Cosmologie de la flamme. Qui mieux que
Bachelard peut verser toute la verticalité ruisselante d'une flamme dans le transport de son voyage poétique ? Une flamme, ...la lumière n'est pas faite, mais le monde s'éclaire. Une flamme, ...le clair et l'obscur s'entremêlent et échangent le bruissement de leurs parfums. L'alchimie du rêve se produit, et nous élève . Qui mieux que
Bachelard pour nous parler de la solitude du poète face à une flamme comme il nous conterait de la solitude de l'alpiniste face à un sommet. Verticalité de l'élan, dépassement de l'être, ascension du rêve. Qui mieux que
Bachelard pour nous dire la fragilité du rêve, de son geste, de sa pensée, nous parler de la mémoire, de l'image, de cet autrefois de notre ici, de ces maintenant de nos ailleurs.
A sa table d'existence voilà la flamme qui éclaire un humain, un songeant, un pensant peut être, un rêveur, ce premier de cordée du poème . Lueur vacillante, mais lueur essentielle. le poète veille à ne point voir la flamme s'éteindre. Ni brûlure, ni douleur, la lueur bienveillante porte son ombre, flamme messagère, flamme témoin, flamme relais, la flamme partage, flamme voyage hors la nuit des naufrages.
Flamme confidente pour dire l'au-delà de ce que nous voyons dans la lumière crue des vérités projetées et des réalités électrisantes, dire l'existence, sa possibilité, en nuances, en silence, en danses, en syncopée, au rythme d'un temps que l'on refuse de consommer ;.. alors on laisse la mèche prendre souffle, et l'on accepte de la voir se consumer. Et l'on regarde dans le regard d'une flamme les oiseaux du feu s'envoler comme on voit des rêves éclairer le ciel. Ni blanc foudroyant, ni noir aveuglant, juste une demie-teinte qui donnerait aux mots l'espoir de retrouver les notes exactes de leur sérénité .
Bachelard est à sa table, il tient le livre, et sous sa lampe, le soir fait son entrée, l'automne est là, le philosophe nous fait signe, il serait temps de nous en rapprocher.
Astrid Shriqui Garain