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Citations de Edgar Morin (950)


L'ancienne pathologie de la pensée donnait une vie indépendante aux mythes et aux dieux qu'elle créait. La pathologie moderne de l'esprit est dans l'hyper-simplification qui rend aveugle à la complexité du réel. La pathologie de l'idée est dans l'idéalisme, où l'idée occulte la réalité qu'elle a mission de traduire et se prend pour seule réelle. La maladie de la théorie est dans le doctrinarisme et le dogmatisme, qui renferment la théorie sur elle-même et la pétrifient. La pathologie de la raison est la rationalisation qui enferme le réel dans un système d'idées cohérent mais partiel et unilatéral, et qui ne sait ni qu'une partie du réel est irrationalisable, ni que la rationalité a pour mission de dialoguer avec l'irrationalisable.
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(...) la disjonction sujet/objet, en faisant du sujet un "bruit", une "erreur", opérait en même temps la disjonction entre le déterminisme propre au monde des objets, et l'indétermination qui devenait le propre du sujet.
Selon qu'on valorise l'objet, on valorise du coup le déterminisme. Mais si on valorise le sujet, alors l'indétermination devient richesse, grouillement de possibilité, liberté ! Et ainsi prend figure le paradigme clé d'Occident : l'objet est le connaissable, le déterminable, l'isolable, et par conséquent le manipulable. Il détient la vérité objective et dans ce cas il est tout pour la science, mais manipulable par la technique il n'est rien. Le sujet est l'inconnu, inconnu parce qu'indéterminé, parce ce que miroir, parce qu'étranger, parce que totalité. Ainsi dans la science d'Occident, le sujet est tout-rien ; rien n'existe sans lui, mais tout l'exclut ; il est comme le support de toute vérité, mais en même temps il n'est que "bruit" et erreur devant l'objet.
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L'imagination, l'illumination, la création, sans lesquelles le progrès des sciences n'aurait pas été possible, n'entraient dans la science qu'en catimini : elles n'étaient pas logiquement repérables, et toujours épistémologiquement condamnables. On en parlait dans les biographies des grands savants, jamais dans les manuels et les traités, dont pourtant la sombre compilation, comme les couches souterraines de charbon, étaient constituées par la fossilisation et la compression de ce qui, au premier chef, avait été fantaisies, hypothèses, prolifération d'idées, inventions, découvertes
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(...) la politique du tout-pétrole tenait compte uniquement du facteur prix sans considérer l'épuisement des ressources, la tendance à l'indépendance des pays détenteurs de cette ressource, les inconvénients politiques. Les experts avaient écarté de leur analyse, l'histoire, la géographie, la sociologie, la politique, la religion, la mythologie. Elles se sont vengées.
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Une organisation telle que l'entreprise se situe dans un marché. Elle produit des objets ou des services, des choses qui lui deviennent extérieures et entrent dans l'univers de la consommation. Se limiter à une vision hétéro-productrice de l'entreprise serait insuffisant. Car en produisant des choses et des services, l'entreprise, en même temps, s'auto-produit. Cela veut dire qu'elle produit tous les éléments nécessaires à sa propre survie et à sa propre organisation. En organisant la production d'objets et de services, elle s'auto-organise, s'auto-entretient, ni nécessaire s'auto-répare et si les chose vont bien, s'auto-développe en développant sa production.
Ainsi en produisant des produits indépendants du producteur, se développe un processus où le producteur se produit lui-même. D'une part, son auto-production est nécessaire à la production d'objets, d'autre part la production des objets est nécessaire à sa propre auto-production.
La complexité apparaît dans cet énoncé : on produit des choses et on s'auto-produit en même temps ; le producteur lui-même est son propre produit.
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Il y a (...) une ambiguïté de lutte, de résistance, de collaboration, d'antagonisme et de complémentarité nécessaire à la complexité organisationnelle. Se pose alors le problème d'un excès de complexité qui, finalement, est déstructurant. On peut dire grossièrement que plus une organisation est complexe, plus elle tolère du désordre. Cela lui donne une vitalité parce que les individus sont aptes à prendre des initiatives pour régler tel ou tel problème sans avoir à passer par la hiérarchie centrale. C'est une façon plus intelligente de répondre à certains défis du monde extérieur. Mais un excès de complexité est finalement déstructurant. A la limite, une organisation qui n'aurait que des libertés, et très peu d'ordre, se désintégrerait à moins qu'il n'y ait en complément de cette liberté une solidarité profonde entre ses membres. La solidarité vécue est la seule chose qui permette l'accroissement de complexité. Finalement, les réseaux informels, les résistances collaboratrices, les autonomies, les désordres dont des ingrédients nécessaires à la vitalité des entreprises.
Cela peut ouvrir un monde de réflexions... Ainsi l'atomisation de notre société requiert de nouvelles solidarités spontanément vécues et pas seulement imposées par la loi, comme la Sécurité Sociale.
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Il est certain que les idées générales sont des idées creuses, mais il n'est non moins certain que le refus des idées générales est en lui-même une idée générale encore plus creuse, parce que c'est une idée hypergénérale qui porte sur les idées générales.
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La science a progressé parce qu'elle était en fait complexe. Elle est complexe parce que sur le plan de sa sociologie même il y a une lutte, un antagonisme complémentaire entre son principe de rivalité, de conflictualité entre idées ou théories et son principe d'unanimité, d'acceptation de la règle de vérification et argumentation.
La science se fonde à la fois sur le consensus et sur le conflit. En même temps, elle marche sur quatre pattes indépendantes et interdépendantes : la rationalité, l'empirisme, l'imagination, la vérification. Il y a conflictualité permanente entre rationalisme et empirisme ; l'empirique détruit les constructions rationnelles qui se reconstituent à partir des nouvelles découvertes empiriques. Il y a complémentarité conflictuelle entre la vérification et l'imagination. Enfin, la complexité scientifique, c'est la présence du non-scientifique dans le scientifique qui n'annule pas le scientifique mais au contraire lui permet de s'exprimer. Je crois qu'effectivement toute la science moderne, en dépit des théories simplifiantes, est une entreprise très complexe.
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L'ordre biologique est un ordre nouveau, puisque c'est un ordre de régulation, d'homéostasie, de programmation, etc. Aussi je dis aujourd'hui que la complexité c'est corrélativement la progression de l'ordre, du désordre et de l'organisation. Je dis aussi que la complexité, c'est le changement des qualités du désordre. Dans la très haute complexité, le désordre devient liberté et l'ordre est beaucoup plus régulation que contrainte.
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Ainsi, il n’y a pas de progrès assuré, mais une possibilité incertaine, qui dépend beaucoup des prises de conscience, des volontés, du courage, de la chance… Et les prises de conscience sont devenues urgentes et primordiales.
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Comprendre c'est comprendre les motivations, situer dans la contexte et le complexe. Comprendre ce n'est pas tout expliquer. La connaissance complexe reconnaît toujours un résidu inexplicable. Comprendre ce n'est pas tout comprendre, c'est aussi reconnaître qu'il y a de l'incompréhensible.
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L'impérialisme des connaissances calculatrices et quantitatives progresse au détriment des connaissances réflexives et qualitatives.
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La croissance des chiffres du PIB, de la consommation des ménages, des indices de satisfaction des consommateurs indiquent la croissance de ce bien-être mais ignorent qu'un mal-être psychique et moral se développe dans la croissance du bien-être matériel.
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Une politique de l’humanité comporterait le souci de sauvegarder indissolublement l’unité et la diversité humaine : le trésor de l’unité humaine est la diversité humaine, le trésor de la diversité humaine est l’unité humaine. Elle serait attentive à préserver les cultures menacées par l’homogénéisation et la standardisation.
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Edgar Morin
Dans son discours, le président Macron parle du danger d’un « repli nationaliste »…
Pour la première fois, c’est un vrai discours de président. Il n’y était pas seulement question
de l’économie et des entreprises mais aussi du sort de tous les Français, des soignés et des
soignants, des travailleurs acculés au chômage partiel. Son allusion au modèle de
développement qu’il faudrait changer est une amorce. Cela dit, l’antidote au repli nationaliste
n’est pas le repli européen, puisque l’Europe est incapable de s’unir là-dessus ; c’est la
formation de solidarités internationales, commencées par les médecins et chercheurs de tous
les continents.
Quels changements faudrait-il opérer selon vous ?
Le coronavirus nous dit avec force que l’humanité tout entière doit rechercher une nouvelle
voie qui abandonnerait la doctrine néolibérale pour un New Deal politique social, écologique.
La nouvelle voie sauvegarderait et renforcerait les services publics comme les hôpitaux, qui
ont subi depuis des années en Europe des réductions insensées. La nouvelle voie corrigerait
les effets de la mondialisation en créant des zones démondialisées qui sauvegarderaient des
autonomies fondamentales…
Quelles sont ces « autonomies fondamentales » ?
D’abord l’autonomie vivrière. A l’époque de l’occupation allemande, nous avions une
agriculture française diversifiée qui a permis de nourrir sans famine la population en dépit des
prédations allemandes. Aujourd’hui, il nous faut rediversifier. Et puis, il y a l’autonomie
sanitaire. Aujourd’hui, beaucoup de médicaments sont fabriqués en Inde et en Chine et nous
risquons des pénuries. Il faut relocaliser ce qui est vital pour une nation.
Kate Mannle, directrice de programmes de formation qui a récemment voyagé en Corée du Sud, en quarantaine
chez elle à Seattle le 6 mars. « Grâce au confinement, explique Edgar Morin, grâce à ce temps que nous
retrouvons, nous pouvons nous retrouver nous-mêmes, voir quels sont nos besoins essentiels. »
(ANDREW BURTON/NYT-REDUX-REA)
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Nous sommes prisonniers de la prolifération de productions inutiles, de productions néfastes pour la planète parce qu'elles consomment une énergie et des ressources folles, et néfaste pour notre humanité parce qu'elles étouffent notre inventivité et nous encagent dans une norme: celle de gaspiller, de fabriquer et d'acheter de manière irrationnelle. Ce qui est anomalie est désormais norme. Comment sortir de cet enfermement ?
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Ailleurs, parce qu'elles ont contesté les codes archaïques et oppresseurs au nom de leur liberté, des femmes sont massacrées en toute impunité. L'infériorisation de la femme, quasi universelle, n'est pas contestable. C'est l'une des grandes tragédies de notre histoire, l'une des pires tares de l'humanité. Il est impossible de continuer une histoire humaine saine dans de telles conditions.
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Ce qui fait la richesse des relations humaines, c'est la possibilité de s'entraider, de s'apporter mutuellement de l'attention et des compétences, de construire ensemble; lorsqu'on additionne l'anonymat de la densité humaine à la marchandisation de toutes les formes de relations, on comprend que la ville ne peut pas être le lieu de l'épanouissement.
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Chaque être vivant est écologie, son existence et sa survie sont physiologiquement un sujet écologique; plus que jamais, donc, l'écologie n'est pas un objet de politique partisane, elle ne peut pas la "propriété" d'un seul parti, elle est une conscience qui transcende toute la politique.
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La violence est tellement multiforme qu'y mettre fin requiert une transformation extrêmement profonde de l'âme humaine elle-même. Jésus-Christ avait raison de dire: "les maux ne peuvent être résolus que s'ils le sont à l'intérieur de nous-mêmes." En d'autres termes, la violence visible, extérieure, ne peut être résolue que si elle l'est, au préalable, dans le cœur humain lui-même.
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