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Citations de Elsa Osorio (119)


Toutes ces années en France ont formé une mince croûte sur sa blessure,
mais depuis qu’elle est à Buenos Aires, la douleur s’est réveillée, elle peut
la palper, la respirer, la sentir remuer dans son corps. C’est une douleur qui
ne la laisse pas en paix, qui exige d’elle action, vengeance, réparation. Et la
seule réparation possible, pense-t-elle, sera de remuer ciel et terre pour
retrouver cet enfant, sa nièce ou son neveu, si du moins il a survécu.
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Je prépare le biberon de Lili et je la presse contre moi, je sens sa peau
toute douce, tiède, mes larmes mouillent sa petite tête qu’elle pousse en
arrière, avec une énergie qu’elle n’avait pas jusque-là. Pourvu que tu aies
assez de force, beaucoup de force, pour survivre à ces monstres, si je ne
peux pas te sauver, Lili.
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Tellement stricts, fit Luz goguenarde, tellement purs… Vous auriez pu
vous douter que les conditions n’étaient pas idéales pour avoir un enfant.
— On le désirait.
— Tu ne crois pas que les grands experts en révolution que vous étiez
auraient pu se demander s’ils avaient le droit d’exposer un enfant au risque
de disparaître, comme vous-mêmes, de se voir voler son identité. Ces gosses
n’ont pas eu, comme leurs parents, le choix de courir ce risque en fonction
de telle ou telle idéologie. C’est vous qui le leur avez imposé – et la
rancœur scintilla dans les yeux de Luz. C’était la morale révolutionnaire ou
du pur égoïsme ?
— Quand je te parle de morale, Luz… et puis on ne savait pas, comment
pouvait-on imaginer que…
— Je veux dire, l’interrompit Luz, qu’un de ces gosses pourrait déclarer
aujourd’hui : ce sont eux qui m’ont fait disparaître, les assassins, mais mes
propres parents m’ont exposé à ce terrible destin : disparaître… en restant
en vie.
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C’est bizarre ce qui m’arrive, je n’aime pas raconter ma vie, à personne,
les rares fois où je l’ai fait je m’en suis mordue les doigts. Mais avec
Liliana, la situation est tellement dingue que j’ai envie de tout lui dire,
comme si elle était une amie intime, une sœur que je n’ai jamais eue. Elle a
quelque chose qui m’inspire confiance. Ou peut-être que je me suis mise à
parler parce que, si on me tue, c’est le moment ou jamais de raconter ma vie
à quelqu’un.
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Non, je ne veux pas qu’ils l’emmènent ces fils de putes. Parce que si ce
salopard veut la voler, c’est que ceux qui vont s’occuper de Lili doivent être
de belles merdes. Tout comme moi, mais je ne me rendais pas compte. Non,
je ne savais pas ce qui se passait. C’est donc vrai ce que m’a dit Liliana ?
Qu’ils vont la tuer ? Qu’ils les tuent comme ça ? Que les autres, ils les font
accoucher en prison ?
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Tout semble se résoudre comme dans un rêve, ou plutôt un cauchemar,
car il se sent dans la peau d’un voleur, d’un délinquant improvisé qui risque
d’être découvert à tout moment. Mais Alfonso et Amalia sont là, l’assurant
que tout ira bien, lorsque Mariana sortira de la clinique ils iront chercher
l’enfant un peu avant et l’amèneront à la maison.
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Pourquoi le lieutenant-colonel Dufau veut-il lui parler ? On lui a
demandé d’attendre son appel. On l’a donc informé de sa présence à
l’hôpital. On va peut-être le sanctionner pour être parti accomplir une tâche
qui n’est pas de son ressort et avoir abandonné pendant des heures ses
tâches spécifiques alors qu’ils sont si pressés d’obtenir des informations.
Son intérêt pour Liliana, la détenue M 35, serait peut-être pris pour une
faiblesse, lui, la Bête, que personne ne surpassait en dureté. C’était lui qui
obtenait le plus d’informations, lui qui maniait le mieux la picana, lui qui
déployait des trésors d’imagination pour les faire craquer et se mettre à
table. Il savait s’y prendre la Bête, il était subtil. C’est pour cela qu’il
donnait des ordres et exerçait des responsabilités bien supérieures à son
rang. Et c’était Dufau en personne, le responsable du camp de détention, qui
lui avait donné carte blanche et l’avait imposé. Le Major, chef du groupe de
travail, avait approuvé, après avoir admiré l’efficacité de Pitiotti. Et s’il
n’avait pas été d’accord, cela n’aurait rien changé puisqu’il ne pouvait pas
désobéir à Dufau.
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Bien que l’idée soit d’elle, Amalia n’interviendra pas, elle a toujours
aimé agir en coulisses. C’est sa place, elle l’accepte et en jouit. Depuis des
années elle ourdit des intrigues et conçoit des projets qu’Alfonso mène à
bien avec efficacité. Ce sera elle, avec sa redoutable imagination, qui
inventera tout ce que devra faire et dire son gendre. Et son mari qui assurera
le succès de ces stratagèmes. Aucun doute, l’un et l’autre se complètent très
bien. Un ménage parfait, comme disent leurs amis.
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L’idée vient d’Amalia. Son mari, Alfonso, ne lui a-t-il pas raconté que
les bébés des subversives sont parfois donnés à des familles bien, parce que
ce n’est pas la faute des bébés s’ils ont de tels parents. Oui, il est vrai que
Marianita pourra toujours en avoir un autre, mais elle va se sentir très
malheureuse, et puis pourquoi renonceraient-ils à leur premier petit-fils, ils
l’ont déjà annoncé à tout le monde. Et ne lui a-t-il pas dit que beaucoup de
ces bébés n’avaient pas la peau foncée : on ne remarquerait pas que ce n’est
pas le fils de Mariana. En tout cas, il faudrait bien s’assurer que la mère
n’est ni juive ni indienne. Ils peuvent bien faire ça, non ? Ce n’est pas pour
rien qu’Alfonso est arrivé là où il est. Pourquoi sa fille devrait-elle souffrir
de cette déception, pourquoi faire un drame d’un accident stupide alors
qu’il y a tant de bébés orphelins à portée de la main. Peut-être Dieu l’a-t-il
voulu ainsi. Ils pourraient ainsi faire une bonne action, le père Juan, son
confesseur, l’approuverait. Elle a l’intuition, et son intuition féminine est
infaillible, son mari l’a souvent constaté, elle a l’intuition de ce qu’ils
doivent faire : prendre le bébé d’une subversive, un pauvre petit enfant
d’assassins. Mais oui, ils peuvent, ils peuvent, et qu’il ne vienne pas lui dire
que non. Alfonso a du pouvoir et Amalia veut qu’il le lui prouve.
Le mot « pouvoir » grimpe lentement sur le corps d’Alfonso tandis
qu’Amalia ne cesse de parler et d’argumenter, exactement comme elle le
fait chaque fois qu’elle désire quelque chose. S’il veut, il peut, sa femme a
raison. Cela n’avait jamais été aussi clair pour lui que pendant ces mois où
il a entrepris de nettoyer le pays. Une excitation semblable – peut-être
supérieure – à celle qu’il ressent quand il décide des « transferts », s’empare
de lui. S’il peut ordonner la mort, pourquoi pas la vie.
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Qu’est-ce qui a pu se passer ? Ses beaux-parents ont peut-être raison,
après tout, on l’a fait trop attendre. Eduardo ne sait pas contre qui tourner sa
colère, contre Amalia, contre Alfonso, toujours à donner des ordres, comme
s’il prenait son entourage pour sa troupe, contre Murray et son équipe,
contre lui-même pour s’être laissé séduire par cette théorie de
l’accouchement naturel, et maintenant qui sait ce qui va arriver à Mariana.
Ah Mon Dieu, faites que tout finisse bien. Après tant d’années, Eduardo
priait pour que Mariana s’en sorte, sinon il en mourrait de culpabilité. Elle
n’était pas très enthousiaste à l’idée d’avoir un enfant, c’est lui qui avait
insisté. Avec un bébé, disait Mariana, je ne pourrais pas aller aussi souvent
à Buenos Aires.
Quand ils s’étaient mariés, elle avait accepté d’aller vivre à Entre Ríos,
où Eduardo devait s’occuper de son domaine, mais plus tard, combien de
fois la trouva-t-il en larmes le matin parce qu’elle avait la nostalgie de
Buenos Aires. Elle y allait très souvent : C’est ma famille, Eduardo, je
t’aime, mais ma famille me manque beaucoup, comprends-moi, sois gentil,
viens me chercher samedi et ne proteste pas.
D’où l’urgence d’avoir un enfant. Ce fut pour l’égoïste qu’il était, le
moyen d’avoir Mariana plus près de lui, de l’obliger à mûrir, à se séparer de
sa famille.
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C’est pourquoi nul ne prêta attention au fait que ce jour-là il conduisît
lui-même la voiture. Liliana s’installa à l’arrière, le visage bandé, tourné
contre le dossier du siège, comme le lui ordonna Pitiotti. Il lui ôta le
bandeau dans la voiture, en arrivant à l’hôpital. Liliana fut éblouie par la
lumière, depuis des mois elle vivait dans l’obscurité. Quand il lui dit ne pas
ouvrir la bouche et que lui seul parlerait, il la regarda pour la première fois
dans les yeux. Sous le battement des paupières brillait la haine, ou la
panique, le dégoût, la douleur (la Bête préféra penser que c’était la douleur).
Il eut l’impression d’un coup de fouet d’un vert intense qui s’abattait sur
lui.
— Morveuse de merde, pas un mot, je t’ai dit, lui cria la Bête, bien que
Liliana n’ait pas prononcé un mot.
Comment osait-elle le regarder ainsi, après tout ce qu’il avait fait pour
elle. Alors, pour s’arracher à cet aimant, recracher ce regard, il pensa à
Miriam : la joie de Miriam quand il lui donnerait le bébé, Miriam dans sa
chambre retapissée de neuf, Miriam baisant avec lui, Miriam et ses
gémissements de plaisir quand il la touchait, Miriam pour se détacher de ce
regard de Liliana, de cette peau qui semblait brûler et exhaler du venin
quand il lui prit le bras pour la mener de la voiture jusqu’à l’entrée de
l’hôpital.
Et c’est peut-être à cause de ces images proliférantes de Miriam,
auxquelles s’accrochait désespérément la Bête pour pousser la haine de
Liliana, qu’il eut l’idée de remplir ainsi la fiche d’admission : Miriam
López, née à Coronel Pringles, il n’avait pas en mémoire le numéro de sa
carte d’identité. Il faudrait le rajouter d’une manière ou d’une autre, pensa-
t-il. Qui va accoucher : Miriam López. Et maintenant, qu’ils l’emmènent en
salle d’accouchement.
— D’après ce qu’il a dit à Miriam, ce fut une impulsion de l’inscrire
sous son nom, pas un plan prémédité.
Ne plus la regarder, ne plus s’exposer à son regard. Et pas un mot, sinon
je te démolis, lui glisse-t-il à l’oreille. Et voilà Liliana en route vers la salle
d’accouchement. Mais il ne put empêcher qu’elle s’arrête, se tourne vers lui
et le fixe de nouveau avec cette haine compacte, longuement forgée. De la
haine, dut admettre sans la moindre hésitation le sergent Pitiotti.
Il pouvait à présent retourner au travail et se reposer, par quelque
interrogatoire, de la tension que ce regard avait provoquée en lui. Mais
c’était l’enfant de Miriam qui allait naître, et il voulait être là, comme un
bon mari, un bon père.
Quand il vit la cabine téléphonique en face du banc où il était assis, il
résolut de ne pas attendre le soir et d’annoncer la nouvelle à Miriam dès que
le bébé serait né.
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Non, je la conduirai moi-même à l’hôpital. Qu’on lui enlève les fers,
mais pas le bandeau, ni les menottes, ordonna-t-il au gardien.
Bien que cela ne fit pas partie de ses tâches habituelles, personne ne
s’étonna qu’il prenne cette décision, car on savait que le sergent Pitiotti, la
Bête comme on l’appelait, avait une relation spéciale avec Liliana Ortiz, la
détenue M35.
— Il avait beaucoup de pouvoir et il était sous-officier. Probablement
parce que ses méthodes pour obtenir des informations avaient fait de lui
l’homme de confiance de Dufau, le responsable du camp de détention.
Depuis le premier interrogatoire, quelques mois plus tôt, Liliana était
restée là, saine et sauve, il avait dit qu’il ne voulait pas qu’on la touche,
qu’il s’en chargerait lui-même, mais après l’accouchement, parce que
« cette guerre n’est pas contre les enfants ». Et si personne ne comprit ses
raisons (ni ne les lui demanda), car ce n’était pas la seule femme enceinte,
Liliana fut traitée comme appartenant à la Bête. Le chef du groupe de
travail avait été tout aussi explicite : personne ne devait toucher la détenue
du sergent Pitiotti.
Que la Bête soit excité par Liliana, ou qu’elle lui rappelle sa mère, ou
qu’il ait un projet précis et qu’il faille l’épargner pour qu’il puisse en
coincer d’autres, c’étaient là pures conjectures chez des gens qui ne
s’épuisaient pas en conjectures, mais obéissaient, et l’ordre était de ne pas
la toucher. Ce que personne ne pouvait imaginer c’est que le sergent Pitiotti
prenait soin de la couveuse de son enfant. Il avait veillé personnellement à
ce qu’elle soit bien nourrie et que personne ne la maltraite ou ne l’interroge
en son absence.
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Existerait-il une intuition de père ? pensa, timidement ému, le sergent
Pitiotti quand il apprit la nouvelle. L’image de Miriam, de sa joie quand il
lui amènerait le bébé envahirent l’espace et balayèrent d’un seul coup sa
haine du prisonnier qui n’avait pas parlé et l’urgence de fournir dans
l’après-midi des informations au chef du groupe de travail.
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Teresa était à la faculté quand je faisais mes études, expliqua Carlos,
et elle avait vu Liliana avec moi une fois. Nous nous connaissions depuis
l’enfance, sa famille était de Posadas, comme la mienne. Quand on l’a
libérée, elle a pu contacter mon père. C’était un pur hasard parce que
Teresa n’avait rien à voir avec nous.
— Nous, qui ?
Carlos détourna le regard.
— Je veux seulement dire que Teresa ne militait pas. Elle était chez des
voisins quand ils ont fait une descente, ils l’ont embarquée elle aussi. Le
voisin était délégué syndical, c’était tout ce qu’elle savait.
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Et si elle se pointe à sa sortie de prison et me réclame le bébé, je t’ai dit
qu’elle n’en voulait pas, s’impatiente la Bête, parce qu’elle va bien sortir un
jour ou l’autre, non ? Jeune comme elle est, il arrivera bien un moment où
elle aura accompli sa peine et sortira. Et lui rigole : mais non, ne t’en fais
pas, après l’accouchement on va l’interroger et la transférer.
— La transférer où ?
— Je t’ai dit d’arrêter de poser des questions.
Son visage devient d’acier, ou alors il se lève, comme le soir où je lui ai
demandé pour cette histoire du transfert, il attrape la chaise du bureau et la
casse en deux contre le mur. Mais pourquoi tu fais ça, tu es une vraie bête,
c’est une chaise de style, elle m’a coûté la peau des fesses. Et lui : pourquoi
est-ce que je crois qu’on l’appelle la Bête, et que je m’estime contente qu’il
n’ait démoli que la chaise et pas moi, alors qu’il en avait bien envie. Et la
vérité, c’est que je me fais toute petite, parce que la Bête est un brave type
mais quand il se met dans cet état, je suis sûre qu’il pourrait me réduire en
bouillie. Mais ça ne lui dure pas longtemps, je reconnais. Je me suis mise
dans un coin à pleurnicher (avec les mecs ça marche toujours de jouer les
pauvrettes), et il est venu derrière moi, m’a prise dans ses bras et commencé
à me peloter les seins tout doucement et à me parler à l’oreille : si je veux le
bébé, que j’arrête de poser des questions, il sera efficace, mais si je continue
à l’emmerder il ne me l’amènera pas le mouflet. Et puis je ferais mieux
d’occuper mon temps à préparer le mariage, à la mairie, à l’église, tout,
parce que lui il ne peut pas, en ce moment il a plein de boulot. Et dur. Puis il
est allé à la chambre et en est revenu avec une liasse de billets (je ne lui ai
même pas demandé d’où il les sortait, parce qu’avec les mecs il vaut mieux
jouer les connes), il me les a donnés pour que je m’achète une robe et que je
prépare le trousseau.
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Bon, on peut pas
non plus tirer le gros lot tous les jours, ce que j’avais c’était : ni grand
monsieur ni célèbre, mais un mec qui allait m’obtenir ce que je voulais. Il a
le bras long, ça oui, du fric pas trop, bien qu’il dise que ça marche de mieux
en mieux et que dans quelques mois, quand il aura terminé je ne sais trop
quoi qu’ils sont en train de faire, il s’en mettra plein les poches. De toute
façon, s’il me trouve le bébé, c’est mieux que je me marie. Parce que les
gosses, ils les donnent pas à n’importe qui, seulement à des familles réglo,
alors il faut qu’on soit mariés, et à l’église. Moi je trouve ça un peu tarte de
se marier à l’église.
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l veille personnellement à ce qu’elle soit bien nourrie, parce que là-bas
il paraît que c’est infect.
— On lui donnait une nourriture spéciale et ils ne la torturaient pas
comme ils le faisaient aux autres.
— Tu trouves que ce n’est pas une torture d’être là-bas et de savoir que
toutes ces attentions, ce régime spécial, c’était pour lui voler son enfant –
la haine voilait la voix de Carlos. Ils venaient là pour choisir les mères,
comme si c’était un vivier d’êtres humains ! C’est monstrueux, aberrant.
— Oui, c’est répugnant. Je parlais de la torture physique, de la
picana(2 : torture électrique).
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Excuse-moi si je t’ai mal parlé. Tu m’as pris au dépourvu. Peut-être
que celui qui ne veut pas, qui craint d’aborder ce sujet, c’est moi. Tu sais,
ça me fait encore mal. Très mal.
Lorsque Carlos détourna son regard, Luz remarqua pour la première fois
que c’était un bel homme, qu’il lui plaisait. Et cette façon de regarder
ailleurs, incroyable, exactement ce qu’elle faisait quand elle voulait
dissimuler une émotion. Mais elle ne pouvait pas se permettre de l’observer
pour découvrir ce qu’il ressentait, pas plus qu’elle ne voulait lui arracher à
brûle-pourpoint cette phrase qu’elle même doutait d’être capable de
prononcer et qui expliquerait instantanément sa présence.
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Peut-être Luz voulait-elle leur faire croire – ou croire elle-même un
instant – qu’ils étaient là pour connaître l’Espagne et non pour
l’accompagner dans sa course folle qu’elle n’avait pas pu arrêter depuis
qu’elle s’était mis cette idée en tête, à la naissance de Juan. Car c’était à la
clinique même qu’avait commencé à grandir ce doute dont elle n’était pas
parvenue à se défaire. Entre les couches, les petits rots et les berceuses, Luz
avait vérifié, parlé à des gens, demandé des renseignements, fureté, fouillé,
cherché obstinément. Et c’est ici qu’ils étaient arrivés. À Madrid.
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Il existe une autre mort qui n'est pas la mort définitive, être brissé, broyé, mais combien de fois peut-elle être réduite en miettes sans être complètement brisée ? Une infinité.
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