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Citations de Emmanuelle Lambert (82)


Elle l'a répété, écrire mène à écrire. On a envie d'ajouter " et seulement à ça" tant le besoin de leçons, de dictactique des gens est lassant. Les écrivains ne sont pas là pour nous édifier.
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On la recouvre,on l'isole dans une case, ça va bien avec la vie de son corps,ses manières abruptes,son non-conformisme.
On ignore au passage le raffinement extrême,la syntaxe parfois tendue jusqu'à l'abstraction la plus opaque, le vocabulaire qui claque,au milieu d'une phrase ordinaire,et la retourne, comme un manteau terne dont la doublure satinée fouette l'air.
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Le morceau le plus spectaculaire du corps de cette femme que nous cessons de scruter est celui que nous ne voyons pas, et qui a créé des couches et des couches de malentendus faciles, pour pouvoir progresser,ondoyant, à l'intérieur d'une société qui ne lui était pas acquise. Il abrite sa beauté insaisissable, son aplomb et sa fulgurance.C'est son cerveau.
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La lecture, cette réaction chimique née du frottement de deux imaginations, celle du lecteur et celle de l'auteur, est en effet affaire de tâtonnement, d'hésitation, parfois de joie ou de colère, et même de déception. C'est une lutte dans le corps, entre la sensibilité et l'intelligence et parfois un emportement d'enfant. C'est toujours un peu brouillon, parce que vivant. On lit, notre coeur s'emballe, bêtement, on veut que l'auteur qu'on aime devienne le nôtre, on se trouve des affinités avec ceux qui l'aiment à leur tour. On pourra même dans un moment de faiblesse légèrement honteuse souhaiter l'avoir découvert avant les autres.
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Ce livre n'est pas un livre de deuil. Le deuil, c'est après. Il travaille votre être, votre corps, vos rêves et peut vous arracher à la vie présente. Si l'on y sombre, on erre pour le restant de sa vie, contemplant les vivants de loin, sans désir aucun de les rejoindre. On est mieux avec ses morts, dans une éternité douce de chagrin. Les sensibles, les friables, les êtres trop usés pour porter la charge de la vie peuvent s'y trouver très bien. Pour les autres, le deuil prend son temps, puis pose la frontière.
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Le vendredi matin ma sœur et moi sommes arrivés en même temps. Dans la chambre de l’épouse nous attendait sa douleur et son épuisement m’ont attendrie, bien que j’ai toujours été trop vieille et mal aimable pour avoir une belle-mère de mon âge.
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Il suintait la solitude d’un enfant grandi sans mère, et la conscience douloureuse de la différence sociale lorsqu’on l’expédia dans une autre des écoles du groupe des Frères des écoles chrétiennes, les Francs-Bourgeois de Paris. Ils était la bonne œuvre brillante et perdue parmi les grosses de riches. On dit que certaines personnes portent leur embryon mort de leur jumeau dans leur corps, dans des endroits incongrus. Il me semble que, pour certains, l’enfance désolée s’accroche à leur corps comme l’embryon mort à son double.
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Ses seuls moments de repos véritable, en dehors du sommeil étaient ceux où il lisait : il pouvait s'abstraire de tout, n'importe où et demeurer immobile des heures durant, aussi bien sur un canapé qu'une chaise une serviette de plage qu'une table de restaurant, ou un banc. Il disparaissait de nos vies puis revenait de ses lectures à peu près calme. Sa vie explosive avait été prise dans une sorte de caisson qui l'avait contenue, le temps que la lecture le recompose, lui.
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Les joues creusées, le regard dur, le visage rajeuni d'où, comme l'écrivait le narrateur d'À la recherche du temps perdu à propos des traits de sa grand-mère au moment de mourir, " la vie en se retirant venait d'emporter les désillusions de la vie", ont imposé au beau milieu de notre silence l'un des mots les plus terrifiants du dictionnaire, si gros de nos conversations passées qu'il emplissait la pièce sans que nous ayons eu à le prononcer - celui d'euthanasie.
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Une fois encore, j'allais passer l'après-midi dans une chambre aux murs pastel. J'y chercherais sa chaleur, tournée vers lui comme on s'expose à l'âtre, avançant les mains jusqu'à ce que leur couleur change. À chaque visite, il avait moins d'énergie, mais j'en partais avec quelque chose. Une plaisanterie, un regard, un reste de sa présence. Des morceaux du passé.
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« […] je ne vois que la vie qui bat encore dans ses veines, à lui que je veux retenir près de moi, maintenant, pour toujours. »
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« Il irradie de la simplicité familière comme de l’extraordinaire portés en lui par tout individu. Mon père. Disséminé dans ma mémoire, ma chair et mon langage, il y restera déposé avant que, l’âge venant, moi-même je ne l’oublie, car sans doute je l’oublierai, les grosses mains, le visage. »
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Mon temps perdu ou mon paradis perdu, c'est cette photo épinglée dans le temps d'avant. Mon pays perdu est celui où mon père, encore jeune, me lit des histoires dans la lumière jaune de l'été.
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On croit qu'on gagne, on perd. Le sourire et la silhouette, le devoir conjugal et le bonheur domestique. On perd. Si l' on accepte la règle d'un jeu où nous sommes des denrées périssables, si l'on se plie à l'injonction qui tresse ensemble et dans un délire consumériste mariage d'amour, compétence sexuelle, procréation, développement personnel, c'est qu'on a déjà perdu.
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Dans la pièce le silence était plein. Je pensais que la chambre était lente, et les vers du poème d'Apollinaire, qu'il déclamait souvent, m'arrivaient en tête, "Comme la vie est lente", la mort qui traîne, les ondes lasses, toujours les mêmes, de ces flux et reflux qui ballottaient mon père, le pétrissaient en silence, le temps que ça avance comme ça doit avancer, c'est le temps qu'il faut à la vie pour mourir, et nous autour, comme des andouilles à attendre, "Et comme l'espérance est violente".
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Mon père. Disséminé dans ma mémoire, ma chair et mon langage, il y restera déposé avant que, l'âge venant, moi-même je ne l'oublie, car sans doute je l'oublierai, les grosses mains, le visage. Alors il rejoindra mon grand-père qui s'efface peu à peu, et avec lui la cohorte des visages gris ou sépia dans les meubles de familles, ces anonymes émouvants dont on se souvient en disant " il paraît que", "on disait que". Ou encore, "c'était le père de".
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Ce livre n'est pas un livre de deuil. Le deuil, c'est après. Il travaille votre être, votre corps, vos rêves et peut vous arracher à la vie présente. Si l'on y sombre, on erre pour le restant de sa vie, contemplant les vivants de loin, sans désir aucun de les rejoindre. On est mieux avec ses morts, dans une éternité douce de chagrin. Les sensibles, les friables, les êtres trop usés pour porter la charge de la vie peuvent s'y trouver très bien. Pour les autres, le deuil prend son temps, puis pose la frontière.
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Certains [livres] sont des tombeaux. Ils immobilisent le cours du temps, arrachent les êtres à l'oubli, les figent dans la pierre. D'autres sont des châteaux. On trouve, courant dans les couloirs, les morts épars à la mémoire, ceux dont la silhouette s'estompe sur la photo et dont le nom n'est plus qu'un mot transparent. Ces livres s'amusent du bruissement du souvenir. Ils n'ont pas enterré l'amour; ils ont simplement oublié d'être malheureux.
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Le savaient-ils, eux qui sont déjà morts, qu’on finit par devenir ce que l’on a donné, et que notre visage est la mosaïque de ces allers-retours de soi aux autres, à la famille, aux amitiés, aux amours?
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On n’est jamais prêt à la mort des autres, c’est même ce qui la définit, cette trouée brutale dans la vie. 
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