AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Elsa Osorio (119)


La falsification des documents à l’ESMA était de plus en plus perfectionnée grâce au travail des camarades détenus. Je me souviens qu’ils avaient installé un laboratoire photographique pour résoudre le problème de la couleur sur la carte d’identité, ils ont acheté du matériel sophistiqué grâce auquel ils pouvaient fonctionner indépendamment du ministère de l’Intérieur et de la police fédérale. Passeports, cartes d’identité, cartes de presse, permis de conduire, et même des notes d’hôtel … Les faux papiers de l’ESMA avaient acquis une réputation internationale, parmi les mafieux, bien sûr. Le passeport avec lequel Licio Gelli a été arrêté en Uruguay avait été fabriqué à l’ESMA.
Commenter  J’apprécie          30
On ne savait plus en quelle langue parlaient tous ces gens venus de partout qui continuaient à débarquer et à inonder Buenos Aires de sons grossiers.
Pourquoi parlait-il avec tant de mépris des immigrés ? Elle aussi était descendue d'un bateau. Mais Yvonne n'était pas une immigrée, tu es française, et de plus c'était Franscico Ponce qui l'avait invitée. Elle avait du mal à comprendre pourquoi, pour les Argentins, être français n'était pas être étranger. Paris était aussi leur ville, ils y passaient de longues périodes, ils faisaient construire leurs maisons à Buenos Aires ou à la campagne par des architectes français, ils étudiaient dans des livres français, s'habillaient, jouaient au polo, achetaient de l'art et allaient à l'Opéra à Paris, nombre d'entre eux avaient des appartements ou des maisons à Paris ou à Biarritz.
Commenter  J’apprécie          00
Il faut tenir compte du climat de ces années-là, il y avait des tensions avant même la Première Guerre; grève des pouvoirs publics, séparation de l'Église et de l'État. Le tango est allé comme un gant à cette société française, agitée et turbulente, changeant et sensible. Pour cette angoisse sourde, latente, cette volonté de libération qui explose dans les corps trop tendus, rien de tel que le tango. Les différends anesthésiés par une même passion euphorique et démocratique. Bref, je pourrais te parler des heures de que j'ai trouvé et pensé, mais cela n'apportera pas grand-chose à ton film. Tu ne peux pas savoir comme j'ai ri en lisant qu'on avait dansé le tango devant le pape, pour qu'il dise si c'était ou non un péché.
Commenter  J’apprécie          00
- Si tu ne mets pas de gants, tes mains sales te trahiront!
Commenter  J’apprécie          50
"Juanma saute et ça lui fait mal, tous ces hommes et ces femmes qui sautent dans la rue lui font mal, bondissant , s'enfonçant dans leur propre corps ,la haine monte, comme une lave bouillante, Juana, un volcan sur le point de vomir sa lave sur tous ces gens qui chantent ......
Une haine qu'elle pensait n'avoir jamais ressentie auparavant , avec cette intensité, quelle connerie, elle avait assisté à des choses terribles à l'époque, mais c'était eux, les Assassins , cette foule, par contre, ce sont des gens ordinaires.,des gens heureux, qui chantent ......Sont- ils aveugles ?ils ne savent donc pas qu'on a Tué et qu'on continue de Tuer des Milliers de Personnes dans notre pays ?"
Commenter  J’apprécie          111
C'est ce que m'a dit la dame de la glace -et Luz ouvre à peine les yeux, mais lui serre fort la main-, que maman n'est pas ma maman. Et elle ferme les yeux.
Commenter  J’apprécie          20
C’est ça un disparu. Un vide, des souvenirs, des paroles, mais pas de corps. Comme le disait le dictateur Videla : ni vivant , ni mort, ni disparu.
Commenter  J’apprécie          120
Il existe une autre mort qui n’est pas la mort définitive, être brisé, broyé, mais combien de fois peut-elle être réduite en miettes sans être complètement brisée ? Une infinité. »
Commenter  J’apprécie          90
Encore à fourrer mon nez où il ne fallait pas, comme on me le disait à Rennes à propos d’une affaire beaucoup moins dangereuse. Cela pourrait être pire qu’un changement d’affectation, pire que de perdre mon emploi. Mais je ne peux plus faire marche arrière, que cela concerne ou non la femme noyée, je veux en savoir plus. Et si elle sert à faire un peu de bruit, ce ne serait pas mal non plus, m’a dit Marcel. Les responsables de ces crimes sont encore en liberté, même si on dit que les lois qui les protégeaient étaient dévoyées, ils seront jugés. Il y a des signes favorables, mais attendons de voir pour le croire, dit Jean-Pierre, personne n’a encore été jugé, les seuls membres des juntes militaires condamnés sous le gouvernement démocratique ont été graciés par le deuxième président.
Commenter  J’apprécie          30
Après avoir lu sur Internet le premier rapport sur les vols de la mort, je n’ai rien pu faire d’autre que de continuer à lire, malgré mes difficultés à comprendre l’espagnol. Je ne suis pas allée à La Turballe ni à l’hôpital de Saint-Nazaire ni à celui de Pornichet où travaillait Marie Le Boullec.
La rédaction fermait et je n’avais pas encore écrit un seul mot. J’ai rédigé l’article à toute vitesse, avec toute la charge émotionnelle de ce que j’avais lu, mais sans dire un mot de mes soupçons.
J’ai suivi les conseils de Fouquet : ne pas prévenir qu’on est sur une piste, au risque de laisser filer l’hypothétique criminel. Vous aurez tout le temps de raconter si jamais on le trouve, m’a-t-il dit, en citant en exemple le cas de ce dealer tabassé dans une rue de son quartier. Muet de peur, il avait refusé de révéler qui l’avait agressé. La piste que suivait Fouquet était la moins évidente, rien à voir avec un règlement de comptes entre bandes rivales, juste une histoire avec sa petite amie du lycée.
J’apprends à dire sans dire. C’est un défi. Dans le papier sur Marie, une seule phrase pouvait suggérer l’orientation de mon enquête… ou n’importe quelle autre.
« Les Grecs appelaient ananké l’impossibilité d’échapper au destin, en dépit des efforts de l’être humain pour se croire libre. L’ananké, si chère aux romantiques, surtout à Victor Hugo, a rattrapé la femme de La Turballe. »
Je pensais que le rédacteur en chef allait se montrer réticent, les références littéraires ne sont les bienvenues ni dans la rubrique ni dans le journal, mais il était si tard quand j’ai envoyé mon papier que personne n’a dû le lire. Dans les pages politiques, où j’écrivais avant, pas une ligne ne passait sans être revue et corrigée. J’aurais aimé écrire beaucoup plus, mais j’ai choisi la prudence.
Le jour s’était levé quand je suis allée dormir, angoissée.
Je sais vraiment peu de choses sur l’histoire de l’Amérique latine. La presse avait suivi avec intérêt la détention de Pinochet à Londres en 1998. Je l’ai lu aujourd’hui dans les archives. Et si j’ai été impressionnée que ses avocats défendent l’usage de la torture, cette sophistication du mal consistant à jeter les détenus vivants et anesthésiés à l’eau m’est intolérable. Les vols de la mort. Comment peut-on être aussi cruel ?
Ce que j’ai lu dans le témoignage d’un survivant est-il possible ? Pour alléger la conscience des tortionnaires, un prélat de l’Église argentine citait la phrase biblique : il faut séparer le bon grain de l’ivraie.
Commenter  J’apprécie          20
Ce sont des pêcheurs qui l’ont trouvée, à La Turballe. Dans sa robe à fleurs, le visage serein, le corps bien conservé. Il n’y avait pas longtemps qu’elle était morte, a dit le médecin légiste.
Maintenant que j’ai pu mener l’enquête et reconstituer son histoire, je vois que même en cela, en laissant son corps arriver là, elle avait eu le sens de l’à-propos. Cette idée de se sauver à tout prix, qu’elle avait appliquée toute sa vie, elle l’avait gardée jusque dans sa mort.
La mort, elle n’avait pu y échapper, mais on aurait dit qu’elle s’était arrangée pour qu’on finisse par l’apprendre. Que se serait-il passé si la marée l’avait entraînée ailleurs, ou – comme c’était le plus probable – au fond de la mer ? Et que se serait-il passé si au journal on ne m’avait pas mutée du siège central, de Rennes, à Saint-Nazaire, pour couvrir des faits divers et ne plus fouiner là où il ne faut pas, mademoiselle Le Bris – histoire de me faire comprendre que personne n’est irremplaçable. Sans compter le commissaire Fouquet, un brave type, le contraire d’un imbécile, même s’il cache bien son jeu.
On n’aurait rien su. Ce n’était pas la première fois qu’elle s’en serait allée sans laisser de traces. Une de plus. Dans un petit village perdu de la côte française, au XXIe siècle, et sous une autre identité. Qui aurait pu le soupçonner ?
Fouquet m’a lancé l’hameçon et j’y ai mordu. Parce que c’est lui qui m’a dit que Marie Le Boullec était d’origine argentine et que la cause de son décès était l’asphyxie par immersion. Peu de temps auparavant, il avait lu dans le journal un article qui l’avait impressionné sur les noyés en Argentine, que l’on trouvait dans les années 70 sur une plage quelconque, ou les côtes du pays voisin.
Commenter  J’apprécie          20
Geneviève avait ri et accepté l'argument, car elles déjà noué une belle amitié et, les amis, il faut les accepter comme ils sont.
Commenter  J’apprécie          30
Le cinquième étage de l'immeuble qu'on venait d'achever au n°1100 de l'avenue de Mai était libre. Un excellent achat : le projet original de la façade avait été réalisé à Paris et adapté au terrain, la ferronnerie artistique des balcons n'avait rien à envier à celle de l'avenue Foch, un ascenseur fourni par la meilleure maison de New York, et cette délicate coupole en forme de bulbe qui se prolongeait vers le haut. Plafonds de stuc, murs filetés, marbres, et une lumière extraordinaire dans toutes ses vastes pièces. Il n'avait pas discuté le prix : c'était le cadre adéquat pour la beauté de Carlota.
Commenter  J’apprécie          00
Il se rappela inopportunément - mais n'en dit rien - les mille brebis Lincoln et les deux troupeaux de juments que son père avait offerts au fils de Roca, et e pur-sang que le père de Fermín avait offert à Roca. Sur les trente millions d'hectares gagnés sur les Indiens, vingt allaient passer au domaine privé, il était important qu'ils soient en de bonnes mains. Le père de Fermín en avait acheté deux cent soixante-dix mille. Pourtant ce n'était pas pour cette raison qu'il se disait roquiste, non, mais pour un motif beaucoup plus banal. Vicente l'avait entendu dire au club. Roca était revenu d'Europe avec une concubine polonaise et il prétendait l'imposer comme sa femme à la société.
Commenter  J’apprécie          00
Le nouvel édifice du théâtre Colón, orgueil des amants de l'opéra, occupait un très grand espace, depuis qu'il était situé sur le côté nord de la place de Mai. Maintenant, oui, le Colón était à l'exacte mesure des prétentions des habitants de Buenos Aires. Avec ses vastes balustrades, ses foyers spacieux, son auditorium à six galeries, ses installations scéniques et son système d'éclairages sophistiqués, ils pouvaient affirmer, sans exagérer, que leur capitale avait l'opéra le plus moderne du monde. Une fureur partagée par tous et chacun des habitants qui s'étaient donné rendez-vous en ce soir de juin 1908, date de son inauguration.
Commenter  J’apprécie          00
Quitter Buenos Aires, à un moment aussi excitant, était la pire des punitions qu'on pouvait infliger à Hernán. Bars, cafés et bordels poussant comme des champignons, femmes brunes, blondes, rousses, peau de pêche et d'ébène, corps fragiles, massifs, voluptueux, doux, lourds, lisses, désirables et désirants qui arrivaient tous les jours au port de Buenos Aires pour se mêler aux créoles argentins. Et cette danse passionnée où s'étreignaient leurs différences.
Commenter  J’apprécie          00
Il n'y a pas de secret que ses jambes ne puissent déchiffrer, avec la main savante de Pascal sur sa taille. Maintenant, elle lui demande un voleo, et Ana, les yeux fermés, a une conscience absolue de cette jambe, fine et sensuelle, qui dénude la fente de sa robe noire, de ce pied qui tourne en l'air, un instant avec peine, avec élégance, pour de nouveau se poser sur le plancher. Elle ne regarde pas non plus le torse de Pascal, mais elle le sent, là, ferme, sûr, qui la centre, qui lui donne l'équilibre parfait pour assumer, appuyée sur un seul pied, le giro complet qu'il lui a indiqué sur ce rythme.
Commenter  J’apprécie          00
J’aimais tellement les interprétations que je faisais de mes rêves que j’avais hâte de dormir, non par besoin de me reposer, mais pour que les rêves surgissent dans la nuit opaque de ma chambre et grimpent comme du chèvrefeuille en envahissant tout.
Commenter  J’apprécie          10
Les explications du Chango sur l’injuste répartition des richesses étaient si compliquées et si épuisantes que je me suis déclarée convaincue qu’enlever quelqu’un n’était pas si terrible, juste pour en finir avec ce laïus ennuyeux.
Commenter  J’apprécie          10
Toi tu es là-dedans parc que tu crois en une société plus juste tu me l'as dit, moi je crois en que dalle , tu comprends?
Je crois que tout est merdique et je n'ai pas l'intention de mourir pour un truc en quoi tu crois et moi pas.
Commenter  J’apprécie          10



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Elsa Osorio (926)Voir plus

Quiz Voir plus

Des fleurs pour Algernon de Léa

Qui est le personnage principal

Algernon
Dr strauss
Charlie Gordon

20 questions
2327 lecteurs ont répondu
Thème : Des fleurs pour Algernon de Daniel KeyesCréer un quiz sur cet auteur

{* *}