AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Frans de Waal (128)


Confucius, à qui l'on demandait s'il existait un mot qui pût servir de viatique pour toute une existence, proposa après mûre réflexion "réciprocité".
Commenter  J’apprécie          10
Ces observations s'inscrivent dans le champ émergent de l'empathie animale, qui traite non seulement des primates, mais aussi des canidés, des éléphants et même des rongeurs. Les chimpanzés qui consolent les affligés en les prenant dans les bras, en leur faisant des baisers, en donnent une illustration typique, et si fréquente que des milliers de cas- littéralement des milliers-sont attestés. Les mammifères sont sensibles à leurs émotions mutuelles et réagissent en voyant l'un des leurs en difficulté. Si les gens remplissent leurs maisons de carnivores à fourrure et non d'iguanes et de tortues, c'est parce que les mammifères offrent quelque chose qu'aucun reptile n'apportera jamais. Ils donnent de l'affection, ils veulent de l'affection, et ils réagissent à nos émotions comme nous réagissons aux leurs. (p.14)
Commenter  J’apprécie          10
Qui pense sérieusement que nos ancêtres n'avaient aucune norme sociale avant d'avoir une religion ? N'aidaient-ils jamais leurs semblables en difficulté, ne protestaient-ils jamais contre une injustice ? Les humains se sont forcément préoccupés du fonctionnement de leurs communautés bien avant la naissance des religions actuelles, qui ne datent que de deux ou trois millénaires. (p.11)
Commenter  J’apprécie          10
Donnez-leur le choix entre un comportement humain qui saute aux yeux et une poignée de concepts psychologiques à la mode, les sciences sociales opteront toujours pour les seconds.
Commenter  J’apprécie          10
L'empathie humaine est une capacité d'une importance cruciale ; elle est le ciment de sociétés entières et nous relie à ceux que nous aimons et auxquels nous tenons. Elle est bien plus fondamentale pour la survie que la connaissance de ce que les autres savent. Mais puisqu'elle appartient à l'immense partie immergée de l'iceberg - aux caractéristiques que nous partageons avec tous les mammifères -, elle ne bénéficie pas du même respect. De plus, l'empathie paraît relever de l'émotionnel, que la science cognitive a tendance à mépriser. Peu importe que la prise de perspective originelle, celle dont toutes les autres dérivent, soit probablement la compréhension de ce que les autres veulent, de ce dont ils ont besoin, ou de ce que nous pouvons faire pour les satisfaire et les aider au mieux. Elle est essentielle pour la reproduction, puisque les mamans mammifères doivent être à l'écoute des besoins émotionnels des nourrissons quand ils ont froid, faim ou qu'ils sont en danger. L'empathie est un impératif biologique.
Commenter  J’apprécie          10
C'est une idée fascinante de se dire que l'humanité a peut-être pris en main elle-même son évolution morale, et obtenu que, dans notre espèce, de plus en plus d'individus soient prêts à se soumettre aux règles.
Commenter  J’apprécie          10
L'apport principal de la religion n'est peut-être pas de nous amener à accomplir des actes que nous ne ferions pas sans elle, mais d'avaliser et de promouvoir certaines tendances naturelles.
Commenter  J’apprécie          10
Nous, les humains, nous étions tout à fait moraux quand nous errions encore par petites bandes dans la savane. Ce n'est que lorsque l'échelle de la société s'est mise à croître et les règles de la réciprocité et de la réputation à s'affaiblir qu'un Dieu moralisateur est devenu nécessaire.
Commenter  J’apprécie          10
Les coalitions jouent un rôle primordial. Aucun mâle ne peut régner seul, longtemps du moins, car le groupe pris dans son ensemble peut abattre n’importe qui. Les chimpanzés s’essoc Avec tant d’habilité qu’un chef a besoin d’allies Pour renforcer sa position ainsi que du blanc-seing de la communauté. Se maintenir au sommet oblige à un travail d’équilibriste entre la nécessité d’affirmer vigoureusement sa domination, de satisfaire ses partisans et d’eviter Les révoltes massives. L’his Nous renvoie un echo familier, tout simplement parce que la politique des hommes fonctionne exactement sur le même modèle.
Commenter  J’apprécie          10
Les animaux ne "couchent" pas ensemble, ils ont un comportement destiné à assurer leur reproduction. Ils n'ont pas d'"amis", mais des partenaires avec qui ils préfèrent s'associer. Notre espèce est friande de ce type de distinctions intellectuelles et ne se prive pas d'imposer ces castrations langagières au champ cognitif. Attribuer tout ce que font les animaux à l'instinct ou à une capacité d'apprentissage rudimentaire permet de préserver la cognition humaine et de la maintenir sur son piédestal.
Commenter  J’apprécie          10
La connaissance spécialisée d'une infime section de l'univers nous lie à sa grandeur, et à sa complexité, qui s'étend de toute part, à toutes les échelles et sur un temps infini.
Nous sommes dans l’émerveillement face aux mystères que nous cherchons à déchiffrer et qui s'approfondit à chaque strate que nous parvenons à éplucher. p152-153.
Commenter  J’apprécie          10
Les émotions sont uniques. Elles sont difficiles à saisir, alors qu'elles sont un des aspects les plus saillant de notre vie. Ce sont elles qui donnent du sens à ce que nous vivons. p20
Commenter  J’apprécie          10
Qui n’a jamais entendu dire que la nature est le règne de la loi de la jungle, que tout est question de gènes et de tendances à l’égocentrisme ? ......
Heureusement ce point de vue n’a plus vraiment cours. Battu en brèche par quantité de données plus récentes, il est mort de sa belle et peu glorieuse mort. Car la science confirme l’idee Contraire, suivant laquelle la coopération est une tendance fondamentale de notre espèce.
Commenter  J’apprécie          10
Qu'est-ce que la cognition, sinon le traitement de l'information ? C'est la transformation mentale de sensations en compréhension de l'environnement et l'application adaptée de ce savoir. Cognition désigne ce processus, et intelligence la capacité de l'accomplir avec succès.
Commenter  J’apprécie          10
Afin d'illustrer ce nouveau concept, Uexküll nous balade dans différents mondes. Chaque organisme, explique-t-il, ressent son environnement à sa façon. Aveugle, la tique grimpe sur un brin d'herbe et y reste jusqu'à ce qu'elle détecte l'odeur de l'acide butanoïque provenant de la peau d'un mammifère. Des expériences ont montré que cet arachnide peut tenir dix-huit ans sans se nourrir. La tique a donc tout le temps de rencontrer un mammifère, de sauter sur sa victime et de se gorger de sang chaud. Après quoi, elle est prête à pondre et à mourir. Pouvons-nous comprendre l' Umwelt de la tique ? Il semble incroyablement pauvre par rapport au nôtre, mais pour Uexküll cette simplicité est une force : son but est bien défini et elle ren-contre peu de distractions.
Uexküll donne d'autres exemples. Il montre qu'un même environnement offre des centaines de réalités propres à chaque espèce. À la différence de la notion de niche écologique, qui concerne l'habitat nécessaire à la survie d'un organisme, Umwelt désigne le monde subjectif autocentré de cet organisme — petite tranche de ce réel multiforme. Selon Uexküll, les différentes réalités cohabitent « sans être reconnues ni jamais pouvoir l'être » par toutes les espèces qui les ont construites. Certains animaux perçoivent la lumière ultraviolette, d'autres vivent dans un monde d'odeurs ou, comme la taupe à nez étoilé, cherchent à tâtons leur chemin sous terre. Certains nichent sur les branches du chêne et d'autres vivent sous son écorce, tandis qu'une famille de renards creuse un terrier entre ses racines. Chaque espèce perçoit le même arbre différemment.
Commenter  J’apprécie          10
Peut-être partageons-nous beaucoup de traits communs avec ces hybrides. Nous avons la chance d’avoir en nous non pas un mais deux singes ; ensemble, ils nous permettent de construire une image de nous-mêmes infiniment plus complexe que celle que nous renvoie la biologie depuis un quart de siècle. Il est temps de réviser le portrait qu’elle trace de nous, individus purement égoïstes et mesquins, à la morale illusoire. Si nous sommes essentiellement des singes, comme je l’affirmerais, ou en tout cas descendons des singes, comme le soutiendrait tout biologiste, nous naissons avec une large gamme de tendances, allant des plus viles aux plus nobles. Loin d’être une création de l’imagination, notre morale découle du processus de sélection qui a façonné notre côté compétitif et agressif.
Commenter  J’apprécie          10
Ce « faire semblant » dans le jeu ou entre rivaux politiques explique, entre autres, mes réticences à l’égard de la théorie qui réduit les animaux à des acteurs aveugles. Au lieu d’être génétiquement programmés à boiter ou à rire au moment opportun, les grands singes ont une conscience aiguë de leur entourage. Comme les humains, ils soupèsent les nombreuses options qui s’offrent à eux et décident d’agir en fonction de la situation. ( …) dans le domaine social, où ils sont confrontés à des problèmes qu’ils connaissent depuis toujours, les grands singes donnent l’impression d’être à peu près aussi intelligents que nous.
Commenter  J’apprécie          10
Cette vision d’une morale solidement enracinée dans les émotions permet d’adhérer sans peine aux idées de Darwin et de Westermarck sur l’évolution, et d’être en désaccord avec ceux qui pensent que la culture et la religion fournissent la réponse. Les religions modernes n’ont que quelques milliers d’année. On imagine mal que la psychologie humaine ait été radicalement différente avant que les religions surgissent. Non pas que la religion et la culture n’ont aucun rôle à jouer, mais les éléments constitutifs de la morale précèdent clairement l’humanité. Nous les reconnaissons chez nos parents primates, l’empathie étant plus visible chez le bonobo, et la réciprocité chez le chimpanzé.

Commenter  J’apprécie          10
L'empathie est largement répandue chez les animaux. Elle va du mimétisme corporel - bâiller quand l'autre bâille - à la contagion affective, à travers laquelle l'individu fait écho à la peur ou à la joie qu'il perçoit chez autrui. Au plus haut niveau, nous trouvons la compassion et l'aide ciblée. Peut-être l'empathie a-t-elle atteint son apogée dans notre espèce, mais plusieurs autres animaux - et tout spécialement les grands singes, les dauphins et les éléphants - nous suivent de près. Ils comprennent suffisamment bien la détresse d'autrui pour offrir une assistance optimale.
Commenter  J’apprécie          10
Lors de moments chargés d’intense émotion, les grands singes peuvent se mettre dans la peau d’autrui. Peu d’animaux ont cette capacité. (…) C’est ce trait qui rend les singes anthropoïdes tellement plus semblables aux humains. Qu’est-ce qui distingue alors ces deux espèces des autres ? Une part de la réponse réside peut-être dans une plus grande conscience de soi, car il existe une autre distinction, connue depuis plus longtemps même que la consolation. Les grands singes sont les seuls primates, nous exceptés, à reconnaître leur image.
(…)
La conscience que nous avons de nous-mêmes modifie nos rapports avec les autres. A peu près au moment où ils se reconnaissent dans un miroir - entre dix-huit et vingt-quatre mois – les enfants mettent aussi en place une capacité d’aide tournée vers les besoins des autres. Leur développement correspond à la transformation qui s’est opérée au cours de notre évolution : la reconnaissance de soi et les formes supérieures d’empathie sont apparues ensemble dans la branche conduisant aux humains et aux grands singes.

Commenter  J’apprécie          10



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Frans de Waal (443)Voir plus

Quiz Voir plus

Freud et les autres...

Combien y a-t-il de leçons sur la psychanalyse selon Freud ?

3
4
5
6

10 questions
435 lecteurs ont répondu
Thèmes : psychologie , psychanalyse , sciences humainesCréer un quiz sur cet auteur

{* *}