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Citations de Georges Simenon (3586)


Et elle une femme capable de parler des heures durant ! Capable de prendre tout le monde à témoin ! Capable de réduire le plus bavard au silence !
Elle n’était ni belle ni jolie. Mais elle était appétissante, surtout dans ses vêtements de deuil qui, au lieu de lui donner un aspect triste, la rendaient plus croustillante.
Une femme bien en chair, bien vivante, qui devait être une maîtresse tumultueuse.
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Maigret le regardait dans les yeux, lisait en lui aussi aisément que dans un livre tant il connaissait cette sorte d’hommes.
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Son aspect était tout le contraire de celui d’un homme nerveux. Il était grand et fort, et surtout il respirait la vie par tous les pores de la peau. Un homme exubérant, un peu brutal, fait d’une pâte plébéienne.
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[...] ... - "Je ne suis pas folle, ne craignez rien. Je ne suis même pas ce qu'on appelle une vieille toquée. Quand je dis que Rose - c'est le nom de ma bonne - est morte à ma place, je suis à peu près sûre de ne pas me tromper. Me permettez-vous de vous raconter la chose en quelques mots ?

- Je vous en prie.

- Depuis au moins vingt ans, j'ai l'habitude, chaque soir, de prendre un médicament pour m'endormir, car j'ai le sommeil difficile. C'est un somnifère liquide, assez amer, dont l'amertume est compensée par un fort goût d'anis. J'en parle en connaissance de cause, car mon mari était pharmacien.

"Dimanche, comme les autres soirs, j'ai préparé mon verre de médicaments avant de me coucher et Rose était près de moi lorsque, déjà au lit, j'ai voulu le prendre.

"J'en ai bu une gorgée et lui ai trouvé un goût plus amer que d'ordinaire.

-"J'ai dû en mettre plus de douze gouttes, Rose. Je n'en boirai pas davantage.

- Bonne nuit, madame !"

"Elle a emporté le verre, selon son habitude. A-t-elle eu la curiosité d'y goûter ? L'a-t-elle vidé en entier ? C'est probable, puisqu'on a trouvé le verre vide dans sa chambre.

"Pendant la nuit, vers deux heures du matin, j'ai été réveillée par des gémissements, car la villa n'est pas grande. Je me suis levée et ai trouvé ma fille, qui s'était levée aussi.

- Je croyais que vous viviez seule avec la bonne.

- Dimanche était le jour de mon anniversaire, le 3 septembre, et ma fille, venue de Paris pour me voir, est restée coucher chez moi.

"Je ne veux pas abuser de votre temps, monsieur le commissaire. Nous avons trouvé la Rose mourante dans son lit. Ma fille a couru avertir le docteur Jolly et, quand celui-ci est arrivé, Rose était morte dans des convulsions caractéristiques.

"Le médecin n'a pas hésité à déclarer qu'elle avait été empoisonnée à l'arsenic.

"Comme ce n'était pas une fille à se suicider, comme elle a mangé la même chose que nous, il est à peu près évident que le poison se trouvait dans le médicament qui m'était destiné. ... [...]
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[...] ... - "Vous appartenez maintenant à la brigade mobile de Draguignan, bon ... Et vous me téléphonez de Porquerolles ..."

Il y avait de la friture sur la ligne. De temps en temps, on entendait les demoiselles qui s'interpellaient d'une ville à l'autre.

- Allô ! Paris ... Paris ... Allô ! Paris ... Paris ...

- Allô, Toulon ... Vous êtes Toulon, mon petit ? ... Allô ! Toulon ..."

Est-ce que le téléphone fonctionnait mieux, de l'autre côté de la Manche ? Impassible, Mr Pyke écoutait et le regardait et, par contenance, Maigret maniait un crayon.

- "Allô ! ... Si je connais un certain Marcellin ? ... Quel Marcellin ? ... Comment ! ... Un pêcheur ? ... Essayez d'être clair, Lechat ... Je ne comprends rien à ce que vous me racontez ... Un type qui vit dans une barque ... Bon ... Après ? ... Il prétend qu'il est mon ami ? ... Hein ? ... Il prétendait ? ... Il est mort ? ... Il a été tué la nuit dernière ? ... Cela ne me regarde pas, mon petit Lechat ... Ce n'est pas mon secteur ... Il avait parlé de moi toute la soirée ? ... Et vous dites que c'est à cause de ça qu'il est mort ? ..."

Il avait lâché son crayon et essayait, de sa main libre, de rallumer sa pipe.

- "Je prends note, oui ... Marcel ... Ce n'est plus Marcellin ... Comme vous voudrez ... P comme Paul ... A comme Arthur ... C comme cinéma ... oui ... Pacaud ... Vous avez envoyé les empreintes digitales ? ... Une lettre de moi, vous êtes sûr ? ... Du papier à en-tête ? ... A en-tête de quoi ? ... Brasserie des Ternes ... C'est possible ... et qu'est-ce que j'ai écrit ? ..."

Si seulement Mr Pyke n'avait pas été là et ne l'avait pas regardé obstinément !

- "Je transcris, oui ... "Ginette part demain pour le sana. Elle vous embrasse. Cordialement ..." C'est signé Maigret ? ... Mais non, ce n'est pas nécessairement un faux ... Je crois me souvenir de quelque chose ... Je vais monter aux Sommiers ... Aller là-bas ? ... Vous savez bien que ce n'est pas mon affaire ..." ... [...]
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Une famille -- des Parisiens, évidemment ! -- courait à perdre haleine, Dieu sait pourquoi, enjambait les rails, se précipitait vers le train sans machine, et les trois enfants portaient des filets à crevettes.
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[...] ... L'homme était blond, fluet, avec des yeux bleus, le teint rose. Il portait un pardessus mastic sur son habit noir et tenait à la main un chapeau melon, tandis que, de l'autre main, il tâtait parfois son nez tuméfié.

- "Vous avez été assailli par un voyou ?

- Non. J'ai tenté de me porter au secours d'une femme qui appelait à l'aide.

- Dans la rue ?

- Dans un hôtel particulier de la rue Chaptal. Je crois que vous feriez mieux de venir tout de suite. Ils m'ont flanqué à la porte.

- Qui ?

- Une sorte de maître d'hôtel ou de concierge.

- Vous croyez qu'il ne vaudrait pas mieux commencer par le commencement ? Que faisiez-vous rue Chaptal ?

- Je revenais de mon travail. Mon nom est Justin Minard. Je suis second flûtiste des Concerts Lamoureux, mais, le soir, je joue à la Brasserie Clichy, boulevard de Clichy. J'habite rue d'Enghien, juste en face du Petit Parisien. Je suivais la rue Ballu, puis la rue Chaptal, comme chaque nuit."

En secrétaire consciencieux, Maigret prenait des notes.

- "Vers le milieu de la rue, qui est presque toujours déserte, j'ai aperçu une automobile en stationnement, une Dion-Bouton, dont le moteur tournait. Sur le siège, il y avait un homme vêtu d'une peau de bique grise, le visage presque entièrement caché par de grosses lunettes. Comme j'arrivais pratiquement à sa hauteur, une fenêtre s'est ouverte, à un second étage.

- Vous avez noté le numéro de la maison ?

- Le 17bis. C'est un hôtel particulier, avec une porte cochère. Toutes les autres fenêtres étaient obscures. Seule, la seconde fenêtre, en commençant par la gauche, était éclairée, celle qui s'est ouverte. J'ai levé la tête. J'ai aperçu une silhouette de femme qui a essayé de se pencher et qui a crié : "Au secours ..."

- Qu'est-ce que vous avez fait ?

- Attendez. Quelqu'un, qui était dans la pièce, a dû la tirer en arrière. Au même moment, un coup de feu a éclaté. Je me suis tourné vers l'automobile que je venais de dépasser, et celle-ci s'est brusquement mise en marche. ... [...]
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[...] ... Maigret ne prenait pas de notes ; tout cela se gravait dans sa mémoire.

- "Passons à la question importante, l'heure du crime ... Sans crainte de me tromper, je peux la fixer entre huit heures et dix heures du soir ..."

Maigret avait été déjà mis au courant, par téléphone, du témoignage des noctambules et de la présence de la Citroën jaune place de la Concorde un peu après une heure du matin.

- "Dites-moi, docteur, vous ne remarquez rien d'anormal ?

- Que voulez-vous dire ?"

Il y avait trente-cinq ans que le docteur à la barbe légendaire était médecin-légiste, et les affaires criminelles lui étaient plus familières qu'à la plupart des policiers.

- "Le crime n'a pas été commis place de la Concorde.

- C'est évident.

- Il a été commis dans un endroit écarté.

- Probablement.

- D'habitude, quand on prend le risque de transporter un cadavre, surtout dans une ville comme Paris, c'est pour le cacher, pour le faire disparaître ou pour retarder sa découverte.

- Vous avez raison, Maigret. Je n'y pensais pas.

- Cette fois, au contraire, nous voyons des gens risquer de se faire prendre, en tous cas nous donner une piste, pour venir déposer un cadavre en plein coeur de Paris, à l'endroit le plus en vue, où il était impossible qu'il restât dix minutes, même en pleine nuit, sans être découvert ...

- Autrement dit, les assassins voulaient qu'il fût découvert. C'est bien ce que vous pensez, n'est-ce pas ?

- Pas tout à fait. Peu importe.

- Ils ont pourtant pris leurs précautions pour qu'il ne fût pas reconnu. Les coups au visage n'ont pas été portés avec des poings nus, mais avec un instrument lourd dont je suis malheureusement incapable de déterminer la forme ...

- Avant la mort ?

- Après. Quelques minutes après ..." ... [...]
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La littérature c'est comme la pâtisserie.
Pour que ce soit vraiment appétissant et délicieux à déguster, tout compte.
Le goût, bien sûr, mais aussi la texture et l'aspect!
Jean-Paul Dominici
Nouvelles-et-romans.fr
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[...] ... Le passe-partout tourne dans la serrure. La porte s'ouvre.

- "Hein ? ... Qu'est-ce que vous faites là, vous ? ... Qui êtes-vous ?"

C'est presque comique à force d'être inattendu. Dans une petite cuisine bien propre, où ne traînent ni une assiette, ni un verre sale, ne découvre-t-on pas un vieillard qui attend, très digne, assis au bout de la table ?

- "Répondez ... Qu'est-ce que vous faites là ?"

Le vieux regarde avec stupeur ces hommes qui l'interpellent et il ne trouve rien à répondre. Le plus étrange, c'est qu'en plein mois d'août il est vêtu d'un pardessus verdâtre. Ses joues sont envahies par une barbe mal taillée. Son regard fuit, ses épaules se courbent.

- "Depuis quand êtes-vous dans cette cuisine ?"

Il fait un effort, comme s'il ne comprenait pas très bien, tire une montre en or de sa poche, en ouvre le boîtier.

- "Depuis quarante minutes," répond-il enfin.

- C'est à dire que vous étiez ici à cinq heures ?

- Je suis arrivé avant ...

- Vous avez assisté au crime ?

- Quel crime ?"

Il est dur d'oreille, penche la tête vers son interlocuteur à la façon des sourds.

- "Comment ? Vous ne savez pas que ..."

On découvre le cadavre. Le vieillard le contemple avec stupéfaction et reste figé. ... [...]
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[...] ... - "Je vous écoute, madame ... Restez assise, je vous en prie ... Mais avant tout, une question : qui vous a dit mon nom ?

- Mon mari, monsieur le commissaire ... Justin Hulot ... Quand vous le verrez, vous vous souviendrez sûrement de lui, car il a un visage qu'on n'oublie pas ... Il était douanier à Concarneau, quand vous y étiez venu pour l'affaire ... Il a vu sur le journal que vous étiez nommé à Luçon ... Hier, quand il a constaté que le cadavre était toujours dans la chambre, il m'a dit comme ça ...

- Pardon ! De quel cadavre s'agit-il ?

- De celui qui est chez monsieur le juge ..."

Une qui ne se laisserait pas impressionner ! Maigret, à ce moment, l'observait avec un médiocre intérêt, sans se douter que la nommée Adine Hulot, soixante-quatre ans, qu'il avait devant lui, lui deviendrait beaucoup plus familière et que, comme les autres, il l'appellerait Didine.

- "Il faut d'abord que vous sachiez que mon mari a pris sa retraite et que nous sommes venus vivre dans mon pays, à L'Aiguillon ... J'ai là une petite maison, près du port, que j'ai héritée de mon défunt oncle ... Vous ne connaissez sans doute pas L'Aiguillon ?

"C'est bien ce que je pensais ... Dans ce cas, vous aurez de la peine à comprendre ... Mais à qui vouliez-vous que je m'adresse ? Pas au garde-champêtre, qui est soûl du matin au soir et qui ne peut pas nous sentir ... Le maire ne s'occupe que de ses moules ...

- De ses moules ?" répéta Maigret.

- "Il est boucholeur, comme mon défunt oncle, comme presque tout le monde à L'Aiguillon ... Il fait la culture des moules ..."

Cet idiot d'inspecteur Méjat crut devoir rire d'un air malin et Maigret laissa tomber sur lui un regard glacé.

- "Vous disiez donc, chère madame ..."

Elle n'avait pas besoin d'encouragement. Elle prenait son temps. Elle aussi avait souligné d'un coup d'oeil l'inconvenance du rire de Méjat.

- "Il n'y a pas de sot métier ...

- Bien sûr ! Continuez ...

- Le village de L'Aiguillon est assez loin du port, où nous ne sommes que quelques feux, une vingtaine ... La plus grande maison est celle du juge ...

- Un instant. De quel juge s'agit-il ?

- Forlacroix, qu'on l'appelle ... Dans le temps, il était juge de paix à Versailles ... A mon avis, il a eu des ennuis et je ne serais pas étonnée que le gouvernement l'ait obligé à donner sa démission ..."

Elle ne l'aimait pas, le juge ! Et ce n'était pas elle, la petite vieille toute menue et toute ridée, qui avait peur de donner son opinion sur les gens !

- "Parlez-moi donc du cadavre ... Est-ce celui du juge ?

- Eh ! non, par malheur ! ... Ce ne sont jamais ceux-là qu'on tue ! ..." [...]
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L’homme était peut-être malade, mais pas au point, lui semblait-il, de s’écraser sur son lit comme une grosse larve, pas au point d’avoir ces yeux larmoyants, ces lèvres molles de bébé qui va pleurer.
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Enfin elle laissa tomber, avec un ennui sans espoir :
— Troisième à gauche au fond de la cour.
— Il est chez lui ?
Ce n’était pas de l’ennui, mais de l’indifférence, peut-être du mépris, peut-être même de la haine pour tout ce qui existait en dehors de son aquarium.

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’elle était si humble et qu’elle regardait son mari comme pour le remercier de l’avoir épousée ?
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Elle sortit l’une après l’autre ses jambes du lit, de longues jambes maigres qui ne devaient guère attirer les regards des hommes. Quand elle était debout, on s’apercevait qu’elle était très grande, squelettique. Que d’heures elle devait passer à arpenter l’obscurité des trottoirs ou à rêver devant un guéridon avant d’obtenir un résultat !

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Chacun finira pas se caser, de toute façon, et par se faire une vie à sa mesure.
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Les hommes ne s’aperçoivent de rien. Ils sont tout fiers, tout heureux ! S’ils savaient seulement ce que je pense d’eux et à quel point je peux les haïr ! Surtout quand je les vois, tout près, les yeux dans les yeux, avec une certaine expression sur leur visage !
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C’était la fatigue. C’était tout. C’était l’âge aussi. Et pas seulement l’âge, mais l’usure. Elle était une vieille bête et elle n’avait pas le courage d’imiter les vraies bêtes qui, elles, vont se cacher dans un coin pour mourir.
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Il avait fait son métier de policier. Il ne jugeait pas. Ce n’était pas à lui, mais à d’autres, plus tard, de juger, et il préférait qu’il en soit ainsi.
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Les gens se méfient des étrangers, à plus forte raison des journalistes.
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