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Critiques de Giuliano da Empoli (547)
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Le mage du Kremlin

Vadim Baradov raconte sa vie et son rôle auprès de Poutine à un narrateur qui nous le rapporte ici. Voici le procédé narratif un peu artificiel choisi par l'auteur. En dehors de cette légère critique, le roman est véritablement extraordinaire. Il touche à l'histoire, la psychologie, la mentalité russe et à la politique en général. Baradov, proche conseiller de Poutine comprend que le peuple russe aspire à retrouver la grandeur, le pouvoir vertical, l'ordre, l'autorité, la force et surtout oublier les humiliations subies. Contrairement aux autres conseillers du "tsar", il est homme de théâtre et non oligarque ou politique, un "poète parmi les loups".

Après le communisme, l'effondrement de l'URSS durant les années Elstine, l'argent balaie tout. Le pays rêve de retrouver sa grandeur passée, il faut mettre en scène la réalité, parler au peuple russe dont la mentalité est à l'opposé de celle des Occidentaux. Il faut sortir de la logique des occidentaux, de leur primauté de l'argent, de leur peur du risque et du chaos.

Ecrit avant l'invasion de l'Ukraine, nous comprenons pourtant les aspirations existentielles russes, la psychologie du pays.

Les dernières pages traitent des progrès techniques qui non seulement entravent notre liberté davantage encore que ne le faisaient les espions du KGB mais remettent en cause notre essence humaine elle-même en nous asservissant.
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Le mage du Kremlin

Ce premier roman du journaliste italien Da Empolio nous offre à découvrir les arcanes du pouvoir russe, avec finesse et acuité.

Une œuvre très bien ficelée, qui retrace le parcours de Vadim Baranov, très vite surnommé le Mage du Kremlin et même le nouveau Raspoutine.

Ces surnoms, il les doit au fait qu'il était le bras droit de Vladimir Poutine pendant une vingtaine d'années.

Une période pendant laquelle il a contribué à l'ascension du Tsar Vladimir, un homme alors inconnu de tous.

Une montée au pouvoir aussi inattendue que saugrenue, tant les faits narrés sont déroutants et invraisemblables. Mais c'est pourtant la réalité.

Ce livre nous apporte un éclairage saisissant sur la situation géopolitique actuelle en Russie.

Le narrateur nous livre les confidences de Baranov, qui lors d'une nuit entière passée sans sa datcha, révèle tous les faits et évènements qui ont jalonné ces vingt dernières années.

Avec une écriture à la fois fluide et incisive, Giuliano Da Empoli nous décrit avec perfection l'évolution de Poutine et de son comportement face aux situations, largement aidé par Baranov.

Mais qui est-il, ce Vadim Baranov (largement inspiré de Sourkov), pour être l'éminence grise de Poutine ?

Ce n'est autre qu'un homme issu du monde culturel et médiatique. Ainsi, avant d'être le conseiller de Poutine, il a été metteur en scène et producteur de téléréalité. Des fonctions plutôt inattendues pour un homme évoluant dans la politique.

Un mélange de fiction et réalité, une mise en abîme des codes de la téléréalité transposé dans le vrai monde, tout aussi déconcertant que questionnant.

Un roman édifiant qui dévoile subtilement des faits réels, une véritable prouesse à découvrir absolument.
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Le mage du Kremlin

Grand prix du roman de l'Académie Française 2022, traduit en 12 langues, je découvre enfin ce roman qui me tentait depuis sa parution et qui est vraiment excellent, très éclairant sur la société russe.



Giuliano da Empoli n'est pas n'importe qui, d'origine italienne et suisse, conseiller politique mais aussi essayiste, il brille avec ce premier roman.



Entrons dans les coulisses du Kremlin pour mieux comprendre la vision de cette société et la personnalité de celui qu'il nomme le tsar ; Vladimir Poutine.



C'est Vadim Baranov qui est surnommé "le mage du Kremlin", il fut conseiller de Poutine durant 15 ans au départ metteur en scène, puis producteur d'émissions de télé-réalité.



Ce livre est éclairant, un peu exigeant au départ mais tellement bien écrit. Il explique la personnalité de Poutine, comment lui, le petit fonctionnaire des renseignements, exécutant, en est arrivé là et on comprend mieux comment son mental fonctionne, utilisant le passé et les traditions russes comme corde sensible pour l'acceptation de la réalité.



On prend conscience de la manipulation du pouvoir, comment celui qui devait être une marionnette à la tête du pays, froid, insensible, a imposé sa patte, a pris le lead sans laisser aucun choix posssible. Non, Poutine ne se laisse pas guider, il a sa vision propre et l'impose.



Après la Perestroïka et l'arrivée des oligarques qui se sont enrichis très vite, il reprend possession et contrôle des richesses du pays : gaz, pétrole, mines et forêts. Dans son esprit la Russie est la plus grande nation sur terre, la plus riche et il veut retrouver sa place sur la scène mondiale en imposant la verticale du pouvoir.



Cela permet de comprendre la situation actuelle en Ukraine, j'ai vraiment appris énormément de choses, ce récit m'a donné l'envie de me documenter un peu plus.



Un livre à lire absolument, magnifiquement écrit, parfois c'est vraiment très bien de sortir de sa zone de comfort.



Ma note : 9.5/10


Lien : https://nathavh49.blogspot.c..
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Le mage du Kremlin



Le temps d’une nuit, Vadim Baranov confie son histoire au narrateur et plonge le lecteur au cœur du pouvoir russe.



L’homme qui murmurait à l’oreille de Poutine, le « mage du Kremlin ».



Il raconte comment il a contribué à l’ascension du Tsar dans cette Russie, où « vous pouviez sortir acheter des cigarettes et vous réveiller deux jours plus tard, dans un chalet de Courchevel à moitié nu entouré de beautés endormies ».



Un « poète parmi les loups ».



Il va errer dans ces arcanes du pouvoir où le plus fort maîtrise le chaos, et la guerre n’est jamais trop loin. Il va y errer et y participer également, en forgeant le principe de la « verticalité du pouvoir », aidant à déguiser une dictature en démocratie.



Ce roman est hors norme. Glaçant, hypnotisant, brillant. Il fait souffler un vent glacial, celui du pouvoir russe, celui de la terreur. Et dont la guerre en Ukraine résonne terriblement d’actualité.



A lire absolument !

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Le mage du Kremlin

Roman récent de Giuliano da Empoli qui survole l’Histoire de la Russie après la chute du mur, après Eltsine et qui suit la montée en puissance de Vladimir Poutine. Il faut donc bien garder à l’esprit que ce livre est un roman. D’ailleurs le personnage principal « Baranov », un proche conseiller de Poutine dans le livre, n’existe pas dans la réalité sous ce nom, mais il s’inspire d’autres hommes politiques Russes.



J’ai bien aimé l’écriture. J’ai bien aimé certaines réflexions/considérations mises dans la bouche de Poutine ou de Baranov sur le pouvoir politique, l’argent, les différences occident/Russie, le Peuple Russe et son Histoire. L’intrigue du roman m’a par contre laissée sur ma faim. L’Histoire proprement dite, quelques évènements marquants, est tout juste survolée et la vie personnelle de Baranov prend pas mal de place alors qu’elle n’est pas intéressante (amour contrarié puis retrouvé).



A lire pour les réflexions Ouest/Est et se replonger (même si c’est en survol) dans les 30 dernières années de la Russie que ceux et celles de ma génération ont vécues de loin, à travers les journaux.

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Le mage du Kremlin

Intéressant le récit de la montée de Poutine vers le pouvoir et l’analyse du caractère de l’individu. Intéressant l’analyse de la pensée russe. Et rappel toujours profitable de se rappeler de l’état de la Russie dans les années 1990. Mais rien de nouveau sous le soleil. Et le battage médiatique autour du livre et de son auteur très agréable à écouter démontre bien l’amnésie structurelle de notre société et de nos médias qui donnent toujours l’impression de découvrir ce que les analystes et les historiens nous diffusent si on se donne la peine de les lire.
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Le mage du Kremlin

Très bon livre. Un agréable RDV avec lui et l'auteur. J'ai davantage apprécié sa plume à l'histoire. Belle écriture, fluide, rapide, facile à lire. Style riche. Histoire richement documentée, journalisme d'investigation sans langue de bois. L' auteur maîtrise son sujet et comprend l'âme Russe, ambivalente entre fatalisme, mensonge et sacrifice, cernant parfaitement la personnalité de Poutine et sa vision du pays. Giuliano nous invite au kremlin dans les affres du pouvoir... Absolu. Tel un jeu télévisé du genre qui veut gagner ou prendre ma place ? Tous rêvent de celle du Tsar. Tout est question de jeu, de coups bas, de propagande, de patriotisme... Au nom de la mère Russie. Est ce uniquement cela ?
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Le mage du Kremlin

Et me voici à mon tour en train de refermer Le mage du Kremlin, un roman que l'actualité tragique de l'année écoulée a jeté sur le devant de la scène.

J'ai d'abord été frappé par le style très élégant, qui marque dans un roman tel que celui-ci: à vrai dire, je me méfie des romans parlant de géopolitique de ce côté là, mais l'auteur a une véritable plume, d'une grande élégance.

L'histoire en elle-même: l'auteur, en préparant un essai sur les spin-doctors a été tellement fasciné par la figure d'un d'eux, un Russe, qu'il en a tiré tout un roman, sous un faux nom quelque peu transparent pour le personnage principal.

Le résultat, une plongée dans l'esprit d'une certaine forme de pouvoir, est tout à fait fascinante, et traumatisante pour le lecteur qui croirait encore à la bonté de l'humanité et qui s'efforce de penser qu'on ne va pas, ou tous se faire sauter dans une guerre atomique, ou provoquer notre fin par notre effet sur la planète.

Les dernières décennies de l'histoire russe sont examinées sans concession, à travers l'ascension au pouvoir de Poutine et sa mainmise de plus en plus terrible sur la Russie, une mainmise que les Russes accueillent d'abord avec reconnaissance.

Tout cela me fait terriblement penser à cette petite histoire de la grenouille et de la casserole....et pas que pour les Russes, d'ailleurs, pour les dirigeants mondiaux aussi.

Bref, c'est passionnant, et quelque peu terrifiant.
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Le mage du Kremlin

Le « mage du Kremlin », l’énigmatique Vadim Baranov, fut metteur en scène puis producteur d’émissions de télé-réalité avant de devenir l’éminence grise de Poutine, dit le Tsar. Après sa démission du poste de conseiller politique, les légendes sur son compte se multiplient, sans que nul puisse démêler le faux du vrai. Jusqu’à ce que, une nuit, il confie son histoire au narrateur de ce livre…De la guerre en Tchétchénie à la crise ukrainienne, en passant par les Jeux olympiques de Sotchi, Le mage du Kremlin est le grand roman de la Russie contemporaine. Dévoilant les dessous de l’ère Poutine, il offre une sublime méditation sur le pouvoir.

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Les ingénieurs du chaos

Passionnant et effrayant!



Au travers de quelques "surprises " électorales, le mouvement Cinq étoiles, Trump, le Brexit, Orban et autres, l'auteur retrace le comment du pourquoi. Et là - ça fait peur! On connaissait les sondages, les pamphlets, l'air du temps et les conversations de troquet , on est passé à une organisation absolument et totalement -voir totalitairement , efficace. Efficacité redoutable fournie par les possibilités informatiques et les réseaux, le clic qui tue en quelque sorte ...



Association d'une tête qui gère la partie technique et d'un corps qui va remplir la fonction chair humaine de la politique, l'auteur démontre les vastes imbrications et la force de ce pouvoir sous-terrain.



Pas de complotisme dans cette analyse, juste une réalité "virtuelle" poussée jusqu'à son paroxysme - enfin celui d'aujourd'hui , des lendemains encore plus performants peuvent arriver .



Dans une société qui maintient dans un état d'enfant capricieux, ne supportant pas la frustration, les individus , où le paraître et la pulsion sont les valeurs phares , la forme politique classique qui demande du temps et s'appuie sur le compromis parait devoir s'éteindre pour laisser place à une forme autre...



Une fois commencé je n'ai pas lâché ce livre qui bien que technique donne envie de tourner les pages pour en savoir plus .
Lien : http://theetlivres.eklablog...
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Le mage du Kremlin

Qu'il m'a été difficile de lâcher ce roman. D'ailleurs, à quel point est-ce un roman ? Ou placer le curseur entre fiction et réalité ? C'est difficile à dire, et personnellement je ne m'y risquerais pas.

Les personnages sont très réalistes et donc... un peu caricaturaux avec nos regards d'occidentaux. De plus, l'écriture est parfaite, ni trop ampoulée ni trop fade, et le rythme très bon. L'auteur a quand même réussi à y caler une "histoire d'amour" tout à fait dispensable, qui selon moi n'apporte pas grand chose. Je recommande chaudement la lecture de ce livre.
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Le mage du Kremlin

C’est un livre que j’ai trouvé lent à démarrer. Cela m’a pris un bon 75-80 pages avant de réellement susciter mon intérêt. Il faut dire que l’histoire avec Ksenia ne m’a pas captivée. Toutefois, dès que le roman met en scène Poutine avec les moyens qui sont pris pour le faire élire, alors là le roman est devenu passionnant et il faut bien le dire parfois troublant. Lorsque l’on vit dans une démocratie libérale, c’est parfois difficile à imaginer comment fonctionne la gouvernance dans un pays autoritaire, une dictature ou une « démocratie souverainiste » comme se plait l’auteur à qualifier le régime russe. Et c’est là que le roman est intéressant car on y apprend des modes de fonctionnement du régime russe.



On y découvre que l’ordre, la protection, la défense sont omniprésents dans ce régime et que peu de place est laissée à la liberté individuelle. Plusieurs passages sont inquiétants, notamment lorsqu’on nous présente comment le régime de Poutine réussit à faire circuler à l’étranger des informations qui vont dans plusieurs directions afin de créer de la division dans les populations étrangères et ainsi affaiblir leurs régimes.



Un livre qui nous en apprend donc sur Poutine (comparé à un Tsar), sa suite composée d’oligarques (comparée à une Cour), ses idéologies, ses idées de grandeur et le fonctionnement de son régime. Comme quoi des apprentissages peuvent être retenus de ce livre, je porte à votre attention qu’il s’agit du premier roman à faire partie des lectures obligatoires pour les étudiants en sciences politiques de l’université de Montréal.

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Le mage du Kremlin

Donc, Baranov, "le mage du Kremlin", c'est Sourkov. Celui qui a orchestré l'arrivée au pouvoir de Poutine et a ensuite été son éminence grise.

Pourquoi l'auteur doit-il prendre cette précaution alors que les autres protagonistes ont gardé leur véritable nom?



Je n'ai pas compris et j'en suis à me demander si je ne suis pas complétement abruti mais je suis passé totalement à côté.



Est-ce un roman, un récit, un essai ?



En général, j'aime bien être ému, transporté dans mes lectures. J'ai besoin de ressentir et là, j'ai eu le sentiment que c'est très froid, sans émotions justement mais c'est sans doute l'intention de l'auteur et ça colle au personnage de Poutine qui ne laisse rien transparaître. Pokerface et froid comme un glaçon.



J'ai pourtant apprécié l'écriture mais je n'ai pas appris grand chose sur la Russie de Poutine. Rien de plus en tous les cas que ce que j'ai pu lire ou visionner à travers les nombreux reportages, documentaires qui tentent de dresser un portrait plus ou moins objectif de Poutine.



Personnellement, j'adhère plutôt à la phrase de Jacques Lanzmann chantée par Dutronc: "On nous cache tout, on nous dit rien".



La partie que j'ai préféré a été l'avant dernier chapitre avec quelques réflexions sur le pouvoir qui sera exercé à l'avenir par les machines, je schématise bien évidemment.



Donc voilà, je ne retiendrai pas grand chose de ce roman de Giuliano Da Empoli.
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Le mage du Kremlin

Passionnante plongée dans les arcanes du pouvoir russe !

Si l'on s'intéresse un tant soit peu à la géopolitique, et à l'actualité, ce roman vous apportera un éclairage tout à fait pertinent et instructif sur la Russie.



Genèse



Guiliano da empoli, l'auteur a été qualifié de visionnaire car les prémices d'une guerre en Ukraine sont ici évoqués, alors que le manuscrit a été déposé chez Gallimard en janvier 2021. De même, on voit en lui des qualités littéraires digne de La Rochefoucauld avec ses Maximes.



Sans conteste, Da empoli n'est pas un novice. Il navigue dans cet univers depuis l'enfance. Son père était conseiller politique en affaires économiques , pris pour cible et tué dans un attentat en 1986. Guiliano reprendra en quelque sorte le flambeau, devenant à son tour conseiller politique de Matteo Renzi, entre autres. Essayiste et journaliste, il publie de nombreux articles. Il va ainsi amasser un certain nombre d'informations, notamment pour l'écriture de son précédent livre, les ingénieurs du chaos, consacré aux leaders populistes. Et il découvre Vladislav Sourkov, un véritable personnage, qui va tant l'inspirer, qu'il décidera de se lancer dans l'écriture de son premier roman.



L'histoire



Le narrateur débarque à Moscou quelques années après la démission de Vadim Baranov, pour faire des recherches sur Zamiatine et avec le projet de rééditer sa grande œuvre, Nous. Il va très vite se retrouver en contact avec le mystérieux Baranov, ancien conseiller de Poutine, surnommé, Raspoutine,le mage noir du Kremlin. Lors de cette rencontre, Baranov va se livrer et raconter ses années au Kremlin, de son ascension, à sa chute.



Mon avis



Sourkov prend ici les traits de Baranov. L'auteur a changé son nom pour les besoins du roman. A t'il rencontré cet homme ? Pas sûr, mais de nombreux faits évoqués sont vrais. Pourquoi changer son nom ? Cela m'a interpellé. Sans doute pour mettre un peu de distance car nous sommes ici avant tout dans un roman, une véritable histoire russe, inspirée de faits et de personnages réels, à qui l'auteur a prêté une vie privée et des propos imaginaires. Cela n'en reste pas moins intéressant car bien souvent un bon roman nous éclaire mieux sur la vie que tout un tas d'articles ou de documentaires froids, sans affects, relatant uniquement des faits.

Entrer dans la tête d'une éminence grise et tenter de s'approcher du tsar, d'en percer la carapace, voilà ce que ce roman nous propose.

Pas de faits clinquants, de révélations croustillantes mais une immersion dans le cœur stratégique, une des meilleures analyses (psychanalyse) de la Russie d'après le figaro littéraire du 2 juin 2022, l'actualité à livre ouvert.



En cela, le roman tient ses promesses avec ce long monologue sous forme de confession. Une forme qui m'a plu, et qui a réussi à me captiver car la plume de l'auteur est travaillée. Beaucoup de réflexions sur le pouvoir, et de maximes à la manière, peut être en effet, de la Rochefoucauld, font de ce roman, une véritable méditation sur le pouvoir. Il livre une analyse presque philosophique et très instructive sur le pouvoir, sur la Russie, ses transformations, ses bouleversements, et leurs conséquences désastreuses.

Je recommande vivement.







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Le mage du Kremlin

Quelle noirceur morale ! Le narrateur séjourne à Moscou, reclus. Après quelques messages évoquant Zamiatine sur les réseaux sociaux, il reçoit une étrange invitation … qu'il accepte. Une grosse berline le conduit à une datcha isolée et somptueuse. Son propriétaire lui raconte son parcours. Il était appelé « Le mage du Kremlin ».

Le récit est troublant parce qu'il raconte « de l'intérieur » l'arrivée au pouvoir du Tsar, Vladimir Poutine, jusqu'à la guerre en Ukraine. Les faits et les gens sont connus, désignés par leurs noms, comme Limonov, Merkel, Prigojine.

On a beau avoir lu quantité d'articles, vu des reportages et des documentaires, ce livre ajoute un éclairage sur la personnalité du Tsar, sorte de robot infernal fascinant, déroutant et glaçant.

L'apogée du malaise est atteinte avec la guerre en Ukraine. L'écriture travaillée, presque trop belle, donne une dimension réaliste à ce discours.
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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Le mage du Kremlin





Chef d'oeuvre ! Le personnage imaginé (on le dit inspiré d'un véritable conseiller de Poutine) est d'un cynisme empreint d'une grandeur, ou plutôt d'une recherche de la grandeur. L'A. qui a été lui-même conseiller politique s'attache à dessiner des personnages de chair et de sang. Les trois pages où Berezovsky persuade Poutine de prendre la Présidence d'un Eltsine moribond, est exceptionnelle : on a l'impression d'être la petite souris qui voit l'histoire se faire. De très nombreuses réflexions me paraissent comme des révélateurs de "l'âme russe". Ce qui est formidable dans le livre, c'est qu'il ne sombre pas dans la caricature d'un peuple d'ivrognes à l'âme noircie par l'absence de futur. Au contraire, toutes les nuances apparaissent, enfin presque toutes... car on reste parmi les dirigeants. D'ailleurs, le portrait de Berezovsky depuis son rôle primordial dans la nomination de Poutine jusqu'à son suicide est un extraordinaire récit. À l'instant où j'écris ceci, je n'ai plus le livre qu'on m'a piqué (bravo!) et tous ceux que je connais qui l'ont lu ont adoré. Ce qui est étonnant c'est qu'on ressort avec le sentiment d'avoir lu une histoire de la prise du pouvoir par Poutine. Par exemple, le moment où Poutine est accepté par la majorité de la population serait sa déclaration sur la poursuite des terroristes jusque dans les chiottes. Ce qui avait choqué le monde entier aurait été le moment de transmutation de l'individu Poutine en Tsar de Russie. Il y a des tas d'éléments dont on a entendu parler de manière sporadique dans les news et qui ici permettent de compléter le puzzle; par exemple, le fait que Saint-Petersbourg est le véritable port d’attache de Poutine et non pas Moscou. On comprend pourquoi on en est là, avec la guerre aux portes de l'Europe. Sans beaucoup d'explications géopolitiques, l'A fournit des explications plausibles qui ne sont ni caricaturales, ni farfelues. Il s'en remet à la manière dont les dirigeants du pays ont digéré l'histoire. Il donne aux sentiments une valeur plus grande encore que les tiraillements géopolitiques ou la seule "humiliation" de Poutine (que l'A. ne renie pas...). Les sentiments comme clé de compréhension de l'histoire: une manière originale pour comprendre ce monde qui nous échappe avec ses contradictions. Un chef d'oeuvre !

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Le mage du Kremlin

Un grand succès de librairie en 2022.

Les événements d’Ukraine remettent jour après jour l’image, que l’on peut avoir sur le nouveau tsar de la grande Russie, d’actualité.

Cette fiction (à la limite de la description de la réalité … réalité qu’on ne peut que suggérer !) débute par une référence à un roman dystopique « Nous » de Zamiatine (1), qui décrit une société totalitaire organisée pour assurer le bonheur de tous, malgré les individus eux-mêmes si nécessaires … présage de la société future envisagée par le nouveau tsar et une rencontre entre deux individus qui évoquent un possible parallèle.



Cette fiction nous plonge dans l’étude de la psychologie de la société russe et de la culture slave …

« La Russie est la machine à cauchemars de l'Occident. A la fin du dix-neuvième, vos intellectuels ont rêvé la révo-lution. Nous l'avons faite. Du communisme, vous n'avez fait que parler. Nous l'avons vécu pendant soixante-dix ans. Puis est arrivé le moment du capitalisme. Et même en cela, nous sommes allés beaucoup plus loin que vous. » …

Dans les années quatre-vingt-dix, l’état a laissé la place à tous ceux qui voulaient entreprendre sans règles et sans limites …

« Si on avait pris en compte les particularités de cette culture au lieu d'agir en colonisateur économique et idéologique, les évènements se seraient peut-être passés différemment » …

Se souvenir de ces scènes hallucinantes du fourire de Bill Clinton lors d’un discours d’Eltsine ou de la terreur d’Angela Merkel devant le labrador de Poutine.

Nous relisons les événements passés à la lumière proposée par l’auteur et c’est passionnant.



Puis vient le moment de bascule, celui où on aborde nos lendemains car …

« Dans chaque révolution, il y a un moment décisif :

L’instant où la troupe se rebelle contre le régime et refuse de tirer. C'est le cauchemar de Poutine, comme de tous les tsars qui l'ont précédé » …

L’auteur nous propose d’imaginer le moment où le pouvoir n'aura plus besoin de la collaboration humaine …

« Que sa sécurité - et sa force - soit garantie par des instruments qui n'ont pas la possibilité de se révolter contre lui. Une armée de capteurs, de drones, de robots capables de frapper à n'importe quel moment, sans la moindre hésitation. Ce serait, finalement, le pouvoir dans sa forme absolue. » …

Et il imagine le pire, le moment où les machines …

« suivront Ies ordres à la lettre » …

Et cela devient terrifiant !



Reste il des raisons d’espérer ?

Comme le suggère l’auteur, souvenons nous de L’enfant, notre enfant qui peut nous ouvrir enfin les yeux sur le bonheur simple de l’instant présent , une grande découverte pour ceux qui n’avait vécu que dans le futur ..

Une chose est sûre, je vais me plonger dans la recherche de « Nous » ou « Nous autres » de Zamiatine.



(1)

Evgueni Ivanovitch Zamiatine (1884-1937), est un écrivain russe puis soviétique, également ingénieur naval et professeur.

Son œuvre est constamment animée par une volonté hérétique qui lui vaudra les foudres de la censure des gouvernements tsariste, puis communiste.

Son roman le plus connu, Nous autres, ou Nous, exprime sa déception à l'égard de la révolution d’octobre. Ce roman de science-fiction est une dystopie, ou contre-utopie figurant une société totalitaire organisée pour assurer le bonheur de tous, malgré les individus eux-mêmes si nécessaire. Il est souvent présenté comme la source d'inspiration du Meilleur des monde de Huxley, de 1984 d’Orwell et d’un bonheur insoutenable de Levin.

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Le mage du Kremlin

Voilà un roman qui fait du bruit depuis sa sortie en librairie. Trop de bruit peut-être, pour que je m'y intéresse de plus près.

Mais quand on me le propose suite à un cercle de lecture, je n'hésite plus et je me dis qu'il faut au moins que j'essaye. Que je comprenne cet engouement.

Et qu'il est difficile de le lâcher une fois commencé. L'auteur italien maîtrise parfaitement la langue française, le style est impeccable, le sujet brûlant d'actualité et le fond est d'une grande justesse.

"Le mage du Kremlin" nous livre une partie de l'histoire de la Russie contemporaine et nous permet de remettre les choses à leurs places. D'arrêter de vouloir analyser les choses avec nos yeux d'Occidentaux, bien différents de ceux des Russes.

Le narrateur explique quel est le plan de Vladimir Poutine, depuis le début de son combat pour le pouvoir. Quel rôle il a également joué pendant plusieurs années. Et quelles en sont aujourd'hui les conséquences.



Un récit particulièrement éclairant, que je recommande fortement.
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Le mage du Kremlin

Il y a beaucoup de phrases qui font très bien dans la partie citations et que l'on s'empresse de noter mais le roman apparaît vite comme superficiel et paraît peu crédible de par son manque de consistance et l'inanition des dialogues.

Le point essentiel est que faire un roman, de loin, avec des personnages réels est problématique : on est à la frontière du reportage et du roman. le reportage est très intéressant mais alors tout doit être rigoureusement vrai sinon on travestit la réalité, la mésinterprète ou on la survole grossièrement pour arriver à un gloubiboulga indifférencié qui véhicule les poncifs les plus grossiers et pondre un vulgaire truc sur Poutine qui reste à des kilomètres du bonhomme.

De plus, la fin est gnangnan au possible.

J'aime mieux retourner voir le dessous des cartes et lire Kessel dans le texte.
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Le mage du Kremlin

Vadim Baranov, inspiré de Vladislav Sourkov, raconte à l'auteur son rôle de conseiller politique durant les vingt première années de gouvernance de Vladimir Poutine, de sa nomination comme président de la fédération de Russie par intérim fin 1999, suite à la démission de Boris Eltsine, à 2021 veille de l'invasion de l'Ukraine.



Le lecteur connaît par la Presse et les différents médias occidentaux la plupart des évènements (l'explosion du sous-marin le Koursk), anecdotes ( Angela Merkel et le chien de Poutine) et personnes (le "cuisinier" Evgueni Prigojine, sinistre personnage du groupe Wagner) évoqués tout au long de l'ouvrage. L'auteur raconte en quelque sorte le côté "envers du décor".



"Le Mage du Kremlin" ouvrage mi-roman, mi essai politique, est passionnant, inquiétant, et même terrifiant notamment dans son avant-dernier dernier chapitre.
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