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Critiques de Gilles Rochier (110)
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La cicatrice

La cicatrice n'est pas l'adaptation en BD du roman de Bruce Lowery publié en 1960 mais bien une création de Gilles Rochier. Un homme découvre un soir en prenant sa douche une cicatrice. L'homme à la vie bien rangée, va peu à peu basculer dans la peur et l'obsession. Quitte à perdre tout ce qu'il a ?

Voilà un roman graphique au postulat de départ original. Gilles Rochier montre comment un évènement à priori mineur peut vous faire basculer dans une forme de paranoia. On tourne les pages avec un plaisir évident. On veut savoir. Et la vient le bémol bien frustrant, Rochier choisit une fin assez ouverte, qui pour le coup m'a laissé sur ma ... faim.

Mais sa critique d'un monde ou le culte de la réussite est aussi omniprésent vaut largement qu'on s'y attarde. Cette cicatrice est loin d'être une plaie.
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Bastion

Accompagne Gilles Rochier dans ses errances urbaines, dans sa cité, dans ses dessins de banlieue-z'art.

Tais-toi, observe.

Approche-toi des murs pour lire les messages.

Décrypte.

Des insultes universelles te feront sourire : fils de pute, salope, nice la police*.

Certains messages te resteront incompréhensibles, tu ne connais pas les gens qui vivent là.

D'autres sont poétiques :

'Monte

monte

voir'

sur des marches.

'Toujours

toujours

toujours

plus haut'

sur des pignons.



Album très court et sans paroles, hormis celles taguées sur les murs, et la brève postface de l'auteur qui invite à reparcourir les pages, encore plus soigneusement :



« On marche entre les grands murs.

Partout des mots inscrits. Signatures ? Messages ?

Ils sont ici souvent une marque qui joue pour s'approprier un espace dur, qui est aussi un refuge, une maison, un bastion.

Parfois les mots deviennent insulte, menace.

Des silhouettes sombres transforment un passage en forteresse, en lieu de combat, en bastion. »



Il dit aussi : « Lisez les bandes dessinées de Gilles Rochier.

Son site : https://envraccity.tumblr.com/ »

Je dis la même chose !

Cet auteur mérite d'être connu, écouté, si vous avez l'occasion, au détour d'un salon.

Ses dessins s'apprivoisent.





Cet album 'indé' parlera à ceux qui aiment ces « marques qui jouent pour s'approprier un espace dur ».

Il plaira à ceux qui prennent le temps de lire les messages sur les murs ou au sol, de dénicher des oeuvres sauvages dans les rues (pochoirs, mosaïques...), de regarder les artistes tagueurs en action, et qui rêvent d'aller à Berlin pour le street-art...



_____



* je ne l'ai pas trouvée dans cet album, cette invitation, c'est le souvenir d'un tag vu dans le 18e arrondissement, à la fin du XXe siècle.
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Les Frères Cracra

Dans un format de minuscule album jeunesse, une dizaine de pages pour faire connaissance avec les frères Cracra. Et les aimer, d'emblée, bien qu'ils ne semblent guère recommandables.



Leur portrait collectif est dressé par Jo, un de leurs admirateurs, jeune voisin de la Cité des Bois Fleuris : « Ils savent faire un tas de trucs dingues ça donne envie d'avoir des frangins. »

Ils sont huit, ont de 7 à 20 ans et sont tous aussi 'têtes de cailloux'. Leur mère les élève à la dure, leur père est devenu sourd (ou prétend l'être ?) à cause de leur boucan.



Belle histoire, racontée à hauteur d'enfant.

On y croit, on y est, c'est l'univers à la fois tendre et sans concessions de Gilles Rochier quand il évoque une certaine 'banlieue'.

Très court avec une fin choc.
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Faut faire le million

« J'ai ce drôle de goût dans la bouche... le même que quand j'étais môme, un mélange de trouille et de vouloir en découdre. Entre violence et fuite. »

.

J'aime beaucoup Gilles Rochier et son univers.

L'auteur est sympa sous ses airs bougons, un 'diamant brut' découvert par hasard lors d'une table ronde, parmi des dessinateurs bankables comme 2 Fab - qui sont nettement moins intéressants, à mes yeux, mais c'est un autre sujet.

.

L'univers de Rochier, c'est la banlieue type 9-3, celle dont beaucoup parlent sans la connaître.

Lui, il la dépeint très bien, et pour cause : c'est son milieu naturel, depuis toujours.

« J'ai poussé de travers et pas bien haut... pas assez pour voir plus loin que le périph' et m'envisager ailleurs. (...) Alors je suis resté en quartier... J'en ai même fait mon fonds de commerce... Tu ne le sais peut-être pas mais j'écris des livres et je les dessine... Je fais de la BD en fait. »

.

Il se met en scène dans la plupart de ses albums, avec une sincérité touchante, et ses mots sonnent juste & frappent fort.

Comme j'ai son âge, je me retrouve dans ses souvenirs de jeunesse et ses doutes de quinqua, même si ma vie semble plus confortable et ma situation moins précaire.

Gilles est au chômage, il traîne avec un pote. L'argent manque, les jeunes font les cons, certains anciens copains ont mal tourné.

Il faut tuer le temps, on va au bistro, on enrichit la Française des Jeux, on papote, on s'engueule, on repart à zéro dès le lendemain, mais n'empêche, Gilles est chiant, insupportable, et son copain s'autorise à lui dire : « T'es énervé, après t'es triste... T'embrouilles tout le monde, t'insultes. Tu crois que c'est normal ça... sérieux ? »

Non, et le narrateur est le premier à s'en inquiéter et à en souffrir.

Quel avenir ? Entre découvert bancaire, désoeuvrement et inquiétude pour les gosses... Alors au présent, il navigue à vue entre colère, désespoir et tendresse.

.

On trouve également des allusions aux Gilets jaunes, aux violences conjugales, au surmenage du personnel hospitalier...

Je n'hésite pas à le dire, vu que j'ai lu plusieurs Rougon-Macquart : c'est du Zola épuré, subtil, en BD, avec beaucoup d'émotion, un peu d'humour tendre aussi.

.

Quatrième de couv' : « Tu sais ce que je veux moi... Tu te rappelles le solo de saxophone dans le morceau 'Fatalité' de Trust... ? Eh bah... Je veux que ma vie soit comme ça » *

Ceux qui aiment cette phrase suivront l'auteur ! Et seront touchés, conquis, j'en suis certaine.

.

♥ Un grand merci à Babelio et aux éditions 6 Pieds sous Terre. ♥

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PS : je respecte au maxi la ponctuation de l'auteur lorsque je recopie les extraits (j'en ai relevé plein, presque 1 par page, mais je dois vous laisser des surprises !). J'ajoute parfois un point non marqué dans le texte pour signifier le changement de case.

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-----------

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* https://www.youtube.com/watch?v=G0dka217Wd8 ♪♫
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En attendant

Il y a les adeptes du 'En même temps'.

Et ceux du 'En attendant', comme Beckett & Godot, Bourdeaut & Bojangles, Connely & le jour.

Et comme Gilles Rochier avec son copain Caro (alias Fabcaro).

Ils attendent quoi, ces deux-là ? Des jours meilleurs après une rupture ? L'aube en picolant et racontant des conneries qui rapprochent et réchauffent ?



En attendant, ils nous font bien rire avec ce petit album foutraque.

C'est Caro qui a écrit, et Rochier qui a dessiné, au crayon de couleur (du rouge, du bleu), si j'ai bien compris.

Un dessin accompagne un aphorisme délirant. Il n'y a pas forcément de rapport entre les deux, ou seuls les auteurs le connaissent.

Beaucoup d'humour, c'est absurde comme du Fabcaro, perché, drôle, triste et tendre comme des 'Brèves de Comptoir'.



Pour se faire une idée, lire des extraits, ou tout l'album.



º º º º º º º º º º º º º º º º º º º º º º º º º º º



En attendant, on peut aussi écouter les auteurs en parler :

• « 'En attendant', c'est les petites punchlines de deux amis dont un s'est fait plaquer, des instantanés, des petits morceaux de désoeuvrement, des bilans de rien, des réflexions de bitume et d'appart mal rangé, de rupture amoureuse et de lendemains de fêtes, comme ça, en attendant que ça passe, le temps d'un mois d'octobre en suspens. » - Fabrice Caro

• « On n'arrivait pas à prendre une décision sur un projet... alors, en attendant, j'ai demandé à Fab de me montrer ses écrits, j'ai pris un ou deux mois pour dessiner... hors des cases... la possibilité du dessin. Simplement me frotter à ses textes sans qu'il me vampirise. Il me donne la liberté totale de représentation, alors je dessine ce que je veux, en rouge et bleu parce que j'ai acheté un lot sur une brocante. Ses punchlines, c'est de l'amour 2018, ça sent la nuit et les matins raides, les tiraillements, les instants seconds, j'ai pas toujours collé mes dessins au texte, des fois les émotions du texte me faisaient penser à un autre truc... des sentiments parallèles. Je sais ce qu'il veut raconter. » - Gilles Rochier
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En roue libre

Où est Gilles, dans les albums de Rochier ?

Généralement dans une banlieue avec des barres d'immeubles, visibles dès la première de couverture.

La seule différence notable ici avec ses autres BD : les personnages sont tout ronds, tout mignons.

C'est Nicolas Moog qui est au dessin, cette fois.

Mais s'il change d'apparence, celui qu'on suppose être l'auteur reste égal à lui-même : sympa, cool et attentionné - le bon copain, le compagnon et le papa dont on rêve.

Et un truc fait partie de sa vie : les Granola.



Ici, il est au chômage, s'occupe de ses filles et glande dans la journée dans la cité avec un pote.

Le pote, c'est Tonio, unijambiste alcoolique, forte tête, amer, provocateur et grinçant :

« Bon alors, les Bamboulas ! Va falloir sauter plus haut si vous voulez jouer en NBA.

- Ha, le con ! Tu vas te faire défoncer, un jour, à leur parler comme ça.

- Oh, t'inquiète, ils frappent pas les infirmes. J'en profite. de toute façon, ils pensent que je suis barjot. »



La patience du bon copain semble sans limites. Il aurait quelque chose à se reprocher par rapport au handicap de Tonio, ou quoi ? On ne le saura pas, malgré quelques flash-back :

« Rappelle-toi, bon sang... / Je ne me rappelle plus. / Je ne me souviens pas. / Non vraiment, je ne me souviens pas. »



Encore une réussite de Rochier, cette fois à 4 mains (+ 2 pour la couleur) où l'on retrouve ses sujets de prédilection, traités avec douceur, naïveté, honnêteté, tendresse : dépression, mecs sympas, amitié entre hommes, entraide... servis avec quelques Granola et beaucoup d'humour.



Les albums de Gilles Rochier se ressemblent, les histoires sont proches, mais j'adore retrouver ses ambiances, ses personnages sur le fil.

Je me faisais la même réflexion hier soir à propos de Patrick Dewaere en revoyant 'Coup de tête' (Jean-Jacques Annaud, 1979).
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La cicatrice

Je poursuis ma découverte de l'oeuvre de Gilles Rochier.

Et je retrouve des albums déjà lus dont je ne gardais aucun souvenir. Comme celui-là, auquel j'avais attribué un sévère 2/5, sans prendre la peine de faire un billet (et je comprends pourquoi). Quand l'ai-je lu ? Aucune idée.



C'est aussi à un trou de mémoire qu'est confronté Denis, mais autrement plus préoccupant, d'abord parce qu'il est plus jeune que moi, donc moins habitué, ensuite parce qu'un truc pareil semble doublement indélébile.

On pourrait dire que ce jeune homme est un winner : bon job, confiance de ses chefs, mariage récent, nid d'amour en rénovation, voiture neuve tous les ans... On comprend la fierté maternelle : il est issu d'un milieu très modeste.

Grain de sable dans cette belle mécanique lorsqu'il découvre une cicatrice sur son torse avec quatre points de suture, dont il ne parvient pas à se rappeler l'origine.



Ça tourne à l'obsession aussi bien pour Denis que pour le lecteur, comme l'ont écrit d'autres lecteurs sur Babelio. On n'envisage pas de refermer l'ouvrage sans savoir ce qui lui est arrivé.



Frustration & agacement car...

Même la dimension métaphorique, je ne la perçois pas vraiment.

Si je me souviens bien, 'La Moustache' d'Emmanuel Carrère m'avait autant déroutée. L'avantage ici : c'est plus vite lu.
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TMLP : Ta mère la pute

Sans doute largement autobiographique, cette histoire est celle d'une bande de potes d'une cité HLM dans les 70-80's, "pas des méchants ni des dangereux, tout juste des branleurs des fumistes disaient nos profs, mais pas des mômes méchants" (sic).



J'ai découvert Gilles Rochier lors d'une table ronde où étaient également présentes deux stars de la BD, deux Fab* qui ont le vent en poupe et peut-être le melon qui gonfle avec (cela n'engage que moi).

Comme souvent dans ce genre de rencontres IRL, c'est l'auteur que je ne connaissais pas qui m'a le plus intéressée et touchée. Un chouia abrupt, sur la défensive, sûrement plus à l'aise à dessiner que devant un public, il a évoqué son parcours, et avoué qu'on lui disait parfois que ses dessins étaient moches et qu'il n'aimait pas ça.

Alors je ne le dirai pas, parce qu'on s'en fout quand le scénario, les situations et les mots sonnent juste, à tel point qu'on a l'impression que c'est un gamin de l'âge des protagonistes qui raconte.

En plus Gilles Rochier sait nous cueillir, sans sensationnalisme, avec des drames aussi banals que terribles.

Et il parsème ses albums de Granola (chourés, mais chut) ! ♥



Lire aussi 'Les Frères Cracra', 'Bastion'...
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La petite couronne

Brèves de trottoir, de banc de square.

Ils sont deux copains adultes, sans emploi mais pas sans boulot : ils doivent faire les courses, s'occuper des enfants (plein d'enfants), aller les chercher à l'école, les aider pour les devoirs.

Le reste du temps, ils observent et discutent, comme des gamins, naïfs, sans filtre, honnêtes, inquiets de l'avenir de leur cité et de l'actu (attentats, élections présidentielles de 2017).



Chroniques douces amères : tristes, tendres, drôles.

Gilles Rochier excelle dans ce registre. ♥
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Temps mort

Je me demandais pourquoi Gilles Rochier se mettait (presque ?) toujours en scène dans une 'cité' alors qu'il n'y vit plus - je crois. Il en est originaire, mais on le voit adulte, aussi, dans ses albums : le petit brun ébouriffé & mal rasé, c'est lui !



Ici, le personnage qui lui ressemble se retrouve au chômage après douze ans d'activité professionnelle.

L'économie ne semble pas florissante dans son coin, et ce n'est pas facile de chercher du taf loin quand on a une compagne et des enfants. Il va donc devoir apprendre à vivre autrement. Cela pourrait être l'occasion d'une reconversion, pour lui qui aime dessiner.



« Ma boîte ferme. Fatigue, dépression. Plus d'envie. Me voilà dans le vide. Je dessine. Je retrouve mes potes. Laissés sur le bord de la route du chomdu. Graver ce moment de rien. (...) Faire un temps mort. »



Aux potes, aux anciens voisins, il peut dire qu'il n'a plus de boulot et n'en cherche pas, ou pas 'un vrai', pas tout de suite. Avec certaines personnes, c'est plus difficile, elles ne peuvent pas comprendre - une vieille tante, par exemple.



Encore un bel album de Gilles Rochier : sensible, tendre, doux, drôle, plein d'amour fraternel entre potes. Et toujours cette sincérité d'un regard d'enfant / d'ado, que j'aime tant chez cet auteur :

« Voir que l'on est devenu des adultes avec toujours 16 piges dans la tête. »
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La cicatrice

La Cicatrice est un roman graphique haletant et météoritique. Gilles Rochier est probablement parti d’un concept simple : un homme découvre subitement qu’il a une large cicatrice sur le corps, savoir d’où elle vient va l’obséder. Une broutille en somme, mais tourné diablement efficacement, car j’en ai fait une lecture nette et sans bavure, d’une seule traite haletante. Avec son dessin crayonné en bleu et blanc, l’auteur réussit à garder le lecteur tendu et aux aguets du moindre indice pour comprendre d’où peut bien venir cette mystérieuse cicatrice... Pour le lecteur comme pour le personnage principal, ça nous bouffe de ne pas savoir !



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TMLP : Ta mère la pute

Lu dans le cadre du club-lecture auquel j'appartiens et qui a pour but de décerner le prix des prix des ouvrages qui ont reçu le Prix Littéraire les lycéens et apprentis de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur (but ambitieux, n'est-ce pas pour notre petit groupe mais bon...pourquoi pas !), j'ai été assez déstabilisée par cette découverte.

Décontenancée pour deux raisons, tout d'abord à cause du dessin qui m'a gêné (celui-ci est en effet assez grotesque mais cela est fait pour) et ensuite lorsque j'ai appris qu'il s'agissait d'une histoire vraie, celle du dessinateur, Gilles Rochier.



L'histoire se déroule à la fin des années '70 dans une banlieue parisienne. Le petit groupe de Gilou (Gilles) est en rébellion constante contre un monde qui leur paraît rempli d'injustices. Entre les mères qui sont parfois obligées de se prostituer à la fin du moins pour faire un peu grossir l'argent qui rentre en trop faible quantité dans cet appartement pourri, dans une banlieue qui n'est guère reluisante non plus - et le chômage qui plane sur toutes les têtes, bref dans un monde où ces jeunes sont bien obligés de s'acclimater et souvent de voler pour -non pas survivre - mais disons vivre un peu. Il y a là trois banlieues qui cohabitent tant bien que mal (je dirais plutôt mal que bien car les jeunes de chacune d'entre elles sont en "guerre" perpétuelle) et qui pourtant, parfois, se réunissent pour "souffrir" ensemble cette misère du monde. Il y a la musique aussi et, trop souvent, les engueulades qui peuvent parfois dégénérer et vous marquer à vie...



Bon, je ne vous en dirais pas plus et vous invite à venir découvrir cet ouvrage par vous-mêmes car, mon mari ayant beaucoup aimé cette lecture, je me dis que je suis peut-être passée à côté de quelque chose et que je ne lui ai pas rendu tout le prestige qu'il mériterait sûrement d'avoir (il n'a pas obtenu le prix des lycées & apprentis de la région PACA en 2013 ainsi que le prix Révélation Fauve d'Angoulême en 2012 pour rien, vous ne trouvez pas ?). A découvrir !
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Solo

« Nan mais... oui... comme ça du jour au lendemain... il a acheté ce truc-là... il souffle dedans toute la journée... Si, je te jure... N'importe quoi. »

.

Ce truc-là, c'est une trompette, et ce lendemain ne suit pas n'importe quel jour mais un sinistre vendredi 13, celui d'une série d'attentats à St-Denis et à Paris, dont celui du Bataclan.

.

Les grandes douleurs sont muettes, paraît-il, et souvent solitaires (même lorsque le drame est partagé par une famille, par une foule) mais pas forcément silencieuses.

Ici, c'est un cri, c'est un chant ♪♫ - ah non, pas ça, pas lui... ou alors un chant funèbre.

C'est un cri de douleur, pas d'allégresse, un long cri exprimé avec une trompette. Par un seul homme, mais qui résonne dans toutes les têtes autour, et il y a du monde dans cette cité.

Un cri, un bruit, un son ininterrompu qui rend fou et qui inquiète :

« Tu vas voir ! Ça va nous faire des ennuis, comme Charlie, pire même.

- Ah bon ??! Comment ça ? Des ennuis ?

- Bah ! pour nous... les Arabes !

- On a rien à voir avec ça nous... Rien. (...)

- Parce que tu crois que les gens vont pas tout mélanger. Pas faire l'amalgame... ? Et puis s'ils ne le font pas t'inquiète, la presse le fera pour eux. »

.

Malgré la douleur, le désespoir, le ton est plein de tendresse - avec, de nouveau chez Gilles Rochier, ce personnage d'ami fidèle qui accompagne et essaie d'apaiser par tous les moyens son copain en souffrance, en danger, au bord du gouffre.

Le lecteur est sur le fil, entre drame et comédie. On arrive à sourire, parce que les idées du pote Kader sont variées, amusantes, et donnent lieu à quelques échanges surréalistes.

.

Encore un bel album de cet auteur talentueux et sensible. ♥
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La cicatrice

Un dessin brut, au stylo, un peu raide, comme improvisé et posé directement sur le papier, rehaussé à posteriori de deux nuances d’un même bleu en aplats pour donner un peu de relief. Le récit est un impromptu sur le sujet du monde du travail, de la vie sociale qui en découle. Denis travaille à fond dans son entreprise, il ne vit que pour le boulot, son épouse, c’est la même chose, leur vie familiale n’existe pratiquement pas, c’est le grand vide. Un jour, il découvre une cicatrice sur son corps, dont il n’a aucun souvenir. Une cicatrice qui va le faire perdre pied, une histoire d’un pétage de plomb, ou d’un lâcher prise. La cicatrice comme catalyseur d’un mal-être ou alors comme la disparition d’un organe, les œillères de la vie… À chacun d’imaginer, critique sociale, dénonciation, c’est bien mené, mais je ne suis pas totalement comblé par cette lecture. L’ensemble est un peu timide et anecdotique, peut-être à cause d’un manque d’ambition, de la modestie de l’engagement, du graphisme, ça reste un exercice de style intéressant, mais sur un tel sujet, j’aurais aimé y trouver plus de poigne, plus de caractère.
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Solo

Après les attentats du 13 novembre 2015, un homme s'achète une trompette et cesse de parler.

Cet instrument devient son porte-voix, mais une voix désordonnée. Sa voie à lui semble désormais celle de la folie... Il devient vite difficilement supportable pour son entourage.



Dans cette bande dessinée, l'auteur décrit à nouveau la banlieue, qu'il représente si souvent dans ses ouvrages.

L'histoire est triste, mais ponctuée de quelques dialogues amusants. J'ai parfois trouvé le graphisme monotone (à l'image de la vie dans les banlieues ?) avec des planches qui reprennent le même décor, seuls les personnages en premier plan y étant modifiés.



De cet auteur, j'ai nettement préféré « Les frères Cracra », « La petite couronne », et « TMLP ».

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Tu sais ce qu'on raconte

Ah, quand une rumeur circule dans un village et que chacun donne sa version, ça peut vite tourner au drame. Une BD originale, plaisante à lire
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Solo

L'album raconte l'histoire d'un homme qui, en réaction aux attentats de 2015 en France, se cloisonne dans un étrange mutisme : il ne parle plus, certes, mais il fait résonner ses émotions à travers sa trompette, instrument récemment acquis. Son entourage tente de le sortir de cette situation insupportable, tant pour sa famille que pour ses amis et ses voisins.



Le thème m'intéressait énormément et c'est ce qui m'a incitée à emprunter cet ouvrage. Le style des illustrations se rapproche de la bande dessinée "crayonnée", avec la particularité d'être bicolore, beige clair et beige foncé. J'ai trouvé le rythme plutôt lent et je pense que c'est tout à fait volontaire. La narration est bien menée et j'ai aimé le fait que ce soit un personnage a priori "secondaire" qui ouvre les yeux au fil des planches, et élargisse notre point de vue progressivement... En revanche, je n'ai pas été fortement emballée dans l'ensemble, sans doute à cause des dessins et des couleurs plutôt fades qui rendent l'atmosphère lancinante.
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La petite couronne

Deux amis vivent depuis toujours dans la banlieue parisienne. Leur quotidien nous est montré : routinier et ennuyeux, au milieu de gens qui s'ennuient autant qu'eux. Dans leur quartier, la pauvreté n'est pas seulement un sujet financier, mais aussi social.

Lorsque l'un des personnages décide d'acheter une arme à feu, son ami s'inquiète, et le lecteur aussi, d'autant plus que l'usage prévu de cet objet reste longtemps secret.



Quelques traits d'humour rendent cette lecture agréable, et ne sont pas superflus pour décrire ce monde dans lequel il ne fait pas bon vivre.
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TMLP : Ta mère la pute

Gilles Rochier décrit ici la vie de quartiers oubliés en périphérie de grandes villes à la fin des années 1970. En particulier celle de gamins qui n'ont pas de perspectives, pas d'occupations, et qui ne peuvent pas considérer leurs parents comme des modèles à suivre. Résultat : il consacrent leur temps à faire des conneries.



C'est triste, mais malheureusement très réaliste.



Quand décidera-t-on d'investir dans leur cadre de vie et leur éducation plutôt que dans des prisons ? Et quand empêchera-t-on les premiers de cordée de couper la corde sous leurs pieds pour - le croient-ils en tout cas - l'alléger ?



Bel album, sensible et touchant comme 'Les frères Cracra' du même auteur.
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T'inquiète

Club N°56 : BD non sélectionnée

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Écrit à 5 mains, il ne mérite ni un majeur, encore moins un pouce, juste une mise à l'index...



Vincent

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Résultat d'un confinement entres potes, auteur de BD.



Chaque auteur représente un personnage, membre d'un ancien groupe de musique.



Malheureusement l'exercice de la BD à 10 mains n'est pas réussi pour moi, trop d'inégalité.



Décevant quand on connaît certains de ces auteurs.



Mel

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Était-il nécessaire de publier les cahiers de vacances des auteurs ?



Clément

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Les 5 auteurs se sont certainement bien marré en créant ce cadavre exquis.



Mais le résultat est à l’image de l’exercice : un peu décousu et surtout très inégal.



Un passage de Bouzard est hilarant et quand Fabcaro prend la suite, je suis déçu.



Au final : pas du tout à la hauteur de mon attente.



JF

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