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Citations de Emmanuel Guibert (235)


Un type enrubanné de blanc. Pas l’allure d’un montagnard, plutôt une sorte de lettré.
Il attaque sec : « Quelle est ta religion ? »
C’est une question à laquelle je commence à m’habituer. Je halète :
« Isawi. »
Il me parle comme à un enfant, avec beaucoup de gestes.
Isawi, c’est khub, c’est bien. Musulman, c’est bissior khub, c’est beaucoup mieux. Il ira au paradis et pas moi.
Par contre in ne s’agirait pas que je sois yahud. Yahud c’est khalop, c’est vraiment mal. Il dit ça en fronçant les sourcils.
Et puis pof, il me plante là.
Ça a duré trente secondes, montre en main.
Par acquis de conscience, je vérifie dans mon dictionnaire ce que j’ai déjà pigé. Yahud, ça veut bien dire juif.
Qu’est-ce que ça peut être un juif pour ce gars ?Ce qu’il sait, il l’a appris d’une doctrine qu’à son tour il diffuse dans les grands chemins. Combien il y en a des VRP comme lui, en Afghanistan ?
Je médite un moment sur l’affrontement des religions et regardant mes pieds progresser dans la caillasse.
La question prend l’apparence de la montagne que je gravis : Aride, écrasante, immuable.
Au fond, ça me déprime que ce gars n’ait rien eu à foutre de savoir ce que je faisais là ni où j’allais.
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- Ensuite, il faut savoir que le chadri, c’est assez récent. À peu près un siècle. Auparavant, beaucoup de femmes de villes, de toute leur vie, ne mettaient pas le nez hors de leur maison.
- C’est vrai ?
- Bien-sûr que c’est vrai. Dans une grande ville, une femme est vouée à côtoyer des inconnus. C’est pour ça que l’invention du chadri a été un gain d’autonomie et de liberté. Elles ont enfin pu sortir de chez elles.
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La lumière est très franche aujourd'hui, l'air pur comme jamais. L'épuisement et les circonstances de la guerre ne viennent pas à bout d'un sentiment intense.
Il faut dire que ce soleil, ces montagnes, John, sac à dos, qui marche d'un pas de randonneur, ça ressemble à s'y méprendre à la paix.
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Saoul de fatigue, au passage du col, je dois avouer que je me demande ce que je fous là. Et comme d’habitude, je me réponds en prenant des photos.
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Le col est franchi de nuit. On s'arrête à flanc de montagne, dans des ruines qui nous abriteront tant bien que mal. On se pelotonne contre les vieilles pierres, après avoir partagé un oeuf dur en dix.
Au petit matin, tout le monde est raide de froid comme la carcasse du cheval hier.
Il ne faut pas moisir ici et rallier au plus vite le village d'Anjoman. On marche comme des dormeurs tirés du lit par un tremblement de terre et qui n'ont eu que le temps de s'enrouler dans une couverture. On guette le ciel opaque.

Voici une rivière, très large, pas profonde, mais impétueuse. La caravane s'engage. Encore un âne en difficulté. Des Moudj' le débarassent de son bât et tentent de le hisser sur une pierre.
Je photographie beaucoup. A mesure que je photographie, je sens qu'une bonne photo est à ma portée. C'est comme si je pêchais et que ça morde. Je retiens mon souffle chaque fois que j'appuie.
Si j'ai bien fait mon boulot, elle devrait être là, dans les cinq ou six dernières.
(note de KrisPy : et oui... c'est dommage, je ne peux pas vous mettre les photos... et elles sont supers ! vous pouvez me croire... lisez "Le Photographe" j'vous dis... ^^)
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[Le fils ado, qui arrive à table fort en retard après avoir été appelé x fois] Je ne savais pas qu'on avait un âne à table aujourd'hui.
[Pancrace, le père] Avec toi, ça fait deux.
[La mère] PANCRACE, soit poli avec notre invité !
[Le père] J'essaie seulement d'élever ton veau, pour qu'il vienne à la mangeoire quand on l'appelle !
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Au bout de dix-huit mois, j'en suis arrivé à la conclusion que je n'avais pas vécu ma propre vie. Je n'avais pas vécu la vie de la personne que je suis. J'avais vécu la vie de la personne qu'on voulait que je sois, c'est différent. Et cette personne-là n'a jamais existé.
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« Moi, j’ai cette chance de pouvoir aller partout. En tant que chef de mission, je peux aller chez les hommes et en tant que femme, je peux aller chez les femmes. Et j’aime mieux te dire que nos rapports sont tout ce qu’il y a de naturel et de spontané. » (p. 65)
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« En Afghanistan, il y a la guerre. D’un côté, l’armée d’invasion soviétique et l’armée du gouvernement communiste en poste à Kaboul, de l’autre les Moudjaidin, les résistants. Au milieu, les organisations humanitaires. » (p. 10)
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- Toi, t’es minuscule et tout le monde te regarde. Moi, je suis bardé de jaune fluo et personne me voit. Dans l’échelle sociale, t’es à vingt, moi à zéro.
- Je suis nouveau, c’est pour ça. Vous, vous êtes là depuis l’Antiquité avec votre balai. Les gens qui abattent une besogne utile, ingrate et vieille comme le monde sont toujours invisibles.
- Ben merde alors !
- Mais arrêtez un peu de balayer, vous allez voir.
- Voir quoi ? La terre va pas s’arrêter.
- Si, justement. Dans une semaine, la ville est sale. Dans un mois, elle est encombrée. Dans deux mois, paralysée. Dans trois mois, les rats font la loi. Dans six mois, la peste revient avec la guerre civile. Dans un an, tout le monde est mort.
- Sans blague !
- Sur l’échelle sociale, vous êtes à la ramasse, mais sur l’échelle vitale, c’est vous qui avez vingt et moi zéro.
- Faudrait revoir l’échelle des salaires, alors.
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Evidemment, ça a été mon seul acte de pillage pendant la guerre. Nous étions tous de gentils garçons, pas très expérimentés. On s'est un peu forcé à aller dans les maisons et à piller. Certains trouvaient ça amusant, d'autres pas. Cependant on rencontrait de temps en temps des soldats d'autres unités qui avaient fait plus de guerre et qui nous parlaient souvent de pillage. C'était ne chose qui se faisait beaucoup. En principe, de petits vols chez les gens pour avoir un ceci ou un cela qu'on voulait.
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Et puis le super-entrainement a commencé.
Il y avait des marches, des courses d'obstacles, on étudiait les armes de toutes sortes, la façon de se conduire, de faire des patrouilles,
on apprenait comment se servir d'une capote anglaise, à se méfier des putains, (on ne nous parlait pas encore de pénicilline, à l'époque, je ne connaissais même pas ce mot)
enfin, tout ce que vous voulez,
même à nettoyer par terre.
C'était très complet.
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Quand j'ai eu 18 ans, Uncle Sam m'a dit qu'il aimerait bien mettre un uniforme sur mon dos pour aller combattre un gars qui s'appelait ADOLF . Ce que j'ai fait. Alan Ingram Cope
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"J'aime pas les spectacles où on me demande si ça va, où on me fait chanter et taper dans les mains. Ça me fait honte. "
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Je n’aimais plus la vie de l’Amérique. J’aimais le pays, la terre, les gens, mais je n’aimais plus la mentalité. Elle a beaucoup de bon, pourtant, la mentalité américaine, mais il lui manque le fond de l’existence. Et c’est pour ça que, sous certains aspects, l’Amérique va si mal. La plupart des Américains vivent sur la surface de l’existence, moi je voulais vivre sur le fond.
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En fait, l'école ne fonctionne pas. on est en septembre, c'est les récoltes. Les enfants sont aux champs. Ils se débrouillent, à l'afghane, pour apprendre deux ou trois choses, mais dans l'ensemble, ce sont tout entiers des petits travailleurs ou des petits combattants. Ce qui est terrible, c'est que de plus en plus, leurs modèles uniques sont des adolescents qui ne savent faire que la guerre et qui s'en vantent. Pas d'alternative. Personne pour expliquer que savoir des choses, ça vaut mieux que s'étriper.
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Toute cette réaction que j'ai eue à la mort de ma mère est assez curieuse.
J'ai pleuré pour bien des choses qui m'ont attristé dans ma vie, mais pour ma mère, non.
C'était trop grand.
Il y avait une étrange beauté dans cet effet que le destin peut avoir sur la vie d'une personne.
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Je ne sais plus qui a dit : « grimper est fatiguant, descendre est douloureux. » Mais c’est vrai.
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- C'est idiot, les balles de match. Quand on arrive à la balle de match, on devrait avoir gagné le match. Comme ça, on éviterait la balle de match.
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- Où tu m'as emmené, c'est pas Jérusalem ici.
- C'est la banlieue. C'est bien de trainer ici pour avoir des informations sur ton père.
- Non. Mon père il est dans la ville, dans les murs.
- Je ne peux pas t'y emmener.
- Peureux.
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