaire- pour verser dans le ridicule le plus complet (« Je ne crois pas que ma place soit ici ! … Qui sait ? Peut-être n’est-elle nulle part… Mais... Je dois essayer… Malgré tout… Adieu Perle !... »).





Pourtant, il faut bien le concéder… le charme du vintage agit réellement lorsqu’il s’agit de considérer les qualités strictement graphiques de l’album. Ici, le dessin caractéristique du style dominant en bande dessinée dans les années 70 ainsi que les couleurs vives et psychédéliques apportent un plaisir visuel qu’on ne peut pas retirer au Dieu Vivant. Pas de quoi, malgré tout, lui pardonner son manque d’attrait narratif.





Le Dieu Vivant : de superbes planches dont il faudrait retirer le remplissage textuel et dont on pourrait s’entourer pour un voyage spatial à travers des contrées exotiques. Un tableau qui aurait pu être réussi, si son imagination narrative avait été à l’égard de son débordement d’idées graphiques.




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Silence

Bouleversant !

Tant par le dessin que par les dialogues et le fond du message...

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Silence

Bon... Là c'est un classique !

et oui en Bd aussi, y en qu'il faut avoir lu, pour moi Silence en fait partie.

Une histoire noire sombre et sordide, faut dire les choses comme elles sont. Une histoire magique aussi.

Les grands thèmes chers à Comes sont là, la nature, l'occultisme, l'inhumanité et la bêtise, et le rêve aussi.

Graphiquement c'est juste beau, comme un coup de poing dans la face (mais ça c'est mon avis et il n'est pas objectif, je suis partiale j'aime le noir et blanc !)

Une histoire qui m'a retournée, que je porte encore en moi. Certaines cases se sont imprimées à ma rétine et ne disparaîtront jamais...

du bon, du grand... du à relire à découvrir...

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Iris

"Iris", en langage des fleurs, l'iris est un symbole d'amour, un coeur tendre ; "

Vous enchantez mes jours".



Dans l'ouvrage de M. Comès, Iris est une ado qui va avoir 16ans dans trois jours, qui court la forêt proche de sa maisonnée au risque ..

Et, non ! Elle n'est ni vêtue de rouge, et il n'y a point de loup. Quoique...un super beau mec viril qui par moment porte une ramure de cerf...



M. Comes, dédicace cette BD à une auteure anglaise Ethel Mannin, et plus particulièrement à l'un de ses livres"Lucifer et l'enfant" qui se situe dans le domaine de la féérie.



Rien d'étonnant à ce que M. COMES, solitaire épris de nature et à l'affut de légendes et de contes, ne se soit entiché de cette histoire de blonde Lolita découvrant l'amour et son appel animalier.



Intrigue d'aucun intérêt. Juste capable d'émouvoir des pensionnaires de couvent du 19ème siècle ou de vieux messieurs, dont je vous laisse le soin de trouver le qualificatif adéquat !



Mais, mais il y a les dessins.

La maestria, la délicatesse avec laquelle Didier Comès dessine les bêtes à poils, à plumes et à écailles. Quoique, pour le serpent...un certain japonais, du nom de Maruo, le dessine beaucoup mieux.

Splendeur du chat tigré, en majesté, en rondeur, en velouté, en postures lovées ou hièratiques, capable de se changer en un magnifique tigre.

Didier Comès a dû être chat dans une vie antérieure !



Coté intrigue, c'est ...sauvé par quelques dialogues irrévérencieux et drôlatiques.



En conclusion : BD à déguster des yeux.
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Silence

Silence est " l'idiot du village " des habitants de Beausonge, petit bled perdu des Ardennes. Silence est muet.



A la solde d'Abel MAUVY, un exploitant agricole aussi méchant qu'avare, Silence est affecté à tous les menus travaux de la ferme de son " maître ". Ce dernier n'hésite pas non plus à proposer les services de Silence aux fermiers de BEAUSONGE, accentuant ainsi la dette des autres à son égard.

Une ambiance malsaine règne sur ce bourg dont on sent que ses habitants cachent un terrible secret...
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Éva

J'avais une amie à l'uniformisant qui ne jurais que par Comès. Elle adorait son traitement du dessin et des mots.

Elle y voyait une poésie que je suis bien en peine de déceler.

J'avais lu cette BD il y a bien longtemps et la relecture me laisse sur le même constat...je passe à côté.

Nous suivons les destins de trois personnes : Neige dont la voiture est en panne qui trouve refuge chez des jumeaux : Yves, un créateur d'automates plus vrais que nature, et sa soeur Eva qui est clouée dans un fauteuil roulant depuis un accident de voiture.

Neige se retrouve au centre d'un jeu de séduction, sorte de proie du frère et de la soeur qui ont pas mal de choses à cacher.

J'ai trouvé l'histoire poussive et trop peu crédible. Les dialogues et les réactions m'ont semblé incongrus, les retournements de situation trop attendus et les dessins beaucoup trop figés.

Un de ces jours, je relirais le Comes dont je garde le meilleur souvenir...à suivre, en espérant que la relecture ne sera pas trop cruelle.
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Éva

Eva : un hommage à Hitchcock de Comès

Eva, à sa première publication ,n’a pas été bien accueilli par la critique car les deux premiers titres de Comès l’avaient catalogué comme un conteur régional, un auteur « spécialisé » et Eva est l’album de la rupture.



C’est un hommage à Hitchcock, truffé de clin d’oeil non seulement à Psychose (certaines scènes, cadrages) mais également à James Bond ou l’Ange Bleu. Pas besoin néanmoins de maitriser toutes les références pour apprécier pleinement Eva.



C’est un huit clos oppressant qui se déroule en quelques jours, qui joue avec les codes de l’érotisme tout en abordant des thématiques neuves à l’époque telles que l’identité sexuelle, la bisexualité, la gémellité.
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Comes Ergun l'Errant

Casterman vient de rééditer les deux premiers albums de Didier Comès : Le dieu vivant et Le maitre des ténèbres.



Etant trop jeune (à l'époque, en 1974), j'avais raté ces deux histoires et me suis donc précipité chez mon libraire qui avait mis la réédition en vitrine. Les critiques des albums originaux sont plutôt mauvaises, ici. Et je les ai bêtement lues avant d'attaquer. De quoi me gâcher le plaisir...



Heureusement, il n'en est rien, au moins concernant le premier opus. Évidemment, ce sont des œuvres de jeunesse et graphiquement, même s'il y a déjà de grands à plat de noir, Comès n'a pas encore trouvé ce style si particulier qu'il développera avec Silence à partir de la fin des années 70. Disons que cela fait le même effet que La ville qui n'existait pas à quelqu'un qui aurait découvert Bilal avec sa série Monstres. Ça fait daté.



Le dieu vivant est très bon. La trame est un mélange de l'arrivée des conquistadors en Amérique du Sud avec une ambiance de naturalisme flower power (1974, en France, ça devait être quelque chose, de ce côté !). Mais l'histoire se tient et est parsemée de quelques belles inventions, à la fois graphiques et dans le scénario. Bref, il ne mérite pas du tout les méchancetés écrites par ailleurs sur Babelio.



Le maitre des ténèbres est moins ma tasse de thé. Trop d'influences heroic fantasy façon le Druillet de Yragaël / Urm le fou. Même si commencent à poindre quelques obsessions de Comès : l'Ankou, la guerre de 14. Je lui redonnerai sa chance en le lisant tranquillement ; le dévoré à la vitesse du cheval au galop n'est pas le genre de lecture qui lui sied. Comme un Druillet, il faut prendre le temps de le regarder. Et là, il y a un truc bizarre : l'éditeur original ayant perdu une vingtaine de pages (il faut le faire !), Comès a finalement accepté de les redessiner 5 ans après. Son style avait beaucoup changé entretemps, et bien qu'il se contienne probablement, qu'il tente un peu de pasticher sa vieille façon pour éviter une rupture trop grande, ça se voit. Et c'est pas si désagréable.



Moralité : lisez les sans les oeillères de celui qui attend du Comès moderne, et ces albums réservent de belles surprises.
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Éva

Comès nous livre un conte cruel et pervers dont il a le secret et qui fait le bonheur des marchands d'encre de Chine.



On retrouve dans Eva un encrage proche de Silence, et un petit quelque chose de l'Ombre du Corbeau... Les automates d'Yves remplacent les visions et autres rêveries. Mais la perversion des personnages est toujours bien présente.



Yves et Eva... Yva. Un duo uni par les liens indéfectibles de l'amour et du sang. Inceste, perversion, faux-semblants, piège. Comès ne nous épargne rien. D'ailleurs, comme à son habitude, l'auteur annonce la couleur dès le départ. Les jumeaux ne vont pas cesser de mettre Neige, cette voyageuse égarée à la faveur d'un problème de moteur, en garde contre l'autre, afin de mieux la berner ou se moquer d'elle, voire la séduire. Et si Comès met le lecteur dans la confidence, c'est aussi pour mieux le rouler, lui aussi.



L'inquiétant est partout chez Comès. Dans le traitement du récit, mais aussi dans l'usage des noirs et des ombres. Les visages sont anguleux, à la serpe. Le seul qui ait un visage rond, c'est ce bénêt de garagiste qui respire la simplicité. Yves, Eva, Neige... sont émaciés, aux yeux perçants. C'est pour mieux te faire prendre des vessies pour des lanternes, mon enfant... et tire la chevillette... Les plus observateurs croiseront Klaus Nomi ou Lili Marleen...
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La Maison où rêvent les arbres

Suite au décès de ses parents, Cybèle part vivre chez sa grand-mère alors qu’elle ne la connaît pas. Cette dernière, une vieille dame solitaire et mystique, vit dans une forêt reculée. Elle habite la « maison où rêvent les arbres », une demeure construite par la nature et mise à sa disposition.



C’est là que Cybèle va désormais grandir, loin de toute civilisation. Outre ce nouveau cadre de vie déstabilisant pour une citadine, la jeune adolescente découvre les règles de vie de l’étrange bâtisse et doit s’habituer à la présence de cette mystérieuse inconnue qui fait pourtant partie de sa famille. Une situation des plus déstabilisantes pour Cybèle.



« – Mammy… Tu ne voudrais pas regarder sous le lit ?

– Pourquoi voudrais-tu que je regarde sous le lit ? Aurais-tu peur ?

– Pour vérifier s’il n’y a pas un monstre caché dessous !… Papa le faisait toujours… afin de me rassurer !

– Un monstre caché sous le lit ! Mais il y en a un ma chérie !… Il y en a toujours un ! »



Album déstabilisant au demeurant. Me concernant en tout cas. J’ai ressenti une difficulté à me situer face à ce jeune personnage (Cybèle) encore immature. Le monde imaginaire est encore très présent dans sa manière d’aborder les choses et le fait qu’elle déambule encore avec sa poupée de chiffon en est significatif. Sa sensibilité enfantine ne l’empêche pas de percevoir les choses très finement et de les questionner de façon pertinente. La plupart de ses déductions et interrogations font mouches, mais cela m’a donné l’impression qu’elle quittait l’enfance pour entrer directement dans l’âge adulte… il manque une transition dans le cheminement et l’évolution de ce personnage. On pourrait se demander si elle ne joue pas un double jeu ; elle est à la fois naïve et précautionneuse. Qui plus est, elle se montre diplomate dans les échanges avec son aïeule. Cela crée de l’ambiguïté mais on devine déjà l’adulte que pourrait devenir Cybèle : une femme intègre, perspicace et lucide.



Le double visage de Cybèle contribue largement à l’atmosphère de cet album.



Didier Comès (Silence, Eva…) a cette capacité de développer des univers en huis-clos dans lesquels l’ambiance semble ne tenir qu’à un fil. Ici, elle se construit dès le préambule dans une scène où l’on observe un couple en train de naviguer (en pirogue) non loin de la foret où vit Cybèle. Les événements étranges qui se succèdent vont insidieusement attirer notre attention et rendre l’atmosphère oppressante. Les jeux de contrastes entre le noir et le blanc renforcent cette impression et aiguisent nos sens.



Comès suggère l’inquiétude au compte-goutte sans user d’artifices superflus. Case après case, méticuleusement, il travaille son univers, s’aide des contrastes provoqués par la rencontre du noir et du blanc et change l’angle de vue que l’on peut avoir de la scène comme le ferait une caméra. D’instinct, le lecteur est aux aguets sans réellement savoir où Comès souhaite l’emmener… si ce n’est vers des ressentis : inquiétude, peur, besoin de repères concrets pour retrouver de la réassurance dans ce monde étranger mais pourtant si réel. Didier Comès nous amène à regarder différemment des paysages que l’on pourrait croiser tous les jours. Il parvient à nous sensibiliser à l’existence de "quelque chose" qui se situe dans un registre surnaturel.



Dans ses albums, le temps est comme suspendu, il s’efface derrière la scène qui se déroule sous nos yeux. Le lecteur choisit la vitesse de lecture qui lui convient, laissant ainsi une grande place à l’observation des illustrations. On prend la mesure de la force évocatrice des dessins de Comès. Une fois encore, je me rends compte que l’on fait abstraction de tout ce qui nous entoure quand on est plongé dans un de ses ouvrage. Seul le contenu de ce dernier existe à nos yeux, il nous plonge dans une réalité artificielle que l’on ressent physiquement : un grincement qui fait crisper les dents, un brouillard épais qui fait frissonner, la vision d’une ombre qui nous met en tension… Comès a cette facilité de retranscrire les émotions et les sensations qui est assez déconcertante.



Pourtant, malgré tout le plaisir que j’ai eu à contempler les planches de cet album, je ne suis pas parvenue – cette fois – à adhérer à certains contrastes présents ici : 1/ Deux femmes que tout oppose (l’âge, le fossé créé par la différence de génération…), 2/ L’écart marqué entre leurs attitudes respectives (la spontanéité de l’enfant et l’austérité de la vieille dame par exemple), 3/ la personnalité floue de Cybèle : Cybèle au visage si lisse, une enfant au sourire si absent, une gamine aux propos si naïfs mais qui s’exprime de façon élaborée.



Enfin, le thème développé par le scénario me semble convenu. Il est question, pour faire simple, de respect de l’environnement. Il est également question d’une recherche d’harmonie entre l’homme et la nature… Le discours est sommaire (pour ne pas dire simpliste) et un peu ronflant ; ce qui le met en valeur, c’est la présence d’éléments fantastiques, d’événements irréels… le surnaturel donne du corps et de la consistance aux dialogues et à l’intrigue mais cela ne m’a pas suffit pour apprécier pleinement cette histoire.
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Silence

"Didier Comès frappe fort, sa compromission, sans facilité. Il décrit, taille dans cette mauvaise herbe et laisse cette atmosphère pesante gagnée en puissance pour l’apogée finale. Lire Silence, c’est pénétrer dans ce monde, se laisser prendre et n’en sortir qu’avec une part de dégoût dans la bouche. Le genre humain est ce qu’il est… et il n’y a rien de bien glorieux."
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Silence

J'ai lu et relu cette BD durant mon adolescence. Des personnages brutes et durs. Réalité de la campagne. Un dessin qui me bouleverse.
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L'arbre-coeur

Contrairement à ce que promet la couverture, cette BD est d'un noir si profond, si sombre, que le blanc en devient éclatant, presque blessant tellement il éblouit.



L'histoire peut être résumée simplement : une jeune femme reporter photographe de guerre, revient dans sa maison d'enfance suite à la blessure qui l'a mutilée. Elle sera la victime d'un réglement de compte d'un macho ennivré de sa supposée virilité.



Sauf que...cette jeune photographe expérimentée, au cours d'une attaque en Afghanistan, reçoit une balle dans l'oeil droit. Elle revient dans son village des Ardennes, dans sa maison d'enfance vide. Enfin, pas si vide que ça : cette maison est peuplée d'êtres étranges et dès son arrivée, elle va saluer l'arbre-coeur, celui dont sa mère lui a raconté la belle histoire d'un chevalier transformé en arbre.

Dès son arrivée, un ancient amant viendra la solliciter, elle verra son territoire envahit par des drôles de soldats, ceux qui jouent à la guerre.



Enfant elle s'était réfugiée dans un monde imaginaire pour se protéger et pour le protéger elle avait tué. De même, à l'âge adulte le même scénario se joue de nouveau.



Là encore l'auteur construit une histoire en huit chapitres, située dans un village ardennais, où la différence est un handicap insurmontable pour celles et ceux qui en sont victimes.



Pour affronter le monde, comme pour un photographe, il faut ses deux yeux pour accomoder, estimer et prendre de la distance.

Elle perd son oeil droit et sa vue est deséqulibrée, mais aussi le decryptage de la réalité qui l'entoure.

Elle ne voit plus que son monde intérieur. Ce monde où elle se sent en sécurité.

Enfant, elle l'avait construit et s'y était réfugiée pour faire face à sa douleur.En l'incitant à grandir et à rejeter ce monde de phantasmes son père avait provoqué le drame.

Adulte agressée dans ce lieu et professionnelle aguerrie, elle utilisera les forces animales pour le défendre et mieux y replonger.



Quand la différence est associée à la solitude il ne resterait que l'enfermement.

Sombre dénouement mais brillant récit.
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L'ombre du corbeau

BD fantastique où le héros rencontre une famille qui se querelle pour savoir à qui distribuer la mort. Pour l'année 2012, une version en noir et blanc qui renforce l'atmosphère ésotérique du récit. Les précédents tirages de cette BD s'étaient faits en couleurs (en reprenant la prépublication parue dans le journal Tintin) mais Comès est un habitué du noir et blanc et il maîtrise de façon singulière ce type d'expression graphique.
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Silence

En relisant cette BD, je me suis rendu compte que je l'avais mal notée. Car Silence possède trop de qualités pour un simple 4/5. Non, elle est franchement culte. J'en suis sûr.



Comes parvient à réunir à merveille son dessin en noir et blanc aux gueules si campées avec un récit mêlant les vieilles croyances, les petits villages, les sorcières et les idiots, les animaux et la nature.



Le récit est rempli de douceur et de poésie, bien que la bêtise, la méchanceté et la noirceur des êtres humains transparaissent. Une haine envers les étrangers traverse les albums : aussi bien envers ces gitans qu'envers ce pauvre Silence simple, ou encore envers ce petit nain difforme qui se retrouve à l'asile on ne sait trop pourquoi.



Et face à cette haine, les armes des simples d'esprit : le silence obstiné d'un homme peu malin. L'émerveillement devant la mer, devant des choses simples, des petites envies de gâteau ou simplement des mots tracés maladroitement sur une ardoise.



Silence, c'est une BD simple et efficace, on n'est pas dans une énigme policière, pas dans un grand roman, pas dans une fresque. C'est simple, à l'image de ce petit village en apparence calme. Mais derrière beaucoup de choses couvent. Et au final, Silence ouvrira les yeux sur ce monde. Il cèdera un temps à la violence, avant de retrouver son monde simple. Mais il est déjà trop tard. La haine a gangréné tout. Nul gagnant au final. Mais est-ce vraiment la fin ?



J'ai maintenant Silence depuis un long moment, et je constate qu'il reste un plaisir à le lire et relire, dans un soir tranquille, quand on est installé confortablement dans un fauteuil, une bonne tasse de thé à portée de main. Et voila qu'on rouvre à nouveau le livre, et l'atmosphère déjà présente rejaillit brutalement, vous enveloppe et vous refait plonger le temps d'un récit dans une campagne française.



Un récit qui à force de relecture atteint pour moi le statut de culte. Je le mets dans ma réserve personnelle, toujours à portée de ma main et prêt pour une nouvelle relecture.
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