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Critiques de Giacomo Leopardi (28)
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Zibaldone



“Je confiais mon bonheur à la garde de la mélancolie”. Giacomo Léopardi est un savant dosage entre un pessimisme annonciateur de Schopenhauer et un existentialisme préfigurant les écrits de Kierkegaard. Dans cette brève anthologie, Michel Orcel prélève 133 fragments sur l’immense “chaos écrit” que représente le Zibaldone léopardien, pas moins de 4 600 pages de journal, de pensées les plus diverses, à la fois sur la vie intérieure, la philosophie, l’histoire, l’esthétique et la poésie.



“Le plus solide plaisir de cette vie est le vain plaisir des illusions”. Leopardi semble nager à contre-courant de l’Esprit des Lumières dans ses écrits, rédigés entre 1817 et 1832. Le poète lyrique y proclame la nécessité des illusions, y déclare que la sagesse est plus proche de la nature que de la raison, et affirme : “l’homme ne désire pas connaître mais sentir infiniment”.

Grand ambassadeur du lyrisme, l’auteur fait l’éloge de ce courant poétique. Il vante notamment son harmonie, son vitalisme, son rythme, mais attention, le lyrisme se déguste à petites lampées, au risque de s’écoeurer.
Léopardi nous donne la clef (et nous déculpabilise au passage de nos bâillements intempestifs !) pour prendre plaisir face aux élégies, idylles, bucoliques et épigrammes, à l’image des “Odes” d’Anacréon, un plaisir “fugitif”, “rebelle à toute analyse” à condition de le lire avec “une attention distraite” et la rapidité ailée des sandales d’Hermès !



Au contraire d’une lecture minutieuse et exhaustive qui ne procurerait à coup sûr aucun plaisir. Pour le poète la saveur des vers ne se révèle que par “l’impression soudaine et indéfinissable du tout”. Ce n’est pas sans rappeler les conseils de lecture de Roland Barthes qui, dans L’Empire des signes, définissait également le haïku comme un instantané, plus éphémère qu’une volée de lucioles… alors poésie antique et haïkus même combat ?



“Les êtres sensibles sont par nature des êtres souffrants.” Mais Léopardi reste un grand pessimiste et ne s’en cache pas. Fort du constat qu’après vint-cinq ans tout homme est alerte “de la décadence de son corps” et “du flétrissement de la fleur de ses jours”, il proclame “l’existence n’est pas pour l’existant”, elle n’est que pour la conservation de l’espèce, nous sommes pour nous reproduire et tout plaisir ici bas n’est jamais dû qu’au hasard, et pourtant nous dit-il, nous espérons toujours. 
Le désespoir n’est jamais complet, même lorsque l’on se donne la mort, nous avons encore une once d’espoir et pas une pleine détestation de soi, l’amour propre ne s’éteint jamais complètement et “l’espérance est une passion”.



L’écrivain italien observe également le monde autour de lui, prédisant à l’Europe “civilisée” de nouvelles invasions barbares, notant que les peuples les plus civilisés sont souvent au bord du précipice, la civilisation et la science ne valant pas l’élan vital et immense qu’une nation barbare pleine d’illusions porte en elle. Cela me rappelle également le mot de Roger Martin du Gard dans son Jean Barois sur les idéologies qui, encore jeunes, ne peuvent qu’être intolérantes, sans compris possible, totalitaire dans leur portée car admettre la possibilité d’opinions contraires les conduiraient à n’être plus agissantes. Alors quel remède ? Pour l’auteur c’est qu’il n’y ait plus une seule nation “barbare” sur la surface du globe…



Le Zibaldone est également une oeuvre de moraliste, livrant une vision de l’existence, fortement influencée par les déboires, la dépression, les maux physiques de l’auteur, mort à seulement 37 ans. Ainsi, La Rochefoucauld écrivait que “la philosophie triomphe aisément des maux du passé et du futur mais les maux du présent triomphent d’elle”, Léopardi, plus sombre, écrit “le passé, dans la mémoire, est plus beau que le présent ; de même que le futur dans l’imagination. Pourquoi ? Parce que seul le présent est conçu par l’homme dans sa vraie forme ; il est la seule image du vrai; et le vrai tout entier est laideur.”



Qu’en pensez-vous ?
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Eloge des oiseaux



« Amelio, philosophe solitaire, était, un matin de printemps, assis, avec ses livres, à l’ombre d’une de ses villas, et lisait. Ému du chant des oiseaux dans la campagne, peu à peu il se prit à écouter et à penser, et laissa là sa lecture. Enfin il mit la main à la plume et, dans ce même lieu, il écrivit les choses qui suivent. »



Vous qui avez un peu de vague à l’âme, lisez cet éloge lumineux ou mieux écoutez-le, vous sentirez la joie vous envahir et votre cœur s’envolera.



Giacomo Leopardi (1798-1837) philosophe et poète compare le chant des oiseaux au rire de l’enfance mais les enfants grandissent. Ils deviennent sérieux, s’ennuient et nombre d’entre eux sombrent dans la mélancolie car ils sont condamnés au sol. L’oiseau s’envole et chante toute sa vie durant. Il est frêle, humble et nu mais il parcourt le monde entier par tous les temps sans jamais se départir du simple plaisir d’exister.







https://www.litteratureaudio.com/livre-audio-gratuit-mp3/leopardi-giacomo-eloge-des-oiseaux.htm
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Zibaldone

Extrêmement difficile à rattacher à un genre littéraire précis, le Zibaldone est une somme de 4 526 feuillets rédigés par Leopardi de 1817 à 1832. C’est un chef-d’œuvre d’une immense portée, témoin magistral du travail de pensée et de recherche d’un des esprits les plus vifs de son époque.

Il a pourtant fallu attendre l’année 1898, centenaire de la naissance de Leopardi, pour que le Zibaldone voie enfin le jour. Publiée par le poète Giosué Carducci, l’œuvre ne comporte pas de titre. Mais des pages foliotées. L’index mentionne cependant l’expression de Leopardi « mon Zibaldone di pensieri ». C’est cette expression, très évocatrice pour le lecteur, qui a été retenue comme titre définitif de l'œuvre. D’étymologie incertaine et brumeuse, ce mot ancien de « zibaldone » serait un terme culinaire, apparenté au « zabaione », le sabayon. Crème onctueuse obtenue grâce à de subtils et habiles mélanges d’ingrédients. Mais encore ?

Pour Leopardi, philologue amoureux des mots et du langage, la lettre Z qui est à l’initiale du mot, est à elle seule porteuse de sens. Elle évoque ces « parole pellegrine » qui conduisent aux pensées vagabondes. Pour le poète, l’aventure de l’écriture consiste avant tout à mettre au jour ces mots « pèlerins », élégants, flous et savoureux. Selon la formule du traducteur Bertrand Schefer, des « mots indéfinis pour un projet infini ! »

Le titre du recueil Zibaldone laisse pourtant imaginer un apparentement de cette œuvre aux « miscellane », à ce que l’on appelle en littérature des « mélanges ». On y rencontre tour à tour des ébauches, des notes, des aphorismes, des dissertations, des critiques littéraires, des réflexions philosophiques. Mais également quelques éléments autobiographiques que Leopardi a intitulés « Polizzine non richiamate ». « Petits bulletins non mentionnés » qui figurent dans l’index général. Y sont abordés les grands thèmes léopardiens, les références aux théories des Arts et des Lettres, Les Mémoires de ma vie. Cependant, pour des raisons qui nous échappent encore à ce jour, Leopardi interrompt brusquement son travail de réflexion, s’éloigne de son œuvre pour se consacrer à la réédition de certains de ses ouvrages antérieurs.

Commencé dès 1817, le Zibaldone est une sorte de « matrice », un « magma » dont émergent des blocs parfaits, qui se suffisent à eux-mêmes. C’est une « chambre noire », une « machine mécanique occulte » dans laquelle Leopardi voit sa propre langue restituée à l’intérieur des langues étrangères. Une œuvre d’où se dégage une « Métaphysique du langage ». La seule qui reste lorsque toute métaphysique a disparu.

Œuvre monumentale à nulle autre pareille, le Zibaldone est « une architecture », dans l'acception proustienne du terme. Un véritable « laboratoire expérimental du roman moderne », qui ouvre la voie à Musil et à Joyce. Une oeuvre difficile, exigeante, mais à l'heure où n'importe quel tâcheron dépressif se prend pour Philip Roth, une oeuvre salutaire.
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Chants

Les Canti (Chants) de Giacomo Leopardi est une œuvre incontournable, fondamentale dans l’histoire de la poésie.



Issu de la noblesse italienne, écrivain, philosophe, grand érudit formé au matérialisme et au classicisme, Giacomo Leopardi reste encore aujourd’hui un penseur inclassable. Son œuvre interroge le présent à l’aune du passé et la part d’avenir qu’il porte déjà en lui, la notion de temps pour mieux questionner ensuite l’être dans sa dimension la plus intime, la plus universelle aussi.



La première impression, en lisant les Chants, c’est la musicalité, le rythme qu’offre la langue italienne. Leopardi est avant tout une poésie de la voix et de ses résonances, de l’écoute aussi vécue comme une expérience originelle du son, avec ses variations profondes et légères. Les Chants sont pour la plupart de longs poèmes dans lesquels s’ancre une capacité à étendre la phrase, à maintenir une même mesure, comme un chant qui trouve en lui-même sa propre régénération.



Leopardi, au travers de nombreux thèmes apparaît comme un être devenu un étranger sur terre, un passant désenchanté, qui est à la fois distant et attentif au monde.



Le joug de la vie familiale et sociale, le poids de la religion, l’avènement de la modernité, Leopardi porte tout cela en lui. Il se confronte à une réalité du monde qu’il réprouve mais qu’il sait au fond de lui être aussi la sienne, une réalité qui le constitue. Cette dualité intérieure transparaît dans toute sa poésie comme la marque d’une vitalité désespérée, d’une expérience profonde de l’ennui existentiel.



Publiés à partir de 1824, les Chants possèdent en eux un souffle, une beauté lyrique saisissante (je pense ici aux poèmes " Le dernier chant de sapphô ", " Le rêve ", " À Silvia ", " Le Genêt ou la fleur du désert " ou encore " À soi-même " (A se stesso) :



" Tu vas maintenant trouver le repos

Pour toujours, mon cœur las. Et l’ultime illusion

De me croire éternel est morte. Je sens

Que se son éteints, ainsi que l’espoir,

Les désirs d’illusions qui me furent si chères.

Repose à jamais. Tu battis

Si fort. Rien ne mérite

Tes élans, et la terre n’est pas digne

De soupirs. La vie

N’est qu’amertume, ennui. Rien d’autre. Le monde

boue.

Calme-toi désormais. Désespère

Pour la dernière fois. Notre espèce n’a reçu

Du destin que le don de la mort. Méprise-toi.

Méprise la nature, l’affreux

Pouvoir qui, en secret, ordonne de chaque chose

Sa destruction, et l’infinie, universelle vanité. "



Giacomo Leopardi est un pessimiste de nature, de sensibilité, plus que de raisonnement. L’ennui et l’ironie sont chez lui comme une tentative presque ultime de reconstituer un sens à l’existence, de retrouver un pays perdu (celui de l’enfance) et de parer l’échéance qui attend toute personne.



Poésie sombre qui pour pouvoir exister concède une place particulière à la lumière, l’écriture de Leopardi s’opère à cette condition, avec sa part de musicalité, comme une mélodie qui semble ne pas vouloir cesser.





Pour découvrir les Chants de Leopardi, j’ai choisi la très belle traduction qu’en a fait René de Ceccatty publiée aux Editions Payot & Rivages, une édition bilingue qui permet de confondre les textes et d’en saisir toute la tessiture et la forme.
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Chants

Toujours très agréable de « butiner » ce recueil. Réflexion sur l'humain, le sens de la vie, le retour à la nature, à la contemplation. Entre Rousseau et Schopenhauer, une pensée et une vision du monde du XIXe siècle, mais toujours actuelle. Une poésie que certains pourraient qualifier de naïve, trop introspective, pas assez tournée vers l'Humain. Mais, Leopardi s'est toujours senti rejeté de la société, et se tourne donc vers la nature, comme les autres poètes romantiques de son époque. Il y trouve l'exaltation et la force nécessaire à son épanouissement . Sans oublier son patriotisme pour cette Italie qui peine encore à s'unifier. « Les Chants » sont pour moi une bouffée d'air pur.
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Eloge des oiseaux

Comme il porte bien son nom ce court texte évoquant l'admiration inconditionnelle de l'auteur pour les oiseaux qui ne connaissent que "contentement et joie de vivre". Quand on sait combien Leopardi était malheureux il semble transposer tout el bonheur du monde dans ces minis etres.

Certaines comparaisons pretent à rire, il n'y a rien de très scientifique dans ces observations. Cela reste poétique, réfléchi, analysé à sa façon.

Un texte agréable à parcourir.
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Eloge des oiseaux

Un court texte de Giacomo Leopardi, écrivain italien du début du XIXème siècle.



On y découvre Amelio, « un philosophe solitaire » qui laisse un instant de côté ses livres pour admirer le chant des oiseaux et se laisser aller à l'écriture. Le texte constitue un véritable éloge aux « plus joyeuses créatures du monde ».



Selon le narrateur, le plaisir que nous ressentons en écoutant le chant des oiseaux vient d'abord « non de la suavité des sons, si grande qu’elle soit, ni de leur variété, ni de leur concert, mais de cette marque d’allégresse qui est contenue naturellement dans le chant en général et dans le chant des oiseaux en particulier. C’est, pour ainsi parler, un rire que l’oiseau fait, quand il se sent dans un état de bien-être et d’agrément. Aussi pourrait-on dire en quelque façon que les oiseaux participent du privilège que l’homme a de rire et que n’ont pas les autres animaux [...]»



Pour lui, si les oiseaux se montrent si joyeux, c'est qu'ils ne sont pas « sujets à l’ennui. Ils changent de lieu à chaque instant ; ils passent d’un pays dans un autre, aussi éloigné qu’on voudra, et des plus basses aux plus hautes régions de l’air, en peu de temps et avec une facilité merveilleuse ; ils voient et éprouvent dans leur vie une infinie diversité de choses »

Il ajoute : « À ces qualités et ces conditions extérieures correspondent chez eux les qualités intrinsèques, c’est-à-dire de l’âme, par lesquelles ils sont aussi plus aptes à la félicité que les autres animaux. »



Les points positifs : un texte intéressant à découvrir pour s'évader un instant. J'ai apprécié les réflexions philosophiques du narrateur sur le rire chez l'homme.



Les points négatifs : un style un peu ancien et quelques répétitions.

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Le massacre des illusions

Découvrir Leopardi par le biais de sa pensée politique effraiera plus d’un lecteur ; c’est pourtant une des façons les plus directes de constater combien les réflexions de cet esprit « froid », comme il aime à se décrire, non seulement furent précises et lucides à son époque mais le restent et le sont même parfois encore davantage à la nôtre.

Génie ignoré parce qu’irrécupérable, esprit dont le cynisme n’a d’égal que l’idéal qui l’a fondé, Leopardi nous détruit ici avec courage et audace le présupposé que la civilisation n'est une évolution ni logique ni bénéfique de la nature humaine : la raison est un principe destructeur, et la preuve la plus brillante est la réflexion même de l'auteur.

À travers des extraits de son journal de chevet, le Zibaldone, Leopardi expose donc ici une forme de conception de la vie politique qui dépasse largement le cadre dans lequel on l’entend parfois en philosophie ou en économie : la politique, la science de la Cité et des masses, demeure plus que tout une connaissance des individus, de l’Homme.



Un grand coup de chapeau aux éditions Allia pour avoir eu le courage d’affronter le Zibaldone et d’en proposer des clefs d’entrée comme celle-ci : la traduction est d’ailleurs remarquable.

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Chants

Giacomo Leopardi est l’un des grands poètes italiens, enfant surdoué de la noblesse transalpine du début du XIXe siècle. Ses poèmes, en prose et en vers, reflètent avec vigueur le profond désespoir de cet homme tourmenté à la fois par le Sort qui lui attribua un physique plutôt ingrat et une santé plus que fragile, ainsi que la bassesse et la médiocrité dont se contente l’humanité afin de croire à une certaine félicité de sa condition.

Ses origines aristocrates le poussent à la nostalgie des grandeurs passées ainsi qu’à la peur des multiples transformations sociale, politique, économique et technique de son époque. Il témoigne, en effet, de ce que l’on n’appelait pas encore la mondialisation avec l’ouverture de l’Europe sur le vaste Monde, la réduction des distances et l’augmentation des échanges.

La tonalité de ses poèmes est vivement désespérée. Leopardi interpelle directement le Sort, le Ciel, la Nature et la Lune pour exposer ses plaintes, ses douleurs et les grandes déceptions qui semblent avoir tissé le fil de sa vie. Pourtant ce lourd pessimisme s’apparente à de la clairvoyance. A la façon de Nietzsche, Leopardi ne se jette pas benoîtement dans la béatitude générale qui caractérise ses contemporains. Il n’oublie pas l’essentiel de l’existence : l’amour (magnifié par quelques poèmes d’une grande beauté) et la mort (présente en permanence dans le discours du poète.) Enfin, comme beaucoup de pessimistes écœurés par la suffisance et la superficialité des Hommes, Leopardi chante les bonheurs de la solitude et de la contemplation, s’émerveillant des paysages de l’Italie, du chant enchanteur des oiseaux et de l’immensité vertigineuse du firmament.

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Dix auteurs classiques italiens

Comme son nom l'indique, dans Dix auteurs classiques italiens, Isabelle Lavergne a sélectionné de petits textes de dix grands auteurs. On y retrouve, entre autre, Pétrarque et Manzoni.

Le livre se présente en version bilangue, avec l'italien à gauche et le français à droite. Des notes explicatives de vocabulaire se trouvent en bas de chaque page.

J'avais acheté ce petit livre au moment de mes premiers cours d'italien et ne l'avait jamais entamé, jugeant que le niveau était trop difficile pour moi. Six ans plus tard, j'ai trouvé l'italien du XIVème siècle encore peu accessible ; heureusement qu'il y avait la traduction ! La compréhension des textes datant d'avant le XIXème siècle est ardue, l'italien moderne étant né récemment.



Challenge ABC 2019/2020
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Pensées

Les grands artistes sont de fins analystes et de subtils observateurs. Giacomo Leopardi en fait partie incontestablement. Dans "Pensées" il affirme, dès les premières lignes de ce recueil aphoristique philosophique, sa vision du monde et des hommes : « Je me suis longtemps refusé à tenir pour vrai ce que je vais dire, car compte tenu de la singularité de ma nature et du fait que l’on tend toujours à juger les autres d’après soi-même, je n’ai jamais été porté à haïr les hommes, mais au contraire à les aimer. C’est l’expérience qui, non sans résistance de ma part, a fini par me convaincre ; mais je suis sûr que les lecteurs rompus au commerce des hommes reconnaîtront la justesse de mes propos ; tous les autres les trouveront excessifs jusqu’au jour où l’expérience de la société humaine leur ouvrira les yeux à leur tour. J’affirme que le monde n’est que l’association des coquins contre les gens de bien, des plus vils contre les plus nobles. » Et comme les coquins et les plus vils sont, de loin, les plus nombreux, ils sont les représentants les mieux accomplis de ce que l’on pourrait nommer la nature humaine. Cette critique des masses imbéciles et incompétentes est aussi une critique de ce que les occidentaux se plaisent à ériger en principes universels, ceux de la démocratie. La voix du plus grand nombre ne sera en effet qu’une voix de coquins, et il n’est pas étonnant de trouver, installés confortablement sur leurs trônes « démocratiques », les plus abjects des hommes, car ils sont les miroirs de leur société. On pourrait reprocher à Leopardi une position élitiste et sectaire, mais quand il parle de noblesse, il ne pense pas à une classe particulière, sorte de caste minoritaire élue qui serait douée de capacités supérieures à celles de la majorité, mais à une capacité propre à certains individus, qu’ils soient issus de l’aristocratie, de la bourgeoisie ou du prolétariat. Pour Leopardi l’imbécillité est une règle, même, et surtout, chez les classes dominantes.

Mais Leopardi s’attaque avant tout, en misanthrope, au plus grand vice des hommes, celui de l’affectation et des faux-semblants. Il déplore le peu d’estime que l’on porte à la sincérité et à la franchise et défend ceux qui optent pour l’isolement et la vie en solitaire. Tant de bêtise ne poussant pas, il est vrai, à la compassion.

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A coeur ouvert

Le pistolet, l’épistolaire.

Existentialiste avant l’heure, poète essentiel, Giacomo Leopardi (1798-1837) préfigure et innerve la pensée du XXe siècle. Amoureux éconduit par la vie, il construit une œuvre hantée par la vacuité de l’existence. En prenant le contrepied d’une destinée tragique, Marco Frederici Solari, chercheur, traducteur, éditeur italien, a sélectionné dans la volumineuse correspondance de Leopardi vingt et une lettres et extraits qu’il organise en deux parties équilibrées : « Les frémissements du bonheur » ; « Le bonheur est une splendide illusion ». Classées chronologiquement, les lettres éclairent le parcours terrestre et spirituel de l’auteur. De son émancipation à son positionnement social, Giacomo Leopardi demeure à l’écoute des autres et les réconforte autant qu’il pourrait souhaiter l’être lui-même. Sa solitude et son pessimisme sont tempérés ou exacerbés par son érudition et la pénétration de sa pensée. Le bref recueil proposé au lecteur francophone est une belle réussite éditoriale dont le contenu est au diapason du contenant, le livre s’insérant dans une jaquette convertible en enveloppe. Le portrait de Leopardi en couverture s’encadre dans la dentelure d’un timbre. Le lecteur n’a plus qu’une envie, expédier la correspondance de Leopardi à un ami.
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Chants

Les Canti de Leopardi ne sont pas le cri désespéré d'un moi qui souffre ; c'est le chant pathétique de l'Homme voué, par sa destinée perverse et contre-nature, à devenir de plus en plus malheureux à mesure que ses lumières croissent. Plus sa conscience s'éveille, plus sa douleur augmente : c'est une poésie sombre et touchante, sans noirceur excessive comme on peut en rencontrer chez les pessimistes qui le suivront (Schopenhauer et Nietzsche en première ligne), mais sans secours et sans recours non plus.

Dans une langue sans fard aux accents mesurés, justes et frappants, Leopardi fait montre ici d'une profondeur de style rare et merveilleuse.
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Chants

Ayant lu cette édition, ces chants présentés par Giacomo Leopardi nous donnent une très belle réflexion sur la nature, la mélancolie mais aussi la notion d'"infinito", qui est l'un des thèmes principaux de cette histoire. Une chose est sûre, Leopardi était un génie.
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Chants

Les Canti de Leopardi ne sont pas le cri désespéré d'un moi qui souffre ; c'est le chant pathétique de l'Homme voué, par sa destinée perverse et contre-nature, à devenir de plus en plus malheureux à mesure que ses lumières croissent. Plus sa conscience s'éveille, plus sa douleur augmente : c'est une poésie sombre et touchante, sans noirceur excessive comme on peut en rencontrer chez les pessimistes qui le suivront (Schopenhauer et Nietzsche en première ligne), mais sans secours et sans recours non plus.

Dans une langue sans fard aux accents mesurés, justes et frappants, Leopardi fait montre ici d'une profondeur de style rare et émouvante.
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Journal du premier amour

Leopardi n'a pas eu une vie heureuse. Sa vie amoureuse, réduite à néant, est à l'avenant. Dans ce journal du premier amour, écrit à 19 ans, il relate ce qui lui arrive intérieurement mais aussi dans sa vie à ce moment précis où il éprouva pour la première fois ce sentiment.

Le lecteur de Leopardi sait rapidement que ce n'est pas un poète et un écrivain de la joie de vivre et de l'épanouissement. Noble mais pauvre, bossu de surcroît, il ne plait pas aux femmes et est d'une santé fragile. Il se réfugie dans la lecture, l'étude des classiques et des langues mais souffre rapidement d'une ophtalmie qui le laisse presque aveugle...

Dans ces conditions, son amour sera platonique, bien sûr, déçu évidemment et essentiellement intérieur. En tous cas pas tellement réciproque.

Il consigne donc dans ce journal ce qui lui arrive afin de mieux s'en prémunir à l'avenir, l'amour ayant surtout pour effet de le faire souffrir, énormément souffrir. Sa nature sensible, romantique s’accommode mal de son incapacité à être aimé dans ce monde superficiel ou il est rejeté à cause de son indigence et de sa laideur, alors que tant de beauté sommeille en lui.



Néanmoins, il ne faut pas croire que c'est un journal pessimiste et mortifère. Les effets de l'amour, la façon dont il né, semble disparaitre, revient plus fort, surgit à tout instant et sous de très nombreuses formes, tout est décrit avec poésie (en prose) et douceur. Et surtout avec un grand talent, celui que l'on connaît à Leopardi.

On souffre avec lui, pour lui de ses malheurs et de cette vie dure et injuste qu'il a vécu. Notre seul réconfort est peut être qu'il en a tiré de très belles œuvres comme celle-ci...
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A coeur ouvert

J'aime beaucoup ce format d'édition, passe partout et surtout cette jaquette qui permet de se transformer en enveloppe postale .A partir de lettres choisies, on découvre un personnage et son parcours de vie .

Giacomo Leopardi est un total inconnu pour moi mais je me suis fiée à la qualité de ces éditions (j en ai déjà lu plusieurs) pour entrer dans l'intimité de ce personnage . On reconnait la fougue lyrique d'un poète, la finesse du propos, la grande culture classique, l'exaltation toute romantique et sensible de ce début de XIXes, cette mélancolie dépressive qui innerve ses lettres. Je me suis un peu perdu dans l'emphase , la gravité, la douleur qui innerve ces lettres mais j'ai beaucoup aimé le découvrir par ce biais . Je trouve juste qu'il manque une "conclusion" plus aboutie pour clore la vie de cet homme.
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Chants

A travers ce recueil de poèmes en prose et en vers, nous sentons toute la douleur du poète après la disparition de son aimée. Il aime à se rappeler les moments de bonheur et de désir qu'il avait et qu'il a toujours lorsqu'il se l'imagine en train de lui parler.

Mon édition se poursuit avec des réflexions de l'auteur, parmi celles-ci, l'une retraçant la création du monde à travers les dieux romains, d'une façon similaire à ce que l'on peut lire dans la Bible. Je trouve ce récit assez amusant par son extrême pessimiste de la vie humaine.



C'est un recueil que j'ai aimé, mais qui ne m'a pas transcendé. on y lit la beauté dans certains vers, mais il manque un travail sur la nature et la passion pour que je puisse entrer pleinement dans le thème. C'est dommage pour moi, mais il faudrait peut-être que je le lise à un autre moment pour apprécier le recueil pleinement....
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A coeur ouvert

Issu d'une collection dédiée aux correspondances d'écrivains, À cœur ouvert regroupe des extraits de lettres de Giacomo Leopardi en suivant deux axes de lecture: le désir de fuir le carcan familial pour entrer pleinement dans la carrière des lettres puis la conviction de la puissance salvatrice de l'imagination et des sentiments face aux douleurs de l'existence. En effet, sa peinture des émotions y est particulièrement expressive et virevoltante, découvrant un jeune homme désemparé face aux rigueurs et principes paternels. Pourtant, on sent que cet enthousiasme s'émousse quelque peu lorsque, seulement quatre années après sa tentative de fugue, Leopardi tient le rôle du sage et raisonnable grand frère devant les tourments et inquiétudes de sa sœur.

Chaque extrait étant accompagnés de petites introductions présentant le contexte et les destinataires, ce recueil ouvre aussi, malgré son format court, sur l'histoire sociale et familiale d'un jeune intellectuel de l'aristocratie italienne au début du XIXe siècle.
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Chants

Giacomo Leopardi (1798-1837) est considéré comme l’un des plus grands écrivains italiens. Et pourtant, il est quasiment inconnu du grand public français. Moi, je connaissais seulement son nom jusqu’il y a peu de temps. Le préfacier nous apprend ici que l’auteur, petit et bossu, a eu une vie très difficile. Quoique parlant d’amour dans son œuvre lyrique, il est probablement mort vierge... Leopardi a aussi été un philosophe et, aujourd’hui, certains le considèrent comme l'un des précurseurs de l’existentialisme.



"Canti" contient un grand nombre de textes, une partie étant écrite en prose. Je me suis intéressé surtout aux vers. Certaines poésies sont longues, je dirais même trop longues. Pourtant, j’ai beaucoup apprécié des passages où l’auteur évoque – avec douceur et douleur – sa nostalgie de l’enfance, ses souffrances dans ses amours non partagés, sa perception poétique de la Nature et son attente de la mort (qui le délivrerait de son sombre destin). Quoique ancienne, cette poésie est facile à lire, même si le spleen qui en émane est lourd.
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