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EAN : 9782372581257
Taurnada Éditions (02/11/2023)
4.31/5   132 notes
Résumé :
256 pages

Un soir de réveillon, Naomi Shehaan disparaît de la réserve indienne de Meshkanau.
Dans une région minée par la corruption, le racisme, la violence et la misère, un jeune flic, Logan Robertson, tente de briser l'omerta qui entoure cette affaire. Il est rejoint par Nathan et Alice qui, en renouant avec leur passé, plongent dans l'enfer de ce dernier jalon avant la toundra.

Un thriller dur qui éclaire sur les violences in... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (83) Voir plus Ajouter une critique
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Un polar, oui, mais qui serve une vraie cause. Tel pourrait être l'adage d'Estelle Tharreau, qui, après l'enfance maltraitée (Mon ombre assassine), le féminicide (Les eaux noires), la peine de mort aux Etats-Unis (La peine du bourreau) et le syndrome post-traumatique dans l'armée (Il était une fois la guerre), s'attaque cette fois au sort des Autochtones au Canada pour un nouveau thriller bien noir sur fond bien réel de violence et d'injustice.


La réserve innue de Meshkanau et la ville voisine de Pointe-Cartier au Canada n'existent pas. Elles n'en empruntent pas moins les traits de la tragique réalité amérindienne, alors que, assimilés de force lors de la colonisation de leur territoire par les Européens, leurs religions et leurs cultures traditionnelles interdites et leurs enfants expédiés dans des pensionnats autochtones destinés à leur faire oublier leur identité première et à les orienter vers des emplois ouvriers, les Autochtones n'en finissent pas d'en payer encore aujourd'hui les conséquences traumatiques. Impunément maltraités, victimes de multiples sévices, ceux qui ne succombèrent pas à la surmortalité des terribles pensionnats en sortirent brisés, initiant une longue chaîne de transmission d'effets destructeurs : dépression, violence, alcool, drogue, suicide et, de génération en génération, perte d'estime de soi empêchant toute reconstruction.


« Au Canada, une autochtone a dix fois plus de risque de se faire assassiner qu'une autre femme. » Faute de respect de tout autre règle la concernant, c'est de cette terrible loi qu'est victime Naomi Sheehan, une Inue de seize ans dont les fugues à répétition ont fini par ne même plus émouvoir Michèle, sa mère, trop occupée à noyer dans l'alcool la douleur héritée de son enfance en pensionnat autochtone. Soucieux d'éviter scandale et autres désagréments « pour si peu », le chef de la police confie l'enquête, en lui déconseillant tout zèle excessif, au jeune et tout juste nommé policier Logan Robertson. Contre toute attente, ce dernier prend sa mission très au sérieux et entreprend pour de bon, au grand dam de quelques notables de la ville, de faire toute la lumière sur ce énième féminicide. L'on découvrira alors qu'il n'y a pas que les fantômes du passé pour miner le sort des Amérindiens : racisme et criminalité associée n'ont impunément rien perdu de leur vigueur. Rappelons d'ailleurs que le dernier pensionnat autochtone n'a fermé qu'en 1996...


Si l'on gagnera, pour approfondir la thématique de la souffrance amérindienne, à lire des livres tels que Shuni de Naomi Fontaine, Crazy Brave de Joy Harjo ou encore Ici n'est plus ici de Tommy Orange et LaRose de Louise Erdrich, si Nickel Boys de Colson Whitehead révèle avec plus de profondeur encore le cas tout à fait semblable des pensionnats aux Etats-Unis, ce dernier livre d'Estelle Tharreau a le mérite, au travers d'une histoire addictive et bien ficelée, aux personnages intelligemment croqués et au style efficace, de peindre en peu de traits un tableau d'ensemble clair et représentatif d'un sujet encore trop largement méconnu. Il ne semble pas exagéré de dire que le génocide – physique et culturel – amérindien continue plus ou moins directement de faire des victimes.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Un roman socialement et politiquement très dur sur cette toile de fond prégnante en Amérique du Nord, le traitement et le parcage dans des réserves type ghettos des peuplades natives, et tous les miasmes sociétaux en découlant, tels isolement, misère, chômage, exploitation sexuelle, racisme, violence et alcoolisme.
Corollaire abordé et pièce importante de l'enquête policière, la colonisation par l'évangélisation forcée au mépris de toute humanité des enfants indiens arrachés au prétexte d'éducation à leurs parents et traditions pour devenir de bons citoyens et de bons chrétiens à l'image des neo-citoyens colonisateurs. Cette technique d'assimilation forcée dès l'enfance ce est d'ailleurs récurrente dans les "colonies" anglo-saxonnes.

La trame policière particulièrement noire, sordide, ancrée dans cette peu glorieuse réalité, tient la route.

Petit bémol à mon goût, le roman n'échappe cependant pas a un certain manichéisme sous jacent qui grince un peu la mécanique, non pas que les natifs soient tous des victimes et les "colonisateurs" blanc des tyrans, mais les personnages manquent un peu d'épaisseur, et sont un peu trop taillés d'un bloc.
Le plus intéressant à mon avis reste le personnage de l'oncle indien Peter, personnage ambivalent, victime et bourreau tourmenté cherchant sa rédemption, symbole à lui seul des affres des peuples indigènes.

Ce polar noir au thème courageux abordant frontalement par le prisme de l'enquête policière l'histoire ancienne, récente et actuelle peu reluisante du sort sociétal réservé aux peuples natifs au Canada frappe fort, et l'on peut regretter qu'en France l'on a toujours des difficultés et des freins à explorer notre peu glorieuse histoire récente au travers de fictions policières, les auteurs ne s'engageant que rarement encore sur ces sujets délicats voire tabous.

A la fin personne ne sortira gagnant de cet épisode meurtrier et de l'enquête, et même si la vérité éclate et redonne un peu de dignité au peuple de la réserve, ce n'est qu'un soubresaut dans l'inéluctable décrépitude de cette micro-société.

Un roman intéressant à découvrir.
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Bonjour,
Voici “Le dernier festin des vaincus” de Estelle Tharreau . Attendez-vous à affronter un thriller très sombre et très dur. Tout d'abord, disparition d'une jeune mineure dans une réserve indienne au Canada. Ensuite, entrée en scène d'un jeune flic qui va tenter de résoudre cette affaire complexe. L'intrigue va au delà du scénario et dénonce sans fard la vie des indiens dans les réserves, la maltraitance dont ils sont victimes, la corruption, les discriminations ,les violences sexuelles, le fléau de la drogue et de l'alcool qui fait des ravages. J'ai été bouleversée par les atrocités supportées par les enfants indiens dans les pensionnats où leur identité disparaissait. Ces enfants martyrisés n'avaient comme horizon que des séquelles irréversibles. L'auteure nous séduit à nouveau avec ce roman féministe, engagé et digne d'une plume percutante et incisive. L'atmosphère sombre, oppressante et imprégnée de malheurs vous submergera. Vous ressentirez les douleurs des personnages, leurs souffrances , leur misère, leurs addictions, leur mal-être et leur résignation. Un récit poignant et émouvant à découvrir!
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Être autochtone n'est jamais facile quand son pays qui a été colonisé par l'Homme Blanc et que ce dernier a décidé que les enfants devaient apprendre la langue des hommes civilisés et prier le Dieu des Blancs…

Aculturés, martyrisés, de nourriture privés, frappés, violentés, violés, même, ces enfants sont sortis des pensionnats des Blancs plus pauvres qu'en y entrant, puisqu'ils savaient à peine lire, à peine écrire et avaient perdu tous leurs repères avec leur culture, leur famille.

Comment s'en sortir ensuite, comment arriver à trouver un job autre que celui de pauvre travailleur mal payé et maltraité (un "mandaï", comme on dit chez nous) ? Comment ne pas sombrer dans l'alcoolisme, la drogue, le m'en-foutisme et se contenter des allocations données par le gouvernement afin que les natifs restent bien dans leur coin et leur misère à tous les étages ?

Au commencement de ce thriller, j'ai eu un peu de mal, à cause des nombreux personnages et du fait que le début du récit faisait cafouillis dans ma tête, comme si tout s'embrouillait. Heureusement, cela n'a pas duré et une fois remise sur les rails, le récit à filé comme un TGV et il m'a été impossible de refermer le roman pour aller au lit (dur le lendemain au réveil).

Les personnages ne sont pas trop approfondis, l'autrice a choisi d'aller droit au but et ce manque de détails m'a lésé durant ma lecture (ça passe ou ça casse). Malgré tout, j'avais envie de savoir ce qui était arrivé à cette pauvre Naomi et l'enquête piétinait tellement que les flics l'ont même classée, avant qu'elle ne revienne comme un boomerang dans la gueule de certains.

Ce roman est un polar qui met en scène une disparition et un décès afin de parler des problèmes des femmes autochtones au Canada, ces femmes qui ont plus de chance que toutes les autres de disparaître et de finir au terminus des allongés. Grave, non ?

Ce polar en profite aussi pour parler des pensionnats et des traitements terriblement inhumains que l'on a fait subir aux enfants dont il fallait tuer l'indien en eux.

Sans oublier que ce polar va parler aussi d'écologie et surtout du volet social : tous ces autochtones qui ont du mal à trouver du travail, qui boivent, laisse leurs enfants en plan, leur refilant leur mal-être comme un virus contagieux. Une boucle sans fin, un serpent qui se mord la queue, un héritage maudit.

Un polar violent, qui met en lumière des épisodes peu connus dans nos pays et qui, sous couvert d'une enquête policière, va nous parler de tous un tas de problèmes qu'on les natifs du Canada.

Le final est extrêmement tendu, rempli de suspense et d'adrénaline et même si l'on met fin aux agissements du coupable, personne ne sortira vraiment vainqueur de cette histoire… Les Natifs en baveront toujours autant, comme s'ils n'en avaient pas déjà assez bavé.

Un récit poignant et bouleversant par certains moments. Même s'il ne décrochera pas la floche des 4 Étoiles, il restera dans ma mémoire, comme bien d'autres avant lui parlant du même sujet…

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Une chose est sûre, vous sortirez éprouvé de cette lecture.
Estelle Tharreau nous entraîne au Canada au coeur d'une réserve indienne, mais sans avertissement, sans préparation, mais est-on jamais préparé à ça ?
Bien sûr, j'avais déjà entendu parler des difficultés des populations indiennes que ce soit au Canada, aux États-Unis ou en Amérique du Sud. Mais là, on se retrouve plongé au coeur de ces familles détruites par l'alcool et la drogue, totalement en perte de repères. L'annihilation de leur culture ancestrale, le racisme ambiant envers ces populations, le peu d'emplois disponibles, quelle force de caractère pour échapper à tout ça.
Le pire est sans doute les souvenirs par les personnages de leur séjour enfant au pensionnat. Sous prétexte d'assimiler ces enfants et de les rééduquer, leur faire oublier ce qu'ils étaient, leurs racines, leur peuple, leur fierté, ils étaient arrachés à leurs familles, soumis aux mauvais traitements, humiliés, violentés sexuellement pour certains, détruits à jamais, marqués à vie par des traumatismes qu'ils reproduiront à leur tour.
Que vaut la vie d'une jeune indienne même aujourd'hui ? Apparemment pas grand chose.
Alors, Estelle Tharreau a t'elle forcé un peu le trait sur les difficultés que rencontrent les peuples autochtones du Canada ? Je ne saurais le dire, elle a pris ce qu'il lui fallait pour rendre son écrit crédible. C'est un roman, une fiction, mais un livre qui prend aux tripes. le personnage de Marie Fontaine apporte un peu d'espoir, que ces peuples arrivent à renouer avec leur passé et leurs traditions.
Estelle Thareau, une auteur à découvrir et à suivre.
Merci aux éditions Taurnada et à Babelio pour l'envoi de ce livre dans le cadre d'une masse critique.
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Citations et extraits (35) Voir plus Ajouter une citation
« En sortant du pensionnat, on n’avait aucune qualification. On est rentrés chez nous sans rien. Avec encore moins qu’en y entrant. On y a laissé notre joie, notre insouciance, notre famille et notre culture pour repartir avec un traumatisme irréversible. »
Le journaliste respecta le silence de la femme avant de pousser plus avant l’interview :
« À l’origine, ces pensionnats devaient servir à assurer l’éducation des jeunes autochtones ? Pour vous comme pour beaucoup d’autres, ça n’a pas été le cas.
– Non, en effet. En sortant de cet enfer, on savait tout juste lire et écrire, mais on pouvait réciter des passages entiers de la Bible.
– Pas facile pour entamer sa vie d’adulte.
– C’était quasiment impossible. On n’avait de place nulle part : chez nous, on se taisait. On avait honte de nous-mêmes, mais aussi de nos parents qu’on nous avait dépeints comme des sauvages pendant toute notre enfance.
– Trouver un emploi devait être compliqué.
– Comme je l’ai dit, on n’avait aucune qualification. Dans l’esprit de l’époque, les Indiens ne pouvaient accéder qu’à des métiers manuels. Mais même dans ce domaine, l’enseignement que nous avions reçu était dérisoire.
– Le manque de qualification n’était pas le seul obstacle, je présume.
– Non, bien entendu. Personne ne voulait former ou embaucher un Indien sauf pour des sous-emplois. La mauvaise image, le dégoût que nous éprouvions de nous-mêmes, le monde extérieur nous les renvoyait constamment. Alors, au fil du temps, à force de vous répéter que vous êtes un sauvage, à force de vous traiter comme un sauvage… À force de vous voir vous-même comme un sauvage, vous finissez par vous comporter comme un sauvage.
– C’est à ce moment-là que vous avez sombré dans l’alcool.
– Oui et la drogue.
– Comment avez-vous fait pour vivre ?
– Avec les allocations que l’État nous verse. Il préfère payer pour que nous restions invisibles, cloîtrés dans notre misère intellectuelle, sociale et économique. On se tue lentement. Il n’y a jamais eu de volonté de progrès ou de civilisation dans ces pensionnats.
– Alors à quoi servaient-ils selon vous ?
– À tuer l’indien ; à éradiquer un peuple et à le chasser de ses terres. Chasser les nomades qui ont besoin d’un vaste territoire pour vivre au gré des saisons et des migrations des animaux pour faire place aux grands projets de “civilisation” ; les mines, les barrages hydroélectriques, les essais militaires…
– Les pensionnats sont fermés désormais et, pourtant, beaucoup de jeunes autochtones sont toujours à la dérive. Comment l’expliquez-vous ? » La femme se tut et Nathan posa une main sur l’épaule d’Alice, qui n’esquissa aucune réaction. « La question des enfants revient à celle des parents. Mes trois enfants m’ont été retirés. Deux sont décédés aujourd’hui. Un seul a réussi à guérir du mal que je lui ai transmis.
– Du mal résultant des pensionnats ?
– Comment devenir mère après ça ? Comment faire quand on n’a plus aucun repère et rien à transmettre, même pas l’estime de soi.
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Des façades beiges ou rouges, ternies par la saleté, jamais ravalées. Des ruelles où s’entassaient les débris matériels et humains dont la population voulait se débarrasser. Le royaume de la crasse et des rats s’animait la nuit pendant laquelle des silhouettes fantomatiques surgissaient de l’ombre des porches ou se découpaient sous la lumière des lampadaires. Des sans domicile fixe, des drogués, des prostituées, des travailleurs pauvres que le coût des logements et les bas salaires avaient rejetés loin des quartiers vivables. Parmi les spectres des quartiers miséreux, un nombre incalculable de visages aux yeux en amande et aux cheveux de jais se levait vers les deux jeunes gens. «
La rupture des liens avec leur culture et leur communauté accentue leur isolement et leur marginalisation. Pour les femmes, le problème est accru par la discrimination et le sexisme », fit Nathan en se lançant dans un argumentaire universitaire pour contenir la gêne des regards qui se posaient sur eux tandis qu’Alice s’en empreignait pour n’en oublier aucun détail.
« L’image de “l’Indien sale” et de “l’Indienne facile”, d’un peuple violent d’alcooliques, de drogués et de fainéants ne cesse de leur coller à la peau et…
– Et quoi ? le coupa Alice. Tu veux des chiffres ? Contrairement à ce que tu penses, je ne suis pas ignorante de ce qui les touche. Mais, moi, je n’oublie pas que la majorité des agresseurs sont d’anciennes victimes, que la plupart des femmes agressées sont elles-mêmes droguées ou alcooliques et que beaucoup souffrent de troubles mentaux suite à des années d’alcoolisme ou de toxicomanie. Comment veux-tu donner une image positive avec ça ? »
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Au Canada, une autochtone a dix fois plus de risque de se faire assassiner qu’une autre femme.
Selon le rapport de la Gendarmerie royale du Canada datant de 2014, 1181 femmes autochtones ont disparu ou ont été assassinées entre 1980 et 2012. Rapporté au pourcentage de la population, ce chiffre équivaut à 55 000 Françaises. 365 cas restent non résolus. En 2019, l’enquête nationale réalisée sur ce sujet publiait son rapport final. La commissaire en chef, Marion Buller, déclarait : « Malgré leurs circonstances et leurs milieux différents, toutes les femmes et les filles disparues et assassinées ont en commun un contexte de marginalisation économique, sociale et politique, de racisme et de misogynie qui, malheureusement, est bien ancré dans la société canadienne. »
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Agenouillé pour courber les tiges et les imbriquer, Peter avait vu une ombre s'abattre au-dessus de lui et se répandre sur le sol. Son visage s'était retourné vivement et s'était heurté aux yeux révulsés du Père supérieur qui découvrait ce que l'enfant faisait. Il l'avait saisi par le col, avait fait tomber son pantalon, avait ramassé une tige soupe et l'avait fouetté jusqu'à scarifier sa peau tendre de longues striures à vif. À chaque coup qui s'abattait, Peter avait ravalé ses pleurs et ses cris de souffrance qui lui avaient donné l'impression d'obstruer sa gorge, de l'étouffer tandis que son estomac se révulsait en entendant les grondements gutturaux du Père.
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À présent, Naomi gisait au milieu du vaste lac gelé. Les os rompus, elle n'avait plus la force de se traîner. Son corps avait creuser un long sillon qu'allait bientôt combler la neige qui s'abattait en rafales.
Elle entendit un piétinement et un grognement qui se rapprochaient. La moindre respiration lui brûlait la poitrine et faisait couler son sang au coin de ses lèvres. Sur sa joue, elle sentit le velours des cors et le souffle chaud du jeune mâle caribou. L'animal vénéré par son peuple venait à elle comme dans un rêve, comme dans les récits qui avaient forgé les croyances de ces ancêtres.
Mais, rapidement, il s'éloigna, bien avant qu'elle n'entendit le claquement métallique d'un fusil qu'on arme. Elle vit des semelles de bottes. Ses ongles s'y plantèrent, s'y accrochèrent pour implorer pitié.
Le caribou avait reculé, mais n'était pas parti. Il faisait face à l'humain dressé au milieu de cette vaste étendue blanche sous un ciel d'encre.
Tandis que la neige commençait à recouvrir le corps supplicié de Naomi, le visage de l'homme se grava dans les yeux noirs et fixes de l'animal.
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Vidéo de Estelle Tharreau
« le Dernier festin des vaincus », le booktrailer. Un thriller d'Estelle Tharreau.
Un soir de réveillon, Naomi Shehaan disparaît de la réserve indienne de Meshkanau. Dans une région minée par la corruption, le racisme, la violence et la misère, un jeune flic, Logan Robertson, tente de briser l'omerta qui entoure cette affaire. Il est rejoint par Nathan et Alice qui, en renouant avec leur passé, plongent dans l'enfer de ce dernier jalon avant la toundra.
Un thriller dur qui éclaire sur les violences intracommunautaires et les traumatismes liés aux pensionnats indiens, dont les femmes sont les premières victimes.
« Au Canada, une autochtone a dix fois plus de risque de se faire assassiner qu'une autre femme. »
Roman disponible le 2 novembre 2023 (papier & numérique).
Infos & précommande ici https://www.taurnada.fr/ldfdvet/
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