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Critiques de Emmanuel Venet (111)
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La lumière, l'encre et l'usure du mobilier

Emmanuel Venet, auteur de l’excellent Marcher droit, tourner en rond, ne manque ni d’intelligence ni du verbe pour l’exprimer, mais il a aussi l’extrême délicatesse de dissimuler son autobiographie dans une suite de textes courts dédiés à des thématiques diverses (la religion, la guerre, la médecine) et des figures aussi variées que Glenn Gould, Freud (le titre de ce livre est dévoilé dès les premières pages et c’est une merveille), Kafka, Rimbaud, Cendrars ou encore le "docteur" Franz Anton Mesmer (dont il se moque avec allégresse), fragments d’une totale liberté où Venet se raconte en se tenant en arrière-plan. Comme le disait Gracq : « Il n’y a pas d’autres sens interdits pour le roman que ceux qui finalement ne seront pas empruntés, et quand on légifère dans la littérature, il faut avoir au moins la courtoisie et la prudence de dire aux œuvres "Après vous…" ». C’est brillant, souvent drôle, et on en viendrait à espérer que la littérature de soi – cette autofiction mal nommée - puisse atteindre de temps à autre une aussi grande qualité, d’aussi pertinentes et plaisantes vertus, car le plaisir de lecture ici est grand – immense même. Quelle réussite et quel feu d’artifice pour l’intellect.
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Marcher droit, tourner en rond

Le narrateur assiste aux obsèques de sa grand-mère Marguerite et en profite pour passer en revue chaque membre de sa famille, lui qui étant atteint du syndrome d’Asperger, a toujours été à part. Ce syndrome, appartenant au spectre de l’autisme, se caractérise notamment par d’importantes difficultés dans les relations sociales, sans aucun retard intellectuel, au contraire, les Asperger ayant souvent un QI supérieur à la moyenne. Ayant la passion de la vérité, le narrateur est dégoûté par l’éloge funèbre prononcé notamment par celle qui officie, Mme Vauquelin, car non, sa grand-mère n’a pas été le personnage magnifique et sans défaut qu’on présente. « La dame Vauquelin, de la Pastorale diocésaine, aura finalement proféré une vérité involontaire en affirmant que ma grand-mère Marguerite était ‘une femme de tête autant qu’une femme de cœur’. Car ma grand-mère Marguerite était en effet à peu près aussi incapable de réfléchir que d’aimer. » ● Son monologue intérieur va dénoncer toutes les hypocrisies des membres de sa famille et de la société, lui qui ne sait pas mentir, et qui n’est passionné que par trois choses : le Scrabble, les catastrophes aériennes et Sophie Sylvestre-Lachenal, son amour de jeunesse resté platonique. Par exemple : « ma tante Lorraine ne fréquente que des gens incroyablement banals, issus de la classe moyenne aisée inculte, avec qui elle échange des opinions vestimentaires et des idées battues pêchées dans Le Nouvel Observateur, parce qu’elle aussi se croit de gauche. » ● Empêché par son neuroatypisme de revêtir le masque social que chacun revêt, il est particulièrement habile à voir ce qu’il y a derrière et à le dénoncer sans prendre de gants. ● C’est donc celui qu’on prend pour un semi-débile et un asocial qui a le regard le plus acéré sur le monde et la société. « Quand j’ai fait part à ma tante de ma surprise à la voir fréquenter autant de mythomanes et de malades mentaux, elle m’a répondu qu’elle me fréquentait bien, moi : preuve qu’elle me prend pour un psychotique au mépris des explications fournies par le professeur Urs Weiss soi-même, qui définit le syndrome d’Asperger comme un variant humain non pathologique voire avantageux, puisqu’il garantit, au prix d’une asociognosie parfois invalidante, une rectitude morale plutôt bienvenue dans notre époque de voyous. » ● Ce roman est très bien écrit mais j’aurais préféré que l’auteur accentue sa dimension comique. Il y avait matière à faire une superbe comédie de mœurs, mais sur ce point il me semble que l’auteur reste au milieu du gué ; la dénonciation grinçante de l’hypocrisie sociale ne m’a pas fait suffisamment rire !
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Précis de médecine imaginaire

Un recueil .. de maladies .. imaginaires ou oubliées.

Precis de Sémiologie ironique

Courts textes à dégus­ter légers

Pour y revenir

pour conter des pathologies souvent grave

Derision

Derisoire.

De l'humour

De la culture

Mais un espace tellement médical
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Schizogrammes

C'est une grande affection pour ces malades mentaux incurables et pas forcément dangereux qui transparait dans ce livre du psychiatre clinicien.

Il cite avec beaucoup de gentillesse et d'humour les "cuirs" de ses Marcel ou Marcelle dont il re-situe les confusions langagières dans le contexte des aberrations administratives de la médecine pas forcément moins nocives pour les patients.

On se prendrait même de temps en temps à penser que l'hospitalisation psychiatrique semble un cocon confortable (à condition d'avoir un médecin sympa comme Emmanuel).

Mais il est toujours réjouissant de s'entendre répondre par une personne à qui l'on demande si ça va "Il y a des jours où ça va et des jours où ça va bien - Dans l'ensemble ça reste global".

Réjouissant et affectueux.
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Marcher droit, tourner en rond

A l'occasion des funérailles de sa grand-mère, le narrateur, autiste asperger, passe en revue les membres et l'histoire de sa famille. Ce syndrome lui offre une vision limpide et sans concession de son entourage, dans lequel il est facile pour le lecteur de s'identifier par touches.



Ce court texte qui ne manque vraiment pas d'humour, expose sous la lumière crue de la vérité nos travers et nos compromissions, qui nous permettent certes de faire société mais à quel prix !



On pourra souligner que la galerie de personnages est un condensé un peu trop concentré de turpitudes occidentales, mais l'exposition n'en est que plus savoureuse car elle se veut honnête et jamais méchante.
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Schizogrammes

« Les parents de Marcel sont donc vivants mais décédés. Philosophe, notre homme ajoute que dorénavant ce sera comme d’habitude. Ce pourrait être la devise des schizophrènes, signant à la fois leur drame et leur force dans cette époque où l’on soigne les psychotiques par antipsychotiques sans y entendre malice. » C’est Emmanuel Venet qui l’écrit dans ce drôle de texte qui parait ces jours aux éditions de la Fosse aux Ours. Maintenant à la retraite, Venet peut revenir sur ses « clients » : tous ces psychotiques qu’il a croisés en quarante ans, leurs déclarations souvent amusantes (« à quoi ça sert de vivre quatre-vingts ans, si c’est pour mourir après ? »), mais aussi l’état actuel de leur prise en charge, la poésie qui se cache parfois ou souvent - c’est selon - dans leur folie. Derrière ces anecdotes amusantes, touchantes, cocasses, Venet peut parler de son métier, de ses incohérences, ses progrès ou ses reculs, surtout lorsque – nous apprend-t ’il – on a fait de psychotique dangereux un pléonasme comme c’est le cas maintenant grâce à un certain « président Sarkozy... Schizogrammes est plein d’esprit, d’intelligence, de drôlerie bien sûr – j’ai éclaté de rire, mon sandwich à la main, sur un banc de pierre en vieille ville de Genève, pas plus tard qu’hier midi (on est le 18 octobre et il fait beau et doux), créant l’étonnement si ce n’est l’effarement, autour de moi. Le monde n’a pas besoin de merveille et on attend plus de miracle, mais il a besoin d’émerveillement. Cet émerveillement, on peut le trouver dans les arts, dans la littérature et pour sûr : dans ce livre d’Emmanuel Venet.
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Virgile s'en fout

Mélangez indécisions amoureuses et diverses, médecine et littérature. Ajoutez pas mal d’humour, des listes incongrues et situez ça en 1981. Avant de servir, entrelardez la préparation d’épisodes mythologiques abracadabrantesques … Voilà, c’est prêt !



Oui, l’auteur s’est un peu laissé aller. Et pourtant, ce Virgile s’en fout n’est pas un gloubiboulga informe, au contraire…



C’est la très drôle histoire d’un jeune étudiant en médecine souhaitant écrire, un peu perdu entre l’amour impossible et une morne destinée
Lien : https://www.noid.ch/virgile-..
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Virgile s'en fout

C’est un rien désenchanté, drôle souvent pour ne pas être grave. Mais, à mesure qu’avancent les mois de cette chronologie intime, on glisse doucement d’un roman d’apprentissage léger au roman d’une vocation.
Lien : https://www.lemonde.fr/livre..
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Virgile s'en fout

C’est l’histoire « d’un médecin qui voudrait écrire... mais qui ne sait pas au juste où l’écriture le mène », un homme qui souffre « d’une forme d’écartèlement interne » entre la littérature et la médecine...

Est-ce que « ça intéressera les lecteurs ? Peut-être, on verra bien. »

Qu’il se rassure Emmanuel Venet, la vie banale d’un jeune interne (un double de l’auteur certainement) passionné de littérature et qui se voudrait écrivain sans avoir rien à dire ni vision particulière du monde, ça nous intéresse, nous, les lecteurs !

On s’amuse de ses démêlés amoureux avec la belle et irrésistible Alexia Maurer ou avec une certaine Chantal Magnard à la « croupe un peu large et aux idées indéniablement étroites » qui voudrait bien devenir son épouse et faire de lui un gentil cardiologue de province... On se régale de cette bande d’amis qui ont entrepris de bâtir l’impossible liste des cent meilleurs livres de la littérature française… Que de discussions, de disputes à ce sujet !

Oui, on retrouve avec grand plaisir l’auteur du génial « Marcher droit, tourner en rond », son humour piquant et sa vision désenchantée du monde…

En revanche, les lecteurs iront-ils jusqu’à lui pardonner ces très nombreuses pages barbantes sur les histoires de Thésée, Phèdre et autres personnages mythologiques dont on n’a que faire, pages que l’on finit par ne plus lire tellement l’on a hâte de retrouver notre antihéros et le mal-être existentiel qu’il traîne avec lui.

On a bien compris que notre petite vie que l’on s’invente comme on peut ne fait que reproduire des schémas vieux de plus de mille ans, que notre petite histoire n’est que le reflet d’autres histoires, toujours les mêmes, qu’on ne se sortira jamais des « je t’aime moi non plus », des « fictions conjugales » auxquelles on croit très fort mais qui ne durent qu’un temps… Était-il vraiment nécessaire de mêler à la vie de notre interne celle de personnages mythologiques (dont on se fout royalement) qui viennent rompre le plaisir de la lecture pour comprendre que  nous sommes « partie prenante d’un enchevêtrement d’histoires dont [on] ne sait rien, banalement ignorants de [nous-mêmes] et du monde, faits de pièces et de morceaux éparpillés dans une mémoire sans sujet et réunis dans un corps sans mémoire » ?

Éventuellement (et encore!), un traitement particulier de ces petits récits aurait pu retenir l’attention mais ce n’est hélas pas le cas et l’on se retrouve à lire des extraits de dictionnaire de la mythologie... Dommage. Vraiment dommage.

Parce que franchement, on l’aime beaucoup Emmanuel Venet, et on est même prêt à lui pardonner parce que « Virgile s’en fout » renferme des pages merveilleuses sur la vie et la littérature, de celles qu’on aime à relire régulièrement à haute voix tellement elles nous enchantent...

« Comme chacun, j’avance à tâtons dans l’inintelligible, aidé par ces paroles qui me confirment que la marche la plus incertaine peut au moins trouver à se dire ; que les mots peuvent accueillir des réalités qui les excèdent; et que parfois, un lambeau de réel se laisse piéger dans la langue, enchantement qui relance mon envie d’écrire le monde- ou tout au moins l’infime part que je crois en connaître. »

Rien que pour ça, il faut lire « Virgile s’en fout »…

Et aussi, bien sûr, pour découvrir la liste des 100 meilleurs titres de la littérature française !
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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Virgile s'en fout

D’un côté, il y a le commun des mortels, notre narrateur, interne en médecine, sa vie est compliquée.



De l’autre côté, il y a les dieux grecs et leurs vies de guerre et de débauche… c’est compliqué aussi.



La question est posée: Est-ce que tout cela ne serait pas une seule et même histoire ? Nos vies en récit pour la postérité ?



De façon plus pragmatique, ne pourrait-on pas dire qu’Emmanuel Venet se prend pour un Titan? Ou bien est-il un mythe-o ?



Virgile s’en fout (« comme de sa première toge ») et moi aussi , car j’ai passé un très bon moment de lecture, et j’ai bien ri . Allez-y !
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Virgile s'en fout

L'œuvre entière d'Emmanuel Venet est dédiée à la rencontre de la médecine et de la poésie. Récit d’apprentissage teinté de mythologie grecque, roman oulipien et à listes, mais aussi chronique de l’année 1981 - celle de l’arrivée au pouvoir de François Mitterrand et des peurs irrationnelles qui y seront liées -, Virgile s'en fout est aussi le feuilleton de la dernière année des études de médecine du narrateur et de son en désir secret de «transformer en matière littéraire la limaille des jours ouvrables et l’or des rares nuits de Chine». Les personnages qui l'entoure sont hauts en couleur : la belle Alexia, qui pense que «la médecine s’apprend au bistrot, et la psychiatrie dans les romans» ; l’attachant Bruno Veyssière, libraire au Temps Perdu, qui établit chaque vendredi soir, en compagnie d’un aréopage de lettrés et de quelques bouteilles de pouilly-fumé, la liste des «cent plus beaux livres de langue française» ; sans oublier le charmant docteur Ferrand, qui explique au narrateur qu’«une bonne pratique médicale se nourrit aussi des grandes œuvres littéraires». D’une grande richesse sur la vie et tous ses reliefs, à savoir la maladie, la mort et, vous l’aurez compris, la littérature, Virgile s’en fout est la rencontre improbable et géniale entre un Marcel Proust féru de mythologie grecque et un Pierre Desproges faisant fonction d’interne. Un roman d’une rare originalité.
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Manifeste pour une psychiatrie artisanale

Ce livre est un cri d’alarme, la psychiatrie publique est en danger. La logique néolibérale est à l’œuvre et a un impact direct sur la qualité des soins. Le psychiatre et auteur Emmanuel Venet dénonce « une psychiatrie industrielle, quantitative, protocolisée, standardisée, numérisable, objectivante, désincarnée, ultrarapide et inégalitaire ». Ce passage relevé sur le site des éditions Verdier, dans la présentation du livre, illustre parfaitement ce contre quoi les défenseurs d’une psychiatrie artisanale se battent.



L’auteur livre un manifeste important et très bien documenté, à lire sans hésiter.
Lien : https://lesmafieuses.wordpre..
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Marcher droit, tourner en rond

Les fêtes de Noël approchent. Pour certains, elles sont synonymes de retrouvailles et d'étoiles dans les yeux des enfants. Pour d'autres, il s'agit de trouver comment éviter les sujets qui fâchent (d'autant qu'ils ont tendance à se multiplier par les temps qui courent) et les bisous-qui-piquent de tata Suzanne. 

Pour ces derniers, la lecture de "Marcher droit, tourner en rond" pourrait bien être une catharsis. Car le narrateur, atteint du syndrome d'Asperger, explose toutes les conventions sociales au nom de son asociognosie et de la Vérité. Sa grand-mère était une femme volage et grippe-sou, il ne comprend pas pourquoi elle est encensée lors de son funérailles.



En fait, les relations familiales et les petits arrangements qu'elles impliquent sont un mystère pour ce narrateur passionné de scrabble et d'informations sur les accidents d'avion. Des règles et des données fiables, c'est ce qu'il lui faut. 

Fiable, ce récit l'est également, car Emmanuel Venet côtoie des patients atteints du syndrome Asperger dans son travail de psychiatre. Évidemment, cela reste un roman, mais nous sommes loin de l'image de l'autiste (parfois bien pratique pour ne pas dire carrément cliché) vue et revue en littérature. 

On suit donc ici les pensées "justes" mais spiralaires d'un narrateur assistant à l'enterrement de sa grand-mère. Il en profite pour exposer toutes les poses et hypocrisies familiales qui l'agacent.



Alors d'accord, excepté son père, personne ne trouve grâce aux yeux du narrateur. Mais peut-on lui en vouloir dans la mesure où les incohérences qui parsèment notre quotidien lui sautent aux yeux et l'agressent ? 

Son point de vue a un aspect transgressif et sale gosse qui m'a bien plu. Un petit scrabble pour fêter ça ?
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Ferdière, psychiatre d'Antonin Artaud

Monographie très originale, parce qu'à contre-courant des idées préconçues, sur le psychiatre d'Antonin Artaud.



A travers Ferdière, c'est aussi la figure caricaturale du psychiatre que l'auteur tente de réhabiliter : la figure du bourreau qui ne jure que par les électrochocs qu'il impose au poète.



Il s'agit de dévoiler la complexité de l'homme, qui se voulut poète avant d'être médecin des poètes, un homme qui traversa le siècle en cheminant avec l'avant-garde (il fut proche des surréalistes, mais aussi de Hans Bellmer et de Unica Zurn), un homme avec ses failles, mais un homme qui resta droit, assumant son devoir de praticien.



Cela dit, le plus intéressant dans cet ouvrage, c'est l'écriture elle-même, le style de l'auteur qui est tout à la fois précis et flamboyant, rythmé et sonore, sec et coloré, créant de ce court texte un véritable poème. Et l'on se rend compte alors que l'auteur est lui aussi psychiatre et poète, dessinant en creux en cette biographie la réhabilitation d'un double de lui-même - qu'il dépasse.



On sort du livre avec la conviction d'avoir redécouvert un psychiatre, Ferdière, et d'avoir découvert un poète, Venet.



©Cendre-Bleue
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Manifeste pour une psychiatrie artisanale

Ce manifeste devrait être mis entre toutes les mains.



En premier lieu, parce que la psychiatrie n'est pas réservé « aux autres », « les fous » (je ne cite pas l'auteur ici mais me réfère en clin d'oeil au mécanisme de défense bien connu qui rejette sur un tiers ce que l'on dénie de soi-même) quand on apprend que l'ensemble des maladies psychiatriques touche environ un cinquième de la population et que « sur la vie entière, environ un tiers de la population a souffert, souffre ou souffrira, d'une pathologie psychiatrique. » Ce livre nous concerne toutes et tous, donc.



En second lieu, parce que la dérive dénoncée par l'auteur dans le domaine psychiatrique, fondamentalement la négation du psychisme et de l'intersubjectivité, au profit de la marchandisation universelle qui s'appuie sur la standardisation et sur la rationalisation, si elle n'est pas nouvelle, d'une part est aujourd'hui en phase d'accélération de par l'avènement de l'intelligence artificielle et l'hégémonie globale du néolibéralisme, mais aussi, d'autre part, crée un risque sociétal qui va bien au-delà du champ psychiatrique.



En troisième lieu, parce que son auteur incarne ce qu'il défend : sa plume est celle d'un poète, sa pensée celle d'un philosophe, son intention celui d'un médecin, son livre celui d'un « honnête homme », de l'humaniste qui regarde le monde de manière holistique, sans occulter ce qui lui échappe et ce qu'il ignore. L'auteur conclut en encourageant les psychiatres à oeuvrer tels des artisans, des luthiers plus précisément, ce qui suppose un temps long et un soin adapté à la personnalité unique du patient. L'être n'est pas réductible à l'objectivité.



La question que ne pose pas le livre mais que doit se poser le lecteur est celle-ci : Emmanuel Venet est-il, telle la Sagesse, seul à crier dans le désert ? Est-il déjà trop tard ? Ou peut-on encore dévier le rouleau-compresseur scientiste et néolibéral qui déferle sur nous ?



©Cendre-Bleue
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Manifeste pour une psychiatrie artisanale

Emmanuel Venet remet en cause les politiques de la santé publique en France, en particulier en psychiatrie, leur gestion comptable qui privilégie l’économie au détriment du bien-être des malades. Il s’insurge notamment contre la suppression des lits, revient sur les évolutions récentes – sectorisation/transversalité- donne des éléments d’information sur le courants de psychiatrie contemporains, sur les diverses classifications des troubles mentaux, sur le nombre de personnes souffrant de ces troubles …

Critiquant ce qu’il nomme « la psychiatrie de symptôme », et la tendance actuelle à privilégier la thérapie médicamenteuse, il rend hommage à la pensée du psychanalyste Sigmund Freud, et résume en quelques lignes les « idées forces » de celui-ci, en ce qu’elles ont modifié la psychiatrie en France.

En conclusion, il préconise une psychologie artisanale, insistant sur sa dimension triple « biopsychosociale ». Pour lui, « la psychologie ne saurait ses réduire à une palette de techniques entre lesquelles il faudrait choisir la plus pertinente en fonction d’un barème standardisé ». Il considère que la psychiatrie repose d’abord sur une relation entre un soignant et un soigné, et en premier lieu sur l’attention et le respect qui doit lui être porté. Il conclut ainsi « l’exercice de la psychiatrie s’apparente à un artisanat d’art ».

C’est un ouvrage très intéressant, parce qu’il donne aux lecteurs des éléments d’information nécessaires à la réflexion, et rappelle des notions de base que l’on a parfois oublié (ou bien que l’on ne connaît pas).

A la fois militant et pédagogue, Emmanuel Venet explique, démontre et dénonce.

Une démarche à la fois scientifique et engagée.



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Marcher droit, tourner en rond

Un livre sans chapitre, écrit par un personnage atteint d'autisme Asperger. On est parfois d'accord avec les propos car ils sont justes et dit sans filtre, chose que l'on aimerait parfois pouvoir faire nous aussi... Mais je ne suis pas entrée à fond dans le récit malgré tout.
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Marcher droit, tourner en rond

Voici un petit roman qu’il ne faut pas manquer de lire. Original, souvent comique, « Marcher droit, tourner en rond » dénonce, entre autres, les compromis dont nous nous accommodons, les conventions sociales qui nous éloignent de toute honnêteté intellectuelle, et la mesquinerie qui rôde autour de nos relations. Ce texte – un homme atteint d’un syndrome autistique décrit sa famille à l’enterrement de sa grand-mère, une femme détestable que chacun se sent obligé de rendre admirable – est un enchaînement de descriptions et de situations piquantes et cinglantes dont on ne se lasse pas.

Mais, au-delà de cette narration, Emmanuel Venet s’emploie à nous faire comprendre ce trouble psychiatrique, le syndrome d’Asperger, qui mène chaque patient à… tourner en rond.
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Manifeste pour une psychiatrie artisanale

Petit livre qui est un manifeste, et pas un pamphlet anti. La critique n'est pas rude. Il fait un constat chiffré, assez honnête des difficultés de terrain dans la psychiatrie en France.

Il tente de réhabiliter a minima la psychanalyse, qui est mère de cet art centré sur l'individu, en opposition à cette volonté scientifique qui écrase le sujet pour les statistiques, les guide-lines de bonne pratique, les symptômes fréquents, les classifications et la médication à l'avenant...

On peut partager pas mal des idées et prises de position de l'auteur. Tout en se demandant comment encadrer les prétendues objectivations et objectifs de médecine evidence based et d'encadrer, de protéger aussi chaque sujet, chaque personne, chaque individu.

Je ne pense pas que ce livre soit un media bien utile et bien puissant pour cette cause qui semble presque perdue d'avance. Enfin, laisser ses traces, semer des cailloux dans les chaussures des géants, c'est déjà ça ?
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Marcher droit, tourner en rond

Le narrateur, atteint du syndrome d’Asperger, enterre sa grand-mère. A partir de cet évènement, il déroule réflexions et évocations de souvenirs sur sa vie familiale et sociale.



Nous découvrons ainsi son mode de penser, sa vision du monde et surtout des rapports sociaux bien compliqués pour lui. Car comment faire dans ce monde de mensonges et de faux-semblants quand seules comptent la vérité et la logique ?



Comment même y comprendre quelque chose à ces drôles d’humains et à leur façon encore plus bizarre de relationner ?



Est-il donc le seul à marcher droit ?



Un livre drôle et d’une telle logique qu’on ne peut que s’interroger avec le narrateur sur nos comportements étranges.
Lien : https://etsisite.wordpress.c..
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