Citations de Fabrice Nicolino (197)
On doit sortir de la médecine "restreinte", virologique et microbiologique, pour aller vers une médecine chimique qui viserait la détoxification du corps. Nous devons comprendre les effets combinés et à long terme des polluants dans l'organisme. Lesquels sont probablement à l'origine de 80% des maladies qui mineront la santé humaine au cours du XXIe siècle, notamment des cancers et des maladies hormonales.
Il faudrait à peu près trois planètes pour que le mode de vie français puisse être octroyé à tous sur terre. Et cinq si l’on voulait appliquer partout l’American Way of Life, plus dispendieux, plus délirant encore.
La réification du monde, l’abaissement de notre intelligence devant l’absurde possession d’objets est l’une des composantes majeures de la crise écologique, de la crise de la vie.
La bagnole, c’est l’esprit retourné de l’humanité. C’est l’opposé de ce qu’il faudrait, de ce que l’époque terrible où nous sommes plongés commanderait. Nous devrions, plus que jamais dans notre histoire, être solidaire, attentifs à l’autre, soucieux de la place et surtout de l’espace de chacun. Obsédés par les conséquences de nos actes. Obsédés par les cris qui montent, par la crise qui déferle, obsédés par cette folle entrée, en fanfare, dans l’âge anthropocène d’une humanité devenue pour la première fois un agent géologique.
La substitution des carburants d’origine pétrolière par des agrocarburants ne diminue pas ou peu les émission de gaz à effet de serre.
Il faut 225 kilos de maïs pour remplir le réservoir d’un 4 x 4 américain avec de l’éthanol. De quoi nourrir un pauvre du Sud pendant une année entière.
La moindre augmentation du prix de produits aussi vitaux que le maïs, le blé ou le riz ne peut que provoquer (…) la faim et son cortège de misères.
L’État, sous couvert d’écologie et de maîtrise de l’énergie, juge donc utile, loisible et plaisant d’ouvrir les marchés à l’industrie chimique.
Je récuse en bloc toutes les rumeurs conspirationnistes (...). Les faits ne sont pas cachés, ils ne sont pas assemblés, et ce n'est pas du tout la même chose.
Quand la population va se rendre compte qu'elle achète dans des magasins des c...qui sentent bon, et que l'on construit des logements qui nous polluent, elle va se tourner contre les constructeurs, les promoteurs comme nous par exemple. Je ne veux pas me retrouver avec l'histoire de l'amiante. S'il faut tout enlever parce que ça dégage du formaldéhyde, des trucs comme ça, c'est bien d'avoir cet AQAI (un organisme), mais attention aux résultats que l'on va en tirer! p 235
En tout cas, l’animal n’a pas pu être domestiqué pour des qualités qu’il n’avait pas encore. Comme le note l’ethnologue du CNRS Jean-Pierre Digard, « les mouflons, souches sauvages des moutons domestiques, ne possèdent pas de laine ; les oiseaux dans la nature ne pondent pas au rythme des poules actuelles ; les vaches ne produisent pas de lait en dehors de la période d’allaitement des veaux ; et comment aurait-on pu imaginer avant de les avoir domestiqués, qu’un bœuf ou un cheval pourraient être utiles au travail ? »
[…] Nucleus, c’est le porc. Le « leader français de la génétique porcine ». 35% des parts du marché français. 5000 éleveurs, qui utilisent les bons reproducteurs, lesquels permettent la naissance de 10 millions de porcs charcutiers chaque année par la grâce de 1 700 000 doses de sperme. Avec, pour les plus entreprenants, pas moins de 1 000 « verrats d’élite en CIA ». CIA ne signifiant pas ici Central Intelligence Agency, mais Centre d’Insémination Artificielle.
Il va de soi que les pionniers de cette histoire étaient de bonne foi. Une bonne foi parfaitement aveugle. Mais à partir de quand a-t-on commencé à nier les évidences […] ? La conscience humaine dispose de mécanismes d’une rare puissance pour se préserver de l’angoisse de certaines révélations, du constat de certains faits. On regroupe ces phénomènes sous le nom de déni, et chacun sait que cela peut aller très loin. De nombreux cas documentés de déni de grossesse montrent en effet qu’une femme peut refuser l’idée qu’elle porte un enfant jusqu’au moment même de l’accouchement. Cette mauvaise foi extraordinaire renvoie entre autres au « mensonge à soi-même » évoqué par le philosophe Jean-Paul Sartre. La conscience humaine, c’est un truisme, peut être à la fois mystificatrice et mystifiée.
D’un côté, la production de céréales continue d’augmenter, pour répondre à une demande croissante. De l’autre, le cheptel mondial augmente lui aussi. Pas grave ? Tragique, et pour une raison simple : le nombre d’animaux d’élevage augmente plus vite que les disponibilités en céréales.
Dès 1949, dans le droit fil de leurs efforts, des mesures nationales sont enfin prises pour organiser le marché de la viande. […] Il s’agit en réalité de faire du paysan en général –et de l’éleveur en particulier- un travailleur comme un autre, ou presque. En créant un tout nouveau métier intégré à l’économie générale, par lequel on produirait de la viande comme l’on monte une automobile. Le bouvier d’antan, la fermière aux poules du passé, baignant dans l’autarcie de toujours, sont priés d’accepter les lois du marché et de devenir des maillons dans une chaîne ininterrompue de production. Cette révolution rompt avec mille ans d’histoire, et bien davantage encore. On commence à parler de rentabilité du travail agricole, d’augmentation de la productivité des fermes, lesquelles ne savent guère ce que cela signifie.
J’ai mangé beaucoup de viande. J’ai pris un grand plaisir à mastiquer, à partager avec les miens ce qui était davantage qu’un mets. Je suis mieux placé que d’autres pour comprendre que manger de la viande est un acte social majeur. Un comportement. Une manière de se situer par rapport au passé maudit de l’humanité, et de défier le sort promis par l’avenir.
J’ai mangé beaucoup de viande. J’ai pris un grand plaisir à mastiquer, à partager avec les miens ce qui était davantage qu’un mets. Je suis mieux placé que d’autres pour comprendre que manger de la viande est un acte social majeur. Un comportement. Une manière de se situer par rapport au passé maudit de l’humanité, et de défier le sort promis par l’avenir.