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Critiques de Georges-Olivier Châteaureynaud (100)
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De l'autre côté d'Alice

Alice est devenue un mythe littéraire. Le propre d'un mythe c'est d'être ré-écrit à l'infini. Qui mieux que Georges-Olivier Chateaureynaud, l'un des plus beaux styles de notre littérature contemporaine, pouvait prétendre relever le gant de Lewis Carroll ? Essai réussi.
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Ego, Ariel et moi suivi de Oh, Bigdata !

Deux nouvelles de Chateaureynaud, qui porte sur la liberté et l'identité humaine.

Le premier: ego, Ariel et moi, porte sur la liberté humaine. Un homme décide de s'achetait un robot sui aurait son apparence totale, en y mettant le prix, mais dès sa réception, il s'en délaisse rapidement, jusqu'à ce que le logiciel Ariel, qui donne une âme au robot arrive. Là il échange sa place avec le robot, trouvant plus simple de parler en se faisant passer pour une machine et laissant la machine agir a sa place dans le quotidien, mais l'éteignant la journée passé. Avec cette nouvelle, on y voit les réseaux sociaux, avec ce concept, les personnes se renferment chez elle, perdent leur liberté en discutant à travers une machine, qui les rassure, car ils deviennent plus sociable, et deviennent la personne qu'ils voudraient être. Mais en contrepartie, leur liberté humaine est vendue à la machine qui prend tout contrôle. Une nouvelle qui fait réfléchir.

La seconde : Oh Bigdata est basé sur l'identité humaine. Du jour au lendemain Follower Innocent se retrouve dépossédait de son identité par Bigdata, et se retrouve marié à Candice Hintel, veuve de Nils et à une fille Lalie. Il est au chômage et vit en banlieu. Bref sa vie devient un calvaire. Lui qui se plaignait de sa petite vie bien rangée se retrouve sans rien, jusqu'à la mort.

On voit dans celle-ci, l'importance de garder son identité, car c'est ce qui nous fait nous, qui nous sommes, notre vie. Avec internet, on s'invente une identité nouvelle, on montre ce que l'on veut, dit ce que l'on veut, on aime pas son nom on le change, on prend la personnalité d'un autre. Bref on se perd dans les méandres d'une toile, et on ne sait plus qui on est. Et si on vient à disparaître, les gens se souviendront de qui, se souviendront seulement de nous?

Des nouvelles très courtes mais avec des messages très parlant, sur notre vie, notre être, nous-même.

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Ego, Ariel et moi suivi de Oh, Bigdata !

Qu'en dire,...

L'idée de ces 2 nouvelles est certe intéressante, mais m'a donné un goût d'inachevé.

Ce recueil nous donne un avant goût de ce qui pourrait se passer dans un futur où l'identité des "Hommes" n'était plus nécessaire pour vivre.

Un futur bien sombre comme je les aime.

Mais il manque une magie, un peps, un retournement de situation et c'est bien ce qui est dommage car les idées qui en ressortent sont excellentes.

Je pense qu'on pourrait franchement employer ces nouvelles pour un débat ouvert à la réflexion avec des jeunes ou des moins jeunes. Et rien que pour cela, c'est gagné.
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Ego, Ariel et moi suivi de Oh, Bigdata !

Il me semble qu'une nouvelle est bonne lorsqu'elle ne laisse pas un goût d'ébauche inachevée. Or, c'est exactement ce que j'ai ressenti à ma lecture de cet ouvrage.



La première nouvelle ressemble finalement à un résumé. Tout va trop vite, tout est trop vite dit, non, balancé au lecteur. Pour faire encore plus court (si c'est possible) : il commande un robot à son image, ressent toutes sortes de choses contradictoires, enferme Ego (le robot) dans la penderie, le met à jour des années après pour lui donner une "âme", échange de place avec lui en public mais non sans une impression indéfinissable qui le met mal à l'aise.

Le tout en dix pages. "C'est tout ?" me suis-je dit à la fin, et pourtant, c'était déjà beaucoup : pour le coup, pas le temps de s'identifier au narrateur, car on a l'impression d'un exposé.



Quant à la deuxième nouvelle, je l'ai trouvée meilleure, ne serait-ce que parce que l'idée est géniale : un Rectificateur vient voir Innocent Follower pour lui annoncer que l'existence qu'il vit actuellement n'est pas la bonne, pas la sienne. Il va donc en changer, endosser l'existence d'un autre, mort depuis quelques jours. Cette idée m'a immédiatement plu. Mais là encore, il m'a semblé que l'auteur n'allait pas assez loin (à mon goût, en tout cas) puisqu'à la fin de la nouvelle, je me suis dit : tout ça pour ça ? Et qu'en est-il de cette idée géniale ? Pourquoi n'en fait-il rien ?



Je repars donc déçue de cette lecture, et ce malgré les belles promesses de la quatrième de couverture : "Ah ! Merveilles du numérique, confort des automatismes et de la régulation ! Quelle place faite-vous donc à la liberté et l'identité humaines ?". Somme toute, l'auteur m'aura tout juste interrogée. Tout juste. L'intention fut louable, dirai-je.
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Ici-bas

En convoquant nos croyances, récits et légendes, l'auteur dépeint une riche galerie de personnages dans lesquels se reflète l'âme humaine, avec tous les mystères de ses comportements.
Lien : https://www.lefigaro.fr/livr..
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Ici-bas

Écorcheville respire un air de fin des temps : quand les pluies s'abattent sur la ville, ce sont des averses d'oiseaux ou des grenouilles. Depuis presque quarante jours, le ciel ouvre ses vannes, et le fleuve ne cesse de gonfler, faisant surgir des créatures étranges. Parmi elles, des Harpies nichent dans les arbres et s'en prennent à des habitants. On voit aussi apparaître parmi les humains une Hespéride et un homme à tête de taureau. Qu'annonce cette confusion des mondes, séparés par Le Styx et la barque de Charon?



Ici-bas raconte l'histoire de la fin d'Écorcheville, en mettant en scène de très nombreux personnages, que le lecteur a pu découvrir auparavant dans les deux volumes de la trilogie (L'Autre rive, 2007 ; À cause de l'éternité, 2021). de puissantes familles, comme les Bussetin, les Propinquor et les Esteral, règnent sur la cité. Au coeur de la ville, pourtant, l'hybridation a déjà eu lieu : ne va-t-on pas se faire faire ses robes et ses costumes chez Lachésis fashion, boutique tenue par les trois Moires ? Biquet et Angelina cachent, depuis leur enfance, des pieds en forme de sabots, et leurs cornes sont annuellement limées par leurs parents...

Dans ce roman mythologique, on se demande la place des vivants et des morts. Quel est ce monde où on a voulu cacher la force de l'imaginaire, tout en vivant avec ses représentants ? En effet, qui est plus intrigant, plus respecté que le directeur de l'institut Ouranos, ce psychiatre aux deux visages, tel Janus ? de son côté, Strabon Martin, professeur de mythologie, qui s'occupe du musée tératologique, défend ce que d'autres appellent les monstres. Au moment de l'invasion des Harpies, il se désole, en même temps que le lecteur, de l'ordre du Maire de les abattre alors qu'elles sont les preuves précieuses, malgré leur caractère horrifique, d'un au-delà. Les Écorchevillains cherchent à se voiler la face jusqu'au bout...

Le mystère plane. Qu'y a-t-il sur l'autre rive ? Sauf les morts et les créatures mythologiques, personne ne peut traverser Le Styx et revenir pour en parler. On pense par moments, pour l'ambiance et les dynasties, à l'étrange rivière de Blackwater de Michael McDowell, qui charrie aussi une énigme. Ce roman de Georges-Olivier Châteaureynaud nous interroge sur les frontières, le réel et l'imaginaire, ainsi que nos limites.



Article complet sur le Manoir des lettres.
Lien : https://lemanoirdeslettres.f..
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Jeune vieillard assis sur une pierre en boi..

Avec la réputation de l'auteur en garantie, j'ai cédé au goût du jour, à un de ces titres fleuves avant-coureurs de récits mièvres et fantaisistes dans mon esprit méfiant. Rien de cela: ce recueil de nouvelles n'a rien du roman de gare ou de supermarché (comprenez bien : je ne méprise pas ceux-ci mais ils ne répondent pas à mes attentes d'explorateur qui en a vu d'autres) et le bandeau ne ment pas : voici de bonnes nouvelles !



S'il ne fallait lire celles-ci que pour l'écriture, je le ferais, tant il est trop rare aujourd'hui de rencontrer des auteurs francophones qui écrivent très bien, de manière soignée avec quelques allures désuètes qui témoignent d'une excellente maîtrise de la langue française. Ces écrivains qui n'hésitent pas à semer ici ou là un mot rare dont on n'hésite pas à chercher la signification, car l'auteur a établi d'emblée une autorité intellectuelle dont on n'a pas envie de se soustraire. Châteaureynaud a en outre la bonne idée de se documenter précisément sur les sujets qu'il exploite, comme la peinture sous verre (Yves Siffer, Marie Amalia fille de Suzy Bartolini), dans "Les Amants sous verre" ou les duels au sabre des étudiants du Burschenschaft dans la belle histoire "La Face perdue" qui rappellle les meilleurs contes de Poe.



La littérature fantastique est plus apte, selon Châteaureynaud, a saisir la réalité de l'être que les courants réalistes. Dans un entretien, il précise que «son» fantastique (il hésite à utiliser ce terme, porteur aujourd'hui d'autres genres de récits axés sur la peur) est plutôt de l'insolite, un décalage par rapport au réel, où "il s'agit toujours de recoller à la réalité et de parler d'elle" sans susciter la frayeur.



Les huit nouvelles, comme c'est l'usage chez lui, sont proposées de façon chronologique, écrites à Palaiseau de 2002 à 2011. Il n'y aurait a priori pas d'axe thématique, mais l'âge de l'écrivain né en 1947 le rattrape, comme en témoignent certaines pages placées sous le signe du vieillisement et des frustrations qui l'accompagnent, principalement dans le premier récit, le plus brillant selon moi, Les Amants sous verre. Si vous ne deviez en lire qu'un, lisez celui-là qui m'a transporté et ravi. Il avait été édité séparément en 2002 (Le Verger éditeur) et 2004 (Facilire - Encre bleue).



Consultant mes notes succinctes de lectures, je découvre deux titres de l'auteur : "Le Héros blessé au bras", apprécié, et "La faculté des songes", qui, avec un titre aussi prometteur, n'avait apparemment pas trouvé mon estime. Il faudrait que je le relise avec le même œil qui, satisfait, s'est complu dans ce dernier éventail du spécialiste français du genre.





Vous ferez davantage connaissance avec Georges-Olivier Châteaureynaud sur https://sites.google.com/site/eparvay/


Lien : http://www.christianwery.be/..
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Jeune vieillard assis sur une pierre en boi..

Georges-Olivier Châteaureynaud, né à Paris en 1947, est un romancier et nouvelliste français. En 1973 il publie Le Fou dans la chaloupe, un recueil de trois longues nouvelles, puis en 1974 le roman Les Messagers, qui obtient le prix des Nouvelles Littéraires. Jusqu'à l'obtention du prix Renaudot en 1982, il gagne sa vie en étant successivement caissier, monteur de roues de camion, brocanteur, bibliothécaire, tout en continuant son travail littéraire, une centaine de nouvelles et pas loin d’une dizaine de romans. Après avoir présidé la Société des gens de lettres de 2000 à 2002, il en est aujourd'hui l'un des administrateurs et depuis 2010 il est secrétaire général du Prix Renaudot.

Jeune vieillard assis sur une pierre en bois, recueil de nouvelles, vient tout juste de paraître. Je serai direct, je ressors de la lecture de cet ouvrage, littéralement emballé. Je n’ai absolument aucune critique négative ou réservée à émettre. Tout paraît si simple quand c’est si bien fait !

L’écriture coule avec une simplicité déroutante sans effet de style ostentatoire, le vocabulaire à peine ponctué ici ou là d’un joli mot moins usité n’effrayera pas le lecteur amateur. Et pourtant, quel travail et quel talent derrière tout cela, pour obtenir ce rythme tranquille et cette unité de ton à travers ces huit textes écrits entre 2002 et 2011.

Si la forme est parfaite, le fond ne l’est pas moins avec là encore une certaine unité puisque ces textes sont tous d’inspiration « fantastique », l’auteur n’aime pas le terme mais pour que ma chronique soit brève c’est le mot le plus évident qui me vienne à l’esprit. Il s’agit d’un « fantastique » de la banalité (oxymoron ?) où les héros de l’écrivain, gens très ordinaires sans qualités ou défauts particuliers, vont se retrouver à un moment de leur vie, confrontés à une situation sortant de l’ordinaire. Encore que parfois on ne sache pas réellement, s’il ne s’agit pas tout simplement d’un rêve vécu par ces personnages.

Dans Les Amants sous verre, un couple se verra confisquée sa jeunesse le temps d’une nuit d’amour par leurs hôtes très âgés, Les Intermittences d’Icare montrent un homme qui se découvre le pouvoir de voler trois fois dans sa vie, dans Diorama l’une des plus belles nouvelles de ce recueil, un vieil homme se laisse emporter par le souvenir de tous ceux qu’il a connu dans sa jeunesse, tandis que La Face perdue, pastiche des contes fantastiques de la fin du XIXe siècle, met en scène un homme qui sacrifie en vain son honneur pour une femme.

Huit nouvelles troublantes autant qu’intrigantes dont on se délectera sans modération mais derrière lesquelles se dissimulent nostalgie, amours perdus, vieillesse et mort…

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Jeune vieillard assis sur une pierre en boi..

Huit nouvelles sont réunies dans ce recueil paru en cet automne 2013, huit ans après «Singe savant tabassé par deux clowns» (2005, et 2013 chez Zulma).



Autour de vies ordinaires, parfois précaires, souvent à proximité d’une brocante ou d’un marché aux Puces, tant les objets semblent ici vivants ou chargés d’émotions, Georges-Olivier Châteaureynaud nous conte des moments mystérieux de la vie où l’étrange apparaît, comme les mémoires de cet homme qui a eu par trois fois la chance de s’envoler (Les intermittences d’Icare).



«C’est là que c’est arrivé, un jour d’été semblable aux autres. L’était-il vraiment ? Plus tard, j’y ai réfléchi, j’ai retourné le tiroir de mes souvenirs, j’ai tenté d’en trier le fatras. Je n’ai rien trouvé qui mérite d’être associé au prodige. Pas un signe annonciateur, aucun rêve prémonitoire, nulle concomitance. C’est venu comme ça. Mais faut-il une cause aux miracles ? Un instant j’étais soumis au joug de la pesanteur, et l’instant d’après j’en étais libéré. Une seconde mes pieds nus s’enfonçaient dans le sable grossier, et la suivante ils en étaient dégagés et flottaient une dizaine de centimètres au-dessus de leurs empreintes.»



Georges-Olivier Châteaureynaud écrit ses nouvelles au fil des années. Empreintes de nostalgie, elles racontent les détours et retours insolites de la vie ou bien leurs ultimes feux d’artifice, comme dans «Diorama», où M. Benjoin, artisan fabricant de figurines, revient vivre sur le tard dans un appartement hérité de sa mère, au sommet d’une tour aux portes de Paris, sur une place où trône bizarrement un manège abandonné. Lors de ses insomnies, il croit reconnaître dans les silhouettes traversant la place, des personnes qui ont compté autrefois.



Pas de frisson de peur dans ce fantastique-là mais des créatures animales inquiétantes traversent ses nouvelles, comme dans «Escargot, pie, furet», les nuits perturbées et étranges d’un petit professeur, habitant dans une chambre de bonne, après l’installation dans une chambre voisine d’un prestidigitateur de seconde zone et de son assistante, ou encore dans la très belle «Une route poudreuse», le séjour d’un conférencier qui se rend dans une petite ville, talonné dans les rues par deux lionnes superbes et menaçantes.



«Qu’on n’aille pas s’imaginer que j’écris pour être cru. Je m’en moque, rendu où je suis de ma vie.» (Les intermittences d’Icare). Et pourtant ces moments de magie nostalgique nous relient à la vie et au passage du temps.
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L'ange et les démons

La couverture grise annonce déjà la tonalité du récit mes les premières pages nous plongent vraiment dans un univers "glauque". L'histoire est racontée par Renata, une adolescente qui se prostitue et vit dans un taudis en "colocation" avec un toxico (qui n'est qu'évoqué). Là ça fait déjà un choc car le récit est fait sur un ton pas franchement banal mais désabusé où Renata explique comment elle en est arrivée là en fuyant le domicile familial, la mère alcoolique et le père drogué.

Pourtant, ce n'est pas le coeur du roman et l'intrigue débute réellement avec la rencontre de Marco, un petit garçon blond, perdu du côté de la gare où Renata arpente le trottoir. Elle décide de le recueillir et va s'occuper de lui en essayant de percer son mystère. Un garçonnet de 12 ans, extrêmement cultivé mais qui semble n'être jamais sorti de sa riche demeure et qui ignore jusqu'à son nom de famille, ce n'est pas ordinaire !

Je ne peux pas vous en dire plus car la suite relève du polar et la fin (dont j'avais deviné l'enjeu) amène un thème totalement inattendu.

C'est vraiment bien conduit et ça se lit d'une traite car on veut savoir le fin mot de l'histoire. Je pense que cette lecture peut convenir à des ados à partir de 12 ou 13 ans.
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L'autre rive

Il n’est jamais trop tard pour découvrir un auteur et un grand livre, L’autre rive de Georges-Olivier Châteaureynaud est une petite merveille qui conjugue le fantastique, le roman d’apprentissage et la critique sociale dans une langue superbe et savoureuse.



Benoit Brisé le jeune héros du roman habite Ecorcheville séparée de l’Erèbe par le Styx sur lequel Charron continue à conduire les morts dans l’au-delà, dans cette ville grise où se produisent de curieux évènements climatiques et où apparaissent d’étranges créatures, Benoit tente de passer le cap difficile de l’adolescence.



Si un certain mystère pèse sur sa généalogie il vit heureux avec Louise sa mère adoptive, embaumeuse de profession qui tire le diable par la queue. A Ecorcheville il y a les riches familles qui possèdent la ville et les autres dont fait partie Benoit. Bien que pauvre il est ami avec des jeunes des familles régnantes ce qui lui permet de profiter de leurs nombreux avantages, comme la possession d’esclaves, tout en sachant qu’il n’est pas de leur monde.

Comme tout ado Benoit va se chercher, sécher les cours, tomber amoureux sans espoir, décider qu’il sera musicien et qu’il doit savoir qui sont vraiment ses parents.



Impossible de raconter toutes les folles péripéties de cette quête d’identité dans une ville monde, dans un superbe isolement géographique et financier qui n’est pas sans faire penser à Monaco et à ses super riches.



Si l’on s’amuse beaucoup, si Châteaureynaud distille un humour fin et percutant, le tragique n’est pas absent et la mort rôde, Charron a du travail. La critique sociale est permanente et le pouvoir corrupteur de l’argent démontré jusqu’à la fin du roman qui n’épargne ni la ville, ni notre héros. Parmi toutes les qualités du roman la plus remarquable, à mon sens, et l’intégration des éléments fantastiques à l’intrigue, ce qui pourrait être artificiel ne l’est pas et contribue à une histoire fascinante et finalement assez sombre.

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L'autre rive

Voilà un roman qui trône dans mes favoris !

Grâce à ce style déjà, inimitable. Absolument délicieux. C'est là qu'on voit que la langue française, quand elle est maitrisée, peut nous sortir des petits bonbons de l'esprit tout juste acidulés, légèrement croquant sous la dent, au goût si délicatement fondant, que les goûter nous condamne à y devenir accro.



God ! 750 pages de douceur, de lyrisme et de satire à peine voilée. C'en est presque trop peu.

Oui oui, satire aussi, puisqu'il est aussi question de société (à la dérive ?). Une société que nous découvrons à travers le destin de Benoît, habitant de la cité endormie et oubliée d'Ecorcheville, accrochée aux rives du Styx, ce fleuve qui mène aux Enfers, cité de l'Au-Delà. Rappelle toi tes leçons de culture gréco-romaine, Lecteur Cultivé, parce que là-bas, tout est réel. Le génie du roman se situe pour moi précisément ici. Dans ce cocktail savant de modernité et d'antiquité. On y croise une jeunesse dorée se noyant doucement dans l'alcool et les courses de voitures, ployant sous les volontés directives de leur parents éblouis par des rêves impérieux de puissante conquête ; des pluies de salamandres ; une sirène se languissant dans un bocal à la vue de tous dans un musée des horreurs...

Du génie je te dis !



Et on parle de cette difficulté de grandir, de se construire dans un monde à la fois aussi concret et aussi brumeux, à la fois sorti d'un rêve loufoque mais néanmoins terriblement réel.



Une belle allégorie de la vie, rien que ça, sans cesse tiraillée entre le respect des traditions et la volonté d'aller de l'avant, vers un futur sans nuage.



Et au delà de ça, un régal pour l'imagination.
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L'autre rive

Pour commencer l’année, un petit pavé de 750 pages qui a reçu le Grand Prix de l’Imaginaire en 2009. Un prix bien mérité pour ce roman-monde délicieusement étrange !



Bienvenue à Écorcheville !



Bled du bout du monde, ville paumée sur les berges du Styx. Riveraine de l’au-delà, elle charrie un avant-goût des Enfers : cadavres de centaures, pluies de salamandres et de hannetons, terrains vagues hérissés de tessons de verre et de seringues usagées. L’esclavage a toujours cours et des machines à se suicider remplacent les distributeurs de friandises. Écorcheville nous offre un véritable cabinet de curiosités gothique et mythologique.



Au cœur de ce sinistre décor évolue notre héros et son petit côté à L’attrape-cœur… Nous suivons en temps réel les déambulations de Benoît Brisé, 17 ans et en quête d’identité, comme un vieux chewing-gum rosâtre collé sous ses croquenots.



Enfant adoptif d’une embaumeuse à l’hygiène douteuse, il vit entouré d’une actrice et d’une prostituée qui sentent la naphtaline. Abonné à l’école buissonnière, Benoît traîne sans but avec ses potes fans de rodéos urbains dans des voitures volées… Sans but, vraiment ? Non, il est à la recherche de son père.



Au fil de ses errances qui lui feront réaliser son destin, nous découvrons Écorcheville et ses luttes de pouvoir, et nous entrons dans un voyage intérieur fait des premiers émois adolescents, d’amitiés et de deuils.



C’est un roman d’apprentissage très dense, sans respiration, mais porté par une plume riche. L’auteur mêle avec brio une écriture soutenue à un argot gouailleur. Il nous transporte sans peine dans ces contrées grises de l’Enfer et de l’adolescence, finalement si proches. Ce roman est à la fois dark et très sensible… et je suis ravie d’apprendre qu’il a un frère dans le même univers, une prochaine lecture assurément !







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L'autre rive

Un livre beau, fou et poétique.
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L'autre rive

L'Autre Rive est un roman magnifique sur la quête de soi, d'une identité et d'un but. Sur la difficulté à être au monde, à aimer et à vivre. Sur l'espoir de s'accomplir, la terreur de vieillir et de se perdre en route - mais perdre quoi, au juste, quand on peine déjà tant à savoir ce qu'on est ? Brisures si familières au milieu de l'étrange - l'étrangeté du monde et des autres, que la distorsion fantastique du réel met si bien en relief, ici comme ailleurs.



Ce roman est d'ailleurs merveilleux plutôt que fantastique, suspendu comme dans une bulle entre les genres, entre réel et imaginaire, participant un peu de tous sans s'y laisser définir. C'est un roman magique, en tout cas, par sa faculté à entraîner son lecteur, tout entier, dans un monde à part tellement plus réel que le nôtre, et tout aussi mystérieux. (Ou est-ce l'inverse ?)



De cette magie, participe pleinement une plume élégante et limpide, en laquelle s'accomplit un parfait mélange de poésie et de vigueur. Mais aussi chaque personnage auquel l'auteur a donné vie avec une générosité inépuisable : notables douteux, parents indignes, fils à papa, gamins paumés, voyous maléfiques, créatures de l'autre monde, secondaires ou essentiels, attachants, sympathiques ou presque odieux, chacun a son relief propre, son ambiguïté, chacun est investi d'au moins une parcelle de grandeur, de folie ou de fragilité qui nous accroche à lui. Et les premiers rôles, de ceux qui gravitent autour de Benoît Brisé, sont tout particulièrement réussis.



Un bijou dont je recommande très vivement la lecture.
Lien : http://ys-melmoth.livejourna..
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L'autre rive

Au lecteur exclusif de littérature blanche, échoué sur ce site comme un naufragé sur une île étrange et équivoque, je veux dire que ça ne sera pas tous les jours aussi facile. Car aujourd'hui, il sera question de littérature fantastique, la crème de la crème des littératures de l'imaginaire, étudiée en faculté, avec de vrais morceaux de littérature reconnus dedans, celle qui a droit aux émissions de France Culture et aux chroniques de Télérama ! L'Autre Rive de Georges-Olivier Châteaureynaud peut être évoqué sans rougir lors d'un repas dominical chez belle-maman ou lu ostensiblement dans le métro : l'auteur est auréolé d'un Renaudot (pour La Faculté des songes en 1982) et d'un Goncourt (pour la nouvelle Un singe savant tabassé par deux clowns en 2005). Et on pourrait ajouter, mais à voix basse, que L'Autre Rive est lauréat du Grand Prix de l'Imaginaire 2009...



Pour lire la suite de la critique voir le lien !
Lien : http://mauvais--genre.blogsp..
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L'autre rive

Ce livre fait du bien. Je ne savais pas vraiment où l'auteur souhaitait emmener le lecteur, mais je ne regrette pas. Quand on accepte de se laisser porter dans cet imaginaire débordant, on ne lâche plus le livre. C'est une certitude.

Je ne connaissais pas G.O Chauteaureynaud et c'est une belle découverte, encore plus lorsqu'il pleut des salamandres...
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L'autre rive

L'Autre Rive est un livre total. Il est foisonnant, romanesque, nuancé, très écrit et stylistiquement inventif, d'une incroyable richesse, complètement inattendu et difficile à cataloguer. Mais, contrairement à ce que son Grand Prix de l'Imaginaire et son décor majestueux et fantastique pourraient laisser penser, c'est bel et bien d'un roman existentialiste qu'il s'agit.

L'article complet sur mon blog.
Lien : https://touchezmonblog.blogs..
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L'autre rive

L'Autre rive fait partie des livres que j'emporterais sur une île déserte, d'ordinaire je suis un fan de Chateauraynaud, mais là avec ce titre, on touche vraiment au roman merveilleux (je l'ai offert à plusieurs reprises) et il fait partie des livres dont on souhaite que passe un peu de temps pour avoir le plaisir de le relire et de le redécouvrir.

En fantastique, je le rapproche volontiers de Gormenghast, bien que l'univers en soit différent.

Roman de quête, d'initiation, intemporel, qui pourrait se passer n'importe quand, roman du bout du monde, d'une micro-société au microcosme reproduisant toutes les grandeurs et les tares des grandes sociétés.

Roman de la différence, ici les créatures du Styx représentent les réprouvés, roman hanté par la mort, une mort acceptée, fatalitée de la vie.

Les personnages du roman ont une vie dense, et portent en eux toutes les contradictions et toutes les grandeurs qui en font des personnages de roman que l'on n'oublie pas. Cependant , la ville est un personnage à elle-seule, et lorsque le livre est terminé, elle reste présente et il est difficile de s'en détacher.

En résumé, un grand roman, même pour ceux qui n'aiment pas le fantastique, tant celui-ci n'est qu'un support aux propos de l'auteur et non pas le moteur du livre.
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L'autre rive

Décalé, plein d'humour, cultivé... En un mot : génial ! C'est un roman merveilleusement bien écrit, qui joue avec le réel et la langue avec délices...
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