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Critiques de Georg Büchner (27)
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La Mort de Danton

Georg Büchner - La Mort de Danton - 1835 : Danton le tribun est épuisé par deux années de révolution qui l'ont vu combattre à l'assemblée nationale les partisans d'une dictature populaire armée. Mais les mots ne peuvent plus rien contre la guillotine dressée comme un instrument d'épuration par Robespierre et ses amis. La terreur noie les idéaux de l'an 1 dans un bain de sang qui s'étend de la conciergerie à la place de la révolution. Alors que ses camarades le pressent de se pourvoir encore une fois contre l’incorruptible, lui décide de laisser faire l'indicible préférant suivant ses mots "être guillotiné que guillotineur". Ce texte sous forme de pièce de théâtre avait la force d'un manifeste, il actait la détermination d'un homme bien décidé à donner une belle mort à l'histoire de France. Mais cette désinvolture devant l'impossible n'était pas partagée par l'ensemble de ses coreligionnaires. Car ce drame qui mélangeait exaltation et résignation épongeait l'esprit de quelques hommes désemparés devant leur mort prochaine. Georg Buchner qui s'était beaucoup inspiré de la littérature historique française pour écrire sa pièce incorporait nombre d'anonymes à sa trame la rendant ainsi plus abordable et authentique. L'écrivain allemand avait compris que le peuple était dépositaire de cette révolution qui se nourrissait des besoins sanglants de la populace. Malgré les massacres incessants et les innocents de plus en plus nombreux à être culbutés dans la tombe, la foule était toujours aussi fournie au passage des tombereaux remplis de condamnés et peu lui importait que les héros d'hier soient les sacrifiés d’aujourd’hui. Rien ne pouvait sauver les Danton, Lacroix ou Camille Desmoulins, même pas l'amour de leurs compagnes qui mourront pour la plupart sur l'échafaud à la suite de leurs illustres conjoints. Ce livre par son éloignement évitait les passions domestiques. Il ne prenait pas partie mais se contentait de décrire les émotions d'hommes et de femmes emportés par la folie d'événements qu'ils ne contrôlaient plus... un texte implacable.
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Woyzeck

Woyzeck est la toute dernière pièce de Georg Büchner. On peut même considérer qu'elle est encore inachevée. Certes, tous ou presque tous les ingrédients y sont, mais il y manque la dernière main, une sorte de liant, que la mort rapide de son auteur due au typhus l'empêcha d'y mettre.



Woyzeck est l'histoire presque réelle inspirée d'un véritable Johann Christian Woyzeck, mais remaniée et combinée avec celle de deux ou trois autres cas de meurtriers pour lesquels, comme pour Woyzeck, la question de la santé mentale et donc la responsabilité dans les actes pouvait être mise en doute.



Il n'est pas fou ce Woyzeck, pas fou au sens commun, mais légèrement dérangé à certains moments, ça oui, sûrement. Toute la question est de savoir si dérangement il y a au moment des actes et si la personne est responsable, notamment à l'heure d'un éventuel jugement. Cette question reste toujours d'actualité et est régulièrement débattue et ré-amendée dans les textes de loi.



L'environnement social et le niveau de pauvreté sont également des éléments à prendre en considération et c'est ce que n'oublie pas de nous faire sentir Büchner.



De plus, un peu à la manière d'une Virginia Woolf quelques décennies plus tard, l'auteur nous interpelle sur la responsabilité des médecins, qui semblent plus soucieux d'étudier le cas, de l'analyser en tant que patient et de le comprendre scientifiquement parlant plutôt que de lui venir en aide et d'éprouver une quelconque empathie en tant qu'être humain doué de sensibilité et d'un psychisme.



Le contexte est tout à fait contemporain de la période d'écriture, c'est-à-dire les années 1830, dans les petites villes de garnison, voire des villes assez importantes de province, celles du genre où Georg Büchner avait lui-même l'habitude de séjourner.



On rencontre donc le soldat Woyzeck, brave type mais un peu dérangé, qui croit parfois entendre des voix sous terre, qui partage son temps entre les tâches subalternes auxquelles il est affecté dans sa garnison et à aller tenir compagnie à la jolie Marie, femme de vertu ambiguë qui lui a donné un fils.



Pour améliorer son quotidien (et surtout celui de Marie qu'il entretient), Woyzeck a accepté moyennant quelques dédommagements d'être le cobaye d'un docteur qui effectue des expériences nutritionnelles sur lui et en étudie les effets physiques ou psychiques.



Pendant ce temps, Marie fait de l'œil à un beau tambour-major à la virilité irréprochable...



Cette pièce est intéressante mais souffre à mon sens de son inachèvement. Pas d'acte ni de scène, seulement des tableaux, qui rendent l'action très discontinue et parfois un peu difficile à suivre. Certaines précisions essentielles sont malheureusement manquantes et même si l'auteur avait eu l'intention de créer des discontinuités, il aurait probablement pris soin d'apporter telle ou telle précision, voire, peut-être d'écrire certaines scènes ou certains tableaux supplémentaires car bien que la fin puisse paraître acceptable et correcte en l'état (c'est-à-dire une fin ouverte) je doute qu'il aurait borné son propos à cela.



Donc une bonne pièce en devenir mais qui ne deviendra jamais à mes yeux une bonne pièce tout court faute d'avoir été parachevée de la main de son brillant auteur avec les intentions qui étaient les siennes. Mais ce n'est bien sûr qu'un avis, c'est-à-dire pas grand-chose.
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La Mort de Danton - Léonce et Léna - Woyzeck - ..

Écrite en 1835, alors que l’auteur a à peine 22 ans, la pièce est publiée la même année, mais elle ne connaîtra sa première représentation sur scène qu’en 1902. Il faut dire que l’auteur est mort deux ans après, et que ses activités révolutionnaires le rendaient suspect aux autorités politiques de son temps. Ce n’est que vers la fin du XIXe siècle qu’il est reconnu comme un écrivain important, grâce en particulier à sa pièce pourtant inachevée, Woyzeck, et à La mort de Danton.



L’action de la mort de Danton se déroule en 1794, pendant la Terreur. La France est en guerre, la Révolution fait face aux armées étrangères ainsi qu’à des résistances intérieures, comme la guerre de Vendée. Mais il y a aussi les luttes de factions parmi les révolutionnaires. L’exécution des Girondins en 1793, est suivie au début de l’année 1794 par celle des hébertistes. Les proches de Danton, ou les indulgents, sentent monter le danger autour de leurs personnes, ils pourraient être les suivants sur la listes du Comité du Salut publique dominé par Robespierre. Ils tentent de mettre en garde Danton, et lui faire reprendre l’offensive. Mais ce dernier n’est pas décidé à réagir, perdu dans ses plaisirs, dans une forme d’indolence, teintée de culpabilité. L’histoire est en marche, Robespierre et Saint-Just sont décidés à en finir avec ceux qu’ils trouvent trop indécis.



Il y a en quelque sorte trois forces en présence. Danton et ses amis, Robespierre et ceux qui l’appuient, et le peuple. Ce dernier est toutefois en retrait, plus spectateur que véritablement acteur, et surtout il se laisse manipuler, par celui qui sait toucher la bonne corde au bon moment. Même si ce qui se passe est censé se faire en son nom. L’opposition entre les deux factions politiques est plus une opposition entre deux personnalités que vraiment deux pensées politiques en tant que telles. Robespierre qui revendique une vertu poussée à son extrême, refuse toute forme de plaisir, de bonheur, revendique un ascétisme extrême qui frise le masochisme. A l’opposé, Danton vit dans la recherche du plaisir à tout prix, dans une forme de fuite en avant, qui ressemble à de l’auto-destruction. Il se refuse de réagir, attend, répète « ils n’oseront pas ». Ne se met en branle que lorsqu’il est trop tard. A l’opposé Robespierre a tout d’une machine implacable, qui poursuit son but sans relâche, sans aucun doute sur sa légitimité.



C’est un objet étrange que cette pièce, avec ses personnages innombrables, ses différentes thématiques. Elle laisse une sensation de chaos, sans fournir de fil directeur. Les événements représentés semblent échapper à la maîtrise des hommes, la machine une fois lancée, ne peut plus être stoppée. La violence est par moments insupportable, suffocante, sans alternative. Une question de sens se pose. Parce que, bien que l’auteur reprenne des citations des personnages historiques qu’il met en scène, il n’y a pas à mon sens de véritable vision politique qui apparaisse clairement. Tout semble confus, y compris pour ceux qui sont censés mener les événements.



Mais dépeindre cette confusion, cette difficulté à mettre en place des institutions, un fonctionnement social, définir un objectif commun, était peut-être le but de l’auteur.

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Woyzeck

Déprimante vie de Woyzeck, qui ne mange que des fayots, se soumettant aux expérimentations du Docteur pour gagner trois sous de plus par jour, pour Marie. Le docteur est content et va même l'augmenter, les symptômes qu'il observe le ravissent, il diagnostique avec enthousiasme une "magnifique aberratio mentalis partialis du deuxième type, nettement caractérisée".

Est-ce une conséquence de son alimentation? Woyzeck voit une fournaise au-dessus de la ville, une grande flamme déchirer le ciel, quelque chose s'écrouler dans un fracas de trompettes, il entend souvent une voix terrible "quand le soleil est au midi et que le monde a l'air de s'en aller en flammes" et le silence aussi -"Tout est silence, comme si le monde était mort."

Pauvre Woyzeck, la belle Marie, c'est tout ce qu'il a au monde, mais la belle Marie s'amuse avec le tambour-major.

Nourrie aux fayots et aux humiliations, l'humanité de notre soldat cocu n'est pas des plus reluisantes - "il s'agit évidemment d'un stade de transition entre l'homme et la bête", dit le docteur.



Une oeuvre forte, très sombre, cruelle, belle de ce rythme saccadé qui aurait sans doute été différent si Büchner avait pu achever sa pièce, d'un mélange troublant entre quelque chose d'assez poétique, le réalisme du fait divers et une dureté désespérée.
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Lenz

Lenz est un fou. Lenz quitte un jour la ville pour la montagne, et trouve asile dans un village auprès du pasteur. Comme la fuite d'une société humaine trop conformiste, trop dévote, trop matérielle. Et peu à peu il se retire des hommes, prisonnier de cauchemars, de visions, d'hallucinations qui le conduisent à la folie. Lenz vécut bel et bien, et Büchner nous raconte ici une courte période de sa vie, en faisant une trajectoire inexorable vers la folie. Une sorte de métamorphose kafkaïenne à l'éopque de Goethe. Car dans une langue tout à fait romantique, imagée, tournée vers la nature, il y a de cette veine à la Kafka, où l'homme se trouve prisonnier de lui-même, sans autre refuge que le tourment. Je recommande vivement ce petit livre.
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La Mort de Danton

Danton aime Julie, et se fond dans la luxure. Arrivent Philippeau et Camille Desmoulins : Robespierre fait encore guillotiner vingt personnes. Ils veulent une amnistie et la réintégration des députés exclus, une république. Il les renvoie à leurs chères études. Pendant ce temps, le peuple a faim. Robespierre et les Jacobins leur offrent des têtes d'aristocrates. Collot d'Herbois s'oppose à Robespierre qui, au nom de la vertu veut s'en prendre à Danton, qu'il compare à Catilina. Legendre, se sentant coupable d'avoir poussé Robespierre à l'extrême, et Lacroix recherchent Danton, qui pense qu'il n'osera pas : il va le voir. Puis Saint Just le convainc de faire arrêter Danton, Lacroix, Philippeau, Camille Desmoulins et Hérault-Séchelles. Danton ne veut pas partir et affirme toujours que les Jacobins n'oseront pas l'exécuter. Devant les députés, Legendre demande que Danton ait le droit de se défendre en étant entendu publiquement. Mais Robespierre et Saint Just retournent l'assemblée. Danton, Lacroix, Philippeau, Hérault-Séchelles et Camille Desmoulins sont arrêtés. Danton est applaudi devant le tribunal révolutionnaire. Saint Just et Fouquier-Tinville utilisent un faux complot selon lequel les femmes de Danton et Desmoulins lancent de l'argent au peuple et une mutinerie serait en cours à la prison. Le procès est accéléré, le verdict est déjà garanti par les jurés triés sur le volet. Tous sont exécutés. Julie se suicide. Lucile, compagne de Camille Desmoulins, crie "Vive le roi!" et se fait arrêter.

Büchner n'est pas très connu de ce côté du Rhin. Il fut révolutionnaire en Allemagne, mis en état d'arrestation et, réfugié, il vécut pourtant à Strasbourg avant d'aller étudier à Zürich. Son portrait de la Révolution française, écrit au péril au moins de sa liberté, n'est guère flatteur : il prend nettement parti pour Danton, débauché, adepte du vice et de la luxure mais modéré face à Robespierre, un nouveau Caton, fou de vertu mais assoiffé de sang. Au fond, il en ressort une misanthropie assez profonde, presque prophétique pour celui qui est mort du typhus à vingt-trois ans auteur d'une œuvre loin d'être négligeable.
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Léonce et Léna

Texte écrit au début du 19 ème siècle et cependant visionnaire.

Les personnages des amoureux Léonce et Léna sont prisonniers d'un univers d'automates et sont en proie à un inconsolable dégoût de vivre ; ils ressemblent en cela beaucoup à la jeunesse actuelle obsédée par les jeux vidéos, les relations virtuelles ...

Sous couvert d'une comédie souriante, une histoire d'amour qui ressemble un peu à un conte de fée et se termine en happy end , Georg Büchner en profite pour dénoncer la comédie du pouvoir, la représentation telle que ceux qui nous gouvernent voudraient faire prendre pour la réalité.

C'est une comédie humaine désenchantée, croqué au vitriol par un excellent écrivain (et traducteur bien sûr) hantée par la perspective de la folie.

J'ai étudié ce livre lors de mes études et j'ai eu l'occasion de voir au théâtre des interprétations magistrales.

Je conseille la lecture de cette pièce qui préfigure l'expressionnisme allemand et le surréalisme.
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Woyzeck

Qui est Woyzeck? Un fou, un malheureux, un simple jouet du destin? Toutes ces réponses? Victime de la méchanceté du monde, il n'est qu'un pion dans ce système d'exploitation. On y voit la déshumanisation à son meilleur. Tous ses malheurs le poussent au meurtre. Meurtre qu'il ne comprend peut-être pas lui-même. Est-ce une affirmation de soi? Une pure folie? Un crime passionnel? Comment trouver l'amour quand l'on ne connait que la méchanceté? Sa démence semble éclairée par une étrange lueur mystique. On y voit la critique d'un système arrogant qui se nourrit des petites gens. Une sublime critique sociale. Woyzeck a aussi une obsession pour les motifs religieux. Peut-être tue-t-il pour rétablir l'ordre détruite par le péché de Marie, pour faire justice? Est-il le bras du Dieu Vengeur? C'est une pièce qui suggère énormément et qui offre peu de réponses. Pièce qui me trouble encore...
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Lenz - Monsieur L - Le Dialogue dans la mon..

Mes dix mots inspirés par cette lecture :

- Esthétisme

- Romantisme (allemand)

- Inquiétant

- Nuit

- Paysage (mental)

- Visions

- Mysticisme

- Démence

- Horla

- Rodolphe (Burger)
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Lenz

Lenz ne se sent pas très bien, il a du vague à l’âme, il est tourmenté. Aussi, afin de soigner son mal de vivre Lenz le poète suicidaire s'en va, de l'autre côté de la montagne, rejoindre un ami pasteur. Celui-ci saura-t-il guérir son âme en peine ? Lenz le pense et l’espère, mais peu à peu ce dernier se noiera dans ses cauchemars, s’y perdra tel un fou qui ne distingue plus le réel de l’illusion. Aussi, l'apaisement tant attendu finira par devenir pour Lenz une essence invisible et inaccessible.



L'écriture de Georg Büchner est impressionnante de justesse. Comment un écrivain de 22 ans a-t-il pu parler de la souffrance et des tourments humains avec autant de maturité ? Je suis admiratif… La plume de Georg Büchner est troublante, on se sent happé par le personnage qui nous entraîne dans sa folie. Les délires psychiques de Lenz semblent si présents qu'ils finissent par envoûter le lecteur empathique. Pour notre plus grand plaisir, l'auteur alterne les phrases longues et les phrases courtes dans un style à la fois lyrique et poétique. Peut-on parler de « Lenz » comme d'un roman poème ? Assurément ! Cependant, je devrais dire « nouvelle », car « Lenz » n'est pas un roman, mais un court texte d'environ cinquante pages à l’incroyable densité et intensité.



« Il continuait à marcher, insensible, et le chemin lui était indifférent, tantôt ça montait, tantôt ça descendait, il ne sentait pas de fatigue, seulement parfois ça lui était désagréable qu'il ne puisse pas marcher sur la tête. Au début il y avait une pression dans sa poitrine quand la pierraille sautait comme ça, que la forêt grise se secouait sous lui et que le brouillard tantôt avalait les formes, tantôt dévoilait à moitié les membres puissants ; il y avait une pression en lui, il cherchait quelque chose comme des rêves perdus, mais il ne trouvait rien. »



Dans une très intéressante préface, le traducteur Georges-Arthur Goldschmidt explique la difficulté de traduire un texte ou la sonorité ainsi que la rime font partie intégrante de l’œuvre. Comment traduire une œuvre sans en trahir le sens, tout en sauvegardant la poésie des phrases ? D’ailleurs, il s'agit là d'une édition bilingue, où le texte original fait face à la traduction française. Malheureusement, je n'ai absolument aucune notion d’allemand… De plus, le travail éditorial des éditions « Vagabonde » se poursuit en postface dans une très intéressante explication de texte…



Publié un an avant la mort de Georg Büchner à l'âge de 23 ans, « Lenz » est une histoire inspirée de la vie de Jakob Lenz, dramaturge allemand né en Lettonie. Ce dernier fut un ami de jeunesse de Goethe ainsi qu’un disciple d’Emmanuel Kant. « Lenz » est devenu sur le tard un classique de la littérature allemande du XIXe siècle.



« Lenz » est un très beau texte qui m'a subjugué… Je ne connaissais absolument pas l'œuvre de Georg Büchner emporté précipitamment par le typhus. Qui a déjà lu « Lenz » ? Qu'en avez-vous pensé ? Qui aime la littérature classique allemande du XIXe siècle ? Quel autre auteur allemand de cette époque pouvez-vous me conseiller ?


Lien : http://deslivresetdesfilms.c..
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La Mort de Danton

Une des meilleures pièces sur la Terreur quoi que très romancée.Danton y est dépeint en jouisseur manipulé par un Robespierre jaloux et sec.On y voit la dérive du fanatisme politique dans un style très romantique et pessimiste.

Une oeuvre qui respire un idéalisme juvénile.
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La Mort de Danton

An II de la République. La misère enfle dans Paris, les sans-culottes protestent, les députés font l'amour, et dans le secret de son cabinet, Robespierre prépare la mort de Danton, le seul qui lui fait encore de l'ombre dans cette révolution qui s'achemine de plus en plus vers une dictature. Ce n'est plus le temps du débat parlementaire, mais celui d'un duel par les mots entre deux hommes, ou plutôt entre deux clans.

Büchner est un romantique allemand, il a donc une vision un peu différente de celle des romantiques français : il ne célèbre pas la grandeur du peuple français comme Michelet, ni la marche du progrès au milieu des décombres comme Victor Hugo ; il n'est pas non plus fasciné par les flots de sang de la guillotine comme Anatole France. Büchner s'intéresse au peuple, le petit peuple dans sa vie quotidienne et ses souffrances. Il alterne ainsi les scènes de convention rassemblant les députés, à la trivialité de la rue lorsque deux prostituées se disputent.

Mais le grand personnage du roman reste Danton, avec pour scène culminante son entretien avec Robespierre. L'auteur s'appuie sur des phrases, des discours historiquement attestés. Danton n'est pas ici représenté dans sa hargne, dans sa fougue. Au contraire, c'est un héros fatigué, désabusé et mélancolique, un jouet du destin.

J'ai trouvé une très belle interprétation du personnage par Klaus Maria Brandauer au théâtre - un rôle qu'il connaît bien puisqu'il a joué Danton dans le film La Révolution française de 1789.
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La Mort de Danton

La Révolution française inspira nombre d'oeuvres artistiques .littérature,peinture,plus tard cinéma y puisèrent des arguments mais le théâtre assez peu. Cette pièce , l'un des sommets de l'œuvre de Büchner (œuvre il est vrai aussi restreinte que fut brève sa vie) choisi de mettre en avant la lutte Danton /Robespierre pendant la Terreur (où l'Incorruptible joue le méchant comme souvent). L'auteur projette dans la pièce ses propres inquiétudes et angoisses sur l'action révolutionnaire ,lui qui fut militant et persécuté pour cela. Une pièce portant la marque du romantisme .
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La Mort de Danton

Une pièce très intéressante, par le choix même du sujet, peu banal pour une pièce de théâtre, surtout quand on pense qu'elle a été écrite seulement quarante ans après les faits et par un Allemand : Büchner montre une solide connaissance de la Révolution et se concentre sur des faits qui ne sont pas les plus connus de ces années là...

Comme l'indique le titre, la pièce met en scène la Terreur et la manière dont Robespierre s'est débarrassé un à un de tous ses ennemis, et donc ici de Danton et Desmoulins. Il y a de nombreux débats et réflexions politiques, que ce soit par les protagonistes ou par de simples citoyens mis en scène, mais ces réflexions tournent surtout autour de la question de tuer ou pas, de que faire de ses ennemis pour bien gouverner. Même si c'est une pièce assez "sérieuse" on retrouve de temps à autre le côté burlesque de Büchner, que l'on aura notamment dans Léonce et Léna. Comme dans cette pièce, les personnages s'interrogent aussi plus généralement sur le sens de la vie, et notamment ici avec l'opposition Danton/Robespierre, le bon vivant et l'Incorruptible.

Un classique à découvrir, très intéressant et facile à lire.
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Lenz

Troublant et touchant ! Un jeune poète cherche l’apaisement auprès d’un pasteur, mais sombre dans la folie. Un classique du 19è siècle sur 30 pages, une œuvre de jeunesse d’une grande intensité. D’ailleurs toutes les œuvres de Büchner sont de jeunesse, il est mort à 23 ans. Il parle de la souffrance sans être pesant, il donne voix à son empathie, très discrètement, entre les lignes. En contrepoint, des images de la nature d’une pureté de cristal. Lenz l’écrivain et Oberlin le pasteur ont vraiment existé, ils étaient contemporains de Goethe.



Attention spoiler …Malgré sa brièveté, cette œuvre a suscité de nombreuses interprétations.

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Lenz

Georg Büchner avait environ vingt-deux ans quand il a écrit cette ébauche, on ne sait pas s'il aurait continué, s'il n'était pas mort deux ans plus tard à peine. Le texte frappe immédiatement par son âpreté ; il fait froid, la fatigue et la désolation laissent place à la folie. Lenz se ronge de culpabilité, tout devient insurmontable, et cette torpeur est remarquablement décrite au sein d'une nature oppressante.
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Woyzeck

Il est surprenant d'apprendre que cette pièce fût écrite en 1836. Il y a tant de modernité dans son sujet et sa structure. Il est vrai que Georg Büchner n'a pas pu achever son drame, mais les manuscrits qu'il a laissé à la postérité n'ont pas souffert de l'empreinte du temps, contrairement aux pièces de Victor Hugo, par exemple. L'histoire de ce pauvre bougre de Woyzeck est sidérante, vive et terrible. La version proposée par les Editions Christian Bourgois tente de retranscrire au mieux les particularités langagières des classes populaires, comme s'adresser à un interlocuteur en employant la troisième personne au lieu de la deuxième. Elle tente aussi d'être la plus complète possible en croisant les divers manuscrits du dramaturge.
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Théâtre complet

Relecture de la Mort de Danton, texte sauvage, brutal, inexorable. Au moment où la Révolution bascule en dictature de la vertu, mais qui sait si Danton lui-même n'avait pas enclenché cette terrible machine. Il le dit lui-même, le Tribunal révolutionnaire devait éviter le meurtre, il devient finalement une machine que rien n'arrête. Danton doit mourir, donc, au nom de la vertu qui exige la Terreur, pour étancher une soif toujours plus grande. La pièce de Büchner met aussi en scène la dynamique des mots, d'un côté ceux qui envoient à la guillotine, de l'autre ceux que plus personne n'écoute.
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Woyzeck

Théâtre. Drame d'un sort humain touchant. Une fascinante technique de narration.
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Léonce et Léna

Une pièce peu connue et pourtant très intéressante ! D'apparence burlesque, cette comédie a en réalité une signification bien plus profonde et comporte des réflexions sur le sens de la vie, la nature, le sort des femmes... A travers son scénario de conte de fées, elle met en scène deux héros romantiques par excellence, souffrant du "mal du siècle" : ils s'ennuient et se demandent que faire de leur vie, veulent se rebeller mais vont finalement obéir sans le vouloir. Dans cette pièce, les dialogues complètement ridicules alternent avec des phrases belles et profondes, et c'est ce qui la rend unique !
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