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Critiques de Emmanuel Bove (150)
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Le Crime d'une nuit - Le Retour de l'enfant

Quelques mots au sujet du texte de Bove, Le Crime d'une Nuit.



J'ai - hélas - lu cette courte nouvelle après Mes Amis et La Dernière Nuit, deux oeuvres boviennes de grande qualité. Et j'ai eu l'impression de lire une redite en forme d'ébauche de ces deux grands textes, où errent dans un onirisme trouble et tragique des personnages marginaux ayant grand soif de reconnaissance.
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Le meurtre de Suzy Pommier

Bove Emmanuel – Le Meurtre de Suzy Pommier : Suzy Pommier, jeune et belle actrice en vogue, se fait assassiner le soir de la première du film où elle joue … une actrice assassinée dans sa baignoire. En tout, le scénario du crime correspond au scénario du film.



Hector Mancelle, jeune inspecteur, s’empare du cas et investigue à sa manière, en l’absence de son chef. Il refuse les conclusions toutes faites, rencontre le père de la victime, le réalisateur du film, l’acteur principal, l’amant de la victime. Il agit rapidement, intelligemment, il est sûr de son fait et tire des conclusions astucieuses, même contre l’avis de ses supérieurs. Démonstration magistrale de son art en fin de récit.



Ce second roman policier d’Emmanuel Bove (le premier est paru sous le pseudo de Pierre Dugast, La Toque de Breitschwantz) est très bien construit, classique dans sa facture et bien enlevé. Il se situe dans un tout autre registre que ses autres livres (Mes Amis ou Le Pressentiment, tous deux publiés à la BNR) qui sont plus sombres et désespérés. Si vous aimez les « polars », il est à découvrir.



Écrivain prolixe, révélé par Colette, Emmanuel Bove a connu le succès de son vivant, avant de tomber dans l’oubli, et d’être redécouvert par Peter Handke dans les années 1980. Il est né en 1898 à Paris, mais a fait une partie de ses études au Collège Calvin à Genève, puis a vécu à Vienne et à nouveau à Paris, où il est mort en 1945.



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Étiquettes : Bove Emmanuel


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Le meurtre de Suzy Pommier

Publié en 1933. Un mix entre Alfred Hitchkock et Georges simenon avec un soupçon de Gaston Leroux et son personnage de Rouletabille ! Les bases du polar actuel ... J'aime beaucoup ces ambiances noires d'anciens polars ! Très bon moment de lecture !!!
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Le meurtre de Suzy Pommier

J'aime bien me replonger dans la littérature du début et milieu du siècle passé et les livres électroniques sont une merveille pour cela .Cela permet de jolies découvertes ainsi Emmanuel Bove même si celui ci n'est plus guère lu aujourd'hui malgré que ces textes soient régulièrement réédités et c'est un peu dommage car c'est un auteur de talent . C'est une découverte agréable que ce roman . Pas un chef d'oeuvre certes mais une lecture plaisante , de belles phrases et un dépaysement certain face à des policiers et des méthodes d'un autre temps .On y retrouve Paris, l'étude de moeurs, les différents milieux sociaux bref un univers assez proche de celui de Simenon .Un moment de lecture agréable et rapide puisque le livre ne fait qu'une petite centaine de pages ..
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Le meurtre de Suzy Pommier

Le Meurtre de Suzy Pommier d’Emmanuel Bove, lu par Patrick Blandin, SAGA Egmont, 2020 (1ère publication en 1933)



Emmanuel Bove a connu un grand succès critique et public de son vivant ; prématurément décédé en 1945, c’est un auteur totalement oublié aujourd’hui malgré les efforts, dans les années 1970, de son traducteur allemand, Peter Handke qui œuvra beaucoup pour redonner à l’écrivain une place de choix dans le paysage littéraire français.

C’est tout à fait par hasard que j’ai découvert ce court roman, grâce à l’abonnement Audible.



Suzy Pommier, jeune et belle actrice en vogue, est assassinée le soir de la première du film où elle joue une actrice assassinée dans sa baignoire. En tout point, le scénario du crime correspond au scénario du film. Une jeune inspecteur, Hector Mancelle, mène l'enquête à sa manière, en l'absence de son supérieur.

Des amants, des jaloux…

Une certaine idée du cinéma porteur de message…

Des journalistes à l’affut d’un scoop…



Un excellent roman policier à l’ancienne, sans action spectaculaire, axé sur les interrogatoires, la réflexion, la déduction.

J’ai adoré la qualité des dialogues et la montée en puissance de l’enquête.

Cependant, le personnage de Hector Mancelle, très sûr de lui, m’a parfois un peu agacé…



La version audio est d’excellente qualité ; le ton factuel du narrateur correspond bien à l’ambiance générale du roman.



Trois autres romans d’Emmanuel Bove ont rejoint ma PAL numérique : Mes amis, Le Piège et Un Raskolnikoff…


Lien : https://www.facebook.com/pir..
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Le meurtre de Suzy Pommier

La belle et jeune actrice Suzy Pommier est retrouvée assassinée dans sa baignoire. Coïncidence morbide : le final de son dernier film met en scène exactement le même crime. Hector Mancelle, jeune inspecteur parisien, se met alors en quête de la vérité, tâche rendue malaisée par le nombre impressionnant d'amants et d'admirateurs qui évoluaient en orbite autour de la victime.



Publié en 1933, ce polar dégage le charme désuet de la littérature de l'entre-deux-guerres, période fascinante à bien des niveaux. Toutefois, j'avoue ne pas avoir été prise aux charmes d'une narration un peu trop prévisible et du style suranné d'Emmanuel Bove. Disons que quand on a goûté à Maurice Leblanc et à Gaston Leroux, et encore plus à Agatha Christie, ça grince un peu aux articulations.



Reste la satisfaction de mettre la main sur des œuvres oubliées du public qui, en leur temps, ont sans aucun doute connu le succès grâce aux nouveaux procédés d'investigation et à la restitution d'une ambiance de commissariat.





Challenge 1914-1968 2017

Challenge ATOUT PRIX 2017
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Le meurtre de Suzy Pommier

Roman découvert grâce à mon abonnement Audible et c'est une bonne découverte.



Suzy Pommier est une actrice retrouvée décédée dans sa baignoire, une scène qui fait penser tout de suite à un acte d'une pièce de théâtre dont la première a été jouée la veille.



Scotland yard est mis sur le coup et c'est Hector Mancel, jeune inspecteur qui enquête.



Un policier anglais qui se déroule, je pense, au début du siècle étant donné les expressions entendues et la non modernité technologique.



Un court roman policier classique qui fonctionne très bien.

J'ai compris le dénouement en avance mais je pense que beaucoup de lecteurs peuvent être surpris.



Un bon moment d'écoute!
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Le meurtre de Suzy Pommier

Écrivain d’une autre époque, Emmanuel Bove propose avec Le meurtre de Suzy Pommier une enquête certes classique, mais enrobée de quelques belles images qui a elles seules justifient l’intérêt du titre. Il transparaît une classe « à l’ancienne » en s’imprégnant de ce manuscrit oublié. Un agréable moment passé avec la prose d’autrefois.
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Le meurtre de Suzy Pommier

Emmanuel Bove est un auteur né de parents Russe et Luxembourgeois en 1898.



Pour en savoir plus sur l'auteur, n'hésitez pas à vous rendre sur le site qui lui est consacré : Emmanuel Bove, le site.



L'auteur ne sera pas souvent cité dans mes chroniques pour s'être très peu consacré au seul genre qui m'attire : le roman policier.



Pour autant, dans sa production, le lecteur de polars que je suis a déniché : « Le meurtre de Suzy Pommier ».

Avec ce court roman, Emmanuel Bove nous livre un petit polar dans la veine de son époque.



Hector Mancelle est un jeune policier qui va se lancer dans l'enquête en court-circuitant sa hiérarchie et ne pas se contenter des évidences, ni des aveux d'un suspect.



L'auteur, à travers l'enquête policière, en profite pour faire une étude de moeurs du milieu médiatique du cinéma mais aussi de la misère humaine sous toutes ses formes, notamment au travers du père de la victime...



Si aucun des aspects du roman : l'intrigue, le style, les personnages, ne naviguent dans les sphères les plus hautes du genre, l'ensemble tient cependant très bien la route et ne dénote pas de ce qui s'écrivait à l'époque.



Au final, un roman qui m'a apporté un certain plaisir et un plaisir certain de lecture dans une période où je me concentrais difficilement sur des ouvrages (j'en avais abandonné plusieurs d'affilés en court de route).
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Le piège

Il s'agit d'un roman très kafkaïen où Bidet, un fervant gaulliste voulant participer à la Résistance et rejoindre de Gaulle en Angleterre, se voit forcer d'affronter la bureaucratie vichyste pour obtenir son laissez-passez. Ne pouvant s'avouer gaulliste, il se proclame pétainiste haut et fort; beaucoup trop fort selon l'administration collaborationniste. Alors qu'on l'assure que son départ hors du pays n'est qu'une question de jours, Bridet s'enfonce dans l'incertitude et la paranoïa : le piège se referme sur lui. Bove est un auteur très méconnu, oublié après la guerre et qui mérite d'être lu.
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Le piège

En refermant ce livre , je reste dans l'incompréhension : comment un écrivain aussi subtil , lucide , à la plume précise et forte en soubassement a-t-il pu glisser si rapidement dans l'oubli ?

....

Le piège , c'est la chute inexorable d'un Bridet , quidam sans prétention ,qui en septembre 1940 , juste après l'Armistice , contacte l'un de ses amis haut placé à la direction générale de la Police Nationale afin d'obtenir un sauf-conduit pour quitter la France et rejoindre de GAULE . Requête dont il masque bien évidemment le but final puisque s'adressant à un représentant de la France Pétainiste .



De cette première démarche dont on ne comprend pas exactement les objectifs réels , par un enchainement vertigineux , échappant à l'entendement , Bridet n'en ressortira pas vivant .

La machine admnistrative de Vichy effectuera son travail de sabotage , implacable , dans une éclatante absurdité décrite à la manière Kafkaienne .

A travers ce chemin menant à l'échafaud tout en méandres et soumis à la complexité du système arbitraire et insensé , Bridet n'aura de cesse d'osciller entre divers sentiments , jouet de forces obscures ,tour à tour aveuglé par sa naiveté et son optimisme confinant à une presque bêtise , sa capacité à croire en l'humanité pour basculer dans l'incompréhension et le doute grandissant , incapable d'appréhender la situation et ses racines maléfiques souterraines .

Se dégage un malaise de plus en plus oppression dans cette alternance d'état d'esprit . Les personnages gravitant autour de cet anti-héros souffreteux , pathétique dans sa faiblesse psychologique broyé lentement avec force machiavélisme d'un système totalitaire , jouet de la France de Vichy, apparaissent comme des pantins nébuleux , inquiétant ,sans fondement , aussi désincarnés que Bridet , comme si toute capacité de réflexion s'était évaporée loin de la surface de la terre , laissant des individualités"coquilles vides" , manipulées par une force destructrice irrationnelle et inévitable .

Le pessimisme de Bove dont j'avais eu un aperçu avec l'excellent roman le pressentiment agit comme une chape d'enfermement ,le lecteur se trouvant lui aussi oppressé , pris au piège lui même de cette lecture angoissante , dont il ne percevra que quelques contours obscurs , mouvants , sans assise franche où chaque personnage se définit par tout et son contraire enfermé dans le non-sens d'un système .

Un livre riche , à multiples facettes et interprétations qui n'est pas sans rappeler l'oeuvre de Camus , la pensée Sartrienne , le Procès de Kafka .
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Le piège

Peu après l’Armistice, en septembre 1940, Joseph Bridet, se rend de Lyon à Vichy, afin d’y rencontrer un de ses anciens amis, Basson, attaché à la Direction générale de la Police Nationale. Il souhaite obtenir de sa part un sauf-conduit pour quitter la France et rejoindre de Gaulle…. Bien sur, il ne précise pas l’objet réel de sa demande, mais se perd dans des explications plus ou moins crédibles….en se faisant passer pour un pétainiste convaincu….



Début d’un long parcours au sein des bureaux, au sein d’une nasse qui va se refermer sur lui….des personnages troubles, des amis qui n’en sont peut-être pas, « Il sentait un grouillement confus autour de lui. Des papiers le concernant circulaient de bureau en bureau. Pourquoi ? Comment se faisait-il qu’on ne lui disait rien ? C’était de plus en plus inquiétant. L’attitude de Basson était bizzare. Il avait été cordial, et tout à coup, il avait changé. Et ce rapport ? Un rapport de qui et sur quoi ? » (P. 73)

Un homme baladé de services en services, sa femme qui par ses interventions ne l’aide peut-être pas. Au contraire ne l’enfonce t-elle pas encore plus? Un homme oscillant en permanence entre l’optimisme soufflé par certains et le pessimisme né de réflexions ou de l’attitude d’autres interlocuteurs, né de longues et vaines attentes, de fausses preuves ….Des interlocuteurs de l’administration du régime de Vichy soufflant le chaud et le froid….une connivence voulue de ces hommes au service d’un totalitarisme qui ne dit pas son nom

Une « souricière » décrite avec réalisme et minutie, un sentiment d’accablement et d’impuissance qui accable ce pauvre homme, qui malgré tout espérera…jusqu’à la fin et qui, confronté à des personnages glauques, se débat dans une atmosphère oppressante,

Une description sinistre du régime de Vichy …à découvrir

Un livre noir et angoissant, peu connu, d’un auteur, considéré avant-guerre comme l’un des principaux écrivains français ! Un auteur décédé en 1945 peu de temps après la parution de ce livre et la Libération.

Un vrai coup de cœur pour ce livre et pour cet auteur que je souhaite mieux découvrir
Lien : http://mesbelleslectures.com..
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Le piège

Il existe des situations inextricables, dans lesquelles on s'empêtre, dans lesquelles on n'en peut mais: des pièges. Fraîcheur de la perspective. Timidité de l'optimisme.



Voilà un diable de roman, original mais sobre. Le contexte historique (les débuts de Vichy) est aussi passionnant que relativement peu traité. L'ambiance est au bricolage politico-administratif et c'est une ambiance pesante. Rien d'épique dans cette Seconde Guerre mondiale, pas de spectacle, pas d'effets spéciaux, mais le sens du devoir de l'administration est salué. C'est la grande histoire vraie.

Au total, dans ce roman la finesse psychologique est remarquable. Le propos mesuré accroît encore la tension. Kafka sans l'humour, avec plus de minutie.



L'auteur a du être un boa constrictor dans une vie antérieure.
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Le piège

Emmanuel Bove (1898/1945) était considéré avant-guerre comme l'un des principaux écrivains français. son œuvre, rapidement tombée dans l'oubli à la Libération, est longtemps restée indisponible avant d'être rééditée à partir des années 1970.(information wikipédia).

Le Piège a été publié en 1945, année du décès de l'auteur.



En 1940, après l'armistice, Joseph Bridet semble vouloir rejoindre de Gaulle en Angleterre. Il a l'idée surprenante de se rendre à Vichy pour demander un sauf-conduit en se faisant passer pour pétainiste. Il pense naïvement duper ses interlocuteurs. C'est le contraire qui se produit. Il est balloté entre différents responsables de service en service. Victime de l'absurdité d'un pouvoir, il finira interné dans un camp. Les allemands s'y rendront pour choisir des otages...



Roman surprenant, écriture "blanche, atone", ambiance kafkaïenne.
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Le Pressentiment

Très bien écrit, histoire pas mal.
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Le Pressentiment

Nous sommes en 1931, à Paris. Voilà un an, Charles Benesteau, avocat, a tout quitté, sa femme, ses enfants, ses amis, son grand appartement du boulevard de Clichy, son travail. Pourquoi ? « Il trouvait le monde méchant. Personne n’était capable d’un mouvement de générosité. Il ne voyait autour de lui que des gens agissant comme s’ils devaient vivre éternellement, injustes, avares, flattant ceux qui pouvaient les servir, ignorant les autres. Il se demandait si vraiment, dans ces conditions, la vie valait la peine d’être vécue et si le bonheur n’était pas plutôt la solitude que ces misérables efforts qu’il lui fallait faire pour tromper son entourage ». Il vit désormais seul dans un trois-pièces rue de Vanves, dans un quartier populaire et sinistre près de la gare Montparnasse. Il consacre son temps à lire, se balader et écrire ses mémoires.



« En rompant avec le passé, il s’était imaginé qu’aucun de ses gestes aurait de conséquences, qu’il serait libre, qu’il n’avait plus jamais de comptes à rendre. Or, il s’apercevait à présent qu’il lui était impossible de ne pas se singulariser, où qu’il se trouvât. » Loin de trouver l’effacement auquel il aspire, Charles Benesteau devient bientôt le « Monsieur » du quartier, objet de toutes les attentions. Un jour, un jeune ouvrier vient lui demander un conseil car il veut divorcer de sa femme qui le trompe. En l’aidant, Charles Benesteau met le doigt dans l’engrenage : sa vie ne sera plus désormais que demandes, intrusions, soupçons et calomnie.



C’est que le monde des « petites gens » n’est pas plus reluisant que celui des bourgeois que Charles cherche tant à fuir. On y est aussi envieux, avide, calculateur, hypocrite et ingrat. « Il n’y a rien de plus trompeur que la bonne intention, car elle donne l’illusion d’être le bien lui-même. » Charles pensait qu’il aurait une nouvelle vie, qu’il se fondrait dans le décor, « qu’il serait une fourmi dans une fourmilière », alors la réalité est bien cruelle. Celle-ci se rappelle à lui également sous la forme de ses frères et sœur, ou de son ex-femme, qui ne cessent de le solliciter pour le ramener à son existence antérieure et qui ne lui pardonnent pas, plus que de les avoir fuis, d’être venu s’installer dans ce quartier misérable.



Charles Benesteau se demande d’ailleurs s’il en fait assez pour rompre avec son passé. « Le pressentiment » est le récit sensible et émouvant d’un homme ordinaire à qui toute quiétude est refusée. Le style est sans fioriture, simple, descriptif et linéaire, monocorde presque, mais n’en fait que mieux ressortir la violence des rapports humains cachée derrière les mots. Un style qui n’est pas sans rappeler celui de Simenon. Emmanuel Bove a aussi l'art, comme Simenon, de révéler les bassesses de la nature humaine. On a le pressentiment, grandissant au fil des pages, que le malheur va frapper, que les espérances de Charles Benesteau sont vouées à l’échec. Et la certitude, une fois le livre refermé, d'avoir lu un grand texte au réalisme noir.


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Le Pressentiment

Il y a une certaine condescendance à prétendre que la pauvreté est une vertu. Et une incroyable naïveté, si ce n’est de l’ignorance, à croire que les classes défavorisées sont plus solidaires que les autres strates de la société. C’est ce que Charles Benesteau va apprendre à ses dépens, alors qu’il vient d’atteindre la cinquantaine. Lui, issu d’un milieu bourgeois, étriqué et conventionnel, il va envoyer paître son travail (il est avocat), sa famille et ses amis (plutôt des connaissances). Et pour ce faire, il quitte tout pour s’installer seul, ailleurs, pour écrire ses mémoires et lire. Mais la vie va le confronter à la misère d’un couple dont il recueille, pour quelques temps, la fille. Subitement, lui qui se voulait discret, devient le centre des commérages malveillants du quartier. Il découvre que la bêtise et la méchanceté sont une question de nature humaine, et non de classe sociale. Oui, une concierge peut être médisante, jalouse et injuste. Mais une professeure de français, éduquée et aisée, peut l’être tout autant. Cette expérience l’usera et il se laissera mourir, déterminé à quitter ce monde si décevant en laissant (peut-être) un souvenir à quelqu’un. Il est troublant de lire la description de cette agonie quand on sait qu’Emmanuel Bove était lui-même de santé fragile et mourut d’une maladie infectieuse.

La description de milieux sociaux à travers des archétypes féminins est une idée très intéressante. Ainsi la femme la plus sincère avec Benesteau est la femme adultère, celle qui trompe un mari alcoolique et violent. Alors que celles qui se disent « convenables » sont soit des harpies, soit des harengères. Tous les hommes sont plutôt mous de caractère. Tout ce petit monde mesquin évolue dans un décor souvent décrit en quelques phrases explicites, au cœur d’un Paris à jamais disparu (l’action se déroule dans les années 1930). Il y a dans ce style épuré les prémices des romans de Georges Simenon, à la même époque, genre « les Fiançailles de M. Hire ». En effet, Emmanuel Bove nous propose, en réalité, une intrigue plutôt simple, mais avec un décor et des personnages forts. Une intrigue dont le héros est attachant d’humanité, obligé d’aller au bout de lui-même, de sa logique en dépit des autres protagonistes.
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Le Pressentiment

Benesteau se sent en butte avec son entourage, des caractères compliqués de narcissisme et de cupidité. Il souhaite changer de vie sans le faire réellement ― il cesse mollement de fréquenter sa femme et sa famille, déménage dans une autre rue, dans un quartier moins favorisé ― il cherche à se différencier des autres, par la simplicité, par une philanthropie qui n'en est pas une car il ne veut pas être "spécial". Les difficultés reviennent assez vite, plus nombreuses, même. Si le sens de cette retraite manquée s'éclaire à la fin du récit, celui-ci me semble beaucoup moins réussi que l'idée sur laquelle il se construit ; assez platement, assez mollement, presque à l'image de son personnage pour ainsi dire. Comme en roue libre.
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Le Pressentiment

C'est l'histoire d'un ancien type bien qui en a marre de sa vie de vitrine et qui se dit, tiens, si je coupais les ponts avec tous les saligauds qui entretiennent l'apparence ? A partir de là, il vit seul et programme cette vie qui lui reviendra lorsqu'il qu'il se sera débarrassé de sa richesse. Mais il doute de lui : « Il était parti parce que son entourage lui était devenu insupportable. Il avait cru montrer ainsi qu'il était un homme différent. L'était-il vraiment ? N'était-il pas tout simplement un égoïste ? »





Il peut être étrange de se reconnaît comme égoïste lorsque, d'un point de vue extérieur, les autres ont l'impression que la réussite est sacrifiée au profit d'un motif plus noble qui contraint à se reclure loin du monde. Tout se passe comme si Charles avait compris qu'il abritait le germe d'une maladie mortelle et qu'il devait vite transformer sa manière de vivre pour se retrouver en adéquation avec ce qui prenait de lui de l'ampleur - sous la forme du pressentiment, dirons-nous après coup, quand tout apparaîtra dans l'évidence. En quelque sorte, il passe le flambeau, la torche vive, cette illusion du faux bonheur, pour se garder le secret du vrai bonheur à lui tout seul. Il se donne l'impression d'être égoïste à cause de ça. Il laisse les autres seuls dans leur cambouis, sans leur dire ce que lui a compris. « Pour eux, ce qu'il avait fait était extraordinaire, alors que pour lui, c'était si simple ».

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Le Pressentiment

L'avocat Charles Benesteau quitte sa famille et son milieu bourgeois, pour vivre seul dans un quartier populaire où il pense rencontrer des gens plus sincères que dans son environnement précédent. Mais ce n'est pas le cas. Tous se méfient de lui, ,famille et ses anciens amis. Il est même suspect aux yeux de ses nouveaux voisins. L'intrigue fait du héros un homme d'une grande humanité

Le style simple fait ressortir la violence des rapports humains. "Le pressentiment"grandi au fil des pages, et que, le malheur va frapper.





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