Les 3 mousquetaires 1 parodie
- Tu vois pas là ? La cicatrice.
- Si si, je la vois. Et alors ?
- Alors... je sais pas. Je sais plus pourquoi j’ai ça.
"Le seul risque c'était quand il y avait embrouille, une engueulade, que par colère les mots fusent et ne soient plus rattrapables."
- Alors, plus de boulot, c'est terminé. Chômage.
- Ouais.
- Galère. Hein ? Ça doit te faire super bizarre.
- Bof ! Un peu.
- Depuis combien de temps tu bossais ? 10, 15 piges ?
- 12 ans.
- Ouah !! Le délire. J'ai jamais connu ça moi !! Tu vas faire quoi maintenant. Hein ?
- Je ne sais pas trop. Me reposer sûrement.
- Tu t'es pas fait un programme sympa.
- Non !
- Hé ! Organise-toi mec reste pas comme ça.
- Bah !!! Je comptais un peu sur toi pour me filer un coup de main sur la glandouille. Ça fait des années que tu pratiques. J'ai cru que l'on ferait ça ensemble.
- Ah non mec ! La glandouille c'est perso.
- Je me demande si c'est pas les moments les plus simples de la vie... que nous vivons là...
- Hein comment ça...
- Bah regarde, on peut encore se lever pour faire des trucs... faire du fric. On est encore vaillants. On peut encore décharger un container au port de Gennevilliers... Repeindre un appart au black. Bosser au marché. Faire l'esclave chez Amazon... Bosser à la mairie
- Ouais
- Faire du fric, quoi !!
- ...
- Mais... comment on va faire quand on sera vieux ? hein ? Quand on pourra plus bouger... quand on aura la hanche... qui grince. Quand nos bras n'auront plus de force pour enfiler un futal. On fera quoi ?
- Bordel !! Faut que je trouve un boulot... (...)
- Tu sais faire quoi... toi ?
- Bah !! Pas grand chose. A part faire à bouffer pour 8 mômes, changer les couches, préparer un sac de piscine... faire les devoirs... Je vois pas trop.
- T'as qu'à faire... nourrice !?!
- Bah !! Devine que j'y ai pensé... mais vu que vous allez vous foutre de ma gueule... jusqu'à la fin de mes jours... Je préfère encore aller bosser à l'usine...
- T'es au courant qu'il n'y a plus d'usine !?
- Ça va pas être simple encore cette histoire.
- Ouais.
C'est des rapides les frangins.
Des vrais barons de la choure.
Ces mecs te vident un étalage complet de paquets de Granola en moins de 30 secondes.
Avec en prime la bouteille de Fanta pour un 4 heures bien réussi.
- T'inquiète on avait des nouvelles de toi. On croise ta mère au marché. Et Denis... il a acheté un appartement. Et Denis par ici. Et Denis travaille beaucoup. Et Denis par là. Et Denis il change de voiture tous les ans et Denis...
- Ouais ! Ouais c'est bon c'est bon.
- T'inquiète ça nous fait marrer tout ça.
- Ouais c'est ça.
- Allez viens à table. Par contre ce qui nous fait moins rire... c'est de savoir que tu t'es marié et qu'on était pas invités.
- ... Ouais. Je sais.
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On marche entre les grands murs.
Partout des mots inscrits. Signatures ? Messages ?
(...)
Parfois les mots deviennent insulte, menace.
- Pff... Tu sais que t'es relou.
- Hein ?
- Faut toujours que tu sortes ta science... Tout ça... parce que t'as été jusqu'en 3e t'es vraiment pénible.
- Non mais... attends !!
- Pff. Tu sais ce qu'on dit... hein !!! La culture c'est comme la confiture ça... ça... ça coule.
- ... On dit pas comme ça. Moins on en a, plus on l'étale... c'est comme ça que l'on dit.
- Tu vois... Tu continues... Connard.
Nous sommes les enfants des cités. 1100 logements divisés en 4 cités distinctes, chacune avec des noms de poètes qu'on lira jamais. Une centrale de 300 logements avec une superette et 3 autres barres d'immeubles qui les entourent. Une sorte de château ou de prison, un lieu de convivialité comme il était prévu, "réalisation spectaculaire qui prélude à l'extension de la ville conçue dans un esprit futuriste..." ils disaient. 200 mètres à peine séparaient les 3 cités... et un monde aussi on ne se fréquentait pas, pas d'embrouille ni d'histoire, mais c'était chacun son bloc.