Citations de Djalâl ad-Dîn Rûmî (420)
Ecoute, s'il t'est possible d'écouter :
Arriver à lui, c'est se quitter soi-même.
Silence : là-bas, c'est le monde de la vision
Pour eux, la parole n'est que regard.
Si tu regardes l'extérieur, tu vois le visage de l'homme
Tu vois les créatures étranges de Byzance et de Kharassan
Dieu a dit : "Retourne-toi", et se retourner, c'est ceci :
Regarder à l'intérieur, pour voir autre chose que l'homme.
L'âme, dans le for intérieur, est indigente, et notre nature corporelle est satisfaite.
Le démon est gorgé de nourriture, mais Jamshid est à jeun.
Cherche un remède tant que ton Jésus est sur la terre : une fois Jésus parti vers le ciel, ton remède aura disparu.
Les vagues de la terre sont nos illusions et notre entendement, et notre pensée ; les vagues de l’eau sont l’effacement, l’ivresse et l’anéantissement
Quand tu es dans cette ivresse (sensuelle), tu es loin de cette ivresse mystique ; tandis que tu es ivre de celle-ci, tu ne vois pas l’autre coupe.
La parole et le discours extérieurs sont comme la poussière ; habituez-vous à garder le silence. Prenez garde !
Le faucon, c’est l’esprit de l’homme, exilé dans ce monde de ténèbres, prisonnier loin de son roi, c’est-à-dire de Dieu, de l’Être. La flèche désigne la pensée qui traverse notre esprit ; le trésor caché, représente le secret de notre origine, la nostalgie que nous éprouvons pour elle, et finalement l’amour divin. La découverte de ce trésor caché, c’est la connaissance de soi. Le soleil est la Réalité, la vérité éclatante ; celui qui ne la voit pas n’est qu’un aveugle. La mer est le symbole de l’Unité, et l’écume celui du monde phénoménal, de la multiplicité. Les vagues ne sont que de l’eau et le mouvement de cette eau ; pourtant, en apparence, elles ont une existence individuelle, alors qu’en dehors de l’existence de l’océan, elles ne sont rien d’autre que de l’eau et une illusion.
Mauvais rêves
Un jour, vous regarderez en arrière et vous rirez de vous-même.
Vous direz : « Je n'arrive pas à croire que j'étais si endormi !
Comment ai-je pu oublier la vérité ?
Comme c'est ridicule de croire que la tristesse et la maladie
sont autre chose que de mauvais rêves.
Je suis anéanti
Je suis anéanti, et les parcelles de mon corps ont été jetées
Dans ce firmament qui est ma patrie originelle
Toutes sont ivres, joyeuses, amoureuses du Vin
De l’Invisible, par crainte de cette prison qui est moi-même.
/Traduction du Persan par Eva de Vitray-Meyerovitch et Djamchid Mortazavi
Chasse de ton cœur
Chasse de ton cœur la cupidité, la jalousie, la haine
Change tes mauvaises habitudes, tes mauvaises pensées.
La négation pour toi est néfaste
L’amour est ton salut, augmente-le.
/Traduction du Persan par Eva de Vitray-Meyerovitch et Djamchid Mortazavi
Dans ta lumière,
j'apprends à aimer,
Dans ta beauté,
à composer des poèmes.
Tu danses dans ma poitrine,
là ou personne ne te voit,
mais parfois, moi, je te vois,
Et cette vision devient art.
Qu’est ce que la louange de Dieu ? Devient particule.
Qu’est ce que la connaissance de Dieu ? Brule en sa présence.
Brule jusqu’a extinction.
Le cuivre se fond dans l’élixir souverain,
De même, dissous ton moi dans l’alliage
Qui soutient l’existence.
Ni nuit, ni jour, ni jour, ni nuit,
Le soleil tombé dans le puits,
Levez-vous, les favorisés,
La lune vient de se lever
Tu es la source du soleil
Et moi je suis l'ombre du saule.
La mort casse la cage, mais
Elle ne blesse pas l'oiseau.
Me perdre dans la perte
Est mon acte de foi.
Ne pas être dans l'être :
Telle est ma tradition.
Dans le feu du désir je suis
Et l'assemblée et la bougie,
Et la fumée et la lumière,
Et rassemblé et dispersé.
Si tu déverses la mer dans une aiguière, que contiendra-t-elle ? La ration d'une journée.
Les atomes de la plaine, s’ils découvrent Son parfum,
Deviendront chacun un anqâ qui déploiera ses ailes.
Et je me suis efforcé, dans ma traduction, de ne jamais oublier que ces paroles furent pour ainsi dire jetées au vent, parmi des milliers d'autres, par un homme qui souvent se donnait comme surnom "silence".
Jean-Claude Carrière (Préface)
Ne me donne ni pain, ni eau,
Ni le repos, ni le sommeil,
Car la soif d'avoir ton amour
A la valeur, cent fois, du sang.
Je suis le vin, tu bois en moi
Comme si j'étais ta boisson.