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Critiques de Florence Cestac (273)
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Un papa, une maman, une famille formidable ..

Si je me suis marié, c'est pour me faire servir ! »



Ainsi commence cette nouvelle bande dessinée autobiographique de la géniale Florence Cestac, pour un lecteur surpris de voir ce genre de remarques sexistes d'un autre temps sous le plume de la moderne et féministe.Grand prix du festival d'Angoulème en 2000.



Avec sa verve habituelle, et ses personnages aux gros nez qui ne ressemble qu'à ce qu'elle fait, l'autrice publie un nouvel album autobiographique, qui s'attarde cette fois sur son enfance.



Elle y raconte son père, homme d'une époque (avant 68...), d'un milieu (la petite bourgeoisie de province), et leurs relations pour le moins tumultueuses.



Entre une fille déjà artiste et rebelle à toute forme d'autorité, et un père tyran domestique qui traitait sa femme et ses enfants comme des moins que rien, la vie ne s'est pas fait sans heurts et absence de complicité criante.



Car si en société, Jacques donne le change, il fait régner une ambiance détestable à la maison, privant sa progéniture de l'affection et de la confiance en soi requise.Sous l'humour des dialogues et la legereté du trait, on sent bien que Cestac a terriblement souffert de cette carence affective paternelle, et sa nouvelle BD , évidemment maitrisée de bout en bout, laisse cependant un goût amer en bouche.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Des Salopes et des Anges

Dans de nombreux pays encore, l'IVG est illégale et sa pratique sévèrement réprimée.

En France, il fallut attendre 1975 pour que des femmes puissent avorter. Celles qui le souhaitaient - le plus souvent par nécessité ou impossibilité d'élever un enfant dans des conditions acceptables - devaient se rendre à l'étranger pour bénéficier de cet acte médical. D'autres pouvaient tenter de le faire pratiquer illégalement en France, mais à leurs risques (mauvaise manipulation, infection...).



Florence Cestac nous raconte l'expérience de trois femmes, issues de milieux divers, qui partent à Londres pour se faire avorter.

Près de cinquante ans après la légalisation de l'avortement, on s'étonne que la société française ait pu imposer de tels parcours du combattant à des femmes.



Sur beaucoup de sujets de société, dans ce pays qui se prétend pourtant une patrie des 'droits de l'homme', la législation met beaucoup trop de temps à se mettre au diapason de droits humains élémentaires : par exemple celui de mourir dignement, et j'en passe… Par contre nous avons le droit de nous empoisonner 'avec modération' et les publicitaires nous y encouragent, même, au nom de traditions !



Avec Florence Cestac, le graphisme n'est pas très agréable (visages grossiers), mais cela ne nuit pas à l'agrément de la lecture. La qualité du propos est là, comme dans cet album et les trois autres que j'ai lus de cette auteur.

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Un papa, une maman, une famille formidable ..

Cela va rappeler des souvenirs à plus d’une ou d’un ! Florence CESTAC décrit son enfance, auprès de son père colérique, méprisant pour sa famille, mais amusant en public.

Sa femme est là pour le servir, les enfants, c’est à sa femme de s’en occuper. Et elle n’a rien à dire ! Les enfants vont devoir grandir dans ce milieu et surtout se construire.



Elle s’en est bien sortie Florence CESTAC. Oh, je pense que des blessures ne sont pas tout à fait refermées, blessures prégnantes qu’elle portera toute sa vie, qu’heureusement le temps dilue, dilue, dilue… mais n’efface pas.



Il y a aussi la volonté de faire des études, et pas forcément celle que son père souhaite, qui s’en fiche, vu que c’est une fille. Elle se mariera et aura des enfants, comme sa mère avant elle. Et pas avec n’importe qui ! Hein ! Mais c’est sans compter sur la volonté de Florence qui se libérera des diktats de son père et ne suivra pas le chemin qu’il escomptait pour elle. Tout ça, en pleine période soixante-huitarde, où le féminisme prend racine.



Le coup de maître de Florence CESTAC, c’est que ce n’est pas glauque. Elle a réussi à dédramatiser son enfance, en en faisant une BD où l’humour est présente pour alléger le tout.
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Un amour exemplaire

Oh que j'ai aimé cette BD. Une histoire d'amour vraiment magnifique. Deux êtres qui se trouvent, qui s'aiment toujours plus, un peu plus chaque jour. Et dire que cette histoire est vraie. Ça me réconforte et réconcilie avec l'amour. Vraiment, à vous mettre sous la main, cette BD.
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Le Démon du soir ou la ménopause héroïque

Tino Rossi, celui-là même qui tutoyait le Père Noël et lui donnait des consignes précises, a prétendu que la vie commençait à soixante ans. Ça doit expliquer pourquoi Noémie n'est pas au mieux de sa forme : elle n'a pas encore atteint la soixantaine. Ça ne saurait tarder, mais en attendant elle doit supporter ses jeunes collègues aux dents longues, son mari retraité mollasson, une vieille maman qui se prend pour Brigitte Bardot ou Marilyn - Monroe, pas Manson, moindre mal. Noémie ne voit jamais son grands dadais de fils toujours par monts et par vaux, elle voit en revanche un peu trop souvent sa fille qui la prend pour sa baby-sitter. Et, dernier problème en date et non des moindres : ces deux petites boules détectées à la mammo qui l'obsèdent.



Si vous avez suivi les aventures de Noémie à quarante ans (Le démon de Midi) et à cinquante ans (Le démon de l'après-midi), vous ne serez pas dépaysés. On retrouve le trait épais et lourd de Florence Cestac, son ton girly grinçant, plus proche de Claire Brétécher que de Pénélope Bagieu. Les situations et les personnages rappellent du vécu, certes, mais sont quand même bien caricaturaux et l'on devine que l'album est destiné à être adapté au théâtre, comme l'a été le Démon de Midi.
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Le Démon du soir ou la ménopause héroïque

Et surtout, surtout ! Faire le papillon le plus longtemps possible.

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Ce tome fait suite à Le démon d'après midi... (2005) qu’il n’est pas indispensable d’avoir lu avant pour comprendre celui-ci. Cette bande dessinée est en couleurs, entièrement réalisée par Florence Cestac, et publiée pour la première fois en 2013. Elle compte cinquante planches. Elle a été rééditée avec les deux précédentes Le Démon de midi ou Changement d'herbage réjouit les veaux (1996) & Le démon d’après-midi… dans Les Démons de l'existence.



Noémie va souhaiter l’anniversaire de ses soixante ans dans trois jours. Pour le moment, elle se trouve torse nu chez son généraliste. Il lui déclare qu’elle a deux petites boules côté gauche, sous son bras. Elle s’exclame que ça veut dire un cancer. Il développe en indiquant qu’il va falloir faire des examens plus approfondis, avec une série de termes techniques : tumeur bénigne, microkystes calcifiés, opacité tumorale, biopsie, mastopathie, tumorectomie… A-t-elle bien tout compris ? Elle peut se rhabiller. Bien secouée, elle sort de chez le médecin et se rend dans un café pour un cognac, étant obligée de se rabattre sur une vodka. Elle rentre dans un état second chez elle. Son mari l’accueille en lui demandant si elle se rend compte de l’heure, car il a une faim de loup. Elle fond en larmes en lui disant qu’elle a un cancer. Il la serre dans ses bras pour la réconforter, lui indiquant que c’est l’un des cancers qu’on soigne le mieux. Il finit par lui proposer de passer à table. Elle pleure à nouveau en indiquant qu’elle a juste prévu d’avaler son bulletin de naissance. Et puis, il est à la retraite, il aurait pu préparer le dîner. Il répond qu’il n’a pas eu le temps car il est allé avec Max essayer sa nouvelle voiture. Elle part se coucher.



Le lendemain matin, le réveil sonne. Elle se lève et se rend à la salle de bains pour faire sa toilette : encore vingt-et-un mois à bosser, avant de toucher sa retraite. Elle part en demandant à son mari de mettre la machine en route, d’acheter du pain, de sortir le chien, de descendre la poubelle, mais il ronfle encore. Dans les transports en commun, elle sent une bouffée de chaleur s’emparer d’elle, une fois de plus. Alors qu’elle vient tout juste d’entrer dans les bureaux, sa secrétaire se jette sur elle pour lui lister tout ce qui l’attend : Robert au téléphone qui attend une réponse, la réunion qui se tiendra en salle de presse, un bon à signer, Sonia et Julia qui l’attendent au troisième, le technicien qui demande s’il fait avec l’intégralité des programmes sources, Pascal qui a bouclé le dossier Dugenou, les affiches livrées dans son bureau, etc. Noémie lui répond en élevant le ton qu’elle lui laisse le temps de prendre son café. Elle rentre dans son bureau, ferme la porte et prend le temps de boire son café tranquille, pendant que trois personnes l’attendent dans le couloir. Puis elle se lève et ouvre sa porte, prête à affronter le tourbillon. Huit personnes pénètrent dans son bureau, chacun avec son problème, et elle ne peut pas s’empêcher de penser de temps à autre aux deux petites boules. Puis vient l’heure de la réunion qu’elle préside, puis de celle présidée par le patron.



À la fin de premier tome, Noémie voyait son mari la tromper et la quitter pour une plus jeune, possédé par le démon de midi. À la fin du deuxième tome, Noémie et trois copines décidaient d’aménager des chambres d’hôtes dans la grande maison servant de résidence secondaire à Noémie. Le lecteur comprend bien qu’il ne doit pas se polariser sur une sorte de continuité, et que ces trois tomes ne sont reliés que par leur thématique : différentes étapes de la vie féminine, à quarante ans, à cinquante ans, et ici à soixante ans. Noémie doit faire avec la réalité de son âge : les risques de maladies et les rendez-vous médicaux de surveillance, des bouffées de chaleur chroniques et intempestives, un métier où les jeunes la trouvent lente et un peu dépassée quant à la technologie, un mari à la retraite avec un rythme de vie très différent, une fille qui leur laisse ses enfants à garder, des copines compréhensives, une libido pas tout à fait éteinte contrairement à celle de son mari, une envie irrépressible de continuer à exister, avant que l’état de son corps ne le lui permette plus. Elle le dit de manière très directe : il lui reste vingt ans de bon avant le déambulateur et la maison de retraite. Elle a très envie de les vivre pleinement.



Comme dans les tomes précédents, les dessins appartiennent au registre de l’école des gros nez : ils sont arrondis et d’un volume exagéré ce qui conduit à dessiner la bouche soit d’un côté du visage, soit de part et d’autre du nez. L’anatomie des personnages présente des contours arrondis. Les expressions de visage sont accentuées, un peu exagérées pour mieux transmettre l’état d’esprit correspondant. L’artiste ne représente que quatre doigts à chaque main. Pour autant ces caractéristiques n’aboutissent pas à une narration visuelle pour enfant. Il suffit de considérer la première case pour s’en rendre compte : une case de la largeur de la page, avec un gros plan sur les deux seins dénudés de Noémie qui s’exclame : quoi, deux petites boules ? Les situations représentées correspondent à celles d’une vie d’adulte : consultation chez le médecin, boire un coup au café, être accueilli par son mari bien décati, mener une réunion de travail, rendre visite à sa mère atteinte d’Alzheimer, dans sa maison de retraite, tenir tête à son patron, etc. Les individus représentés portent la marque de l’âge : rides, calvitie, corps un peu fatigué. Les expressions de visages et certaines mimiques ou postures surprennent par leur exagération, mais sans dédramatiser pour autant une situation. Elles ont plutôt pour effet d’augmenter l’empathie du lecteur, de lui faire ressentir dans une case l’intensité de l’angoisse sourde de Noémie en pensant à ces deux petites boules, puis dans la case d’après son joyeux soulagement en apprenant le résultat des analyses complémentaires. Impossible de ne pas compatir avec l’envie du mari de retrouver sa routine bien pépère, ou de ne pas être exaspéré comme Noémie quand elle est prise d’une énième bouffée de chaleur dans les transports en commun.



L’artiste donne l’impression de réaliser ses cases un peu rapidement, avec un trait de crayon un peu épais, ce qui adoucit les formes, mais donnent également une sensation de consistance et de cases un peu chargées. S’il y prête attention, le lecteur se rend compte ces caractéristiques ne nuisent en rien à la fluidité de la lecture, et que celle-ci est d’une grande qualité. Florence Cestac conçoit des plans de prise de vue spécifiques pour chaque scène : suivre Noémie dans la rue jusqu’au café, avec de légers changements de cadrage quand elle et son mari sont sur le canapé, en plan fixe quand elle est assise sur une chaise en salle de réunion immobile ses pensées en boucle sur les deux petites boules, agitée avec un cadrage mouvant quand elle s’énerve en pleine bouffée de chaleur, etc. Le lecteur remarque la construction des pages 48 & 49 qui sont en vis-à-vis avec un découpage symétrique pour contraster ce qui est représenté dans la page de gauche avec ce qui est représenté dans a page de droite. Chaque décor, chaque accessoire apparaît comme une évidence, parfaitement à sa place, d’une plausibilité à toute épreuve. Le zinc du café, l’affluence dans le métro, les dossiers dans les étagères du bureau, le sol carrelé de la cuisine, les arrière-plans des onze cases consacrées à autant d’amours différents de Noémie lors de son tour de la Méditerranée, le mas en chantier, puis le mas rénové, le matelas pneumatique sous le bras pour aller à la plage, etc.



Comme dans les tomes précédents, Noémie dispose d’une bonne situation professionnelle et est à l’aise financièrement. Elle est d’un naturel optimiste, même si l’annonce des deux boules lui flanque un sacré coup au moral. Elle a encore envie de plaire et de séduire. D’une certaine manière, elle incarne une épouse fidèle et traditionnelle, ce qu’elle énonce à son mari, en faisant le bilan de leur vie commune. Elle a rempli le contrat : bonne épouse, bonne mère, bonne mamy. Elle a supporté toutes les frasques de son époux et ses tromperies. Elle a bossé, gagné de l’argent, fait des économies. De ce point de vue, c’est une vie de femme conventionnelle et bien rangée, tout en ayant été active tout au long de sa vie. D’un autre côté, elle ne change pas et elle compte bien rester active, ce qui la met en opposition de phase avec son mari qui lui souhaite couler une retraite pépère. Elle ne se sent pas corsetée par les contraintes de sa condition d’épouse, de mère, de grand-mère ou d’employée. Le changement et l’évolution sont toujours possibles. Le tome se termine sur la profession de foi de Noémie, et le lecteur comprend bien qu’il s’agit de celle de l’autrice. Se surveiller. Ne pas devenir une vielle acariâtre qui sent le pipi. S’agiter les méninges et rester curieuse. Tout donner car on n'emportera rien dans la boîte. Mettre le bouton sur Optimiste. Et surtout, surtout ! Faire le papillon le plus longtemps possible !



Une femme de soixante ans : un pari que de réaliser une bande dessinée agréable sur un tel sujet ? Oh que non ! Le trait très enlevé des dessins rend la narration visuelle très vivante et enjouée. Noémie fait certes le bilan de sa vie, en toute conscience du nombre d’années qu’il lui reste à vivre, et du fait qu’on ne peut pas être et avoir été. Le lecteur ressort tout ragaillardi de cette façon d’envisager le tournant des soixante ans.
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Un papa, une maman, une famille formidable ..

Jubilatoire cette BD de Florence Cestac! Elle choisit de rire des colères paternelles qui ont fichu son enfance en l'air .



Un mec furibard,qui pique des coups de gueule d'anthologie, pour...des riens, évidemment !

Une épouse et des gosses au garde à vous. Ce père commande, aboie, car il nourrit sa famille..



Les chefs de famille des années 50, n'étaient pas tous sur ce type de modèle. Le mien n'en n'était pourtant pas très éloigné .J'y ai retrouvé outre la DS 19 et la nautamine des échos très voisins ..



Ces pères ont fait des dégâts terribles .Quand leurs enfants choisissent d'en rire c'est qu'ils ne les ont pas complètement bousillés!

Bravo Florence Cestac!.

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Un amour exemplaire

Daniel Pennac et Florence Cestac se rencontrent dans un restaurant. L'auteur des remarquables romans « Au bonheur des ogres », « La petite marchande de prose », et « La fée carabine », raconte une autre histoire que la dessinatrice illustre.



Pennac se met en scène, enfant, mais il prend des libertés avec la réalité, et la dessinatrice fait de même. La fiction semble l'emporter, au grand bonheur du lecteur qui découvre une belle histoire d'amour dépassant les divisions sociales.



Comme habituellement chez Cestac, les traits des personnages ne sont pas harmonieux, mais cela passe vite au second plan lors de la lecture.
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Un amour exemplaire

Florence CESTAC et Daniel PENNAC se donne rendez-vous dans un café parisien. PENNAC demande à CESTAC de mettre en image l’histoire d’amour d’un couple qu’il a connu enfant et qui défrayait la chronique. En effet, Jean Bozignac, qui devait être l’héritier d’un grand vignoble, a été déshérité par son père, car il a épousé une jeune femme qui n’était pas de son milieu, Germaine.

De plus, Jean ne travaille pas, il joue aux cartes… et a vendu des œuvres originales dont il a hérité de son oncle.

J’ai bien aimé le fait que l’histoire commence par une rencontre de CESTAC et PENNAC, que l’on retrouve tout au long de la BD, ainsi que les commentaires des clients et du gérant du resto. Une gentille petite histoire, plaisante, mais qui à mon goût, aurait gagné à être un peu plus étoffée. Ce qui m’a un peu dérangé, c’est la taille des caractères. Ils sont TRES GROS. Etonnant !

J’hésite à mettre 3 points. Cette BD, pour moi, ne mérite pas autant de bruit médiatique. Pourtant, j’apprécie beaucoup PENNAC. J’ai lu toute la série des Malaussène, qui m’avait beaucoup plu.

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Des Salopes et des Anges

En avril 1971, le Nouvel Obs publie « le manifeste des 343 », texte rédigé par Simone de Beauvoir dans lequel des femmes (célèbres ou inconnues) déclarent avoir eu recours à l'avortement. le manifeste est resté célèbre sous le nom des '343 salopes' suite à une couverture du journal satyrique Charlie Hebdo : « qui a engrossé les 343 salopes du manifeste ? »

Il était temps de faire bouger les choses, en effet, après des millénaires d'interdiction de l'avortement et de répression sévère (jusqu'à la peine de mort), d'opérations clandestines donc dangereuses et parfois mortelles. Cela bien avant la domination catholique, soit dit en passant...

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Tonino Benacquista et Florence Cestac présentent dans cet album le contexte du début des annés 70 avec trois parcours féminins, ceux de Maïté, Odile, Anne-Sophie. Issue de trois milieux très différents, ces femmes ne peuvent mener leur grossesse à terme, pour des raisons diverses et personnelles. Elles partent ensemble avorter à Londres, dans un car de la MLAC (Mouvement pour la Liberté de l'Avortement de de la Contraception).

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Les auteurs reviennent ensuite sur la grande histoire avec l'adoption difficile de la loi Veil en 1974.

L'ensemble de l'album est émouvant, mais ces pages le sont plus particulièrement : on y voit comment madame Simone Veil fut attaquée à titre personnel lorsqu'elle a défendu cette loi, subissant des calomnies, des insultes racistes en référence à son passé de déportée juive.

J'ai été touchée également par ces mots de Lucien Neuwirth, qui s'était battu pour légaliser la contraception orale en France en 1967 : « Je rejette l'avortement comme méthode de contraception, mais j'accueille la femme qui s'y retrouve contrainte, faute à l'écrasant et séculaire égoïsme masculin. » (p. 41)

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A lire et à faire lire à nos adolescents.
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Le démon de midi

Vers la quarantaine, le mâle humain a coutume de quitter son épouse usagée pour aller cavaler dans des pâturages plus verts...... et comme on disait par chez nous, changement d'herbage réjouit les veaux !



Des premiers symptômes à l'explosion finale, en passant par les affres de la déprime intégrale, robe de chambre, chaussettes, canapé, l'héroïne se pose des questions rétroactives sur son attitude en général et sa cellulite en particulier, découvre que tout le monde savait sauf elle, imagine la fée qui la remplace, écoute les conseils vaseux des copines, tente de renouer avec d'anciens Jules et en teste des tout neufs !



Une BD caricaturale certes, mais drôle.
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Filles des oiseaux, tome 1 : N'oubliez jama..

Nous sommes au début des années soixante. Thérèse , fille d’agriculteurs, entre au pensionnat des oiseaux à Honfleur, et y rencontre Marie-Colombe, fille de bourgeois de Neuilly. Une amitié indéfectible naît entre ces deux filles de milieux différents et elles vont en faire voir des vertes et des pas mûres aux bonnes sœurs. Leurs différences sociales apparaissent quand elles vont en week-end chez leurs parents respectifs, mais cela n’empêche pas qu’une idylle se noue entre Marie Colombe et le frère de Thérèse.

Cet album nous plonge dans une époque pas si lointaine et dans l’ambiance du pensionnat des oiseaux qui éduque ces jeunes filles pour être de bonnes épouses ... Il y a beaucoup d’humour et on sourit beaucoup, mais du rire aux larmes il n’y a qu’un pas et l’histoire débutée de façon légère ne l’est finalement pas tant que cela.

J’ai beaucoup aimé cet album même si je ne suis pas fan du style de dessin, car il correspond bien à l’histoire.
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Le démon de midi

Comment a-t-il pu me mentir, me trahir, me tromper, me berner, me blouser, m’embobiner à ce point…

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Ce tome contient une histoire indépendante de toute autre. Il peut aussi s’envisager comme le premier d’une trilogie, avec Le Démon d'après-midi… (2005), et Le Démon du soir ou la Ménopause héroïque (2013). Il s’agit d’une bande dessinée en couleurs comprenant 58 planches en couleurs, écrite, dessinée et mise en couleurs par Florence Cestac, avec l’aide d’Alexis Cestac pour les couleurs. La première édition date de 1996. Ces trois œuvres ont été rééditées dans Les démons de l’existence, avec une introduction supplémentaire de trois pages en bandes dessinées.



Anne a eu une enfance campagnarde, entourée d’animaux de tout poil. Très vite elle a entendu jaspiner de la sale bête, c’est-à-dire : le démon ! Dans sa tête de petite fille, c’était une espèce de fantôme maléfique qui s’abattait sur les bêtes et les rendait cinglées. Et quand le fantôme s’attaquait aux gros gabarit, genre taureaux, bovidés, chevaux, ça devenait spectaculaire !!! Elle et son frère devaient faire avec le comportement parfois étrange de leur chien Youki s’excitant sur leur jambe. Ils observaient le père en train de séparer le taureau Popol et la vache Marguerite, à coup de fouet. Pour une raison inexpliquée, leurs parents ne souhaitaient pas en parler. Un jour, alors qu’ils venaient chercher leur quatre heures, les femmes étaient rassemblées dans la cuisine : l’ambiance n’était pas à la rigolade, et la cousine Cécile pleurait dans son torchon. Au tour d’elle, cinq autres femmes de la famille qui essayaient toutes de la consoler. Les enfants comprirent que c’était l’oncle Henry dont il était question, le mari de Cécile, et le mot fut lâché : c’est le démon de midi. Florence comprend que ce démon s’attaque aussi aux hommes, sans savoir pourquoi celui-là est qualifié de démon de midi, pourquoi midi ?



Quelques années plus tard, Florence allait être confrontée à la bête et comprendrait enfin la signification du midi : la moitié de la vie. Imaginer un gentil couple : elle 40 ans, lui 45. Ils ont fait un bon bout de chemin ensemble. Le nid est construit : le ou les enfants sont là (elle va n’en mettre qu’un pour simplifier), beau comme leur maman, vif et intelligent comme leur papa. Lorsqu’il rentrait de sa journée de travail, le papa avait des idées, il se montrait tendre et affectueux, délicat, câlin, chou quoi. Bouquet de fleurs, restaurant, cadeau. Il était content de retrouver son foyer. Mais surtout, il parlait, il racontait, le couple se racontait, partageait jusque tard dans la nuit. Mais depuis quelque temps, le papa est plutôt aimanté par le poste de TV lorsqu’il rentre. Gerbé au fond de son fauteuil, les pieds au chaud dans ses charentaises, il est comme hypnotisé par l’écran, et là son épouse peut tout essayer. Le gâteau préféré, la mise en pli avec une robe neuve et des chaussures neuves, la tenue affriolante. Et le mari ne sait que répondre excédé, qu’elle se pousse car son équipe mène trois à deux.



Cette bande dessinée a été adaptée deux fois : la première sous la forme d’une pièce de théâtre en 2000 créée par Marie-Pascale Ostterieth et Michèle Bernier, la seconde fois sous la forme d’un film en 2015, réalisé par Marie-Pascale Osterrieth, avec Michèle Bernier dans le premier rôle d’Anne Cestac. Elle a reçu le prix de l’Alph-Art de l'humour en 1997, au festival international de la bande dessinée à Angoulême. Le lecteur découvre une narration de nature humoristique, avec des exagérations de mouvement, d’expression de visage, des situations comiques, et une acceptation douce-amère de la situation dramatique, très adulte. Cette situation est exposée du point de vue de l’épouse qui est trompée par son mari, et qui doit faire avec cette découverte à une époque de publication où le divorce commence à se répandre. De ce point de vue, la présentation faite de la situation peut s’apparenter à des évidences du fait de l’évolution de la société sur ce plan. Le lecteur peut également être désorienté par la manière dont le sujet est illustré, c’est-à-dire avec des personnages dit de type Gros Nez.



L’autrice adopte donc le point de vue de l’épouse pour évoquer plusieurs phases de cet adultère. Son avatar a bien conscience de ne pas être parfaite, et que leur couple a évolué depuis leur première rencontre, et leur mise en ménage. Il semble, même si ce n’est pas dit explicitement que Anne soit une mère au foyer, sans beaucoup d’activités à côté, mais avec des amies. Cestac met en scène l’amour intense des débuts de la relation, et la conviction des deux tourtereaux qu’au départ, ils étaient persuadés de ne pas être un couple ordinaire. Puis vient la réalité du travail pour monsieur qui rentre fatigué, qui s’empâte, qui est de plus en plus souvent de mauvaise humeur, qui rentre de plus en plus tard, qui trouve que tout est nul, la dégradation des liens affectifs, et sa volonté de se remettre en forme et de changer de garde-robe et d’apparence. Il est bien sûr question de sa maîtresse même si elle n’apparaît pas dans les cases, qui est plus jeune qu’Anne. Comme il s’agit d’adultes installés, la situation s’avère compliquée et elle ne se règle pas par une simple séparation une fois la tromperie mise à jour.



La lecture s’avère fort divertissante car la dessinatrice utilise des caractéristiques de la bande dessinée humoristique et même tout public. Les personnages sont affublés de gros nez très ronds et trop gros. Le lecteur est conquis par l’expressivité de leur visage, toutefois quand il prend un instant pour les regarder, il se rend compte de leur composition très exagérée éloignée du photoréalisme. Le nez est tellement gros, que l’artiste doit placer la bouche complètement sur l’un ou l’autre côté du visage, quasiment en bas d’une joue, et avec une forme soit réduite à un trait, soit évoquant celle d’un fer à cheval. Les yeux sont tous déformés : pas d’iris, le blanc des deux yeux qui peuvent se toucher, voire ne former qu’une seule et même surface, un trait pour chaque sourcil, quatre doigts à chaque main (avec quelques exceptions quand la dessinatrice leur en représente cinq), des lèvres trop grosses pour les femmes, des corps parfois un peu caoutchouteux permettant aux personnages d’adopter des positions d’une rare souplesse. Florence Cestac fait usage d’autres conventions graphiques humoristiques comme l’énergie inépuisable des enfants, les onomatopées comiques, les petits cœurs pour exprimer le sentiment amoureux, et même un petit Cupidon avec son arc et ses flèches, sans oublier un cœur brisé, un personnage dessiné la tête réellement dans le postérieur, Anne avec un magnétoscope à la place du front, un personnage en forme de cochon dans le lit d’Anne, etc.



De même, dans la narration, l’autrice utilise des dispositifs comiques tels qu’une petite chaumière perdue au fond des bois pour évoquer un conte de fée, l’intervention d’un réalisateur pour critiquer un emploi trop poussé de la licence artistique, une femme en chapeau haut de forme et en juste-au-corps passant la tête entre deux rideaux rouges comme sur une scène de spectacle, faire la gourde dans un magasin de bricolage, un défilé de huit amants en deux pages, ou encore une possibilité multiple de fins. Le lecteur sourit du début à la fin, que ce soit devant le comportement pitoyable du mari ne sachant plus trop où il en est entre sa jeune conquête et son foyer, les conseils de ses copines pour se refaire une beauté afin de dégoter un amant, la reprise de contact avec ses amoureux de jeunesse, les différentes possibilités de fin sous forme de recombinaison de familles recomposées. Il est touché par des comportements très justes et sensibles : la dépression de l’épouse trompée, le constat du temps qui a passé en essayant de sortir à nouveau en boîte, les troubles chez l’enfant, etc. D’un autre côté, le temps a fait son effet : la situation d’une femme trompée, l’indécision du mari entre la nouvelle et l’ancienne, le retour sur le marché des célibataires et la position inconfortable de l’enfant sont devenus monnaie courante dans la société qui a lâché la bride aux possibilités de divorce. Le récit n’apparaît pas tant daté, que plutôt charriant des lieux communs qui n’en étaient pas à l’époque de sa publication.



Florence Cestac évoque l’usure du couple et l’infidélité de l’époux avec une femme plus jeune, vu du côté de l’épouse. Ses dessins très vivants donnent de l’entrain aux situations, les dédramatisant, sans pour autant neutraliser leur dimension dramatique. Quand Anne passe par une phase de dépression, le lecteur ressent sa détresse et la disparition de ses envies. Du fait du point de vue féminin, l’épouse a plutôt le beau rôle, et le benêt de mari, le mauvais, même si elle évoque la pulsion sexuelle impérieuse ce qui le dédouane pour partie. D’un autre côté, il se conduit comme un individu immature, pas satisfait de sa situation présente, sans jamais se demander s’il ne va pas répéter les mêmes schémas avec une épouse plus jeune. La verve de l’autrice emporte le lecteur, même si l’évolution de la société a banalisé nombre des situations qui sont dépeintes.
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Filles des oiseaux, tome 2

Ce deuxième volume de la série « Filles des oiseaux » peut se lire seul.

Le premier racontait les années de pensionnat de deux amies : Marie-Colombe et Thérèse, dans le second tome, on découvre ce qu'elles sont devenues durant les 40 années suivantes.

Malgré des vies totalement différentes, nos deux amies vont continuer à se fréquenter de façon plus ou moins régulière et leur amitié leur sera d'une grande aide quand elles traverseront chacune des moments difficiles.

L'auteur ne nous épargne rien des moments forts de ces deux vies : des histoires d'amour, des grossesses, des naissances, des séparations, des carrières professionnelles plus ou moins réussies, des changements de vie, des deuils...

Le ton est agréable, il y a des touches d'humour malgré certaines situations assez dures, les dessins sont gais, tout ronds, dans le style habituel de Florence Cestac.

J'ai passé un moment agréable malgré l'accumulation de situations du genre « tu te rappelles quand... », qui m'ont semblé assez répétitives.
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Super Catho

Aujourd'hui, je ne sais pas, mais dans les années 50 (et encore dans les 70-80's), un garçon dont les parents étaient "super cathos" se devait d'être enfant de choeur, scout, et d'aller "à confesse". Là, il convenait d'avoir un peu d'imagination pour avouer des péchés un peu graves mais surtout pas les pires commis...



Le titre de cet album est trompeur : même si l'église est le fil conducteur du récit - avec un petit coup de rébellion paternelle - l'album évoque surtout l'enfance d'un garçon d'une dizaine d'années dans un village breton des années 50. Camaraderie et 400 coups qui rappellent ceux du Petit Nicolas et de sa bande. Le lecteur n'échappe pas aux incontournables : le prêtre 'tripoteur', le pèlerinage à Lourdes en 2 CV - "et l'année prochaine, on va à Lisieux". Maman qui lit le Pèlerin, papa La Croix, les profs curés qui brandissent la menace de l'enfer et ont le coup de règle sur les doigts facile.

On retrouve le graphisme de Florence Cestac : un dessin lourd, chargé, qui rend la lecture fastidieuse malgré la netteté des contours. Bon moment de détente malgré tout.
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Un papa, une maman, une famille formidable ..

Florence Cestac montre la manière dont elle a perçu son enfance et son adolescence. Dans sa famille, comme dans beaucoup d’autres en France pendant les "trente glorieuses", le père travaillait (à l’extérieur) tandis que la mère s’occupait des fourneaux et des berceaux. L’homme était le chef de famille, la femme dépendante, et les enfants n’avaient qu’à bien se tenir. Le père de l’auteure était en outre : colérique, très égoïste, et peu aimant à l’égard de ses proches.

Même si l’auteure semble avoir souffert du décalage entre l’image séduisante de sympathique bout-en-train que son père se plaisait à cultiver hors du cercle familial, et son autoritarisme en famille, elle compatit surtout avec sa mère qui a supporté ce c….. (c’est moi qui le qualifie ainsi, pas l’auteure) une grande partie de sa vie.



Le graphisme n’est pas très fin, en particulier pour représenter les visages des personnages (tous moches...), mais cela devient vite secondaire, les couleurs vives et l’histoire nous faisant vite oublier ce détail.



Je ne connais pas bien l’œuvre de Florence Cestac, mais cette bande-dessinée à caractère autobiographique me semble un bon moyen de l’aborder.

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Filles des oiseaux, tome 1 : N'oubliez jama..

Deux très jeunes filles qui vont devenir amies malgré leurs grandes différences. Campagnarde et citadine, pauvre et riche, une famille avec de l’instruction. Imaginer quand l’une va passer le week-end chez l’autre. Surtout quand une histoire d’amour se profile entre le frère et l’amie. C’est drôle, sympa, rafraîchissant.
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Un papa, une maman, une famille formidable ..

Dans cet album autobiographique, Florence Cestac raconte l’histoire de sa famille, mais beaucoup de lecteurs de la même génération y retrouveront probablement des souvenirs de la leur car elle est assez représentative d’une époque.

Le tour de force est qu’elle réussit à produire un album bourré d’humour à partir d’une situation pas si facile puisque son père n’est pas vraiment un modèle de tendresse.

Mais si j’ai beaucoup aimé le ton de l’album et si j’ai été touchée par l’histoire, je n’ai par contre pas trop aimé le dessin, d'où 3 étoiles seulement.
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Filles des oiseaux, tome 2

Les deux gamines sont devenues des sexagénaires qui racontent leurs vies passées avec la liberté, la fumette, puis le couple, les enfants, la séparation, les retrouvailles, sur fond d'actualités de l'époque. Do you remember ? Que de souvenirs aussi pour le lecteur ! Une BD qui fait du bien.
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Pas de whisky pour Mephisto

Petit livre de la collection écrit par Paul Thiès .Agréable lecture pour la jeunesse . Je m’appelle Microbe j’ai un chat noir, vraiment noir au doux prenons Méphisto .Avec son chat notre ami va mener l’enquête pour faire acquitter son ami accusé de vol.
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