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Citations de Gaëlle Nohant (823)


Violaine de Raezal se disait que s'il était un bonheur possible sur cette terre, on ne pouvait y accéder qu'en laissant mourir certaines choses en soi. Toutes ces choses lourdes et encombrantes qui étaient un grenier plein d'objets cassés et poussiéreux que l'on osait mettre au rebut, mais qui arrêtaient la lumière.
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Tout lire lui avait donné le vertige et une faim grandissante du monde. Elle y avait perdu le peu de déférence qu'on lui avait inculquée. Les livres lui avaient enseigné l'irrévérence et leurs auteurs, à aiguiser son regard sur ses semblables ; à percevoir au-delà des apparences, le subtil mouvement des êtres, ce qui s'échappait d'eux à leur insu et découvrait des petits morceaux d'âme à ceux qui savaient les voir. Mais la lecture avait aussi précipité sa chute. Quand elle entendait dire que les romans étaient de dangereux objets entre les mains d'une jeune fille, elle ne protestait plus. Puissants et dangereux, oui, car ils vous versaient dans la tête une liberté de penser qui vous décalait, vous poussait hors du cadre. On en sortait sans s'en rendre compte, on avait un pied dansant à l'extérieur et la cervelle enivrée, et quand on recouvrait ses esprits, il était trop tard. La terre était pleine de créatures saturées d'elles-mêmes qui prenaient plaisir à vous foudroyer pour les fautes qu'elles s'interdisaient, les libertés qu'elles prenaient dans l'ombre, les extases qui venaient mourir près d'elles sans qu'elles se soient permis d'y goûter. Châtier était le tonique qui ranimait leur coeur exsangue.
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La liberté avait le goût des endroits où on n'était pas encore allé.
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Combien de crimes et de massacres l'esprit peut-il absorber avant d'être empoisonné ? Parfois elle redoute de perdre toute confiance en ses frères humains. De ne plus voir qu'a travers le prisme des sociologues du génocide : de futurs assassins, une fraction de Résistants, et le restant de "bystanders" : des observateurs, oscillant de la trouille à la participation active aux larcins et aux meurtres. [...] A quoi bon s'échiner à rendre un nom à une victime, quand partout les hommes continuent à brutaliser, à exploiter, à détruire tout ce qu'ils touchent ?
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 Le temps que tu perds, c’est la vie de ceux qui attendent une réponse. Et cette vie est un fil fragile.
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Peut-être que la nature recouvre les traces pour les protéger, se dit Irène. Les arbres les plus solides se penchent pour en soutenir d'autres aux lignes tordues, ployées. La mémoire est gravée dans l'écorce, elle saigne jusqu'aux racines.
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Elle admet qu’elle n’a pas lésiné sur les pèlerinages mémoriels. Se sent obligée d’expliquer le contexte familial dans lequel Hanno a grandi, ses questionnements existentiels sur l’obéissance et le libre arbitre. Son fils est persuadé que tous les hommes peuvent devenir des meurtriers, dans certaines circonstances. Alors elle cherche des exemples de gens qui ont dit non, lui démontre qu’il n’y a pas de fatalité.
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"Et ces pleurs silencieux d'objets, à jamais abandonnés par leurs propriétaires. Avilis par des mains étrangères, comme des corps non enterrés qui n'ont personne pour s'occuper d'eux. Qui n'a jamais vu les sanglots d'objets morts n'a jamais rien vu ni entendu de triste."

Rachel AUERBACH,
extrait du poème "les sanglots des objets morts" traduit du yiddish (archives Ringelblum).
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- Parle- moi de lui, dit Agata.
- Il m'a appris la patience, répond-il.Quand on filme, il faut savoir attendre que quelque chose arrive.Quelque chose qu'on n'attendait pas, qui donne son sens à l'histoire qu'on est en train de raconter. Quand j'étais gamin, il m'emmenait sur les tournages. Le voir travailler me fascinait. Il était toujours aux aguets. Ça reste, ça. Même s'il n'est plus capable de tenir une caméra.


( p.393)
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- Mon mari est mort, lui confie la vieille dame.Il ne voulait pas que je parle du camp.Tout de suite il me coupe: "Tu es en vie, tu es rentrée.Maintenant il ne faut plus penser à tout ça. " Alors je ne disais plus rien, je voyais qu'il ne comprenait pas.
- Qu'est-ce qu' il ne comprenait pas ?
-...Je ne suis jamais rentrée du camp. J'y suis toujours.


( p.233)
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Même si on ne répare personne, songe Irène en s'essuyant les yeux, si l'on peut rendre à quelqu'un un peu de ce qui lui a été volé, sans bien savoir ce qu'on lui rend, rien n'est tout à fait perdu.
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Je ne cherche pas à atténuer sa responsabilité. Mais je ne peux m'empêcher de me demander ce que j'aurais fait à sa place, si on m'avait envoyé dans ce lieu atroce. Quelle était sa marge de manœuvre? Peut-on rester humain, dans un cadre où l'inhumanité est la règle ? Ces questions me hantent. Je ne reconnais pas la femme simple qui a pleuré de fierté le jour où j'ai réussi l'examen du barreau. Comme s'il y avait toujours eu deux Elsie, qui ne pouvaient coha-biter. Celle qui était enfermée dans la boîte a fini par détruire l'autre. Je voudrais préserver le souvenir de celle que nous avons aimée dans le cœur des miens.
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Ce sont des objets sans valeur marchande. les biens monnayables étaient dérobés sans retour. Ce sont les restes méprisés par les assassins, dont la modestie trahit celle de leurs propriétaires.
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Enfant, Constance avait développé le don de disparaitre en elle-même quand elle devinait, derrière le vibrato excédé de sa mère, sa volonté d'user de son autorité pour la réduire à l'obéissance.
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Une fourmi de dix-huit mètres
Avec un chapeau sur la tête
Ça n'existe pas, ça n'existe pas

Une fourmi traînant un char
Plein de pingouins et de canards
Ça n'existe pas, ça n'existe pas

Une fourmi parlant français
Parlant latin et javanais
Ça n'existe pas, ça n'existe pas
Et pourquoi… pourquoi pas
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Quand elle entendait dire que les romans étaient de dangereux objets entre les mains d’une jeune fille, elle ne protestait plus. Puissants et dangereux, oui, car ils vous versaient dans la tête une liberté de penser qui vous décalait, vous poussait hors du cadre.
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Quelquefois, se perdre peut être le seul moyen de se retrouver.
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Robert pense à ce proverbe africain qui raconte qu'il faut un village entier pour élever un enfant.
A Paris, en 1943, il faut tout un village pour cacher un enfant, le soustraire à la haine.
p429
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Je m'interroge sur le fait qu'ont les hommes de se fabriquer des inférieurs, sous toutes les latitudes.
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Notre enfant me façonnait, m'apprenait à être sa mère. J'étudiais passionnément ses changements infimes, la nouveauté d'un geste, un regard mieux dirigé, le tremblement d'un rêve pris dans les cils. Il m'obligeait à être là, sans dérobade. (p. 117)
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