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Critiques de Georges-Olivier Châteaureynaud (100)
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À cause de l'éternité

Il s'agit du deuxième volume de la trilogie commencée par L'Autre Rive. J'ai dévoré le premier volume, que je considère comme un chef d'oeuvre. Puisqu'il est difficile de faire mieux, il est naturel dans ce deuxième volume d'essayer de faire 'autre'. C'est un pari bien sûr risqué, et pour moi il n'a pas été gagné. le premier volume prend place dans une ville dont le côté gothique sert surtout d'arrière-plan aux aventures d'adolescents, incluant des sorties en boite, des amours, et des courses de voiture. C'était une forme de roman initiatique. Ce second volume (qui peut se lire seul) met l'accent sur le gothique, avec une forme de huis clos vingt ans après dans un château. Au début, il y a comme un air de Dracula, avec le personnage principal qui se retrouve dans cet environnement étrange, qui déteint sur son humeur. Un château qui s'étend à l'infinie, c'est comme si Harry Potter avait décidé de vivre dans la Salle sur Demande. Malheureusement, les personnages semblent tous neurasthéniques. Ils parlent de la même façon, s'envoyant des répliques alambiquées pouvant former un paragraphe d'une page. le manque d'action est pour moi assez pesant, avec des scénettes répétées sur des centaines de pages : ils mangent, pas grand chose, mais ils le font souvent; ils vont discuter dans le fumoir, encore et toujours, se racontant des histoires pour tromper l'ennui. Ça n'aura pas trompé mon ennui comme lecteur face à cette galerie de personnages tristes et ennuyeux, à peine relevée par de rares événements. Les cinq premières pages sont sympathiques et les cinquante dernières se valent, mais au milieu, ce n'était pas un succès, malgré la qualité de la prose et quelques rares traits d'humours ou sujets potentiellement intéressants (infidélité, viol, civilisation...).
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À cause de l'éternité

" Mort naturelle...Au-delà de sa signification strictement légale, l'expression lui parut tout à coup étrange. Quoi de plus naturel, en soi, que de mourir ? L'extravagant était de vivre."



Plus rien n'étonne après la lecture de ce roman. Plus rien du tout. Les personnages ne sont même plus surpris, il n'y a aucun mal à discuter limbes avec un spectre et poésie avec une créature mythologique légendaire...

Ecorcheville est une ville située au bord du Styx, autrement dit, au bord du fleuve des Enfers. Et oui ! Ici, il n'est pas rare d'apercevoir Charon à bord de sa barque sur ce fameux fleuve...

Alphan, originaire d'Ecorcheville rentre au pays après ses études pour se marier. Expert en histoire de l'art, il va être "recruté" par son père afin de s'introduire dans un château, le château d'Eparvay, l'objectif étant d'expertiser un tableau qui serait un supposé tableau de Rembrandt. Pourquoi ? Parce que comme tout retraité qui se respecte, Bogue (le père d'Alphan) ne supporte pas la maison de retraite, et il voudrait être libre. *



Au lieu de ça, l'aventure d'Alphan sera parsemée de créature, d'amitié, de découvertes pour le moins surprenante, où il n'est pas sûr de sortir indemne.



Ce livre est l'histoire d'une ville, cette ville est le centre du monde. Le reste, le monde "extérieur" est une autre galaxie, ou bien c'est l'inverse, on ne sait pas trop. C'est exactement ce qu'on pourrait appeler un "roman-monde".

De par les histoires, les rebondissements, et surtout les ... protagonistes, pour le moins farfelus, on pourrait croire que cela ne peut être crédible, mais non. L'auteur, grâce à sa subtile plume arrive cette prouesse de rendre tout cela plausible. Il a réussi à rendre normale une ville où l'esclavagisme (les esclaves sont principalement des blancs) existe encore, où l'obole de Charon est fixée (dans le cour actuel)à cinquante centime d'euro, où il pleut des insectes, des crapauds, et où des "choses" sont exposées au musée de tératologie. Et il a réussi cela avec brio.



L'atmosphère n'y est pas vraiment fantastique, mais certainement pas réaliste... Quoique, après lecture je dirais que cela pourrait être réaliste, il est possible que ...



Bien que l'intrigue soit un peu longue à se mettre en place, ce temps n'est pas de trop, il permet au lecteur de prendre réellement conscience de

l'environnement dans lequel il se trouve.

On se retrouve donc dans un château, avec Ekaterina, Benoît, Fauvine, Balbir, Kiliç, Brumaire, Maria, Faunet, Mme Thétis, et bien sûr l'Ectoplasme qui est définitivement mon personnage préféré. Cet être qui n'existe qu'à moitié est le doyen de la bâtisse, et pourtant, au fond il en est surtout l'enfant...



Bref. Tout les personnages ont droit à leur histoire, complète et précise, ce qui nous rapproche encorà lire, mais dans lequel (pour m'a part) l'ennui ne se fait jamais ressentir.

J

e plus d'eux.



J'ai bien ressenti quelques longueurs pendant ces 700 pages, mais assez peu et qui ne duraient jamais. C'est surtout un roman long ào



Voilal,pourquoi je coseille ce livre, MAIS, il faut être motivé ! p
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À cause de l'éternité

Voilà le roman qu’attendaient tous les exilés d’Écorcheville, cette ville des bords du Styx, « face à l’inconnaissable et dans la proximité des prodiges », dont Georges-Olivier Châteaureynaud avait établi la chronique dans L’autre rive. Tous les exilés d’eux-mêmes et de la vie, « superlativement étrangers » au quotidien, « toujours entre être et non-être, au bord du néant ». Disons-le d’emblée : le défi difficile des « suites » est parfaitement relevé et, si les allusions au premier roman enrichissent la compréhension, sa lecture n’est nullement nécessaire pour goûter pleinement celui-ci. L’intrigue est simple et linéaire. Alphan, après ses études dans un pensionnat suisse, revient à Écorcheville pour se marier. Pris dans un délire de son père, il entre dans un étrange château dont il n’a plus envie de repartir lorsqu’il apprend la mort de sa fiancée. Mais le château lui-même est menacé de tomber dans l’héritage d’un magnat japonais…

On retrouve dans ce deuxième volet l’atmosphère chère à l’auteur, ni réaliste, ni fantastique, mais dans un léger décalage dans la perception de la réalité comme de l’imaginaire. « L’étalon de la réalité n’est pas le même ici qu’ailleurs », remarque un personnage. Tel est le secret de ce récit : l’extraordinaire se mêle au quotidien comme s’il s’agissait de la chose la plus naturelle. On y vit dans la France d’aujourd’hui, avec des téléphones portables, des associations 1901, et l’on paie en euros l’obole à Charon. Les personnages ont face aux excentricités de leur univers les réactions de nos contemporains. Les enfants vont chercher dans la zone interdite des poussées d’adrénaline, les adolescents sont fascinés par les revues pornographiques, les adultes sont en quête d’âmes sœurs et les vieillards, quand ils ont réglé leurs problèmes de retraite, cherchent à fuir les Ehpad. La mise en scène de ces personnages outranciers ou farfelus reproduit notre société occidentale, où le pouvoir se partage entre grandes familles avant que l’élection d’un candidat populiste ne rebatte (provisoirement) les cartes. L’ailleurs n’est pas si loin de l’ici.

Et pourtant, ici, il pleut des insectes ou des crapauds, on repêche des monstres dans le Styx, on les confine au musée de tératologie ou on les protège pour éviter qu’ils ne finissent en attractions touristiques. Ici, il faut se méfier des malfrats, car ils volent… dans les deux sens du terme. Ici, on a « des semelles de plomb mentales », et l’on envie vaguement ceux qui, nés ailleurs, vivent dans « une sorte d’ingénuité confortable ». On rêve de fuir, on fuit, on élève ses enfants dans des pensionnats suisses pour qu’ils épousent de riches héritières anglaises, mais rien à faire : ils reviennent. Parce qu’il y a une collusion secrète entre les hommes et les lieux. La mémoire est « brume et brumasse, brouillard et brouillasse » ; des nuages passent dans les regards ; on tombe comme une pierre tout au fond de soi-même…

Peut-être est-ce par là qu’il faut entrer dans le roman : par les lieux, qui en sont les vrais personnages. Dans L’autre rive, le principal protagoniste était Écorcheville, la ville construite au bord du Styx, sur lequel une société anonyme voulait jeter un pont. Dans ce roman, c’est le château de Thétis d’Éparvay (un clin d’œil significatif à la ville des Ormeaux ou de La faculté des songes). Les lieux clos, déserts, isolés, sont familiers aux lecteurs de Châteaureynaud : îles désertes (Au fond du paradis, Mathieu Chain…), villas ou châteaux abandonnés (La Faculté des songes, Les Ormeaux)… Rassurants comme des refuges contre les vicissitudes de la vie et inquiétants dans leur abandon ou leur délabrement, comme s’ils attendaient sans impatience la fin du monde. Écorcheville et le château d’Éparvay sont des lieux frontières, au bord du monde pour le premier, au bord du temps pour le second. Ils sont à la fois immuables et précaires, figés dans des archaïsmes surprenants (l’esclavage est toujours légal à Écorcheville) et en total déliquescence. La ville d’Écorcheville ne parvient pas à rejoindre le Styx comme le château d’Épervay ne parvient pas à entrer dans l’éternité. Et pourtant, ils y ont déjà posé un pied. L’impression d’abandon est particulièrement forte dans ce roman. Les personnages ont vieilli, pris leur retraite, rejoint l’Ehpad, l’aéroport surdimensionné est vide, la Compagnie du Pont a fait faillite, les villas sont en désordre, les dépôts sont des dépotoirs, le château un capharnaüm délabré… Dans ce « château de la Belle au bois mourant », il faut cacher ses spécificités, les cornes sous une casquette, les sabots dans des bottines — mais comment cacher un Minotaure ou une sphinge ? L’un est à jamais enfermé dans son labyrinthe, l’autre meurt misérablement au musée de tératologie.

On comprend que les personnages soient inquiets, furieux ou démoralisés. Ils ont baissé les bras et vivent dans l’engourdissement infini de leurs rêves ou de leur passé, piégés dans un temps qui s’étire, embourbés dans le temps comme dans les lieux. Ils ont perdu la notion de la durée — depuis combien de temps sont-ils au château ? Nul ne pourrait le dire, et pour cause : en y arrivant, ils ont rejoint une part ignorée d’eux-mêmes.

Les lieux sont des personnages et les personnages, des lieux. La décrépitude du château répond à l’interminable agonie de la duchesse. L’instabilité du temps et des lieux (le château se recompose sans cesse comme une œuvre d’Escher) répond à celle de son plus ancien habitant, surnommé faute de mieux l’Ectoplasme, « coincé dans un présent sempiternel », sur lequel la réalité n’a pas plus de prise que le temps. C’est un des personnages les plus touchants de ce roman, dans son désespoir de ne pouvoir vivre, « à cause de l’éternité », pourrait-on dire, car si sa mémoire absolue lui donne une connaissance parfaite du monde, il n’a rien vécu et se désespère de n’être « pas vraiment un et raisonnablement invariable comme chacun ».

Personnage clé, sans doute, et qui nous introduit dans une autre lecture de l’œuvre : un hommage à la littérature et, au-delà, une plongé dans l’imaginaire. L’Ectoplasme est le lecteur universel, qui « essaie comme des chapeaux toutes les destinées qui lui tombent sous les yeux ». Il est inséparable du conteur, un écrivain réfugié dans le château et qui en rompt la monotonie par des récits qui rebondissent de veillée en veillée dans une sorte de boudoir anglais. Comme jadis Mathieu Chain dans le roman éponyme, Brumaire est un écrivain échoué dans ce château improbable. Son identité cette fois ne fait aucun doute : par son physique, par ses œuvres, il évoque irrésistiblement Georges-Olivier Châteaureynaud. Effacé dans ses premières apparitions, il prend de plus en plus d’importance et, au détour d’une conversation sans sujet véritable, donne quelques clés d’interprétation.

Le monde où vivent ces personnages est d’abord celui des livres, du cinéma, de la fiction. Le jeune Astérion perdu dans son labyrinthe est un hommage à l’Aleph de Borges — le lecteur identifiera çà ou là quelques clins d’œil de ce type ! Si l’on croise au passage des personnages des précédents romans de l’auteur (Mathieu Chain, Lola Balbo…), on traverse au hasard des pérégrinations la place Cornélius Farouk, dédiée à un fantôme ironique de la littérature française… Mais la fiction devient structurante lorsqu’elle conditionne les comportements des personnages — s’il faut choisir une arme pour se défendre, on brandira un browning comme sur les affiches des films policiers. Et le gamin Minotaure enfermé dans son labyrinthe évoque au protagoniste son éducation dans un pensionnat suisse.

Plus largement, c’est l’imaginaire que met en scène ce château, l’imaginaire sans lequel l’homme ne peut vivre et que, souvent, il préfère ignorer, l’imaginaire dans toutes ses composantes : les fictions racontées par Brumaire, bien sûr, mais aussi les mensonges dans lesquels s’enfonce Alphan, ou les rêves, qui semblent avoir autant de réalité que les péripéties de la vie… L’imaginaire dans lequel les personnages trouvent refuge lorsqu’ils ont été blessés par la vie. « Nous constituons un pittoresque club de frileux qui s’efforcent de se tenir chaud », avoue l’un d’eux, on se frotte les uns aux autres pour soigner ses blessures et on se raconte des histoires pour oublier le passé, comme si une vie rêvée pouvait se substituer aux vies meurtries. Le château est la concrétisation spectaculaire de ce réservoir de ce qui pourrait, ou devrait exister. Tout ce qui est possible semble y avoir été remisé, sans inventaire possible (un huissier chargé de le dresser en fait l’amère expérience !), dans des pièces qui se multiplient à l’infini, dans une géographie mouvante, où il suffit souvent de penser à une chose pour se retrouver à l’endroit où elle existe. Selon son humeur, on peut parcourir un couloir en plusieurs heures ou quelques minutes — à la vitesse, en fait, de la pensée, ou de l’imagination. Aussi ne faut-il pas s’étonner qu’il ne soit que la projection des personnages, « hanté d’occupants issus, pour certains, de la mémoire d’Alphan ». Ou, à l’inverse, que les personnages soient la projection de l’univers, n’est-ce pas la même chose ? Les circonstances ont fait d’Alphan un personnage de roman : « Un hasard romancier vous a jeté dans son roman ». À moins qu’il ne soit « captif d’un rêve éveillé de son père ». L’imaginaire inclut ce qui l’inclut : Escher, Escher, quand tu nous tiens…

Si l’on entre dans ce royaume ignoré, il devient impossible d’en sortir, car il finit par nous faire douter de la réalité du monde quotidien, tant il semble plus réel que le réel. « Ailleurs, le monde n’existe pas vraiment, non ? C’est une sorte de… de racontar ! » Alphan, reclus dans le château, finit par considérer le reste du monde comme un théâtre illusoire, « les protagonistes de la comédie du pouvoir au sein d’Écorcheville lui apparaissaient sous l’aspect de marionnettes aux voix criardes, amusant la galerie depuis un castelet dérisoire. » Ce rapport au monde et à l’imaginaire ancre Georges-Olivier Châteaureynaud dans la Nouvelle Fiction, à laquelle il participa dans les années 1990. En fin de compte, l’immersion dans l’imaginaire nous interroge sur le sens de la vie. L’univers dans lequel nous vivons est soumis au hasard. Face au caractère « foncièrement aléatoire de l’existence », les occupants du château découvrent une « nécessité arbitraire » qui se substitue au hasard. Ici, enfin, on peut « se croire missionné, prédestiné, absous quoi qu’il arrive, du moment qu’on a rempli le contrat signé avec soi-même ». Entre hasard et nécessité, tout prend sens.

Cette « nécessité arbitraire », qui panse les plaies du hasard sans nous soumettre à un destin inexorable, délivre les personnage d’une « solitude ontologique », celle d’une existence que l’on ne vit pas vraiment, dont on est trop souvent le spectateur. Tel l’ectoplasme qui ne peut vivre que par le biais de ses lectures, les personnages ont peur de ne pas ressentir pleinement les événements. Au fond, Alphan qui craint de ne pas s’émouvoir comme il le devrait de la mort de sa fiancée, semble incapable d’un lien concret et direct avec ses proches et finit par se demander qui attache une réelle importance à sa présence sur Terre. « Le monde était donc un désert, tout juste peuplé de quelques silhouettes qui pouvaient à tout instant s’évanouir ». Telle est la « solitude ontologique » qui affecte tous les personnages. Les monstres venus d’au-delà du Styx n’ont pas leur place à Écorcheville. Les plus touchants de ces personnages sont en quête désespérée d’amis — l’Ectoplasme incapable de vivre ou Astérion, le Minotaure reclus de peur d’être enfermé dans un musée. Ou dans l’impossibilité de nouer une relation sincère, enfermés dans le secret de leur vie passée, comme le médecin terroriste, ou dans celui d’un ami à protéger, comme Ekatarina qui ne peut révéler l’existence du Minotaure. Au fond, ils sont terriblement humains, ces monstres crachés de l’au-delà, ces hommes échoués aux limites de l’univers, qui se retrouvent à la frontière entre leurs deux mondes.

Mais, surtout, au-delà de l’analyse et des références littéraires, on goûtera ici la somptueuse écriture d’un écrivain qui maîtrise parfaitement toutes les ressources de sa langue, de la notation brève aux phrases sinueuses, des descriptions aux dialogues, de l’évocation d’atmosphères (repas, soirées, averses…) à l’irruption des événements (assassinat, crash, incendie…), avec des formules percutantes, teintées d’ironie ou de morosité. Un gigolo vieillissant n’est plus « qu’un phénix très intermittent », un mélancolique « reprend du poil de la bête de scène », les journaux lus évoquent les reliefs d’un repas — « miettes de mots, épluchures d’articles et phrases rongées comme des os »… Chacun y puisera ses trésors comme les personnages emportent un souvenir privilégié du château détruit de l’imaginaire.
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À cause de l'éternité

La suite de *L’autre rive,* le livre se positionne une vingtaine d’années plus tard.

Alphan, jeune homme brillant qui a quitté Ecorcheville pour des études d’art à l’étranger revient pour se marier à Ecorcheville, sa fiancée doit l’y rejoindre.

Il est le fils de Bételgeuse, grande bourgeoise, ancienne débauchée dans sa jeunesse (c’est ainsi qu’elle est devenue la mère d’Alphan en couchant une nuit avec un sans grade, besogneux camelot, petit repris de justice, Bogue) et devenue punaise de sacristie.

A la demande de Bogue Alphan s’introduit dans les douves du château d’Eparvay (ville voisine d’Ecorcheville) pour y dérober une oeuvre de jeunesse de Rembrandt. Sa première rencontre y sera pour un minotaure caché dans les souterrains du château qui lui sauve la vie, puis Ekaterina, jeune fille qui protège le monstre que l’on sait venir de l’autre rive.

Les autres habitants de ce château infini, changeant, presque vivant n’en sont pas moins remarquables, de Benoît Brisé le héros du premier opus, devenu célèbre et ayant fui cette célébrité à un ectoplasme éternel et sans consistance (mais pas sans conversation), en passant par Balbir, tigre dans son extrême vieillesse et son ex dompteuse, à un faune (lui aussi rescapé du premier opus) et à un ancien terroriste.

Toute cette compagnie étrange et attachante, survit dans la crainte de la mort imminente de Thétis, dernière duchesse du lieu, et dont l’héritage reçu par un milliardaire japonais dispersera tout le monde.

A la fin, le château disparaîtra à la mort de Thétis.

*L’autre rive* compte pour moi, parmi les oeuvres que je retiendrais sur une île déserte, mais je l’avoue *A cause de l’éternité* est encore plus envoutânt, on s’attache au château univers et à ses occupants, on rêve que ça ne s’arrête jamais, et on pense que les 700 pages du livre sont insuffisantes pour en venir à bout.

Il est des livres dont ne sort jamais tout à fait, c’est le cas ici.

A noter qu’Eparvay apparaît dans quelques nouvelles de Châteauraynaud et que même si ce roman se suffit, la lecture du précédent est fortement conseillée.

Je n’ai pas cité Louise Jacaranda, mais présente dans les deux livres, elle occupe une place privilégiée dans ma mémoire.
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Aucun été n'est éternel

L'été, les vacances, l'évasion... un moment privilégié mais compté !

Aymon, avant d'entrer à l'université selon les désirs de ses parents, veut vivre un été de liberté, loin de Paris ; d'autant que Rochelle et Eudes, ses géniteurs, sont éloignés de ses aspirations personnelles ! Son père est pratiquement à l'agonie et sa mère désapprouve évidemment ses velléités de vacances. Il fuit et se retrouve à Athènes avec sa copine Cécile. Là, il n'y est pas en touriste mais il se joint à une bande de jeunes au portefeuille bien garni, drogués avec, comme héros et héraut, un chanteur avec sa guitare. Ils ont la protection de dealers ; ce qui finit par un départ à Tanger, une fuite à Londres pour y mener pareille vie de bohème.

Ce mois d'août est bien rempli mais de quelles occupations ! Les joints, le cannabis, la cocaïne et les chanteurs rocks and blues. Il s'en dégage, pour le lecteur, une morosité peu encline à l'enthousiasme ! Toutefois, les qualités de l'auteur retiennent l'attention par les regains d'intérêt au fil des chapitres.
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Aucun été n'est éternel

Aymon a 18 ans.

Malgré les suppliques de sa mère, il part en vacances en Grèce, laissant son père mourant.

Rencontre de jeunes, alcool, drogue, sexe, musique........

De Grèce, ils partent au Maroc et continuent leurs errances.

C'est le récit d'une jeunesse des années soixante, des hippies.

Un livre que j'ai survolé, passant de nombreuses pages.

Je n'ai pas été intéressée par cette histoire.

Je n'ai pas trouvé cet Aymon particulièrement sympathique.

Tout m'a semblé long, très long.

Un récit pas fait pour moi.
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Aucun été n'est éternel

Une histoire de voyage, de rencontres, de quête initiatique vers quoi, vers où ? Les surprises de la vie n’ont de saveur qu’au travers de son sens de l’humour.

Une jeunesse étiolée décidément trop courte, vécue pour la plupart entre deux parents âgés. Alors quand l’appel de l’aventure se fait sentir malgré la peur difficile de refuser.

Les personnages sont attachants, un brin kassos mais toujours débrouillards... Chapitres très courts, il se lit facilement, trop facilement...

Un grand coup de cœur à partager avec vous.



Bonne lecture :)
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Aucun été n'est éternel

Dans cette quête initiatique, écrite avec une nostalgie gourmande, Châteaureynaud est à son meilleur.
Lien : http://www.telerama.fr/criti..
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Aucun été n'est éternel

L'auteur de La Faculté des songes ou de L'Autre Rive a laissé de côté son goût pour le fantastique, le mystère, le décalage, pour narrer le quotidien d'un post-adolescent un peu perdu et totalement disponible.
Lien : http://www.lexpress.fr/cultu..
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Aucun été n'est éternel

« On ne croyait plus en rien, en rien d'autre qu'en l'instant et ça jouait d'la musique sur tous les sentiments…Juste une manière de vivre une manière d'être, je me souviens… » *



Je me souviens de mon premier été-liberté, la porte claquée, l'escalier ciré à peine dévalé ma vie allait changer.

Aymon, pourtant bien élevé, lâche ses « vieux », qui sont vraiment vieux, quitte la poussière pour la poudre, éjecte la fumée pour la fumette.

Aucune jeunesse n'est plus éternelle qu'un été ne l'est.

Eté 65, Bob Dylan est déjà en « Freewhellin'», Aymon a 18 ans.

L'appel de l'indépendance l'enverra d'Athènes à Tanger puis à Londres sans autre bagage que sa culpabilité qui viendra en séquence, chatouiller sa calebasse.

Entre un éphèbe talentueux guitareux, un dealer gentil mais calculateur, une anorexique bienveillante, et deux junkies imbibés jusqu'aux yeux, il va déglinguer sa petite face de « propre sur lui », exploser ses traveller-checks à coup de barrettes, miner sa cervelle, vidanger ses bourses neuves et zoner dans ses baskets.



L'itinéraire d'un enfant timoré, paumé dans la Beat génération est séduisant mais relaté sur papier glacé, bien poli et trop raffiné pour pénétrer le côté « sale » des situations, un peu comme à l'extérieur d'un fumoir d'aéroport ou tu vois opaque mais tu respires sain.



Ce petit aréopage est protégé par deux mécènes qui se servent de ces loqueteux célestes comme d'un petit théâtre burlesque et tragique dont ils sont les metteurs en scène tunés de leurs vies de paumés.



Ils mangent, dorment, sniffent, baisent, dans une ambiance musicale, petits pantins ridicules aux questions existentielles à deux balles : Ou est le monde réel ? Doit-on se soucier de l'avenir ? La vie ne mène nulle part qu'à la mort. Mes laitues naissent-elles ? Doit-on faire un plan de carrière ? Oui, mes laitues naissent. Fonder une famille ? Mes laitues naitront !



Lecture d'été-détente de revolver. Mais non, je galèje, le jeune Aymon est un gentil garçon qui va rentrer à la maison de maman si elle lui envoie de l'argent.

Quelle autre solution ? Petit con.



Tu ne savais pas, et si tu n'avais jamais su, comme d'autres grands couillons, ta frustitude t'aurais étranglé plus vite que ta vieillesse.



Lecture d'être et d'avoir été.





* « Balade au mois d'aout 75 », Charlélie Couture







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Aucun été n'est éternel

Pas aussi convaincu que la presse spécialisée comme on dit. Georges-Olivier Châteaureynaud nous raconte l'émancipation du jeune Aymon parti un bel été de 1965 à la découverte d'Athènes. Quittant des parents qui sentent la naphtaline, Aymon rencontre une bande interlope qui va rendre cette parenthèse à tout jamais inoubliable. Sexe, drogues, fêtes, drames, l'été est loin d'être de tout repos. Si l'écriture de Châteaureynaud est agréable tout du long de ce roman, il manque une vraie empathie pour son jeune héros et ses personnages en général. On peine à croire Aymon, jeune homme si effacé se laisser embarquer par cette bande qui brûle la vie de façon destructive. Et finalement, on termine ce voyage un poil frustré.
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Aucun été n'est éternel

La nostalgie est une notation rapide, discrètement réitérée. Elle n’est qu’un charme de plus dans ce livre au charme si réjouissant, et tout ensemble si poignant.
Lien : http://www.lemonde.fr/livres..
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Ce parc dont nous sommes les statues

Voilà un recueil de nouvelles que j'ai particulièrement apprécié. Le point commun de toutes ces histoires courtes : des personnages qui ont une vie ordinaire, une journée bien réglée, et un caillou dans la chaussure vient tout déranger, avec un petit côté fantastique en plus. Et des fins qui mettent en situation sans la règler : a toi de laisser libre court à a la suite. Un livre qui fait fonctionner l'imagination c'est pas commun ! Intelligent et très agréable, l'écriture est fluide, les histoires simples, immédiatement addictive ; à chaque fois, avec cette nouvelle motivation : qu'est-ce qui va lui arriver.a celui-là ? Du coup, on en redemanderai presque
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Ce parc dont nous sommes les statues



Georges-Olivier Châteaureynaud compose avec ces nouvelles un ensemble de statues disposées dans son parc imaginaire, dans lequel il nous invite à l’évasion.

Ce parc dont nous sommes les statues de GEORGES-OLIVIER CHÂTEAUREYNAUD est un recueil rassemblant dix nouvelles, paru tout récemment chez Grasset.



Ce qui saisit, de prime à bord le lecteur tout au long de ces nouvelles, c’est l’imagination sans bornes de l’auteur. Les nouvelles nous emmènent de l’aventure au fantastique, en passant par l’absurde. Des thèmes comme les métamorphoses, le destin, le souci de la technique voire la nympholeptie y sont abordés.

L’aventure de Léo, sorte de Énée des temps modernes, à l’histoire d’une tête dans un bidet, les nouvelles qui composent ce recueil abordent des sujets très divers, avec comme fil conducteur une marche progressive vers le fantastique. De surcroit, les personnages principaux sont sans cesse enlevés à leurs situations de départ. Ce fait constitue bien un fil conducteur pour l’ensemble du recueil.

Reste que, tout au long de ces dix nouvelles, le style de l’auteur, clair et toujours à propos, donne à la lecture de chaque nouvelle un rythme singulier.



En définitive, je recommande ce recueil de nouvelles passionnant, et dont l’ensemble à un sens. Quoique les recueils de nouvelles soient régulièrement décriés pour leur manque d’unicité, celui-ci souffre de l’apparente banalité des histoires que l’auteur raconte. Or il serait dommage de s’arrêter à cette impression première, tant le recueil recèle de possibilités de s’évader de son quotidien.

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Civils de plomb

Une nouvelle, un livre ! Que du bonheur !

Texte joyeusement surprenant que j'intitulerais "Une famille en plomb".

Q'est-ce qui a pris au narrateur de vouloir reconvoquer certains défunts de sa famille ou de ses amis qui avaient compté pour lui afin de partager un autre bout de vie ensemble ? Car les conséquences sont imprévisibles; difficile d'imposer ces êtres d'outre-tombe à ses proches...

Vous comprendrez que le texte navigue au bord de la réalité et c'est ce qui fait son charme. Le ton est tout à la fois léger et profond.

En plus le livre est petit, facile à dégainer d'une poche dès qu'un moment se présente et... très agréable au toucher- ah! le plaisir sensuel de "l'objet-livre". Un vrai plaisir de lecture !!
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Contre la perte et l'oubli de tout

Dans le nouveau titre de Georges-Olivier Châteaureynaud, l'écrivain part de ce constat qui le remplit de joie: le papier, qui semble si éphémère, est plus solide que le roc. Et, ce faisant, il fait un magnifique éloge du livre et de la littérature.
Lien : http://www.lefigaro.fr/livre..
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Contre la perte et l'oubli de tout

Porté par un style impeccable et un habile sens de la formule, Contre la perte et l’oubli de tout offre un étonnant déambulatoire qui nous rappelle, heureusement, que « la littérature, c’est ce que le public n’attend pas ».
Lien : https://www.ledevoir.com/lir..
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Contre la perte et l'oubli de tout

G-O Châteaureynaud commente avec intelligence et finesse ses lectures. Il nous donne envie de relire certains auteurs, comme le maître du genre fantastique, Edgar Poe (Le domaine d'Arnheim) ou l'intense et magnifique Invention de Morel de Bioy Casares.

On notera que Marcel Aymé est justement cité avec la Vouivre, entre autres, lui dont le fantastique sait se teinter d'humour.

On repart avec l'envie de lire plein de choses, comme L'homme-papillon de Mehis Heinsaar, La Mandragore de la Motte-Fouqué, le seuil du jardin d'André Hardellet...

G-O Châteaureynaud raconte aussi les ateliers d'écriture, ses débuts chez Grasset (il rend hommage à Bernard Privat). Il parle avec passion des livres de son ami Hubert Haddad. Avec modestie et simplicité, il nous offre un livre érudit et sensible.



Article entier sur le Manoir des lettres
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Contre la perte et l'oubli de tout

Belles réflexions sur un art personnel de lire et d’écrire le fantastique, ou même la littérature d’imaginaire dans son ensemble.



Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2018/11/20/note-de-lecture-contre-la-perte-et-loubli-de-tout-georges-olivier-chateaureynaud/
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Contre la perte et l'oubli de tout

Une non-fiction, un livre choisi par hasard à cause de son titre. « La perte et l’oubli de tout », c’est la démence cognitive de l’Alzheimer, un thème qui me touche, mais ce n’est pas du tout le sujet du livre.



En feuilletant rapidement, j’avais cru voir une série de nouvelles. Mais après une introduction accrocheuse et une courte nouvelle de l’auteur, c’est une série de commentaires sur des œuvres fantastiques et leurs auteurs. Ce n’est pas inintéressant, car après tout, c’est ce que nous partageons sur Babelio, mais ce n’est pas ce à quoi je m’attendais.



Ensuite, de belles pages sur le processus d’écriture et sur les souvenirs personnels de l’auteur, le Paris de sa jeunesse.



Un ouvrage qui surprend par son aspect disparate, comme un ramassis de notes, tantôt des commentaires légers, tantôt des réflexions sur la vie d’écrivain, le tout trop décousu pour susciter mon enthousiasme…

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