Citations de Dominique Missika (82)
Dès sa libération, Germaine Tillion est animée par la volonté de dévoiler les crimes de la déportation. Alors qu'elle est en convalescence à Malmö en Suède, elle établit un questionnaire destiné à ses camarades pour comptabiliser leur nombre, répertorier leurs maux, recueillir les témoignages. Ce travail lui permet d'assister comme observatrice et témoin aux procès du camps de Ravensbrück qui s'étendent de 1946 à 1950.
De l'expérience du camp, sortira un maître ouvrage, Ravensbrück, paru en 1988. Ni récit ni même cri d'épouvante, Germaine Tillion met à nu, dans le régime concentrationnaire, le système économique - celui du profit, Himmler était le propriétaire du camp !-, les mécanismes psychologiques de la domination, de la détention. Elle ne cessera jamais son travail de recherche de la vérité sur les camps nazis. En 2015, Germaine Tillion entre au Panthéon en même temps que Geneviève de Gaulle.
Résumé: Le 6 avril 1944, à Izieu, 44 enfants âgés de 4 à 17 ans et leurs 7 moniteurs sont raflés par des soldats allemands, sur ordre de Klaus Barbie. Gabrielle Perrier, leur institutrice de 21 ans, est absente pour les vacances. Ce jour-là, son monde s’effondre Elle se réfugiera dans le silence jusqu’au procès de Klaus Barbie, en 1987. Enfin, elle pourra porter le deuil de ses élèves morts à Auschwitz.Dominique Missika est écrivain et membre du comité scientifique du mémorial d’Izieu, présidé par Serge Klarsfeld. Elle fait ici...
Il y a pire que la mort , l'oubli.
Ce soir-là, en effet,comme tous les soirs ils se séparent ; leur liaison n'est plus un secret mais ils restent , elle et lui , d'un temps où la discrétion est une dignité.
Sans doute à cause de ce que j'ai subi en déportation, j'ai toujours développé une sensibilité extrême à tout ce qui, dans les rapports humains, génère humiliation et abaissement de l'autre.
Toute ma vie je me suis souvenu de ce que me disait ma grand-mère : Fais attention quand tu parles des morts, ils écoutent ce que tu dis.
En vérité, depuis trop longtemps la propagande antisémite et la xénophobie étaient à l'œuvre en France.
On ne déverse pas impunément les poisons de la haine sans altérer l'âme d'une nation.
Les fils des persécutés doivent garder la mémoire des persécutions subies par leur père et être les gardiens de la justice.
A qui veut l'entendre, Robert Badinter, avare de confidences sur ses gouts, clame : Je suis hugolâtre !
Mettez le juge dans un plateau, placez le bourreau dans l'autre, pesez la justice humaine, et dites-moi ce que vous pensez de la peine de mort.
Il est un droit qu'aucune loi ne peut entamer, qu'aucune sentence ne peut retrancher, le droit de devenir meilleur. Je ne suis pas le défenseur des causes perdues, mais de celles que je crois justes.
Tous les cinq ou dix ans, avec Elisabeth, nous allons fleurir de roses rouges sa tombe et, à chaque fois, je me récite la litanie, toujours plus longue, des pays abolitionnistes... Je suis trop vieux, je verrai pas son rêve d'abolition universelle de la peine de mort se réaliser, mais vous, peut-être la verrez-vous...
Au delà des artistes et des écrivains, c'est toute la société qui est fascinée par le crime et ses châtiments. Il suffit de constater la médiatisation du fait divers ou la paranoïa sécuritaire que tentent d'imposer certains responsables politiques.
Quand vous avez vu la guillotine de près, votre avis sur la peine de mort change.
De nombreux éditeurs l'ont pressé de rédiger ses mémoires.
Il a toujours refusé car l'exercice ne lui convient pas, en raison d'abord de cette extrême réticence à parler de choses intimes. Chacun soulignerait les omissions, les explications trop lacunaires. Pourtant, Robert Badinter a écrit, et beaucoup. Le choix des sujets, l'abolition de la peine de mort, la prison, l'expérience ministérielle, l'antisémitisme du barreau, et en dernier lieu le portrait de sa grand-mère, traduisent à la fois ses tropismes et ses obsessions. Le monde de Robert Badinter est encombré de causes et de combats gagnés.
Il faut se méfier de la mémoire. Chacun, de bonne foi, reconstruit sa vie avec le temps. Il y a une sorte de fragilité, de sélection de la mémoire. On auréole, on noircit, mais c'est rarement la réalité des faits.
Robert Badinter est aujourd'hui la dernière icone de gauche inscrite dans la lignée de Jaurès et de Blum. Avec humour il nous a confié que si un jour il écrivait son autobiographie, il la titrerait : L'imparfait. Oui, c'est un joli titre, très exact. Imparfait, je l'ai été, en tout est sur tout. A une exception prés, peut-être : j'ai été un bon fils. Mamère, avant de mourir, a tenu à me le dire...
J'ai été élevé comme ça : les confidences restent... confidentielles et on ne parle pas de soi.
Je n'ai jamais trahi un secret.
Jamais. Les textes inutilement répressifs, mais politiquement exploitables, je les refuserai toujours parce que ces textes impliques le refus de la rédemption, du salut toujours possible, parce qu'ils méconnaissent l'inspiration même du message judéo-chrétien sans lequel notre civilisation serait spirituellement morte.