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Critiques de Florian Forestier (31)
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Basculer

Ce roman pré-apocalyptique se construit dans un monde en équilibre précaire, une instabilité qui depuis presque deux ans nous contraint de modifier nos modes de vie, avec à la clé un lexique que nous n’aurions jamais imaginé inclure dans notre vocabulaire ordinaire.



Si le début qui s’attarde sur le destin en marche d’une jeunesse privilégiée et appelée à occuper des postes décisifs dans l’administration de ce pays m’a plutôt lassée, mon intérêt s’est éveillé lorsqu’un virage dans la narration, met le focus surune sorte de secte réfugiée dans une forêt bourguignonne, et se préparant à affronter l’effondrement. Car si le récit s’attarde beaucoup sur les tergiversations d’un pouvoir désemparé devant les manifestations évidentes des conséquences de l’incurie du vingtième siècle inconscient, les citations en exergue en début de chaque chapitre donnent clairement le ton : quelque chose d’irrémédiable est amorcé et le point de non-retour est franchi.



C’est à la fois un constat sociologique et un débat politique, ramené à une intrigue centrée sur des personnages qui donnent une dimension de proximité à ce drame qui se joue tous les jours autour de nous.



C’est assez terrifiant, mais la conscience qui, peu à peu se fait une place dans nos esprits d’humains individualistes peut rendre fataliste, et ductile :



« Le président peut annoncer un confinement éternel ou une guerre, une police secrète l'arracher en pleine nuit à son appartement. Une canicule épouvantable noyer l'atmosphère de vapeur noire. Le répertoire est si riche, on peut n'être jamais déçu. Non, cela ne s'arrêtera plus. La vie ne sera plus jamais douce »





Premier roman brillant, dont le sujet bien actuel ne peut laisser indifférent.



Merci à Netgalley et aux éditions Belfond
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Basculer

Basculer, c’est un roman sur le fait que tout peut basculer.

Basculer d’une vie bien remplie dans le calme et la solitude d’une crevasse en montagne.

Basculer des coulisses du pouvoir à Bercy vers l’ostracisme.

Basculer d’une vie personnelle épanouie à la rupture après l’arrivée d’un enfant handicapé.

Basculer pour la société dans son entier avec la théorie de l’effondrement.

Basculer de la vie parisienne trépidante à celle d’une communauté en forêt assimilable à une secte.

Basculer quand un mathématicien activiste meurt de manière suspecte.

Basculer quand une femme haut-fonctionnaire se suicide par défenestration.

Basculer de tous les côtés pour faire réagir et bousculer.

Basculer, souhaiterez-vous en faire l’expérience ?



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Un si beau bleu

« Ainsi, des rêves, naissent les grandes joies de notre vie.

Mais des rêves, il en faut toujours.

Je les préfère aux souvenirs. »

Gaston Rébuffat

[Étoiles et tempêtes]



Eh oui, les rêves sont les moteurs de nos vies. Ils nous donnent de l'énergie et nous font avancer.

Sans rêves, l'homme n'a pas de but, plus de motivation. Il est en panne.

Des rêves, Florian en a plusieurs. Mais l'un compte plus que tout : gravir le Cervin.

Ce sommet mythique le fascine, l'hypnotise et l'obsède.

Y parviendra-t-il ?

Et en compagnie de qui ? Parce que Florian est entouré de personnages attachants dans ce roman bien écrit qui se lit avec plaisir.



♬ J'irai au bout de mes rêves

Tout au bout de mes rêves... ♬ : voilà un beau programme que Florian met en œuvre en embarquant le lecteur avec lui dans la quête de ce "si beau bleu" qu'on ne trouve qu'en haute altitude.

Si l'aventure vous tente, venez le suivre à votre tour !



Merci beaucoup à Babelio pour l'organisation de l'opération Masse critique et aux éditions Belfond pour l'envoi de ce livre.
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Un si beau bleu

Dès les premières pages d’Un si beau bleu, Florian Forestier attire avec ses mots si personnels, mélange de dérision et d’humour froid, d’émotions profondes et de connaissances infinies !



À quarante ans, l’homme, qui n’est quelquefois que peurs, a décidé de faire le Cervin par la face italienne. Ne souhaitant pas en parler ouvertement à son entourage, il se prépare physiquement, matériellement et décide de s’entourer, lui, le solitaire, de gens compétents.



Tout d’abord, il y a son psychiatre qui lui conseille Raffaele, un guide très expérimenté. Et chez lui, il rencontre Morgane, aspirante guide, qui veut elle aussi se prouver qu’elle peut, alors qu’elle a déjà tant raté. En plus, il y a Lise qui vit au camping et grimpe aussi.



Le narrateur joue sa vie en se mesurant au réel de l’escalade. En fait, c’est le bleu intense, celui qu’on rencontre en haut, après être allé au-delà de soi-même qu’il veut vivre. Ce bleu immense comme celui de la mer ou d’une crevasse, il en rêve, même si c’est dangereux, même si au cours de sa course, la mort peut être proche.



Apprivoiser ses peurs ou ne rester qu’à rêver, le narrateur choisit la première option. Le courage de celui qui se dépasse est décrit dans toute sa réalité. Car, de l’envie à la réalisation, il y a des embûches, des doutes, de la souffrance, des renoncements, pour qu’enfin, le rêve puisse avoir des chances de se réaliser.

Poésie, humour et émotions :

Tout ceci, Florian Foretier le raconte sans complaisance, sans fausse pudeur, sans suffisance. Au contraire, avec simplicité et réalisme, le narrateur confie ses émotions, ses freins et ceux de son entourage. C’est ce qui fait la particularité du style de cet écrivain : un étrange mélange d’introspection, de dérision et de savantes descriptions des phénomènes vécus.



Originaire de Suisse, Florian Forestier connaît le Cervin depuis son enfance. Alors, ses connaissances sur ceux qui l’ont dompté, il les partage au fil des pages, dans des encarts particuliers. Son narrateur, bien entraîné, garde, toutefois, des difficultés à enfiler ses crampons !



Basculer, son premier roman, racontait, du fond d’une crevasse dans le Parc des Ecrins, l’introspection d’un haut fonctionnaire sur la société actuelle. Pour son second, Forian Forestier assume de raconter avec le Je. Son intrigue est parfaitement construite car il faudra attendre la fin du roman pour savoir si son narrateur aura été au bout de son rêve.



Un si beau bleu est un roman atypique, à moitié autobiographique à moitié fictionnel, car on ne sait jamais où se trouve le réel. Et, grâce à ses connaissances, le récit est aussi un essai sur l’histoire et la géographie du lieu. La structure romanesque est parfaitement maîtrisée. Mais, ce qui capte, ce sont les poignantes confidences d’un homme, peut-être au milieu de sa vie, qui choisit de se mettre en danger pour vivre son rêve.



Le récit de Florian Forestier, courageux, poétique et émouvant, apporte un parfum d’espace où l’horizon est porteur de cette étrange sensation de vie révélant notre singulière humanité ! Un beau moment de lecture.

À recommander !
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Un si beau bleu

Après des années d'angoisses terrifiantes, Florian, 40 ans, le temps d'un été, quitte Paris, où il travaille, rejoint sa mère en Suisse pour un nouveau départ, une promesse faite à lui même. Retrouvant une belle énergie, lui vient l'idée folle de grimper et d'écrire ! Ainsi il va faire la connaissance de guides avec qui il va vivre des aventures auprès de celui qu'il convoite tant : le Cervin.

Parviendra-t-il a trouver une certaine quiétude intérieure, une confiance ?

L'auteur nous embarque sur les hauteurs des cimes, où, normalement, personne ne peut empoisonner l'atmosphère ! Mais cet univers réserve toujours des surprises !

Une plume que j'ai donc découvert avec ce roman, mais mes difficultés ont été grandes quant à rentrer dans l'histoire, de part la structure d'écriture..C'est dans la deuxième partie, lorsque l'ascension commence que mon esprit s'est accroché aux cordes !

#Unsibeaubleu #NetGalleyFrance

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Basculer

Premier roman de Florian Forestier pour cette rentrée littéraire 2021, Basculer raconte le cœur du pouvoir qui est au bord du précipice avec des conseillers qui ne peuvent plus y surnager ! La classe politique décrite ici qui gouverne la France est jeune, bardée de diplômes, les yeux rivés sur leurs téléphone, en lien direct avec les réseaux sociaux et tâchent plus ou moins de répondre soit au Président, soit à ses ministres soit aux avis d’une opinion qu’on sent prépondérante dans la gestion du pays.

Daniel Fresse est coincé au fond d’une crevasse et ce temps hors norme lui permet de s’interroger sur sa vie. Est-un accident ? Ou, est-ce un suicide professionnel déguisé ?

Car Daniel avait tout pour faire comme ses parents l’ont rêve. Il est brillant, habitué à réussir ses études, a travaillé sans compter ses heures, à s’oublier derrière les demandes urgentes, qui ne peuvent attendre… Même s’il est complétement effacé, il peut compter sur quelques personnes qui savent parler à l’oreille de ceux qui décident. Influent et omniprésent, il est devenu incontournable pour ses savoirs-faire de haut-fonctionnaire, conseiller du gouvernement. Malgré cela, sa faille est terrible comme « une vache impuissante contre le talon qui le harcèle » : Il lui arrive de se sentir priver des mots et de son esprit car il accumule une colère qui le brûle de l’intérieur. Le seul moyen qu’il trouve pour s’épancher, c’est de se répandre sur les réseaux sociaux, croisant l’insulte, comme d’autres par le passé, croisaient le fer !

Alicia, son ex, était vive, pleine d’une énergie fébrile, professeure de lettres en classe prépa chargée de cours à l’université. Elle était le soleil de sa vie, tellement différente de lui et de son manque de confiance maladif. Mais maintenant, elle est désenchantée, froide et ne cesse d’accuser ce capitalisme cannibale !Est-ce la particularité de leur fille ?

Julie est la coqueluche des cabinets gouvernementaux seulement elle n’a quand-même qu’un contrat à durée déterminée et peut à tout moment, si elle n’est plus si recherchée, se retrouver sans travail.

Stanislas, le magicien, a organisé son monde comme ses théories mathématiques. Et, puis, il y a Bruno qui consacre sa vie et ses économies à une bâtisse en Bourgogne où certains tentent de vivre autrement. Son groupe est baptisé Ananke. Tous les copains, y compris Daniel, sont attirés par cette enclave, qui peut ressembler à une secte, mais qui rassure l’inquiétude de chacun. Car la faille a envahit leur univers. Pour Daniel, c’est sa fille qui présente comme un autre enfant du groupe, les symptômes d’un syndrome autistique. Du coup, l’enclave qu’elle apporte par sa présence permet à son père de se ressourcer et rend la course à sa reconnaissance bien vaine.

Basculer raconte ces trentenaires, bientôt la quarantaine, entrés en politique pour se faire une place au soleil, sans idéologie sociale, sans valeurs éthiques, sans convictions réfléchies qui d’un regard, d’une opinion peuvent influencer une tendance, une loi, une gouvernance et peuvent sans ciller dire le contraire ! Lorsqu’en plus, ça déraille dans la vie intime qui n’existe que très peu, alors, la faille devient béance et finit par être un fossé trop difficile à combler.

Florian Forestier raconte une séquence de cette vie vouée au vide intime où les affects sont mis en berne au profit du pouvoir, des relations utiles et de l’appui que peut amener une rencontre. Rien ne force la prise de conscience ! Ni la responsabilité d’un suicide professionnel. Ni le rythme infernal subit par les corps ! Tous souhaitent un effondrement mais tous courent pour prendre encore un peu plus, avant ! C’est vertigineux ! Surtout qu’il ne s’agit pas d’une dystopie ! Plutôt qu’un essai, la fiction montre de façon convaincante ce que sont ces gouvernants qui décident pour nous. A eux on n’a pas confié de mandat électif mais comme nos élus leur font totalement confiance, cette armée de conseillers bardés de diplômes gouvernent le pays.

Très bien écrit, Florian Forestier a le talent pour nous raconter une belle histoire, sauf qu’elle est trop criante de vérités, tant ses personnages inquiètent avec leur mal être qui les empêchent de réagir en les obligeant à agir. Du coup le lecteur est leur otage ! Alors, Daniel, seul, au milieu de sa crevasse, retrouve la liberté comme d’autres dans le roman ! Faudra-t-il vraiment attendre un effondrement pour que les choses changent ? Peut-on se permettre d’attendre ? La réponse appartient à chacun, le roman de Florian Forestier peut aider à y répondre !

Chronique avec photos ici

https://vagabondageautourdesoi.com/2021/08/19/florian-forestier/
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Basculer

Voilà un livre pas forcément facile à lire (ce sera mon bémol) mais d'une grande richesse quant aux thèmes abordés. Le premier thème bien-sûr, celui qui nous fait avancer en se demandant où l'auteur veut nous mener : lequel des protagonistes va basculer dans le monde de l'autre, le collapsologue vers le monde de la bien-pensance politique (pour satisfaire qui ? quoi ?), ou le haut fonctionnaire (et l'Etat) vers la révolution écologique inévitable ?

Le deuxième sujet moins visible : la place de chacun dans ces enjeux internationaux, ces choix décisifs qui vont engager l'humanité vers l'effondrement programmé, ces guéguerres entre nantis, et de l'autre côté, cette nécessité de vivre "classe moyenne", d'élever ses enfants, etc. comme un ZADiste râleur installé tranquillement dans son fauteuil devant son grand écran, au chaud !

Enfin, toute comparaison avec la réalité contemporaine n'est peut être pas si fortuite : une classe politique assez méprisable qui réfléchie à cet effondrement, et qui pour des raisons (trop) souvent de camaraderie absolument pas basée sur des compétences minimales, refuse de prendre le risque de "basculer" vers le monde de demain qui devrait être inévitablement métamorphosé.
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Mes labyrinthes: Vivre avec la différence

Dans Mes labyrinthes : vivre la différence, Florian Forestier raconte la perception de son autisme, son ressenti tout au long de sa vie, la place du diagnostic et la façon de s’accommoder de ce “tremblement”, en le confrontant aux connaissances actuelles sur ce trouble neurodéveloppemental. Une authenticité rarement exposée, comme une mise à nue, pour nous faire approcher, grâce à son talent littéraire, la singularité de “ses labyrinthes”.



Cinq fois, la France fut condamnée par le Conseil de L’Europe pour non-respect des droits des personnes autistes. Devenue cause nationale depuis 2017, un programme de recherche s’est organisé. Le département des sciences humaines lui fut confié. Florian Forestier définit, avec ses collaborateurs, quatre axes à développer : représentations de l’autisme, trajectoires des personnes, mécanismes de production du handicap, questions de genre. Mais, la recherche générale ayant rendu son travail, il n’en sortira qu’un énième numéro vert et d’autres dispositifs, poudre aux yeux, sans véritable changement. Un nouveau plan pluriannuel est présenté ces jours-ci. À suivre donc !



Florian Forestier convoque son art de la narration pour transmettre son vécu mais aussi faire un point non exhaustif sur les neurodiversités. Entre Bourdieu, Foucault, Goffman, Annie Ernaux et d’autres, il s’attache à mettre des mots sur ses maux. Comme à chaque fois, devant un récit authentique, la souffrance affleure et désarçonne tant le lecteur appréhende un océan inconnu.



Florian Forestier a repris les quatre axes de la commission pour les traiter à sa façon. Son analyse s’éclaire de son vécu, de la description de ses ressentis, de ses fêlures et, bien sûr, de sa richesse.



Mes labyrinthes, vivre la différence, deviennent un récit de soi et un essai mêlant la narration à la synthèse des données historiques et aux connaissances actuelles. Même si cet univers est complexe et diversifié, il nous faut l’approcher pour tenter de cesser d’exclure.



Florian Forestier ne s’adresse pas qu’à un public averti. Il s’adresse à tous les êtres humains, munis de paroles et de réflexions. Car, son récit partage avec nous, qui ne savons pas regarder, ce que peut vivre l’enfant étrange, l’adolescent guindé ou l’adulte lointain.



Son talent d’écrivain transpose en mots accessibles cette différence inconnue qui fait encore très peur. Aucun voyeuriste, aucune demande de compassion, Mes labyrinthes exposent la description de perceptions et d’émotions et relatent une conscience plus qu’exacerbée, à vif, qui ne semble jamais se reposer !



Car, Florian Forestier confie son témoignage avec une authenticité précieuse. Il explique, en toute franchise et sans complaisance, ses manques, ses failles et ses errances : ses sensations décuplées, son empathie globalisante, sa capacité à percevoir chaque détail et même ses crises qui le saisissent lorsque l’émotion déborde et qui le laissent complètement exsangue, etc.



Les chapitres sont courts et denses. La force de ce récit essai est la capacité de Florian Forestier à raconter avec sincérité. Ce n’est absolument pas un énième essai scientifique pour comprendre l’autisme, et pourtant, il présente des chiffres et des études. Et, ce n’est pas une biographie car, en tant que philosophe et conservateur de la BNF, il assure aussi des travaux de recherches notamment pour la CNSA (Caisse Nationale de Solidarité pour l’Autonomie), aussi son écrit est documenté.



Néanmoins, sa lecture nous fait appréhender l’ampleur de la souffrance ressentie, le déséquilibre qu’elle produit et l’incertitude dans laquelle la personne est plongée. Rien ne semble assuré, tout peut évoluer, sans vraiment en comprendre les causes d’oscillation. Et, l’émotion du lecteur est à fleur de pages !



Ce récit est précieux, car il s’agit bien, pour les dits “normaux”, d’essayer de comprendre ce que ressent l’autre, différent, pour combattre les peurs, les banalisations et même les exagérations que certains tentent d’héroïser lorsqu’ils parlent de différence !



Le récit essai, Mes labyrinthes : vivre la différence, est à découvrir pour tenter d’approcher la complexité de l’autisme. Merci tellement à Florian Forestier pour sa véracité dans cet ouvrage si sensible !
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Basculer

Ce premier roman de Florian Forestier, philosophe de formation, brille par son originalité, son humour et son aspect visionnaire. C’est l’histoire de la collusion entre deux milieux sociaux qui a priori n’ont pas grand-chose à voir : celui de la haute administration publique et celui de la collapsologie (les théories de l’effondrement). Cette rencontre se fait à travers les cheminements respectifs des deux personnages principaux : Daniel, un haut fonctionnaire stupéfait par le fonctionnement formaliste et ridicule de son administration, pratiquant l’alpinisme, tombant au fond d’une crevasse - cette chute est le prétexte à des réminiscences éparses - et Stanislas, un brillant mathématicien progressivement séduit par la préparation pratique face à l’avènement imminent et inéluctable de cet effondrement généralisé (épuisement des ressources énergétiques, réchauffement climatique, fonte des glaces, fortes pollutions, migrations forcées etc.) Ces deux personnages en déroute morale croisent de nombreuses figures qui gravitent autour de leurs environnements respectifs : un stalinien malade du covid, des complotistes exaltés, des néo-ruraux, un ministre, un conseiller saugrenu du Président de la République, le Président lui-même... Cet ensemble désespéré et chatoyant dans son délire arrive à tenir les deux bouts de la tragi-comédie contemporaine que nous vivons tous : entre la peur de la fin du monde, et beaucoup plus prosaïquement de sa propre finitude, et l’incapacité à renoncer à ses petites manies, ses petites névroses, ses petites démangeaisons qui laissent à l’humanité sa part naturelle, c’est-à-dire l’inconséquence de sa conscience de la mort. Les descriptions sensorielles sont très singulières – on retrouve ici le goût de l’auteur pour la phénoménologie – et on rit beaucoup ! Un premier roman à découvrir, c’est une belle réussite !
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Désubériser, reprendre le contrôle

Ce petit livre, écrit à partir d'un travail collectif, objective la question des plateformes numériques, sur l'ensemble des points de vue, économique, sociaux, juridiques et politiques.

Bien écrit, complet, compréhensible et dense, il demande une attention soutenue pour en retenir les développements.

Optimiste, ce livre identifie les axes sur lesquels il faut travailler, développe de manière détaillée les arguments pour des solutions concrètes : Il s'agit de trouver comment continuer à créer de la valeur, de l'emploi, sans casser une dynamique qui pourrait être vertueuse si les principaux intéressés, travailleurs précaires pressurisés, reprenaient une forme de contrôle, au lieu de subir les algorithmes et les choix tarifaires des plateformes (souvent intéressés en premier lieu par le profit).

Le chemin est étroit et ce livre propose des idées de solutions concrètes (souvent déjà expérimentées ailleurs) pour aller de l'avant plutôt que de s'accrocher à des solutions déjà éprouvée mais dépassées et surtout facilement contournables. Pour avoir travaillé sur le sujet dans le cadre de plateformes publiques (smart cities) je salue la pertinence d'analyse, le soin apporté à la rédaction et les ouvertures que ce livre pourra permettre, avec un constat : l'état français est dépassé par le sujet et peine à rattraper son retard sur des plateformes qui évoluent sans cesse et ont toujours plusieurs longueurs d'avance.

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Basculer

Mars, épidémie, confinement et fermeture des frontières. Un roman sur la crise du virus ? La description du monde post crise ? Ni l’un ni l’autre. Focus sur un moment assez informel où certains sentent que « ça » y est peut-être, que ça peut, que ça va basculer. Ca ? L’effondrement de la civilisation industrielle.

A Bercy, au Ministère de l’Économie résiliente, on se dit que la crise peut être l’occasion d’un sursaut, d’un Plan de relance, d’une autre économie. Cela semble le bon moment de reprogrammer le débat avorté entre le Ministre, en recherche d’un coup médiatique, et Stanislas Wenziger, un savant un peu asocial, mathématicien, influenceur, conférencier, ex membre de l’association Anankè (du nom de la nymphe incarnation de l’inévitable, ici l’inévitable transition écologique), et théoricien de l’effondrement. Julie Dehotte, directrice de cabinet adjointe du Ministre, charge son copain de promotion de l’ENA, Daniel Fresse, ami de Wenziger, et Mathilde Guénot, cinéaste qui gère la carrière médiatique de Wenziger, d’organiser cette rencontre. Mais rien ne se passe simplement.

Dans ce roman dense et fourni, nous suivons les états d’âmes, les tergiversations, les questions existentielles de plusieurs personnages assez bien creusés, en particulier l’Enarque Daniel Fresse, et le scientifique Stanislas Wenziger. Car dans ce moment de bascule tout est instable, insaisissable, incontrôlable. C’est ce moment suspendu, comme au sommet d’une montage russe, entre accélération et décélération, juste avant la chute ; et juste après. Chute des corps, arrêt des carrières, décompensations psychologiques : diverses formes de sorties de routes, de changements de trajectoire, de dévissage, à l’échelle d’un microcosme de quelques personnages.

Peu d’action, des phrases longues, la prise de conscience ou la prise de tête des personnages, des références inattendues à l’univers Comics DC et Marvel, et au passage le rappel de quelques vérités qui dérangent sur notre société actuelle, voilà ce que vous trouverez dans cet étonnant et déroutant roman qui brouille les cartes entre le réel et la fiction.
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Mes labyrinthes: Vivre avec la différence

Florian Forestier est philosophe, écrivain, et autiste. Dans ce texte intime et vibrant rédigé à la première personne, il invite le lecteur à entrer dans le labyrinthe de son identité, fuyante et tremblante. Dans ce parcours aux facettes autobiographiques, aux multiples références scientifiques et littéraires, le pouvoir de fixer les mots, de se les approprier, à travers la philosophie, la littérature, apparaît comme un combat intime, la quête d'un équilibre, un moteur puissant pour avancer au quotidien.



Mes labyrinthes est un texte intense, intellectuellement et poétiquement, mais néanmoins accessible à tous. Une expérience de lecture qui donne à apprendre, réfléchir, à ressentir, à compatir, et également à questionner dans le miroir nos propres itinéraires intellectuels.

Vous êtes vous déjà posé la question de votre propre identité intellectuelle et de la nature de votre rapport au monde ? L'expérience transmise par Florian Forestier ouvre, grâce à cette différence vécue de l'autisme, à questionner la norme de notre subjectivité.
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Désubériser, reprendre le contrôle

Cet essai nous fait prend conscience des limites des nouvelles plateformes numériques et de l’emploi. Les concepts sont bien expliqués au début. Après la lecture, nous y pensons plus d’une fois avant d’acheter certains types de services. Le livre propose des moyens pour mieux régulariser les plateformes numériques pour rendre leur gouvernance plus collective.
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Basculer

Le premier roman de Florian Forestier est une belle réussite. L’actualité du propos et l’humour très présent où été largement soulignés dans les autres critiques.

Ce qui l’a moins été, c’est la qualité du style de l’auteur qui relève souvent de la prose poétique.

En effet, l’auteur a déjà publié en 2008 « La boîte », poésie, préfacé par le philosophe disparu récemment Jean-Luc Nancy, et un ensemble de poèmes en 2010 dans l’importante revue des éditions Verdier, « Le Diable probablement ».

Le texte d’ouverture, lente description à la première personne de ce que vit Daniel, le personnage principal du roman, au fond du gouffre dans lequel il est tombé, laisse le lecteur attentif découvrir un rare souci de la musicalité de la langue, par tout un jeu d’allitérations et d’assonances qui tiennent du poème en prose. Ainsi des « masses bleues béantes, le soir déjà agité d’étoiles, sa lumière qui coule sur moi », et « là-haut, les lueurs qui tremblent et se démultiplient en cercles éclatants », ou encore le « j’ai battu des bras dans le blanc », où ce rythme de sonorités qui reviennent de manières régulières font sentir un battement qui est comme le battement cardiaque de Daniel, le rythme de son pouls. Plus loin, l’auteur use de métaphores hautement poétiques, telles ces « écharpes glacées qui boivent l’obscurité » pour communiquer l’expérience mi-confuse/mi-lucide qui est celle du personnage cloué au sol au fond du gouffre, contemplant le ciel. L’auteur décrit, et on reconnaît là sa formation de phénoménologue, cela a été dit, mais la description est poétique, et peut évoquer les descriptions de paysages d’un Philippe Jaccottet. Ainsi de ces mots qui concluent l’ouverture du livre : « Après, il n’y a plus eu que la brume, le plat désert du glacier, çà et là troué d’ombres noires et de rocs. Le blanc, puis le noir, et maintenant le bleu ».

Prosateur, le romancier n’en maîtrise pas moins le vers, et d’authentiques vers poétiques se cachent dans la prose. Nous n’en citerons qu’un, qui ouvre un chapitre du début du roman, un parfait alexandrin avec hémistiche et mesures de trois syllabes, pour dire une fois de plus ce qui apparaît par le recours à la métaphore poétique : « La nuit a étouffé la flambée des couleurs ».

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Un si beau bleu

Un grand merci aux éditions Belfond et à Babélio pour l'envoi de ce livre lors du masse critique "littérature" de janvier 2024.

L'édition de "masse critique" permet toujours de faire de belles découvertes, et c'est le cas ici pour moi avec Florian Forestier. Même si le livre est classé comme roman, j'ai eu souvent l’impression que les descriptions et passages du livre font partie du « vécu » de l’auteur.



Les premières pages sont presque un slam, un cri du coeur désordonné. C’est un début très saccadé, comme si le narrateur avait du mal à respirer, ou qu’il avait besoin d’exprimer la vitesse de ses pensées et de ses gestes. Au fil du récit, cette ardeur s’estompe pour reprendre un rythme plus fluide, et plus doux, un peu comme s'il était le reflet du voyage du narrateur.



Mais c'est quoi l'histoire au juste ? Et bien, c'est celle de Florian, un quarantenaire anxieux qui consulte un psy au doux nom de Nuaje (j’adore!). Ce début, c’est presque comme si Florian retrouvait une emprise dont il n’arrive pas à se libérer : celle de sa mère, trop protectrice… L’appel de la montagne est plus fort. C’est cet été que Florian a décidé de gravir le Cervin… et il part en train.

Ce périple à la montagne sera l’occasion de diverses rencontres, randonnées, partages avec Raffaele, Morgane, Lise, Aurélien de l’Abîme, Ambroise, Judith…

La plume de Florian parvient à exprimer toute l’intensité du caractère de chaque personnage. J’ai notamment aimé les trois personnages du début du périple : le guide Raffaele, l’apprentie guide Morgane, et Florian, un quarantenaire en quête de dépassement de soi. J’ai trouvé ce trio bien équilibré : le guide autoritaire, l’apprentie-guide zen et le randonneur stressé qui veut se montrer de quoi il est capable.



J’ai beaucoup aimé les références à Tolkien, il n’y en a pas non plus à toutes les pages, mais j’ai apprécié ces clins d’oeil. Il y a aussi des références littéraires à la montagne à chaque début de chapitre, parfois tendres et parfois plus cruelles.

Pour finir, je voudrais citer un podcast de France Inter écouté par hasard , intitulé « comment expliquer le sublime ? », où l’on parle de Kant et de montagne… Je trouve que ça colle parfaitement à ce livre. On passe de l’enchantement à la désillusion, on fait l’expérience du vertige, de la peur, de la grâce, de la douleur, du ravissement… Bref, grâce à une palette d’émotions (positives comme négatives), notre narrateur fait l’expérience de la montagne avec son corps et son esprit, avec toute sa sensibilité, et en cela, c’est sublime !

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Un si beau bleu

Tout d'abord je tiens à remercier chaleureusement Babelio ainsi que les Éditions Belfond pour m'avoir fait découvrir ce livre grâce à l'opération Masse critique.



Ce livre est un dépaysement complet. Florian nous raconte un été de sa vie, à la poursuite d'un sommet, qui au fond de lui prend une place immense : le Cervin.

L'abnégation de Florian, pour parvenir à ses fins est, dans un sens, exemplaire ! C'est ce que j'ai beaucoup aimé chez lui, c'est cette force de caractère malgré les difficultés rencontrées en chemin. Et les difficultés ici, sont autant mentales que physiques. Mais il démontre qu'il est possible de réaliser ses envies avec de l'entraînement mais aussi un brin de folie.

Les personnes qui gravitent autour de lui sont toutes d'un sacré caractère qui vont de pair avec les courses qu'il fait pour gravir tel ou tel sommet. Tantôt froid, tantôt ensoleillé, mais parfois dur comme les parois à gravir ou réconfortant comme la vue arrivée à une cime, tel sont ces personnages.

C'est aussi une histoire qui ne nous laisse pas en place, toujours à grimper, marcher, prendre un train ; voyager en somme. Le mouvement est omniprésent et c'est contagieux. En s'imaginant les paysages qu'il traverse, cela donne véritablement envie d'aller les voir de ses propres yeux !

Ce roman a quelque chose de touchant et de poignant, ce qui a grandement contribué à l'appréciation de cette lecture.



Une parenthèse montagnarde, à aller au bout de soi, qui fait du bien à lire !
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Désubériser, reprendre le contrôle

Un recueil de réflexion de qualité qui nous permet de prendre du recul sur les nouveaux modèles qui se sont développés récemment. Car en-dehors de notre perception de consommateurs de ces plateformes, le modèle social qui en découle n'est pas pour autant avantageux pour les travailleurs qui certes sont indépendants, mais dépendant des plateformes et surtout des algorithmes. De riches apprentissages sur comment on pourrait pérenniser le modèle en le faisant évoluer !
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Désubériser, reprendre le contrôle

Tous les pays sont dépassés par la vitesse de l'économie de plateforme. Uber et consorts vont vite, bien plus vite que le législateur. C'est osuvent le cas, et dans bien d'autres domaines (l'éthique, la génétique entre autres).



Après une présentation de plusieurs typologies,récupérées de divers ouvrages, à défaut d'être créées par les auteurs, ceux-ci se livrent à une présentation résolument positive mais critique des plateformes. Qu'elles mettent en contact des employeurs et des employés, des clients et des prestataires de service ou de biens, ces plateformes ont souvent une caractéristique commune: brader le travail.



La variable d'ajustement de cette "nouvelle économie" est effectivement le travail, et même de manière plus spécifique: le coût du travail. La précarité règne, et elle ne fait que s'aggraver.



C'est là que les auteurs déroulent leur vision des choses. Inverser cette spirale, ce cercle vicieux qui rend le travailleur "ubérisé" esclave d'un engregnage sans fin. Seul l'avenir permettra de dire si c'est possible, à l'instar de quelques coopératives de travailleurs autonomes, qui se solidarisent afin de constituer un groupe, un interlocuteur plus respecté.



L'ouvrage est court, plaisant, non dépourvu d'un certain humour lorgnant vers le cynisme, érudit, presque complet, il interroge et pose de vraies questions sur les plateformes, l'ubérisation et comment en sortir. Cette économie va si vite que les ouvrages sur le sujet sont souvent dépassés à peine imprimés. Une bonne partie du livre, cependant, est un condensé de toute une littérature.



C'est certes intéressant, comme résumé abordable, mais cela manque un peu d'originalité. J'aurais aimé davantage d'analyse et de chiffres pour étayer le state-of-the-art et les développements supposés futurs. Il m'a également manqué une vision large, décomplexée, abordant l'ensemble des thématiques sociétales et des enjeux des prochaines années, comme l'immigration (économique ou autre), le vieillissement, la réforme de l'enseignement, les compétences à maintenir, les changements climatiques... Les auteurs pensent quand même trop à l'intérieur de la boîte, et pas assez hors du cadre.



Toujours est-il que je remercie les éditions du faubourg et Masse Critique juin 2020 pour cet essai intéressant et vivifiant.
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Un si beau bleu

Je termine la lecture de mon deuxième livre de Florian Forestier et je dois dire que je ne m’attendais pas à ça, cependant, je suis agréablement surprise, et si j’ai du mal à définir ce que je ressens, j’aurais envie de dire « féminin »…



Dans ce livre, je m’attendais à des descriptions de bleu lors de ses périples en montagne, un peu à la manière de Mélissa Da Costa dans « tout le bleu du ciel » et il n’y en a pas réellement. Mais je ne m’attendais pas à une version masculine de « Kilomètre zéro » en beaucoup plus réaliste évidemment.



Au final, je retrouve beaucoup de ma critique de son premier livre, tout se confirme :

« Je découvre une plume sensible, mais aussi un écrivain qui sait trouver les mots justes pour parler de lui et du monde qui nous entoure ».

« C’est très enrichissant et c’est pourquoi je recommande chaudement le livre ».

« J’ai souligné de très nombreuses phrases, mis plein de petits coeurs sur des paragraphes et fait plusieurs notes : des questions, des parallèles, des remarques, des noms de proches aussi ». « Certaines phrases méritent vraiment de devenir des mantras. La rédaction est excellente et je n’ai relevé aucune faute d’orthographe ».



Alors, je vais le dire franchement : ce livre est pour les sportifs ! Clairement ! Je ne m’y connais pas suffisamment en livres autour de la montagne, la grimpe, l’escalade ou la nature, mais celui-ci en fait partie. Si vous aimez les sports extrêmes cités ci-dessus, je vous recommande chaudement le livre. Il est très clair que celui-ci n’a pas été écrit du fond du canapé (je sais que c’est souvent la critique des livres écrit sur ces sujets). Vous y trouverez des nombreuses références sur les livres importants sur ces sujets (et pour moi, c’est vraiment un détail hyper important qui fait la différence avec des livres « légers »), des conseils pratiques, et un récit témoignage. Pour moi, cela prévient tout alpiniste de ce à quoi il peut s’attendre. Cela n’empêche pas la préparation physique évidement (et à ce sujet Florian Forestier m’a l’air d’être hyper hyper musclé… C’est vrai que j’ai eu envie de partir en week end avec lui, mais ne nous égarons pas !) !



Quand je dis que j’ai trouvé le livre « féminin », c’est à double niveau :

- Tout d’abord parce que sur le fond, il vient casser les codes classiques de la littérature et c’est surprenant mais agréable : nous avons affaire à un avant gardiste qui connaît suffisamment les codes pour les casser, les dépasser et les réinventer et c’est très appréciable, c’est fait intelligemment (on est bluffé jusqu’au denier chapitre)

- Et sur la forme : on est entre le récit initiatique, le témoignage de terrain, et le cheminement thérapeutique. Entre philosophie, psychologie et spéléologie. A chaque fois au sens physique comme figuré. Et je trouve que c’est doux, c’est bien amené, c’est beau, et c’est pour ça que je dirais presque « féminin ». De nouveau, de très très nombreuses phrases ont été surlignées et sont juste superbes ❤



Pendant la lecture du livre, j’ai aussi beaucoup pensé à Nadir Dendoune et à son livre « un tocard sur le toit du monde » qui a inspiré le film « l’ascension » , à Lou Sarabadzic pour sur livre sur Montaigne et beaucoup beaucoup au film « Interdit aux chiens et aux Italiens » et c’est à ce titre que le livre m’a beaucoup touchée. A l’histoire de ses transfrontaliers, de ses guides, auxquels on ne pense quasi jamais … alors m’est revenu en tête nos vacances d’il y a quelques années en Italie, alors que nous nous étions arrêté au Mont Blanc et dont nous avions fait l’ascension en SkyWay (on ne se moque pas, j’ai accouché trois fois ! ) : cette nuit au Refuge, le repas servi, les discussions des gens aux tables à côté de nous, l’impossibilité de prendre une douche parce qu’il n’y avait pas d’eau - et j’en ai pas dormi de la nuit - voir les guides et leurs clients discuter sur la terrasse, aller sur la terrasse une seconde et demi et être cristallisée sur place - je suis plutôt mer - prendre les plus belles photos du monde, faire attention aux enfants qui s’éclatent sur les escaliers et rambardes de sécurité, noter mentalement qu’il faudra voir un médecin demain parce que ma fille aura une otite, deviner Courmayeur « en bas » et savoir qu’il y fait 35 degrés alors qu’ici il gèle, regarder l’immensité autour de soi et se dire que nous ne sommes vraiment rien, discuter avec le reste de sa famille et être étonnée qu’il ne voit pas du tout la même chose que moi et entendre le lendemain à la radio qu’un guide et son client ont trouvé la mort cette nuit dans le Mont Blanc, avoir le sang glacé sur place et remercier la vie d’être toujours en vie, prendre conscience encore plus de la fragilité des choses, de la montagne, de la fonte des neiges, de la pénurie en eau, et de nos vies.



Bref, ce livre c’est une aventure, mais c’est aussi la vraie vie qui y est décrite, c’est touchant et ça fait voyager, et je retiens évidemment cette phrase : l’Italie est le plus beau pays du monde ❤❤❤



(Avant de commencer la lecture du livre, je vous recommande chaudement d’admirer toutes les photos d’un superbe bleu qu’il poste sur sa page Facebook Florian Forestier)



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Mes labyrinthes: Vivre avec la différence

Je viens de terminer l’excellent livre de Florian Forestier « mes labyrinthes » et je le recommande chaudement.



C’est un auteur que je ne connaissais pas, mais qui m’a été conseillé par une amie. Je ne regrette pas !



Le livre est très très intéressant, et se lit un peu comme un rapport académique, mais en plus intime. Il y a aussi une dimension politique et militante. C’est très fluide et cela me donne surtout très envie de découvrir ses autres livres. Je découvre une plume sensible, mais aussi un écrivain qui sait trouver les mots justes pour parler de lui et du monde qui nous entoure.



Ce livre est une approche intellectuelle de l’autisme, une analyse documentée et référencée. C’est très enrichissant et c’est pourquoi je recommande chaudement le livre, surtout si vous vivez cette problématique, vous ou votre enfant, et/ou si vous êtes un professionnel de santé ou d’éducation. En lisant, on fait un pas de côté, on étudie l’autisme à travers différents biais. Les chapitres sont courts, ça se lit très bien. J’ai souligné de très nombreuses phrases, mis plein de petits coeurs sur des paragraphes et fait plusieurs notes : des questions, des parallèles, des remarques, des noms de proches aussi. Certaines phrases méritent vraiment de devenir des mantras. La rédaction est excellente et je n’ai relevé aucune faute d’orthographe.



J’avoue que j’aurais aimé en lire plus, notamment une approche plus psychologique. Le livre contre-balance les zones d’ombres et de lumière. Certaines notions se recoupent avec Dolto, j’aurais aimé le lire.

Il y a quelques années, quand on pensait « autisme », on pensait « Rain Man ». Et ce film a ouvert la voie à une autre réflexion autour des « intelligences multiples ». Aujourd’hui, de nombreuses études et de nombreux livres sur le sujet (très bien référencés dans le livre de Florian Forestier) permettent de faire évoluer notre compréhension et notre regard sur les « différences ». La question est complexe et multiple, je crois que les champs de possibles le sont aussi. Ce livre est une invitation à l’observation, à l’humilité et à l’art d’interpréter les signes. Florian Forestier s’interroge sur le monde qui l’entoure, à travers son prisme, mais finalement nous avons tous les même questionnements, surtout à chaque période charnière de notre vie (un décès, un déménagement, le passage à un âge rond …).



J’ai pensé à plusieurs proches pendant la lecture et je pense que le livre pourra réellement les aider, mais j’ai surtout pensé à moi et à mon fils : comment interpréter certaines colères d’enfants ? Les psy ont-ils vraiment réponses à tout ? N’ai-je pas un côté autiste ? Ne le sommes pas tous parfois ? Comment identifier et reconnaître nos pulsions ? Qu’est-ce qui relève du psychique, de la maladie ou de la « mauvaise passe » ? Le livre offre un voyage à travers tous ses labyrinthes, toutes ses questions dont personne n’a finalement de réponse à l’heure actuelle. Mais s’interroger dessus c’est déjà faire un pas de côté, c’est reconnaître un fonctionnement différent, c’est questionner notre enfance, nos réactions, c’est entrevoir d’autres chemins, c’est s’arrêter et réfléchir. C’est essayer de comprendre ce qui se passe dans notre tête, et dans la tête de l’autre.



Bref, j’ai beaucoup aimé ce livre !



Félicitations pour tout le travail engagé !

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