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EAN : 9782246807803
240 pages
Grasset (23/10/2013)
3.75/5   10 notes
Résumé :


« Je suis un buveur de nuit, ou plus exactement un alcoolique en rêve. Moi qui ne bois que de l'eau, je rêve chaque nuit que je bois une infinité de liqueurs diverses.

Par un curieux paradoxe, l'instant où, enfin assommé, je sombre en songe dans l'inconscience, coïncide avec celui où je reprends conscience dans la réalité. » Ces huit nouvelles fantastiques prennent racine dans le quotidien. Le personnage central est en général un homm... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Huit nouvelles sont réunies dans ce recueil paru en cet automne 2013, huit ans après «Singe savant tabassé par deux clowns» (2005, et 2013 chez Zulma).

Autour de vies ordinaires, parfois précaires, souvent à proximité d'une brocante ou d'un marché aux Puces, tant les objets semblent ici vivants ou chargés d'émotions, Georges-Olivier Châteaureynaud nous conte des moments mystérieux de la vie où l'étrange apparaît, comme les mémoires de cet homme qui a eu par trois fois la chance de s'envoler (Les intermittences d'Icare).

«C'est là que c'est arrivé, un jour d'été semblable aux autres. L'était-il vraiment ? Plus tard, j'y ai réfléchi, j'ai retourné le tiroir de mes souvenirs, j'ai tenté d'en trier le fatras. Je n'ai rien trouvé qui mérite d'être associé au prodige. Pas un signe annonciateur, aucun rêve prémonitoire, nulle concomitance. C'est venu comme ça. Mais faut-il une cause aux miracles ? Un instant j'étais soumis au joug de la pesanteur, et l'instant d'après j'en étais libéré. Une seconde mes pieds nus s'enfonçaient dans le sable grossier, et la suivante ils en étaient dégagés et flottaient une dizaine de centimètres au-dessus de leurs empreintes.»

Georges-Olivier Châteaureynaud écrit ses nouvelles au fil des années. Empreintes de nostalgie, elles racontent les détours et retours insolites de la vie ou bien leurs ultimes feux d'artifice, comme dans «Diorama», où M. Benjoin, artisan fabricant de figurines, revient vivre sur le tard dans un appartement hérité de sa mère, au sommet d'une tour aux portes de Paris, sur une place où trône bizarrement un manège abandonné. Lors de ses insomnies, il croit reconnaître dans les silhouettes traversant la place, des personnes qui ont compté autrefois.

Pas de frisson de peur dans ce fantastique-là mais des créatures animales inquiétantes traversent ses nouvelles, comme dans «Escargot, pie, furet», les nuits perturbées et étranges d'un petit professeur, habitant dans une chambre de bonne, après l'installation dans une chambre voisine d'un prestidigitateur de seconde zone et de son assistante, ou encore dans la très belle «Une route poudreuse», le séjour d'un conférencier qui se rend dans une petite ville, talonné dans les rues par deux lionnes superbes et menaçantes.

«Qu'on n'aille pas s'imaginer que j'écris pour être cru. Je m'en moque, rendu où je suis de ma vie.» (Les intermittences d'Icare). Et pourtant ces moments de magie nostalgique nous relient à la vie et au passage du temps.
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Georges-Olivier Châteaureynaud, né à Paris en 1947, est un romancier et nouvelliste français. En 1973 il publie le Fou dans la chaloupe, un recueil de trois longues nouvelles, puis en 1974 le roman Les Messagers, qui obtient le prix des Nouvelles Littéraires. Jusqu'à l'obtention du prix Renaudot en 1982, il gagne sa vie en étant successivement caissier, monteur de roues de camion, brocanteur, bibliothécaire, tout en continuant son travail littéraire, une centaine de nouvelles et pas loin d'une dizaine de romans. Après avoir présidé la Société des gens de lettres de 2000 à 2002, il en est aujourd'hui l'un des administrateurs et depuis 2010 il est secrétaire général du Prix Renaudot.
Jeune vieillard assis sur une pierre en bois, recueil de nouvelles, vient tout juste de paraître. Je serai direct, je ressors de la lecture de cet ouvrage, littéralement emballé. Je n'ai absolument aucune critique négative ou réservée à émettre. Tout paraît si simple quand c'est si bien fait !
L'écriture coule avec une simplicité déroutante sans effet de style ostentatoire, le vocabulaire à peine ponctué ici ou là d'un joli mot moins usité n'effrayera pas le lecteur amateur. Et pourtant, quel travail et quel talent derrière tout cela, pour obtenir ce rythme tranquille et cette unité de ton à travers ces huit textes écrits entre 2002 et 2011.
Si la forme est parfaite, le fond ne l'est pas moins avec là encore une certaine unité puisque ces textes sont tous d'inspiration « fantastique », l'auteur n'aime pas le terme mais pour que ma chronique soit brève c'est le mot le plus évident qui me vienne à l'esprit. Il s'agit d'un « fantastique » de la banalité (oxymoron ?) où les héros de l'écrivain, gens très ordinaires sans qualités ou défauts particuliers, vont se retrouver à un moment de leur vie, confrontés à une situation sortant de l'ordinaire. Encore que parfois on ne sache pas réellement, s'il ne s'agit pas tout simplement d'un rêve vécu par ces personnages.
Dans Les Amants sous verre, un couple se verra confisquée sa jeunesse le temps d'une nuit d'amour par leurs hôtes très âgés, Les Intermittences d'Icare montrent un homme qui se découvre le pouvoir de voler trois fois dans sa vie, dans Diorama l'une des plus belles nouvelles de ce recueil, un vieil homme se laisse emporter par le souvenir de tous ceux qu'il a connu dans sa jeunesse, tandis que La Face perdue, pastiche des contes fantastiques de la fin du XIXe siècle, met en scène un homme qui sacrifie en vain son honneur pour une femme.
Huit nouvelles troublantes autant qu'intrigantes dont on se délectera sans modération mais derrière lesquelles se dissimulent nostalgie, amours perdus, vieillesse et mort…
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Avec la réputation de l'auteur en garantie, j'ai cédé au goût du jour, à un de ces titres fleuves avant-coureurs de récits mièvres et fantaisistes dans mon esprit méfiant. Rien de cela: ce recueil de nouvelles n'a rien du roman de gare ou de supermarché (comprenez bien : je ne méprise pas ceux-ci mais ils ne répondent pas à mes attentes d'explorateur qui en a vu d'autres) et le bandeau ne ment pas : voici de bonnes nouvelles !

S'il ne fallait lire celles-ci que pour l'écriture, je le ferais, tant il est trop rare aujourd'hui de rencontrer des auteurs francophones qui écrivent très bien, de manière soignée avec quelques allures désuètes qui témoignent d'une excellente maîtrise de la langue française. Ces écrivains qui n'hésitent pas à semer ici ou là un mot rare dont on n'hésite pas à chercher la signification, car l'auteur a établi d'emblée une autorité intellectuelle dont on n'a pas envie de se soustraire. Châteaureynaud a en outre la bonne idée de se documenter précisément sur les sujets qu'il exploite, comme la peinture sous verre (Yves Siffer, Marie Amalia fille de Suzy Bartolini), dans "Les Amants sous verre" ou les duels au sabre des étudiants du Burschenschaft dans la belle histoire "La Face perdue" qui rappellle les meilleurs contes de Poe.

La littérature fantastique est plus apte, selon Châteaureynaud, a saisir la réalité de l'être que les courants réalistes. Dans un entretien, il précise que «son» fantastique (il hésite à utiliser ce terme, porteur aujourd'hui d'autres genres de récits axés sur la peur) est plutôt de l'insolite, un décalage par rapport au réel, où "il s'agit toujours de recoller à la réalité et de parler d'elle" sans susciter la frayeur.

Les huit nouvelles, comme c'est l'usage chez lui, sont proposées de façon chronologique, écrites à Palaiseau de 2002 à 2011. Il n'y aurait a priori pas d'axe thématique, mais l'âge de l'écrivain né en 1947 le rattrape, comme en témoignent certaines pages placées sous le signe du vieillisement et des frustrations qui l'accompagnent, principalement dans le premier récit, le plus brillant selon moi, Les Amants sous verre. Si vous ne deviez en lire qu'un, lisez celui-là qui m'a transporté et ravi. Il avait été édité séparément en 2002 (Le Verger éditeur) et 2004 (Facilire - Encre bleue).

Consultant mes notes succinctes de lectures, je découvre deux titres de l'auteur : "Le Héros blessé au bras", apprécié, et "La faculté des songes", qui, avec un titre aussi prometteur, n'avait apparemment pas trouvé mon estime. Il faudrait que je le relise avec le même oeil qui, satisfait, s'est complu dans ce dernier éventail du spécialiste français du genre.


Vous ferez davantage connaissance avec Georges-Olivier Châteaureynaud sur https://sites.google.com/site/eparvay/

Lien : http://www.christianwery.be/..
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
C’est là que c’est arrivé, un jour d’été semblable aux autres. L’était-il vraiment ? Plus tard j’y ai réfléchi, j’ai retourné le tiroir de mes souvenirs, j’ai tenté d’en trier le fatras. Je n’ai rien trouvé qui mérite d’être associé au prodige. Pas un signe annonciateur, aucun rêve prémonitoire, nulle concomitance. C’est venu comme ça. Mais faut-il une cause aux miracles ? Un instant j’étais soumis au joug de la pesanteur, et l’instant d’après j’en étais libéré. Une seconde mes pieds nus s’enfonçaient dans le sable grossier, et la suivante ils en étaient dégagés et flottaient une dizaine de centimètres au-dessus de leurs empreintes.
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