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Citations de Frans de Waal (128)


Ayumu est un jeune mâle [chimpanzé] qui, en 2007, a ridiculisé la mémoire humaine. Entraîné sur un écran tactile, il arrive à se souvenir d'une série de chiffres de 1 à 9 et à les taper dans l'ordre correct, bien qu'ils apparaissent sur l'écran dans une disposition aléatoire et soient remplacés par des carrés blancs dès qu'il commence à taper. Ayant mémorisé les chiffres, Ayumu touche les carrés dans le bon ordre. La réduction de la durée d'apparition des chiffres à l'écran ne semble pas le perturber, alors que les humains deviennent d'autant moins précis que le laps de temps raccourcit.
[...]
Dans une étude complémentaire, on a réussi à entraîner des humains pour atteindre le niveau d'Ayumu sur 5 chiffres, mais le grand singe peut en mémoriser 9 avec un taux de réussite de près de 80%, ce qu'aucun homme ne sait faire...
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Il est impossible de regarder dans les yeux un grand singe sans se voir soi-même. Celui qui vous rend votre regard est moins un animal qu'une personnalité aussi forte et volontaire que la vôtre.
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Si aujourd’hui nous ne parlons plus d’instincts, ou rarement, c’est parce que rien n’est purement génétique : l’environnement joue toujours un rôle. De même, la cognition pure est un fruit de l’imagination. Que serait la cognition sans apprentissage ? Elle suppose toujours une certaine collecte d’information.
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Notre première tâche est de comprendre la cognition en général, de quels éléments elle a besoin pour fonctionner, et comment ces éléments sont ajustés aux systèmes sensoriels d’une espèce et à son écologie. Nous cherchons une théorie commune, couvrant la totalité des différentes cognitions qui existent dans la nature. Pour ouvrir un espace à ce projet, je propose un moratoire sur les spéculations concernant l’originalité de l’homme. Etant donné leur bilan lamentable, il est temps de s’en abstenir pendant quelques décennies. Cela nous permettra d’élaborer un cadre de réflexion plus exhaustif. Le jour viendra, dans de nombreuses années, où nous pourrons revenir au cas particulier de notre espèce avec de nouveaux concepts qui permettront de mieux voir ce qui est unique – et ce qui ne l’est pas – dans l’esprit humain.
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Nous décrivons volontiers la condition humaine en termes sublimes : quête de liberté, aspiration à une vie vertueuse. Mais les sciences de la vie en ont une vision plus terre à terre. Tout tourne autour de la sécurité, de la camaraderie sociale et d’un ventre plein. La tension manifeste entre ces deux visions rappelle la célèbre conversation entre un critique littéraire et l’écrivain Ivan Tourgueniev lors d’un dîner : « Nous n’avons toujours pas résolu le problème de Dieu et vous voulez manger ! » lui hurla le critique. »
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Nous sommes dynamisés par des valeurs et des émotions internes qui guident, et non dictent, notre conduite. Elles nous poussent dans une certaine direction, mais en nous laissant beaucoup de marge. C'st pourquoi nous sommes capables de prendre soin de ceux qui ne peuvent nous rendre la pareille, d'adopter des jeunes sans lien de parenté avec nous, de coopérer avec des étrangers et d'avoir de l'empathie pour les membres d'une autre espèce.
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On a toutes les raisons de croire que certains animaux ont franchi une limite : la lutte pour la vie est remportée, en partie du moins, par un apprentissage auprès des autres. Ils n'ont plus besoin de découvrir seuls quels prédateurs sont dangereux, comment accéder à la nourriture, comment se soigner eux-mêmes, et ainsi de suite. Ils tirent parti du savoir accumulé au sein de leur famille et de leur groupe. En ce sens, ils sont, comme nous, passé de la nature à la culture. (...) Il y a beaucoup de nature dans la culture et inversement.
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Notre cerveau a la même structure de base que celui des autres mammifères : nous n'avons pas de zone supplémentaire et nous exploitons les mêmes vieux neurotransmetteurs. Les cerveaux des petits et gros mammifères sont si semblables que nous étudions la peur en examinant l'amygdale des rats afin de mieux soigner les phobies des hommes. (...)
Les neurosciences modernes interdisent de maintenir un strict dualisme humain - animal.
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Paradoxalement, ce que nous admirons dans la nature a souvent un prix. Nous sommes séduits par le spectacle des grands prédateurs, mais nous oublions ce qu'ils font payer à leurs congénères. Nous écoutons l'agréable appel du coucou au crépuscule, Maus nous fermons les yeux sur le cruel parasitisme de couvée qu'il pratique. La face sombre de la nature a tendance à nous échapper.
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Homo homini lupus ("L'homme est un loup pour l'homme"), une déclaration discutable sur notre espèce qui se fonde sur de fausses hypothèses à propos d'autres espèces.
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Il existe dans la nature de nombreuses adaptations cognitives merveilleuses que nous ne possédons pas, ou dont nous n'avons pas besoin. C'est pourquoi tout classement unidimensionnel des cognitions n'a de sens. L'évolution cognitive est marquée par de nombreux pics de spécialisation. Le point crucial est l'écologie de chaque espèce.
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Beaucoup d’animaux sont comme nous : ils évaluent ce qui leur arrive en fonction du passé ou de l’avenir. On ne peut plus nier qu’ils ont des émotions « liés au temps », dépassant le présent. (p. 180)
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Je ne peux imaginer aucune société humaine ou animale sans liens privilégiés de fidélité. Toute la nature est construite autour de la distinction entre membres et non-membres du groupe, parents et non-parents, amis et ennemis. Même les plantes reconnaissent la parenté génétique, puisqu'elles développent un réseau de racines plus concurrentiel quand elles sont mises en pot avec une plante étrangère et non une plante sœur. Les individus qui luttent pour le bien-être global sans distinction n'ont strictement aucun précédent dans la nature.
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Irene a décidé de tester les capacités d’Alex [un perroquet] plus systématiquement en plaçant des objets de diverses tailles (par exemple, différentes formes de pâtes) sous une tasse. Elle soulevait la tasse pendant quelques secondes devant Alex, puis la reposait. Après quoi elle faisait la même chose avec une deuxième, puis une troisième tasse. Il n’y avait qu’un petit nombre d’objets sous chacune, et parfois, il n’y en avait aucun. Ensuite, alors qu’Alex ne pouvait voir que les trois tasses, Irene lui demandait : « Combien au total ? » Sur 10 tests, Alex a donné 8 fois la bonne réponse. Dans les deux cas où il s’est trompé, il a réussi la seconde fois. Et tout cela dans sa tête : il ne pouvait pas voir les objets. 
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De toute évidence, il est grand temps de tester les animaux en fonction de leur biologie et d'abandonner les approches humanocentrées.
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Si les gens remplissent leurs maison de carnivores à fourrures et non d'iguanes et de tortues c'est parce que les mammifères offrent quelque chose qu'aucun reptile n'apportera jamais. Ils donnent de l'affection, ils veulent de l'affection, et ils réagissent à nos émotions comme nous réagissons aux leurs. (p. 14)
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Des colloques entiers ont été consacrés à l'essence humaine, à la question: «Qu' est-ce qui nous rend humains? » Mais est-ce vraiment la question fondamentale de notre discipline? Permettez-moi d'êre d'un avis différent. En soi, cette question a tout lair d'une impasse intellectuelle. Pourquoi serait-elle plus importante que le fait de prouver ce qui distingue les cacatoes ou les baleines blanches? [...] Chaque espèce peut apporter de puissants éclairages sur le fond des choses, puisque sa cognition a été modelée par les mêmes forces que la notre.
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"Ce que nous observons, ce n'est pas la nature en soit, mais la nature confrontée à notre méthode d'investigation."
Werner Heisenberg
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la religion et la philosophie occidentales ont toujours envisagé l'homme en opposition à la nature plutôt qu'au sein de celle-ci. Nous préférons nous situer eu dessus des bêtes et pres de anges, comme si nous en voulions à notre corps de nous rappeler sans cesse à nos origines inférieures à travers des désirs, besoins, maux et sentiments incontrôlables auxquels il nous confronte chaque jour. Comment le si noble esprit humain a t il pu se retrouver piégé dans un vaisseau matériel aussi défectueux? ....... L'esprit a quelque chose de divin; le corps beaucoup moins. Ce dualisme est en fait essentiellement masculin. Il se préoccupe moins de l'esprit humain en général que de l'esprit masculin en particulier. Ce sont toujours les hommes qui ont essayé de se persuader que leur intellect planait bien au-dessus de la biologie. Il faut dire que c'est une position plus facile à tenir quand on corps n'est pas assujetti à des cycles hormonaux.... Depuis la nuit des temps, ils cherchent à prendre leurs distances avec la chair (faible) les émotions (irrationnelles), les femmes (infantiles) et les animaux (stupides). Comme les hommes sont tout aussi étroitement liés à leur corps que le sont les femmes et les animaux, ces antithèses sont complètement illusoires. Elles sont un pur produit de l'imagination masculine. L'esprit, le cerveau et le corps ne font qu'un. L'esprit non matériel, cela n'existe pas.
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LEs grands singes qui arrivent à cette position ne sont pas forcément les plus gros, les plus forts, ni les plus malveillants, puisqu'ils y parviennent grâce au concours des autres. Le mâle les plus petit peut devenir dominant s'il choisit les bons alliés. LA plupart des mâles alpha protègent les opprimés, maintiennent la paix et rassurent ceux qui sont dans la détresse.
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