Citations de Gaston Bachelard (544)
La pensée du chimiste nous paraît, en effet, osciller entre le pluralisme, d'une part, et la réduction de la pluralité d'autre part. Ainsi on voit d'abord que la chimie n'hésite pas à multiplier les substances élémentaires, à considérer des composés hétérogènes, livrés souvent au hasard de l'expérience. C'est là le premier temps de la découverte. Puis une sorte de scrupule intervient et l'on sent le besoin d'un principe de cohérence, tant pour comprendre les propriétés des substances composées que pour saisir le vrai caractère des substances élémentaires.
Imaginer c'est s'absenter, c'est s'élancer vers une vie nouvelle.
L'individu n'est pas la somme de ses impressions générales, il est la somme de ses impressions singulières.
Ce qui coordonne le monde ce ne sont pas les forces du passé, c'est l'harmonie tout en tension que le monde va réaliser.
La poésie apparaît comme un phénomène de la liberté
Le rêveur devient la figure de l'homme total, celui par qui la science trouve peut-être le chemin des cœurs.
L’homme est une création du désir, non pas une création du besoin.
La psychanalyse du feu, 1937
Nous connaissons tous cette zone moyenne où les songes nourrissent nos pensées et où nos pensées éclairent nos sens... Nous sommes des dormeurs éveillés, des rêveurs lucides, nous vivons un instant comme si la dimension humaine s'était agrandie en nous. Nous nous expliquons notre propre mystère.
Il suffit que nous parlions d'un objet pour nous croire objectifs.
Le monde est beau avant d'être vrai. Le monde est admiré avant d'être vérifié.
Imaginer , c'est hausser le réel d'un ton.
Accomplis-toi dans ta lumière astrale ! Surgis ! Moissonne ! Monte ! Deviens ta propre fleur !
Villiers de l'Isle Adam
"Pour moi, rêveur de mots, le mot ampoule prête à rire. Jamais l’ampoule ne peut être assez familière pour recevoir l’adjectif possessif. Qui peut dire maintenant : mon ampoule électrique comme il disait jadis : ma lampe ? (…)
L’ampoule électrique ne nous donnera jamais les rêveries de cette lampe vivante qui, avec de l’huile, faisait de la lumière. Nous sommes entrés dans l’ère de la lumière administrée. Notre seul rôle est de tourner un commutateur. (…) Nous ne pouvons pas profiter de cet acte pour nous constituer, en un orgueil légitime, comme le sujet du verbe allumer."
La contemplation de la flamme pérennise une rêverie première. Elle nous détache du monde et elle agrandit le monde du rêveur. La flamme est à elle seule une grande présence, mais, près d'elle, on va rêver loin, trop loin : « On se perd en rêveries. » La flamme est là, menue et chétive, luttant pour maintenir son être, et le rêveur s'en va rêver ailleurs, perdant son propre être, en rêvant grand, trop grand — en rêvant au monde.
Tout ce qui monte recèle les forces de la profondeur.
Si mon être ne prend conscience de soi que dans l'instant présent, comment ne pas voir que l'instant présent est le seul domaine dans lequel la réalité s'éprouve ?
Le feu et la chaleur fournissent des moyens d’explication dans les domaines les plus variés parce qu’ils sont pour nous l’occasion de souvenirs impérissables, d’expériences personnelles simples et décisives. Le feu est ainsi un phénomène privilégié qui peut tout expliquer. Si tout ce qui change lentement s’explique par la vie, tout ce qui change vite s’explique par le feu. Le feu est l’ultra-vivant. Le feu est intime et il est universel. Il vit dans notre coeur. Il vit dans le ciel. Il monte des profondeurs de la substance et s’offre comme un amour.
L'homme est une création du désir, non pas une création du besoin.
Aussi haut qu'on puisse remonter, la valeur gastronomique prime la valeur alimentaire et c'est dans la joie et non pas dans la peine que l'homme a trouvé son esprit. La conquête du superflu donne une excitation spirituelle plus grande que la conquête du nécessaire.
L'homme est une création du désir, non pas une création du besoin.
De toute évidence, l’alcool est un facteur de langage. Il enrichit le vocabulaire et libère la syntaxe.