AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Eduardo Mendoza (283)


La différence fondamentale entre les riches et les pauvres paraît être la suivante : les riches, où qu'ils aillent, ne payent pas et peuvent acheter et consommer tout ce qui leur plaît. En revanche, les pauvres payent même pour suer.
Commenter  J’apprécie          80
Depuis des temps immémoriaux, les femmes ont été des objets d'échange entre les peuples et les ethnies. Elles étaient ce qu'on appelle en anglais des commodities. Ainsi se firent les premières alliances entre les clans et les tribus et plus tard, au fil du temps, on a fondé l’État, sur la base de la communauté d'intérêt et de l'échange. Aujourd'hui, au contraire, à cause du mariage gay, les provinces seront bientôt autosuffisantes et proclameront leur indépendance unilatérale sans peur des conséquences.
Page 295 [notre enquêteur a trouvé plus délirant que lui]
Commenter  J’apprécie          80
Il n'existe pas, dans tout l'Univers, de camelote plus infecte et de travail plus bâclé que le corps humain. À elles seules les oreilles, collées au crâne n'importe comment, suffiraient à le disqualifier. Les pieds sont ridicules; les tripes répugnantes. Réduites à l'état de squelette, toutes les têtes ont un rictus parfaitement déplacé. Les êtres humains n'en sont pas entièrement responsables. La vérité, c'est qu'ils n'ont pas eu de chance avec l'évolution. (p.110)
Commenter  J’apprécie          80
21.30 Je décide ( exceptionnellement ) de ne pas respecter ma liste de lectures, et je me mets au lit avec un roman policier écrit par une Anglaise qui jouit d'une grande réputation chez les êtres humains. L'argument du roman est d'une extrême simplicité.
Un individu que, pour simplifier, nous appellerons A est trouvé mort dans la bibliothèque. Un autre individu, B, essaye de deviner qui a tué A et pourquoi. Après une série d'opérations dénuées de toute logique ( il aurait suffi d'appliquer la formule 3(x2 - r ) n+0 pour résoudre tout de suite le problème ), B affirme ( à tort ) que l'assassin est C. Sur quoi le livre s'achève à la satisfaction générale, y compris celle de C. Je ne sais pas ce qu'est un "majordome".
Commenter  J’apprécie          80
Trahir le Parti, c'est mauvais pour l'avenir du prolétariat, mais ça l'est encore plus pour le présent de celui qui le fait.
Commenter  J’apprécie          80
Il n'existe pas dans tout l'Univers de camelote plus infecte et de travail plus bâclé que le corps humain. A elles seules les oreilles, collées au crâne n'importe comment suffiraient à le disqualifier.Les pieds; les tripes répugnantes.Réduites à l'état de squelette, toutes les têtes ont un rictus parfaitement déplacé.Les êtres humains n'en sont pas entièrement responsables. La vérité, c'est qu'ils n'ont pas eu de chance avec l'évolution.
Commenter  J’apprécie          80
1h. 30 Je suis réveillé par un bruit épouvantable. Il y a de cela des millions d'années (ou plus) la terre a pris sa configuration actuelle en subissant des cataclysmes monstrueux : les océans envahissaient les côtes et engloutissaient des îles ; tandis que des pics gigantesques s'écroulaient et que des volcans en éruption engendraient de nouvelles montagnes ; des séismes déplaçaient des continents. Pour rappeler ce phénomène, la municipalité envoie chaque nuit des appareils appelés bennes à ordures reproduire cette ambiance tellurique sous les fenêtres de ses administrés. Je me lève, je fais pipi, je bois un verre d'eau et je retourne au lit.
Commenter  J’apprécie          80
La pension vers laquelle je me dirigeai était commodément située à un détour de la rue Tapias, et portait l'enseigne de l'hôtel Cupidon, tout confort, bidet dans toutes les chambres. Le préposé ronflait comme un sonneur et se réveilla furieux. Il était borgne et porté au blasphème. Il consentit non sans rechigner à troquer montre et Bic contre une chambre avec fenêtre pour trois nuits. Il allégua contre mes protestations que l'instabilité politique avait entamé l'afflux touristique et diminué les investissements privés de capital. Je répondis que si ces facteurs avaient affecté l'industrie hôtelière, ils avaient également touché l'industrie horlogère et celle du stylo-bille, qu'elle s'appelle ou non de la sorte. Sur quoi, le borgne rétorqua qu'il s'en fichait, que trois nuits, c'était son dernier mot, à prendre ou à laisser. Le marché était abusif mais il ne me restait pas d'autre remède que d'accepter. La chambre que le sort m'octroya était une porcherie qui sentait l'urine. Les draps étaient si sales que je dus les décoller par à-coups ; je découvris une chaussette trouée sous l'oreiller. La salle-de-bains commune était une vraie piscine, les cabinets et le lavabo étaient bouchés ; il flottait d'ailleurs dans ce dernier une substance visqueuse et irisée dont les mouches se montraient friandes. Je renonçai à me doucher et regagnai ma chambre.
Commenter  J’apprécie          80
Il (Azaña) sait que les militaires, sous leur apparence terrible, sont inconsistants, versatiles et malléables : d'un côté ils critiquent et menacent, de l'autre ils pleurnichent pour avoir un avancement, une affectation, une décoration ; ils sont toujours à l'affût des prébendes et se jalousent entre eux : chacun est convaincu de s'être fait doubler par un autre qui n'a pas ses mérites ; finalement ils se laissent flatter comme des enfants.
Commenter  J’apprécie          70
La nuit tombait de bonne heure, et la pénombre enveloppait peu à peu la maison du duc de la Igualada tandis qu'Antony Whitelands, recroquevillé dans son coin, entendait les brèves consignes de ses poursuivants, regroupés dans le hall qu'il venait de quitter pour se réfugier à l'étage du dessus.
- Si quelqu'un est vraiment entré, ce dont je doute, annonça le terrible majordome sur un ton catégorique, il ne peut être sorti de la maison sans qu'on l'ait vu. Je propose que nous procédions à une fouille minutieuse, chambre par chambre. Vous chercherez dans les pièces de réception. Les domestiques sont avertis, au cas où il viendrait dans la cuisine, l'office ou la buanderie. Je me charge des chambres à coucher.
Les généraux acceptèrent l'ordre sans broncher, reconnaissant l'autorité provisoire de celui qui connaissait le mieux le terrain.
Commenter  J’apprécie          70
- Inglish?
La question le fit sursauter. Absorbé dans la rédaction de sa lettre, c'était à peine s'il avait remarqué la présence d'autres voyageurs dans le compartiment. Depuis Calais, il avait eu pour unique compagnie un Français laconique avec lequel il avait échangé un salut au début du voyage et un autre quand l'homme était descendu à Bilbao ; le reste du temps, le Français avait dormi à poings fermés, et l'Anglais avait fait le même après son départ. Les nouveaux passagers étaient montés lors des arrêts qui s'étaient succédé depuis. Outre Anthony voyageaient maintenant, formant une sorte de compagnie théâtrale folklorique en tournée, un curé de campagne d'un âge plus que canonique, une jeune fille à l'allure rude de paysanne et l'individu qui venait de l'aborder, un homme de condition et d'âge incertains, crâne rasé et épaisse moustache républicaine. Le curé voyageait avec une modeste valise en bois, la fille avec un gros balluchon et l'homme avec deux volumineuses valises en cuir noir.
- Je ne parle pas anglais, vous savez? poursuivit-il devant l'apparent acquiescement de l'Anglais à sa question initiale. No Inglish. Moi, Spanish. Vous Inglish, moi Spanish. Espagne pas du tout comme Angleterre. Different. Espagne, soleil, taureaux, guitares, vin. Everibodi olé. Angleterre, no soleil, no taureaux, no joie. Everibodi kaput.
Il garda le silence un moment pour donner à l'Anglais le temps d'assimiler sa théorie sociologique, puis ajouta :
- En Angleterre, roi. En Espagne, no roi. Avant, roi. Alfonso. Maintenant, plus roi. Fini. Maintenant, république. Président : Niceto Alcala Zamora. Elections. D'abord Lerroux, maintenant Azana. Partis politiques tous dans le même sac, tous mauvais. Politiciens pourris. Everibodi fumiers.
L'Anglais ôta ses lunettes, les nettoya avec le mouchoir qui dépassait de la pochette de sa veste et profita de la pause pour regarder par la fenêtre. Sur la terre ocre qui s'étendait à l'infini, on ne voyait pas un arbre. Au loin, il aperçut un paysan, portant cape et chapeau à large bord, monté en travers sur un mulet. Dieu sait d'où il vient et où il va, pensa-t-il avant de se tourner vers son interlocuteur avec une expression peu engageante, bien décidé à ne pas se montrer disposé au dialogue.
- Je suis au courant des vicissitudes de la politique espagnole, dit-il froidement, mais en ma qualité d'étranger je ne me considère pas autorisé à m'immiscer dans les affaires intérieures de votre pays ni à émettre des opinions sur le sujet.
- Ici, personne ne se mêle des affaires des autres, dit le loquace voyageur, quelque peu déçu de constater la maîtrise de la langue castillane dont faisait preuve l'Anglais. (...)
Commenter  J’apprécie          70
-- (...) Aidez-moi à sauter : j'ai acheté un pantalon deux tailles au-dessous de la mienne dans une accès d'autosatisfaction.
Je lui tendis la main.
"Non mon vieux, pas comme ça. Prenez-moi par la taille, n'ayez crainte, je ne vais pas me casser. J'ai connu des bousculades plus fortes. Seriez-vous timide, refoulé ou tout simplement maladroit ?"
Son corps se heurta au mien et, la lâchant précipitamment, je me mis à contempler la lune qui brillait derrière mon dos pour dissimuler l'érection digne de remarque que son contact avait provoquée.
Commenter  J’apprécie          70
Gaudi vivait désormais seul dans la crypte de la Sagrada Familia provisoirement transformée en atelier, entouré de statues colossales, de fleurons de pierre et d'ornements qui, faute de fonds , ne pouvaient être installés à l'endroit prévu, il dormait là sans ôter ses habits de tous les jours ;il respirait cet air imprégné de ciment et de plâtre. Finalement , il fut écrasé par un tramway électrique ...Hommage à Barcelone !
Commenter  J’apprécie          70
- Le passé est toujours meilleur [...].
Commenter  J’apprécie          70
Je crois arrivé le moment de dissiper les doutes possibles qu'un aimable lecteur aura pu engranger jusqu'ici à mon égard. Je suis, en effet, ou plutôt j'ai été, sous un forme non alternative mais cumulative, un fou, un scélérat, un délinquant, un individu d'instruction et de cultures déficientes du fait que je n'ai eu d'autre école que la rue, d'autre maître que les mauvaises fréquentations; mais je n'ai jamais fait montre de la moindre sottise: les belles paroles enchâssées dans le bijou d'une syntaxe correcte peuvent m'éblouir quelques instants, brouiller ma perspective, troubler ma représentation de la réalité; mais ces effets ne sont pas durables [...]
Commenter  J’apprécie          70
A la différence des autres êtres vivants (par exemple le scarabée du chou) qui se déplacent toujours de la même manière, les êtres humains utilisent une grande variété de modes de locomotion, lesquels rivalisent de lenteur, d'absence de confort et de puanteur, encore que sur ce dernier point les taxis et les métros semblent battre tous les records.
Commenter  J’apprécie          71
J’entre dans une boutique. J’achète une cravate. Je l’essaye. Je conclus qu’elle me va bien et j’achète quatre-vingt-quatorze cravates pareille.
Commenter  J’apprécie          70
Les communistes et les nazis sont des monstres et nous, qui sommes les bons, nous ne sommes que des canailles.
Commenter  J’apprécie          70
Le voyageur qui arrive pour la première fois à Barcelone remarque vite où finit la vieille ville et où commence la nouvelle. Les rues sinueuses deviennent droites et plus larges ; les trottoirs, plus spacieux ; de grands platanes font une ombre agréable ; les constructions ont plus d'allure ; beaucoup s'étonnent , croyant avoir été transportés magiquement dans une autre ville.Sciemment ou non, les Barcelonais eux-mêmes cultivent cette équivoque : en passant d'un secteur à l'autre, ils paraissent changer de physique, d'attitude et de costume. Il n'en fut pas toujours ainsi ; cette transition a son explication, son histoire et sa légende.
Commenter  J’apprécie          70
 Mauricio regagna sa table. Sur la nappe, couverte de taches, de miettes de pain et de cendres, s’amoncelaient les assiettes sales, les verres vides et les serviettes froissées. Il ramassa par terre une serviette souillée de nourriture et de rouge à lèvres ainsi qu'un châle de moire qui avait glissé du dossier d'une chaise.
   Raurell dansait avec sa femme, et celle de Fito somnolait, affalée sur sa chaise, les jambes écartées sans vergogne. L'adolescente timide  s'était absentée. Fito et Tony discutaient. En voyant Mauricio arriver, Fito le mit au courant de la question dont ils débattaient.

   - Je n'ai rien contre les homosexuels, tu penses bien. Je dis seulement que je ne comprends pas leur manie de vouloir se marier. Après toutes ces années de lutte contre le système, et maintenant que leur condition est dépénalisée, voilà qu'ils voudraient être femmes au foyer.

   - Nous ne luttions pas contre le système, mon chou. C'était le système qui luttait contre nous.

   Mauricio se rendit compte qu'ils étaient soûls tous les deux, mais sans être agressifs.
   - Et ils veulent aussi être gardes civils, tu te rends compte ? insista Fito.

   - Je ne veux pas être garde civil. Je demande seulement qu'aucune porte ne me soit fermée parce que je suis ce que je suis.

   - Ça me semble une revendication raisonnable, dit Mauricio.

   - La société n'est pas prête, dit Fito, et on ne peut pas légiférer contre le sentiment de la communauté.
   - En suivant ce critère, vous pourriez aussi bien supprimer l'impôt sur le revenu, dit Mauricio.

   - Écoute, si c'est pour entendre ce genre de conneries, je préfère me tirer, dit Fito.

  Il se leva et quitta la table en titubant.

   - Ce n'est pas mon jour, dit Mauricio.

   -  Ne te bile pas. Il leur suffit de deux verres pour que le facho qui est en eux se réveille.

   - Tu parles des hétéros ?

   - Des politiques. Commander, c'est être fasciste. Le parti et le programme, ils s'en balancent. Au fond, tout ce qui les intéresse est de dicter aux autres ce qu'ils doivent faire. N'importe quoi, sauf laisser les gens en paix 
Commenter  J’apprécie          60



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Eduardo Mendoza Voir plus

Quiz Voir plus

Découvrez Eduardo Mendoza en vous amusant

Je commençais à m'inquiéter, j'étais sans nouvelles de ...?... depuis maintenant plusieurs jours. Pas de lettres, pas de SMS, pas d'appels. Rien, Nada !

Blurb
Gurb
Glub
Glurb

10 questions
19 lecteurs ont répondu
Thème : Eduardo MendozaCréer un quiz sur cet auteur

{* *}