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Critiques de Fanny Chiarello (214)
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L'évaporée

Ça m'a pris un moment de lire ce roman, plus pour des raisons personnelles qu'autre chose. J'ai trouvé cette expérience littéraire très intéressante et, ayant déjà apprécié l'écriture de Wendy Delorme, j'étais sûre de bien aimer. Une histoire à deux voix, une histoire de rupture qui explore les deux personnages intimement et, même si au début on a envie d'être "du côté" de celle qui reste, on arrive au fil des pages à comprendre les raisons de celle qui est partie (l'"évaporée", justement). Les écrits de Delorme et Chiarello posent bien le cadre et les circonstances dans lesquelles cette histoire est née. Personnellement, j'ai hâte de lire davantage des deux écrivaines.
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L'évaporée

J'ai repoussé longtemps la lecture de L'Évaporée, par peur que ce ne soit trop tôt... Mais il aurait toujours été trop tôt, et je sentais que je me privais de quelque chose d'important en laissant ce texte attendre à côté de moi.



Le roman est écrit à quatre mains. Après s'être rencontrées en 2018 dans un salon du livre, les écrivaines Fanny Chiarello et Wendy Delorme se sont perdues un peu de vue. Suite à une rupture amoureuse (rupture non consentie et unilatérale), Fanny Chiarello se débat avec ses questions, reste en apnée à cause de l'évaporée, l'aimée qui l'a quittée sans un mot du jour au lendemain et qui est murée dans le silence. Fanny se rend compte qu'elle est même en train de perdre ce qu'il y a de plus précieux pour elle : l'écriture. Alors, elle a une idée qui sera salutaire : elle écrit à Wendy et lui propose de composer un roman ensemble. Le principe ? Elles écrivent à tour de rôle un chapitre ; Fanny n'expose pas en détail ce qui lui arrive (Wendy ne saura même pas le vrai prénom de l'évaporée). Le but, on le conçoit très bien : espérer trouver une issue, renouer avec le réel et sortir de l'impasse où l'a laissée cette femme.



La suite sur Le Manoir des lettres
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L'évaporée

J'ai adoré ce livre. Sa forme, son idée de départ, comment le style et les univers des deux autrices se répondent et se complètent, tout m'a convaincue. Du premier jusqu'au dernier mot, ça a été une superbe lecture. J'en ressors avec la confirmation que je veux tout lire de Wendy Delorme et l'énorme curiosité de découvrir les autres oeuvres de Fanny Chiarello.
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L'évaporée

Un roman écrit à quatre mains ! Voilà ce qui m’a poussée à ouvrir L’évaporée. La curiosité de savoir ce que donnait un écrit où deux autrices se renvoient la balle chapitre après chapitre. Chacune sa protagoniste : l’une est celle qu’on quitte et l’autre est celle qui part sans dire au revoir. Pour l’une la cruelle morsure de la réalité, pour l’autre la fiction, pour l’une la plume poétique et introspective pour l’autre le temps du récit. L’histoire en elle-même n’a rien d’originale, il faut dire que c’est difficile de faire de l’originale avec la rupture amoureuse, le sujet ayant fait couler beaucoup d’encre. J’ai craint un temps de me trouver face à une sorte de plagiat de L’invité de Simone de Beauvoir mais finalement j’y ai plutôt vu un clin d’œil appuyé presque une mise en abyme. J’ai lu ce livre avec une certaine curiosité me demandant toujours comment l’une allait transformer les informations de l’autre au chapitre suivant. Je me souviens m’être dit « Houlà ça n’a pas dû plaire à la seconde » et d’avoir été amusé de découvrir quelques pages plus loin l’information transformée sans être dénaturée. Ecrire à deux est d’une grande richesse. En dehors du procédé, ce livre vaut d’être lu pour la qualité d’écriture qui y est déployé et la finesse de ses personnages. Il n’est pas toujours nécessaire d’avoir une histoire singulière à raconter tant qu’on sait la raconter. Pour qui ? Pour ceux qui se demandent si l’absolue en amour peut rimer avec respect et longévité.
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Holden mon frère

Lorsque l'on vit dans une cité pauvre, et que ses parents vous mettent à la porte tous les jours pendant les vacances en hiver ou se réfugier? Kevin pour être au chaud franchit pour la première fois les portes de la bibliothèque. Il est d'abord effrayé ; va-t-on le rejeter? le mettre à la porte? voir qu'il ne lit pas bien? et horreur une des meilleurs élèves de la classe le voit et vient lui parler. Une grand-mére l'agresse même lorsqu'il lui demande un livre sur les motos. Finalement, pris dans l'engrenage de la lecture, Kévin va se découvrir, s'affirmer et devenir celui qu'il n'aurait jamais oser être.
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Le sel de tes yeux

Toute la fragilité du monde s’enfuit dans le sel de tes yeux



« Aujourd’hui, je m’aperçois que je t’écris depuis sept mois. J’ai commencé à le faire un peu moins de deux mois après t’avoir vue pour la première fois. Aujourd’hui, la lettre que je t’adresse dépasse les 150 pages. Ses proportions ne cessent d’enfler »



Une écrivaine et un personnage croisé et photographié un jour. Une lycéenne passait en courant. L’adresse inventive dans une réalité identifiée et imaginaire, à une jeune fille et à un personnage. Le jeu de l’écriture et une immersion dans un possible d’une petite ville d’un ancien bassin minier du nord de la France.



« Je ne t’enverrai pas cette lettre. Je l’écris comme un manuscrit, sauf qu’il s’adresse à toi, Sarah Benarif, la jeune athlète qui vis et cours dans cette petite ville au bord de l’autoroute. Je t’écris depuis si longtemps que j’ai l’impression de te connaître »



Une petite ville et des paysages, « Je ne me suis pas seulement attardée sur les incontournables du paysages qui nous a vues grandir, toi et moi. Les terrils jumeaux de la base 11/19, les plus hauts d’Europe, y occupent l’arrière-plan d’à peu près tout ce que l’on voit », les montagnes noires et vertes du plat pays, les restes rouillés d’une armature industrielle et d’un monde disloqué.



Un sourire, une photographie, une jeune fille. Quelques instants retenus pour libérer l’imagination, donner sens aux mots et un espace à une existence. Il y aura donc un carnet, des phrases écrites et le temps singulier d’un personnage.



Le doute parfois sur qui parle ? Fanny Chiarello ou Sarah, le personnage ou celle qui l’éclaire – « je n’exclus pas de m’être créé une image mentale sans référent réel » – et l’interroge. Que nous disent « les parades amoureuses des jeunes gens que l’on considèrent comme normaux », être née le 11 septembre 2001 « entre deux avions », ces remarques émises blessantes pour celle qui les entend sans pouvoir ne pas les écouter, « Si tu disais à tes proches combien les allusions homophobes te blessent, ils se détourneraient de toi », cette capacité de résistance, « il n’était pas transgressif mais plutôt sain de se dérober à certains schémas de pensée qu’imposent les adultes »…



Les maux de la normalité. La surveillance maternelle « uniquement pour s’assurer que tu ne lises pas de livres ou ne visionnes pas de films montrant des femmes qui s’aiment ou qui entretiennent des rapports ambigus. Elle le fait depuis le jour où elle a trouvé sous ton matelas un livre que tu avais acheté en cachette », un roman, les règles d’une prison dont tu gardais les clés, l’humiliation, « Tu te sentais sale. Coupable et sale »…



L’autrice ouvertement ou par le biais du personnage souligne la propagande hétérosexuelle et ses effets, la force d’assignation à l’usage du corps féminin pour la maternité, « une petite fille est déjà, virtuellement, une matrice ». Les mots de la création atténuent le sentiment de solitude. Un roman confisqué et « tu as compris que tu n’étais pas là pour t’épanouir mais pour te conformer ». Et cela s’appelle l’amour parental, le vocable masque d’une véritable domination, « Tu es dans île déserte »…



Jasmine et le jazz (une invitation à écouter Nicole Mitchell et sa flute), la superficie de la terre, les champs d’exploration insoupçonnés, les corps adolescents rejetés comme corps étrangers, la colère si oppressante qu’elle pourrait conduire au suicide, Rose, le moment « où tes parents cessent d’être ceux qui te protègent », et si tu n’as pas le droit de lire des romans dans lesquels des femmes s’aiment « tu vas en écrire un »…



Je souligne les pages sur la narration, l’écriture, l’imaginaire habité et la réalité imaginée, l’organisation du bruit par la partition, la formation du réel par le langage, le tu, les artifices, la mise au point « sur l’arrière plan et tu t’arrêtes avant le baiser, c’est bien aimable de ta part ».



Un ouvrage sur ces adolescentes que le mode familial ne laisse pas s’envoler, ces cercles que certain·es voudrait faire entrer dans des carrés, le refus de ces amours des filles pour des filles.



« Au fil du temps, le trait s’épaissit jusqu’à l’empâtement, d’autant que les épisodes les plus anciens se modifient insensiblement dans ma mémoire à mesure que les plus récents m’apportent sur eux un éclairage nouveau ».
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Le sel de tes yeux

J’ai été très touchée par ce roman car tout est en nuances ce qui n’enlève aucune profondeur au propos. Une écrivaine qui est proche de la personnalité de Fanny Chiarello , d’ailleurs c’est sans doute elle-même ou du moins une des ses facettes, aperçoit une jeune joggeuse dans un quartier populaire du bassin minier. Elle en fait une photo car elle est très attirée par elle. Puis, elle lui écrit ce roman où elle imagine sa vie. Une vie qu’elle connaît bien car elle est elle même issue du même milieu. Ainsi dans ce dialogue avec Sarah, elle révèle aux lecteurs et lectrices que nous sommes, à quel point c’est douloureux de se sentir différente dans ses orientations sexuelles, alors que tout dans la société vous pousse à être normal, c’est à dire attirée par des garçons. Est-ce plus difficile dans ce milieu que dans la bourgeoisie, je n’en sais trop rien ? Je sais depuis Edouard Louis, que cette différence peut conduire à des réactions très violentes. Je pense que dans des familles catholiques conservatrices ou musulmanes, peu importe l’origine sociale, cela doit être très douloureux pour la jeune adolescente. Dans ce livre, la famille de Sarah n’est pas caricaturée, même si la mère est intrusive et pense qu’elle a le pouvoir de remettre sa fille dans « le droit chemin » , elle le fait certainement par amour et par par peur des malheurs que peut engendrer l’aveu de l’homosexualité. Tout en étant une mère qui essaie de bien faire elle est d’une rare violence pour la jeune adolescente qui se cherche et ne voudrait rencontrer que douceur et compréhension. J’ai trouvé la construction romanesque intéressante et les sentiments de la jeune fille très bien décrits. En revanche, j’ai trouvé un peu convenues et sans originalité les remarques sur la langue française et différents passages obligés sur les différences entre l’homosexualité et l’hétérosexualité. À la fin du livre, quand je l’ai refermé et laissé mûrir dans mes pensées, je me suis dit que c’était déjà compliqué d’être adolescente, encore plus, sans doute quand on vient d’un milieu dont on n’épouse pas les codes mais quand, en plus, on se sent juger pour ses émois sexuels alors cela doit devenir proche de la cruauté ce qui peut pousser suicide ou au moins au repliement sur soi. Je me suis demandée si Sarah n’allait pas devenir anorexique, tant les moments à table où elle sent le regard de chacun la scruter, la juger et enfin la condamner sont pénibles pour elle.



PS je susi très contente d’avoir lu un roman de cette auteure qui m’avait tellement ennuyée dans le précédent « Une faiblesse de Carlotta Delmont »
Lien : https://luocine.fr/?p=11682
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Une faiblesse de Carlotta Delmont

Une diva s'en va

Une chanteuse lyrique disparaît à Paris : le lecteur ne peut d'abord l'imaginer qu'à travers le portrait chinois de ses notes, ses lettres ou les journaux. Artifice original pour susciter le trouble de l'absence. Puis son journal la révèle, aussi romanesque que les héroïnes qu'elle incarne...
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Le sel de tes yeux

Avec Le sel de tes yeux, Fanny Chiarello est de retour dans le bassin minier du Nord de la France dans lequel elle a grandi. Par hasard, elle croise une jeune fille athlétique qui court. Leurs regards se croisent furtivement, de loin, Fanny dégaine discrètement son appareil photo et immortalise ce sourire qui lui est adressé. Ou non. Peu importe. Ce regard et ce sourire vont devenir source d’inspiration pour l’auteure. A moins qu’ils ne la renvoient juste à son propre vécu, ses propres questionnements. Elle prénomme cette jeune fille Sarah, lui construit de toutes pièces une vie d’adolescente en souffrance. En souffrance du silence qu’elle s’impose sur son identité amoureuse, en souffrance de l’incompréhension et le jugement qu’elle devine, en souffrance de ce que lui dicte son corps. Alors elle court, toujours plus, pour libérer ses émotions, ses pensées intimes, ses attirances. Dans ce roman, j’imagine que réalité et fiction doivent se croiser, se mêler, s’enchevêtrer. Le doute est permis, mais n’est-ce pas cette incertitude, cette ligne de flottaison éphémère qui en fait tout le charme - au-delà du message profondément problématique que la société attribue à l’homosexualité ?

Voici donc un roman poétique, d’une grande finesse et d’une extrême pureté.


Lien : https://laparenthesedeceline..
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Le sel de tes yeux

De passage dans sa région d'origine: les mines, Fanny rencontre une jeune fille qui court et lui a souri. L'autrice va en faire l'héroïne d'un roman sous forme de lettre. Elle l'appelle Sarah et lui prête une vie familiale et scolaire; elle la tutoie. Sarah est homosexuelle, ce qui est mal vu, surtout par sa mère qui a découvert sous le matelas un roman d'amour entre deux filles. La mère interdit à Sarah de fréquenter sa meilleure amie: Jasmine, mère isolée mais Sarah continuera à la voir en cachette.

L'histoire se déroule sur une semaine à la fin de laquelle les deux jeunes filles se rencontrent...de loin.

Ce livre peut être utile à ceux et celles qui vivent mal leur sexualité par rapport à la société et aux parents.

C'est un roman proche d'une certaine réalité. Le style est fluide. Un moment de lecture agréable et qui provoque la réflexion.
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Le sel de tes yeux

Premier coup de cœur de cette rentrée d’hiver. Fanny Chiarello nous plonge dans le quotidien fantasmé d’une adolescente en quête d’identité. Elle ne dresse pas seulement le portrait de cette jeune femme dont on ne sait guère que le prénom, mais de toute une famille irritante de maladresse et de justesse.

Un roman dont l’écriture poétique dépeint avec précision les tâtonnements des premières amours lesbiennes, dans un style de narration anodin qui brouille les limites de la fiction et de la réalité.
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Dans son propre rôle

Il faut attendre une centaine de pages pour que les deux protagonistes se rencontrent et que leurs destins parallèles se rejoignent enfin. C'est un parti pris. Je ne l'ai pas compris, d'autant que la relation entretenues par ces deux femmes après s'être enfin trouvées n'est pas à la hauteur de l'attente du lecteur qui reste frustré. On comprend tous les symbole: le choc, la rédemption, le réveil… mais bon. Sans parler du rôle de l'Opéra, un piètre second rôle. Un arrière goût d'inachevé.
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La vitesse sur la peau

Ce roman aurait pu être touchant, bien que le thème ne soit guère original, mais l'écriture est tellement pédante, le style si ampoulé qu'il m'a rebuté.

De plus, j'ai failli abandonné quand on apprend qui est Violette, cette révélation m'a vraiment déçue, je m'attendais à autre chose.

J'ai également trouvé que le personnage du père était traité avec un mépris qui, s'il peut être typique de l'adolescence, correspond finalement assez peu au personnage d'Elina.
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Banale

J'avais apprécié Fanny Chiarello en lecture junior, pour Holden, mon frère, un peu moins en adultes (Dans son propre rôle) et j'étais curieuse de la découvrir en roman enfants.

Mais là encore, pas enthousiasme pour moi.



Un sujet intéressant : doit-on se démarquer pour être populaire à l'école, doit-on au contraire ressembler à tout le monde, se couler dans les modes.

Clara voudrait être populaire, se faire remarquer de façon positive. Ses essais tombent toujours à côté.

Le thème devrait parler à beaucoup.

Mais un langage très élaboré pour une fillette de CM, beaucoup plus de réflexions que d'actions, on a souvent un peu l'impression de tourner un rond, Clara ne sachant comment s'y prendre.

Je n’ai pas accroché, et n'ai même pas envie d'insister pour que ma petite-fille en CM2 le lise (il était à sa disposition dans ma caisse "emprunts à la bibliothèque" durant toutes les vacances. Arrivés dans la dernière quinzaine, je suis en train de faire de la "pub" pour ceux que j'ai aimé et que mes petites-filles ont laissé de côté pour le moment !!)



Le point le plus positif est une très belle réflexion sur la musique tout au long du roman, des pistes pour s'intéresser à toutes musiques, quelques belles idées.
Lien : https://livresjeunessejangel..
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La vitesse sur la peau

Un roman sur le deuil qui se transforme peu à peu en réflexion sur la vie.

Pour Elina comme pour les protagonistes de "Aussi loin que possible", "courir est la seule chose qui me fasse du bien" : "Je vais avaler les kilomètres sous mes baskets comme je ravale les mots qui voudraient jaillir de moi". Muette depuis le décès de sa mère, elle est devenue aussi inanimée que la végétation l'entourant au Jardin des Plantes, ne prenant plus plaisir à rien : "Elle est éteinte, l'étincelle, maintenant que tu n'es plus là pour souffler sur elle ta fantaisie et ton amour de la vie". Comme le jeune héros de "Courir avec des ailes de géant", la course est un moyen de se rapprocher de la personne disparue : "Courir à rebours du temps", "remonter le temps vers toi", "revenir en arrière et tout rejouer".



Et voilà qu'apparaît Violette, ancienne marathonienne en fauteuil roulant. Grâce à elle, Elina reprend peu à peu goût à la vie : "Violette m'a rappelé l'épaisseur des êtres humains qui m'entourent". Entre elles deux s'instaurent des conversations quasi philosophiques que l'adolescente prolonge de sa réflexion personnelle. Ainsi, à travers l'analyse de son tableau préféré de Raoul Dufy, elle se met à envisager les différentes perceptions possibles de la réalité : chacun donne à celle-ci sa propre signification en fonction de son vécu, de sa sensibilité. Violette lui fait aussi comprendre les différentes dimensions du temps, cyclique et linéaire : "Je passe la ligne d'arrivée, qui fut aussi la ligne de départ". Mais le texte évoque surtout le rôle du langage, Elina se désolant de la frivolité de la plupart des conversations, elle qui aime peser, choisir chacun des mots qu'elle emploie. Violette lui fait en effet écouter des chansons aux paroles ambiguës, ou jouant sur les sonorités jusqu'à l'absurde. Beaucoup de matière à débattre donc, dans ce récit, mais qui nécessite une certaine maturité (et de la concentration !) de la part du lecteur.



Au final, Violette et la course auront appris à Elina à "prendre des décisions compliquées", ainsi qu'à réaliser que "seule, je ne le suis jamais vraiment" : même si sa mère n'est plus physiquement présente, "nous sommes ensemble, en suspens dans l'infini".
Lien : https://www.takalirsa.fr/la-..
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Tombeau de Pamela Sauvage

C'est un livre où l'intelligence et l'humour servent une forme d'écriture surprenante et inhabituelle. Entre exercice de style et objet littéraire, ce petit livre a pris une place particulière dans ma mémoire de lectrice.
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La vitesse sur la peau

J'adore cette collection des éditions Rouergue. Ce n'est pas le premier que je lis mais chaque fois, je passe un très bon moment et j'en ressors quelque chose. L'écriture est très soignée. L'auteur choisit ses mots avec soin. Les débats sont abordés avec intelligence. On ne tourne pas en rond et cela s'accorde avec les différends personnages. Le seul petit bémol que certains pourraient trouver réside dans le fait que le style est peut-être trop élevé par rapport à l'âge de la narratrice (15 ans). Personnellement, je dis "pourquoi pas?" Certains jeunes s'expriment avec beaucoup de maturité et de philosophie même si, soyons honnête, c'est assez rare. La construction de l'histoire est très bien faite même si je pense que les dix dernières pages n'étaient pas utiles. Elles ne m'ont rien apporté si ce n'est la touche d'humour entre Elina et son père.



Concernant les personnages, on a Elina, une jeune fille de 15 ans qui a perdu sa mère. Elle ne prononce pas un mot depuis son décès. Elle rencontre Violette au jardin des Plantes. Cette rencontre va marquer un tournant dans sa vie. Elina est mélancolique et misanthrope. Même si le terme de misanthrope est un peu fort. Elle a perdu l'estime de l'être humain. Néanmoins, elle est très carrée et possède un esprit d'analyse et de réflexion particulièrement développé tout comme son imagination. Violette a été brisée par la vie et voit en Elina un espoir. Elle décide de l'aider dans la mesure du possible. Son fauteuil roulant est un peu sa prison. Ses rêves se sont envolés en même temps que le jour où elle n'a plus pu se tenir sur ses jambes. Le père d'Elina n'est pas fort doué et connaît très mal sa fille même s'il fait de son mieux. Sandrine est une jeune femme fort sympathique qui finit par comprendre Elina en tout cas partiellement.



Concernant les thèmes abordés, on a la perte d'un être cher. Comment les parents doivent gérer cette perte? Ce n'est pas si évident d'autant que tout le monde ne réagit pas de la même façon. La vision des adultes sur les adolescents est également abordé. D'ailleurs, la discussion entre la psy et Elina est juste formidable. Elina a dit ce que je pensais. Merci beaucoup. On a quelques éléments sur les nouvelles technologies de l'époque et celles d'aujourd'hui (walkman vs ipod). Le rôle de l'école lorsqu'un élève subit ce genre de perte et des amis également sont envisagés mais traités en arrière plan. J'en oublie sûrement mais je ne mentionne que ceux qui me viennent à l'esprit comme ça.



En bref, j'ai passé un excellent moment avec ce roman. Il peut toucher beaucoup de monde même si je pense que le côté philosophique pourrait en rebuter plus d'un (je pense aux ados).
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La vitesse sur la peau

Roman sur l’inquiétude de vivre, il propose des images positives de la vieillesse plus que des adultes comme si, proches de la mort, certains combats dépassés, la vie gagnait du relief.
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Holden mon frère

Quel régal ce petit roman.

De l'art de faire sourire sur des sujets pas vraiment drôles. Et je peux dire que j'ai souri presque à chaque page.



Pourtant, le thème ne s'y prête pas vraiment : Kévin est un garçon très malheureux en famille. Des parents plus portés sur la télé que sur les livres, sur la bière et la purée minute que sur les légumes bio. Et qui ne s’occupent de lui que pour le taper, le charger d'un travail, se moquer de lui et de ses prétentions, ou le mettre dehors malgré le froid.

Kévin n'est pas plus heureux au collège, où là aussi il vaut mieux savoir taper que savoir répondre aux questions des profs.

Ce qui hélas semble être souvent le cas.

Pour ne rien arranger, Kévin est assez doué ...surtout pour se mettre justement dans les situations qu'il voudrait éviter :

Trouver comme amie une mamie de choc qui ne jure que par la littérature, et le fait savoir parfois violemment

Se lier avec la fille la plus intello et la plus mal vue de la classe,

Avoir comme meilleur copain la tête de Turc de la classe, bon élève et bègue de surcroît, etc ...



Bref, que du vécu qui fait mal, mais qui ici fait rire aussi.

Il sait aussi nous émouvoir, par exemple dans son désir d'éviter à sa petite soeur tout ce qu'il ne sait pas éviter pour lui.



La fin aussi est émouvante, lorsque les rôles s'inversent, qui aide qui à présent ?



Une belle ode à la lecture, et un bon moment de détente ! Sans doute "trop beau pour être vrai" mais n'est-ce pas le plaisir du roman ?

Dommage que la langue utilisée par certains personnages, langage très soutenu, mis de façon très volontaire pour appeler le sourire du lecteur devant cet excès, risque par contre de rebuter les petits lecteurs, ceux pour qui cette lecture s'avérerait sans doute très positive et encourageante.



Après "Perdus de vue" de Yaël Hassan et Rachel Hausfater, sur un thème d'ailleurs proche de celui-ci, j'avais décidé de lire cet été L'attrape-coeurs, qu'à ma grande honte je n'ai jamais lu

Il m'attend toujours sur l'étagère, l'été se termine sans que j'en ai trouvé le temps, mais après cette lecture, je ne pourrais décidément pas passer outre !! (J'aurais pu m'en douter au vu du titre, mais ... comme je ne l’ai pas lu, je ne connaissais même pas le nom du héros :-/ ).


Lien : http://livresjeunessejangeli..
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Le Zeppelin

Le roman fantaisiste et noir de Fanny Chiarello est un objet aussi étrange que le Zeppelin, cet immense ballon dirigeable allemand, qui survole cette petite ville française singulière appelée « La Maison ». Comme le Zeppelin, le livre est ce qui les recouvre et rassemble leurs petites folies. (Car La Maison, notre planète en miniature, même si cela peut faire penser au vieux quartier d’une ville du nord de la France, ressemble fort à une maison de fous, il faut bien le dire…) Malheureusement, seule l’hystérie peut être collective, et cette histoire finit bien mal.

J’aime beaucoup l’univers foufou de cette auteure : ce livre a le courage d’une inventivité vive, d’une construction inédite (comme Tombeau de Paméla Sauvage, que j’avais adoré) sa fantaisie sait nous surprendre à chaque page… et pourtant ses personnages pourraient être nos voisins, nous… Fanny Chiarello nous parle de notre époque, comme d’un réseau social où s’accumulent les solitudes et où les êtres se rencontrent bien difficilement (Ne pas rater le dernier chapitre). Il y a beaucoup d’humour, j’ai ri à plusieurs reprises, et pourtant c’est un livre plutôt pessimiste. La rue principale de La Maison s’appelle « Canard Bouée », du nom d’un syndrome lié à un traumatisme enfantin subi par ses habitants (en fait, les patients d’un psy qui s’est rendu compte qu’ils avaient tous perdu leur bouée-canard étant petits). Pour se soulager, ils jettent dans le canal tous les objets Mais il faudrait aussi vous expliquer pourquoi les habitants de la rue des Neufs lobes ont un lobe de cerveau en plus, qui vrombit comme un frigo quand il fonctionne… Et les super-pouvoirs de Sylvette, qui peut voyager dans les époques de sa vie… (Un imaginaire hyper-riche, saturé, qui m’a fait penser à Tristan Garcia par moments, même si celui-ci adopte un mode de narration beaucoup plus classique) Vraiment, ce roman de Fanny Chiarello est bien difficile à résumer, avec ses phrases volontairement déconcertantes, qui brisent vos repères, cassent tout à coup ces petites histoires en plein vol.

C’est un roman choral où la chorale serait volontairement cacophonique, loufoque, parce que l’harmonie n’est plus de ce monde, parce que chaque personnage est un écorché vif. Sous la chaleur oppressante de l’été qui sévit ce jour de juillet, on y meurt un peu facilement, l’étudiante Erasmus modèle ou la petite majorette blonde se transformant en meurtrières redoutables. Il y tombe du ciel un poulet plumé non vidé. Jusqu’à ce que tout s’embrase… Si vous en avez marre de lire les mêmes bluettes, si vous commencez à trouver que beaucoup de romans se ressemblent, c’est vraiment le livre qu’il vous faut. Laissez-vous surprendre à chaque page, et applaudissez le talent de Fanny Chiarello.
Lien : http://effleurer.une.ombre.o..
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