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Critiques de Fanny Chiarello (214)
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Le sel de tes yeux

Dans une petite ville du bassin minier du nord de la France, la romancière Fanny Chiarello présente une exposition de photographies et de texte. A ce moment là, elle croise une jeune adolescente dans un parc en train de courir. Fanny l'a photographie. A travers les différents clichés, l'auteure comprend, transporte, saisit, retranscrit son mal-être, son secret. Mais aucune parole échangée, juste un regard. Et Fanny raconte.



L'auteure invente alors à travers ses photographies, un prénom, Sarah, une famille, une orientation sexuelle, des vies parallèles, une société mise de côté. Sarah aime les filles.



Comme un journal intime, le roman est construit en une semaine, chaque jour est raconté et compté. Un roman d'une grande sensibilité, d'une grande pureté, où la jeunesse actuelle se retrouve en bas d'une société hétéro-culturelle, avec peu d'ouverture d'esprit.



Une écriture extrêmement proche de la réalité encore actuelle, et c'est merveilleusement terrible à travers les mots de Fanny. Car, ce récit pour être celui de votre fille, de votre amie, de votre collègue, de votre voisine, en mal de vivre. Un roman ancré dans l'ère contemporaine où l’homosexualité est encore mal accepté et qu’il est difficile de vivre certaines émotions a l’adolescence lors de la découverte de nos sentiments.



Fanny Chiarello dresse le quotidien d'une adolescente en quête d'identité, complètement perdue dans un monde qui ne peut l'aider. Ce roman est l'un des plus poétiques que j'ai pu lire. D'une justesse incroyable, sans fioritures, avec un style particulier à la frontière de la fiction et de la réalité, qui s'entremêlent pour mettre un peu de sel à vos yeux.
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La vie effaçant toutes choses

Neuf femmes, d'âges,de milieux différents, mais toutes dans un moment de fragilité, fragilité qu'il leur faudra accepter, et surtout dans une volonté de se débarrasser de "l'échiquier social" qui leur a imparti un rôle -carcan. Signe de ce malaise à la fois psychique et physique, les cauchemars morbides (décrits de manière très réaliste) dont beaucoup d'entre elles souffrent.

Fanny Chiarello scrute ici avec une attention sans faille les micro-fonctionnements de nos relations avec les autres, en soulignant la violence cachée: "Il y a violence à feindre de ne pas percevoir le spectre lumineux d'un être vivant, même si l'on feint pour le laisser croire qu'il dispose d'une forme d'intimité, là, entre sa valise et le couloir du TER, même si l'on feint pour le laisser détendre ses épaules sans témoin."

Elle décrit aussi avec une précision poétique les paysages dévastés des bords de voies de chemins de fer, les petites villes côtières, les chambres d'hôtels modestes, tous ces lieux que nous traversons sans leur accorder plus qu'un regard distrait, mais qui en disent long sur notre humanité.

Roman ou nouvelles ? L’éditeur ne tranche pas. Disons qu 'il s'agit de neuf récits qui s'interpénètrent par le biais de personnages récurrents, qu'ils soient principaux ou non, une SDF, Rita , étant un peu le fil rouge que l'on va retrouver dans chacun de ces textes, simple silhouette ou actrice à part entière, interagissant avec les autres héroïnes.

Autre lien : la musique, qu'elle intervienne par le biais d'orchestres, d'une artiste ou d'une station de radio dont certains animateurs ou animatrices joueront aussi un rôle au sein de ce dispositif narratif.

Certaines métaphores servent aussi de leitmotiv, comme autant de cailloux que l'auteure sème à l'attention du lecteur.

Un roman puissant, tant par la forme que par le fond .

L'écriture de Fanny Chiarello, précise, vive, donne chair à ces neuf femmes, parfois rugueuses, nous les rend attachantes, sensibles et presque sœurs. Un grand coup de cœur ! Et zou sur l’étagère des indispensables.

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L'éternité n'est pas si longue

Elle a quelque chose de Cassandre, Nora. Ainsi dès que se déclare une épidémie de variole, il lui paraît évident que l'humanité va disparaître. Pourquoi, en ce cas, continuer à vivre comme si de rien n'était ? Quel intérêt de travailler encore ? de rencontrer des gens cachés derrière leur masque prophylactique, fragile barrière à l'infection ?

Se retirer dans une maison isolée et s'y enfermer avec Judith, Miriam et Raymond, les amis de toujours, serait pour Nora le meilleur moyen d'être protégée, de survivre... ou d'attendre agréablement la mort. Tantôt d'une mélancolie toxique, tantôt d'une insouciance enfantine, tantôt clairvoyante, tantôt inconsciente, Nora oscille sans cesse sur le fil qui sépare désir de vivre et fascination morbide. le coma dont elle est sortie un an auparavant l'a en quelque sorte marquée du sceau de l'éternel retour. Est-elle vraiment sortie de cet état aux frontières entre vie et mort ? En écrivant des histoires, en traçant le portrait de ses amis, Nora tente d'organiser le chaos de son environnement pour l'adapter à son intériorité, d'injecter de la fiction dans le réel afin de le mettre à sa portée. A moins qu'il ne s'agisse de gagner du temps ?

Que fait-on en attendant la mort ? Comment écrit-on notre histoire avant de disparaître ? Après tout, l'éternité n'est pas si longue que nous puissions nous permettre de la gâcher en devenant autre chose que ce qu'on veut.

Le roman de Fanny Chiarello s'enroule et se déroule autour de Nora et de sa perception de la réalité. Magistralement écrit, d'une construction signifiante, il se déploie vers des territoires où l'intime et l'universel se mêlent indissociablement, où le romanesque, en portant une réflexion existentielle, s'interroge en reflet sur sa propre forme.

Une lecture parfois difficile mais extrêmement enrichissante et questionnante.

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La vitesse sur la peau

A travers La vitesse sur la peau, Fanny Chiarello nous raconte l'histoire d'Elina, une jeune adolescente. Depuis la mort de sa mère, sa seule activité, à part ses cours, est de rester assise sur un banc – toujours le même – au jardin des plantes. De végéter. Un jour, elle se remet à bouger, et même à courir. Dans le sens inverse des aiguilles d'une montre, elle fait tout le tour du parc, espérant remonter le temps jusqu'à sa mère. Elle fera ainsi la rencontre de Violette, une ancienne marathonienne clouée dans un fauteuil roulant. Elina a perdu sa mère, mais elle va réaliser que la vie ne n'est pas arrêtée, qu'elle peut encore faire des rencontres et apprécier ce que lui envoie la vie.

La vitesse sur la peau est un livre très court, qui se lit rapidement, mais qui est prenant et bouleversant ! On a tous perdus, je pense, des êtres auxquels ont tenaient. Maladie, accident, les raisons ne manquent pas... Tout comme la manière de gérer son deuil. On fait différemment, on ressent différemment, il n'y a pas de bonnes ou de mauvaises façons de faire. Le plus important est d'essayer d'en parler, de décrire ce qu'on ressent, que ce soit à un membre de sa famille, à un ami ou à un psy.

(Mon avis complet sur mon blog.)
Lien : http://chezlechatducheshire...
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Push the push button

Après Si encore l'amour durait, je dis pas puis Tu vas me faire mourir, mon lapin , Fanny C poursuit dans ce troisième livre le récit de son existence mouvementée. Toujours destroy et plus dépressive que jamais, complètement accro à ses Xanax, à sa playlist et à Ava, la Carpaccio qui fume et boit toujours autant, nous entraîne dans une histoire déjantée et violente, façon dystopie,. En parallèle (et en italique), elle ressasse ses souvenirs et ses angoisses existentielles avec une constance sans faille, à la limite du nombrilisme. Heureusement, son écriture énergique à la simplicité directe et une bonne dose d'humour m'ont sauvée de la lassitude qui menaçait de pointer son nez.

J'ai lu Push the push button dans sa première version aux éditions Page à page (2006). Pour la nouvelle édition 2015 de chez Pocket, Fanny Chiarello a accepté de retravailler son texte mais je n'aurai pas le courage de relire son roman pour voir quelles sont les différences entre les deux éditions......
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Le blues des petites villes

A 14 ans (et demi !), Sidonie est différente de ceux qu’elle refuse de nommer ses camarades et elle l’affirme haut et fort. Elle trouve futiles les « décalcomanies », ces filles qui « efforcent de ressembler à leur star préférée, et elles ont toutes la même » et les « morses », ces garçons qui « sont pour la plupart en pleine mue, les pauvres, mais continuent de parler trop fort ». Ses meilleures amies ne le restent jamais très longtemps et elle se sent très seule. Pour elle, « le seul espoir, c’est de partir. » Partir à la grande ville, là où les monuments et les établissements culturels pullulent dans les rues, là où l’on tutoie Rimbaud, là où l’on joue de la musique et écrit des poèmes, là où la conformité n’existe plus.

Tout change lorsqu’elle où elle rencontre Rébecca, une fille différente des autres, mais différente d’elle aussi. La vie prend alors une autre saveur, un petit goût plus épicé, mais plus doux aussi. Dans cette dingue de blues aux chaussures en alligator, Sidonie trouve bien plus qu’une meilleure amie.



Ce roman pour jeunes adolescents de Fanny Chiarello, à paraître à la rentrée littéraire 2014, est vraiment sympathique. L’héroïne est attachante sans être véritablement une héroïne. Certes, elle est très intelligente et différente du « commun des mortels » (du moins, en nous offrant sa version de l’histoire, elle nous donne l’impression que le monde qui l’entoure est une masse uniforme), mais c’est sa fragilité sous la carapace qui m’a touchée. (De plus, elle m’a semblé très familière, il y a comme une impression de déjà-vu.) Pour se protéger, elle fuit le monde, elle est désagréable, mais tente désespérément de se trouver une meilleure amie, quelqu’un qui serait, comme elle, « une irrégularité sur la morne frise que forment les décalcomanies et les morses ».



N’étant pas une grande lectrice de littérature jeunesse/ado, je ne sais pas si l’homosexualité, et notamment l’homosexualité féminine, est fréquemment abordée. En tout cas, j’ai trouvé ça très agréable de sortir des amourettes (ou grandes histoires) hétérosexuelles. J’ai d’autant plus apprécié la manière dont la relation est présentée. On ne parle pas qu’en terme d’ « amour », on parle avant tout de connivence, de rencontre intellectuelle fusionnelle, de la sensation d’avoir trouvé la personne qui correspond parfaitement. Leur amour n’en est pas minimisé et, au contraire, n’en apparaît que plus fort.

Je déteste parler de roman sur l’homosexualité car personne ne dit d’un roman où une femme et un homme tombent amoureux qu’il s’agit d’un roman sur l’hétérosexualité. Malgré tout, ce terme peut s’y appliquer. En étant deux filles, on retrouvera l’incompréhension, les moqueries, l’homophobie, le rejet des parents, etc. Décidément, homosexualité = tragédie. C’est désespérant !



Un roman à écouter avec du classique, du blues et du jazz en fond sonore, des personnages auxquels on s’attache très vite. Un très bon moment qui a ravivé pas mal de souvenirs personnels.
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Une faiblesse de Carlotta Delmont





Paris 1927. Carlotta Delmont, célèbre soprano, disparait de son hôtel, à la suite d'une représentation. Toutes les explications sont envisagées, d'une liaison adultère, jusqu'à son possible décès. Quand elle réapparait, les cheveux courts à la garçonne, le scandale et la rumeur sont énormes.



"...ces deux semaines volées ont plus de chair dans ma mémoire que les près de quarante ans passés sur le chemin qui m'était destiné."



A travers des correspondances, des extraits de journaux, des comptes rendus de police et des interrogatoires, le processus de recherche est décliné avec minutie, montrant une société pétrie de conventions rigoristes où la femme, même célèbre, n'a pas de statut ni de liberté.

L'escapade d'une femme libre, en désir d'évasion d'une prison dorée, les conséquences sur son entourage, la capacité policière et masculine à faire passer pour hystérique tout désir feminin d'indépendance, le coté éphémère de la célébrité, tout est parfaitement glaçant.

Dans la seconde partie du livre, le journal intime de Carlotta apporte un éclairage saisissant de ce décalage.



Ce livre m'a transportée un siècle en arrière, par son écriture élégante et surannée, par cette ambiance luxueuse de palaces et transatlantiques, par ce monde magique des grandes voix lyriques. Sa structure narrative sur trois supports littéraires est très originale.

Un très beau portrait de femme, romanesque, fragile et passionnée.

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Une faiblesse de Carlotta Delmont

Au coeur de ce roman, il y a une femme, Carlotta Delmont, jeune diva américaine en tournée en Europe. Pourquoi a-t-elle disparu un jour d’avril 1927 à Paris alors qu’elle venait de triompher dans « Norma » ? Fugue, suicide, enlèvement…toutes les hypothèses sont possibles. Identifiée à ses rôles de femmes tourmentées aux yeux de son public et des journalistes, certains pensent forcément qu’il y a une histoire d’amour là-dessous… Elle partage bien la vie d’un homme (plus âgé qu’elle) mais peut-être en a-t-elle rencontré un autre ? Et si elle était tombée amoureuse de son partenaire dans l’opéra qu’elle interprète ? A moins qu’elle n’ait fui avec un mystérieux admirateur ?



Fanny Chiarello, jeune auteur lilloise ayant déjà publié plusieurs livres (que je n’ai pas lus), s’amuse à révéler au compte goutte des pièces du puzzle Carlotta Delmont aux lecteurs intrigués qui cherchent à comprendre cette diva qui, après tout, n’est qu’une femme comme les autres avec ses faiblesses et ses coups de tête. N’écrit-elle pas d’ailleurs dans son journal « Je ne suis qu’une femme, et à ce titre je réclame le droit de sombrer dignement. » ?

On découvre la face cachée de Carlotta à travers l’ accumulation d’articles de presse, de lettres, de télégrammes, et son journal rédigé dans le bateau qui la ramènera à New York. On croit mieux la comprendre mais elle ne cesse de nous échapper. Qu’est-ce qui s’est passé pendant les deux semaines où elle a disparu ? Pourquoi réapparaît-elle en garçonne sous le nom de Mimi ?



Un roman intriguant sur le thème de la disparition, de la réinvention de soi et de la distinction entre la légende et le réel, centré sur une héroïne complexe et fragile.

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Holden mon frère

Quelle honte d'être aperçu en train de lire un livre ! Seulement, la bibliothèque est le seul endroit du quartier où se réfugier... Kévin y fera des rencontres qui vont changer sa vie, dans les rayonnages et dans la salle de lecture !



Mais comment réussir à cacher à sa famille sa nouvelle occupation?



De la lecture des Schtroumpfs à celle de l'attrape-coeur, c'est en réalité un voyage initiatique qui est proposé au héros. Une éducation pour mieux réussir à vivre sa vie. A commencer par se moquer du regard des autres...




Lien : http://0z.fr/fHdvh
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Terrils tout partout

Je veux, tout d'abord, saluer d'un chaleureux merci les Editions Cours Toujours et particulièrement Dominique Brisson ainsi que Masse critique de Babelio pour cette délicieuse lecture.



Je ne suis jamais déçue par la collection "La vie rêvée des choses" aux éditions Cours Toujours. Cette fois mon plaisir a été décuplé par l'éloignement de ma région natale et retrouver, sous la plume sensible de Fanny Chiarello, des paysages, des sensations, des images, des expressions de "mon pays" (même s'il n'est pas directement celui des terrils car en Picardie ce sont plutôt les amas de betteraves qui dessinent l'horizon !) a entraîné tout un lacis de rêveries qui se poursuit encore.



En compagnie de Laïka j'ai donc arpenté le bassin minier des environs de Lens. Des "terrils tout partout" ! Des collines dont les strates sont faites de l'histoire des femmes, des hommes et des enfants qui ont vécu, travaillé et sont morts là, entre brique et charbon. Que reste-t-il de ces cueilleurs de feu aux gueules noircies ? En sillonnant ce territoire où elle a grandi et dont elle s'est éloignée pendant vingt-sept ans, Laïka mesure le temps à l'aune de ce qui a changé et de ce qui reste immuable. Son histoire personnelle s'insère délicatement dans celle des humains depuis la découverte du feu jusqu'à notre époque paradoxale. Et c'est d'une beauté frémissante.



Aucune mollesse dans cette écriture toute en nuances et en plasticité qui se fait ironique pour révéler l'absurdité humaine, "Les hommes ont pour ainsi dire pris ce qu'il y avait dedans pour le mettre dehors, pris le dessous pour le mettre au-dessus, creusé des galeries pour ériger des cônes, excavé pour élever." (p.47), féroce pour évoquer les travers d'une espèce humaine dénervée qui "n'en finit pas de dégénérer" (p.68). Une écriture qui parvient à rendre poétiques des caddies rouillés et un "parapluie Reine des Neiges".



La balade à laquelle Laïka nous convie se déroule dans l'espace et dans le temps, celui des hommes et celui de la nature. Des espaces inéquitablement partagés et des temps différents, parallèles et antagonistes le plus souvent, mais que Fanny Chiarello, dans l'espace d'une petite centaine de pages, le temps d'un roman suivi d'un album-photos aux légendes savoureuses, réconcilie avec une grâce inégalable.



Et j'attends maintenant avec une impatience échevelée la prochaine publication de "La vie rêvée des choses" ! Quel le auteur e et quel objet pour ces futures "mythologies du quotidien" ? Après la wassingue, la brique, le bouton de nacre, la gaufre, l'obus, le pain perdu et les terrils, que sera-ce ? Maroilles ? Betterave ? Endive ? Beffroi ? N'importe, j'ai hâte !!





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La vie effaçant toutes choses

C'est avec une émotion particulière que je referme ce livre, tant il a fait écho en moi.

» La vie effaçant toute chose », tel est le titre du nouveau roman de Fanny Chiarello, paru en ce début d'année, aux Editions de l'Olivier.

Neuf femmes. Neufs portraits. de beaux destins de femmes…

Composé à la manière d'un recueil de nouvelles, un chapitre est consacré à chaque femme, ce qui en rend la lecture que plus agréable. On les suit sur un laps de temps relativement cours, mais qui représente LE moment de la prise de conscience, parfois au bord du gouffre, d'une soif de liberté.

p. 92 : » Peut-on s'effondrer, tomber du haut de soi-même là où ça se produit et pas un centimètre plus loin pour la raison que l'on est soudain plus capable de jouer le rôle qui nous est imparti ? «

Adolescente, mère, épouse, conjointe, grand-mère, de milieux sociaux divers et variés, elles sont toutes à un moment charnière et décisif, ce moment délicat où l'on sent que la vie bascule. Et chacune doit en appréhender la bonne mesure : « une révélation au bord de la conscience ».

Ces neuf femmes se croisent sans se voir alors qu'à certains moments le destin de l'une interagit sur le destin de l'autre.

Ce n'est ni une oeuvre féministe et encore moins une provocatrice (contrairement à certaines critiques que j'ai pu lire….), mais bien une réelle nécessité vitale de dépasser le conditionnement qu'impose la société aux femmes.

Ce livre pose finalement le postulat de la difficulté pour les femmes de s'extirper de tous ces carcans, qui les privent de toute leur liberté d'ETRE.

Ce roman est le témoignage d'une lutte contre un sexisme étouffant, dont les lectrices ne pourront que s'identifier à ces héroïnes contemporaines.

Magnifiquement construit, original par sa forme et audacieux par son fond !
Lien : https://missbook85.wordpress..
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La vitesse sur la peau

Un très beau roman, sensible, délicat, nous faisant cheminer aux côtés d'Elina dans sa renaissance à la vie après une année à végėter, mutique.

Ce roman mérite une diffusion beaucoup plus large que d'être cantonné à la littérature ado.
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Holden mon frère

Excellent roman ado dont la cible est adolescente mais à la lecture duquel les adultes prendront également beaucoup de plaisir.

C'est l'histoire de Kévin Pouchin (Traces de chien), un jeune de l'est. De sa famille, on dirait chez moi qu'elle est "tuyau de poêle". Lui dit qu'elle est "traces de chien".

Mis à la porte de chez lui par une mère qui ne veut pas avoir ses enfants dans les jambes, il pousse une autre porte, pour se mettre au chaud. Et le voici dans une bibliothèque, prêt à en découvrir les habitants.

Des phrases ciselées, un grand nombre relues pour le plaisir de leur justesse. un travail superbe.
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Le blues des petites villes

Sidonie, 14 ans, est loin de ressembler aux jeunes filles de son âge. Elle porte des chaussures rouges, écoute de la musique classique, ne s’intéresse à personne et a toujours pensé que sa vie ne pouvait commencer que lorsqu’elle quitterait sa petite ville. Mais un jour, sa rencontre avec Rébecca va tout faire basculer…



J’avais beaucoup aimé Holden, mon frère, de Fanny Chiarello. Si j’avais été moins enthousiaste pour le roman jeunesse qui a suivi, j’avais hâte de découvrir ce nouveau titre de la collection Médium. Et j’en ai été un peu déçue… Dans cette histoire, nous suivons Sidonie qui se révèle très vite un peu hautaine et horripilante par son élitisme et son jusqu’auboutisme. Elle se démarque totalement des jeunes de son âge, le revendique et souhaite plus que tout ne pas leur ressembler. Ce qui est plutôt intéressant, de ne pas se conformer à ce que nous dicte la société, de s’accepter tel que l’on est et de se moquer du regard des autres. Ce sont des valeurs que je trouve louables et que je défends. Sauf que Sidonie est vraiment très, trop, extrême, ce qui nous empêche de nous identifier réellement à elle. Heureusement, le personnage de Rébecca vient adoucir les choses et permet à Sidonie d’ouvrir un peu les yeux et d’élargir ses horizons (mais pas trop non plus !). On découvre le blues, un genre musical probablement peu écouté des ados. Puis, petit à petit, tandis que leur relation se construit, c’est également l’amour qui vient se caler entre les deux jeunes filles. On aborde ainsi l’homosexualité, d’une très belle manière, et tout ce que cela implique à un si jeune âge et au sein de notre société pas si ouverte d’esprit que ça.

J’ai cependant eu du mal à m’accrocher pleinement à cette histoire et je ne suis pas sûre que les ados s’y retrouvent. C’est très littéraire, un peu à l’image de Sidonie et de ses passions peu accessibles au commun des mortels, et j’ai peur que le public visé soit un peu rebuté par le caractère de cette héroïne.
Lien : http://bobetjeanmichel.com/2..
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Une faiblesse de Carlotta Delmont

Une faiblesse de Carlotta Delmont est un livre intéressant et bien écrit mais la structure peut décontenancer certains lecteurs. En effet, ici, on ne retrouve pas des chapitres mais une alternance entre des lettres, des articles de journaux, des télégrammes, une pièce de théatre et les écrits d’un journal personnel. La disparition de Carlotta Delmont, soprano de renom, à Paris pendant deux semaines après un grand succés à l’Opéra ne laissera personne indifférent : son compagnon sur scéne, son aide, sa mère, son manager… Beaucoup de remous et Carlotta elle-même en subira les conséquences.



Le théme central de ce livre est la recherche de la liberté. Après avoir été enfermée dans un monde qu’elle ne supporte plus, Carlotta décide de respirer un peu et malheureusement cette décision qui lui paraît sans conséquence va faire basculer sa vie. Ses relations avec sa famille et ses amis sont chamboulées et elle va payer le prix fort pour cette petite incartade. Ce roman est aussi une critique de notre société qui éléve au rang d’icône une personne et qui est capable de la jeter aux oubliettes en très peu de temps, malgré son talent, car son attitude ne correspond plus à ce que les gens attendent.



Après cette lecture, on se dit que, même si la vie que l’on méne ne nous convient plus, il faut parfois réfléchir à deux fois avant de tenter quelquechose d’inconsidéré et qui paraît une bonne idée sur le coup car on peut tout perdre. Se contenter de ce que l’on a peut être la meilleure solution surtout quand on est dans la position de Carlotta Delmont : riche, célébre…



La faiblesse de Carlotta Delmont est une bonne surprise littéraire.




Lien : http://mapetitebibliotheque...
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L'évaporée

Eve a quitté Jenny du jour au lendemain sans aucune explication. L’évaporée, comme la surnomme Jenny, a laissé toutes ses affaires dans la maison de sa compagne. Cette dernière ne cesse de se questionner sur leur relation et ne perd pas espoir de revoir venir celle qu’elle a aimé éperdument. Pendant ce temps, Eve doit essayer de guérir de blessures qui ont ressurgi de son passé. 



« Depuis que j’ai lu l’incipit de ce livre, je sais qu’il est possible de vivre une même histoire en deux narrations totalement différentes. Et que l’expérience de chaque être en ce monde est une solitude vraiment irrémédiable. » « L’évaporée » est écrit à quatre mains et nous propose d’explorer alternativement les deux faces de cette rupture. Fanny Chiarello a écrit les chapitres concernant Jenny, tandis que Wendy Delorme, dont j’ai adoré le roman précédent, a rédigé ceux qui concernent Eve. Deux points de vue, deux écritures qui donnent vie, corps et chair à deux femmes qui se sont aimées puis séparées. Cette construction en parallèle nous permet de comparer et de comprendre les points de vue, les ressentis des deux femmes.



Et ces deux femmes sont fort différentes. Jenny est écrivaine, elle s’est retirée à la campagne, est revenue à la terre. « Elle me console de mes illusions perdues, me réconcilie avec mon espèce et, un jour, elle me fera un linceul moelleux et chaud, généreux. » Jenny est en quête d’absolu, l’amour chez elle ne souffre aucune compromission. Eve est journaliste, parisienne, elle a été mariée et est mère de deux enfants. Elle est plus distante et semble ne plus rien attendre de l’amour. Les deux autrices nous offrent une analyse fine de celle qui reste et de celle qui part, l’une et l’autre déjouent nos attentes quant aux rôles qui leur sont assignés au départ.



Dans les propos des deux femmes se dessine également un questionnement sur la création et notamment sur la manière dont les écrivains se nourrissent de ce qui les entoure pour créer. L’écrivain doit-il se fixer des limites pour éviter de faire souffrir ses proches ? Les mots peuvent en effet devenir des armes tranchantes…



« L’évaporée » est un texte formidablement écrit. Les deux voix, toutes en poésie et en sensibilité, se marient merveilleusement bien. Un dispositif littéraire original qui fonctionne grâce à deux autrices inspirées.
Lien : https://plaisirsacultiver.com/
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La geste permanente de Gentil-Coeur

Quasiment tout du long accompagné de Iko Iko ("jock-a-mo fee-no ai na-né/jock-a-mo fee na-né"), chanson qui reste bien en tête, longtemps, j'ai parcouru les allées du parc Jean-Guimier de Sallaumines au rythme de Fanny Chiarello. Vers de 11 pieds, hendécasyllabe me suis-je laissé susurrer à l'oreille, donc des phrases qui, possiblement, ne se terminent pas à la fin de la ligne mais à la suivante. Mais quelles phrases puisqu'aucune ponctuation, aucune majuscule sauf aux noms propres. Jeux de sons, jeux de mots, Fanny Chiarello fait dans le plus prosaïque mais aussi dans la contemplation.



Long poème en prose, longues chevauchées sur un vieux vélo, à la recherche ou l'attente d'une jeune joggeuse croisée à deux reprises. C'est surprenant, parfois déroutant et franchement j'adore ça. Combien de livres ouvre-t-on et lit-on sans ce petit truc en plus qui surprend, qui titille, qui lutine la zone de confort sise dans le cerveau en lui disant qu'il faut se bouger un peu ? Même si je tente de lire régulièrement ce genre d'ouvrages, parfois ça marche, parfois ça marche pas. Là, ça marche formidablement.



J'ai parfois pensé à Tentative d'épuisement d'un lieu parisien de Perec, Paris en moins, parc en sus, dans la description du rien, toute comparaison gardée, mais plaisir de lecture comparable :



"un homme passe avec des chiens puis un chien



avec un homme puis un mec avec un



sac plastique puis un type qui court bras



et buste tendus vers le sol comme s'il



allait faire une roulade avant mais non



et d'un esprit plus aventureux que les



quatre femmes évoquées hier quoique



guère plus rapide il quitte le parc pour



le vaste monde et après lui c'est tout pour



l'activité si nous faisons fi des pies" (p.72)
Lien : http://www.lyvres.fr/
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Le sel de tes yeux

Ce livre est, sans conteste, le roman le plus poétique que j’ai lu depuis la rentrée. Il est d’une pureté, d’une douceur et à la fois d’une puissance incontestables.

On est dans le bassin minier, pas loin de Lille. Sarah est une adolescente différente des autres parce qu’elle aime les filles et malheureuse parce qu’elle le cache. Ses parents, sa fratrie et nombreux amis la rejettent, ou sans doute se met-elle à l’écart instinctivement. Sa mère fouille ses journaux intimes, surveille ses lectures et ses fréquentations. Alors elle court, beaucoup; avant tout, Sarah est une athlète.

C’est en courant qu’elle croise l’auteure, Fanny Chiarello. Fanny la photographie, Sarah lui sourit; et c’est tout. Pourtant l’écrivain-photographe saisit tout, la véritable Sarah et son secret, trop lourd à porter. Elle ne lui parle pas, elle la poétise et elle la raconte. Elle lui envoie un article dans un journal que sa mère ne lui donne pas. Tout est censuré et bien trop conforme dans le village de Sarah, et la jeune fille n’aspire qu’à un peu de liberté et de tolérance.

S’égrènent ainsi sept jours d’une longue semaine où Fanny Chiarello compose avec son imagination pour offrir à Sarah juste un peu de sel qui manque à sa vie. Un très beau roman. 
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Le sel de tes yeux

Alors qu'elle explore le bassin minier du Nord de la France, région dont elle est originaire, l'écrivaine photographie une jeune fille qui court. Une silhouette.

Elle lui invente un prénom , Sarah, une famille et une orientation sexuelle qui déroute cette dernière : Sarah aime les filles.

Dans ce court roman (174 pages), Fanny Chiarello s'adresse à cette adolescente qu'elle a vraiment croisée, sans pouvoir lui parler et même si elle ne la connaît pas déclare: "mais, parce que je t'écris, tu es une force pour moi- note l' ambiguïté de cette phrase, ou le t' peut aussi bien être un C.O.D. qu'un C.O.I."

Brouillant les pistes, qu'est ce qui est inventé, qu'est ce qui est réel ?, Fanny Chiarello nous livre ici un récit sensible et juste sur une jeune fille qui se confronte à une société hétéronormée ,dont on n'a même plus conscience, sauf évidemment quand on sort de la norme. Elle brosse des parents un portrait nuancé, ils aiment leur fille mais ne peuvent concevoir qu'elle déroge à ce qui est pour eux la normalité et acceptent sans sourciller que leur autre fille sorte avec un étudiant plus âgé.

N'allez pourtant pas croire que tout est plombé dans ce roman qui, s'il serre parfois le cœur, ménage aussi des moments lumineux et peint avec véracité le quotidien d'une jeune femme d’aujourd’hui. Un roman plein d'espoir.

Un coup de cœur.
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Holden mon frère

Plutôt un livre pour le collège, mais les adultes apprécieront aussi.

Kévin vit dans l'est de la France. Son père a disparu avec la BMW, une fois de plus. Les vacances d'hiver sont là, et sa mère le pousse dehors car elle ne veut pas qu'il reste dans ses jambes. Kévin n'aime pas particulièrement le football et les caïds prennent déjà toute la place au centre commercial. Il pousse donc la porte de la bibliothèque. Il y rencontrera les classiques de la littérature ados, une amie et mentor et une amoureuse.

Livre très très bien écrit. Beaucoup de plaisir à cette lecture. Le personnage avance, évolue, grandit, fait preuve de courage, on l'accompagne dans sa sortie de la petite vie minable à laquelle le destin semblait le condamner.
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