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Citations de Georges Duby (153)


Au moment où l'Église, par les dispositions prises en 1215 au quatrième concile du Latran pour mieux extirper les survivances du paganisme et pour mieux redresser les déviations hérétiques, fondait sur la cellule paroissiale, raffermie, l'appareil de propagande et de surveillance, soutien de sa domination sur les âmes, il apparut normal d'organiser la justice, la police, le maintien de l'ordre civil dans le cadre de la paroisse.
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Dans ce palais, la fête, et toutes les somptuosités du monde. Car les moines de Cluny, en toute bonne conscience, se considéraient comme des princes, formant la cour du Tout-Puissant, comme les courtisans d'une sorte de Versailles immatérielle, sacralisée. Persuadés qu'il leur incombait d'organiser en grande pompe une cérémonie ininterrompue et qu'ils devaient pour cela dilapider des trésors.

DIEU EST LUMIÈRE.
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Si Dieu et les saints restent de toute évidence les premiers servis, on les sert d'une autre manière. Au XIème siècle, l'art sacré culminait dans le monastère. AU début du XIIIème dans la cathédrale. La chapelle est l'oeuvre d'art caractéristique du XIVème. Fondées, bâties, décorées, entretenues par une personne ou un petit groupe de personnes que rassemblent la parenté, l'alliance ou la fraternité spirituelle (...), les chapelles, espace de recueillement, de l'examen de conscience et de l'oraison secrète, répondent aux exigences d'une pratique religieuse de plus en plus enclose, égotiste, émotive. (...)
L'architecture de la chapelle compte beaucoup moins que ce qu'elle contient. Des objets. Des objets d'art commandés, ou , de plus en plus fréquemment, achetés à l'étalage.
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page 258 [...] Les femmes n'existent pas plus que les monades. Seuls existent des systèmes de représentations, variables selon les sociétés qui distribuent les unités dans un type de relations et leur assignent une place. Tous les systèmes de l'Occident chrétien des XI-XIIème siècles ont en commun de poser l'infériorité constitutionnelle de la femme et comme, dans cette idéologie, l'essence précède l'existence, la femme doit être conduite. Les zones culturelles où s'étaient maintenu le plus longtemps l'héritage germanique, comme la Germanie, l'Angleterre d'avant la conquête normande ou l'Espagne wisigothique, ont gardé jusqu'au XIème siècle une conception beaucoup plus favorable aux femmes, en particulier à celles qui restaient dans le siècle, mais cette originalité s'estompe partout, et d'abord dans les strates aristocratiques où le principe de masculinité et du droit d'ainesse diminue le rôle des femmes. L’Église en s'attribuant le monopole du mariage durcit ces conceptions. A douze ans, le corps féminin est mûr ; son esprit est faible et a atteint ses limites. Désormais, elle a tout à risquer et rien à apprendre. Marions-la ! Les mariages devenaient indissolubles, non pas pour interdire l'intervention paternelle, mais pour la moraliser. Le système était désormais verrouillé à l'aval, mais à l'amont les enchères pouvaient monter d'autant. La liberté de la femme au sens où nous la concevons avait bien peu de chances de s'exprimer. [...]
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Il conviendrait, en premier lieu, d'examiner attentivement la manière dont s'est transmise la qualité nobiliaire. [...] La noblesse médiévale est indépendante de la chevalerie et lui est antérieure ; c'est une qualité qui vient des ancêtres, une affaire de race. [...] On peut considérer maintenant établi que la noblesse carolingienne s'est transmise par le sang dans une abondante postérité féodale et, d'une façon plus générale, que tout noble se disait d'abord " de nobilibus ortus " ou " gentilhomme ", c'est-à-dire qu'il ne se référait pas, en premier lieu, à sa puissance ou à sa richesse, mais à ses aïeux.
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Un taillis touffu, la lande brumeuse faisaient peur. On les imaginait peuplés de personnages étranges, de fées, de bêtes monstrueuses, de dragons. Et c'est vrai qu'on risquait d'y faire de mauvaises rencontres. Ces quartiers sauvages n'étaient pas déserts. Les criminels fugitifs, les hors-la-loi, les brigands s'y réfugiaient. Quant aux porchers, aux bûcherons, aux travailleurs très nombreux qui exploitaient ces terres incultes, qui en tiraient pour les livrer aux villages et aux villes, les bûches, les poutres, le charbon de bois, le fer, le verre, et qui vivaient là au milieu des arbres et des broussailles à l'écart des paysans, ils n'étaient guère plus rassurants. Il arrivait aux chevaliers les plus courageux de trembler, lorsqu'ils se trouvaient tout à coup face à des hommes des bois, noirs , hirsutes, poilus comme des sangliers et puant autant qu'eux.
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Tout hérétique le devient par une décision des autorités orthodoxes.
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Dans l'ancien terroir, la nouvelle disposition des coutumes agraires vint donc interdire au troupeau paysan de pénétrer dans une large partie des bois et des pâtures, et des barrières permanentes lui fermèrent même certains quartiers arables. Comment les petites gens purent-ils assurer dès lors la subsistance de leurs bêtes ? Beaucoup sans doute durent alors réduire leur cheptel. La croissance de l'économie pastorale, toute dominée par l'argent, contribua, autant au moins que les perfectionnements de l'équipement agricole, à dresser entre riches et pauvres ces fortes oppositions que connurent les sociétés villageoises de la fin du XIIIème siècle.
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Comme tous les organismes vivants, les sociétés humaines sont le lieu d'une pulsion fondamentale qui les incite à perpétuer leur existence, à se reproduire dans le cadre de structures stables. La permanence de ces structures est, dans les sociétés humaines, instituée conjointement par la nature et par la culture. Ce qui importe en effet, c'est la reproduction non seulement des individus mais encore du système culturel qui rassemble ceux-ci et qui ordonne leurs relations.
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Georges Duby
Transmettre une émotion devant les vestiges d'un passé relève de l'art. J'ai souvent dit que je ne croyais pas en l'objectivité de l'historien. Il doit être un homme passionné, il doit savoir se mettre en cause, car c'est alors qu'il fera le mieux comprendre les temps dont il parle.
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À l'époque qui nous occupe, la forêt paraît régner sur tout le paysage naturel. Au début du IXe siècle, les possessions forestières de l'abbaye parisienne de Saint-Germain-des-Prés s'étendaient dans une région où l'effort agricole s'était sans doute développé plus largement que partout ailleurs : les bois recouvraient encore cependant les deux cinquièmes de ce patrimoine. Et, jusqu'à la fin du XIIè siècle, la proximité d'un vaste arrière-fond forestier retentit sur tous les aspects de la civilisation : on peut en découvrir la marque aussi bien dans la thématique des romans courtois que dans les formes inventées par les décorateurs gothiques. Pour les hommes de ce temps, l'arbre est la manifestation la plus évidente de la nature végétale.
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L'ART BAROQUE EN EUROPE : Né dans l'État pontifical, où la réforme catholique affirme après 1570 son triomphalisme face au puritanisme de la réforme protestante, le baroque s'impose à Rome grâce au Bernin, à Borromini et à Guarini. Se diffusant plus particulièrement dans les États habsbourgeois, en particulier à l'initiative des jésuites, il s'épanouit dès le XVIIème siècle dans la péninsule ibérique, puis marque de son empreinte au XVIIIè les pays germaniques, où il prend naturellement une forme plus sévère dans les États protestants qui n'ont pu résister à sa contagion. Se caractérisant par une recherche esthétique qui vise à toucher les sens par l'organisation de l'espace architectural, par la somptuosité et la surabondance des formes décoratives qui font de lui, par excellence, l'art de la fête mystique, le baroque donne des rapports de l'homme et de Dieu une conception nouvelle, qui imprègne profondément les arts plastiques.
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Il apparaît en premier lieu que les exigences de la maison des maîtres stimulaient l'activité des petites exploitations paysannes placées dans sa dépendance. Parce qu'il fallait acquitter la dîme et le cens, chaque ménage — même parmi les plus pauvrement équipés — devait tirer de son bien plus que sa propre subsistance. Dans les terroirs où venait surtout du seigle, il fallait produire tout de même un peu de ce froment que le maître attendait. Et parce que de temps en temps force leur était de trouver les quelques deniers d'une amende, de la taille, de la taxe de funérailles ou de baptême, les plus humbles paysans devaient s'efforcer de vendre — ce qu'ils pouvaient. La seigneurie se dressait ainsi comme un obstacle de plus à la complète autarcie de l'exploitation paysanne.
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L'évidente vitalité du vignoble et de l'économie pastorale, l'étroite alliance du labeur paysan et du capital bourgeois qui la soutinrent, paraissent en tout cas fort significatives de cette période de l'histoire économique des campagnes. Tandis que la seigneurie se délabrait au sein d'indéniables difficultés nées des calamités, des accidents militaires et consécutives au dépeuplement, la conduite de l'économie ne passait-elle pas décidément dans les villages aux mains des paysans qu'aidait l'argent des citadins ? Union étroite entre ville et campagne : j'évoquerai tel contrat conclu à Toulouse en 1489, qui stipulait qu'en temps de peste, le maître irait loger hors de la ville chez son métayer, et qu'en cas de guerre, ce dernier se réfugierait chez le maître, à l'abri des remparts. La participation des capitaux citadins aboutissait en fait à transférer vers les milieux urbains le fruit du travail rural, à assujettir plus étroitement la campagne à la ville.
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, il ne sert à rien, en effet, de ressusciter le passé, si ce n'est pour mieux comprendre le présent, ....
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Les chevaliers jusqu'alors avaient vécu sans frein, sans connaître personne au monde qui fût capable de les punir : c'était même ce privilège qui les distinguait le mieux des non-nobles. Pour se prémunir contre leurs violences, les gens d'Église, au milieu du XIIème siècle, étaient encore réduits comme en l'an mil à réunir des assemblées de paix. [...]
Avec le roi reparut en 1166 un justicier, mais dont l'action, on le sait, fut volontairement limitée. Vengeur de quelques crimes insignes, le souverain se contenta d'arbitrer les différends les plus graves et même, peu soucieux de se mêler à des querelles inextricables, confia le règlement de certains procès aux évêques, à ceux-là mêmes qui, avant sa venue, étaient choisis de préférence comme conciliateurs.
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Georges Duby
« La trace d’un rêve n’est pas moins réelle que celle d’un pas. »
de Georges Duby
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Les Très Anciennes Coutumes du moine Ulric montrent d'abord ce que sont les besoins de la communauté : il faut d'abord entretenir environ 300 moines accoutumés à vivre en seigneurs dans un confort voisin du luxe -leur vêtement, par exemple, froc et coule, tissé de bonne laine est renouvelé chaque année-. Il faut nourrir , et presque aussi copieusement que leurs maîtres, de nombreux serviteurs, qui s'arrangent encore pour alimenter aux dépens du monastère leur famille installée dans le bourg. 18 pauvres pensionnaires, des visiteurs de passage presque aussi nombreux que les frères reçoivent également tous les jours leur pitance ; les écuries sont remplies par les chevaux des dignitaires et pélerins nobles ; l'abbaye procède enfin régulièrement à des grandes distributions d'aumônes : à l'entrée du Carême, 250 porcs salés sont partagés entre 16000 indigents.
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Les événements sont comme l'écume de l'histoire, des bulles, grosses ou menues, qui crèvent en surface, et dont l'éclatement suscite des remous qui plus ou moins loin se propagent. Celui-ci a laissé des traces très durables : elles ne sont pas aujourd'hui tout à fait effacées. Ces traces seules lui confèrent existence. En dehors d'elles, l'événement n'est rien. Donc c'est d'elles, essentiellement, que ce livre entend parler.
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De cette époque datent les premières archives, qui sont toutes ecclésiastiques, et ces cartulaires où les scribes de l'Eglise recopiaient en les classant les multiples titres isolés tenus dans l'armoire aux chartes.
Ces collections ont, au cours du temps, beaucoup souffert. Mais certaines sont presque intactes en Italie et en Allemagne ; beaucoup en France ont fait l'objet de transcriptions systématiques avant la longue incurie du XVIIIe siècle et les dispersions de la période révolutionnaire qui leur causèrent grand dommage.
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