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Citations de Gaston Bachelard (544)


Ce que nous croyons nos pensées fondamentales sur le monde sont souvent des confidences sur la jeunesse de notre esprit.
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Je retrouve toujours la même mélancolie devant les eaux dormantes, une mélancolie très spéciale qui a la couleur d’une mare dans une forêt humide, une mélancolie sans oppression, songeuse, lente, calme. Un détail infime de la vie des eaux devient souvent pour moi un symbole psychologique essentiel. Ainsi l’odeur de la menthe aquatique appelle en moi une sorte de correspondance ontologique qui me fait croire que la vie est un simple arôme, que la vie émane de l’être comme une odeur émane de la substance, que la plante du ruisseau doit émettre l’âme de l’eau... S’il me fallait revivre à mon compte le mythe philosophique de la statue de Condillac qui trouve le premier univers et la première conscience dans les odeurs, au lieu de dire comme elle : « Je suis odeur de rose », je devrais dire « je suis d’abord odeur de menthe, odeur de la menthe des eaux ». Car l’être est avant tout un éveil et il s’éveille dans la conscience d’une impression extraordinaire. L’individu n’est pas la somme de ses impressions générales, il est la somme de ses impressions singulières. Ainsi se créent en nous les mystères familiers qui se désignent en de rares symboles. C’est près de l’eau et de ses fleurs que j’ai le mieux compris que la rêverie est un univers en émanation, un souffle odorant qui sort des choses par l’intermédiaire d’un rêveur. Si je veux étudier la vie des images de l’eau, il me faut donc rendre leur rôle dominant à la rivière et aux sources de mon pays.

Je suis né dans un pays de ruisseaux et de rivières, dans un coin de la Champagne vallonnée, dans le Vallage, ainsi nommé à cause du grand nombre de ses vallons. La plus belle des demeures serait pour moi au creux d’un vallon, au bord d’une eau vive, dans l’ombre courte des saules et des osières. Et quand octobre viendrait, avec ses brumes sur la rivière...

Mon plaisir est encore d’accompagner le ruisseau, de marcher le long des berges, dans le bon sens, dans le sens de l’eau qui coule, de l’eau qui mène la vie ailleurs, au village voisin. Mon « ailleurs » ne va pas plus loin. J’avais presque trente ans quand j’ai vu l’Océan pour la première fois. Aussi, dans ce livre, je parlerai mal de la mer, j’en parlerai indirectement en écoutant ce qu’en disent les livres des poètes, j’en parlerai en restant sous l’influence des poncifs scolaires relatifs à l’infini. En ce qui touche ma rêverie, ce n’est pas l’infini que je trouve dans les eaux, c’est la profondeur. D’ailleurs, Baudelaire ne dit-il pas que six à sept lieues représentent pour l’homme rêvant devant la mer le rayon de l’infini ? (Journaux intimes, p. 79). Le Vallage a dix-huit lieues de long et douze de large. C’est donc un monde. Je ne le connais pas tout entier : je n’ai pas suivi toutes ses rivières.

Mais le pays natal est moins une étendue qu’une matière ; c’est un granit ou une terre, un vent ou une sécheresse, une eau ou une lumière. C’est en lui que nous matérialisons nos rêveries ; c’est par lui que [12] notre rêve prend sa juste substance ; c’est à lui que nous demandons notre couleur fondamentale. En rêvant près de la rivière, j’ai voué mon imagination à l’eau, à l’eau verte et claire, à l’eau qui verdit les prés. Je ne puis m’asseoir près d’un ruisseau sans tomber dans une rêverie profonde, sans revoir mon bonheur... Il n’est pas nécessaire que ce soit le ruisseau de chez nous, l’eau de chez nous. L’eau anonyme sait tous mes secrets. Le même souvenir sort de toutes les fontaines.
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Le feu est l'ultra-vivant. Le feu est intime et universel. Il vit dans notre cœur. il vit dans le ciel. Il monte des profondeurs de la substance et s'offre comme un amour.
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Comment être objectif devant un livre qu'on aime, qu'on a aimé, qu'on a lu dans plusieurs âges de la vie ? Un tel livre a un passé de lecture. En le relisant on n'a pas toujours souffert à la même page. On ne souffre plus de la même manière - et surtout on n'espère plus avec la même intensité dans toutes les saisons d'une vie de lecture. Peut-on même revivre les espérances de la première lecture quand on sait maintenant que Félix trahira ? Les quêtes en animus et en anima ne donnent pas à tous les âges d'une vie de lecteur les mêmes richesses. Les grands livres surtout restent psychologiquement vivants. On n'a jamais fini de les lire.
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Enfermé dans l'être, il faudra toujours en sortir. À peine sorti de l'être, il faudra toujours y rentrer. Ainsi dans l'être, tout est circuit, tout est détour, retour, discours. [...] Ainsi, l'être spiralé, qui se désigne extérieurement comme un centre bien investi jamais n'atteindra son centre. L'être de l'homme est un être defixé.
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Tout ce qui est simple, tout ce qui est fort en nous, tout ce qui est durable même, est le don d'un instant.
On se souvient d'avoir été, on ne se souvient pas d'avoir duré
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Si je lève les yeux du livre pour regarder la chandelle, au lieu d'étudier, je rêve.
Alors les heures ondulent dans la solitaire veillée. Les heures ondulent entre la responsabilité d'un savoir et la liberté des rêveries, cette trop facile liberté d'un homme solitaire.
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Le rêve est une cosmogonie d'un soir. Toutes les nuits le rêveur recommence le monde. Tout être qui sait se détacher des soucis de la journée, qui sait donner à sa rêverie tous les pouvoirs de la solitude, rend la rêverie à sa fonction cosmogonique.
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Le limon est la poussière de l’eau, comme la cendre est la poussière du feu. Cendre, limon, fumée donneront des images qui échangeront sans fin leur matière.
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« C’est la vie même et la vie seule qui peut être plus que la vie. La vie nommée. Le langage est un mode d’existence. C’est en lui que se joue la découverte. Il ne reproduit pas le monde, il le produit. Ce qu’il porte n’existe pas en dehors de lui, avant lui. Il ne s’ajoute pas à la vie, il y ajoute. Et c’est la vie et toujours la vie qui en lui s’ajoute à la vie. »
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Ainsi le poète, par la multiplicité des images, nous rend sensibles aux puissances des divers refuges. Mais il ajoute tout de suite aux images foisonnantes un signe de modération. « Il est inutile, continue Hugo, d'avertir le lecteur de ne pas prendre à la lettre les figures que nous sommes obligé d'employer ici pour exprimer cet assouplissement singulier, symétrique, immédiat, presque consubstantiel d'un homme
et d'un édifice. »
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Dans les poèmes se manifestent des forces qui ne passent pas par les circuits d’un savoir. Les dialectiques de l’inspiration et du talent s’éclairent si l’on en considère les deux pôles : l’âme et l’esprit. 
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"Le voluptueux balancement d'une barque invite vaguement les pensées qui flottent dans une âme."

Balzac.
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Gaston Bachelard
Enfants, on nous montre tant de choses que nous perdons le sens profond de Voir. Voir et montrer sont phénoménologiquement en violente antithèse. Et comment les adultes nous montreraient-ils le monde qu'ils ont perdu!
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L'introduction d'éléments légèrement nouveaux dans notre manière d'agir nous est avantageuse : le nouveau se fond alors avec l'ancien et cela nous aide à supporter la monotonie de notre action. Mais si l'élément nouveau nous est trop étranger, la fusion de l'ancien avec le nouveau ne se fait pas, car la Nature semble avoir en égale horreur toute déviation trop grande de notre pratique ordinaire et l'absence de toute déviation.
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La pensée rationnelle trop droite risque cependant l'entêtement. Elle peut conduire l'évolution à une impasse. Suivant l'amusante expression de Korzybski la tête humaine est alors un durillon, "a cosmic corn". Opinion qui confirme la belle pensée de Paul Valéry : "On pense comme on se heurte." Il faut alors se reprendre et c'est cette reprise que va réaliser le non-aristotélisme éduqué.
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« le possible est une tentation que le réel finit toujours par accepter ».
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Nietzsche a instruit patiemment sa volonté de puissance par ses longues marches dans la montagne, par sa vie en plein vent sur les sommets. Sur les sommets, il a aimé : « L'âpre divinité de la roche sauvage ». La pensée dans le vent ; il a fait de la marche un combat. Mieux, la marche est son combat. C'est elle qui donne le rythme énergétique de Zarathoustra. Zarathoustra ne parle pas assis, il ne parle pas en se promenant, comme un péripatéticien. Il donne sa doctrine en marchant énergiquement. Il la jette aux quatre vents du ciel.
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La conquête du superflu donne une excitation spirituelle plus grande que la conquête du nécessaire.
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Notre siècle de sottise utilitaire cherche toujours une eau pour abreuver ses boeufs.
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