On a toujours très peu d'occasions de lire des romans de ce genre, qui osent parler de sujets tabous. Personnellement, ce n'est pas quelque chose qui me gêne, je suis très ouverte d'esprit. C'est pourquoi, quand j'en ai eu l'opportunité, je l'ai savouré !
D'autant plus que, soit dit en passant, « Pardon » est le premier roman d'Erika, choix très osé donc, d'aborder un sujet si difficile pour un premier écrit !
On entend beaucoup parler d'hommes ou de femmes qui prétendent ne pas être nés dans le bon corps, parce qu'ils ne se sentent pas à l'aise avec leur sexe.
Pourquoi n'aurait-on pas le droit de penser être né dans le mauvais corps quand on tombe amoureux de sa propre soeur ?
Ce sera le cas de Will. Will qui a toujours été si admiratif de sa soeur, dès lors qu'elle est sortie du ventre de leur mère, et qui n'a jamais cessé de lui porter un amour inconditionnel. Amour grandissant de jour en jour, jusqu'à en devenir un amour qui ne devrait pas avoir lieu.
C'est pour cela qu'il va décider de partir, loin de cet amour inadmissible, s'il devait être révélé aux yeux de tous. Mais Will arrivera t-il à l'oublier ? D'autant que Sarah n'est pas prête, de son côté, à le laisser mener une vie paisible...
Au fur et à mesure, et d'autant plus quand Sarah arrive sur Bordeaux et s'installe chez Will, mis à part le rappel constant de Will qu'elle est bel et bien sa soeur, on arrive parfaitement à oublier qu'ils partagent le même sang. Leur relation parait tellement naturelle et est si belle qu'elle parvient à nous faire tout oublier.
Même nos personnages secondaires (du moins, David et Kelia) finissent par trouver cela « normal ».
Au delà du mot inceste, on assiste à une romance plus qu'adorable entre deux êtres profondément amoureux l'un de l'autre.
En parallèle, j'ai beaucoup aimé l'histoire du meilleur ami de Will, David (dont je ne peux évidemment pas vous parler au risque de vous spoiler !). Il est mon petit coup de coeur de l'histoire, lui et sa tendre Johanna.
En revanche, j'ai trouvé un peu dommage que la mère soit si peu présente, même si je crois comprendre que c'est pour appuyer le fait que Will ne lui parle que très peu, et qu'il ne pense jamais à lui demander de ses nouvelles - sur ce coup là d'ailleurs, Will, je t'ai détesté ! On ne laisse pas sa famille de côté, et encore moins sa mère, surtout quand on la sent si mal ! -.
Au final, j'ai tout de même trouvé la mère attachante, bien que l'on n'en parle jamais, simplement dans sa façon d'être et de penser. Les quelques paroles qu'elle prononce sont d'une justesse incroyable, et j'ai trouvé cela très touchant. J'aurais aimé en savoir plus sur elle !
Une chose, certainement futile, mais qui m'a énormément plu, sont les citations en début de chaque chapitre (dont je vous mets celles qui m'ont fait fondre juste en dessous !). Elles sont le reflet des pensées de nos deux personnages principaux, sont extrêmement jolies et bien écrites. Que vous faut-il de plus ?!
« Parle-moi tendrement, hurle-moi ton désaccord, murmure-moi tes sentiments, mais s'il te plaît, ne m'offre jamais le silence. J'aime bien trop ta voix pour ça. »
« Brise mon cœur si ça te plaît, cela ne m'empêchera pas de t'aimer. Je me fiche de ne pas être ta première fois si je peux être ta dernière. »
« Tu es la personne qui me fait le plus pleurer, mais tu es aussi celle qui fait naître le plus de sourires sur mon visage. Tu es l'être à l'origine de mes plus beaux éclats de rire, des émotions les plus intenses et de la passion ardente qui brûle en moi. »
J'ai aimé que l'auteure nous montre le regard de chacun sur le sujet. Ce qui fait que nous avons un panel de critiques, quelles soient positives, négatives ou même neutres. J'ai notamment particulièrement apprécié que l'auteure intègre l'opinion d'autres religions, comme celle de la famille adoptive de Will, qui est une religion qui n'accepte en aucune façon ce genre de relation, bien que l'on voit qu'Ismet, le petit de cette famille, n'est pas du même avis que son père. La jeunesse a l'esprit plus ouvert !
Et parce qu'il faut bien un point qui ne soit pas positif (et là, je cherche la petite bête), je dirais qu'au début, les dates présentes m'ont faites extrêmement peur. Mais il faut nuancer, puisqu'en fait, ce point n'est pas réellement négatif, vu que l'on s'y retrouve très bien, du moment que l'on entre dans l'histoire. J'ai eu peur pour rien...
J'aurais encore tellement de choses à vous raconter sur ce roman, mais je ne le ferais pas, au risque de me répéter et de m'emmêler les pinceaux ! Et puis sinon, je n'en finirais jamais.
Je conclurais en disant que je suis sur le cul (pardon pour les vulgarités...) et même un peu jalouse de tant de talents pour un premier roman, surtout avec un sujet si audacieux ! Ça a l'air si simple d'écrire quand on lit Erika.
P.S. : Au passage, la couverture est sublime, et on en comprend toute la signification à la fin du roman. Si ça ce n'est pas une raison de plus pour vous plonger dedans, je ne sais pas ce qu'il vous faut !
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