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Critiques de Fanny Chiarello (214)
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L'évaporée

Que peut-on créer à partir du deuil de la rupture ?



Honnêtement, une fois lu ce qui a motivé les deux autrices de L’Évaporée à écrire ce roman à quatre mains, j’ai cru que j’allais me prendre des coups que je redoutais, revivre des situations restées trop longtemps sous silence.



Mais certaines histoires, mêmes différentes de la vôtre peuvent à la fois vous permettre de comprendre les pourquois d’une rupture sans raison - sans excuser pour autant - et vous permettre de vous sentir moins seul.e dans votre souffrance.



C’est l’universalité, tout en étant différent.e et, rien que pour ça je trouve l’exercice de Fanny Chiarello et Wendy Delorme très intéressant.



Chaque chapitre alterne l’histoire et les pensées des deux parties du couple détruit, dont personne n’est ni bourreau ni victime finalement. Ça parait idiot ou simple, mais ça permet de redescendre de sa croix de le voir écrit.



Alors oui on compare, on transfert, on vit les choses par procuration, un peu comme elles auraient pu/dû êtres vécues.



Elles légitiment la colère, les sanglots, la peur, les moments d’accalmie, et putain oui ça fait du bien, d’arriver à la dernière page, d’avoir cette sensation d’avoir vécu des situations similaires et d’y trouver d’autres personnes que vous pour les vivre.



Ça m’a aussi fait bizarre de voir cet aspect « romance » chez Wendy Delorme ; j’aime le feu de sa plume. Et je n’ai jamais lu Fanny Chiarello avant celui-ci. J’ai été surpris, j’ai senti venir le pire, mais non.



Et j’ai beaucoup aimé, me sentir plus léger.



Merci 🔥
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Terrils tout partout

Beaucoup d'originalité dans ce petit bouquin. D'abord le format, le concept : un texte court ( à peine 70 pages) agrémenté de photos prises par l'auteure sur les lieux.



Laïka quitte Lille pour revenir sur les lieux de son enfance à proximité de Lens, dans l'ancien territoire minier. Alors, elle découvre que le paysage qu'elle connaît pourtant est marqué par les reliefs des terrils ... elle ne s'en était pas aperçue plus tôt.



Et s'engage alors une réflexion autour de ce phénomène particulier, résultat de l’activité humaine (plus de 300 ans d'exploitation charbonnière). Mais pas uniquement, on découvre aussi tout un écosystème biologique et anthropologique spécifique.



D'une écriture soignée, magnifique, l'auteure, en quelques pages finement travaillées, nous révèle ce qui se cache derrière ce qui se voit.



Une lecture qui donne envie d'aller flâner dans le bassin minier du nord.




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Holden mon frère

A lire le résumé d'Holden, mon frère, on peut croire que Fanny Chiarello va simplement démontrer par

a + b, au lecteur qui n'aimerait pas lire, tous les bienfaits de la lecture, à commencer par l'augmentation des notes à l'école et le développement de l'intelligence. Mais se serait rater une grande partie du roman que de ne voir en Holden mon frère que LE roman qui réconciliera l'adolescent détestant lire, avec la lecture (même si, ça peu marcher !)

En fait, dans Holden, mon frère, le lecteur fait surtout la rencontre d'u adolescent attachant, lucide et drôle auquel on compatira ou s'identifiera. Ainsi, Kévin ne voit dans la lecture aucun intérêt et surtout il a bien compris que dans sa famille lire et parler de façon un peu trop soutenue est une honte. Malheureusement pour lui (mais pas pour nous), Kévin va se retrouver un peu par hasard dans une bibliothèque et en charge de lire un livre au titre un peu nunuche : l'Attrappe-coeur. Un livre qui bouleversera tout dans son quotidien de " beauf " bien rangé.

Holden, mon frère est un roman très distrayant et amusant à lire par le style très humoristique que Fanny Chiarello emploie au travers les propos de Kévin. Elle dépeint avec humour les petits clichés du quotidien dans lequel Kévin vit. Un héros dont l'univers et la famille nous rappelle ceux de Mathilda dans le roman du même nom de Roald Dahl. C'est cliché et très exagéré, certes, mais c'est très bien vu et surtout très drôle à lire. Kévin pose sur les membres de sa famille un regard très ironique et acerbe tout en étant très attaché à chacun de ses membres et notamment la petite Eva, jeune double de lui-même.

Avec Holden, mon frère, le lecteur est assuré de passer un bon moment de lecture car il se passe de nombreuses petites choses dans le quotidien de Kévin, bien au-delà de la simple découverte du plaisir de lire : une famille qui rappellerait la famille Groseille dans La Vie est un long fleuve tranquille avec une mère au bord de la crise de nerf, un père qui apparaît et disparaît sans cesse, un frère et une grande soeur qui ne manient pas vraiment la langue de Molière à l'inverse d'une petite soeur, Eva, épatante pour ses trois ans.

Et puis il y a aussi une première de la classe amoureuse du cancre, une mamie très vindicative et prête à tout pour défendre les Belles Lettres, la peur de se faire repérer par le frère ou le père dans une bibliothèque ...et beaucoup, beaucoup d'événements qui font que la vie de Kévin Pouchin est loin d'être un long fleuve tranquille, justement !

Une panoplie de personnages parfois caricaturaux mais terriblement attachants qui nous embarquent dans une histoire truculente de la première à la dernière page. Holden, mon frère est un très bon divertissement !
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Holden mon frère

L’auteur fait un choix d’utilisé un langage soutenu, surtout au début de l’histoire et je pense que ce style peut déstabiliser un jeune lectorat. De plus, il y a des références culturelles en décalage vis-à-vis de la génération actuelle. Comme le titre par exemple.

Mais j’ai tout de même apprécié cette lecture qui a été un bon moment.

Tout commence avec Kévin, Kévin Pouchin qui pousse les portes de la bibliothèque pour la première fois. On va ressentir sa crainte d’être observé, reconnu dans cet établissement et surtout avec un livre dans les mains.

Mais il va être reconnu par une jeune fille de sa classe, Laurie, première de la classe. Et rapidement on va s’attacher à cette jeune fille complètement en décalage avec les adolescents modernes. Elle va être direct et rapidement attendre que Kévin l’embrasse.

Mais ce récit est aussi une histoire entre deux générations : Kévin et Irène, la dame Chamallow, ancienne directrice de bibliothèque et qui se retrouve du jour au lendemain à vivre chez sa fille.

Ce drôle de duo va se connaitre lors des visites à la bibliothèque. Et rapidement devenir ami et inséparable mais un jour Irène ne sera pas là.

A noté que Kévin vit dans une famille ou la culture n’est pas prioritaire et grâce à ces nouvelles amies il va découvrir une nouvelle facette de sa personnalité.

Pour finir, c’est un roman riche, complet mais que je conseillerais plutôt à des jeunes adultes.

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La vie effaçant toutes choses



Fanny Chiarello continue de creuser un sillon féministe, plus franchement teinté des théories queers. " Dans son propre rôle" , un précédent roman paru en 2015, évoquait déjà deux femmes enfermées dans leur condition déterminé par leur sexe biologique mais leur désir de liberté se diluait dans une sorte d'hommage à une littérature féminine anglo-saxonne. Avec son dernier ouvrage, un nouvel élan semble s'être emparé de l'auteure et c'est plutôt au film de Robert Altman "Trois femmes" que "La vie effaçant toutes choses" fait songer sauf que le nombre de figures féminines évoquées est multiplié par trois.

9 donc, 9 portraits de femmes au bord de craquer ou en train de donner le coup de pied libérateur ( mais pas au bord de la crise de nerf; ce serait vraiment trop cliché et misogyne surtout) nous sont proposés. Chacune se retrouve seule face à une désespérance que leur genre déformé par les diktats de la société leur ont insufflé au fil d'une vie qu'elles ne supportent plus. De la femme vieillie qui n'intéresse plus personne ( sauf les pompes funèbres), à Kim, enceinte après une énième FIV mais qui s'aperçoit qu'elle n'est absolument pas faite pour la maternité, à l'adolescente un peu ingrate et délurée qui prend de plein fouet la sexualité de ses parents qu'elle pensait endormis, à des femmes plus simples qui veulent seulement sortir la tête hors de cette eau stagnante qu'est la régie d'une famille et d'un travail sans âme. Ces 9 femmes, d'âges et de milieux différents se débattent dans un quotidien morne qu'éclaire une lueur de révolte qu'elle ne veulent plus camoufler.

Fanny Chiarello nous invite dans leurs pensées, juste un instant, sur une journée, mais toujours sur un moment qui peut tout faire basculer. En s'appuyant sur leurs gestes banals, sur une observation précise de leur quotidien et du monde qui les entoure, les portraits sonnent tout de de suite justes et vibrent comme un morceau de blues chanté par la voix profonde et forcément abîmée des êtres exploités par le destin.

Le roman apparaît de prime abord comme un recueil de nouvelles, mais une vraie et singulière sororité court au travers des lignes et finit par former un chœur, un groupe complètement cohérent qui donne une vraie unité au livre. Toutes les histoires sont reliées entre elles par d'infimes petits détails. Parfois même ces femmes vont se croiser, rencontrer les mêmes personnes ( une SDF, un jeune homme qui tricote, ... ), se regarder sans jamais se parler.

Nettement plus mordante, prenant le vie d'aujourd'hui avec une délicate fermeté, Fanny Chiarello signe un ouvrage... je ne dis pas roman...mais j'aura bien envie...qui ne laissera pas le lecteur ( on peut rêver que comme moi certains s'y plongeront) et la lectrice indifférent(e), le, la bousculera car elle touche du bout de sa plume à des zones sensibles propres à réveiller des envies de changements.
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Banale

Quand Clara regarde autour d'elle, elle remarque les dons de chacun : le talent de faire rire, de jouer d'un instrument de musique, de séduire, de s'habiller, etc. Ses tentatives pour se distinguer échouent les unes après les autres. Récit intéressant sur le sujet du regard des autres et du regard que l'on porte sur soi-même, Fanny Chiarello nous offre un récit plein d'humour sur les mésaventures d'une jeune fille qui veut absolument être remarquée et se démarquer. Cet humour doit beaucoup aux péripéties mais également aux discours prêté à la jeune Clara, d'une maturité et d'une complexité de réflexion en décalage avec l'âge de l'héroïne. Sans oublier les petits clins d’œil à notre société médiatique glissés çà et là et qui feront sourire les parents-lecteurs.
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Si encore l'amour durait, je dis pas

Fanny Carbonara n'est pas une jeune fille très " comme il faut ". C'est plutôt une joyeuse fêtarde qui boit beaucoup trop (elle digère mieux les liquides). Toutes les occasions sont donc bonnes pour lever le coude et prendre une bonne cuite avec ses amies.

Le roman s'étale sur l'espace d'un week-end bien arrosé. Il commence par un pot au boulot le vendredi soir, s'enchaine sur une soirée pour la parution d'un livre sur la couverture duquel son nom figure et se termine le dimanche soir, jour de l'anniversaire de Fanny. Un quart de siècle ça se fête en grande pompe mais sûrement pas au jus de fruit !

La description de ce week-end nous donne l'occasion de découvrir la vie sentimentale de la "navrante aux lardons", le nom de plume de Fanny dans ce roman. Elle nous dévoile ses ruptures, trahisons, coups de coeur et illusions avec une lucidité désabusée. Si encore l'amour durait, peut-être picolerait-elle moins ? Non sans humour, elle s'inquiète régulièrement pour ses neurones qu'elle craint voir se dissoudre dans l'alcool.

J'admire la sincérité et la liberté de ton avec lesquelles Fanny Chiarello nous livre un pan de son intimité dans ce premier roman. Derrière une écriture vive et totalement décomplexée, on sent poindre le talent de celle qui va nous livrer de grands et beaux romans de facture plus classique. La navrante aux lardons doit être rassurée, sa jeunesse destroy n'a pas bousillé tous ses neurones et peut-être finira-t-elle par ressembler dans longtemps, très longtemps à un "joli bibelot bien conservé "même si c'est, à 25 ans, ce dont elle ne voulait absolument pas entendre parler....
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Une faiblesse de Carlotta Delmont

Une faiblesse de Carlotta Delmont" se termine sur une lettre de Carlotta à l'instar de la tonalité de ce roman fondé sur les confidences et les ressentis des personnages, le tout dans une ambiance très mystèrieuse.

Fanny Chiarello m'a transportée dans une intense et haletante connivence qui rend si vivante et attachante la figure de Carlotta. La narration est composée de télégrammes, lettres, articles de presse, journal intime, pièce de théâtre ; Ce qui donne l'impression que Carlotta ne peut se dévoiler que par des faits extérieurs ou par sa propre écriture faisant d'elle une image en même temps effacée et très présente. Le dialogue est aussi absent entre les protagonistes qui ne communiquent que par leurs écrits.



Qui est Carlotta Delmont ? Cette question à la réponse complexe est au coeur du roman de Fanny Chiarello.



Avril 1927 à Paris, la célèbre cantatrice soprano américaine Carlotta Delmont chante à l'Opéra Garnier puis disparaît la nuit suivante de l'Hôtel du Ritz pour réapparaître deux semaines plus tard les cheveux coupés dans le quartier culturel avant gardiste de Montparnasse.



Une femme passionnée au fort tempérament rêveur qui souffre de la "tyranique réalité". Ce dualisme rêve/réalité se prolonge dans le regard qu'elle pose sur ses relations avec les hommes et son propre corps "enveloppe de chair et de peau soignée et dorlotée" ou "corrompue et méprisée" quand "la passion incarnée devient putrescible".



Une cantatrice soprano très talentueuse dont l'exceptionnelle tessiture s'est opérée au prix d'un travail acharné et dangereux. Sa voix unique est rythmée de "vibratos" qui résonnent comme des "sanglots". Carlotta vit la vie de ses héroïnes Tosca ou Norma plus qu'elle ne les interprète. Sa singularité provoque de vives réactions négatives de la part de l'élite intellectuelle rompue à un certain académisme du chant lyrique.



Un poème de T.S. Eliot extrait de "The Wast Land" évoqué dès le début du roman mais qui ne sera entièrement récité qu'à la fin est un puissant déclencheur des évènements qui vont irrémediablement bouleverser le destin de Carlotta Demont.



Merci à Libfly pour cette très belle découverte !
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La geste permanente de Gentil-Coeur

Le titre nous parle d'emblée de poésie d'antan puisqu'une geste est un "ensemble de poèmes en vers du Moyen Âge, narrant les hauts faits de héros ou de personnages illustres" (littré)

La photo des 1ere et 4eme de couverture, quant à elle, évoque la nature.



On subodore donc la filiation de l'autrice avec la poésie lyrique des siècles passés (nature et sentiment amoureux) mais la présentation du texte est tout à fait contemporaine. L'ensemble est composite: photos, vers, journal intime etc....



L'autrice a recours à l'hendécasyllabe, qu'on sait très présent dans la poésie italienne comme Dante dans la Divine Comedie.



L'écrin est assez joli et prometteur (le titre, la photo de couverture, l'objet livre) mais le contenu décevant.



La poète est tout simplement tombée amoureuse (un coup de foudre) d'une lycéenne qu'elle va tenter de retrouver, faisant des allers retours durant plusieurs semaines, entre son domicile et le parc où elle a vu la jeune fille. Le chemin est fait en biclou, deux roues, vélo, bicyclette, bolide.... bref à coup d'huile de genou. L'effort est vain mais il offre des espaces temps pour "contempler" - même si on est loin de Hugo ou Lamartine - et rédiger quelques vers....

Le paysage, les gens croisés en chemin sont décrits, observés. Les pensées et le corps de la poètesse sont en même temps habités par des musiques et chansons. Elles habillent le texte et semblent vouloir lui donner un rythme. J'ai bien aimé le clin d'oeil à Dt John, (disparu en 2019)mais le reste de la "bande son" ne m'a pas particulièrement émue.



Je n'ai pas été emportée par le texte dont je n'ai pas ressenti la promesse lyrique. Les photos noir et blanc, illustratives, ne m'ont pas non plus paru d'un esthétisme transcendant.



En seconde lecture j'y trouverais peut être l'étincelle .... celle que je cherche et dont j'ai besoin dans le genre poétique.







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Le sel de tes yeux

Pas du tout croché sur cette histoire. Pourtant, le thème est fort. Une sorte de monologue imaginaire d’une écrivaine fascinée par une jeune fille qu’elle a aperçu courir. Comme des lettre à l’attention d’une jeune fille qui commence à assumer son homosexualité dans une famille qui ne veut pas en entendre parler.



Mais voilà, impossible de me laisser aller avec cette histoire en « tu » que j’ai trouvé bien plate… zut.
Lien : https://www.noid.ch/le-sel-d..
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L'éternité n'est pas si longue

Ce titre m'est revenu à l'esprit dix ans après ma lecture en fonction de la situation actuelle de pandémie. Je n'ai pas encore vu ce titres parmi les livres à relire en ce moment! sauf à fermer les yeux et s'évader par d'autres lectures.
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La vie effaçant toutes choses

Si vous avez déjà lu Fanny Chiarello, vous connaissez sa belle singularité.

Si ce n’est pas le cas, ce livre constitue une parfaite entrée dans son univers. Recueil de neuf nouvelles qui se traversent parfois les unes les autres, il peut être également lu comme un roman choral, mais clairement ça n’a aucune importance car tout est dans son étrange inquiétude. Neuf femmes, d’âges différents, de conditions sociales, culturelles, mentales différentes; trois endroits qui les « classent » en quelque sorte trois par trois. On les accompagne un très cout moment tandis qu’elles se trouvent toutes à un instant de basculement, chacune à sa manière. Aucune n’a la grande forme, il faut le savoir tout de même. Mais en toutes tournent les mille et une pensées qui s’agitent dans nos propres crânes et qui sont inhérentes à la condition d’animal humain. Les descriptions sont saisissantes, le propos intelligent, la plume chaleureuse même quand elle égratigne, on ne bouge pas d’un cil de la première à la dernière phrase et on se promet de relire très vite Fanny Chiarello.

Je recommande également la lecture du billet de son blog consacré à ce livre : https://www.fannychiarello.com/la-vie-effacant-toutes-choses/

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Dans son propre rôle

C'est l'histoire de 2 solitudes...



Nous sommes en 1947 en Angleterre.

Jeanette, 32 ans, femme de chambre dans un hôtel à Brighton, ne se remet pas de la disparition de son mari Andrew, mort à la guerre en 1944. Elle reste enfermée dans sa douleur. Elle connaissait Andrew depuis l'âge de 3 ans et n'éprouve que colère et rage. Leur amour était tellement fusionnel qu'ils ne voulaient pas d'enfant.

Fennella, jeune femme de 28 ans, muette suite à un traumatisme, est bonne à tout faire au service d'une lady. Elle aussi se sent veuve, elle s'invente un amour avec Jimmy, mort également pendant la guerre. Passionnée d'opéra, elle se réfugie dans les magazines et découpe les articles consacrés aux grands chanteurs de l'époque.



Fennella et Jeanette ne se connaissent pas mais travaillent à quelques kilomètres l'une de l'autre.

Jeanette, elle aussi passionnée d'opéra, adresse une lettre d'admiration à une cantatrice, cette lettre est reçue par erreur par la patronne de Fennella.

Fennella, en lisant cette lettre, ressent une profonde communion avec Jeanette et provoquera une rencontre entre elles deux.



La confrontation, lors d'une semaine de vacances,entre ces deux femmes unies par une même douleur est très bien retranscrite et assez émouvante. Cette semaine sera le point de départ d'une nouvelle vie pour chacune des deux femmes.



L'auteur a une jolie écriture bien rythmée, des mots très justes pour parler de l'amour absolu qui lie Jeanette à Andrew et de son impossible deuil et un grand souci du détail.

Cependant ce livre qui comporte de belles réflexions sur l'amour, la mort, la solitude et le manque m'a laissée assez dubitative, j'ai eu du mal à accrocher à cette histoire, gênée par des longueurs et des lenteurs.






Lien : http://leslivresdejoelle.blo..
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Dans son propre rôle

L'Angleterre de 1947, la guerre est passée : le monde bouge. Fennella ne conçoit pas être faite pour se recroqueviller dans une case et y rester toute sa vie. Jeannette est écrasée par le destin,veuve, elle ronge sa colère et sa violence car elle avait tracé sa vie en se mariant.

"La solitude s'aménage, se peuple fut-ce d'illusions, tandis que le manque ne se comble pas". En une phrase, l'auteur dit tout. Fanny Chiarella nous comble par une écriture fine et délicate pour dresser ces deux portraits de femmes. Fennella, muette par accident, est domestique dans un grand domaine anglais, qui lui semble un monde déplacé et dépassé, à cette période de l'histoire. Jeannette, elle, travaille comme femme de ménage dans un grand hôtel de Brighton, station balnéaire très animée. Elles ne se connaissent pas, mais elles ont un point commun, l'opéra.Une lettre écrite par Jeannette à une diva de l'opéra va cheminer vers Fennella par le plus grand des hasards. Fennella va être hantée par le destin de Jeannette, au point qu'elle décide de prendre une semaine de vacances à Brighton. La rencontre, provoquée, va avoir des incidences sur leurs vies parallèles. Si l'une avance dans la vie en se disant que tout n'est pas écrit à la naissance, l'autre pense qu'elle est marquée à vie. Cette semaine est bouleversante pour ces deux femmes et la confrontation va provoquer des changements radicaux dans ces destinées.



Sans pathos, l'auteur enchaîne parfaitement les causes et les effets d'un monde en mouvement pour nous tisser une toile où le caractère fatal d'une vie; le destin individuel ne se dessine pas de façon inéluctable. Si Fennella est muette et ne communique qu'avec un carnet qui la suit partout, son univers n'est pas silencieux, car elle a gardé un rire sonore, et l'écriture qui couvre ses pages a la musicalité du clapotis des vagues.Dans la construction de ce roman, l'opéra est omniprésent par le lyrisme du drame de ces deux femmes. Ce roman, bien maîtrisé, en dit plus sur le déterminisme et la prédestination qu'une étude sociologique. Fennella et Jeannette vous accompagneront longtemps.
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Une faiblesse de Carlotta Delmont

Paris 1927.



Lors de son interprétation de Norma sur la scène de l’Opéra Garnier, Carlotta Delmont, Mezzo- soprano en pleine gloire, y reçoit une ovation mémorable.

La nuit suivante, elle disparait étrangement de son hôtel.

Fugue, suicide, enlèvement ? Les spéculations vont bon train, la presse s’empare de l’événement.

Comme par enchantement après un mois d’absence, elle réapparait littéralement transfigurée, en particulier par sa coiffure aux cheveux courts, un signe de « liberté » féminine à l’époque.

Curieux…



Fanny Chiarello nous entraîne dans une histoire envoûtante où se mêlent lettres de l’artiste, télégrammes de ses proches, coupures de presse et le journal de Carlotta.



Un roman éblouissant.



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L'éternité n'est pas si longue

« Une question de mois, sans doute : deux, trois ? Le dernier humain ne saura même pas qu’il est le dernier, il ne pourra, grelottant sous un ciel sans fond au milieu d’espèces pour lesquelles il n’est rien, de notre part à tous dire,

Désolé, on vous laisse tout en plan comme ça, on aurait quand même pu débarrasser. »



Les questionnements tantôt futiles, tantôt existentiels, de Nora, trentenaire angoissée, mélancolique (« Je ne fais pas une dépression, le monde s’effondre. Je me permets d’y voir une nuance »), à l’imagination débordante, qui, dans une langue imagée, drôle et pleine de fantaisie, sur un ton à la fois énervé et amusé, vivifiant au possible, relate, sur fond sonore d’Arcade Fire, l’épidémie de variole qui décime inexorablement l’espèce humaine. Portant sur ses semblables un regard désabusé, elle se console en noircissant des carnets : « si je veux dormir dans un monde si décevant, je n’ai d’autre choix que de me raconter des histoires comme si j’étais mon propre enfant » .



Une lecture intense, fraîche, tonique, que je recommande vivement à ceux qui pensent à la fin du monde, qui se posent souvent des questions débiles, qui dépriment gentiment, qui aiment les livres derrière lesquels il y a un vrai écrivain.
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L'évaporée

Je ne connaissais aucune de ces deux autrices. Le livre était posé en évidence sur la table des nouveautés à la bibliothèque, c’est comme cela qu’il est arrivé dans ma liste de lectures.



J’ai été tentée par le processus d’écriture : deux autrices se rencontrent à l’occasion d’un salon du livre, nouent une relation amicale et se proposent d’écrire à quatre mains, l’une initiant le premier chapitre du livre, l’autre lui répondant et ainsi de suite.



L’idée de départ une rupture amoureuse, s’ensuivent deux narrations. Deux façons de vivre une même histoire.



Fanny Chiarello est la « quittée », elle écrit au nom de Jenny. Wendy Delorme est « l’évaporée », elle écrit au nom d’Eve.



Il y a le rat des villes, Eve, et le rat des champs, Jenny. Toutes deux vivent d’écriture, la première est journaliste, la seconde romancière.

Elles vont vivre une histoire amoureuse passionnelle mais des blessures anciennes et profondes les empêcheront de concrétiser leur union, Eve n’arrive pas à tout quitter pour s’installer à la campagne, Jenny est trop viscéralement attachée à la terre pour la quitter. Elles se retrouvent donc alternativement chez l’une ou chez l’autre, Eve tente de faire aimer Paris à Jenny, le quartier où elle est venue se réinstaller dès sa majorité, le quartier où elle a vécu avec sa mère jusqu’au décès brutal de celle-ci.



Globalement l’histoire n’est pas très consistante, il s’agit surtout d’un texte parlant des états d’âme de chacune.

Je l’aime mais je la quitte, mais pourquoi m’a-t-elle quittée alors que je l’aime tant ? Et les pages se succèdent, très belles, bien écrites, profondes et sensibles mais aussi extrêmement nombrilistes. J’aime les livres dans lesquels ils ne se passent rien, où la psyché est fouillée et où la langue est belle. Ce livre avait donc tout pour me plaire.

Faire parler un personnage, puis l’autre, puis revenir au premier, chapitre par chapitre, est un processus connu, un page turner efficace puisque l’on a envie de savoir ce qui arrive à l’un, puis à l’autre … Je le rencontre souvent dans mes lectures. Ce qui est différent ici c’est que les textes sont écrits par deux personnalités et deux univers radicalement différents mais pas incompatibles, plutôt complémentaires (dixit Fanny Chiarello).



J’ai été très déstabilisée par la lecture des premiers chapitres. Les deux styles d’écriture qui se succèdent rapidement, l’une brouillonne et verbeuse, l’autre directe et percutante, c’était confus. Jusqu’à ce que je prenne le parti de choisir ma lecture, et de me concentrer sur le personnage de l’Evaporée en premier lieu, annihilant par ce choix le supposé intérêt de l’échange épistolaire et le choix narratif des autrices.



J’ai beaucoup apprécié la plume de Wendy Delorme et l’histoire d’Eve. Jenny quant à elle m’a rapidement insupportée.



Est-ce le fait que les textes soient écrits par deux personnes différentes ? Ou est-ce simplement parce que j’éprouve plus d’empathie pour un personnage que pour l’autre, comme cela arrive dans chaque roman ?



Il faudrait pour confirmer mes suppositions que je lise un texte de chacune, indépendamment.



L’évaporée est catégorisée « littérature queer », une découverte également pour moi. Queer en anglais signifie l’inverse de rectiligne, donc tordre la forme, sortir de la rectitude, écrire en brèche, se griffer parfois aux ronces à travers champs et oser emprunter des chemins de traverse, dont on ne sait pas toujours où ils nous emmèneront.



C’est finalement exactement ce que je ressens en refermant le livre. Sortir des sentiers battus sans vraiment savoir où l’on va, mais faire en sorte que l’ensemble forme un texte cohérent malgré les différences de style et le peu d’épaisseur de l’histoire quasi inexistante.



Une lecture différente qui restera probablement un moment dans ma mémoire, plus par la découverte de la littérature queer et par l’inégalité de la qualité de l’écriture à quatre mains que par la banalité du sujet proposé.

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La geste permanente de Gentil-Coeur

Une chanson de geste pour raconter la fulgurance d’une rencontre et l’attente qui la suit.

Une chevauchée sauvage sur un bicycle en fin de vie.

Une épopée moderne où s’entrelacent jeux de mots, jeux de sons et figures hallucinogènes.



L’idée était bonne… excellente, même ! Mais elle n’aura pas su faire vibrer mon cœur de lectrice. Flop total pour cet exercice de style sympathique qui tombe à l’eau sous mon œil pourtant bienveillant au départ.



Car Fanny Chiarello fait dans la contemplation, d’abord, et tu me connais, lecteur, moi, les contemplations, il n’y a guère que celles d’Hugo qui pourraient peut-être faire bouger mon popotin.

Car son verbe m’est obscur, ensuite, et que seule l’obscure clarté de Baudelaire peut tomber mes étoiles et ma chemise par la même occasion.

Car, enfin, ces histoires de vélos et de pique-nique sont bien trop ancrées dans mon quotidien de sportive du dimanche pour avoir droit au moindre vers, tout hendécasyllabe qu'il soit, d'ailleurs.



Mais j’entends qu’on aime et qu’on se pâme, lecteur, je conçois que ça en transporte certains, et tu peux constater que, depuis le début de l’année, je fais aussi dans l’empathie, la faute à l’impératif des bonnes résolutions, qui, soit dit en passant, ne devraient pas durer...

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Alors pour d'autres gestes et bravades littéraires, rendez-vous aussi sur Instagram :


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L'évaporée

écrit à quatre mains; les deux autrices écrivent de la littérature queer qui emprunte des chemins de traverse. J'ai lu presque tous les écrits de Fanny et découvre Wendy.

L'histoire d'une rupture douloureuse et inattendue racontée de deux points de vue. Eve est partie, c'est l'Evaporée; Jenny cherche à survivre, au bout de deux mois, elle y parvient non sans mal.

Jenny nous parle de l'Evaporée; Annie et Zia, les amies commentent. Jenny est d'une petite ville minière tandis qu'Eve est plutôt parisienne.

Eve évoque un ancien amour: Fred, il y a 20 ans qui a écrit leur histoire, récit réel et mensonger. "C'est moi, c'est mon histoire, dont elle m'a effacée en me faisant objet de son histoire à elle." Jenny évoque un amour perdu en Amérique, une Catherine qui la sort de son désespoir; elle est alors prête à rencontrer Eve.

C'est compliqué, je m'y suis un peu perdue. Fanny dans la vraie vie a des traits communs avec Jenny, j'ai projeté, je crois.

C'est intéressant comme démarche littéraire mais les perceptions alternées d'une apparente même histoire sont également impressionnantes.
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Terrils tout partout

Laîka a passé son enfance dans le bassin minier. Elle revient à l'âge adulte et redécouvre les paysages, ces montagnes incroyables, fruits du travail souterrain d'hommes, de femmes et d'enfants. Que cachent les terrils ?



Au fil de petits chapitres, Fanny Chiarello nous propose une vision de ce territoire qu'elle connait bien. Des récits intimistes de balades, de photographies de cette faune, cette flore sauvage. Quelle relation l'homme peut-il entretenir avec cette terre? Que veut-il en faire ? Un imagier de photos couleurs de terrils clôt l'ouvrage. Une lecture poétique, écologique qui interpelle sur l'avenir de ces monts de terre majestueux.
Lien : http://lespapotisdesophie.ha..
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