Gilbert Delahaye

Pour faire les CRÊPES, l plus habile c'est Martine.

On croit que les accidents n'arrivent qu'aux autres, aux imprudents. Mais quelquefois on s'aventure un peu loin...

Regardez cette pomme:elle n'est peut-être pas parfaite, mais elle parle! Elle dit: Je respire le soleil et le grand air.

Attention les marmitons, on ne copie pas sur son voisin!

Un radeau ne se manoeuvre pas comme une brouette. Il faut le diriger adroitement.

Avec son petit bec retroussé, on dirait même qu’il sourit!

Moustache, il faut l'avouer tout de suite, est très gourmand. Hier encore, il est entré dans la laiterie sans rien dire à personne. Il faut le voir se mettre en colère. C'est un mauvais caractère. Parfois, lorsqu'il est fâché, il grimpe dans le cerisier et il reste là pendant des heures. Heureusement, il a croqué le rat du grenier et les trois souris qui grignotaient le plancher de la chambre.
Médor est le meilleur ami de Jean-Pierre. De tous les animaux, c'est lui le plus brave. Le jour, il met le museau à la barrière. La nuit, il ne dort que d'un œil. Médor protège la basse-cour.
Il donne la patte quand on la lui demande. Il comprend tout ce qu'on lui dit. N'est-ce pas merveilleux d'avoir un tel ami à la ferme ?
Mais bientôt tante Lucie appelle les enfants pour le goûter. Quelle surprise : on a mis sur la table le pain bis, le beurre frais, les assiettes et la bouteille de cidre avec son bouchon gros comme une champignon. Sans oublier les confitures aux groseilles qui sentent si bon.
- Voici un sucre, dit Martine à Médor. Et toi, Moustache, tu auras quatre doigts de lait.
Vraiment, c'est une belle journée qui s'achève. Oncle Jules, tante Lucie et Jean-Pierre sont venus jusqu'à la barrière qui s'ouvre sur la route.
On s'embrasse bien fort. La moustache de l'oncle Jules pique. Tante Lucie sort de sa poche deux bâtons de chocolat.
- Vite, grimpons sur la barrière, se dit Jean-Pierre.
- Au revoir à tous nos amis de la ferme, crie Martine. Et surtout, dites-leur que nous reviendrons dimanche.
~~~~Casterman - Collection Farandole - Édition de 1954~~~~
(p.16)

Lolo est un curieux personnage. Il mange, il joue et il dort dans la prairie. Toute la journée il fait ce qu'il lui plaît. Il rêve à l'ombre des peupliers. Il regarde passer les trains : celui qui monte le raidillon en sifflant à tue-tête et celui qui roule la nuit, tout illuminé, le long de la rivière.
Lolo ne chante pas très bien. Par contre, il porte une robe chocolat et bientôt il aura deux cornes bien dures sur le front. C'est lui qui enfonce sa tête dans les seaux de lait et qui fait rire toute l'étable.
Noiraud est aussi rapide que le vent. Sa maman lui a dit : < < Ne cours pas si vite ! > > Mais Noiraud n'en fait qu'à sa tête. Quant il a fini de galoper, il se roule dans l'herbe touffue de la pâture.
Plus tard, il fera claquer ses sabots sur le pavé de la grand-route. On l'attellera à la charrue de Jean-Pierre et il tirera la faucheuse à travers les carrés d'avoine. Ce qui n'est pas peu de chose.
~~~~Casterman - Collection Farandole - Édition de 1954~~~~
(p.14)

Connaissez-vous Lapin ? Sûrement que oui. Eh bien, entre nous, Lapin n'est pas très malin. Ses gros yeux sont tout ronds et ses oreilles n'en finissent pas.
Lapin a quatre vilains défauts : il est toujours assis, il mange les salades du jardin, il n'a jamais fait de gymnastique (il ne sait pas sauter plus loin que le bout de son nez), il remue sans cesse le museau et cela n'est pas poli.
Quant à Mouton, rien à lui reprocher. Il ne se salit pas, il ne ment pas, il est toujours obéissant. Lorsqu'on le caresse, il bondit de joie au milieu des marguerites et il fait bê-bê comme tous les moutons du voisinage.
Demain, il sera grand. Le berger le conduira sur la colline, d'où l'on aperçoit, paraît-il, le plus beau pays du monde. Mouton donnera toute la laine qu'il a sur le dos. On en fera une belle couverture pour Martine et un petit bonnet pour Cacao.
Qui a dit que Cochonnet est un vilain animal ? Qui a dit cela ? Comme il est rose, comme il est frais !
Il fait chaud, chaud. La terre sent bon sous le soleil, la paille craque, les mouches volent. C'est pourquoi Cochonnet agite ses oreilles. Elles font flic flac sur ses yeux et il a tant de plaisir qu'il grogne, qu'il grogne ! Ses jambes sont trop courtes : qu'à cela ne tienne. Cochonnet est bien content tout de même.
~~~~Casterman - Collection Farandole - Édition de 1954~~~~
(p.11)

Canard se couche quand tout le monde dort à poings fermés et qu'il fait noir au poulailler. Il n'a vraiment pas peur. Il a plus de chance que Poussi : du matin au soir, beau temps, mauvais temps, il joue dans la mare. Il sait nager la tête sous l'eau, la queue en l'air. Hélas ! quand il court, il se plaint de son rhumatisme et il avance tout de travers.
Ma commère l'Oie n'est jamais seule ; elle craint trop de s'ennuyer. Comme est est gourmande, elle a mangé toute sa pâtée.
Elle voudrait bien sauter sur les branches du poirier comme le papa de Poussi ou grimper sur le mur aussi bien que Moustache. Mais elle est si lourde, si lourde qu'elle doit se contenter de courir en battant des ailes. Ce qui ne l'empêche pas de crier à tue-tête :
< < Attention, attention, me voici ! > >
Pigeon, lui, est beaucoup plus sage. Il a tellement voyagé à travers champs, à travers bois, qu'il est devenu très savant. Beaucoup plus savant que Perroquet. Perroquet répète par cœur tout ce qu'on lui dit.
Perché sur le faîte du toit, Pigeon se contente de roucouler. Pourtant, si l'on savait ce que Pigeon a dans la tête.
~~~~Casterman - Collection Farandole - Édition de 1954~~~~
(p.8)

De tous, Poussi-Poussin est le plus petit. Rond comme un œuf, jaune comme une jonquille, il va, il vient. Il perd la tête tant il y a de choses à voir autour de lui. Soudain il s'arrête : vite un grain de riz. Il repart, s'arrête encore : on est bien ici, il y a du soleil. C'est si bon ! Puis il aperçoit un lapin et se remet à courir après sa maman.
Pensez donc, cinq poussins à surveiller, qui marchent depuis deux jours à peine, et qui ne savent même pas manger tout seuls ! La maman de Poussi a beaucoup à faire. Elle vous regarde d'un œil sévère. Ce qui signifie :
< < Si vous touchez à Poussi-Poussin, je m'en vais vous becqueter le petit doigt. > >
Mais au fond, elle a bon cœur. Ce matin, elle a pondu un œuf gros comme ça que tante Lucie a fait cuire sur le plat, et c'est Jean-Pierre qui l'a mangé.
Le papa de Poussi a une crête écarlate. Sa queue est un merveilleux panache. Il en est très fier. Si fier qu'il en a perdu le sommeil. Il réveille la basse-cour à quatre heures du matin. Tout le monde est fâché contre lui. On entend son cocorico à deux kilomètres d'ici. Oui, deux kilomètres ! Comme il est très fort, personne n'ose le contredire.
~~~~Casterman - Collection Farandole - Édition de 1954~~~~
(p.5)

Quand tombe on à cheval, on remonte aussi vite!

la forêt est habitée par les lapins, les oiseaux et les écureuils.
-Venez jouer avec nous, demande un lapin.
-Nous cueillerons des mûres,ajoute un merle.
Nous voulons rentrer chez nous, interrompt Martine, qui se fâche. -Où est la maison ? Insiste Cacao. À ces mots, toute la forêt se met à rire.

Dans la cabane, Martine a allumé un feu de bois. La lampe brille sur la table. Jean souffle dans son harmonica et, vive la montagne, chacun se met à chanter:l

-Regarde en bas le bateaux de l'oncle François. Qu'il est petit ! On dirait une coquille de noix. Pauvre patapouf, il n'est pas plus gros qu'une boule de laine.

La montgolfière s'élève avec les passagers. La foule applaudit.
Papa et maman arrivent juste à temps pour assister au départ.

Prêts ?... Oncle Gilbert allume le brûleur.
Mes amis, vous parlez d'n vacarme !
En deux secondes Patapouf est sorti de l'enveloppe comme s'il avait un dragon à ses trousses.
dans la bonbonne, il y a du gaz. Le brûleur à gaz chauffe l'air.
L'air chaud se dilate et ne demande qu'à s'envoler avec le ballon.
Cet aérostat s'appelle une montgolfière.

Martine caresse doucement le satin, tourne, retourne et virevolte à travers la chambre, puis soudain elle s'affole en voyant une déchirure au-dessus de l'ourlet. Est-ce un cauchemar ? Non, sans aucun doute possible il y a un accroc de cinq centimètres au moins dans le bas de la jupe.

Nicolas suit du regard une guêpe qui bourdonne. Elle va se poser juste sur le nez de l'épouvantail.
- Génial, votre bonhomme de paille ! dit-il. Il a vraiment l'air naturel !

Martine a les yeux qui se ferment. Elle abandonne son livre. Soudain, elle sursaute ! Il fait presque nuit. Que se passe-t-il ? Elle croit rêver. Quelque chose s'agite autour d'elle. On dirait une pelote de laine, avec des oreilles. Mais non, c'est un lapin...puis deux, puis trois ! un bataillon de lapins !