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Citations de Georges Bernanos (989)


Presque au-dessus de sa tête, l'horloge bat à petits coups, comme un cœur. Il ferme un moment les yeux pour mieux l'entendre, vivre et respirer avec elle, l'antique aïeule sans âge, qui dispense à regret, depuis des siècles, l'impitoyable avenir.
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« Il n’y a pas de privilège, il n’y a que des services », telle était l’une des maximes fondamentales de notre ancien Droit. Mais un homme libre seul est capable de servir, le service est par sa nature même un acte volontaire, l’hommage qu’un homme libre fait de sa liberté à qui lui plaît, à ce qu’il juge au-dessus de lui, à ce qu’il aime.
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L'ennui, le médiocre ennui, haï de tous, l'ennui qu'on croit stérile est l'humus profond, gras et noir, où longtemps d'avance, le hasard sème le grain d'où germera la joie.
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Il faut savoir risquer la peur comme on risque la mort, le vrai courage est dans ce risque.
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On anéantit les Tyrans mais on n'anéantis pas du même coup l'esprit de servitude, et l'esprit de servitude fini tôt ou tard par triompher partout quand le citoyen préfère le confort à la liberté.
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L’être vulgaire ne se connaît lui-même qu’à travers le jugement d’autrui, c’est autrui qui lui donne son nom, ce nom sous lequel il vit et meurt, comme un navire sous un pavillon étranger. Donnez-moi votre main... (il la prit dans les siennes avec une sorte de méfiance et il la serrait à peine entre ses doigts comme s’il eût craint de blesser une bête fragile et farouche). Votre vie commence. Hélas ! que ne vous ai-je connu plus tôt ! Nous aurions ensemble couru le monde et pour un tel voyage il n’est pas besoin de boussole ni même de navire. Qui nous emporterait plus loin et plus sûrement que nos rêves ?... des rêves où nul autre que nous ne pénètre... Mais peu d’hommes savent rêver.
Rêver, c’est se mentir à soi-même, et pour se mentir à soi-même il faut d’abord apprendre à mentir à tous.
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L’humilité trempe les forts. Adroitement circonvenue, il arrive qu’elle épargne aux médiocres les affres de l’humiliation ou du moins qu’elle en adoucisse l’amertume.
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Tu es bien de cette race de gens qui, ayant donné deux sous à un vagabond, se scandalisent de ne pas le voir se précipiter chez le boulanger pour s'y bourrer du pain de la veille, que le commerçant lui aura d'ailleurs vendu pour du pain frais. A sa place, ils iraient aussi chez le marchand de vin, car un ventre misérable a plus besoin d'illusion que de pain.
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Les petites choses n'ont l'air de rien, mais elles donnent la paix.
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Chacun porte un jugement sur sa propre personne, mais il y entre peu de sincérité, qu’on le veuille ou non : c’est une image retouchée cent fois, un compromis. Car observer est une opération double ou triple de l’esprit, au lieu que voir est un acte simple. Je vous demande d’ouvrir les yeux avec ingénuité, de vous saisir du regard entre les hommes, de vous surprendre tel que vous êtes dans l’accomplissement de la vie.
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Georges Bernanos
Personne ne vous empêche de calculer la procession des équinoxes ou de désintégrer les atomes. Mais que vous servira de fabriquer la vie même, si l'on a perdu le sens même de la vie !
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Georges Bernanos
Dans ma famille catholique et royaliste, j’ai toujours entendu parler très librement et souvent très sévèrement des royalistes et des catholiques. Je crois toujours qu’on ne saurait réellement "servir" - au sens traditionnel de ce mot magnifique - qu’en gardant vis-à-vis de ce qu’on sert une indépendance de jugement absolue. C’est la règle des fidélités sans conformisme, c’est-à-dire des fidélités vivantes.
Note autobiographique, 1945
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Mon Dieu, il en est peut-être du péril comme de l'eau froide qui d'abord vous coupe le souffle et où l'on se trouve à l'aise dès qu'on y est rentré jusqu'au cou?
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Nous voyons aujourd'hui la spéculation exploiter avec une espèce de rage croissante les habitudes de l'homme. Elle en crée sans cesse de nouvelles - en même temps que les joujoux mécaniques que ses ingénieurs lui fournissent, et qu'elle jette inlassablement sur le marché. La plupart de ces besoins, constamment provoqués, entretenus, excités par cette forme abjecte de Propagande qui s'appelle la Publicité, tournent à la manie, au vice. La satisfaction quotidienne de ces vices portera toujours le nom modeste de confort, mais le confort ne sera plus ce qu'il était jadis, un embellissement de la vie par le superflu, le superflu devenant peu à peu l'indispensable, grâce à la contagion de l'exemple sur les jeunes cerveaux de chaque génération. Comment voulez-vous qu'un homme formé, dès les premières heures de sa vie consciente, à ces innombrables servitudes, attache finalement grand prix à son indépendance spirituelle vis-à-vis d'un système précisément organisé non seulement pour lui donner au plus bas prix ce confort, mais encore pour l'améliorer sans cesse ?
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Capitalistes, fascistes, marxistes, tous ces gens là se ressemblent. Les uns nient la liberté, les autres font encore semblant d'y croire, mais, qu'ils y croient ou n'y croient pas, cela n'a malheureusement plus beaucoup d'importance, puisqu'ils ne savent plus s'en servir. Hélas ! Le monde risque de perdre la liberté, de la perdre irréparablement, faute d'avoir gardé l'habitude de s'en servir...
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Oh ! non ! je ne méprise personne. Quoi que je fasse, moi-même je n’arriverais pas à me mépriser. Le mépris est le poison de la tristesse, monsieur La Pérouse. La tristesse bue, c’est lui qui reste au fond… une boue noire, amère. Et si malheureuse que je puisse être un jour, la tristesse n’aura pas de part en moi, jamais… Vous ne me faites plus peur, monsieur La Pérouse, ni vous, ni les autres. Jadis je craignais le mal ; non pas comme on doit le craindre, j’en avais horreur. Je sais à présent qu’il ne faut avoir horreur de rien. Une fille pieuse, qui entend sa messe, communie, cela vous paraît bien sot, bien puéril ; vous avez vite fait de nous prendre pour des innocentes… Hé bien, nous en savons parfois plus long sur le mal que bien des gens qui n’ont appris qu’à offenser Dieu. J’ai vu mourir un saint, moi qui vous parle, et ce n’est pas ce qu’on imagine, cela ne ressemble pas à ce qu’on lit dans les livres ; il faut tenir ferme là-devant : on sent craquer l’armure de l’âme. Alors, j’ai compris ce qu’était le péché… Le péché, nous sommes tous dedans, les uns pour en jouir, d’autres pour en souffrir, mais à la fin du compte, c’est le même pain que nous rompons au bord de la fontaine, en retenant notre salive, le même dégoût.
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Sans doute, elle n’ignorait pas le mal et n’avait jamais feint de l’ignorer, trop sensible et trop vive pour se dissimuler à soi-même, comme tant d’ingénues volontaires, certaines méfiances et certains dégoûts, mais sa droiture était la plus forte. Ce pressentiment du péché, de ses dégradations, de sa misère, restait vague, indéterminé, parce qu’il faut la déchirante expérience de l’admiration ou de l’amitié déçue pour nous livrer le secret tragique du mal, mettre à nu son ressort caché, cette hypocrisie fondamentale, non des attitudes, mais des intentions, qui fait de la vie de beaucoup d’hommes un drame hideux dont ils ont eux-mêmes perdu la clef, un prodige de duperie et d’artifice, une mort vivante. Mais qui peut décevoir celle qui croit d’avance ne posséder ni mériter rien, n’attend rien que de l’indulgence ou de la charité d’autrui ? Qui peut décevoir la joyeuse humilité ? L’agonie du vieux prêtre avait pourtant fait ce miracle.
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Après vingt siècles de christianisme, tonnerre de Dieu, il ne devrait plus y avoir honte à être pauvre. Ou bien, vous l’avez trahi votre Christ ! Je ne sors pas de là. Bon Dieu de bon Dieu ! Vous disposez de tout ce qu’il faut pour humilier le riche, le mettre au pas. Le riche a soif d’égards, et plus il est riche, plus il a soif.
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L'heure viendra cependant où dans un monde organisé pour le désespoir, prêcher l'espérance équivaudra tout juste à jeter un charbon enflammé au milieu d'un baril de poudre. Alors…
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[...] ... - "C'est moi," dit-elle.

Il se leva d'un bond, stupéfait. Un cri de tendresse, un mot de reproche eût sans doute fait éclater sa colère. Mais il la vit, toute droite et toute simple sur le seuil de la porte, en apparence à peine émue. Derrière elle, sur le gravier, remuait son ombre légère. Et il reconnut tout de suite le regard sérieux, impterturbable qu'il aimait tant et cette autre petite lueur aussi, insaisissable, au fond des prunelles pailletées. Ils se reconnurent tous les deux.

- "Après la visite du papa, la foudre suspendue sur ma tête - à une heure du matin chez moi - tu mériterais d'être battue !

- Dieu ! Que je suis fatiguée !" fit-elle. "Il y a une ornière dans l'avenue ; je suis tombée deux fois dedans. Je suis mouillée jusqu'aux genoux ... Donne-moi à boire, veux-tu ?"

Jusqu'alors, une parfaite intimité, et même quelque chose de plus, n'avait rien changé au ton habituel de leur conversation. "Monsieur" disait-elle encore. Et parfois "monsieur le marquis". Mais cette nuit, elle le tutoyait pour la première fois.

- "On ne peut pas nier," s'écria-t-il joyeusement, "tu as de l'audace."

Elle prit gravement le verre tendu et s'efforça de le porter à sa bouche sans trembler, mais ses petites dents grincèrent sur le cristal, et ses paupières battirent sans pouvoir retenir une larme qui glissa jusqu'à son menton.

- "Ouf !" conclut-elle. "Tu vois, j'ai la gorge serrée d'avoir pleuré. J'ai pleuré deux heures sur mon lit. J'étais folle. Ils auraient fini par me tuer, tu sais ... Ah ! oui, de jolis parents j'ai là ! Ils ne me reverront jamais.

- Jamais ?" s'écria-t-il. "Ne dis pas de bêtises, Mouchette (c'était son nom d'amitié). On ne laisse pas les filles courir à travers les champs, comme un perdreau de la Saint-Jean. Le premier garde venu te rapportera dans sa gibecière.

- Pensez-vous ?" dit-elle. "J'ai de l'argent. Qu'est-ce qui m'empêche de prendre demain soir le train de Paris, par exemple ? Ma tante Eglé habite Montrouge - une belle maison, avec une épicerie. Je travaillerai. Je serai très heureuse.

- Petite sotte, es-tu majeure, oui ou non ?

- Ça viendra," répliqua-t-elle, imperturbable. "Il n'est que d'attendre."

Elle détourna les yeux un moment , puis, levant sur le marquis un regard tranquille :

- "Gardez-moi," fit-elle.

- "Te garder, par exemple !" s'écria-t-il en marchant de long en large pour mieux cacher son embarras. "Te garder ? Tu ne doutes de rien. Où te garder ? Crois-tu que je dispose ici d'une oubliette à jolies filles ? On ne voit ça que dans les romans, finaude ! Avant demain-soir, ils nous seront tombés sur le dos, tous, ton père avec les gendarmes, la moitié du village fourche en main ... Jusqu'au député Gallet, médecin du diable, ce grand dépendeur d'andouilles !" ... [...]
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