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Critiques de Emilie Frèche (281)
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Les Amants du Lutetia

Émilie Fréche, signe un roman remarquable, émouvant, déchirant, voir perturbant, A travers un fait divers réel, celui d'un couple d'octogénaires , qui se sont donnés la mort , dans un un grand hôtel parisien , le Lutetia, Un suicide préparé depuis un certain moment, rien n'a été laissé au hasard une chambre nickel, un appel au garçon d'étage qui leur apporte le petit déjeuner ,et découvre leurs corps allongés sans vie .L'auteure va tisser son histoire, à travers ce drame, Ezra et Maud ,laisse une lettre adressée à leur fille unique, Éléonore expliquant leurs gestes. Un couple qui voulait mourir dignement et ne voulant pas devenir source de soucis , de dépendance, , ils n'auraient pas pu envisager une vie l'un sans l'autre Une mort , qu' Éléonore a du mal à comprendre, un geste qui lui semble égoïste, mais après plus de 60 de vie commune, ils ont fait leurs choix. Eléonore, nous raconte l'histoire de ses parents et son vécue avec eux. Ses parents vivaient une vie de "dépravé" sans aucune limite ,un monde de richesse, une mère trompée, une enfant mise à l'écart, une enfance qui a bouleversé, traumatisé, Éléonore, elle qui voulait recevoir l'amour de ses parents. Entre égoïsme et trahissons voilà le triste sort qu'ils lui laissent.

Elle a du mal à faire son deuil, elle souffre , une colère c'est emparé de son corps. Éléonore est divorcé, un enfant Simon, son ex mari sera toujours présent pour l'aider à avancer , faire son deuil. Son fils décide d'ouvrir un compte Instagram , dédié à ses grand parents. Simon et Éléonore s'embrouillent, Éléonore a du mal à accepter cette démarche. Ils se brouillent et ne se parlent plus pendant un certain moment. Simon ne comprend pas la réaction de sa mère face à l'héritage , une incompréhension , une aberration , pourquoi ne veut -elle pas signer les papiers notariés .Arriveront ils à se réconcilier, trouver les réponses que se posent Simon, trouver un terrain d'entente pour panser leurs maux. Ezra et Maud mort main dans la main, unit pour l'éternité .Une histoire qui nous met dans le questionnement du début jusqu'au final, sur le droit de mourir dignement.

Une plume sensible subtile, toute en finesse, entraînant une lecture dérangeante et déstabilisante.

Une belle découverte.



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Les Amants du Lutetia

En 2013, plus effrayé par la dépendance et la séparation que par la mort, un couple d’octogénaires mettait fin à ses jours dans une chambre d’un palace parisien, Le Lutetia. Bouleversée par ce fait divers qui relançait la question du droit à une mort digne et choisie, Emilie Frèche s’est projetée dans leur histoire en leur imaginant une fille unique qui, le monde saluant un acte d’amour absolu, doit pour sa part faire face à un double abandon.





Ce matin de septembre 2018, lorsqu’un commissaire de police lui apprend au téléphone la découverte de ses parents suicidés dans leur chambre d’hôtel, une lettre seule expliquant leur geste, Eléonore est foudroyée. Ils venaient de passer en famille plusieurs jours heureux et détendus, et rien n’avait jamais percé de leur projet, pourtant soigneusement orchestré jusqu’aux moindres détails de leurs obsèques et de leur succession. Pour cette architecte divorcée et mère d’un grand fils, qui, enfant non désirée, s’était toujours sentie une intruse dans le couple que formaient ses parents, tout entiers happés par le tourbillon professionnel et mondain où s’ancrait leur éclatante réussite de publicitaires influents, cette disparition volontaire et organisée dans le plus grand secret, la mise en scène spectaculaire de leurs funérailles et les dispositions prises pour contrôler par-delà la mort la destinée de leur chère maison des Bulles, un chef d’oeuvre d’architecture organique imaginé par le célèbre Jacques Couëlle, mettent la dernière main à un égoïsme monstrueux, la laissant anéantie, à la fois meurtrie et pleine d'incompréhension.





Comment faire son deuil, quand, plus que tout, l’on en veut à ses parents de ce qu’ils ne furent jamais pour soi et de ce que leur ultime abandon renvoie encore de mise à distance et d’exclusion, cette fois définitives ? Le cheminement d’Eléonore devra passer par une longue et douloureuse introspection. Son questionnement l’amène à réfléchir sur les schémas, conscients ou non, qui ont construit la relation et le mode de vie de ses parents. Tandis qu’en filigrane de leur frénétique soif de vivre épousant l’euphorie des Trente Glorieuses, transparaît la chaîne de transmission familiale des failles et des traumatismes hérités des camps de la mort pendant la guerre, leur fille apprend à les comprendre avant de se comprendre elle-même. Pour éclairer le rapport à la mort, il faut d’abord se poser la question du rapport à la vie. Et, poussée dans ses retranchements par son propre fils par le biais providentiel de conversations anonymes sur Instagram, la voilà qui peu à peu se retrouve à envisager la fin de vie selon différents points de vue, recentrant le débat sur ce qui, pour reprendre les mots de Simone de Beauvoir, ne devrait être que la seule question véritable : « Que devrait être une société pour que, dans sa vieillesse, un homme demeure un homme ? »





Tout en justesse et en délicatesse, ce livre aussi lumineux qu’émouvant, qui réussit si bien à ancrer son souffle romanesque dans la réalité que l’on a du mal à se défaire de l’illusion d’une véritable autobiographie, est une formidable peinture du sentiment d’abandon, de la difficulté des relations aux parents et, dans un monde qui ne laisse guère de place à la fragilité, de notre incapacité à accompagner le vieillissement de nos proches. Très grand coup de coeur.


Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Vivre ensemble

Une bien belle découverte de la plume d’Emilie Freche qui signe ici un roman sur la cohabitation sociale, du vivre-ensemble.



Pierre et Deborah s’aiment et décident de vivre ensemble. Ils ont chacun un fils. Deborah, un gentil Léo sans histoire de 13 ans, bien dans sa peau, il fait la fierté de ses parents. Salomon, le fils de Pierre en a 10, et pas vraiment le même profil que Léo. C’est un enfant « à problèmes », au QI élevé mais sujet à des réactions disproportionnées, crises de colère, il parle comme il pense sans mâcher ses mots. La cohabitation promet d’être houleuse.



Ce vivre-ensemble est un patchwork moderne d’une famille recomposée sous des airs de violence, de non-dits, d’impuissance. Une violence amplifiée dans la violence d’un Paris meurtri par les derniers attentats. Une famille recomposée qui ne donne franchement pas envie de tenter l’expérience.



J’ai aimé ce roman car il reflète plutôt bien les difficultés liées à une famille recomposée. Le petit Salomon se montre infâme avec sa belle-famille. Le père semble impuissant. La mère de Salomon (MdeS) ne cesse d’envoyer une diarrhée de sms à son ex devant la nouvelle compagne. Quant à Léo, il souffre de subir la réalité nauséabonde de cette nouvelle recomposition.

Certains fuient leurs responsabilités.

D’autres finissent par imaginer leur bonheur seul chacun de son côté.

Les enfants sont pris en otage dans les faiblesses des parents.



Un roman réaliste avec une écriture efficace, rythmée, percutante, un sujet scénarisé avec sens et questionnement. Bref, j’ai beaucoup aimé ce tricotage noueux du vivre-ensemble.
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Chouquette

Ne l’appelez pas mamie Catherine, appelez-la Chouquette, pas comme les choux mais comme les gâteaux avec le sucre perlé au-dessus. Mamie Chouquette (désolée Catherine, c’est sorti tout seul) du haut de ses soixante ans et ses quinze centimètres compensés, ses ongles manucurés et ses sourcils épilés comme une star n’en a que faire des enfants y compris son petit fils Lucas qu’elle ne voit jamais. Non, elle ce qu’elle aime, c’est se dorer la pilule sans se tracasser de rien. Puis il y a Jean-Pierre qu’elle attend depuis des années. Jean-Pierre c’est son mari, enfin ex mari mais puisque Catherine ne croit que ce qu’elle veut, ça reste son homme qu’elle appelle à tout vent et qu’elle attend mais qui ne vient jamais.



Sa fille c’est Adèle, le contraire de sa mère. Elle, tout ce qu’elle aime c’est aider les plus démunis. Lorsqu’avec son mari, une opportunité s’offre à eux de partir en mission humanitaire en Afrique, il faut bien sonner à la mamie Chouquette pour garder leur petit Lucas de cinq ans. Chouquette a l’oreille difficile, et des solutions à tout pour que Lucas aille n’importe où sauf chez elle. Casé in extremis dans une colonie, une varicelle va changer les plans de ce petit garçon et surtout ceux de Chouquette...

Direction Saint-Tropez, les cocktails, les défilés pour Durex, les filles de vingt ans à la ligne parfaite, et bien vite Lucas pour trois jours...



Satyre sociale d’un monde préférant regarder son petit nombril que devant soi, Chouquette est un très beau moment de lecture qui renverse les codes du chacun pour soi. Un enfant est toujours un petit magicien rempli de tendresse et de malice pour réveiller les cœurs endormis.

Dans une France accaparée par les crash boursiers durant la période Lehman Brothers, il est temps peut-être pour Chouquette de regarder la vie autrement, d’y trouver une nouvelle direction.



J’aime beaucoup Emilie Freche qui apporte dans ses romans beaucoup de réalisme et de tendresse, un zeste d’humour et un ton qui laisse à méditer. Chouquette c’est le visage de ces années qui passent et nous rappellent un jour que la vraie vie se joue ici et maintenant.



Très beau roman, sympathique, rafraîchissant, intelligent et même drôle.
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Les Amants du Lutetia

Un fait divers a défrayé la chronique en 2013 lorsqu’un couple d’octogénaires s’est donné la mort à l’hôtel Lutetia, le célèbre palace parisien.

Émilie Frèche s’en est inspirée, leur pacte suicidaire et la revendication du droit à choisir l’instant de sa mort ont été le point de départ de son roman, Les amants du Lutetia.

Même si Émilie Frèche a inséré quelques éléments et personnalités réels, les personnages de son livre, Ezra et Maud Kerr, ces riches publicitaires sont eux, des êtres de fiction.

C’est leur fille unique Éléonore qui en est la narratrice et que l’on trouve effondrée, avec la sensation d’être invalide, au début du récit. Venant d’apprendre que ses parents ont été découverts allongés, main dans la main, sans vie, par un garçon d’étage de l’hôtel Lutetia, le chagrin le dispute à l’incompréhension dans son esprit.

Cette architecte divorcée, dont l’ex reste un véritable ami, mère d’un garçon Simon de vingt-trois ans ne comprend pas. En compagnie de son fils, ils venaient de passer le week-end avec eux qui allaient avoir quatre-vingt-six et quatre-vingt-huit ans, dans leur sublime domaine des Bulles à Ramatuelle, et rien ne laissait présager ce geste.

Izra et Maud, dont les parents juifs étaient tous morts pendant la guerre, ont formé un couple fusionnel dès leur rencontre, et sont devenus un couple vedette de la publicité française par leurs idées avant-gardistes, en créant leur propre agence M.E.K (leurs initiales), en vendant des rêves ... Ils sont les incarnations vibrantes des dernières décennies euphoriques du XXe siècle.

Cette planification de la mort, spectaculaire et de leurs funérailles pour le moins extravagantes, à l’image de leur vie laisse à Éléonore un sentiment de trahison et de rancœur.

En remontant dans ses souvenirs, elle évoque une enfance où elle s’est la plupart du temps sentie de trop, où elle n’avait pas sa place dans ce couple fusionnel.

Le legs compliqué de leur maison des Bulles, conçue pour le roman, par Jacques Couëlle, sera peut-être pour Éléonore, une manière d’avancer vers une plus grande compréhension de leur acte.

Dans Les amants du Lutetia, l’auteure nous emmène dans cette époque des années 1970 à 1980, ces folles années où tout paraissait possible et où ceux qui avaient réussi se laissaient emporter dans un tourbillon de folie, d’où ce sentiment d’avoir peu compté et ce sentiment d’abandon avec des parents absents, que ressent Éléonore. Une possible explication aussi pour cette mort programmée avec tout le faste comme un dernier tour d’honneur, leur dernier coup de pub, avant que la maladie et la déchéance physique ne surviennent, avant qu’ils ne soient mis en fragilité.

Pouvoir planifier sa fin de vie, pour le droit de mourir dans la dignité, en absorbant un produit létal préalablement délivré, un des thèmes du roman, est un sujet de société bien actuel et qui fait débat. Entre euthanasie, suicide assisté, sédation, la fin de vie apparaît comme une prochaine liberté à conquérir.

Les relations familiales et leurs difficultés sont largement abordées par l’écrivaine. Que ce soit la relation entre la narratrice et ses parents ou encore avec son fils Simon.

Une suggestion de la psychologue à Éléonore m’a paru particulièrement intéressante : « Si vivre dans la rupture vous coûte trop, alors je vous conseille d’écrire. »

J’ai trouvé original et bien contemporain le rôle que vont jouer les réseaux sociaux, en l’occurrence ce compte Instagram ouvert par Simon, un mois après le suicide de ses grands-parents, pour leur rendre hommage, montrer qui ils étaient et le rôle majeur qu’ils ont joué dans l’histoire de la publicité, et aussi pour défendre leur dernier geste. Il n’hésitera pas d’ailleurs à lancer une pétition sur change.org réclamant « l’inscription du droit de mourir dans la dignité au rang de nos droits fondamentaux. »

Le cœur de ce roman est ce couple fusionnel qui a vécu un amour où la dépendance était réciproque, reconnue et assumée par les deux partenaires.

S’il se lit facilement et aborde des sujets intéressants, j’ai été cependant vite saturée par cette débauche de richesses, ces fêtes fastueuses (allusion est faite aux paradis fiscaux) et déçue par un style trop impersonnel pour laisser la place à l’émotion.


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Les Amants du Lutetia

Pour construire son roman Emilie Frèche est partie d’un fait divers, en 2013, où un couple d’octogénaires, des intellectuels parisiens, s’était suicidé dans une chambre d’un palace parisien, Le Lutetia. Ils avaient laissé des écrits expliquant qu’ils préféraient quitter la vie ensemble après soixante ans de vie commune. Emilie Frèche est partie de cet acte fondateur, mais a entièrement inventé les personnages, conçu une histoire et a ainsi raconté l’histoire d’un couple qui a une fille unique qui sera la narratrice tout au long du roman.

Le 1er septembre 2018, jour de la rentrée scolaire, tout bascule pour Eléonore qui apprend que ses parents ont été trouvés sans vie, main dans la main, endormis pour l’éternité dans une chambre de l’hôtel Lutetia. Ses parents étaient en bonne santé, ont toujours aimé la vie, mais n’ont pas supporté le grand âge et ne voulaient pas devenir un fardeau, c’est pourquoi ils ont décidé de partir. Leur grande peur : la séparation et la dépendance. Ils ont tout organisé depuis plusieurs mois, sans rien dire à leur fille, c’est ce qui nourrit sa colère, pour eux l’histoire est terminée, pour le lecteur elle commence.



Emilie Frèche propose deux récits : une grande histoire d’amour de deux êtres qui ont cheminé ensemble toute leur vie, mais surtout les conséquences de leur acte pour leur fille unique, Eléonore, qui vit cet acte comme un abandon, la destruction de sa famille, de ses racines. Leur geste définitif va ainsi bouleverser la vie de leur fille et celle de leur petit-fils, Simon. Les ressentis d’Eléonore et de son fils sont diamétralement opposés. Elle en veut à ses parents car ils ne se sont jamais vraiment occupés d’elle. C’est elle qui va souffrir le plus du geste de ses parents. Elle se sent trahie, abandonnée, face au geste très égoïste de ses parents et va devoir accepter leur décision et se reconstruire face à ce double deuil. Le fils d’Eléonore comprend mieux ses grands-parents. Il y a chez Simon une curiosité envers ceux-ci dont Eléonore est privée à cause de sa colère.



Dans "Les amants du Lutetia", Émilie Frèche aborde le sentiment d’abandon, et les rapports compliqués avec les parents. Est-ce que la mort nous appartient ? Que se passe-t-il pour les personnes qui restent ? Mais le véritable enjeu de ce roman est de nous questionner sur la place de la vulnérabilité dans notre société et sur le bien-fondé de leur geste et de leur désir d’une loi qui permettrait une fin de vie choisie.

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Les Amants du Lutetia

AMOUR A MORT



Emilie Frèche nous a sorti pour cette rentrée littéraire un petit roman d'amours fanées qui se transforme par moment en plaidoyer pour le suicide assisté.

Maud et Ezra one revêtus leurs plus beaux habits un petit matin dans une chambre de l'hôtel Lutetia. Ils se sont dits au revoir à jamais et en ont fini avec cette vie.

Leur vie n'était pas moche... même si ça avait très mal démarré. Orphelins tous les deux suite à la déportation de leur famille à Auschwitz, ils ont pris leur revanche sur la vie. Ils ont travaillé, sont devenus des pointures dans leur domaine. Riches, célèbres, un peu fêtards et jet-setteurs. Ils avaient fait de leur vie une grande fête au quotidien.... mais à plus de 80 ans, il y a moins de fête, les corps ne suivent plus, la vie prends un cours plus lent.

Leur double suicide laissera leur fille pleine d'interrogation, et elle partira à la recherche de ses parents qu'elle ne connaissait finalement pas.



Il s'agit ici d'une œuvre totalement de fiction, même si un double suicide a bien eu lieu à l'hôtel Lutetia, et même si les pactes suicidaires entre personnes âgées existent. D'ailleurs ça se sent très vite...



J'ai été très perturbées dès le départ par le parlé de la narratrice. Celle-ci est censée être la fille du couple décédé. Elle les appelle Ezra et Maud ! Je n'arriverais pas à écrire sur mes parents en disant Raymond et Bernadette. C'est trop détaché... surtout après un décès.

Ensuite la vie qu'elle leur a inventée est un tantinet trop "conte de fée" à mes yeux. Quand on vient de tout en bas, on rame un max pour monter un peu. Puis le "je signe, je signe pas"... pfff (c'est limite Kinsella par moment).



Reste le plaidoyer pour le suicide assisté et là on en arrive à un sujet de société intéressant : "le droit de mourir dignement".

Non pas le droit de mourir dans la dignité pour les personnes souffrantes, en stade terminal. Ici on parle bien du droit de se faire aider pour partir quand on n'a que l'envie de quitter cette vie... partir pour les souffrances de l'âme.

Le droit de dire Ciao sans devoir passer par des moyens barbares pour se tirer.



Ca se lit vite et c'est quand même assez prenant, même si j'émets pas mal de "mais".













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Un homme dangereux

A croire qu'on me manipule… En quelques mois c'est la troisième fois qu'une histoire de pervers narcissique m'arrive entre les mains. Trois fois où, de surcroît, le sujet est évoqué à travers une autofiction où l'auteur se met en scène, baladant son lecteur désorienté entre fantasme et réalité.



Le rapprochement s'arrêtera là néanmoins. Car si chacun dans leur genre les derniers romans d'Eric Reinhardt ou Delphine de Vigan peuvent offrir matière à réflexion, celui d'Emilie Frèche tient seulement du déballage ordinaire, égocentrique et inconsistant, manifestement destiné à exorciser une épreuve personnelle que l'on pressent douloureuse, évidemment. Mais de scènes improbables en postures ambiguës, la romancière-héroïne engendre à mon sens plus d'agacement que d'intérêt ou de compassion. Ses interventions médiatiques découvertes à posteriori ne me l'ont d'ailleurs pas rendue plus attachante, loin s'en faut.



Médiocre règlement de comptes à la sauce bobo donc, vite lu et aussi vite oublié.



L'on avance ici et là que le pervers évoqué ne serait autre que l'écrivain-journaliste Patrick Besson. Vrai ou faux, on s'en fout plutôt, mais j'aime bien les mots d'Eric Chevillard à ce propos :

« Un Homme dangereux, le livre en forme de règlement de comptes qu'Emilie Frèche consacre à sa liaison avec Patrick Besson […] est malgré tout d'une tragique nullité. Un vrai fléau littéraire ce Besson. Il ne lui suffit pas d'écrire des livres calamiteux, il faut encore qu'il en inspire d'aussi mauvais ».



C'est pas moi qui l'ai dit…






Lien : http://minimalyks.tumblr.com/
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Les Amants du Lutetia

Il y a parfois des coïncidences littéraires qu’on ne maîtrise pas.

Après avoir chroniqué « Misericordia » de Lidia Jorge, je vies de terminer la lecture des « amants du Lutetia » d’Emilie Frèche, qui n’est pas sens lien avec le roman de la grande autrice portugaise.



Eléonore est une femme d’une quarantaine d’années qui vit à Paris.

Lorsque le roman début, Eléonore vient de recevoir un appel. Elle n’est rentrée que la veille au soir, après trois semaines d’absence elle est heureuse de rentrer chez elle. Elle vient de passer un week-end avec ses parents, Maud et Ezra, à Ramatuelle avec son fils Simon, juste une semaine avant que celui-ci s’envole pour la Chine où il a décroché un stage dans une grande agence de publicité.



Mais tout va basculer.



Un homme l’appelle et lui apprend qu’Ezra et Maud sont morts, leurs deux corps viennent d’être retrouvés dans une chambre de l’Hôtel Lutetia où ils se sont suicidés ensemble.



Qu’est-ce qui a poussé ses deux êtres qui certes prenaient de l’âge, mais n’étaient ni malades, ni pauvres, ni malheureux, et n’ayant parlé de rien à leur fille quelques jours plus tôt, à se donner mutuellement la mort ?



Une lettre qui lui est destinée lève un coin de voile sur cet acte hors du commun :

« Chère Eléonore, cher Simon,

Pour nous l’histoire était terminée.

Mais nos soyez pas tristes.

Nous avons eu une vie magnifique.

Nous avons eu beaucoup de chance, et profité au maximum de tout ce qui nous aura été offert.

Nous allions avois quatre-vingt-six et quatre-vingt-huit ans, que pouvions-nous nous souhaiter de mieux que de partir ensemble, et encore vaillants ? »



Commence alors pour Eléonore une quête, une enquête, une recherche, pour comprendre ce suicide commun. Domine chez elle la colère.



Car ses parents avaient tout pour être heureux. Ayant fondé une agence de communication peu après s’être rencontrés, ils étaient ce qu’on pourrait appeler un couple fusionnel, connaissant la gloire et la richesse dans les années 80. Une sorte de Jacques Ségala qui aurait fondé son agence avec sa femme. L’agence (qui reprend les initiales de Maud et Ezra), la plus grosse agence de publicité française après Havas et Publicis.



Ils sont riches, immensément.

Ils sont célèbres.

Ils font tout ensemble, diriger leur agence, voyager, construire une superbe propriété à Ramatuelle (les bulles) et même fumer la même cigarette, manger dans la même assiette au restaurant …

Ils n’avaient pas besoin d’avoir un enfant. Mais quand Maud a été enceinte pour la troisième fois, elle n’a pas fait le choix d’avorter. Et Eléonore est née.



Mais est-ce vraiment de l’amour ? Ou une alliance stratégique professionnelle ?

Et leur fille, l’ont-ils aimée ? N’ont-ils pas été assez égoïstes pour décider de mourir ensemble, sans penser à ceux qui restent ?



Eléonore ne s’en sort pas. Seul Vincent, le père de Simon dont elle est séparée, comprend sa souffrance et tente de l’aider. Ce n’est pas qu’elle ne devienne pas riche à son tour, puisque ses parents lui lèguent la propriété de Ramatuelle, par un savant montage fiscal passant par le Luxembourg, qui l’exonère de tous frais de succession.



Mais ce n’est pas du tout ce que veut Eléonore. Trahie, elle cherche des parents disparus, et se demande ce qu’elle a représenté pour eux, avec un profond sentiment d’abandon. Et comment vivre sans eux. Car Maud et Kerr avaient aussi une grande faille dans leur enfance, et le fait de se suicider au Lutetia n’est pas sans symbole …



Son fils Simon, lui, n’a pas tant d’interrogations. Il crée même un compte Instagram intitulé » les amants du Lutetia » qui va très vite rencontrer un très large public. Lui reconnaît tout à fait à ses grands-parents le droit d’avoir organisé leur suicide, citent d’autres cas similaires, et rameute les associations du droit à mourir dans la dignité sur son compte qui fait le buzz.



Eléonore et Simon sont fâchés. Elle ne veut pas d’un héritage qui pue l’argent sale et lui ne comprend pas ses réticences. Depuis la Chine où il va connaître un étrange succès avec son compte, c’est la rupture avec sa mère.

La fin du roman mettra un peu de baume sur la blessure d’Eléonore, qui va finir par digérer l’évènement du suicide pour tracer – enfin – son chemin à elle.



Curieux écho, donc, à « Misericordia » avec ce récit comme en miroir inversé d’une vie de grand âge qu’un couple refuse de vivre.

Je ne sais que penser de ces deux options – vivre en EPAHD dans un univers qui nous semble étroit mais qui mérite véritablement d’être vécu, version portugaise – ou bien se supprimer pour ne pas connaître la déchéance des corps.



Je reste perplexe, interrogative devant la période qui s’enclenche, lorsque les parents entrent dans la dernière partie de leur vie et qu’on redoute ce temps à venir.



Mais je salue la performance d’Emilie Frèche parce que « Les amants de Lutetia » est un récit très prenant et qui interroge encore une fois le mystère insondable du couple, sur lequel la littérature n’a pas fini d’écrire …

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Vivre ensemble

«  La raison pour laquelle on tombe amoureux de quelqu’un devient un jour celle qui nous fait le désaimer » .page 142 .



«  Pierre entend sous son crâne les sanglots des enfants le jour, ceux de leurs parents la nuit, le vent dans les bâches des tentes, la pluie, la grêle et les cris par lesquels s’expriment toutes sortes de douleurs physiques » .page 55.



Deux extraits significatifs de ce texte tout en tension.



Voici un roman très contemporain, réaliste , qui, parfois, met mal à l’aise, un peu comme un journal de bord aux sujets très sensibles et vastes : la jungle de Calais, le problème des migrants, Paris et les attentats du 13 novembre, ceux de Nice , l’assassinat d’un prêtre, la religion juive , l’extrémisme , le racisme , la politique, la cohabitation houleuse , destructrice entre deux garçons Salomon , le fils de Pierre , et de MDS , sa mère, et Léo ,fils de Déborah et Driss , amoureuse et nouvelle compagne du même Pierre.



Il est avocat bénévole dans la jungle de Calais, Déborah , elle,

réalise des documentaires à propos de sujets de société .



L’auteure d’une belle écriture , fluide , précise, claire, nous tient en haleine d’un bout à l’autre , nous questionne à propos de ce fameux «  Vivre ensemble » nous interroge et nous fait réfléchir sur les comportements à la marge, la violence, de l’être humain, la démesure , le mal être , les menaces , les difficultés d’adaptation et de cohabitation au sein de familles recomposées : cris, larmes , doutes , violences , violences ......sans nom.



Est ce une douleur? Un bonheur nouveau ? un compromis ? une mise en danger quotidienne des protagonistes ?

Peut - on construire quelque chose malgré toutes les nouveautés , le nouvel amour, les souvenirs et les contraintes ?

Au fond , une lecture ouverte , dérangeante, , haletante, sur le fil, touchante avec ce qu’il faut de tension de l’intime au politique, de l’angélisme supposé de certaines visions humanitaires......, à la violence psychologique destructrice qui ne permet pas de construire .....malgré un désir intense .



C’est violent et mobilisant , courageux et provoquant .



Jusqu’au bout on se pose des questions .....

C’est mon premier livre de l’auteure. Lu d’une traite .
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Chouquette

Chouquette d’Emilie Frèche me faisait de l’œil tous les midis à la cafète.



Je l’ai regardé, posé, reposé puis j’ai décidé de l’emmener avec moi en week-end afin de faire connaissance !



Entreposé dans mon sac, entre deux rendez-vous, j’ai entamé la lecture de ce petit opus publié par Acte Sud. Ce qui m’a décidé de l’embarquer c’est sa première de couverture drôle avec Sabine AZEMIA. Ce livre a été adapté au cinéma en 2017 avec également, Michèle LAROQUE et Michèle MORETTI dans les rôles principaux.

L’auteur nous plante très rapidement le décor.



Catherine est mère d’Adèle, une jeune femme mariée à Vincent. Tous les deux, ils sillonnent le monde pour s’embarquer dans des missions humanitaires.





Catherine a la soixantaine et ne veut pas s’embarrasser de son petit-fils Lucas qui l’appelle Chouquette.



Cette mamie n’est pourtant pas à croquer….Elle a d’autres urgences à vivre que se retrouver dans le rôle de baby-sitter : la fête, la reconquête de son mari. Hystérique et démesurée, elle n’a pas de place dans sa vie pour son petit fils. Elle estime qu’Adèle sa fille doit s’assumer. C’est conflit prégnant entre elles.



Elle noie son chagrin dans la bouteille et harcèle Jean Pierre son ex mari, car l’attend désespérément… pourtant ce sera sans retour, c’est sa priorité, elle ne renonce pas…



Lucas 5 ans se retrouve en colonie de vacances non loin de sa grand-mère, pendant que ses parents sont partis à Kinshasa. Il attrape la varicelle, Mamie Chouquette est contrainte de l’accueillir durant trois jours.



L’auteur dresse le portrait corrosif d’une grand-mère qui refuse de vieillir, face à ses démons du passé. Elle est seule, vide, pourtant l’argent ne manque pas, mais elle semble pauvre de toute joie de vivre.



Lucas, malgré lui, va la faire sortir de sa zone de confort ou d’inconfort dans lequel elle se trouve…en quête de son attention et de son affection.



J’ai été un peu déçue par cette lecture même si elle est emprunte de cocasseries, de légèretés, d’humour.



Le personnage de Lucas n’est pas assez approfondi, l’auteur axe son histoire autour de la personnalité et l’entourage de Catherine.



Je pense que l’adaptation cinématographique doit être beaucoup plus réussie.







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Vivre ensemble

Les premiers mois d'une liaison amoureuse sont souvent libres et sans contraintes. Chacun se libère de son quotidien et de ses responsabilités pour profiter de moments privilégiés. Les mois passent et vient la question de l'étape d'après : devons-nous vivre ensemble ? le choix est plus délicat quand les amants ont la charge d'enfants de précédentes unions. Dans ce roman, Pierre et Deborah décident d'habiter conjointement après avoir été témoins d'un attentat. Ils ont chacun un fils dont ils ont la garde alternée et – surprise ! – Salomon, l'enfant de Pierre, se révèle être « différent ». La cohabitation s'annonce houleuse. Il faudra se montrer patient et faire des compromis. Mais évidemment, l'enfant ingérable va empoisonner les rapports du couple et la relation entre la mère et son fils. Une famille recomposée n'est pas un long fleuve tranquille et Emilie Frèche met en lumière les difficultés rencontrées par ce noyau hétéroclite parfois en ébullition : les interférences de l'ex, le rôle ambigu du parent qui n'en est pas un et dont l'autorité n'a pas de vraie légitimité, l'échange compliqué avec l'être aimé quand il est question de son enfant, etc. L'auteure traite le sujet dans un texte fluide, agréable à lire mais qui manque parfois de muscle. Elle établit dans son roman un parallèle entre les perturbations vécues par cette famille recomposée et les désordres subis par une société victime du terrorisme. La violence déstabilise le parent comme le citoyen. Les personnes les plus placides se surprennent à ressentir des sentiments violents (la peur, la colère, la haine), quand elles sont poussées à bout. Alors comment bâtir une famille ou une société harmonieuse quand le vivre ensemble semble si précaire ? Je ne reviendrai pas sur la polémique lancée au moment de la publication du roman si ce n'est qu'elle a eu le mérite d'éveiller ma curiosité. Je remercie Sallyrose qui m'a convaincu de le lire.



Je remercie les éditions Stock et Netgalley pour leur envoi.
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Vivre ensemble

Vivre ensemble Emilie Frèche chez Stock, 22 août 2018.

Violence, violence, tout n'est que violence ... Toile de fond de ce roman "parisien", Paris et les attentats, Calais et les migrants, Salomon et MdS-décoder Mère de Salomon- qui viennent perturber la vie autrefois sereine de Deborah et de Leo son fils.

Deborah s'est séparée de Driss le père de Leo à priori de la façon la plus harmonieuse possible . Deborah rencontre Pierre, tout en lui l'attire , les attentats serviront de déclencheur à leur décision de vivre ensemble. Mais Pierre a de son côté un fils Salomon, un écorché vif qui déclare d'emblée sa haine à Deborah et à Léo . Le "Vivre ensemble" est mal parti...

Violence dans chaque minute passée ensemble, violence dans les non-dits, silence de Deborah vis à vis de Pierre, virulence de MdS ... La dernière page tournée je reste pantoise et en point d'interrogation. Que nous apporte ce texte? Pose t'il les bonnes questions aux bonnes personnes? N'y a t'il pas carence parentale et non-assistance à personnes en danger? Je suis bien incapable de répondre à toutes ces questions mais une chose est certaine à mes yeux ce roman ne les solutionne pas plus, de là à me demander quel est l'intérêt de publier ce genre de récit, là aussi je ne me vois pas quoi répondre. Je découvre Emilie Frèche avec ce texte il va me falloir quelques temps avant que renaisse l'envie de lire ses précédents ouvrages.

Un grand merci aux éditions Stock pour ce partage via NetGalley#VivreEnsemble #NetGalleyFrance
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24 jours : La vérité sur la mort d'Ilan Halimi

Je dois avouer que j'ai lu la première moitié de ce livre hier soi, et que j'ai passé une très mauvaise nuit.

Un témoignage très difficile à lire car émotionnellement insoutenable de douleur.

J'avais bien-sûr entendu parlé du calvaire d'Ilan, ce magnifique garçon dont le sourire est resté dans tous les cœurs. mais Je voulais comprendre, comment sa famille avait pu trouver le courage de vivre ses 24 jours sans s'écrouler, comment à la suite de cette mort barbare, ils avaient réussi à garder la tête haute et à ne pas haïr la terre entière.

On leur a pris leur enfant, je ne parlerai même pas des coupables, car ce serait une fois de plus leur donner un quart d'heure de gloire. Aucun mot ne peut définir la douleur physique et morale qu'Ilan a pu ressentir, et même si nous le voulions, nous n'en aurions pas la moindre idée.

C'est un témoignage à lire absolument, par soutien à la famille, en mémoire d'Ilan.



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Les Amants du Lutetia

Ode à la beauté de la vie avant même d’être une ode à l’amour. Et en face un deuil qui s'annonce impossible.



Dès les premières phrases on glisse sur l’écriture d’Emilie Frèche que je découvre. Dès la première mise en scène on se sent un peu comme sur un nuage de perfection de vie possible. Les faits sont certes moches et dramatiques, mais d’entrée on perçoit qu’on va évoluer vers un monde que ce couple a su rendre plaisant et beau. En tout cas, une vie pétillante pour eux.



Eléonore, la fille du couple très âgé formé par Maud et Ezra Kerr, suicidé le 1er septembre 2018 au 5ème étage de l’Hôtel Lutetia, est à la fois la narratrice et celle qui subit cet amour depuis qu’elle est toute petite. On comprend très vite que cela devient obsessionnel pour elle de connaitre la raison de ce double suicide, et plus est dans un lieu si luxueux. Obsessionnel mais pas larmoyant.

A noter également le contexte historique du lieu du suicide ; à la fois en lien avec le nazisme mais aussi de celui des déportés.



Eléonore, architecte, divorcée, mère d’un fils de 20 ans, a besoin d’aller jusqu’aux profondeurs de la vie amoureuse de ses parents, quitte à toucher le fond elle-même. C’est d’autant plus viscérale que son enfance déjà n’a pas été très heureuse et qu’elle a toujours eu ce sale sentiment de rester au bord de quelque chose. Elle décide que cette fois elle ne restera plus au bord de l’amour fusionnel et inaltérable de ses parents. De plus elle a besoin de comprendre pourquoi sa perception des faits vécus n’était pas aussi belle, pas aussi rocambolesque que ce qui s’affichait de la vie de ce couple de publicitaires connus. Elle flotte entre douleur et colère.

La faille pour être incluse dans cette sphère parentale, ce triptyque si recherché dans le monde des psychologues, elle ne l’a jamais trouvé de leur vivant. La trouvera-t-elle, ne serait-ce qu’indirectement et de manière posthume? Pourra-t-elle leur pardonner ? C’est tout l’enjeu de ce roman.



Une forme de suspense s’installe en accompagnant cette jeune femme tout le long de ce qu’elle découvre d’eux ; à commencer par des funérailles fantasques et déraisonnables, un legs compliqué de leur étonnante maison des Bulles et quelques autres extravagances. A tout moment on se dit qu’Eléonore peut exploser en vol tant le pénible passé remonte, voire se démultiplie.



L’autre grand thème abordé par Emile Frèche est celui du choix de fin de vie. Elle observe et présente celui-ci sur fond d’échanges sur les réseaux sociaux.



Les descriptions, qu’il s’agisse des émotions comme des lieux, des objets ou des faits, sont celles d’une autrice remarquable.

Ce livre plein de subtilités, sera mémorable pour moi car il n’a cessé de me rappeler à quel point la vie peut être belle si on le désire. Mais, sommes nous tous capables de laisser des cadavres sur notre route du plaisir comme l’a fait ce couple ?
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Deux étrangers

Lecture en janvier 2013- Relecture 19 juillet 2019



Je poursuis mes tris, rangements... je n'en vois pas le bout... Je mets de côté des ouvrages appréciés pour offrir et transmettre autour de moi, dont celui-ci, bouleversant , offrant une analyse des plus percutantes sur les "liens du sang" ! !



Le noyau de ce roman est la complexité terrifiante des rapports entre

une fille, Elise et son père... qui fut un tyran domestique... Tous les dégâts, chagrins rentrés induites par une famille totalement toxique...Un père despote, une mère trop soumise, un frère aimé, mais qui , pour se protéger, s'évade en apprenant "l'escalade", et l'amour des cimes !



"J'ai quitté mon enfance comme on s'échappe d'un pays dans lequel on a trop souffert, en se jurant de ne plus jamais y refoutre les pieds, mais c'est ce pays-là qui d'entre tous me manque le plus. "(p. 85)



Cette jeune femme, mère de famille de deux enfants, reçoit de façon inopinée un coup de fil du Maroc, de ce père redouté, au bout de plusieurs années de silence...où il lui intime l'ordre de le rejoindre avant la fin du mois, à Marrakech...

Les sentiments les plus contrastés l'habitent entre un espoir insensé et une colère ancienne impossible à calmer !!!



"Moi, je n'ai jamais réussi à voir notre père autrement que depuis ma taille d'enfant. D'ailleurs, c'est toujours en levant la tête que je le regarde. Rien de ce que j'ai fait dans ma vie ne m'a libérée de la peur que j'avais de lui. "(p. 27)



Notre narratrice prend la vieille voiture de sa mère... qu'elle chouchoute, étant le seul souvenir direct qui lui reste d'elle... Elle prend la route vers le Sud... en essayant de faire le point sur ses réminiscences avec son père... Mais le négatif, la violence , les injures paternelles restent blessantes et toujours aussi insupportables....La peur et la rancune subsistent !



Sa mère est décédée... son frère est parti, fait de l'escalade depuis qu'il est gamin, sans doute, sûrement même...pour prendre de la hauteur par rapport à ce père qu'il écarte ainsi de sa sphère...pour survivre, échapper à la terreur !





Quand elle retrouvera son père... elle se demandera quelle urgence l'a fait appeler... Il fera un geste... mais l'affection, la réparation du passé se révélera impossible...même si l'auteure tente à tout prix de trouver des traces de transmission paternelle positive... et cela sera, entre autres, la cuisine marocaine, les mets de son pays d'origine , qu'ils partagent !



"Ce sont tous les plats de mon enfance. Et ceux de la sienne [du père ]. ce sont les plats qu'il avait enseignés à ma mère en souvenir de sa vie là-bas, et nous nous mettons à les dévorer comme deux gamins affamés. Je me dis alors qu'il est possible d'habiter une terre, une langue, mais aussi une cuisine. Je me dis que nos racines à nous ne sont peut-être pas ailleurs que dans nos assiettes, en tout cas c'est ce que nous avons le mieux réussi à nous transmettre, ce qui nous reste en partage, et pour la première fois il me semble que ce n'est pas rien. "(p. 266)



Des retrouvailles qui ne colmateront pas les souffrances, les humiliations de l'enfance, les incompréhensions...mais que la narratrice tente de transformer en positif...en dépit de et malgré tout... pour continuer au mieux le chemin !!





"Pourtant l'argent ne réparerait rien. . L'argent ne remplacerait jamais un pardon non plus, mais j'étais heureuse, je ne peux pas le nier, de recevoir enfin quelque chose de sa part. Cet argent représentait toute sa vie. C'était

ce qu'il avait fait de son temps, de ses mains, de son couple, et s'il considérait que nous étions avec mon frère les personnes qui devaient en hériter, alors il nous reconnaissait comme ses enfants. Et j'acceptai cet argent, car à mon tour, je n'avais pas d'autres moyens de dire à cet homme qu'il était encore mon père, malgré tout ce qui nous séparait. (p. 270)



Une lecture très forte qui laisse des traces : un mélange de grande tendresse et de gâchis familial, désespérant...Un père admiré, détesté, effrayant...et une fille qui voudrait tant réussir à lui pardonner, à l'aimer...Notre narratrice, Elise, n'a pas le choix... Il faut qu'elle rejoigne ce père...au Maroc. Road-movie poignant qui permettra des retrouvailles aussi "impossibles qu'essentielles "!!...
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Vivre ensemble

Autofiction: genre littéraire souvent sujet à grincements de dents…



Mettant de côté la polémique provoquée par la sortie de ce livre (quand on produit un livre dit « roman » très inspiré de son quotidien, il ne fait pas être grand clerc pour comprendre que ça va en agacer certains), j’ai abordé cette lecture pour ce qu’elle est: un exemple possible des conflits au sein d’une famille recomposée.



Le buzz médiatique s’est focalisé sur une seule thématique : celle d’un enfant de 10 ans mal dans sa peau, ingérable, insupportable pour son entourage ( père l’ayant en garde alternée, belle-mère et frère d’adoption). Le sujet de société de seconde famille, imposée bien souvent aux enfants, est devenu courant, voire banal et il est pertinent de s’interroger sur les difficultés rencontrées.



Mais le « vivre-ensemble » est abordé de façon beaucoup plus large, dans les sujets d’actualité: politique, émigration, terrorisme, où l’auteur nous interroge sur l’angélisme de certaines visions humanistes et l’intrinsèque violence de l’être humain. La famille devient ici la zone d’expérimentation de comportements à la marge et des stratégies de déminage de conflits.



Une lecture qui s’est avérée intéressante, questionnante, avec une écriture fluide.

Il est amusant de constater que le pugilat médiatique (instrumentalisé peut être par les parties) est un exemple en soi de cette difficulté de cohabitation en recomposition familiale.

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Vivre ensemble

Vivre ensemble de Emilie Frèche est un roman qui fait partie de la rentrée littéraire de septembre 2018 et que j'ai eu le plaisir de lire en avant-première grâce aux éditions Stock et à net galley.

Le résumé est court et assez intrigant :

Tout le monde ne parle que du vivre-ensemble mais, au fond, qui sait vraiment de quoi il retourne, sinon les familles recomposées ? Vivre ensemble, c'est se disputer un territoire.

J'avais compris que c'était un roman parlant des familles recomposées et en effet j'ai fait connaissance avec l'une d'elle : Déborah, son nouveau compagnon Pierre et leurs deux enfants : Léo (fils de Déborah) et Salomon (fils de Pierre).

Le jeune couple n'avait pas prévu de vivre ensemble mais ils étaient présents à la terrasse d'un café le 13 novembre 2015, ils font partie des personnes qui ont eu peur ce soir-là.. Cette peur ressentie leur a fait prendre conscience que la vie est courte et peut s'arrêter à tout moment.. Ils ont donc décidé de vivre ensemble, mais cela ne pas être comme ils l'imaginaient, et c'est peu dire !

L'un des garçons fait preuve de violence, il est instable...

L'un des parents s'inquiète.. évidemment... et a peur que tout ça se termine mal...

Je n'en dirais pas plus car le résumé en dit peu et trop en dire sur cet ouvrage serait une erreur..

J'ai lu ce roman d'une traite, je ne regrette pas du tout ma lecture même si j'ai éprouvé un certain malaise de la première à la dernière page, me demandant bien comment cela allait finir !

La tension est là, très présente, et à un moment ou un autre ça finira bien par éclater...

Les attentats sont présents en fond, ils changent la donne, précipitent les choses..

La violence d'un des garçons fait peur par moment. On sent un énorme mal-être qui met évidemment très mal à l'aise le lecteur.

J'ai apprécié ma lecture, même si j'ai eu un peu de mal à m'attacher aux personnages. J'ai lu tout ça avec détachement.

Vivre ensemble est un roman qui fait réfléchir, qui reflète bien la difficulté de vivre ensemble quand on n'est pas vraiment une famille.

Je n'ai ni aimé ni détesté cet ouvrage, je ne sais pas trop quoi en penser. Mon avis est mitigé, mais je lui mets trois étoiles et demie.
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Un homme dangereux

Une déception : je suis totalement passé à travers ce livre que j'avais pourtant hâte de lire. Et ce n'est pas une différence de sensibilité masculine ou féminine (je devance les remarques...).



J'ai juste eu l'impression que les différents thèmes évoqués (l'installation de la routine du couple, la tentation de l'adultère, la soumission puis la dépendance à l'autre, la perversion poussée à l'extrême... mais aussi l'antisémitisme primaire ou contextuel, le nombrilisme du microcosme littéraire et j'en passe...) n'étaient que des redites de choses maintes et maintes fois lues ailleurs, sans que j'y repère cette once de nouveauté ou d'intérêt qui aurait agrémenté ma lecture. Sans parler de cette vraie-fausse autobiographie et du jeu avec "le livre dans le livre", un peu agaçants à la longue.



Pas de jugement définitif sur l'auteure et sur son style cependant, mais pas beaucoup de plaisir pour moi dans cette lecture.



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Les Amants du Lutetia

Eléonore se sent dévastée quand elle apprend que ses parents octogénaires se sont suicidés à l'hotel Lutetia. Elle ne comprend pas leur geste, elle a l'impression d'avoir été mise à l'écart de leur vie, comme dans son enfance, et même après. Et elle se sent seule, personne autour d'elle n'arrive à comprendre son refus de faire le deuil.

Emilie Frèche décrit bien la solitude d'Eléanore face au geste de ses parents. Celle-ci repense à son enfance qu'elle a mal vécue, de sa vision qu'elle avait de ses parents. J'ai aimé ce cheminement vers un pardon et une acceptation du présent. L'auteure parle d'un sujet délicat : le droit au suicide en fin de vie, elle s'est inspirée d'un fait divers récent qui lui-même remonte aux couples mythiques et met en lumière une grande histoire d'amour même si Eléanore se rappelle surtout des éléments contraires. Un point m'a dérangé dans la construction du roman : j'aurais aimé avoir d'autres points de vue, celles de son ex-mari, de son fils. On n'a qu'un aperçu par les discussions entre eux ou des échanges sur les réseaux sociaux. Mais l'idée de centrer le récit sur la fille adulte des amants de Lutetia est tout de même judicieuse.

Un roman qui donne à réfléchir sur la vie, le droit à la mort mais aussi sur les rancoeurs passés qu'on a du mal à pardonner.

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