Un si beau monstre ou Comment François Forestier vient de casser un des mythes de ma jeunesse cinématographique. Je ne lui en veux pas parce qu'il y a prescription et que j'ai appris beaucoup de choses sur cette époque du cinéma.
François Forestier est journaliste et a écrit un certain nombre de biographies de personnalités du cinéma avec notamment parmi les plus célèbres, Howard Hugues, que l'on croise dans ce récit aussi et son dernier succès, JFK et Marilyn.
Nul doute que l'auteur connaît ce monde et les références tant américaines que françaises sont nombreuses. C'est une joie de découvrir en marge, des acteurs comme Laurence Olivier ou Vivian Leigh et Ava Gardner et côté français, Christian Marquand, Nadine Tringignant et Juliette Gréco.
Le livre est découpé en deux parties. Après une annonce du délire final un peu angoissante telle un roman policier, Up est une partie sur l'ascension du "plus grand acteur du monde" et Down, un second volet sur la chute inévitable, la descente aux enfers.
Marion Brando est ici présenté comme un psychopathe, un dépravé sexuel qui aura autant d' amants masculins que de conquêtes féminines, un acteur prétentieux et indomptable qui ne connaît jamais son texte et qui "crache dans la soupe". Toutes les femmes le veulent et s'en mordront les doigts. Dès qu'elles s'attachent, il fuit. Si elles l'abandonnent, il court les rechercher.
Ce grand acteur ne doit-il donc sa célébrité qu'à son magnétisme, sa "gueule d'ange"? J'ai pourtant de très bons souvenirs des films comme Un tramway nommé désir, l'Equipée sauvage et même Les révoltés du Bounty, qui fut certes un fiasco financier.
J'ai apprécié la grande connaissance de l'auteur, la tentative d'analyse du comportement de l'acteur par le lien étrange avec la mère. L'auteur sait captiver le lecteur par le côté infernal de cette descente aux enfers, la toile se tisse au fur et à mesure pour nous enfermer dans la folie destructrice.
Le style est aisé, avec des pointes d'humour mais peut-être un peu trop de sensationnel.
Toutefois, il me semble que l'auteur se complaît un peu trop dans la noirceur, ne passe que trop rapidement sur les succès, l'oscar obtenu pour l'interprétation de Don Corléone dans le Parrain. Il y a plusieurs répétitions de faits comme les aveux d'Elia Kazan lors de la période américaine de la chasse aux sorcières ou les conséquences financières du comportement de Marlon Brando père. L'auteur nous assène souvent des faits ou phrases anodines qui ne laissent qu'un effet tapageur (Marlon Brando qui mange de l'ail, l'anecdote de la rencontre avec Tennessee Williams, le "noble bijou", les premiers mots du fils...)
Tant de vies gâchées, tant de turpitudes dans ce monde du cinéma que j'en suis sortie avec un grand dégoût pour ce milieu. Mais dites-moi, elles ne sont pas tous comme ça nos idoles du grand écran?
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