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Critiques de Estelle Tharreau (755)
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Les eaux noires

Je découvre cette auteure avec son sixième roman et très bonne pioche ! Dans le genre thriller psychologique, c'est vraiment excellent !



Le casting est impeccable : une jeune fille de 17 ans assassinée, portant sur elle de la lingerie fine ; une mère inconsolable et déterminée malgré la douleur qui la ravage à trouver le coupable ; un tueur introuvable ; un flic cynique pour mener l'enquête. Et toute une ribambelle de suspects, essentiellement des voisins ( un autre flic, un quinquagénaire célibataire, une famille avec un adolescent, des promeneurs ). Tous sont finement campés. On y croit totalement.



Là où Estelle Tharreau fait très fort, c'est dans sa capacité à immerger le lecteur dans une atmosphère ultra poisseuse, quasi en mode huis-clos dans ce quartier de la Baie des Naufragés d'une petite ville banale de province. Dès les premières lignes, j'ai été frappée par la singularité de l'univers de l'autrice. Elle aurait pu imaginer une énième mère courage admirable dans sa ténacité à démasquer l'assassin de sa fille. Au lieu de cela, elle choisit un personnage peu aimable dans sa douleur, très hermétique, presque repoussant dans son laisser-aller, ce qui provoque un malaise très pertinent, qui interroge sur la définition de la « bonne » victime.



En fait, ce thriller est l'occasion de décortiquer les mécaniques nauséabondes qui peuvent être à l'oeuvre lorsqu'un drame éclate. On se doute que le coupable est parmi le voisinage. Progressivement, le doute s'instille subtilement, se pose sur chacun et on comprend que tous détiennent une part de vérité qu'ils se refusent à révéler plutôt que de mettre à jour leur erreurs, leurs hontes, leurs regrets, leurs failles. D'où l'excellente idée de faire intervenir un Corbeau pour secouer les lâchetés de tous, sur fond de rumeurs, soupçons et délations.



Les parts d'ombre de chacun, de notre société, les nôtres donc, sont ainsi mises à nu et c'est difficile de ne pas se sentir concerné lorsqu'on voit la mère être rejetée de la communauté parce que ça va bien maintenant, hein, il faut passer à autre chose et pas faire culpabiliser la terre entière. Lorsqu'éclatent les suspicions furieusement déplacés sur la jeune fille assassinée parce que, quand même, elle avait des moeurs légères, peut-être même qu'elle se prostituait, peut-être bien qu'elle l'aurait cherché. Ces réactions malsaines oppressent et font réfléchir sur le sens des pensées qui parfois nous échappent. Malgré nous.



Un thriller très efficace, impossible à lâcher avant d'avant découvert le coupable dans un dénouement aussi cruel sombre que les eaux noires de la Baie des Naufragés.
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Mon ombre assassine

Inspiré de faits "non fictionnels", ce roman va nous proposer de vivre dans la tête d'une "tueuse en série", une lecture qui va tour à tour être fascinante, inquiétante et dérangeante.

Nous allons être témoin d'une lente transformation, d'une chrysalide en quelque sorte avec un récit habilement structuré à la façon d'un reportage d'enquête et d'investigation.

Une histoire qui commence par la fin pour nous ramener à la genèse, Nadège a alors quatre ans et sa vie ne sera pas celle des petites filles "normales" de son âge, ce qui va faire la force de cette narration c'est que nous regarderons le monde à travers un prisme qui sera celui de sa compréhension et de son adaptation à un environnement familial et scolaire délétère qui va lui apprendre à développer un instinct de survie précoce.

Inné ou acquis ? C'est probablement la question que l'on va tous se poser car la froide lucidité de Nadège va se révéler dès ses huit ans, elle va adopter un profil le plus transparent possible afin de cacher à son entourage des pulsions déjà affirmées.

Se dire que certaines personnes peuvent se structurer de cette façon à l'insu de tous y compris leur entourage est dérangeant, et se dire que cette "polymorphie" ira jusqu'à se faire passer pour quelqu'un de résolument bienveillant à qui l'on donnerait le bon Dieu sans confession est carrément glaçant...

"En attendant son jugement, du fond de sa cellule, Nadège Solignac, une institutrice aimée et estimée, livre sa confession", préparez-vous à cogiter, car tout n'est pas noir ou blanc.

C'est une lecture que j'ai appréciée, cela se lit en apnée pour ainsi dire, le scénario est diablement efficace pour tout dire.
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Le Dernier festin des vaincus

Un polar, oui, mais qui serve une vraie cause. Tel pourrait être l’adage d’Estelle Tharreau, qui, après l’enfance maltraitée (Mon ombre assassine), le féminicide (Les eaux noires), la peine de mort aux Etats-Unis (La peine du bourreau) et le syndrome post-traumatique dans l’armée (Il était une fois la guerre), s’attaque cette fois au sort des Autochtones au Canada pour un nouveau thriller bien noir sur fond bien réel de violence et d’injustice.





La réserve innue de Meshkanau et la ville voisine de Pointe-Cartier au Canada n’existent pas. Elles n’en empruntent pas moins les traits de la tragique réalité amérindienne, alors que, assimilés de force lors de la colonisation de leur territoire par les Européens, leurs religions et leurs cultures traditionnelles interdites et leurs enfants expédiés dans des pensionnats autochtones destinés à leur faire oublier leur identité première et à les orienter vers des emplois ouvriers, les Autochtones n’en finissent pas d’en payer encore aujourd’hui les conséquences traumatiques. Impunément maltraités, victimes de multiples sévices, ceux qui ne succombèrent pas à la surmortalité des terribles pensionnats en sortirent brisés, initiant une longue chaîne de transmission d’effets destructeurs : dépression, violence, alcool, drogue, suicide et, de génération en génération, perte d’estime de soi empêchant toute reconstruction.





« Au Canada, une autochtone a dix fois plus de risque de se faire assassiner qu’une autre femme. » Faute de respect de tout autre règle la concernant, c’est de cette terrible loi qu’est victime Naomi Sheehan, une Inue de seize ans dont les fugues à répétition ont fini par ne même plus émouvoir Michèle, sa mère, trop occupée à noyer dans l’alcool la douleur héritée de son enfance en pensionnat autochtone. Soucieux d’éviter scandale et autres désagréments « pour si peu », le chef de la police confie l’enquête, en lui déconseillant tout zèle excessif, au jeune et tout juste nommé policier Logan Robertson. Contre toute attente, ce dernier prend sa mission très au sérieux et entreprend pour de bon, au grand dam de quelques notables de la ville, de faire toute la lumière sur ce énième féminicide. L’on découvrira alors qu’il n’y a pas que les fantômes du passé pour miner le sort des Amérindiens : racisme et criminalité associée n’ont impunément rien perdu de leur vigueur. Rappelons d’ailleurs que le dernier pensionnat autochtone n’a fermé qu’en 1996...





Si l’on gagnera, pour approfondir la thématique de la souffrance amérindienne, à lire des livres tels que Shuni de Naomi Fontaine, Crazy Brave de Joy Harjo ou encore Ici n’est plus ici de Tommy Orange et LaRose de Louise Erdrich, si Nickel Boys de Colson Whitehead révèle avec plus de profondeur encore le cas tout à fait semblable des pensionnats aux Etats-Unis, ce dernier livre d’Estelle Tharreau a le mérite, au travers d’une histoire addictive et bien ficelée, aux personnages intelligemment croqués et au style efficace, de peindre en peu de traits un tableau d’ensemble clair et représentatif d’un sujet encore trop largement méconnu. Il ne semble pas exagéré de dire que le génocide – physique et culturel – amérindien continue plus ou moins directement de faire des victimes.


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Les eaux noires

Lorsque le corps de sa fille est rejeté par les eaux noires de la Baie des Naufragés, Joséfa n’a plus qu’une obsession du fond de sa détresse : que l’on identifie l’assassin. Mais l’enquête piétine, tandis que ragots et suspicions font rage, aiguillonnés par les insinuations venimeuses d’un mystérieux corbeau…





Ce modeste et minuscule quartier, situé à l’écart d’une petite station balnéaire du nord de la France, ne respirait déjà pas vraiment la joie de vivre en temps ordinaire. L’atmosphère y devient carrément poisseuse, lorsque ses quelques habitants se retrouvent l’objet de tous les soupçons. Si la plupart n’ont rien à se reprocher dans cette affaire de meurtre, aucun n’a très envie d’attirer l’attention sur ses petites habitudes et ses travers cachés sous les apparences de la respectabilité. Alors, tout ce petit monde s’observe avec méfiance, dans un climat propice aux pires rumeurs et calomnies. Celles-ci n’exacerbent que davantage une nervosité qu’un rien peut incendier, sans même parler des insidieux messages anonymes agissant comme de l’huile sur le feu.





Dans ce huis clos méphitique, évoluent des personnages aux multiples failles et zones d’ombre. Tous agissent, avec plutôt moins que plus de bonheur, en fonction d’intérêts et de sentiments mal contrôlés et mal assumés, dans un quotidien étriqué où les frustrations et les rancoeurs, mêlées de honte et de culpabilité, fermentent mesquinement dans la peur du qu’en dira-t-on et le souci de l’acceptation sociale.

Comble de l’hypocrisie quand son mutisme revient à couvrir un grand crime, cette petite société finit par se donner bonne conscience en se vengeant de ses propres lâchetés et compromissions par le lynchage de ceux qu’elle croit, sans preuve, coupables de petits vices. De même, elle en arrive à se dédouaner de ses responsabilités, en se prenant à douter des bonnes mœurs de la victime et de sa mère, dont le malheur porté avec colère et agressivité dérange. L’on n’aime guère se voir tendre un miroir de ses propres faiblesses, alors, faute d’un vrai coupable, l’on accuse les victimes de l’avoir finalement bien cherché, et l’on prend sa revanche avec d’autant plus de virulence, que l’on s’attaque, à bon compte et sans preuve, à quelque fautif commodément trouvé pour servir de dérivatif.





Bien plus que l’intrigue elle-même et son suspense somme toute modéré, c’est la manière dont l’auteur réussit à épaissir son ambiance fétide, à décortiquer le processus ravageur de la rumeur, et à faire fermenter les rancoeurs au sein d’un échantillon ordinaire et représentatif de notre société, qui impressionne le lecteur. Car, et c’est bien le plus terrible, tout y est d’une parfaite justesse psychologique et d’une totale crédibilité.


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Il était une fois la guerre

Il était une fois la guerre au Shonga, Etat fictif quelque part en Afrique Subsaharienne, des séparatistes au Nord qui sert de base arrière à de nombreuses mouvances terroristes, une guerre civile qui n’en finit plus. Et des soldats français envoyés en renfort de l’armée nationale impuissante, dans un contexte d’attentats terroristes sur le sol français. Sébastien Franqui est un de ses soldats, service logistique, chef de convoi. Plusieurs missions au Shonga sur 17 ans, avant la débâcle. Le gouvernement français stoppe l’opération et décide de purger de l’armée tous les anciens du Shonga, jugés irrécupérables et ne faisant pas beau sur la photo d’une armée française qui essaie de se donner une nouvelle image, plus propre, plus souriante loin de la guerre sale du Shonga.



Le narrateur est un reporter de guerre, frère d’âme de Sébastien. C’est par sa voix, forcément empathique que l’on découvre le parcours de Sébastien et sa bascule dans l’abîme. On sait d’emblée que le récit va être sombre, très sombre. La dernière phrase du prologue évoquant Sébastien « transformé en bombe à retardement que les hommes ont lentement amorcée jusqu’à l’explosion », puis les titres de chapitres qui suivent, « Bombe amorcée », « J-1095 », ne laissent aucune place au doute. Esthelle Tharreau maitrise parfaitement un suspense distillé goutte à goutte. On a l’impression d’entendre l’irréversible tic-tac dans notre tête.



On a déjà beaucoup écrit ou filmé sur les traumatismes des soldats, toute guerre confondue. Sur ce point, le roman ne surprend guère mais impressionne par la qualité des détails sur les atrocités de guerre vues et vécues par Sébastien, notamment l’épisode du camp de réfugiés. La plume d’Esthelle Tharreau, alerte et fluide, épouse toutes les cabosses de la guerre, collée au plus près des émotions de Sébastien, comme lorsqu’il ne parvient à oublier le regard « scarifié par une larme » d’un enfant shongais avec lequel il s’était lié et qu’il a l’impression d’avoir abandonné, comme une malédiction qui le poursuit.



Ce qui surprend le plus, c’est le choix de déplacer la focale sur la famille et ceux qui restent au pays, en l’occurrence Claire, l’épouse de Sébastien, et leur fille Virginie.



La famille, c’est vraiment la grande oubliée des récits de guerre ( bien que récemment, j’ai vu un film sur le sujet, Mon légionnaire, de Rachel Lang, auquel j’ai pensé malgré un traitement très différent ). Esthelle Tharreau restitue avec une grande intelligence émotionnelle le quotidien de Claire et Virginie confrontées à l’absence, à la peur, aux manques de nouvelles, à l’hostilité du regard extérieur porté sur l’armée, et surtout à l’impossibilité de communiquer qui génère un mur d’incompréhensions et de malentendus. Sébastien est un homme brisé, qui ne parvient pas à entamer sereinement sa réinsertion dans une société qui rejette ces hommes de guerre emplis de cauchemars et de béances. Il s’enfonce dans une solitude taiseuse et douloureuse que seuls peuvent comprendre ceux qui ont fait la guerre. Peut-on seulement guérir de la guerre ?



Le personnage de Claire est très réussi, fidèle Pénélope usée qui ne parvient pas à raccrocher son homme à la vie. La narration passe de l’un à l’autre, revenant très pertinemment sur plusieurs scènes vues sous les deux angles, comme la scène bouleversante où Sébastien, revenu d’une de ses missions au Shonga, fait la connaissance de sa fille nouvellement née. Lorsque le narrateur confronte la première version, celle de Sébastien, à la version de Virginie, tout s’éclaire, tout se reconnecte et le regard du lecteur évolue totalement. J’ai énormément apprécié ces changements de focale qui apportent beaucoup de densité au récit.



Un roman noir d’une grande finesse psychologique jusqu’à sa fin, inattendue qui rebondit dans une direction qu’on n’avait pas vu venir et qui semble pourtant tellement évidente.

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Il était une fois la guerre

Dans l’État fictif du Shonga, quelque part en Afrique, cela fait dix-sept ans que, malgré l’intervention sur place de l’ONU et de l’armée française, la guerre civile fait rage, opposant forces régulières et séparatistes au profit de diverses mouvances terroristes. L’enlisement du conflit et les attentats commis en représailles à Paris ont eu raison de l’opinion publique française, de plus en plus hostile à tout engagement militaire. Le retrait des troupes tricolores est ordonné, et l’armée - soucieuse de redorer son blason après cette débâcle - « purgée » des anciens combattants du Shonga.





A quarante ans, le soldat Sébastien Franqui, que ses quatre missions « là-bas » comme chef de convois logistiques ont rendu chaque fois plus brisé à une famille qui a fini par voler en éclats, n’est plus qu’amertume et désespoir face à son impossible réinsertion dans la vie civile ordinaire. C’est un reporter de guerre et frère d’âme, qui, constatant la descente aux enfers de Sébastien, entreprend la narration croisée de ce retour cauchemardesque et des dix-sept ans d’épreuves, toutes plus traumatisantes les unes que les autres, qui l’ont précédé.



 

Enclenchée par un bref prologue présentant le protagoniste principal comme « une bombe à retardement que les Hommes ont lentement amorcée jusqu’à l’explosion », la tension s’installe d’emblée et ne fait que monter crescendo, au rythme du compte à rebours égrené par les titres de chapitre. Dans l’attente pleine de suspense de l’ultime catastrophe annoncée, nous voilà peu à peu immergés, non pas seulement dans la noire réalité des atrocités de la guerre, des massacres entre ethnies et des conditions épouvantables des camps de réfugiés, mais aussi dans l’insupportable impuissance de ces hommes envoyés combattre un ennemi invisible et insaisissable.





Le récit excelle à dépeindre simplement la complexité des enjeux en présence, l’inextricable engrenage de l’échec et les processus psychologiques à l’oeuvre autour du traumatisme, du sentiment de culpabilité et, enfin, de l’injustice, quand, après avoir risqué leur vie et s’être confronté à l’innommable sans véritables moyens d’action, ils se retrouvent honteusement mis au rebut, rejetés de l’armée sans reconversion, pointés du doigt par l’opinion, incompris de leurs proches épuisés par leurs cauchemars et par leur déphasage après leur absence et la peur. Car, au terrible mal-être de ces hommes répond celui de leurs familles, démunies et déchirées, et qui, à force d’incompréhension et de malentendus, achève d’enfermer ceux qui ont fait la guerre dans la solitude de leur douleur sans fond.





Averti d'un funeste dénouement dont l'ultime rebondissement ne l'en surprendra pas moins, le lecteur reste impressionné par la pertinence d'analyse des situations et par la finesse psychologique des personnages. De l'angoisse, puis de la frustration et du désarroi de familles incapables de rivaliser avec les fantômes de la guerre, à l'intolérable dissonance entre, d'un côté, le moi profond et les valeurs fondamentales du soldat Braqui, de l'autre, l'atroce et injuste absurdité du rôle qu'on lui fait endosser, l'on ressort ébranlé de ce récit en tout point convaincant. Coup de coeur.


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Mon ombre assassine

Je ressorts de cette lecture un peu chamboulé, en effet l'auteure nous dépeint «l'expérience» d'une tueuse en série.



Un traumatisme d'enfance la conduit insidieusement à tuer toute personne qui lui «barre» la route et c'est par son intermédiaire que nous entrons dans cette histoire terrifiante.



On enchaîne les récits de la tueuse, Nadège Solignac, avec les interventions des diverses personnes impliquées sous forme d'interview ou d'interrogatoires.



Ce qui est le plus déstabilisant c'est que Nadège Solignac, c'est vous, c'est moi, une personne simple qui fait son boulot que personne ne remarque, dans nos sociétés de plus en plus individualistes où l'on ne prête plus attention à l'autre...



La seule différence c'est que Nadège est une psychopathe, sadique, sans états d'âme, qui tue par plaisir de voir les autres souffrir.



Un thriller que je n'oublierai pas de sitôt et qui laisse à penser qu'avec un peu plus d'attention, de considération et d'attention aux autres cette Nadège Solignac aurait sans doute pu être «détectée» bien plutôt.... Glaçant.





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Mon ombre assassine

Nadège Solignac a été arrêtée pour la mort d'un policier qui aurait tenté de la violer et qu'elle aurait tué en état de légitime défense. L'enquête révèle une série troublante d'accidents mortels partout où passe la jeune femme, mais scandalise l'entourage de cette institutrice modèle, si gentille et si appréciée de tous.





Alors que se succèdent les témoignages, sans exception en sa faveur, Nadège nous livre en privé sa confession, relatant son enfance maltraitée, ses peurs et sa haine, la constitution progressive de sa personnalité de psychopathe, son comportement de façade soigneusement étudié pour donner le change, les meurtres commis sans émotion ni remord, son mépris des sentiments humains et des règles sociales, ses avertissements et ses menaces à votre encontre, vous qui ne vous méfiez aucunement de cette manipulatrice aux deux visages, et qui ignorez tout de son ombre assassine qui vous frôle peut-être à votre insu.





En alternant le récit intime de la meurtrière et la perception en complet décalage de son entourage, ce roman donne à comprendre, de manière saisissante et perturbante, ce qu'est la psychopathie, cette déficience des émotions et du contrôle des impulsions, cette inadaptation menant à des conduites antisociales, mais aussi comment un être manipulateur et pervers peut berner son entourage et commettre le pire en toute impunité pendant des années.





Fascinant et inquiétant, le récit coule de manière fluide, sans que jamais l'intérêt ne se relâche, interpellant le lecteur, le glaçant au fil d'actes terrifiants de froideur et d'amoralité, le convainquant peu à peu de son impuissance et de sa vulnérabilité potentielles, face à des prédateurs que leur entourage côtoie, parfois pendant des décennies, sans jamais se douter de rien.





Ce livre prenant et facile à lire, construit pour vous interpeller et vous déranger, vous confrontera à l'insoutenable et dangereuse insensibilité d'êtres qui évoluent discrètement et en toute impunité au milieu du commun des mortels, guettant impitoyablement leur prochaine proie. Impossible de ne pas penser au moins à une affaire récente, qui a fait ressortir le dossier de multiples disparitions antérieures, mais où l'aplomb du criminel présumé et l'absence de preuves interdisent d'avancer.


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La peine du bourreau

Le vieux McCoy est sur le point de prendre sa retraite. Bourreau et gardien affecté au couloir de la mort de la prison de Walls au Texas, il lui reste une dernière exécution, celle du condamné 0451, dont les cinq meurtres déchaînent l’opinion publique. Seul le gouverneur de l’Etat peut encore tout arrêter en usant du droit de grâce. Quatre heures avant l’échéance, pendant que pro ou anti peine de mort manifestent de plus en plus violemment devant l’établissement pénitentiaire, l’homme politique s’y rend officieusement pour s’entretenir avec l’exécuteur. Cette conversation qui nous fait découvrir les actes et la personnalité du condamné, en même temps que la sombre expérience de McCoy durant plus de quarante ans, infléchira-t-elle la décision du gouverneur ?





Dans ce récit qui entretient le suspense jusqu’au bout quant au sort du condamné, l’auteur s’est inspirée d’une multitude de cas réels pour dresser une sorte de tableau général de la peine de mort au Texas ces quarante dernières années. Si le procédé littéraire utilisé peut paraître artificiel, tant ces quatre heures de rétrospective secrète semblent au final bien improbables, il a le mérite de confronter le lecteur à une réalité très concrète, celle que chacun devrait sérieusement considérer avant de prendre position pour la peine capitale.





La description précise de la procédure, des longues années d’attente puis de la mise à mort elle-même, l’entretien avec le bourreau sur ses décennies d’expérience, placent d’abord le lecteur face à une réalité crue qui ne permet aucune échappatoire. Il est sans doute aisé de discourir sur des principes, c’est autre chose de se retrouver soi-même dans la peau du bourreau, confronté à la tangibilité froide de l’acte de mise à mort. Une fois la réalité concrète du châtiment en tête, il est temps d’aborder toute une série de cas et de situations où il fut appliqué au Texas. Entre erreurs judiciaires fatales, injustices sociales et raciales face au crime, meurtriers justiciers, juges sous pressions politiques et médiatiques…, le récit a tôt fait de brouiller la frontière entre le Bien et le Mal, et de rendre la notion de justice toute relative.





Sous les apparences d’un thriller tendu par le suspense d’un terrible compte-à-rebours, ce glaçant huis-clos aux passages parfois insoutenables est au final une confrontation sans ménagement à nos responsabilités : au vu des cas évoqués, que penser de la hâte de notre société à se débarrasser de monstres qu’elle a parfois contribué à engendrer, en ne leur laissant que des vies marquées dès la naissance par la misère, la violence et le désespoir ? Après ce livre en tout cas, le lecteur ne pourra plus considérer la peine capitale tout à fait comme avant.


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Les eaux noires

Yprat , Baie des naufragés . Quatre mots . Quatre mots qui sonnent comme autant de menaces , un lieu où ne subsistent que quelques maisons , un lieu qui n'en comptera bientôt plus qu'une ...La jeune Suzy est retrouvée morte , son corps rejeté par les eaux noires . Terrible deuil , terrible besoin de savoir pour une mère dont la détresse va muer peu à peu au point de détourner la vindicte populaire contre elle . Allez donc laver votre linge en famille lorsque les eaux mortelles sont noires ....

Ce roman c'est une incroyable descente au plus profond des àmes ,.Le lire , c'est accepter de se laisser immerger dans un cloaque nauséabond , de se trouver là, penaud , devant un tsunami de boue ...Ils y sont tous , les personnages , et on les croit , on les comprend , on les suit , on les épie , on les observe...Mais où va - t - on ?, ça , mystère. Et pourtant , l'addiction est bel et bien là ...L'autrice maîtrise son sujet , agite devant nos yeux , sorte de muletas rouges , des personnages qui ne laissent voir d'eux- mêmes, que ce qu'il faut en savoir , juste ce qu'il faut pour nous engluer , nous faire absorber des eaux noires jusqu'à plus soif , jusqu'à la lie . C'est un roman psychologique fort bien écrit, avec des dialogues de très bonne tenue , au rythme assez rapide pour ne jamais lasser , et assez lent pour mieux nous " alpaguer " et nous faire macérer dans la mélasse d'une société en lambeaux .

Je partage tout à fait les excellentes critiques et les très belles notes attribuées par les amis et amies babeliotes et je ne peux que joindre mon avis conquis aux leurs . Un très bon roman noir qui ne pourra que vous séduire.

J'aurais voulu être rapide , ne vous en dire que deux mots , mais j'ai été une fois de plus bien bavard , il est vrai que la qualité de ce roman mérite qu'on s'y attarde ...Allez , quatre mots , considérons que je vous en ai dit quatre mots ...Il paraît qu'en quatre mots , on peut changer le cours d'une vie ... Si , si , je l'ai lu quelque part, il y a ....Tiens " Yprat . Baie des naufrages ." Ça fait bien quatre mots , ça ? Et bien voilà, vous n'avez qu'à y aller et vous me direz ...ou pas . Allez , bon courage , ça va décoiffer....C'est gluant , ça oui , mais pas glauque , non pourtant , " ça pique " . Bon vent .
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Le Dernier festin des vaincus

Un roman socialement et politiquement très dur sur cette toile de fond prégnante en Amérique du Nord, le traitement et le parcage dans des réserves type ghettos des peuplades natives, et tous les miasmes sociétaux en découlant, tels isolement, misère, chômage, exploitation sexuelle, racisme, violence et alcoolisme.

Corollaire abordé et pièce importante de l'enquête policière, la colonisation par l'évangélisation forcée au mépris de toute humanité des enfants indiens arrachés au prétexte d'éducation à leurs parents et traditions pour devenir de bons citoyens et de bons chrétiens à l'image des neo-citoyens colonisateurs. Cette technique d'assimilation forcée dès l'enfance ce est d'ailleurs récurrente dans les "colonies" anglo-saxonnes.



La trame policière particulièrement noire, sordide, ancrée dans cette peu glorieuse réalité, tient la route.



Petit bémol à mon goût, le roman n'échappe cependant pas a un certain manichéisme sous jacent qui grince un peu la mécanique, non pas que les natifs soient tous des victimes et les "colonisateurs" blanc des tyrans, mais les personnages manquent un peu d'épaisseur, et sont un peu trop taillés d'un bloc.

Le plus intéressant à mon avis reste le personnage de l'oncle indien Peter, personnage ambivalent, victime et bourreau tourmenté cherchant sa rédemption, symbole à lui seul des affres des peuples indigènes.



Ce polar noir au thème courageux abordant frontalement par le prisme de l'enquête policière l'histoire ancienne, récente et actuelle peu reluisante du sort sociétal réservé aux peuples natifs au Canada frappe fort, et l'on peut regretter qu'en France l'on a toujours des difficultés et des freins à explorer notre peu glorieuse histoire récente au travers de fictions policières, les auteurs ne s'engageant que rarement encore sur ces sujets délicats voire tabous.



A la fin personne ne sortira gagnant de cet épisode meurtrier et de l'enquête, et même si la vérité éclate et redonne un peu de dignité au peuple de la réserve, ce n'est qu'un soubresaut dans l'inéluctable décrépitude de cette micro-société.



Un roman intéressant à découvrir.
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Il était une fois la guerre

Avec « Ceux Qui Restent », de Jean Michelin, j'avais l'impression que l'auteur maintenait un peu de distance entre nous et ses personnages soldats, nous empêchant d'accéder totalement à eux, à ce qu'ils pensaient et ressentaient en profondeur et pas seulement en surface tout public. Et cette retenue pudique constituait probablement les dernières barrières qui permettaient à chacun de tenir le coup. Ce n'est clairement pas le cas d'Estelle THARREAU dans « Il Etait Une Fois La Guerre » ! Elle nous donne accès à tout, les faits, pensées et ressentis de son personnage principal dont, pour le coup, les barrières menacent de s'effondrer. Et ça remue le lecteur.





En tant que soldat, Sebastien Braqui conduit les convois logistiques pour l'armée. Il est envoyé à quatre reprises à Shonga, où l'intervention de l'armée vise notamment à éviter les attentats ici. Mais à chaque mission le pays s'est enfoncé un peu plus dans la violence, et les soldats sont confrontés à de plus en plus d'horreur, de souvenirs traumatisants, d'images indélébiles et de sentiments ambivalents.





A cela s'ajoute que les soldats ont mauvaise presse, car plus cette guerre s'enlise, plus l'ennemi utilise des images choquantes pour justifier de nouveaux attentats, n'hésitant pas à utiliser les enfants. Les politiques se sentent obligés d'amorcer un retrait des troupes en déplorant LEUR échec (pas celui de la nation qui les commande hein^^) pour ramener la paix, et LEUR méthode inappropriée. Aussi à chaque retour au pays, les soldats dont Braqui se sentent toujours plus désavoués, dénigrés, abandonnés, à la fois par leur pays, leurs concitoyens, leurs dirigeants, leur hiérarchie qui finit par les placardiser, les abandonnant à la vie civile à laquelle ils ne sont plus adaptés… Mais aussi leurs familles.





Celle de Sébastien est en déliquescente depuis la première mission. La faute aux non-dits qui nourrissent l'incompréhension de sa femme et de sa fille. Mais comment expliquer ce qu'il a été contraint de faire et de voir là-bas sans les choquer encore plus et qu'elles le détestent ? Sébastien ne peut pas parler non-plus aux psy de l'armée tant « tout ce qu'il dira pourra être retenu contre lui », et les psy civils sont hors budget, hors réalité, hors tout. Et puis Sébastien n'est pas taré ! Ca non, il fait juste peur à sa femme et sa fille en hurlant chaque nuit les horreurs dont il ne sait plus quoi faire et dont il ne veut plus. Il crie les sacrifices qu'il a dû faire pour un pays qui l'accueille désormais en lui jetant des pierres, et en le « purgeant » de l'armée sans jamais lui offrir un accompagnement digne de ce nom. Et la souffrance et les sacrifices de sa famille ne sont pas oubliés non-plus.





Son histoire est prenante, triste mais aussi effrayante, du fait de ses propres réactions autant que du réalisme des guerres et de la politique. Grâce à une narration alternant les temporalités (en mission puis en famille), on ressent bien le désespoir et la rage de Sébastien. Pourtant, ce n'est pas lui qui nous raconte son histoire. Ce n'est pas non-plus un frère d'arme, plutôt un frère d'âme : Reporter de guerre, le narrateur a subi les mêmes expériences que Sébastien lors de ses missions et, pour avoir divorcé trois fois, il connaît les retours brutaux, la solitude et ce sentiment d'abandon dans l'horreur, d'impossibilité de s'en sortir, les envies d'alcool toujours plus forts. Il sait l'importance de tout ce qui se joue sous ses yeux, et reconnaît une bombe humaine, prête à exploser, lorsqu'il en voit une.





Ce récit est donc construit comme le compte à rebours d'une explosion programmée… Formé au pire, Sébastien apparaît au lecteur aussi dangereux que fragile, aussi effrayant que bouleversant. Non, c'est sûr, Estelle THARREAU n'a pas écrit pour ne rien dire. Elle écrit pour révéler, dénoncer, expliquer, toucher. Elle écrit pour sensibiliser, pour solidariser. Pour informer. Peut-être aussi pour alerter et… tenter de faire changer les choses, à son échelle. La fin romanesque ainsi que la plume directe et fluide inscrit ce récit dans la lignée de "Ceux qui restent". Evidemment, malgré quelques beaux passages d'écriture, c'est raide pour tout le monde : le soldat, la famille, les politiques et le lecteur. Mais c'est nécessaire, pour connaître le monde dans lequel on vit, comprendre les tenants et aboutissants avant de juger et, surtout, pour tenter d'améliorer un système qui, s'il fonctionne vraiment ainsi, est imparfait, voire écoeurant. le dénouement un peu rapide aurait pu pénaliser la cohérence d'ensemble si tout ce qui précède ne nous avait pas suffisamment marqué ; aussi, en l'occurrence, il survient comme une délivrance.





« Il était une fois un homme bon devenu une plaie à vif.

Il était une fois un homme et une femme ; un premier de cordée qui entraîne le second dans sa chute.

Il était une fois un soldat ayant dépassé le seuil d'horreur qu'il pouvait endurer et que la vie a transformé en une bombe à retardement que les Hommes ont lentement amorcée jusqu'à l'explosion.

Il faudrait peut-être commencer ce récit tout simplement par “il était une fois la guerre”. »
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Il était une fois la guerre

Un grand merci à Babelio et aux éditions Taurnada…



La foule est là pour les accueillir, près du tarmac. Toujours plus nombreuse au fil des ans, toujours plus excitée. Des pancartes tenues à bout de bras sur lesquelles l'on peut lire « Fachos, « Ordures », « Tueurs d'enfants »… Les « salauds » débarquent enfin. Parmi eux, Sébastien Braqui, 40 ans, un hématome sur la tempe causé par une pierre lancée par un gamin shongais, à son départ. Le Shonga, un pays qu'il connaît bien pour y être allé 4 fois pour y accomplir sa mission : assurer les convois logistiques. Un pays qui s'enlise dans une guerre civile, qui voit s'émerger de nombreux groupes terroristes et qui voit l'armée française, notamment, s'occuper d'un conflit qui n'est pas le sien. Bien qu'il rentre sain et sauf de ses missions au Shonga, au cours de toutes ces années, Sébastien Braqui n'est déjà plus le même lors de son premier retour, la faute à toutes ces images d'horreur et de violence qui le poursuivent, au silence qui s'installe progressivement entre lui et sa femme, Claire…



Une armée de soldats français, partis pour tenter d'apporter un semblant de paix au Shonga, qui se fait huer et insulter à son retour ? Comment un tel fossé s'est-il creusé entre l'opinion publique et eux ? Pour ce faire, Estelle Tharreau donne la parole à un homme dont on ignore, jusqu'au milieu de ce récit, son identité, qui va raconter la (ou les) guerre de Sébastien Braqui. De sa première mission au Shonga jusqu'au jour de l'explosion, en passant par les massacres, les charniers, les camps de réfugiés aux peu de moyens, à la purge, au retour impossible à la vie civile… l'auteure dépeint avec réalisme et intensité la lente et inexorable descente aux enfers de Sébastien Braqui, ce qu'il endure et supporte, mais aussi le fossé qui se creuse un peu plus entre lui et son épouse Claire, puis plus tard, sa fille. Un fossé rempli de silence, de non-dits, d'incompréhension, d'images d'horreur qu'on ne veut partager, de solitudes, de dénis, de rancœur, de peur, de culpabilité. L'on assiste, impuissant et démuni, au naufrage de ce soldat, cabossé, blessé au plus profond de son être, mis à mal par un système politique frileux et une société déconnectée. Intense, dramatique, puissant, aux personnages psychologiquement creusés, à l'écriture tendue et au dénouement inattendu, ce roman bouscule tout autant qu'il émeut…

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Le Dernier festin des vaincus

Bonjour,

Voici “Le dernier festin des vaincus” de Estelle Tharreau . Attendez-vous à affronter un thriller très sombre et très dur. Tout d’abord, disparition d’une jeune mineure dans une réserve indienne au Canada. Ensuite, entrée en scène d’un jeune flic qui va tenter de résoudre cette affaire complexe. L’intrigue va au delà du scénario et dénonce sans fard la vie des indiens dans les réserves, la maltraitance dont ils sont victimes, la corruption, les discriminations ,les violences sexuelles, le fléau de la drogue et de l’alcool qui fait des ravages. J’ai été bouleversée par les atrocités supportées par les enfants indiens dans les pensionnats où leur identité disparaissait. Ces enfants martyrisés n’avaient comme horizon que des séquelles irréversibles. L’auteure nous séduit à nouveau avec ce roman féministe, engagé et digne d’une plume percutante et incisive. L’atmosphère sombre, oppressante et imprégnée de malheurs vous submergera. Vous ressentirez les douleurs des personnages, leurs souffrances , leur misère, leurs addictions, leur mal-être et leur résignation. Un récit poignant et émouvant à découvrir!

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La peine du bourreau

Troisième lecture en matière de littérature noire pour le Prix des Auteurs Inconnus et cette dernière s’est tout aussi bien passée que pour ses deux premières concurrentes.



Même s’il est écrit par une auteure française, Estelle Tharreau, « La peine du bourreau » trouve son décor planté dans un pénitencier américain, peu de temps avant l’expiration du délai de grâce pour l’exécution d’un condamné à mort. Sur un délai de 4 heures, le bourreau McCoy va livrer ses confidences sur le couloir de la mort.



Véritable huit-clos oppressant, c’est tout le milieu carcéral qui faire l’ambiance de ce thriller. Les heures et les minutes s’égrènent avant l’expiration du délai durant lequel le gouverneur de l’État peut choisir de procéder à l’exécution ou de commuer la peine capitale en peine à perpétuité. Le lecteur a, lui-même, l’impression se se retrouver entre les quatre murs de la cellule du couloir de la mot, dans cette attente insupportable. L’opposition entre les défenseurs et les opposants de la peine de mort amène la réflexion auprès du lecteur.



Estelle Tharreau offre un twist final auquel je ne m’attendais pas du tout. J’ai dû relire plusieurs fois le dernier chapitre pour être certaine de ne pas m’être trompée mais non, l’auteure a bien le culot de le faire !

Tout simplement génial!



Un seul petit inconvénient relevé est que les confidences de notre « héros » principal, McCoy, font état d’un grand nombre de protagonistes différents. Mon actuelle mémoire d’huître et moi avouons avoir eu parfois du mal à nous y retrouver parmi tous ceux-ci. Mais cela n’a gâché en rien mon plaisir de lecture !



Bon, ne nous voilons pas la face, il faut avouer que la maison d’édition Taurnada a le don de dénicher de très bonnes surprises en matière de littérature noire et cela pour un tout petit prix (puisque leurs livres se vendent à seulement 9,99 euros!). Cela prouve bien qu’il ne faut pas investir des mille et des cents pour pouvoir passer un bon moment d’évasion par sa lecture ! Ces petits formats font très bien leur job et sont, pour tous ceux que j’ai déjà eu l’occasion de lire, de très bons divertissements.
Lien : https://www.musemaniasbooks...
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Mon ombre assassine

une lecture qui me laisse un goût amer. Comme un malaise qui m a chevillé au corps pendant toute la lecture.

J ai beaucoup d empathie en temps normal et ce livre qui nous plonge dans les pensées d'une psychopathe est vraiment dérangeant.

Nadège Solignac est une maîtresse d école comme moi, qui a eu une enfance catastrophique : pas désirée, une mère plutôt folle qui essaie de la tuer et un père qui ne s occupe absolument pas d elle.

La petite se construit en comprenant ce qu est le bien et le mal et surtout la zone où tant qu on est pas pris à faire le mal on est dans une zone neutre.

Nadège apprend à tromper son monde. Alors qu elle ne ressent rien de positif pour les autres, son entourage la prend pour une petite soeur courage, une femme dévouée, une maîtresse aimante et passionnee par son travail et les enfants. Ses confidences font froid dans le dos.

Glaçant.
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Mon ombre assassine

"Je suis la fille d'une dépression post-partum et d'un raté démissionnaire. Je suis la soeur d'un clone paternel et d'un monstre répugnant."



Quelle claque !



Roman après roman, Estelle Tharreau construit un intéressant parcours avec une production aussi marquante que singulière. Des histoires toujours sombres mais chaque fois différentes, une écriture accrocheuse, une tension insidieuse qui tenaille le lecteur, un art maitrisé du suspense.



Commencer un roman d'Estelle Tharreau en fin de soirée, c'est prendre le risque de passer une nuit blanche…



Cette fois, elle choisit de nous faire pénétrer l'esprit, tortueux, d'une tueuse en série. La narration de son point de vue, à la première personne, l'utilisation du « je », ajoutent à l'identification et donc au malaise du lecteur.



Oscillant entre scènes du présent et flashbacks du passé, on suit l'évolution de cette enfant pas comme les autres, le mal incarné sous les traits d'un petit ange blond, au-dessous de tout soupçon. On peine parfois à imaginer qu'une enfant puisse être aussi fausse, manipulatrice, malveillante, déterminée et pourtant. L'âge n'arrangera rien à l'affaire…



Comme pour tout bon thriller, mieux vaut ne pas trop en dire et laisser au maximum le plaisir de la découverte au lecteur. Sachez seulement que quand le roman commence, Nadège, l'héroïne vient de commettre un nouveau meurtre qui pourrait bien être celui qui va la perdre définitivement.



Une des bonnes idées de l'auteure est d'avoir situé l'enfance de son héroïne en Provence. Pas une Provence de carte postale, entre champs de lavande et chant des cigales, mais dans une nature particulièrement rude, aride, poussiéreuse, rocailleuse, perpétuellement fouettée par les vents, un environnement hostile qui a fait sortir de ses entrailles, une créature non moins hostile…



Quand l'ombre monstrueuse d'une meurtrière psychopathe se superpose insidieusement à la vôtre, Mon Ombre assassine, d'Estelle Tharreau, un roman glaçant…


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De la terre dans la bouche

« Elle inspira, tomba une vitesse pour amorcer cette ultime difficulté. Les pneus chassaient, mais la voiture avançait tandis que la lumière s'intensifiait et les arbres s'écartaient. Un dernier tour de route et elle apparut.

La Braconne... si belle dans cet écrin de verdure qui s'ouvrait sur le lac gelé et scintillant, avec un vieux ponton de bois près duquel un abri de pierre brillait au soleil.

La Braconne... Si semblable à la photo de Rose. »



A la mort de sa grand-mère, Elsa hérite d’une maison, La Braconne, dont elle ignorait jusqu’ici totalement l’existence. Intriguée, elle décide de s’y rendre avant de finaliser sa mise en vente. Sur place, la maison s’avère être habité par un type persuadé que la bâtisse appartient à son grand-père. La première rencontre est plutôt houleuse et Elsa va vite comprendre qu’elle n’est pas la bienvenue.



Les tensions et les tentatives d’intimidation vont aller crescendo. L’arrivée de la jeune femme suscite bien des remous à Mont-Éloi, notamment auprès des anciens. S’ils ne la connaissent pas, tous se rappellent de Rose, sa grand-mère.



Le village a été le théâtre d’un effroyable drame pendant la seconde Guerre Mondiale, les blessures sont encore vivaces et certains sont bien décidés à ce que leurs secrets ne soient pas déterrés…





Une intrigue qui mêle habilement passé et présent, petite et grande Histoire, nous rappelant au passage à quel point les petits arrangements avec l’occupant, ou avec sa propre conscience, ont pu susciter non-dits et rancunes tenaces.



Avec De la terre dans la bouche, Estelle Tharreau signe de son écriture addictive un troisième roman aussi rythmé et prenant que les précédents, impossible à lâcher avant de l’avoir terminé.



Mention spéciale à la très belle couverture !


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Orages

Quand Julie part s’installer dans un petit village de campagne avec sa fille Célia, c’est non seulement pour prendre un poste d’expert-comptable mais aussi pour fuir une vie sentimentale chaotique faite d’une succession de relations merdiques dans lesquelles elle reconnait volontiers sa part de responsabilité.



Le village s’appelle Sauveur, il est à une vingtaine de kilomètres de la ville la plus proche. Le poste est proposé par la mairie. Il bénéficie en plus d’un logement de fonction, une ferme joliment rénovée baptisée le Refuge. Sauveur, le Refuge, de quoi conforter Julie dans le bien-fondé de cette nouvelle vie.



Mais derrière les jolies maisons aux fenêtres fleuries et les sourires de bienvenue, la réalité va vite reprendre ses droits.



Julie va d’abord être agressée verbalement par le boucher du village qui ne semble pas goûter son arrivée et ensuite être confrontée à une vieille femme aussi menaçante qu’inquiétante. Julie va vite regretter d’avoir mis les pieds dans ce village un peu trop idyllique. Les Orages ne vont pas tarder à assombrir le ciel de Sauveur, les problèmes ne font que commencer…



C’est un premier roman vraiment réussi et totalement addictif que nous offre Estelle Tharreau.



Les points de vue de Julie et de Célia, leurs cheminements respectifs, sont très bien amenés. Le journal intime retrouvé par la jeune fille apporte un souffle nouveau au roman qui soudain mène deux histoires de front, entre présent et passé. Une nouvelle dimension s’offre au lecteur et donne toute sa saveur à l’histoire. L’écriture est prenante et on tourne les pages au rythme des sombres secrets longtemps étouffés par le grondement des Orages…


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Le Dernier festin des vaincus

Être autochtone n’est jamais facile quand son pays qui a été colonisé par l’Homme Blanc et que ce dernier a décidé que les enfants devaient apprendre la langue des hommes civilisés et prier le Dieu des Blancs…



Aculturés, martyrisés, de nourriture privés, frappés, violentés, violés, même, ces enfants sont sortis des pensionnats des Blancs plus pauvres qu’en y entrant, puisqu’ils savaient à peine lire, à peine écrire et avaient perdu tous leurs repères avec leur culture, leur famille.



Comment s’en sortir ensuite, comment arriver à trouver un job autre que celui de pauvre travailleur mal payé et maltraité (un "mandaï", comme on dit chez nous) ? Comment ne pas sombrer dans l’alcoolisme, la drogue, le m’en-foutisme et se contenter des allocations données par le gouvernement afin que les natifs restent bien dans leur coin et leur misère à tous les étages ?



Au commencement de ce thriller, j’ai eu un peu de mal, à cause des nombreux personnages et du fait que le début du récit faisait cafouillis dans ma tête, comme si tout s’embrouillait. Heureusement, cela n’a pas duré et une fois remise sur les rails, le récit à filé comme un TGV et il m’a été impossible de refermer le roman pour aller au lit (dur le lendemain au réveil).



Les personnages ne sont pas trop approfondis, l’autrice a choisi d’aller droit au but et ce manque de détails m’a lésé durant ma lecture (ça passe ou ça casse). Malgré tout, j’avais envie de savoir ce qui était arrivé à cette pauvre Naomi et l’enquête piétinait tellement que les flics l’ont même classée, avant qu’elle ne revienne comme un boomerang dans la gueule de certains.



Ce roman est un polar qui met en scène une disparition et un décès afin de parler des problèmes des femmes autochtones au Canada, ces femmes qui ont plus de chance que toutes les autres de disparaître et de finir au terminus des allongés. Grave, non ?



Ce polar en profite aussi pour parler des pensionnats et des traitements terriblement inhumains que l’on a fait subir aux enfants dont il fallait tuer l’indien en eux.



Sans oublier que ce polar va parler aussi d’écologie et surtout du volet social : tous ces autochtones qui ont du mal à trouver du travail, qui boivent, laisse leurs enfants en plan, leur refilant leur mal-être comme un virus contagieux. Une boucle sans fin, un serpent qui se mord la queue, un héritage maudit.



Un polar violent, qui met en lumière des épisodes peu connus dans nos pays et qui, sous couvert d’une enquête policière, va nous parler de tous un tas de problèmes qu’on les natifs du Canada.



Le final est extrêmement tendu, rempli de suspense et d’adrénaline et même si l’on met fin aux agissements du coupable, personne ne sortira vraiment vainqueur de cette histoire… Les Natifs en baveront toujours autant, comme s’ils n’en avaient pas déjà assez bavé.



Un récit poignant et bouleversant par certains moments. Même s’il ne décrochera pas la floche des 4 Étoiles, il restera dans ma mémoire, comme bien d’autres avant lui parlant du même sujet…


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