Citations de François Place (210)
Ne crains pas tes peurs. Affronte-les.
La vengeance est un cercle vicieux de sang et de haine.
" Comment le maître s'y prend-il pour arrêter ainsi le
temps ? La vague semble vivante, elle bouillonne d'écume, on la voit prête à s'écrouler. Par la seule magie de son dessin, le maître a fixé pour l'éternité les deux éléments les plus fluides de l'univers : l'eau et le temps..."
Si la sagesse se compte en cheveux blancs, je t’accorde que tu es le meilleur.
Apprends à regarder en silence, si tu ne veux pas que le bruit chasse devant tes yeux la beauté des choses fragiles.
Une vraie sauvageonne, toujours à traîner ses jupons dans les ruisseaux, élevée à la diable par un père qui lui passait tout et l’éduquait comme un garçon, jusqu’à lui apprendre à lire et à écrire.
« Neuf Géants rêveurs d’étoiles et un petit homme aveuglé par son désir de gloire, c’était toute notre histoire. » (p. 76)
La Bretagne, c'est ce grand bout de granit qui termine la France, à l'extrême pointe du continent : Finis Terrae, disent les savants. L'océan vient s'y fracasser. Les gens qui vivent là ont toujours eu de l'eau salée dans les veines.
Je distinguai bientôt la coque, et les mâts élégamment penchés. Un schooner, ai-je murmuré en rassemblant dans mon souvenir tous les récits de marine que j’avais pu lire enfant. J’ai toujours aimé ce mot, « schooner » : ça se fraye un chemin à l’intérieur du crâne comme une étrave, et ça évoque des conciliabules de contrebandiers surpris au fond d’une crique par une nuit sans lune…
Long, long, très long voyage, et la voûte si près du crâne, la fatigue plaintive de l'essieu, le grincement des roues et le vacarme de leurs grands cercles de fer, les pas lourds du cheval, le bois qui gémit à chaque ressaut de la descente, et le noir absolu dans lequel tout se propage, et qui fait qu'on est soi-même pierre, sabot, bois, fer, et tête de douleur.
« Ils étaient neuf, cinq Géants et quatre Géantes. Enluminés de la tête aux pieds, y compris sur la langue et les dents, d’un embrouillamini délirant de tracés, de volutes, d’entrelacs, de spirales et de pointillés d’une extrême complexité. A la longue, on pouvait discerner, émergeant de ce labyrinthe fantasque, des images reconnaissables : arbres, plantes, animaux, fleurs, rivières, océans, un véritable chant de la terre dont la partition dessinée répondait à la musique de leurs nocturnes invocations célestes. » (p. 44)
- A la première coupe, l'homme boit le saké ; à la deuxième coupe, le saké boit le saké ; à la troisième coupe, le saké boit l'homme, c'est ce que répète souvent mon oncle.
A cette époque, je signais sous le nom de Shunro, puis je changeai pour celui de Sori. Ensuite, j'ai signé Hokusai, qui veut dire "atelier du Nord", et j'ai décidé de suivre ma propre voie, celle d'un "esprit libre planant au-dessus des plaines de l'été". Chaque nouvelle période de ma vie était comme une nouvelle naissance, c'est pourquoi j'ai adopté tant de signatures. Naturellement, tu sais sous quel nom je signe aujourd'hui, moineau... Gakyorojin Hokusai, "le vieillard fou de dessin".
" A cent ans, j'aurais définitivement atteint un niveau merveilleux, et, à cent dix ans, chaque point et chaque ligne de mes dessins aura sa vie propre. Je voudrais demander à ceux qui me survivront de constater que je n'ai pas parlé sans raison. "
Mais j'aurais tout donné pour battre des ailes, pour ne plus sentir ce poids qui nous colle à la terre, et qui nous laisse voir les étoiles que pour mieux nous faire regretter de ne pouvoir les atteindre.
C'est une sorte de roulement de tambour qui m'a sorti du lit. La porte de dehors était grande ouverte, et une odeur de terre humide envahissait la pièce. On se serait cru au fin fond d'un caveau. Une charrette manœuvrait dans la cour. Elle était noire et tirée par un grand cheval noir. L'homme qui menait le cheval était, lui aussi, tout de noir vêtu, et couvert d'un chapeau si noir que son profil disparaissait dans son ombre. La charrette s'arrêta devant le seuil, ses grandes roues cerclées de fer encadrées par la porte. L'homme restait en retrait, raide comme un bois de justice. Je frissonnai d'un coup. Comment ne pas reconnaître cet attelage, si parfaitement incrusté dans les ténèbres de la nuit ? Quand il est là, on sait qu'il est trop tard. On ne peut plus lui échapper. L'homme ne prononce pas un mot. On ne voit que son dos. Il attend. Rien ne vient, rien n'affleure, ni les larmes, ni le rire, ni la peur. Car on sait que c'est lui, l'Ankou. "Celui du Grand Voyage".
Si nos existences se limitaient aux images qui nous représentent, nous serions des pantins condamnés par un dieu méchant à refaire toujours les mêmes gestes, soumis aux lois du spectateur cruel qui peut à volonté accélérer ou ralentir, arrêter une attitude, une expression, n'importe quelle révélation de l'ordre de l'intime. Et notre existence s'effacerait au profit de ce que l'on voudrait retenir de nous.
La reine est morte, son âme s'est envolée. Tu sais que quand on meurt, on se transforme en animal ? Eh bien, une reine, quand elle meurt, elle se transforme en tigresse. Et cette reine-là, la reine d'Angleterre, comme c'est une très grande reine, la plus grande reine du monde, elle se transforme en tigresse blanche. Tu me crois, maintenant ?
Mais les rumeurs sont comme des tumeurs, de simples semences au départ, de minuscules grains qui croissent de leur propre malignité, et qui, cédant brusquement à l'excès de génération qui les travaille, ne se découvrent qu'au moment de leur maturation, en libérant tout le mal qu'elles ont accumulé.
Ils semblaient parfaitement et immuablement heureux. Mais je finis par me lasser de ces chants trop mélodieux, de ces interminables parades, auxquelles je ne pouvais évidemment prendre aucune part. Mon regard se perdait au-delà des cimes éclatantes, cherchant en vain le gris perle des ciels londoniens. Il y avait près de dix mois que j'étais parmi eux...