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EAN : 9782352120674
72 pages
6 Pieds sous Terre Editions (06/01/2011)
3.68/5   104 notes
Résumé :

On était une bande, égarée dans un quartier flambant neuf au début des années 70. Des terrains vagues, des bois, les routes pas encore finis d’être goudronnées. On faisait nos 400 coups. Il y avait les “plus grands” qui nous pourchassaient en mobylettes, pour nous en faire baver dans la forêt. On se chamaillait aussi avec les gamins des cités voisines. On se passait entre nous une compil K7 qu&#x... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (24) Voir plus Ajouter une critique
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Sans doute largement autobiographique, cette histoire est celle d'une bande de potes d'une cité HLM dans les 70-80's, "pas des méchants ni des dangereux, tout juste des branleurs des fumistes disaient nos profs, mais pas des mômes méchants" (sic).

J'ai découvert Gilles Rochier lors d'une table ronde où étaient également présentes deux stars de la BD, deux Fab* qui ont le vent en poupe et peut-être le melon qui gonfle avec (cela n'engage que moi).
Comme souvent dans ce genre de rencontres IRL, c'est l'auteur que je ne connaissais pas qui m'a le plus intéressée et touchée. Un chouia abrupt, sur la défensive, sûrement plus à l'aise à dessiner que devant un public, il a évoqué son parcours, et avoué qu'on lui disait parfois que ses dessins étaient moches et qu'il n'aimait pas ça.
Alors je ne le dirai pas, parce qu'on s'en fout quand le scénario, les situations et les mots sonnent juste, à tel point qu'on a l'impression que c'est un gamin de l'âge des protagonistes qui raconte.
En plus Gilles Rochier sait nous cueillir, sans sensationnalisme, avec des drames aussi banals que terribles.
Et il parsème ses albums de Granola (chourés, mais chut) ! ♥

Lire aussi 'Les Frères Cracra', 'Bastion'...
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Lu dans le cadre du club-lecture auquel j'appartiens et qui a pour but de décerner le prix des prix des ouvrages qui ont reçu le Prix Littéraire les lycéens et apprentis de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur (but ambitieux, n'est-ce pas pour notre petit groupe mais bon...pourquoi pas !), j'ai été assez déstabilisée par cette découverte.
Décontenancée pour deux raisons, tout d'abord à cause du dessin qui m'a gêné (celui-ci est en effet assez grotesque mais cela est fait pour) et ensuite lorsque j'ai appris qu'il s'agissait d'une histoire vraie, celle du dessinateur, Gilles Rochier.

L'histoire se déroule à la fin des années '70 dans une banlieue parisienne. le petit groupe de Gilou (Gilles) est en rébellion constante contre un monde qui leur paraît rempli d'injustices. Entre les mères qui sont parfois obligées de se prostituer à la fin du moins pour faire un peu grossir l'argent qui rentre en trop faible quantité dans cet appartement pourri, dans une banlieue qui n'est guère reluisante non plus - et le chômage qui plane sur toutes les têtes, bref dans un monde où ces jeunes sont bien obligés de s'acclimater et souvent de voler pour -non pas survivre - mais disons vivre un peu. Il y a là trois banlieues qui cohabitent tant bien que mal (je dirais plutôt mal que bien car les jeunes de chacune d'entre elles sont en "guerre" perpétuelle) et qui pourtant, parfois, se réunissent pour "souffrir" ensemble cette misère du monde. Il y a la musique aussi et, trop souvent, les engueulades qui peuvent parfois dégénérer et vous marquer à vie...

Bon, je ne vous en dirais pas plus et vous invite à venir découvrir cet ouvrage par vous-mêmes car, mon mari ayant beaucoup aimé cette lecture, je me dis que je suis peut-être passée à côté de quelque chose et que je ne lui ai pas rendu tout le prestige qu'il mériterait sûrement d'avoir (il n'a pas obtenu le prix des lycées & apprentis de la région PACA en 2013 ainsi que le prix Révélation Fauve d'Angoulême en 2012 pour rien, vous ne trouvez pas ?). A découvrir !
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Montmorency, années 1970.
Une bande de copains, perdus dans un quartier tout neuf ; un quartier surgi de cette idée folle que parquer les pauvres ensemble les rendra … plus heureux ? Moins visibles ? Plus faciles à aider ? On ne sait pas trop.
Alors, là, au milieu des barres de béton, des 1100 logements divisés en 4 cités, de la supérette et du terrain de foot, les copains errent comme des âmes en peine. le béton n'a pas encore tout phagocyté ; il reste des terrains vagues, et même une forêt, lieu de tous les mystères, et où il se déroule des choses dont on ne parle pas, mais que tout le monde fuit, faisant preuve d'un bon sens inné. Entourés des « grands », perchés sur des mobylettes pétaradantes, ils font les 400 coups, se chamaillent avec les gamins des cités voisines, arrosent leurs premiers exploits de bière chapardée. Pour s'occuper, ils se prêtent une cassette audio, compil des tubes de l'époque qu'ils écoutent en boucle, sur un gros poste hurlant et grésillant, comme il se doit.

Gilles Rochier déroule ce portrait d'une banlieue déjà exsangue d'un pinceau quelque peu tremblé, voire maladroit, mais étrangement réconfortant. le dessin, surprenant, montre déjà des visages durs, des yeux qui en ont trop vu, sur ces visages enfantins, et des façades inhospitalières. La couleur se prête parfaitement au long récit de cet ennui caractérisé ; les tons se déclinent en blanc et marron, sur toutes les nuances, rendant l'aspect maussade de ces barres de béton, et l'ambiance des journées monotones. Gilles Rochier insinue doucement une tension subtile mais tenace ; doucement, presque discrètement, il s'approche du monstre aux cent visages caché en plein centre de la cité.
Car au centre de cette cité, il y a l'arrêt de bus. Dans la journée, l'arrêt de bus est plein de promesses ; c'est un lieu de départ vers le monde, duquel on peut imaginer mille aventures. Mais le soir, surtout les fins de mois, aucun de nos jeunes loubards n'y mettrait les pieds pour tout l'or du monde. Les fins de mois sont difficiles ; tout le monde le sait, mais personne n'en parle. Car personne ne veut savoir quelle maman est là, sous l'arrêt de bus, à arrondir les fins de mois. Comme tous les secrets partagés, il écrase de son poids les fiers habitants. Lorsqu'un « Ta mère la pute » surgit sur un bout de mur, tout le monde retient son souffle, chacun soupçonnant ses voisins. Cette violence contenue gonfle, monte, enfle et lézarde les façades, le tout sur fond de rituel de passage de la fameuse K7.
Alors, lorsqu'il apparaît qu'elle est perdue, cette K7, la violence jusque-là si bien contenue éclate, saugrenue, disproportionnée, hors de propos. Et c'est, évidemment, le drame, dont le tragique est à la hauteur des non-dits qui étouffent la cité.
Avec cet album subtil, récompensé du Prix Révélation au Festival d'Angoulême 2012, Gilles Rochier signe une chronique désabusée et juste des débuts des cités. Ne vous laissez pas rebuter par son dessin étonnant ; il porte le récit, et le sublime. Il serait dommage de passer à côté.
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« On était une bande, égaré dans un quartier flambant neuf au début des années 70. Des terrains vagues, des bois, les routes pas encore finies d'être goudronnées. On faisait nos 400 coups. Il y avait les “plus grands” qui nous pourchassaient en mobylettes, pour nous en faire baver dans la forêt. On se chamaillait aussi avec les gamins des cités voisines. On se passait entre nous une compil K7 qu'on écoutait en boucle sur un gros poste. Il y avait des lieux qui avaient une aura de mystère, comme ce trou d'eau noire, dont on disait qu'il avait été formé par un avion venu se crasher. Il y avait aussi cet arrêt de bus qui nous terrifiait : la journée c'était notre point de départ vers le monde, vers Paris, mais le soir, surtout les derniers jours du mois, aucun d'entre nous n'y aurait jamais mis les pieds. La misère pousse à bien des extrémités et la rumeur voulait que pour boucler les fins de mois trop courtes, certaines femmes de la cité y passaient le soir… “Ta mère la pute”, faut pas croire, c'est pas sorti de nulle part comme expression.

Et puis il y a eu cette histoire avec la K7… et là, ça s'est mal passé » (présentation officielle).

-

Une chronique que j'ai souhaité rédiger pour célébrer, à ma manière, l'animal qui a eu 20 ans en mai dernier. A cette occasion, un livre-événement (cliquez pour accéder à la présentation officielle) a été publié (voir également ici et ici les hommages mis en ligne pour saluer le travail éditorial de 6 Pieds sous terre).

Bienvenue dans la Cité et dans ce récit intimiste où quelques rares marqueurs de temps nous aident à situer l'époque des faits, comme cette Une de France Soir qui titrait « le fiasco de Fabius » en 1985.

Pour l'occasion, Gilles Rochier revient sur son enfance/adolescence et se remémore quelques souvenirs. Un relent de nostalgie et d'amertume mêlées plane dans cet album, une haine sourde y gronde. Il raconte l'histoire de gosses qui errent pour tuer le temps, de gamins livrés à eux-mêmes et à la loi des Grands Frères ; il parle aussi d'un code de l'honneur qu'ils veulent respecter mais les contours en sont assez flous… d'où certaines dérives parfois, certains actes gratuits que l'on n'explique pas.

Un quotidien où il faut surveiller ses arrières, prendre sur soi pour montrer qu'on en a (du cran, de la gueule…). Un quotidien où la tension est constante, tout comme la solidarité et l'amitié. Un contexte particulier dont les frontières sont parfois nébuleuses pour ceux qui n'auraient pas grandi dans ces quartiers.

1100 logements divisés en 4 cités distinctes, chacune avec des noms de poètes qu'on lira jamais. (…) 1100 logements livrés de 11 mai 1968. Je suis né le 19, je suis le premier enfant né du quartier. Ça m'a donné aucune légitimité.

On ressent la difficulté de ces gamins à donner un but à leur vie, à donner du sens à ce qu'ils font. Cet album est un pied-de-nez aux préjugés, « nous à la base on n'est pas des méchants ni des dangereux… tout juste des branleurs des fumistes disaient nos profs, mais pas des mômes méchants » lit-on d'entrée de jeu. On découvre ces gamins qui s'ennuient et qui s'occupent en faisant des âneries. On s'attache à eux, on les comprend sans faire d'effort et puis on prend le temps d'écouter ce qu'ils ont à dire… pour une fois ! le lecteur a baissé sa garde, il affronte leurs regards de manière détendue, sans crainte que son intention soit mal perçue… pour une fois !

La lecture file en compagnie de ces jeunes délinquants, on se prend d'empathie pour eux. Une bouffée d'air envahit le récit quand ils jouent au foot. Durant ces moments-là, ils oublient leur triste univers de béton. Un instant d'insouciance éphémère comme l'avais déjà décrit Davide Reviati dans Etat de Veille (autre époque, autre pays).

Et puis en trame de fond, un personnage récurrent : la Cité HLM. Un personnage vivant, qui dicte des règles arbitraires de mixité sociale. Déjà mise en retrait, la Cité procède à un redécoupage par bloc ; chaque jeune respecte cette délimitation géographique : « chacun son bloc »… et tout ira pour le mieux. La Cité, ce personnage gris qui a son histoire propre, avec ses légendes urbaines, ses points de repères (un arrêt de bus, une supérette…) et ses secrets. Celui qui a trait aux mères est bien trop lourd à porter alors on fait mine de ne rien savoir… et on déprime.

Cela m'a pris du temps de me faire à l'idée de lire cet album.

Longtemps rebutée par le graphisme hésitant et maladroit, je suis restée frileuse à l'idée de me plonger dans ces planches couleur terre. J'imaginais un contenu pesant, oppressant… Pourtant, une étincelle d'humanité nous réchauffe dès le début de la lecture. Je me suis blottit près d'elle, elle m'a aidé à écouter ces jeunes et à les investir.
Lien : http://chezmo.wordpress.com/..
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Gilles Rochier décrit ici la vie de quartiers oubliés en périphérie de grandes villes à la fin des années 1970. En particulier celle de gamins qui n'ont pas de perspectives, pas d'occupations, et qui ne peuvent pas considérer leurs parents comme des modèles à suivre. Résultat : il consacrent leur temps à faire des conneries.

C'est triste, mais malheureusement très réaliste.

Quand décidera-t-on d'investir dans leur cadre de vie et leur éducation plutôt que dans des prisons ? Et quand empêchera-t-on les premiers de cordée de couper la corde sous leurs pieds pour - le croient-ils en tout cas - l'alléger ?

Bel album, sensible et touchant comme 'Les frères Cracra' du même auteur.
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critiques presse (1)
Lexpress
27 janvier 2012
Dès le plus jeune âge, les traits sont durs et les visages marqués, dans cet album qui ouvre de nombreuses interrogations en une cinquantaine de pages. Une réussite.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Nous sommes les enfants des cités. 1100 logements divisés en 4 cités distinctes, chacune avec des noms de poètes qu'on lira jamais. Une centrale de 300 logements avec une superette et 3 autres barres d'immeubles qui les entourent. Une sorte de château ou de prison, un lieu de convivialité comme il était prévu, "réalisation spectaculaire qui prélude à l'extension de la ville conçue dans un esprit futuriste..." ils disaient. 200 mètres à peine séparaient les 3 cités... et un monde aussi on ne se fréquentait pas, pas d'embrouille ni d'histoire, mais c'était chacun son bloc.
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"Le seul risque c'était quand il y avait embrouille, une engueulade, que par colère les mots fusent et ne soient plus rattrapables."
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Le sang a pas mal coulé...beaucoup trop avant que les pompiers arrivent.

Un type de sa fenêtre avait vu la scène et avait prévenu les secours.

Nous sommes restés, pétrifiés devant ce liquide qui s'écoulait jusquà la pointe de nos chaussures.

Je me souviens de deux, trois choses...pas précisément non plus, ce si grand couteau dans cette petite main...

Le pantalon de Kader mouillé par la peur

Le ciel qui se refermait sur nous, le Froid. J'aurai toujours Froid.

Il n'y a pas que Tonio qui n'a pas survécu à cet après-midi d'avril.
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Nous sommes les enfants des cités. 1100 logements divisés en 4 cités distinctes, chacune avec des noms de poètes qu'on lira jamais. Une centrale de 300 logements avec une superette et 3 autres barres d'immeubles qui les entourent une sorte de château ou de prison, un lieu de convivialité comme il était prévu, "réalisation spectaculaire qui prélude à l'extension de la ville conçue dans un esprit futuriste..." ils disaient.
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Les grands frères frôlaient tous la vingtaine, évitant le travail ils tuaient le temps à fumer des clopes ou dans des jeux bien à eux comme celui de brûler des chats vivants dans les garages et vider les extincteurs dans les ascenseurs.
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