Il s’était fait un café pour mieux réfléchir à la collision, disant tout bas : "Le présent. Il n’y a que le présent. C’est ici, c’est maintenant et après on meurt."
Cela n’avait pas duré bien longtemps, peut-être une dizaine de jours, et un matin elle n’était pas venue, un jour, deux jours, une semaine, deux semaines, tout le monde s’était inquiété, on l’appelait sur son téléphone portable, elle ne répondait pas, on lui écrivait chez elle, les lettres revenaient. On s’était même demandé si elle était morte et comment on licenciait une morte sans certificat de décès, puis ils s’étaient repris : si l’annonce de sa mort n’avait pas été faite, elle devait être vivante, quelque part et loin d’eux, ce qui lui avait été confirmé par un mot qu’elle lui avait fait porter au bout de trois semaines d’absence. Franck Bourgoin avait alors été contraint de la licencier, ce que Marie-Claude avait pris avec une forme de résignation douce.