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Critiques de Didier Quella-Guyot (353)
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Facteur pour femmes, tome 01

Hum… sympa cette petite BD.



Des histoires sur la première guerre mondiale en BD, je ne suis pas certaine d'en avoir lues beaucoup. D'un point de vue comme celui-là, je suis sûre que c'est la première fois. Parce que pour une fois (enfin pour moi), on ne voit pas la vie des soldats au combat. On voit la vie de leurs femmes restées à l'arrière, seules, pendant 4 longues années, sans hommes, sans maris. On y découvre la difficulté de devoir se débrouiller seules, pour les moissons, le travail. Mais surtout ici, on y voit la frustration, tout simplement, le manque d'être aimée. Et c'est là que notre petit facteur intervient. Elle pourrait sembler inconvenante, cette BD (au sens moral s'entend) et pourtant, ça passe. Parce qu'on les comprend toutes ces femmes, elles sont touchantes. Et ce petit facteur, qui (il faut le dire tout de même) n'a pas la lumière à tous les étages, en profite tout de même un peu beaucoup. Enfin... jusqu'à ce que la guerre se termine et que les hommes (du moins certains) commencent à revenir... Non franchement, cette histoire m'a bien plu.



Niveau dessins, que dire ? Ils sont précisément comme j'aime, avec cette douceur, ce réalisme. Les visages sont expressifs, je revois précisément celui d'une jeune femme avec d'incroyables yeux bleus. Les couleurs sont vives, éclatantes. En un mot, c'est beau. Tout comme la couverture d'ailleurs.



Je ne dirais pas de cette BD qu'elle est un coup de coeur, mais je peux affirmer que c'est là une chouette découverte.

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L'affaire de l'Auberge rouge

A nouveau un tome plus que moyen dans la très décevante collection 'Les grands affaires criminelles mystérieuses". Je pense, qu'à ce jour, ce tome est le plus médiocre.

La narration est chaotique, les dialogues plats, les personnages sont mal individualises et trop peu introduits. Le dessin est catastrophique, de même que la mise en couleur.

Et ce tome se paye même le luxe de fautes d'orthographe.

Un raté
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Esclaves de l'île de Pâques

Une BD très intéressante et didactique sur l'histoire de l'île de Paques au XIXe siècle. Depuis l'enlèvement des Pascuans qui deviennent des récolteurs forcés de guano à l'exploitation de l'île par le tyrannique Dutrou-Bornier en passant par la conversion intransigeante des moines français.

C'est intéressant, c'est bien documenté et c'est bien dessiné avec une mise en couleurs judicieuse.

C'est le genre de récit qui fâche et qui laisse dans la bouche un arrière-gout de gâchis.

Un petit documentaire en fin de tome donne quelques pistes bibliographique et des informations sur les différents personnages.
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Pyramides, Tome 1 : Moucharabieh

Très subjectivement, j'ai pris un plaisir de fou à lire cette BD, découverte dans le cadre du Challenge BD 2023. Je ne connaissais ni les auteurs, ni même la maison d'édition, et je m'apprêtais à subir une BD fade et insipide, inodore et incolore, comme tant de maisons d'éditions peuvent nous les servir...



Que nenni !



Nous sommes en août 1820. Paris vit au rythme de l'égyptologie. On vit "Egypte", on mange "Egypte", on bâtit "Egypte", on respire "Egypte"... Et on meurt "Egypte", malheureusement pour ce gaillard retrouvé au Père Lachaise au pied d'un mausolée dédié à Gaspard Monge. Plusieurs meurtres vont s'ensuivre. Tous les morts se connaissent. A tous, le tueur va prélever un organe, boyaux, poumon, foie... Ils ont tous fait la campagne égyptienne avec Napoléon Bonaparte. Ils ont vu et fait des choses là-bas, qu'il vaut sans doute mieux oublier. Sauf que quelqu'un semble ne pas oublier.



Le lecteur va suivre l'enquête menée par Nivôse Rochelle... fils d'une mère révolutionnaire, et de son bras droit Vidocq. On va se balader à Paris, fort bien reconstituée, et voir tous ce qui peut évoquer l'Egypte. D'une fontaine au bazar, du nom d'un café aux monuments du Père Lachaise, cela donne vraiment envie de revisiter Paris pour retrouver ces endroits s'ils existent encore. On croise des personnalités, comme Vivant Denon, l'historien.



Les fans de récits historiques, d'intrigues complexes et de répliques qui font mouche vont être ravis. On a des gueules dans cette BD. On a de vrais morceaux d'Histoire avec les "hauts faits" de l'armée napoléonienne en Egypte... ou plutôt de sales besognes qu'il vaut mieux ranger sous le tapis. Cette BD bénéficie en outre d'une mise en page dynamique, à laquelle il faut se faire, certes, mais qui explose littéralement de pages en pages. Une belle découverte.
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Pierre Loti, une vie de voyageur

Le projet était sympathique, aborder la "vie de voyageur" de Pierre Loti en lui faisant raconter sur le tard les différentes étapes de celle-ci, depuis sa fameuse maison de Rochefort. L'écrivain y avait aménagé et décoré de nombreuses pièces ou extensions en souvenir de ses voyages : "pagode japonaise", "chambre des momies", "mosquée" et autres. L'idée de ce roman graphique était manifestement de permettre de de visualiser tant la fameuse maison que les destinations au gré des récits de Loti. Malheureusement, si le scénario est honnête bien que classique (récit chronologique), et a l'élégance de s'effacer souvent pour laisser place à de longues citations de l'auteur, le dessin lui est largement perfectible, presque scolaire parfois. Citons les visages de femmes, qui se distinguent systématiquement de ceux des hommes par des cils en ailes de papillons et des lèvres épaisses que l'on dirait botoxées, les attitudes convenues, plates, sans dynamisme même lorsqu'elles doivent représenter le mouvement, et enfin certains paysages -- le Sphinx de Gizeh en particulier -- rendus maladroitement. Dommage.
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Facteur pour femmes, tome 01

Ma culture BD, je l'avoue, est assez pauvre, néanmoins j'essaie de l'enrichir, souvent au hasard de mes passages à la médiathèque. Mon oeil peut être juste séduit par les graphismes attractifs d'une première de couverture, par un titre évocateur ou un thème particulier.



Ce fut le cas avec Facteur pour Femmes, bien mis en évidence sur un présentoir. Je n'en n'avais jamais entendu parler mais je n'en regrette pas du tout la lecture.



Le scénariste Quella-Guyot et le dessinateur Morice nous entrainent sur une petite ile bretonne à l'aube de la première guerre mondiale. Tous les hommes valides ont été mobilisés. Ne restent plus que les enfants, les vieux et les femmes. J'oubliais Maël, jeune homme au pied-bot, un peu handicapé mais sachant lire. Il n'ira pas défendre la patrie au front ; il sera promu facteur ! Lui, le mal aimé, le solitaire, le souffre-douleur, celui qui jusqu'ici ne connaissait rien de la vie et des femmes va progressivement prendre confiance en lui et saisir les avantages de sa mission. Messager du courrier, gardien des bonnes et mauvaises nouvelles de la guerre, il va réconforter et séduire les habitantes de l'ile, une par une, quitte à tricher un peu et à faire quelques entorses à la légalité…



J'ai bien aimé ce scénario original, mais un peu léger, qui évoque parfaitement la solitude des femmes et leurs conditions de vie rudes et astreignantes pendant la grande guerre. de lourds travaux, des responsabilités en plus de leurs habituelles tâches ménagères, mais un semblant de liberté et de considération qui hélas disparaîtra sitôt les hommes revenus du front. Dans les temps forts, je citerais aussi les extraits de lettres des combattants, qui décrivent avec un réalisme exacerbé les horreurs des combats, les souffrances des poilus, les blessures, le sang versé, les morts par milliers. Des scènes tellement surréalistes que notre ami facteur ne peut à peine y croire.



Et par dessus tout j'ai adoré les superbes illustrations de Sébastien Morice. Trait précis, couleurs chaudes, il illustre à merveille les paysages bretons, la côte rocheuse, les récifs, la lande. Son style rappelle quelque peu celui des peintres de l'école de Pont-Aven et l'on devine de sa part beaucoup d'amour pour la Bretagne.

Le tome 2 de ce roman graphique est paru récemment. Il va sans dire que je vais m'y attaquer prochainement.
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L'île aux remords

Reçu en cadeau suite à mes achats chez le bédéiste, je découvre cet ouvrage avec appréhension.

La couverture me parle peu. Le résumé en 4ème non plus.



Mais finalement c'est une jolie histoire qui se déroule tout au long des pages.



Les dessins sont magnifiques, les dialogues sentent le vécu et les émotions sont à fleur de peau.



Je vous recommande cette BD qui, j'en suis sûre, vous rappellera sans doute à tous un peu de vos dialogues avec vos parents.



A lire!
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Facteur pour femmes, tome 01

Voilà encore un album qui n’avait pas attiré mon regard… C’est la récente parution du tome 2 qui m’a décidé.. Quelle bonne idée ! Voilà une histoire originale, des personnages attachants, un scénario surprenant et un travail graphique délicat aux couleurs douces.

Le point de départ est ingénieux : une île bretonne désertée de ses mâles partis à la guerre…tous sauf un, Maël. Il sera donc le nouveau facteur, un rôle qui va changer sa vie. Je vais volontairement en dire le moins possible sur cette histoire, mais vous n’êtes pas au bout de vos surprises. Surpris comme je l’ai été devant cette histoire légère et dramatique à la fois, agrémentée des paysages bretons balayés par les embruns.

Cet album se lit d’une traite, on regrette même de l’avoir fini si vite…. Je comprends mieux pourquoi ce tome 2 me faisait de l’œil !

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Facteur pour femmes, tome 01

Dès le départ, ce sont les couleurs qui plaisent. Non pour le réalisme d’une île bretonne non identifiée, mais pour le décor « sucré » des aventures de Maël, jeune handicapé devenu facteur dans un île de femmes : les hommes valides sont partis à la guerre 14-18. Quelques vignettes leur sont consacrées, illustrant les courriers qu’ils envoient à leurs fiancées/ épouses/ et mères. L’enfer des uns fait le paradis de l’autre.

Le lecteur découvrira avec plaisir ce récit enlevé, aimablement coquin, où s’amusent les auteurs : joie du langage, amour des mots, des doubles sens, et d’ inventions diverses, toujours plaisantes. Faites comme le facteur, ne boudez pas votre plaisir !

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L'île aux remords

Ce tome constitue une histoire complète et indépendante de toute autre, parue en 2017. Le scénario a été écrit par Didier Quella-Guyot ; les dessins et les couleurs ont été réalisés par Sébastien Morice. Le même duo de créateurs est également l'auteur de Boitelle et le café des colonies (2010), Papeete 1914, tome 1 : Rouge Tahiti (2011-2012, 2 tomes), Facteur pour femmes (2016).



Dans les Cévennes, le 30 septembre 1958, l'eau de la crue monte vite et commence à s'infiltrer dans les maisons. En début de soirée, Jean Poujol arrive au café pour prendre un peu de repos, et il relaie les informations de la gendarmerie aux habitués : le Gardon et l'Ardèche ont monté de plus de 5 mètres et les propriétés agricoles avoisinantes sont dévastées, les usines sont submergées. Alors que Fernand, le cafetier, évoque les personnes qui se retrouvent isolées dans leur maison en campagne, Jean Poujol se rend compte brutalement qu'il a oublié de penser à quelqu'un. Il sort en trombe du café, monte dans sa voiture et démarre incontinent. Il arrive devant un pont dont l'accès est barré par les gendarmes. Il explique qu'il est médecin et qu'il doit aller voir un patient de toute urgence. Les gendarmes lui dressent un tableau de l'état des routes, et lui indiquent qu'il s'y engage à ses risques et périls.



Jean Poujol décide de continuer sa route. Il réussit à franchir le pont, mais bientôt sa voiture se retrouve emmenée par le torrent d'eau et il doit l'abandonner. Il poursuit sa route à pied, jusqu'à parvenir à une maison isolée, établie sur une élévation devenue une île au milieu de l'inondation. Il y retrouve son père en bonne santé. En attendant la décrue, les deux hommes cohabitent, et discutent. Jean Pujol est ému de retrouver les vieux livres qui l'ont fait rêver, comme L'île au trésor (1881) de Robert Louis Stevenson. De fil en aiguille, ils abordent le souvenir des disparus, dont une certaine Simone. Ils évoquent le départ de Jean Poujol, de la maison, en 1933. Le père évoque des voisins, comme Victor qui avait séduit et mis Simone enceinte. Jean découvre des réponses à des questions qu'il ne lui était jamais venu à l'esprit de poser.



Le lecteur peut être séduit d'emblée par cette magnifique couverture, avec la mémoire d'une jeune femme (très jeune même puisqu'il apprend au cours du récit qu'elle avait 15 ans) qui surplombe une petite île avec une maison. Le personnage en barque semble se diriger vers le lieu de ses souvenirs, au milieu d'une nature lavée par la pluie. Il peut aussi avoir lu un autre des ouvrages réalisés par Quella-Guyot & Morice et être sous le charme de leur narration douce et calme, pour des histoires fortement nourries par l'Histoire. A priori, le lecteur ne sait pas trop à quel type d'histoire s'attendre en commençant ce volume. Il retrouve une composition de couverture qui évoque celle de Facteur pour femmes, avec une grande importance donnée au ciel, des tons bleus, et la silhouette du souvenir d'une femme. Mais le récit débute d'une toute autre manière avec cette inondation. Il comprend vite que l'inondation est le dispositif narratif qui justifie que Jean n'ait pas d'autre choix que de passer un laps de temps significatif avec son père.



D'ailleurs, dès la fin du premier chapitre (le tome en compte 5), il apparaît que la trame du récit se compose des souvenirs du père et du fils. Dans un premier temps, il s'agit surtout de ceux du père qui révèle des secrets de famille au fils. Le scénariste se lance dans un exercice périlleux de narration dans un ordre non chronologique, charge au lecteur de rassembler les morceaux. La prise de risque est bien réelle car l'intérêt du récit ne repose pas sur une énigme avec un enjeu spectaculaire, comme retrouver le coupable d'un meurtre par exemple. Jean Poujol apparaît comme sympathique de prime abord, mais le lecteur ne connaît quasiment rien de lui, et son père semble lui reprocher de ne pas avoir gardé contact avec lui. Du coup, le lecteur ne sait pas trop bien sur quel pied danser concernant le positionnement moral du personnage principal.



Le lecteur se laisse donc emmener dans ce qui s'apparente à une comédie familiale, avec enfant né hors du mariage, avec quelques éléments dramatiques, mais peu développés. Il est fait allusion à Clémence, la mère de Jean, morte depuis 18 ans, au chagrin que Jean lui a causé en quittant le domicile familial, et ça s'arrête là concernant Clémence. Le lecteur a donc du mal à prendre parti dans un sens ou dans l'autre, manquant d'élément affectif. Fort heureusement la narration reste limpide, et le lecteur n'a pas à fournir d'effort particulier pour remettre les révélations dans un ordre chronologique. Puis vient le moment pour Jean Poujol d'évoquer ce qu'il a fait entre son départ en 1933, et le temps présent du récit en 1958. Il est parti comme médecin dans les colonies, et plus particulièrement dans des établissements pénitentiaires. Son parcours personnel l'a amené à faire l'expérience de cette vie d'expatrié, et à rencontrer des individus d'origine diverse, souvent déportés dans des colonies pénitentiaires pour éviter qu'ils ne fomentent des troubles dans leur pays d'origine.



Sans en dévoiler plus sur l'intrigue, le lecteur constate que le père et le fils ont suivi 2 chemins de vie très différents, mais que celui qui s'est le plus ouvert au monde est finalement celui qui a le moins voyagé. Les auteurs n'opposent pas le père et le fils dans une confrontation idéologique ; ils montrent comment l'un et l'autre en sont venus à adopter des points de vue différents sur la vie. Évidemment, les souvenirs du père finissent par se mêler au thème du colonialisme et du rapport entre les civilisations. En douceur, Jean Poujol prend conscience du point de vue de l'autre, remettant en cause son rapport à autrui. La narration n'est jamais démonstrative, elle reste au niveau des ressentis des personnages, tout en se nourrissant de faits historiques clairement identifiés comme la position du Front Populaire par rapport à l'institution des bagnes.



Alors que le récit se compose essentiellement de la discussion entre le père et le fils, les auteurs mettent en œuvre des outils narratifs diversifiés et sophistiqués qui assurent la prédominance de la dimension visuelle dans la narration. Le lecteur s'immerge dans le récit avec l'inondation montrée dans le premier chapitre. Il apprécie tout de suite les choix de représentation de Sébastien Morice. Cet artiste ne détoure pas toutes les formes, il inclut également des informations visuelles en couleurs directes. Avec cette façon de faire, les coulées d'eau deviennent plus fluides. Les feux arrière de la voiture laissent une traînée pour rendre compte de sa trajectoire hasardeuse. En page 15, le lecteur découvre la maison du père sur l'île dans la douce lumière du matin. La page de Poulo Condor en 1946 baigne dans un soleil chaud. Morice proscrit les couleurs vives et clinquantes pour des tons plus apaisés, et plus feutrés. Il utilise l'infographie pour reproduire l'impression d'un rendu de peinture, mais sans les traces distinctives du pinceau. Cet outil lui permet de jouer sur les nuances d'une même couleur, de montrer comment 2 teintes peuvent se mélanger, comme le bleu de l'eau claire, et le brun de l'eau chargée de terre. Ce mélange de colorisation et de peinture directe aboutit à des cases où le relief de chaque surface apparaît par les variations de nuance, pour des dessins combinant une vision d'un monde riche, et une facilité de lecture.



Le lecteur apprécie également la conception de du récit qui permet de conserver une variété visuelle dans les discussions. Le premier chapitre montre donc les flots d'eau se déversant dans le village, léchant les pieds des maisons et envahissant la campagne. Le dernier chapitre (le troupeau et le berger) se déroule dans un autre endroit, Morice incorporant une composante touristique dans ce qu'il montre. Pendant les 3 chapitres se déroulant sur l'île provisoire où se tient la maison du père, le lecteur peut voir le père et le fils vaquer à leurs occupations, tout en papotant : prendre un verre, couper une tranche de pain, monter au grenier, se tenir sur la terrasse pour observer le niveau de l'eau, aller chercher les moutons, etc. Ces différentes scènes offrent au lecteur l'occasion de se balader aux alentours de la maison, d'observer les paysages, et de voir les gestes du quotidien accomplis par les protagonistes. Il ne s'agit pas simplement de le distraire, mais aussi d'apporter des informations sur la vie des personnages, sur l'environnement dans lequel ils évoluent.



Outre ces occupations banales, le lecteur bénéficie également des images montrant les souvenirs de Jean ou de ceux évoqués par le père, dans la mesure où le récit passe alors dans un mode de narration directe. Par exemple, il est transporté en 1933, et il observe Jean Poujol être pris en charge par un voisin qui l'emmène dans sa camionnette pour le conduire au village, le père lui intimant de donner de ses nouvelles, la mère se tenant à l'écart pour ne pas s'effondrer. Le 2 août 1914, les auteurs lui montrent Simone vitupérer contre Victor qui lui annonce son départ à la guerre, du fait de la mobilisation générale. Un peu plus loin il se retrouve donc à Poulo Condor, une île dans la mer de Chine méridionale, aux côtés de militaires en uniforme blanc, avec casque colonial. Les auteurs lui font visiter du pays, tout en faisant également œuvre de reconstitution historique.



Cette nouvelle collaboration entre Didier Quella-Guyot et Sébastien Morice est encore une fois une réussite, et un plaisir de lecture rare. Le lecteur se laisse tout de suite emmener par la simplicité apparente du récit, alors que les auteurs entremêlent une histoire personnelle, des secrets de famille, une crue, une reconstitution historique, l'existence des colonies pénitentiaires, sans aucune condescendance, avec des images sophistiquées, une mise en scène visuelle, des paysages magnifiques, et une réflexion sensible sur la relation à autrui.
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Facteur pour femmes, tome 01

Facteur pour femmes est une magnifique BD ! Elle nous conte l’histoire d’une île, vivant une des pires périodes que le monde ait connu : la Première Guerre mondiale. Déjà, les paysages et la vie quotidienne du lieu sont magnifiquement bien retranscrits. On nous montre un point de vue intéressant, celui des femmes, restées à la maison, tandis que les hommes sont partis en guerre. Tous…sauf un, Maël, jeune homme isolé et légèrement handicapé physiquement. De là, nous suivons les aventures de ce jeune homme, devenu facteur par intermittence, et du lien qu’il va tisser avec toutes ces femmes…



Cette BD, de par son histoire, arrive à nous montrer une part intéressante de l’histoire, aussi courte soit-elle. De plus, la fin parvient à surprendre, et ajoute de l’intérêt à l’ensemble. Je vous la conseille à 100 % !
Lien : https://www.bykimysmile.com/..
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Facteur pour femmes, tome 01

Alors que la Grande Guerre a vidé l'île de ses hommes partis au front, seul reste Mael, le jeune pied-bot que personne ne remarquait, mais qui, en prenant la place du facteur, va se révéler indispensable aux femmes restantes sur l'île, que ce soit en tant qu'ami, confident, ou bien plus encore...



Lorsqu'on parle de la Grande Guerre, on pense aux combats, aux drames, aux tranchées, mais assez peu à la vie en arrière, dans les campagnes laissées à l'abandon, à la réorganisation de la société en l'absence des hommes.

Dans cette île de Bretagne qui ne se sent pas concernée par les problèmes du continent, la vie reprend ses droits et surtout ses obligations, avec l'absence de ces hommes, toujours loin des yeux, jamais loin du coeur, et ce jeune Mael qui reste la seule alternative à ce monde désormais de femmes, de vieux ou d'enfants...



Au-delà d'un scénario particulièrement intéressant malgré une fin assez évidente, cet album se démarque notamment par la qualité de ses planches, avec des cases parfois gigantesques qui offrent en détails et avec beaucoup de soin la beauté des paysages bretons.



Un très bel album.
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Alice Milliat : Pionnière olympique

Ma #MercrediBD est engagée. Elle est signée de Chandre, D. Quella-Guyot, L. Lessous et M. Millotte, "Alice Milliat, pionnière olympique aux éditions Petit à Petit. C'est Babelio, que je remercie très sincèrement, qui m’a mise sur la voie de cette militante féministe décédée dans le plus grand anonymat.



Si aux Jeux Olympiques de Paris en 2024, la parité sera respectée, il n’en fut pas toujours le cas. Avec cet album, remontons aux origines.



Dans l’Antiquité, seuls les hommes faisaient du sport. C’est à ce moment-là que sont lancés les Jeux Olympiques dans le Péloponnèse. Tous les 4 ans, s’affrontent des hommes dans les disciplines de l'athlétisme, les sports de combat et les courses hippiques. Les femmes ne sont pas même autorisées à être spectatrices, il faut dire qu’ils pratiquent ces activités nus.



A Rome, seules les femmes de la haute société peuvent accéder à quelques activités sportives mais seulement de loisirs. Elles ne sont pas admises dans le champ de la compétition.



En 394, l’Empereur Théodose 1er interdit les Jeux Olympiques. Ils ne reprendront qu’en 1896 sous la houlette du baron, Pierre de Coubertin.



Les femmes devront attendre la première guerre mondiale pour se faire une place dans les entreprises, se découvrir des capacités physiques au travail et s’intéresser au sport.



Alice MILLIAT fait du sport féminin son cheval de bataille. Que de combats contre le Président du Comité d’Organisation des Jeux Olympiques, et les hommes plus généralement, qui ne voyaient dans l’activité sportive des femmes que dépravation.



Elle va progressivement réussir à leur faire une place, d'abord à côté des hommes. Ils ne daignent effectivement pas leur offrir l’accès aux équipements sportifs dont ils se réservent l'usage. Les femmes sont ainsi condamnées à s’entraîner sur des sites non homologués.



A partir de 1922, et jusqu’en 1934, les Jeux Mondiaux Féminins alterneront avec les JO, tous les deux ans.



L’ensemble de l’équipe artistique fait de cette BD l’opportunité d’honorer Alice Milliat bien sûr, mais aussi les pionnières des performances sportives.



A travers différents registres, la bande dessinée, le documentaire, le dessin, les extraits de journaux et les photographies… c'est une galerie foisonnante de personnages qui prend vie et s’ancre dans l’évolution de la condition féminine. Comme j’ai aimé retrouver La Garçonne !



Sa couverture est à l’image des albums jeunesse, qu’à cela ne tienne, il est grand temps que les enfants apprennent l’histoire d’Alice Milliat, elle dont le nom commence à s'inscrire sur les frontons des équipements et qui sera dignement honorée en 1924.
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Facteur pour femmes, tome 2

Quand le tome 1 s’achève, Didier proposait que chacun puisse imaginer l’avenir de ces îliennes .. c’était une bonne idée.

Que son Isabelle lui propose d’en inventer un … pourquoi pas !

Oui mais voilà, je n’avais pas songé à compliquer les choses comme ça …

Relier l’histoire des îliennes à celles qui choisissent de rejoindre le continent espérant échapper à une dure vie de labeur ... pourquoi pas .. mais il faudrait peut être fouiller un peu plus le scénario et ne pas rester dans l’anecdote,

Tourner et retourner les ragots et les papotages verbeux sans grands intérêts pour faire des pages et des pages et étirer l’histoire,

Je me suis essoufflée, je n’ai pas adhéré à cette saison 2 des aventures de cette île.

J’ai plus apprécié les planches et leurs couleurs qui me semblent plus convenir aux paysage des îles du sud Bretagne, mais je regrette une fois encore que l’approche des visages soit aussi irrégulières, parfois réussie pour ces portraits d’hommes, d’autre fois trop superficielle quand il s’agit d’illustrer le visages des femmes.

En conclusion, une suite pas vraiment indispensable à l’histoire de cette île bretonne.

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Facteur pour femmes, tome 2

J'avais adoré le tome 1 qui devait être un one shot, mais six ans plus tard, on les retrouve grâce à l'épouse du scénariste qui lui a posé cette question : "mais que sont-elles devenues, ces femmes ?"



C'est manu Cassier qui reprend le dessin, Morice étant sur d'autres projets.. et on remarque la différence.



Autant le premier était lumineux sous les pinceaux de Morice, autant ce second tome - qui je précise peut se lire de façon séparée du premier - est plus sombre. On le comprend aisément par la gravité de ce récit que l'on aurait pu nommer "les femmes du facteur".



Le 26 août 1918, elles sont huit femmes au cimetière devant la tombe du facteur. La guerre est terminée, les hommes sont rentrés, cabossés par la guerre. Difficile lorsque l'on a connu cinq années de liberté, de retrouver la vie commune, d'accepter de lâcher un peu de leur indépendance acquise.



Que sont-elles devenues ? ces femmes qui gardent un lourd secret. Peu à peu les langues se délient, les enfants grandissent et parlent.



Les hommes doivent reprendre leur place dans les champs, dans leur lit... Les femmes refusent d'être dociles, esclaves...



On va s'attacher à quelques-unes.



Germaine la garde-champêtre qui va réparer le vélo de Maël et se l'approprier, elle va scandaliser les habitants en portant le pantalon.



Gaud qui va devoir s'imposer auprès de son fils, Konan.



Rose qui a quitté l'île pour travailler, à la conserverie de Concarneau va se révolter contre le droit de cuissage.



Cet album, c'est celui de l'émancipation féminine avec un goût de liberté, une enquête également qui mettre ou pas en lumière leurs secrets.



Le graphisme est plus anguleux, les couleurs plus sombres sont tout à propos par rapport au récit.



J'ai passé un bon moment même si ma préférence va sans conteste au tome 1.



Ma note : 7.5/10
Lien : https://nathavh49.blogspot.c..
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Papeete 1914, tome 1 : Rouge Tahiti

Papeete évoque pour tous une jolie ville dans une île paradisiaque perdue au milieu de l'Océan Pacifique. Cette bd relate d'un fait plutôt méconnu: celui de la participation de Tahiti à la Première Guerre Mondiale. Pourtant, le vrai théâtre des opérations était situé à 18000 Km de là.



Les auteurs se servent de ce fait historique pour bâtir une histoire à propos d'un enquêteur à la recherche d'un meurtrier. Je n'ai pas senti la douceur des vahinés parcourir tout mon être. Les protagonistes manquent singulièrement de consistance si bien qu'on ne se sent pas très concernés par leur sort. Bref, cela manque de saveur. Où sont donc passées les oranges ?



Par ailleurs, le dessin ne m'a pas paru très réussi et le scénario m'a paru plutôt plat. Pour autant, c'est une lecture qui passe encore comme une carte postale avec son cachet. Sinon, on sait tous que le paradis terrestre n'existe pas car autrement, cela se saurait. Guerre et meurtre réussissent toujours à salir le sable blanc.
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Le marathon de Safia

La couverture du marathon de Safia ne me donnait a priori pas d'envie à lire cette bd. Et pourtant, au ressortir de cette lecture, c'est une réelle bonne surprise. Je croyais que j'allais lire une oeuvre qui met l'accent sur une championne déjà connue dans le monde féminin des marathons. Il n'en est rien. D'ailleurs l'action commence le 20 mars 2013 soit dans notre futur pour se terminer en 2024. On pourrait se dire qu'il s'agit alors d'un récit de science-fiction mais cela ne sera pas le cas tant l'histoire est ancrée dans notre présent. Bref, l'horizon de ce marathon dépasse largement le cadre qu'on croyait fixé.



Sofia est une jeune fille d'origine maghrébine qui vit pauvrement dans une caravane avec sa famille. Elle aime courir mais son père reste attaché à de vieilles traditions obscurantistes où la place de la femme serait à la vaisselle. Le père travaille sur les chantiers de la construction d'un nouveau stade de France. La mère est femme de ménage dans les vestiaires de ce stade. J'ai apprécié le fait que certaines valeurs me parlaient véritablement comme la chasse au gaspillage. Et puis, et surtout, il ne s'agit pas d'une revanche sur la vie mais d'un défi pour faire évoluer une bonne cause.



On se rend compte également qu'à travers le sport, c'est une critique de la société tout entière. Le sport ne sera d'ailleurs pas épargné tant il y a eu des dérives commerciales notamment dans le football. Je ne suis d'ailleurs pas moi-même un adepte des matchs de foot où les hurlantes, le racisme, la débauche et la violence font honte aux sports. A cela, je me suis retrouvé dans le personnage du frère de Sofia. Il y a également une vraie réflexion sur la place des femmes dans le sport. Il faut dire qu'elles n'occupent pas une place privilégiée actuellement dans les hautes instances dirigeantes sportives. Bref, il y a encore beaucoup de boulot à réaliser !
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L'île aux remords

En septembre 1958, de terribles inondations saccagent la région les Cévennes.

Jean, médecin, décide de porter secours à son père, resté dans sa maison isolée de tous. Ce sauvetage n'est pas sans importance car cela fait 25 ans que le fils est parti, sans donner la moindre nouvelle. de fil en aiguille et de plus en plus submergés par les eaux, les deux hommes se confient et racontent leurs plus terribles secrets...



Il ne m'en fallait pas plus pour sélectionner cette bande dessinée lors du dernier masse critique et quelle agréable surprise de la recevoir dans ma boite aux lettres !

Après Facteur pour femmes (que j'avais beaucoup aimé), Sébastien Morice et Didier Quella-Guyot forment de nouveau un duo de choc pour une bande dessinée magnifique.

L'île aux remords est en effet superbement illustrée et l'histoire très complète. On y apprend beaucoup sur la colonisation et la politique française dans les années 1950. Les personnages - Jean et son père - sont à la fois attachants et énervants. On ne sait pas quoi penser de leur choix et de leur caractère. Il y a un petit reproche que je ferai : j'ai trouvé que le scénario allait vite, qu'il manquait quelque chose pour apprécier cette bande dessinée.



Merci à Babelio et à Bamboo édition pour cette lecture toute même passionnante et intrigante.

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L'île aux remords

Sébastien Morice et Didier Quella-Guyot s'associent une nouvelle fois pour nous livrer un récit mêlant fiction et faits historiques, à l'image des 2 autres BD issues de leur collaboration.



J'avoue que c'est avant tout les dessins de Sébastien Morice qui m'ont donné envie de lire cette BD. J'avais déjà beaucoup aimé son trait ainsi que sa colorisation dans "Facteur pour femmes". Son dessin est de la même qualité dans ce one shot.



En ce qui concerne l'histoire, j'avoue que j'ai eu du mal à m'y plonger. J'ai trouvé que l'intrigue peinait tout d'abord à se mettre en place. Dans un premier temps, l'auteur s'attache à nous présenter Jean et son père, et nous révéler certains de leurs secrets de famille. Mais ensuite, l'auteur s'attache à nous faire découvrir le passé de Jean, le récit prend alors une tournure historique innatendue. N'étant pas callée en Histoire, j'ai eu un peu de mal à suivre, ou plutôt, à comprendre les enjeux de ce que raconte le personnage.



Pour résumer, je dirais que j'ai adoré le graphisme mais suis restée un peu insensible à l'intrigue.
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L'île aux remords

Une très belle BD aux dessins magnifiques qui en fait un vrai plaisir à tourner les pages pour découvrir chaque case.

Une BD qui réunit un fils et son père pour revenir sur le passé, les non dits. C'est très touchant, raconter avec douceur et pudeur. Chacun revient sur blessures et ses expériences. Ils confrontent leurs points de vue, notamment sur la colonisation française.

Une BD qui a beaucoup à dire et malgré ses 79 pages on aimerait tellement en savoir plus. L'histoire de Jean, avec son rôle de médecin dans les bagnes pourrait être beaucoup plus détaillée. On a l'impression de rater quelque chose. La lecture reste très sympathique et très intéressante.

La fin a un gout de pardon et de réconciliation.
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