Ilan Halimi est mort à vingt-trois, un âge où la vie d'adulte commence, un âge où les rêves et les espoirs guident nos pas vers un futur tout proche.
Ilan Halimi est mort parce qu'il est né juif, parce que de nos jours même s'ils ne portent plus l'étoile jaune, les juifs sont encore considérés comme des gens différents, cible de railleries, de propos qu'on ne voudrait plus entendre mais qui nous rappellent ce passé encore trop frais, cette honte d'avoir laissé faire …. En France en 2006 , appartenir à une religion même si c'est uniquement celle à laquelle nos grands-parents où nos parents ont adhéré , où une nationalité peut devenir un passeport pour l'enfer.
Oui nous sommes en France terre de liberté, de partage, de différences et les vieux démons de l'antisémitisme refont surface comme une gangrène que rien ne peut arrêter.
24 jours, retrace pas à pas le calvaire d'Ilan raconté par sa mère. 157 pages qu'on lit d'une traite, comme pour abréger les souffrances d'Ilan. La douleur de Ruth Halimi cette mère que l'on voudrait juste serrer dans ses bras, sans pouvoir dire de mots qui consolent car il n'est pas de mots pour apaiser cette mère à qui l'on a arraché son fils pour le torturer et lui retirer la vie.
Le récit de Ruth Halimi est teinté de dignité , de courage et d'une clairvoyance spectaculaire. Sa sérénité étonne, on s'interroge, comment aurais-je réagi si …? Et puis non ce n'est pas possible, c'est incompréhensible , pas en France, et pourtant… Je ne sais pas ce qui l'a porté durant l'écriture de ce récit, l'amour certainement je l'ai ressenti , le besoin d'alerter comme pour nous dire mon fils Ilan est mort parce qu'il était juif demain l'histoire pourrait se répéter parce que votre fils est ….
Le regard de cette mère sur les autorités qui n'ont pas su l'écouter, qui n'ont pas saisi d'emblée la nature et l'importance de l'affaire .
Emilie Frèche est écrivain, en 2006 elle est comme la majeur partie de la France atterrée de découvrir l'affaire du « gang des barbares » . Elle prend sa plume et écrit « La mort d'un pote », un essai à « vif » que l'on retrouvera dans la seconde partie du livre. Un constat effrayant sur une France qui dans les années quatre-vingt voyaient naître une génération qui disait stop au racisme, qui prônaient le mélange des cultures , qui plus tard à reconnu son implication dans un antisémitisme honteux, inexplicable.
Comment en est-on arrivé la ? qu'est devenu la génération « touche pas à mon pote » ? Comment notre République a-t'elle laissé s'installer ce climat de racisme et d'antisémitisme ? Par quel moyen aujourd'hui peut-on enlever et séquestrer un être humain dans un immeuble HLM sans que personne n'entende les cris d'un homme que l'on torture pendant vingt-quatre jours.
Emilie Frèche nous invite à travers ce constat à une remise en question à divers niveaux , culture, intégration, éducation qui est responsable des dérives ?
« Un peuple qui oublie son passé est condamné à le revivre « , alors rappelons nous chaque jour.