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EAN : 9782493594433
195 pages
Editions du Faubourg (03/11/2023)
4.33/5   9 notes
Résumé :
« Ce qui me pousse à parler, à crier ? Peut-être le scandale de ces mots qui résistent et se dérobent – le sentiment aigu d’un piège, d’une toile d’araignée qui se resserre, quoi que je dise et fasse lorsque j’en parle.
Des noms, il en existe trop : fêlés, geeks, malpolis, weirdos. Ils sont nombreux et ce ne sont pas les bons. Ils ont été faits pour d’autres et m’échappent, même pour dire la colère. Ou la peine, l’incompréhen¬sion, la révolte. »
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Dans Mes labyrinthes : vivre la différence, Florian Forestier raconte la perception de son autisme, son ressenti tout au long de sa vie, la place du diagnostic et la façon de s'accommoder de ce “tremblement”, en le confrontant aux connaissances actuelles sur ce trouble neurodéveloppemental. Une authenticité rarement exposée, comme une mise à nue, pour nous faire approcher, grâce à son talent littéraire, la singularité de “ses labyrinthes”.

Cinq fois, la France fut condamnée par le Conseil de L'Europe pour non-respect des droits des personnes autistes. Devenue cause nationale depuis 2017, un programme de recherche s'est organisé. le département des sciences humaines lui fut confié. Florian Forestier définit, avec ses collaborateurs, quatre axes à développer : représentations de l'autisme, trajectoires des personnes, mécanismes de production du handicap, questions de genre. Mais, la recherche générale ayant rendu son travail, il n'en sortira qu'un énième numéro vert et d'autres dispositifs, poudre aux yeux, sans véritable changement. Un nouveau plan pluriannuel est présenté ces jours-ci. À suivre donc !

Florian Forestier convoque son art de la narration pour transmettre son vécu mais aussi faire un point non exhaustif sur les neurodiversités. Entre Bourdieu, Foucault, Goffman, Annie Ernaux et d'autres, il s'attache à mettre des mots sur ses maux. Comme à chaque fois, devant un récit authentique, la souffrance affleure et désarçonne tant le lecteur appréhende un océan inconnu.

Florian Forestier a repris les quatre axes de la commission pour les traiter à sa façon. Son analyse s'éclaire de son vécu, de la description de ses ressentis, de ses fêlures et, bien sûr, de sa richesse.

Mes labyrinthes, vivre la différence, deviennent un récit de soi et un essai mêlant la narration à la synthèse des données historiques et aux connaissances actuelles. Même si cet univers est complexe et diversifié, il nous faut l'approcher pour tenter de cesser d'exclure.

Florian Forestier ne s'adresse pas qu'à un public averti. Il s'adresse à tous les êtres humains, munis de paroles et de réflexions. Car, son récit partage avec nous, qui ne savons pas regarder, ce que peut vivre l'enfant étrange, l'adolescent guindé ou l'adulte lointain.

Son talent d'écrivain transpose en mots accessibles cette différence inconnue qui fait encore très peur. Aucun voyeuriste, aucune demande de compassion, Mes labyrinthes exposent la description de perceptions et d'émotions et relatent une conscience plus qu'exacerbée, à vif, qui ne semble jamais se reposer !

Car, Florian Forestier confie son témoignage avec une authenticité précieuse. Il explique, en toute franchise et sans complaisance, ses manques, ses failles et ses errances : ses sensations décuplées, son empathie globalisante, sa capacité à percevoir chaque détail et même ses crises qui le saisissent lorsque l'émotion déborde et qui le laissent complètement exsangue, etc.

Les chapitres sont courts et denses. La force de ce récit essai est la capacité de Florian Forestier à raconter avec sincérité. Ce n'est absolument pas un énième essai scientifique pour comprendre l'autisme, et pourtant, il présente des chiffres et des études. Et, ce n'est pas une biographie car, en tant que philosophe et conservateur de la BNF, il assure aussi des travaux de recherches notamment pour la CNSA (Caisse Nationale de Solidarité pour l'Autonomie), aussi son écrit est documenté.

Néanmoins, sa lecture nous fait appréhender l'ampleur de la souffrance ressentie, le déséquilibre qu'elle produit et l'incertitude dans laquelle la personne est plongée. Rien ne semble assuré, tout peut évoluer, sans vraiment en comprendre les causes d'oscillation. Et, l'émotion du lecteur est à fleur de pages !

Ce récit est précieux, car il s'agit bien, pour les dits “normaux”, d'essayer de comprendre ce que ressent l'autre, différent, pour combattre les peurs, les banalisations et même les exagérations que certains tentent d'héroïser lorsqu'ils parlent de différence !

Le récit essai, Mes labyrinthes : vivre la différence, est à découvrir pour tenter d'approcher la complexité de l'autisme. Merci tellement à Florian Forestier pour sa véracité dans cet ouvrage si sensible !
Lien : https://vagabondageautourdes..
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Je viens de terminer l'excellent livre de Florian Forestier « mes labyrinthes » et je le recommande chaudement.

C'est un auteur que je ne connaissais pas, mais qui m'a été conseillé par une amie. Je ne regrette pas !

Le livre est très très intéressant, et se lit un peu comme un rapport académique, mais en plus intime. Il y a aussi une dimension politique et militante. C'est très fluide et cela me donne surtout très envie de découvrir ses autres livres. Je découvre une plume sensible, mais aussi un écrivain qui sait trouver les mots justes pour parler de lui et du monde qui nous entoure.

Ce livre est une approche intellectuelle de l'autisme, une analyse documentée et référencée. C'est très enrichissant et c'est pourquoi je recommande chaudement le livre, surtout si vous vivez cette problématique, vous ou votre enfant, et/ou si vous êtes un professionnel de santé ou d'éducation. En lisant, on fait un pas de côté, on étudie l'autisme à travers différents biais. Les chapitres sont courts, ça se lit très bien. J'ai souligné de très nombreuses phrases, mis plein de petits coeurs sur des paragraphes et fait plusieurs notes : des questions, des parallèles, des remarques, des noms de proches aussi. Certaines phrases méritent vraiment de devenir des mantras. La rédaction est excellente et je n'ai relevé aucune faute d'orthographe.

J'avoue que j'aurais aimé en lire plus, notamment une approche plus psychologique. le livre contre-balance les zones d'ombres et de lumière. Certaines notions se recoupent avec Dolto, j'aurais aimé le lire.
Il y a quelques années, quand on pensait « autisme », on pensait « Rain Man ». Et ce film a ouvert la voie à une autre réflexion autour des « intelligences multiples ». Aujourd'hui, de nombreuses études et de nombreux livres sur le sujet (très bien référencés dans le livre de Florian Forestier) permettent de faire évoluer notre compréhension et notre regard sur les « différences ». La question est complexe et multiple, je crois que les champs de possibles le sont aussi. Ce livre est une invitation à l'observation, à l'humilité et à l'art d'interpréter les signes. Florian Forestier s'interroge sur le monde qui l'entoure, à travers son prisme, mais finalement nous avons tous les même questionnements, surtout à chaque période charnière de notre vie (un décès, un déménagement, le passage à un âge rond …).

J'ai pensé à plusieurs proches pendant la lecture et je pense que le livre pourra réellement les aider, mais j'ai surtout pensé à moi et à mon fils : comment interpréter certaines colères d'enfants ? Les psy ont-ils vraiment réponses à tout ? N'ai-je pas un côté autiste ? Ne le sommes pas tous parfois ? Comment identifier et reconnaître nos pulsions ? Qu'est-ce qui relève du psychique, de la maladie ou de la « mauvaise passe » ? le livre offre un voyage à travers tous ses labyrinthes, toutes ses questions dont personne n'a finalement de réponse à l'heure actuelle. Mais s'interroger dessus c'est déjà faire un pas de côté, c'est reconnaître un fonctionnement différent, c'est questionner notre enfance, nos réactions, c'est entrevoir d'autres chemins, c'est s'arrêter et réfléchir. C'est essayer de comprendre ce qui se passe dans notre tête, et dans la tête de l'autre.

Bref, j'ai beaucoup aimé ce livre !

Félicitations pour tout le travail engagé !
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Florian Forestier est philosophe, écrivain, et autiste. Dans ce texte intime et vibrant rédigé à la première personne, il invite le lecteur à entrer dans le labyrinthe de son identité, fuyante et tremblante. Dans ce parcours aux facettes autobiographiques, aux multiples références scientifiques et littéraires, le pouvoir de fixer les mots, de se les approprier, à travers la philosophie, la littérature, apparaît comme un combat intime, la quête d'un équilibre, un moteur puissant pour avancer au quotidien.

Mes labyrinthes est un texte intense, intellectuellement et poétiquement, mais néanmoins accessible à tous. Une expérience de lecture qui donne à apprendre, réfléchir, à ressentir, à compatir, et également à questionner dans le miroir nos propres itinéraires intellectuels.
Vous êtes vous déjà posé la question de votre propre identité intellectuelle et de la nature de votre rapport au monde ? L'expérience transmise par Florian Forestier ouvre, grâce à cette différence vécue de l'autisme, à questionner la norme de notre subjectivité.
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Florian forestier propose avec "mes labyrinthes" un témoignage d'une force très rare. Avec un style et un rythme qui nous empêche littéralement de lâcher l'ouvrage, il nous transmet, non sans humilité, le résultat d'un long chemin d'introspection, de réflexion et de recherche sur ce qui lui a, depuis sa prime enfance, fait sentir la "différence" de son être au monde.
Florian Forestier remet le corps et son impossible dressage au centre de la question autistique. Il décrit, avec une finesse sensible extrême, l'épuisant éprouvé d'un corps qui n'en fait qu'à sa tête.
Mais ce livre est d'autant plus important qu'il inscrit cette lutte personnelle pour se forger une place vivable dans le monde commun, dans une perspective élargie aux autres conditions minorées par la normalisation sociale.
Un ouvrage important !
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Une réflexion sur l'autisme d'une grande délicatesse littéraire, qui donne à penser et éprouver avec l'auteur, la manière dont le corps et l'intelligence autistes habitent le monde.
Le témoignage est intéressant en soi, mais la qualité littéraire de l'ouvrage lui confère une dimension particulière. La recherche poétique y prend des couleurs et des textures particulièrement originales et l'écriture, tres sensible, permet justement au lecteur d'approcher un peu de cette sensibilité si singulière.
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Citations et extraits (31) Voir plus Ajouter une citation
Peut-on soupçonner Hans Asperger d'avoir voulu identifier, au sein des profils autistiques promis aux chambres à gaz, ceux qu'il jugeait dignes de vivre, voire utiles à I'État ? Pour certains militants, la catégorie qu'est le syndrome d'Asperger reste entachée par cette origine : elle en garderait des traces, la volonté de regrouper les bons autistes, intégrables et productifs. Elle paverait le chemin vers l'eugénisme, lequel ne consiste pas seulement à tuer, mais aussi et toujours à décider qui mérite de survivre.
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Je porte un deuil, sur mon dos, comme une carapace, la statue de celui qu'aurait été le non-autisme, du cadre dirigeant, du haut fonctionnaire, de l'homme d'affaires, de la star, ou simplement du père, du chef, du pilier, que sais-je.
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La philosophie est venue chez moi de tout ce dont j'ai parlé plus haut : du décalage des mots, de la sensation des pensées me fuyant, du grand possible fou, de l'évidence terrifiante que c'est vrai. Je vis. Le monde est. C'est bien cela la vie, la seule.
Elle est venue des questions qui étaient des senti- ments, des expériences.
De mon père qui mavait longtemps promis de m'apprendre le nombre le plus long, avant de m'avouer un jour la terrifiante vérité. J'avais quatre ans. Les nombres continuaient et continuaient, je me perdais dans leur torrent, dans I'infini. Je me souviens très bien aussi, lorsque javais trois ans, qu'un soir, en pensée, j'ai suivi mon âme vers le chemin du ciel, et que quelque chose d'épouvantable s'est interposé entre mon but et moi. Cette même chose, jai de nouveau trébuché dessus à quatre ans, en essayant de remonter le temps jusquà la créa- tion du monde : je m'étais aventuré loin, toujours plus loin, dans le noir. J'ai buté sur l'infini du temps, et parfois je bute encore sur cet infini-là, car il y a peu de choses plus incompréhensibles et plus terri- fiantes que l'idée d'une éternité qui nous précède.
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La situation est si mauvaise en France.
Le Conseil de l'Europe a condamné cinq fois le pays pour non-respect des droits des personnes autistes. On manque de tout, en particulier de professionnels formés. Ceux qui connaissent l'autisme exercent en libéral, ils sont chers. Dans les centres publics, les approches psychanalytiques culpabilisent encore les familles. Le circuit administratif pour obtenir des aides est d'une complexité insensée. Les adultes restent souvent sans solutions. Plus de 90 % des femnmes autistes et une grande proportion des hommes connaissent des abus sexuels. Plus de 90 % des adultes autonomes demeurent sans emploi. Quant à lécole, elle n'est inclusive que sur le papier.
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Un jour, je découvre un texte :il y aurait eu beau- coup d'écrivains autistes. Hans Christian Andersen. Samuel Beckett, Lewis Carroll, Emily Dickinson, Herman Melville, Henry David Thoreau, Franz Kafka... Tous aux prises avec la même impossibilité. L'article parle d'un processus d'écriture désordonné et fragmenté, d'une écriture singulière, non définie par un horizon de réception, marquée par des ruptures d'intrigues, de l'absence d'une narration continue et classique, du poids du hasard, de l'aléa, des personnages esquissés ou bizarres. D'un langage riche et parfois étonnant, métaphores, métonymies, obsession de l'aliénation, systèmes, dispositifs, bagarres avec le chaos. L'important n'est pas qu'ils aient été autistes. C'est ce qu'ils en ont fait. S'enpoigner avec une langue qui se barre, sans doute est-ce déjà écrire.
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