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Citations de Dominique Barbéris (164)


Les filles froncèrent le nez comme quand elles ne voulaient pas manger leur céleri; ou leur chou-fleur. Elles haussèrent plusieurs fois les épaules et partirent sauter à la corde.
La petite fille resta pendant toute la récréation le dos au mur, toute seule. Les autres s'amusaient, plus loin. Pour se donner une contenance, elle avançait et reculait un pied en grattant le sol.
La moitié de la récréation passa.
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Il y a des modes aussi pour les livres. Je regardais les titres quand j'allais la voir mais je ne les ai jamais ouverts; j'avais l'idée, peut-être fausse, qu'ils exhaleraient cette tristesse vague des intérieurs d'appartements vieillots dont les agents immobiliers vous disent dès qu'ils ouvrent la porte : "Bien sûr, il faudra rafraîchir". Henri Troyat, Gilbert Cesbron, François Mauriac - ma tante aimait beaucoup Mauriac, elle lui trouvait "une grande finesse psychologique".
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Le milieu européen de Douala gravitait autour du Délégué et de sa femme Jacqueline. L’administration du territoire en dépendait. Comme tous les milieux d’exilés où les gens vivent les uns sur les autres, c’était un lieu d’intrigues. Pour les questions pour les querelles d’avancement, rien de pire que la colonie. Les épouses des fonctionnaires se démenaient beaucoup pour obtenir des avantages, des postes, et des invitations aux fêtes qui égayaient les longues soirées. On se fréquentait, on dînait, les uns chez les autres on s’épiait. Pour le reste, c’était comme partout : il y avait des types bien qui avaient fait leur vie dans ce pays, et des brutes qui traitaient mal les ouvriers noirs, qui ne leur parlaient pas correctement, qui se croyaient supérieurs.
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Pour chacune d'elles, la vie des autres était un mystère. Mais elles avaient besoin des autres pour apprécier ce qu'elles vivaient.
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Il y avait moins de roses rouges que de roses claires, les roses rouges, quoique de parfum plus affirmé et de couleur plus robuste, tenaient moins. Elles semblaient s'épuiser.
Peut-être que la couleur épuise les roses.
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... et, juste avant que la photographie ne se déclenche, quelqu'un disait pour rire : "Cheese", ou : "Ouistiti."
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Au passage de l'équateur, il y avait eu un grand bal. Les marins avaient fait valser les passagères. La nuit, comme ils dormaient moins bien, ils restaient sur le pont à regarder la lune, ses cernes brillants sur la mer. Ils ne s'en lassaient pas. A portée de barque, le rivage était silencieux.
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La verrière éclairée au milieu de la nuit ressemblait à une île (le feu brûlant ailleurs, au milieu de la sombre forêt), une île où nous aurions été perdus,où nous aurions été une poignée d’hommes, des survivants. Je pensais en regardant le feu dans la vitre à ces contes où des voyageurs égarés aperçoivent une lumière au fond de la forêt. On croit qu’ils sont sauvés, qu’ils viennent de trouver un abri, mais c’est la maison des brigands ou d’un ogre, d’un chasseur attablé à manger le coeur chaud d’une biche
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Peut-être qu’elle se disait que le silence efface les choses ,qu’il les annule. Vois-tu, c’est une question que je me pose aujourd’hui ;si on ne parle pas , s’il me reste aucune trace est-ce qu’on ne peut pas douter de ce qu’on a vécu.?
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Si on ne parle pas, s'il ne reste aucune trace, est-ce qu'on ne peut pas douter de ce qu'on a vécu?
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Quelqu’un passait l’aspirateur dans une chambre de l’étage ; puis le traineau avait heurté la plinthe, et le bruit avait repris plus loin, derrière une autre cloison. En l’entendant, on ressentait au-dessus de soi les chambres vides qu’il y avait de part et d’autre du couloir, toute la rangée de chambre vides, au-dessus du bureau d’accueil, leurs fenêtres ouvrant sur la Loire - mais à cette heure de la journée les stores baissés et les couvre-pieds identique biens tirés sur les lits, dans des couleurs foncées peu salissantes, lie de vin ou vert olive, les lits tête-bêche de part et d’autre des cloisons, l’odeur de renfermé et de Pliz, les télévisions de modèle ancien le boîtier de la télé commande posé sur la table de nuit, sous l’applique, les salles de bains éteintes, les lavabos passés avec une crème javellisée, les échantillons de shampooing turquoise sur la tablette nue, nettoyées à l’éponge, les verres à dents dans des pochons de plastique. Quand on pensait aux choses, à la terrible ténacité des choses, la vie des hommes et leurs mobiles paraissaient presque insignifiants.
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Les enfants sentent la solitude des adultes. Elle les touchée parce qu'elle les rend plus proches.
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..,Meme position que la veille, il fixait le point qui correspondait A l'endroit où Madeleine était restée assise, à proximité de la grille d'entrée. C'était une partie du jardin où des lianes et des végétaux résistaient à tous les effor
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Les boys en blanc, sous la surveillance de Bogart qui affichait toujours la même lassitude, le même léger mépris, circulaient entre les convives avec des plateaux et des verres. On buvait sec aux frais de la République, les plats se dégarnissaient comme si les gens n’avaient pas mangé depuis quinze jours. Des types groupés parlaient entre eux de leur carrière, des planteurs de passage donnaient la « température du pays » ; on disait en hochant la tête : C’est inquiétant, très inquiétant ; on déplorait les progrès des « upécistes », on critiquait l’armée, le gouvernement, les décisions de la métropole (Ils ne comprennent rien à Paris), on disait du mal du haut-commissaire. Des Pères blancs incongrus et buveurs de whisky parlaient de la vie de leur mission, du catéchisme, des cérémonies de baptême. Et finalement, à ces détails près, quand les couples tournaient sur « La java bleue » ou improvisaient à petits pas pressés, à petits déplacements d’avant en arrière, à gauche et à droite, les évolutions syncopées d’une rumba ou d’un tango très décent et très ralenti, je crois qu’à la délégation de Douala, on aurait pu se croire en France par un été chaud, à n’importe quel bal de village. On y jouait les succès qui passaient à la radio :

« Bambino » de Dalida,

Mouloudji : « Un jour tu verras / On se rencontrera »,

Guy Béart : « Si tu reviens jamais danser chez Temporel / Un jour ou l’autre… »
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Quand il est mort, Madeleine a sorti la photo de son ordination à Saint-Louis. Elle parlait de lui souvent ; elle disait : « C’était un solitaire, un rêveur. Il a sacrifié sa vie. » (Mais je me le demande, moi, ce soir, en écrivant, qu’est-ce que c’est : sacrifier sa vie ? Sauver sa vie?)
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On marchait en silence, m’a dit Sophie. Maman n’a jamais parlé beaucoup. Ces promenades en silence le long de la mer, c’est un de mes souvenirs. Peut-être que le silence est une façon d’aimer – c’est une phrase que j’ai lue, ou que j’ai entendue. Je ne sais plus.
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Le voisin tondait sa pelouse ; le bourdon du moteur concurrençait le piano ; j’imaginais que de temps en temps, en jouant, ma nièce se tournait vers la fenêtre, agacée. Elle rêvait certainement d’être une pianiste élégante et raffinée que les hommes admireraient. Elle était peut-être amoureuse de son professeur de piano. Un classique.
Et malheureusement, le professeur de piano dirait : « Ce n’est pas fameux ; mais pas fameux du tout. »
C’était ainsi, la vie ; on essayait de porter vaillamment ses rêves ou ceux des autres.
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La saison s’avançait. C’était, je me souviens, un dimanche du début de septembre, un de ceux où passe la frontière entre l’automne et l’été.
Dans les quartiers que je traversais, certaines maisons restaient fermées – preuve que leurs propriétaires n’étaient pas rentrés –, mais il y avait des fleurs dans les jardins. Des fleurs qui fleurissaient toutes seules dans ces jardins inoccupés. On sentait partout, davantage qu’à Paris, cette sorte d’étirement languide et d’immobilité propre aux végétaux en automne. Il y avait moins de roses rouges que de roses claires, les roses rouges, quoique de couleur plus affirmée et de parfum plus robuste, tenaient moins. Elles semblaient s’épuiser.
Peut-être que la couleur épuise les roses.
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- Ma vie, se dit ma soeur. Ce que je suis en train de faire de ma vie : cet homme en colère, et cette petite fille barbouillée.
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Elle se retourna dans son lit, repensa au roman et se dit : il faudrait que je le relise.
(…)
Elle se souvenait d’une femme déguisée en sphinx ou en ange mangeant des écrevisses, elle se souvenait de l’expression « un buisson d’écrevisses ». Je n’ai jamais mangé d’écrevisses, se dit-elle, il faudra que j’en mange un jour, au moins une fois dans ma vie ; elles doivent avoir à peu près le goût des langoustines, elle se souvenait avoir entendu dire qu’on en trouvait moins, qu’il fallait que l’eau soit très pure, une eau de torrent. L’eau est de moins en moins pure, se dit-elle ; il faut aller de plus en plus loin pour trouver des rivières vraiment pures.
Elle se souvenait que c’était monotone et triste, copieux, comme si la vie vous restait sur le cœur...
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