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Critiques de Eugène Guillevic (53)
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Accorder: Poèmes 1933-1996

La Feuille Volante n° 1396– Octobre 2019.

Accorder - Guillevic - Gallimard.

Ce recueil, publié en 2013, c'est à dire 16 ans après le mort du poète, est la suite de "Relier" paru en 2007. Il a été établi par sa veuve, Lucie Albertini-Guillevic qui présente ces textes écrits entre 1933 et 1996 et qui sont ici publiés mais évoque surtout de leur auteur, explique sa sensibilité et sa démarche d'écriture,rappelle que pour lui, la poésie était une "aventure colossale" à laquelle il avait consacré sa vie et donc assurément pas "une chose rassurante mais au contraire une sorte d'obligation à ce point contraignante à laquelle il ne pouvait ni ne voulait se dérober. L'écriture pour lui n'a donc pas été un simple passe-temps, comme ce qu'elle a pu être le cas pour d'autres écrivains, mais quelque chose de vital pour lui. En outre il s'est toujours situé dans l'instant présent, c'est à dire ce qu'il voit et ce qu'il entend, et n'a pas célébré le passé, pourtant inéluctable qui est souvent le moteur de la créativité. le présent dépend certes du passé mais le temps actuel, celui qui est le sien, implique aussi le futur et nous mène inexorablement à la mort face à laquelle l'art ne peut rien. Il est quand même permis de penser que si l'homme est effectivement mortel, la trace qu'il peut éventuellement laisser à travers l'art est susceptible de lui survivre. Ce recueil peut en être la preuve.

Il a lui-même nommé "l'expérience Guillevic" ce qui a été un long combat contre lui-même, inscrit dans le présent, avec le constant désir de communiquer avec les autres et ce tout au long de ces soixante-six années de création. Pour cela sa seule arme était les mots, mais des mots secrets, ce qui ne correspondaient pas à son "état social" de fonctionnaire, parce que ce qu'il portait en lui l'obligeait à écrire, que c'était vital pour lui et qu'il n'était vraiment lui-même que devant la page blanche solitaire. Cela tenait plus de l'obligation que du désir et il est possible de penser que l'écriture pour lui était une sorte de thérapie qui lui permettait de supporter le quotidien. Cette sécurité d'emploi était certes pour lui une garantie de sérénité et de détachement au service de sa liberté d'écrire mais, dans le même temps, son état de poète supposait qu'ils se mît à la disposition de cette force étrange que le contraignait à tracer des mots sur la feuille vierge, à la fois aimant et défi. S'y dérober eût été pour lui une perte définitive de créativité parce que ce qui naît sous la plume dans ces moments d'exception ne revient pas si on néglige de le transcrire, même si pour cela il faut bousculer un peu sa vie, ses habitudes, son confort passager. Cela tient de l'intime et suppose évidemment un certain secret face à une vie sociale incontournable, un "périscope" comme il le disait lui-même qui lui permettait de faire semblant de sortir de ses "labyrinthes" créatifs, d'être un fonctionnaire et un citoyen comme les autres alors que, lorsqu'il était au centre de son jardin secret, il était tout autre. Ces "labyrinthes" étaient, comme il le dit lui-même, le domaine de ces eaux souterraines, de cette mer intérieure dans lesquelles il nageait et qui lui conféraient un rapport passionnel aux choses. le concept du secret s'appliquait non seulement à l'image qu'il donnait de lui, puisque je ne suis pas sûr que la caractéristique de poète ait été véritablement prisée dans le contexte administratif dans lequel il exerçait son activité professionnelle, mais aussi aux poèmes qu'il écrivait. Il devait se protéger lui-même, non seulement en gardant le secret sur sa qualité de poète, pour mieux continuer à vivre "cette épopée" personnelle de créateur, mais ce secret s'exerçait également contre lui dans la mesure où, sous l'emprise de l'inspiration, celui qui tient la plume et se laisse porter par cet élan ne sait pas forcément où il va. En outre, ce concept du secret s'appliquait aussi sans doute à ses poèmes, cette partie de la littérature, pour être un intéressant reflet de son auteur et du monde, n'a que très rarement passionné le grand public en dehors de son illustration dans la chanson et ce d'autant plus que Guillevic a écrit ses textes au plus fort du mouvement surréaliste avec lequel il n'avait rien de commun.

Ce recueil est dans le droit fil d'autres publication parues depuis la mort du poète et qui lui ont rendu hommage. Elles ont parfois associé gravures et peintures aux poèmes dont certains étaient inédits. Les précisions de Lucie Albertini Guillevic me paraissent importantes et éclairent la démarche du poète et de son écriture. ©Hervé Gautier.http:// hervegautier.e-monsite.com
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Accorder: Poèmes 1933-1996

A l’écoute des choses et des êtres.





Chez Guillevic, le monde et la vie intérieure sont indissociables ; chacun est à la fois le reflet de l’autre et un vecteur pour le penser. Les deux univers se conjuguent et fusionnent parfois dans des moments d’apaisement mais le plus souvent ils s’animent pour manifester agitation et bouleversement. Amitié et enfance occupent une place importante dans les textes réunis ici.



Lucie Albertinini-Guillevic, compagne du poète, a choisi, pour établir ce recueil posthume, des textes publiés à tirages limités souvent devenus introuvables. Chaque poème est suivi de la date à laquelle il a été écrit car le classement n’en est pas chronologique.



« Accorder » parcoure soixante années d'écriture, depuis les débuts jusqu'à la maturité, révélant une poésie mue par un amour du langage qui se révèle tout particulièrement dans « Lexiquer » et qui s’exprime dans une langue à la fois simple et dense.

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Art poétique

C'est une invitation à l'écriture poétique qui m'a donné envie de me plonger dans ce beau recueil de poésies, d'écouter car « comme certaines musiques, le poème fait chanter le silence… »

Dans ma jeunesse, j'ai compris le pouvoir des mots avec Guillevic. J'aime sa concision. Celui qui a écrit « le poème Nous met au monde. » a participé à mon éveil littéraire. Il a aussi écrit « La poésie, c'est le langage pour connaître la vie, pour la toucher, pour la sentir ».

A lire et à laisser traîner sur sa table de chevet…



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Art poétique

Comment peut-on ranger des mots si superbes sur une étagère ?



J’ai été soufflée par le chant des mots de Guillevic : tout est à sa place propre et chaque idée semble si naturelle qu’à l’instant où on la découvre elle fait partie intégrante de nous depuis toujours. Si les mot employés sont quotidiens leurs associations particulière ce quelque chose de tout à fait nouveau. Sa poésie est profondément instinctive et sensitive, j’aime quand un texte parle autant à mes sens qu’a mon intellect. Je retrouve quelque chose de Michaux, que Guillevic cite d’ailleurs à plusieurs reprises (ce qui m’a rassuré : si même l’auteur assume la filiation je ne suis pas en train de me monter un film haha).



C’est un magnifique ouvrage que je conseillerai à tous ceux qui cherchent une porte d’entrée dans la poésie, un point pour (re)prendre contact avec cette langue si particulière, avec le langage de l’image. Il a été très prolifique et j’ai hate de me plonger dans ses autres écrits.







J’ai véritablement ressenti la Paroi qu’il nous expose dans une réflexion sur l’espace, sa finitude et la notre.



J’ai voulu chanter à tue tête dans le Chant (troisième partie de mon édition).



Je possède ce recueil, comme souvent, dans la collection Poésie de Gallimard. Cette fois aucun soucis à rapporter, le texte respire à merveille dans la page ce qui permet de le dévorer : je n’ai mis que quelques heures à engloutir les 400pages de l’ouvrage.



Et puis un poète Breton avait forcément ma tendresse 😉 !
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Art poétique

Un magnifique recueil de poèmes, j'ai beaucoup apprécié ça m'a fait réfléchir et j'ai pu apprécié la beauté de Guillevic, j'ai vraiment passé un excellent moment rempli de pureté et de douceur
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Art poétique

Lus et relus suite à une émission entendue sur France Culture, lus par Laurent Stocker 23.02.2012
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Art poétique

Je ne sais comment vous parlez de Guillevic tant je comprends au plus profond de moi ses poèmes, ses interrogations, sa construction, son esprit, sa vision du soi, intime. Ici, Paroi, Art Poétique et Le chant. C'est Art Poétique qui, pour moi, est une grâce ! Je ne citerai que ce cours poème qui fera sans aucun doute écho à tous ceux qui écrivent. Pour ceux qui rêvent d'écrire sans oser peut être alors c'est encourageant, enthousiasmant : "Si je n'écris pas ce matin

Je n'en saurai pas davantage,

Je ne saurai rien

De ce que je peux être." Franchement les amis, ne me dites pas qu'en lisant ces quelques vers vous n'avez pas envie de vous y mettre !

(Parfois ça me fait penser à Bobin... dans le regard porté sur la nature)
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Art poétique

L'art poétique de Guillevic n'est pas un livre de poèmes où l'auteur dévoilerait ses secrets et techniques de métier et de fabrication : la poésie est un langage, et aussi une manière de regarder le monde et de l'habiter. C'est donc un art de vivre, un art de regarder, un art de parler aux choses du monde, un art de rêver, - en somme tout ce qui fait la manière poétique qu'ont les hommes de séjourner dans le monde.
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Art poétique

Aux côtés de deux quasi-réflexions théorique et pratique, mises en poésie, sans doute l’un des textes les plus décisifs de Guillevic : « Paroi ».



Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2021/04/27/note-de-lecture-paroi-art-poetique-le-chant-guillevic/



Rarement un poète aura pris sur lui, comme le fait Guillevic dans cette publication de 1970, de tenter le tissage du monde entier, et de la vie elle-même, autour d’une unique métaphore – a priori inattendue – qu’il va s’agir de ramifier, de sensibiliser et de hausser sans cesse au fil de ses 120 pages (l’une de ses œuvres les plus longues, nettement, écrite d’un seul tenant ou presque).



Dans ce qui débute comme une confidence, presque finale et visiblement obligatoire, la question de la paroi orchestre aussi bien une interrogation métaphysique rare (celle à laquelle s’attache principalement, par exemple, Yvon Quiniou dans son bel article de 2019, ici) que la mise en scène approfondie d’un espace de relations et d’interlocuteurs (ce qui n’aura pas été fréquent dans l’œuvre du poète, si ce n’est sous plusieurs formes dissimulées) – ce que soulignait Isabelle Chol dans son « Guillevic et la langue » de 2007, à lire ici -, Guillevic ne perd pas un instant de vue, bien au contraire, que le langage poétique sert aussi et peut-être surtout à dessiner, avec vents et marées et contre effets de mode et renoncements, un espace combattant permanent, un lieu guerrier sans cruauté où le politique et l’intime étroitement s’entrelacent et où la quête d’un verbe juste et fort permet d’entretenir toujours une flamme, sans repos et sans relâche.



Plus l’on se laisse inviter dans la poésie de Guillevic, construite sur près de soixante années, en cédant doucement aux injonctions plus ou moins feutrées de La Moitié du Fourbi, de Jérôme Leroy, ou d’André Rougier, pour ne citer que quelques-uns, proches, des guides et incitateurs possibles, plus on réalise sans doute possible à quel point le questionnement personnel et la lutte – sous des formes naturellement évolutives – sont indissociables. Et dans cette quête, il s’agit aussi d’accepter – peut-être même de chérir – les oscillations et les trébuchements qui viendraient justement de l’avancée même. Ou en d’autres termes, comme le résumait Guillevic lui-même (et merci au collectif La Villa Mais d’Ici pour ce rappel) : « Paroi a été une expérience, presque métaphysique. Je suis très heureux quand je fais un long poème, c’est le moment où je suis le plus heureux, je ne pense plus qu’a ça… Paroi est un poème : dans une telle suite, il y a forcément des temps plus forts que d’autres, mais je ne suis pas pour un poème qui soit fait uniquement de temps forts, il faut qu’il y ait des descentes, des paliers, des remontées, une sinusoïde, une composition musicale… C’est le cas dans Paroi. »



Neuf ans après « Carnac » et sept ans après « Sphère », à une époque qui a désormais connu une révolte mondiale aux lendemains complexes entre vertiges inaboutis d’un flower power, grèves exubérantes et contorsions sans doute si vite oubliées, entre paroxysmes mortifères et enterrements de deuxième classe, l’espace ici délimité et pourtant furieusement ouvert, face au granit métaphorique, témoigne d’une fougue intacte, renouvelée même.



Après presque trente ans, alors, de cheminement poétique, Guillevic poursuit inlassablement un questionnement, refusant patiemment les effets de fatigue individuelle et collective, repoussant plus ou moins vigoureusement les sirènes susurrant que le combat est passé d’actualité, qu’il n’intéresse plus personne, pour continuer à cheviller, à tennoner et à mortaiser au long d’une paroi qui sans cesse se dérobe, se déguise, feint l’évanouissement pour mieux permettre à notre ennemi intime et politique de nous tromper quant à la cible de nos actes. Et c’est ainsi que cette poésie, avec son langage conçu et forgé pour dissiper les brumes, continue à nous soutenir et nous éclairer, bien des années après sa composition.
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Avec Jean Follain

Cité par Marie Desplechin:La force de qui

La force de quoi

Rêvez-vous d'avoir?

eT C4EST POUR QUOI FAIRE,
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Blason de la chambre

RÉINVENTER LE QUOTIDIEN



Les quarante textes qui composent ce bref et charmant recueil, accompagné de dessins au fusain délicatement désuets avec leurs allures d'ombres un peu raides et tout juste ébauchées, n'ont pas pour tâche de bouleverser le petit monde de la poésie comme ce fut le cas, dans une thématique qui pourrait lui sembler proche, du recueil incroyable de Francis Ponge, Le parti pris des choses.



Le regard d'Eugène Guillevic sur le monde, sur son petit univers - qui est aussi le notre - n'avait pas cette apparente froideur de la dissection pongienne. Il ne s'était pas plus donné pour tâcher de disséquer ce qui est pourtant sous nos yeux et que nous voyons plus, non ! En revanche, il nous rend sensible ces choses-là, en mettant la lumière, une lumière intime, profonde et tendrement décalée, sur son univers proche, celui de sa chambre, tout autant lieu de vie - mais quelle ! puisque c'est celui où nos existences se mettent entre parenthèse - que de travail, ce qu'il rappelle avec vigueur lorsqu'il évoque sa table :



Tu es mon affût,

Tu es mon chantier,



C'est ici que je suis

Au mieux avec moi-même,



Ici que l'univers

Devient mon matériau.



Ainsi, c'est à l'état de veille que le poète se sent au mieux avec lui-même, pas dans son lit, où l'on confie son esprit à un certain Morphée dont on ne se souvient jamais assez qu'il était fils d'Hypnos chez les antiques. Pour autant, les draps de ce lit sont ses «accueillants», «confidents», «adéquats».



Le poème est donc, plus que jamais dans ce recueil, cherche à mettre en lumière ce quotidien le plus évident, essentiel, dans cette suite intitulée Blason de la chambre, publiée en 1982 par Eugène Guillevic. Le poète y prend ainsi pour objets poétiques ces choses - meubles, instants, sensations - pour nous insignifiantes que sont une chaise, des rideaux, un crayon ou même les murs et le plafonds ; le silence. Le poète ne s'en éloigne jamais qui lui évoque souvenirs, impressions, intuitions, instantanés de vie présente, passée ou possiblement future.



Guillevic parvient même à s'objectiver - à se mettre au niveau de ces petites choses qu'il transmue en concepts plus grands, par les mots - tandis qu'il s'y décrit en occupant, admettant ainsi qu'il s'y trouve presque surnuméraire, un étranger, celui qui occupe mais sans en être véritablement. Et il s'adresse, presque d'individu à individu, à ces objets qui l'entourent :



L'OCCUPANT



Alors même

Que je ne suis pas seul,



C'est en solitaire

Que je vous parle,



Sauf quand le corps-à-corps

M'enlève à vous -



Mais vous savez.



Blason de la chambre n'est d'évidence pas le plus grand recueil que Guillevic aura écrit au court de sa belle et longue vie en Poésie mais les textes qu'on y trouve s'insinuent dans l'esprit du lecteur en ce qu'il retiennent et contiennent de cette inquiétude sereine qu'est cette recherche de lien à construire entre le soi - l'en soi - et le monde qui vous entoure, avec tout son mystère, avec ses évocations, avec sa difficulté à être dit autrement que par les mots du poème.

Un sourire perle à la commissure des lèvres une fois ce petit livre délicat enfin reposé - reposant -, le regard un peu vague, perdu à entrevoir, grâce à l'évidence établie par le poète, l'âme des toutes ces choses précédemment inanimées...
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Du domaine Euclidiennes

Guillevic (1907-1997) est un poète qui fut membre du parti communiste français. Il a reçu le grand prix de poésie de l'Académie française en 1976. Je suis tombé par hasard sur ce recueil, qui ne restera probablement pas dans ma mémoire. Je n'ai pas du tout été sensible au premier texte ("Du domaine"). "Les Euclidiennes" sont parfois plaisantes, mais vraiment sans génie.
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Du domaine Euclidiennes

Des pensées, des perceptions d’un à six vers, lesquels ne dépassent pas chacun huit syllabes. J’en choisis quelques-unes pour la méditation, parmi les plus courtes : « On ne se couche /Que pour s’avouer son corps ». « Il n’y a pas d’ailleurs /Où guérir d’ici ». « La grande lumière aussi /Fait tâtonner ». « L’horizon /Nous condamne au cercle ».



Je m’emporte contre d’autres où je reste étranger : « Si le cheval devient pigeon, /C’est que le domaine /Sera fermé ». « On voit parfois /Du silence qui gronde. /Il n’aime pas le blanc ». « Est-ce que vraiment /On a besoin du blanc ? ». « Vierge le jour, /Comme soi-même ». « L’herbe aussi /Te dort ». Ils trouveront leur place avec la patience ?



D’autres enfin semblent relever du jeu, mais va savoir ! « Démuni /Comme un oiseau sans bec /Au bord d’un champ ». « Le soleil /Ne sait rien de l’ombre ».



Qui est « elle », qui apparaît page 48 ? M’évadant vers le concret, je constate qu’il n’y a pas de page 49.



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Du domaine Euclidiennes

Un beau recueil mais je n'ai pas tout saisi
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Du domaine Euclidiennes

  Poésie fine décrivant un univers insolite, à partir

de l'observation du quotidien buissonnier des choses,

du vivant. Il développe simplement des considérations

profondes, singulières :





. sur le temps et son corolaire

l'horloge.



" Ici le temps

Se croit innocent

p27



" Laisse l'horloge

Dormir son ronron



D'artisanale

Éternité.

p.123





. sur le silence



" Il y a des silences

Gros de silence.



Ils écoutent.

p.24



" Un silence

Couleur de l'étang

p.54





. sur la lumière



" Quand une lumière

Rencontre une autre lumière,



On entend monter

un chant de prophète.

p.27





Par ailleurs, le poète se questionne

à propos du vivant :



. sur les oiseaux

en général.



" Un oiseau



Que voler

Apaiserait.

p.55



" Les oiseaux

Se sont faits



Aux murs.

p.59





. sur l'épervier

en particulier



" Là-haut

L'épervier dit :



C'est maintenant,

L'éternité.

p.98



" Jamais vu l'épervier

Jouer à l'épervier.

p.113





. sur les murs, les haies



" Les murs.



S'ils savaient à qui

Se raconter

p.31



" Des haies.



Que fait un regard

Que rien n'arrête ?

p.13





Poésie champagne faite de bulles

assurément apaisantes :



. sur sa vision de la vie.



" Avancez ! Avancez !



Avec

Ou sans vous

p.10

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Du domaine Euclidiennes

Guillevic (1907-1997) est un poète qui fut militant au parti communiste français. Il a reçu le grand prix de poésie de l'Académie française en 1976. Je suis tombé par hasard sur ce recueil, qui ne restera probablement pas dans ma mémoire. Je n’ai pas du tout été sensible au premier texte ("Du domaine"). "Les Euclidiennes" sont parfois plaisantes, mais vraiment sans génie.
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Écrits intimes: Carnet, cahier, feuillets 19..

La Feuille Volante n° 1390 – Septembre 2019.

Écrits intimes - Guillevic - L'atelier contemporain.



Tout d'abord je remercie Babelio et l'Atelier contemporain de m'avoir permis de découvrir ce livre.

Il se présente en trois parties, illustrées par des photos de documents originaux, "Carnet du Val de Grâce"(7 janvier 1929-23 janvier 1930), "Cahiers"(9 août 1935-1°septembre 1935), et "Lieux communs"(1935-1938), édition établie et présentée par M. Michael Brophy, professeur de littérature française à l'University Collège de Dublin et complétée par une note biographique de Mme Lucie Albertini-Guillevic.

L'itinéraire d'Eugène Guillevic (1907-1997) qui toute sa vie d'écrivain poète ne signa que de son seul nom, comme un pseudonyme, est particulier. Sa vie se déroulera entre l'Alsace et la Bretagne qui sera pour lui une grande source d'inspiration. Celui qui est reconnu comme un poète majeur du XX° siècle passa sa vie professionnelle dans les bureaux de l’administration de l'Enregistrement en Alsace puis au ministère parisien des Finances et des Affaires économiques, ce qui lui a sans doute et peut-être paradoxalement, permis d'écrire, détaché des contraintes quotidiennes. Il ne fut vraiment connu qu'à partir de 1942 et la publication de "Terraqué"(ce titre évoque la terre et l'eau, mais aussi peut être compris par sa contraction en "traqué", à cause de la période de l'Occupation). Ici, il s'agit de carnets, de cahiers, de feuilles volantes, une sorte de journal intime rédigé d'une manière discontinue sur une période d'une dizaine d'années où il recueille des ébauches jetées sur le papier (des imprimés administratifs ou un simple cahier d'écolier) de 1929 à 1938 et qui précèdent les poèmes qu'il publiera, alors qu'il n'est encore qu'un inconnu. Ce ne sont pas encore des poèmes (à part quelques-uns et quelques esquisses), ils viendront plus tard, mais des notes très personnelles qui le révèlent comme un écorché vif qui se découvre lui-même et sont le fruit de réflexions intimes et solitaires, parfois inspirées par une humeur changeante, des commentaires sur l'écriture, sur la poésie et sur l'art, des critiques aussi de sa propre créativité, prémices de l’œuvre littéraire qui fera sa notoriété. Ce sont des instantanés ("sous la dictée fuyant de l'instant", comme le dit si joliment Michael Brophy) discontinus d'une grande spontanéité ou la retouche n'a pas sa place, des annotations brutes, des émotions, des réflexions intimes, des prises de conscience, des découvertes de soi-même où la panique le dispute à la lucidité voire à l'humilité, le vertige à la fuite, l'impuissance à l'angoisse, l'espoir au doute. Homme cultivé, il considère la lecture comme une source de méditation et de création, même si ces auteurs n'ont pas sa préférence, se fait critique d'art à propos de la peinture, de la littérature, parle de la prosodie, de l'inspiration, de son écriture, du véritable sens de la poésie selon lui, a même des positions assez tranchées sur certains écrivains, avoue l'influence de Rilke (il se définit lui-même comme un poète "germanique"), de Rimbaud, explicite les fondements de son art poétique personnel et révèle par petites touches sa future voix. Mais il se veut avant tout poète, aspirant certes à la célébrité, mais critique vis à vis de lui-même, solitaire, mais attentif à l'amitié, confesse son amour de Dieu qu'il invoque face à un monde ingrat où il se sent perdu, abandonné mais aussi pour une jeune fille mais ce dernier semble lointain, réservé (il ne nomme même pas l'élue de son cœur), platonique. 1929 semble être une année faste en matière de réflexions et annotations et correspond à une hospitalisation au "Val de Grâce" pendant laquelle il se sent délaissé, ne trouvant son salut que dans la création poétique simple, loin des contraintes classiques, mais nécessaire. ("Il importe seul de créer"), constatant le pouvoir apaisant des mots ("Les mots me font du bien - oui"). Dans "Lieux communs", plus court et ramassé, il formule un certain nombre d'aphorismes qui résultent d'une réflexion intellectuelle enrichie de gloses et d'exemples, sur la poésie, élargit sur le roman et l'art en général. Il se livre à un commentaire selon une logique scientifique, dissertant notamment sur le roman, sa nature par rapport au temps, à sa notion personnelle de l'esthétique, à sa vision de la fiction et même au lecteur.

Guillevic vit au plus fort moment du surréalisme mais ne succombe pas à ses sirènes, il préfère tourner son regard vers les choses simples et modestes, vers la nature qui l'inspireront et incarneront son style si personnel. Cet ouvrage qui publie des pages soigneusement conservées par l'auteur lui-même, montre que loin de naître poète, Guilevic l'est devenu, progressivement à force de maîtrise de soi, de réflexions sur la vie, sur la mort, sur la création artistique et il fera du poème son seul vrai moyen d’expression.

©Hervé Gautier.http:// hervegautier.e-monsite.com
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Écrits intimes: Carnet, cahier, feuillets 19..

Ce recueil de textes intimes de @Guillevic se présente sous forme de manuscrits, photos, en trois parties : Carnet du Val de grâce, Cahiers, et Lieux communs.



Je connais la poésie de Guillevic et ce que j'en aime est sa simplicité apparente ,discrètement travaillée, dans le sens où on ne se rend pas compte du travail qui a précédé l'écriture.

J'aime dans les poésie de Guillevic ce qui a surgi comme une fraîcheur,les images qui m'en Viennent,des sensations et de la nature évoquées.

Aussi ai-je découvert avec étonnement dans ses carnets et les notes d'Eugène Guillevic à quel point l'auteur avant d'être édité et d'être connu était tellement tourmenté.



Pour une part ça m'a intéressé parce que on découvre ce qui peut construire une carrière d'auteur.



Je ne connaissais pas non plus le côté tourmenté et malade de sa vie dans ses débuts.



Mais pour être tout à fait franche cela ne m'a pas intéressé.



J'aime sa poésie.



Je n'aime pas ce côté tourments, doutes, il y a dans ses confessions sur ses carnets intimes certains excès au niveau de son ego d'artiste, que si j'ai trouvé un moment donné amusant et partiellement intéressant de découvrir, j'ai également assez vite été lassée de cet aspect de l'auteur.



c'est un peu comme si on était déçu par la personne de l'artiste alors qu'on adore l'œuvre.





Il faut avouer que ce livre est arrivé entre mes mains lors d'une masse critique de Babelio.



La présentation a été rapide et il faisait partie de mes choix mais vraiment de mes derniers choix.



Désormais je ne que sur cliquerai plus que pour des livres que j'ai profondément envie de lire lors des masses critiques.





En effet si j'aime lire de la poésie, je ne peux pas dire que j'ai envie de lire des carnets intimes des poètes.



Du moins pas après cet ouvrage,puisque j'ai découvert une personnalité qui était à l'opposée de ce que j'imaginais après la lecture de ses poèmes.



Évidemment cela retrace les premières années avant que Guillevic soit vraiment Guillevic et soit connu pour son travail.



Mis à part pour quelques spécialistes ,et des personnes ayant connu cette époque , ou bien des thésards, je crois bien pour ma part qu'il vaut mieux lire de la poésie directement.





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Etier

Très beaux textes, limpides.
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Etier

Relevé, Réseau, Élégie ou encore Herbiers de Bretagne et Dialogues composent Étier, recueil d'Eugène Guillevic publié en 1979. Ces chapitres sont comme autant de confluences qui servent à circonscrire une histoire lointaine, un temps incertain, un paysage fugace, qui sont tous à reconstruire, à réinventer. Dans l'écriture de Guillevic, tout semble dérobé à l'homme, comme un monde sur lequel il n'a plus prise. Pas de lyrisme, peu d'enthousiasme, une poésie souvent muette, menaçante et inquiète. Sous la parole abrupte et le défaut de sens, Eugène Guillevic fait pourtant envisager une part de lumière et d'espoir, un temps, un espace où le possible s'insinue et se recompose. Une poésie au creux des choses et du temps, mais qui ne renonce pas.
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